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Full text of "Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord"

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BULLETIN 


DE 


LA SOCIÈTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE 


DU PÉRIGORD. 


BULLETIN 


DE LA SOCIÉTÉ 


HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE 


DU PÉRIGORD 


PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS 


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TOME XXXVI 


PÉRIGUEUX 


lurriuenuie RIBES, RCE Anroixe-CGranaup, 14. 


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1909 


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DE 


LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE 


DU PÉRIGORD, 


RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE 
Par décret du 19 Avril 1886. 


———— PO Co — — 


ARTICLE PREMIER. 


La Société historique el archéologique du Périgord a pour but. 
la recherche, l'étude et la conservation des documents anciens, de 
tous les âges, qui intéressent l’histoire de notre province et l’his- 
toire générale du pays. 


ART. 2. 


Le siège de la Société est fixé à Périgueux. 


ART. 1. 


La Société se compose : 


j° De Membres Titulaires ; 

2° De Membres Associés ; 

8° De Membres Honoraires ; 

4° De Membres Correspondants. 


Le nombre des Membres de ces différentes catégories n'est pas 
limité. 
ART. 4. 
Les Membres Titulaires et Associés ne sont admis que s'ils en 


font la demande par écrit au Président et s'ils sont présentés:par 
deux Membres Titulaires ou Associés. 


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ART. 9. 


. Les Membres Honoraires ct les Membres Correspondants sont 
nommés en assemblée générale sur la présentation du Bureau; 
lorsqu'ils assisterunt aux séances, ils pourront siéger avec les 
administrateurs de la Socicté. 


ART. 0. 


Les Membres Titulaires et Associés doivent, annuellement, une 
cotisation de dix francs, et les Membres Titulaires seuls, le jour 
de leur réception, un Droil de Diplôme de dix francs. 


ART. 7. 


La Société est administrée par un Bureau composé de dix 
membre: : 
Un Président ; 
Ciug Vice-Présidents (un par arrondissement ; 
Un Secrétaire-Général ; 
Un Secrétaire -Adjoint : 
Un Bibliothécaire ; 
Un Trésorier. 
ART. 8. 


Le Bureau est nommé pour un an, en Assemblée générale, 
au scrutin de liste, et il dait étre renouvelé chaque année, le 
27 mai, le lendemain de la fête dite de la St-Mémoire. Les mêmes 
administrateurs sont rééligihles. Le Bureau ne peut prendre de 
décision qu'en présence de cinq de ses Membres, le Président, 
deux Vice-Présidents, le Secrétaire-Général et le Trésorier. Les 
procès-verbaux des séances sont rédigés par le Secrétaire-Général, 
signés de lui et du Président. 


ART. 9. 


Le President propose les questions à résoudre, qui sont adop- 
tées ou rejetées à la majorité des votes des Membres Titulaires 
ou Assucies présents. Mais, pour qu'une décision soit valable, 


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il sera nécessaire que quatorze de ces Membres assistent à la 
séance. En cas de partage égal des votes, la voix du Président est 
prépondérante. 


ART. 10. 


Le Trésorier est dépositaire des fonds de la Société ; il est 
chargé du recouvrement des cotisations et de toutes les sommes 
dues ou données ; il débat tous marchés, revise les mémoires de 
fournitures et travaux faits pour le compte de la Société; il 
acquitte, après contrôle du Bureau et approbation du Président, | 
les dépenses votées en assemblée générale ou en séance men- 
suelle. Chaque année, dans la séance du premier jeudi de janvier, 
il rend compte de sa gestion. 


ART. II, 


Le Trésorier représente la Société en justice et dans les actes 
de la vie civile. 


ART. 12. 


Les ressources de la Société se composent : 1° des cotisations 
annuelles des Membres Titulaires et des Membres Associés : 
2° des dons et legs; 3° des subventions qui peuvent lui être 
allouées ; 4° et du revenu de ses biens et valeurs de toute nature. 


ART. 13. 


Les délibérations relatives à l'acceptation des dons et legs, aux 
acquisitions, aliénations ou échanges d'immeubles, seront sou- 
mises à l'approbation du Gouvernement. 


ART. 14. 


Les excédents de recettes, qui ne sont pas indispensables aux 
besoins ou au développement de la Société, seront placés en 
fonds publics français, en actions de la Banque de France, en 
obligations du Crédit Foncier de France, ou en obligations de 
chemins de fer français, émises par des compagnies auxquelles 
un minimum d'intérêt est garanti par l'Etat. 


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ART. 15. 


La Société se réunit dans la salle de sa bibliothèque : 1° en 
Séance mensuelle, tous les premiers jeudis du mois, excepté en 
juin, 2°en Assemblée générale, le 27 mai, le lendemain de la 
fête de la Saint-Mémoire. 


ART. 16. 


Un règlement intérieur, adopté par l’Assemblée générale et 
approuvé par le Préfet, déterminera les dispositions accessoires 
propres à assurer l’exécution des présents Statuts ; il pourra être 
modifié dans la même forme. 


ART. 17. 


En cas de dissolution de la Société, la dévolution et l'emploi 
de son avoir, tant mobilier qu’immobilier, feront l'objet d’une 
délibération prise en Assemblée générale, qui sera soumise à 
l’approbation du Gouvernement. L'Assemblée générale doit 
compter vingt-cinq Membres Titulaires ou Associés au moins 
pour que ses décisions soient valables. 


ART. 18 


Les présents Statuts ne pourront être modifiés qu'en vertu 
d'une délibération de l’Assemblée générale et de l’approbation 
du Gouvernement. L'Assemblée générale, saisie du projet de 
modification par le Bureau ou par vingt-cinq de ses Membres, 
ne peut prononcer qu'à la majorité des deux tiers des Membres 
présents. Cette même Assemblée doit être formée du quart au 
moins des Membres en exercice. 


Périgueux, le 4 Mars 1886. 


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RÉGLEMENT INTÉRIEUR 


ART. 1%. — Les manuscrits inédits, apportés à la Société, 
seront soumis à l'examen d'un comité d'impression, qui en dé- 
cidera la publication ; mais, avant de la commencer, le manus- 
crit devra être entièrement communiqué. 


ART.2. — Ce comité de publication se composera de trois mem- 
bres, outre le Président et le Secrétaire général ; il se réunira 
toutes les fois qu'il sera nécessaire sur la convocation du Prési- 
dent. Ses décisions seront prises à la majorité des membres pré- 
sents. La voix du Président est prépondérante en cas de partage. 
Sont nommés de ce comité : MM. Dujarric-Descombes, 
Lespinas et Féaux. 


ART. 3. — Les auteurs sont seuls responsables des articles 
qu'ils signent et des idées qu'ils émettent. 


ART. 4. — Aucune généalogie de famille ne sera admise, ce 
genre de travail étant d’un intérêt trop restreint ; pas plus que 
les mémoires sur des sujets d'histoire contemporaine qui pour 
raient froisser des susceptibilités. 


ART. 5. — Les auteurs feront exécuter à leurs frais les tirages 
à part des travaux insérés dans le Bulletin de la Société. Tout 
tirage à part portera la mention du volume d’où il est extrait. 


ART. 6. — Les volumes publiés par la Société seront vendus au 
prix que fixera chaque année l'Assemblée générale du 27 mai. 


ART. 7. — Pour être élu membre titulaire de la Société, il 
faut ou être originaire du Périgord, ou l'habiter, ou y avoir des 
intérêts. Les membres associés ne sont pas tenus de remplir ces 
conditions ; ils peuvent être étrangers au département, mais les 
uns et les autres doivent être présentés par deux membres. 


Délibéré à Périgueux en Assemblée générale, le 28 mai 1907. 


LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ, 


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BUREAU. 
Président. 


M. le marquis DE FAYOLLE, inspecteur général de la So- 
ciété française d'Archéologie. 


Vice-président honoraire. 
M. le chanoine BRUGIÈRE. 
Vice-Présidents. 


M. DusarRic-DESCOMBES, 4} I. 
M. Charles DurAN», @ I. 
M. le vicomte Gaston DE GÉRARD. 
M. Élie GonTIER MAINE DE BIRAN, %, 68 I. 
M. LESPINAS. 
Secrétaire- Général. 


M. VILLEPELET, #} I, archiviste honoraire. 
Secrétaire-A dj oint. 
M. Charles AUBLANT, #ÿ I. 
Trésorier. 


M. Maurice FÉAUX, € I. 


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MEMBRES TITULAIRES 
MM. 


L'abbé Acxar», professeur à l'Ecole St-Michel, rue St- 
Michel, à Saint-Etienne (Loire). 

ARCHEZ-BIRAN (Louis), greffier de la justice de paix, à 
Ste-Alvère. 

Le comte E. p’ArGy, ancien officier, au Chantier, com- 
mune d'’Antonne, par Trélissac. 

Le comte D’ARLOT DE SAINT SAUD, € I, correspondant du 
Ministère de l’Instruction publique, inspecteur de la Société 
française d'Archéologie, au château de la Valouze, par La 
Roche-Chalais. 

AUBLANT (Charles), 4 I, trésorier de l'Ecole félibréenne 
du Périgord, dessinateur à la C'° du chemin de fer d'Orléans, 
rue de Strasbourg, 26, à Périgueux. 

AUCHÉ (Achille), chevalier du Mérite agricole, chirurgien- 
dentiste, allée de Tourny, 31, à Périgueux. 

AUGIÉRAS (Léonce-Silvio}), propriétaire, au petit château de 
Montanceix, par Razac-sur-l'Isle, et rue Pigalle, 26, à Paris, 9e. 

Le docteur BARBANCEY, é} À, lauréat de la Faculté et des 
hôpitaux de Paris, ancien conseiller d'arrondissement, ancien 
maire de la ville, à Montpon-sur-l'Isle. 

BAREAU (Anatole), ancien pharmacien, à Excideuil. 

BARRET (Jean-Gaston-Louis), licencié en droit, notaire, 
cours Michel-Montaigne, 32, à Périgueux. 

BAYLE (Emile), 4 I, professeur d'histoire au lycée, secré- 
taire du Comité de l’Alliance française, avenue Bertrand- 
de-Born, 17, à Périgueux. 

Le docteur BEAucHAwrs (Adrien), conseiller général de la 
Dordogne, à Pontours-Haut, par Lalinde. 

BEAU-VEkRDENEY (Alexis), rue des Fossés St-Bernard, 14, 
à Paris, 5. 

BEAUDET-ViTEL (Jean), entrepreneur de travaux publics, 
à Terrasson. 

Le marquis Georges DE BEAUMONT, commandeur de l'ordre 
de St-Grégoire-le-Grand, à Saint-Cyprien, 


— 19 — 


Le marquis DE BEAUMONT-BEYNAC, au château de la Roque, 
par Saint-Cyprien. | 

DE BELLUSSIÈRE (Fernand), rue de La Boëtie, 8, à Périgueux - 

BENOIT (Léon), ancien trésorier-payeur général de la Dor- 
dogne, rue Mathelin-Rodier, 1, à Nantes (Loire-Inférieure). 

BEssE (Léon), maire de St-Médard-de-Drône, par Tocane- 
Saint-Apre. 

Besson (Georges), avoué-licencié près le tribunal de pre- 
mière instance, cours de Tourny, 8, à Bordeaux. 

BIBLIOTHÈQUE DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES, à Périgueux - 

BIBLIOTHÈQUE DE L'EVÊCHÉ, rue de la Clarté, 3, à Périgueux - 
(Abonnement ) 

BIBLIOTHÈQUE DU LYCÉE, à Périgueux. (Abonnement.) 

B1BLIOTHÈQUE POPULAIRE, à Périgueux. 

BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE SUPÉRIEURE DE THÉOLOGIE, à 1a 
Peyrouse, par Saint-Félix-de-Villadeix. (Abonnement.) 

BIBLIOTHÈQUE DE LA VILLE, à Périgueux. 

BoIssaRIE (René), docteur en droit, ancien bâtonnier de 
l'ordre des avocats, rue Antoine-Gadaud, 28, à Périgueux. 

BORNE (Léo), O0. %, officier d'administration principal du 
service de l’Intendance militaire en retraite, membre de 
« La Sabretache », rue Saint-Simon, 2, à Périgueux. 

Le comte Henri BoUuDET, ingéoieur des arts et manufactures, 
ancien conseiller général de la Dordogne, à Lainonzie-Saint- 
Martin. 

Le comte pe BouiLHac DE BouRzAC, au château de la Richar- 
die, près Champagne-Fontaine. 

Le marquis DE BoURDEILLE, membre titulaire du Conseil 
héraldique de France, au château de Bourdeille, et rue dé 
Longchamp, 17, à Paris, 16°. 

Le comte Henri DE BoussiER, rue Duluc, 21, à Bordeaux, 
et au château de Roquefort, par Fontenac (Gironde.) 

L'abbé Boussron, curé-doyen, à Terrasson. 

Boyer (Fernand), étudiant en droit, à Ribérac. 

Le comte DE BoyssEULH, au château de Boreau, com- 
mune de Cornille, par Périgueux, et au château d’Oléon, par 
Rognonas (Bouches-du-Rhône). 

De Boysson (Richard), commandeur de l'ordre de Saint: 


— 13 — 


Grégoire-le-Grand, chevalier de l'ordre de Malte, ancien rece- 
veur des finances, à Cénac-Saint-Julien. 

DE Boyssox (Bernard), quai d'Occident, 8, à Lyon (Rhône). 

Le docteur DE BROU DE LAURIÈRE (Pauiin),%,4à 1, conseiller 
général de la Dordogne, vice-président de l'Association médi- 
cale de la Dordogne, médecin du lycée, rue Louis-Mie, 25, à 
Périgueux. | 

Le comte Henry DE BRUCHARD, rue de l’Arcade, 85, à Paris, 
8°, et au château de Vaucocour, à Thiviers. 

L'abbé BRUGIÈRE, chanoine titulaire de la cathédrale, rue 
du Plantier, 18, à Périgueux. 

BUFFETEAU (Eugène), avoué licencié, ancien président de la 
Chambre des avoués, rue Louis-Mie, 19, à Périgueux. 

Buisson (Benjamin), £& A, vice-président d'honneur de 
l'École félibréenne du Périgord, place Beaupuy, à Mussidan. 

BussièRE (Georges), %, orésident de chambre à la Cour 
d'Appel, rue Bugeaud, 13, à Lyon (Rhône). 

L'abbé CALÈs, curé de Varaignes. 

Le marquis DE CARBONNIER-MARZAC, commandeur de l'or- 
dre de Saint-Grégoire le Grand, au château de Puymartio, 
par Sarlat. 

CARDENAL (Louis GRENIER DE), lieutenant au 50° régiment 
d'infanterie, rue de Metz, 45, à Périgueux. 

CARLES (Pierre), ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, à 
Sarlat. 

CARvVÈS (Jean-Baptiste), à Bézenac, par Saint-Cyprien. 

Mr° la marquise DE CASTERAS-SEIGNAN, au château de 
Seignan, par Saint-Girons (Ariège). 

CAzALAS (Eutrope), %, &ÿ À, chef de bataillon breveté au 
ÿ régiment du génie, détaché à l'Etat major de l’armée, rue 
des Volontaires, 22, à Paris, 15°, et à Ribérac. 

CERCLE DE LA PHILOLOGIE, à Périgueux. (Abonnement.) 

Me |a comtesse DE CHABANS, au château de La Chapelle- 
Faucher, par Saint-Pierre-de-Côle. 

Le comte DE CHALUP, licencié en droit, au château du 
Granger, par Mensignac, et au château Darricaud, par Lan- 
diras (Gironde). 

CHAMPAGNE (J.), pharmacien de re classe, licencié ès 


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sciences - physiques et naturelles, ex-préparateur à a 
Faculté de médecine et de pharmacie de Bordeaux, laui- 
réat de la Faculté, lauréat des travaux pratiques, membre 
de la Société astronomique de France, à Arcueil (Seine). 

L'abbé CHASTAING, curé de Bourniquel, par Lalinde. 

CHATAIGNON (Emile), ancien négociant, rue du Châtelou, 4, 
à Périgueux. 

Du CHATELARD (Georges), au château du Chatelard, par 
Javerlhac. | 

Le docteur CHAUME, ancien interne des hôpitaux de Paris, 
président de l'Association médicale de la Dordogne, méde- 
cin inspecteur de la Compagnie d'Orléans, rue Victor-Hugo, 
12,à Périgueux. 

CxaAvoix (Pierre-Hernest), propriétaire, aux Charreaux, 
près Excideuil. 

Du CHEYRON DU PAVILLON (Xavier), au château de la Gau - 
bertie, par Douville. 

CLÉDAT (Jean), égyptologue, ancien membre de l’Institut 
français d'archéologie orientale du Caire, membre du Comité 
de conservation des Monuments de l'art chrétien en Egypte, 
rue St-Sicaire, à Périgueux, et à la Résidence, à Ismaïlia 
(Egypte). | 

CLÉépat (Léon), O. x. & I, professeur à l’Université de 
Lyon, doyen de la Faculté des lettres, rue Molière, 29, à 
Lyon (Rhône). 

Cocuza (Paul), &ÿ À, architecte diplômé par le Gouver- 
nement,architecte de la Banque de France, rue Gambetta, 
41, à Périgueux. 

L'abbé Core, curé de Ménesplet, par Montpon-sur-l'Isle. 

ConTaurT (Emile), ancien greffier de la Justice de paix, ave- 
nue Caviaignac, 8, à Périgueux. 

Mne la marquise DE CossÉé-Brissac, au château de la Cha- 
brerie, par Château-l'Evêque. 

CourTeY (Gabriel), propriétaire, vice-président dola Société 
d'horticulture, rue Victor-Hugo, 6, à Périgueux. 

CRéDoT (Julien), €& A, chevalier de la Couronne d'Italie, 
chevalier de l’ordre pontifical de Saint-Grégoire-le-Grand, 
avocat, rue de la Poste, 4, à Toulouse (Haute-Garonne). 


— 13 — 


Le prince Louis DE CRoyY, au château de Paluel, par Carsac, 
et avenue du Bois-de-Boulogne, 54, à Paris, 16°. 

Le marquis pe CuMonp, au château de Cumond, par Saint- 
Privat-des-Prés. 

DANIEL (Jean), € À, architecte, ancien directeur des tra- 
vaux municipaux, secrétaire-adjoint de la Société des Beaux. 
Arts de la Dordogne, rue Alfred de Musset, 8, à Péri- 
gueux. 

DaNNERY (Maxime), architecte ordinaire des Monuments 
historiques et des Cultes de la Dordogne, rue des Mobiles de 
Coulmiers, 10, à Périgueux. 

Decoux-LAGOUTTE (Edouard), 4ÿ A, ancien magistrat, 
membre de la Chambre de commerce, maire de Trélissac, 
rue de Bordeaux, 31, à Périgueux. 

Le docteur DELBEs, membre de la Société d’ophtalmolo- 
gie, médecin de la clinique ophtalmologique de l'hôpital, 
rue Bourdeille, 5, à Périgueux. 

DELPEO& (Lucien), & À, archiviste-adjoint du débartorent, 
rue Cité-Champeaux, 16, à Périgueux. 

Decsuc (Paul), banquier, allée de Tourny, 7, à Périgueux. 

DÉr.uGIN (Antony), ancien pharmacien, rue La Boëtie, 24, 
à Périgueux. 

DEMaARTIAL (Alfred), G.O.%, contrôleur général de 1" classe de 
l'administration de l’armée de réserve, ancien secrétaire géné- 
ral du Ministère de la Guerre, rue La Boëtie, 28, à Péri- 
gueux. 

Descuamps (Léon), nolaire, rue Vollaire, 4, à Périgueux. 

DEViN (Charles), ancien élève de l'Ecole Polytechnique, à 
Saint-Maymeo de Pereyrols, par Bordas, et rue Pauquet, 26, à 
Paris, 16°. 

Dripon (Louis), secrétaire général de l’A.C.P., place du 
Quatre-Septembre, à Périgueux. 

Dome (Oscar), libraire, place Bugeaud, 4, à Périgueux. 

DoRsÈNE, #} À, photographe, allée de Tourny, 27, à Péri- 
gueux. 

Dose (Gustave), 4 I, ancien élève lauréat de l'Ecole des 
Beaux-Arts, professeur honoraire du lycée, à la Maison de 
retraite, à La Tour-Blanche. 


ns 
ect 


er 

DoursourT (Maurice), ancien bâlonnier de l’ordre des avo: 
cats, place Francheville, 2, à Périgueux. 

DoursouT (Edmond), négociant, rue de Mulhouse, 3h, 
à Bordeaux. 

DurourG (Jean-Paul), propriétaire, à Saint-Laurent-des- 
Hommes. j 

Duranric-DEscoMBEs (Albert), é&ÿ I, correspondant du 
Ministère de l’Instruction publique, président de l'Ecole 
félibréenne du Périgord, licencié en droit, ancien notaire, 
avenue de Paris, 9, à Périgueux. 

Duxas (Auguste), licencié ès letlres, docteur en droit, ar- 
chiviste du département, rue Gambetta, 2, à Périgucux. 

Le docteur Albert DumonrT, trésorier de l'Association 
médicale de la Dordogne, médecin de l'Ecole normale des 
instiluteurs, place du Palais, 14, à Périgueux. 

Dupuis (Jean), avocat, ancien notaire, cours Montaigne, 23, 
à Périgueux. 

L'abbé DuranD (Mathieu), missionnaire diocésain, rue 
Lammary, 7, à Périgueux. 

Duran» (Charles), 4 I, sous-ingénieur des ponts et chaus- 
sées, premier se Li au maire de la ville, rue Carnot, 28, à 
Périgueux. 

DURAND DE CorBiAG (Adrien), maire de Lembras, au chà- 
teau de Corbiac, par Bergerac. 

DURAND DE RAMEFORT, avoué-licencié, rue Bourdeille, 15, 
à Périgueux. 

DurtEUx (Joseph), {ÿ À, chevalier de l’ordre royal du Cam- 
bodge, docteur en droit, archiviste de la Grande Chancellerie 
de la Légion-d'Honneur, rue Notre-Dame-des-Champs, 66, à 
Paris, 6°. 

DusoLier (Alcide), #, sénateur et conseiller général de la 
Dordogne, ancien questeur du Sénat, à Paris, et au château 
de Bonrecueil, par Mareuil-sur-Belle. 

Dussaux (Emile), & À, entrepreneur de travaux publics, 
rue Kléber, 25,à Périgueux. 

DUVERGIER DE HAURANNE (Emmanuel), %, ancien conseil- 
ler général du Cher, au château d'Herry (Cher). 


_ 19 — 


DuvERNEUIL (Alcide), instituteur public, à Saint-Michel 
de Montaigne, par La Mothe-Montravel. 

D'Epinay (Henri), capitaine à la 5° compagnie du 162?° ré- 
giment d'infanterie, rue Saint-Sauveur, à Verdun (Meuse). 

EScANDE (J.-J.), &à A, publiciste, secrétaire en chef de la 
Sous-Préfecture, place du Peyrou, à Sarlat. 

D'EscaTa (Ferdinand), propriétaire, au château de Boisset, 
commune de Saint-Aquilin, par Saint-Astier. 

D'EscatTHa (Henri), ingénieur des constructions civiles, au 
château de Boisset, par Saint-Astier. 

D'EscopEca DE BOoIssE, ancien receveur des postes et télé- 
graphes, à Ville-Verneix, par Neuvic. 

Le docteur Charles FAGUET, 4 À, ancien interne, lauréat 
des hôpitaux de Bordeaux, rue du Palais, 8, à Périgueux. 

FARGAUDIE, C. %, inspecteur général des ponts et chaus- 
sées en retraite, au château de Corail, par Bergerac. 

Mie Irène FAURE, professeur de piano, rue de la Républi- 
que, à Ribérac. 

Le docteur Faure, rue Victor-Hugo, 4, à Périgueux. 

Le marquis DE FAYoLLer, licencié en droit, attaché hono- 
raire à la Direction des musées nationaux, associé corres- 
pondant de la Société nationale des Antiquaires de France, 
correspondant du Comité des monuments historiques pour 
le mobilier de la Dordogne, membre non résidant du Comité 
des Travaux historiques, inspecteur général de la Société 
française d'Archéologie, vice-président de la Société des 
Beaux-Arts de la Dordogre, conservateur du Musée du 
Périgord, au château de Fayolle, par Tocane-Saint-Apre, et 
rue Victor-Hugo, 5, à Périgueux. . 

Féaux (Maurice), & I, conservateur-adjoint du Musée du 
Périgord, correspondant du Miaistère de l'instruction publi- 
que, agent-voyer principal AONOENEGSe rue Combe-des Da- 
mes, 50, à Périgueux. 

Le comte FERAY BUGEAUD p'Isczy, %, ancien officier, rue 
de Penthieèvre, 9, à Paris, 8°. 

Le comte Alphonse DE FLEURIEU, au château de Marzac, 
par les Eyzies, et avenue Kléber, 26, à Paris, 16e. 

Le comte Robert DE FLEURIEU,au château de Marzac, par 

2 


= AS — 
les Eyzies, et boulevard des Sablons, 4, à Neuilly-sur- 
Seine. 

FourGEauD (Antoine), ancien pharmacien, rue La Boëtie, 
39, à Périgueux. 

Le comte FouRNIER-SARLOVÈZE (Raymond), O. #, ancien 
préfet, vice-président de la Société artistique des Amateurs, 
rue de Marignan, 11, à Paris, 8°. 

FRÉMONT (René MARTIN DE), membre du Conseil héraldique 
de France et de la Société d'Émulation du Bourbonnais, 
avocat, rue Leon-Dessalles, 1, à Périgueux. 

FRENET (Ernest), #, @ I, licencié en droit, chef de division 
honoraire de la préfecture, boulevard de Vésone, 28, à Péri- 
gueux. | 

M'e DE FROIDEFOND DE BouLazac, rue La Boëtie, 34, 
à Périgueux. 

GAILLARD (Ludovic), *%, ingéiieur, membre de la Chambre 
de commerce, mainteneur de l'Ecole félibréenne du Péri- 
gord, boulevard de Vésone, 14, à Périgueux. 

GENDRAUD (Pierre), notaire, à Verteillac. 

Le vicomte Gaston DE GÉRARD Du Barry, docteur en droit, 
rue La Boëtie, 23, à Paris, 8°, 

GILLES-LAGRANGE (Pierre), licencié cn droit, président de 
la Société des Sauveteurs de la Dordogne, ancien notaire, 
aux Reynats, près Chancelade. 

DE GtMEL (Charles-Maurice), #, directeur des contribu- 
tions directes, rue Desfriches, 20, à Orléans (Loiret.) 

GIRARD DE LANGLADE (Cyprien), maire d'Eyliac, au château 
d'Eyliac, par Saint-Pierre-de-Chignac. 

Le comte Théodore ne GONTAUT-B1RON, rue de Varenne, 45, 
à Paris, 7°. 

GONTIER DU SouLas (Adalbert), membre du Conseil héral- 
dique de France, au château du Soulas, par Lalinde. 

GONTIER MAINE DE BrraN (Elie), #, 4x I, chef de bureau 
honoraire du Ministère de l'Intérieur, aux Guichards, par 
Mouleydier. 

L'abbé GouLaRp, professeur de sciences, au Fraysse, par 
Vergt, et supérieur de l’orphelinat agricole et vilicole de 
Cadillac-les-Vins, par Le Fleix. 


— 19 — 

Le marquis DE GOURGUE, ancien officier, au château de 
Lanquais, par Couze-Saint-Front. 

L'abbé GousTAT, curé de Pontours, par Lalinde. 

L'abbé GOYHENÈCHE, €} I, docteur en théologie, chanoine 
honoraire de Saint-Front et de la cathédrale d’Auch, curé 
de Bourgnac, par Mussidan. 

DE GRaiLcy (François), #, & À, chevalier du Mérite agri- 
cole, inspecteur général du Crédit foncier de France, rue 
Pergolèse, 50, à Paris, 16°. 


L'abbé GRANGER, chanoine honoraire, curé de Château- 


l’'Evêéque. 

Le docteur GRELLETY, Commandeur de l'ordre du Monte- 
negro, secrétaire de la Société de thérapeutique, boulevard 
de Courcelles, 73, à Paris, 8°, et rue Prunelle, 4, à Vichy 
(Allier). 

GRENIER (Amédée), ancien He villa Barbeyrolle, près 
Le Fleix. 

L'abbé Gros (Jean-Joseph), curé de Montbazillac. 

DE GUIGNARD, vicomte DE SAINT-PRIEST (Henri), au château 
du Roukal, près Sarlat. 

Le colonel baron Les HAuTscHamprs, C. #%, au château de 
Griffoul, par Carsac. 

JouANEL (André), € À, avoué-licencié, conservateur des 
archives municipales, boulevard Victor-Hugo, 7, à Bergerac, 

Le baron René pe LA BasTiDE-PARCOUL, chevalier de l'ordre 
pontifical de Saint-Sylvestre, maire de Parcoul, au château 
de Parcoul. 

Me Adhémar DE LABONNE, à La Rochefoucauld (Cha- 
rente). 

LABROUSSE (Maurice), pharmacien, à Montmoreau (Cha- 
rente). 

LABUTHIE, licencié en droit, rue de Turin, 28, à Paris, 8e, et 
au château de Filolie, pres Thiviers. 

LacomBE (Maurice), secrétaire d'ainbassade, boulevard 
Malesherbes, 20, à Paris, 8°. 

LACOSTE (Edouard), juge suppléant au tribunal de com- 
merce, entrepreneur de travaux publics, rue Lamartine, 23, 
à Périgueux. 


— 90 — 

LAFARGUE (Jules), chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire- 
le-Grand, propriétaire, cours Montaigne, 23, à Périgueux. 

DE LAFPILOLIE (Charles), place du Parlement S'e-Catherine, 
2, à Bordeaux. 

LAFoN (Gabriel), & A, licencié en droit, président de 
la Société de secours mutuels, ancien notaire, à Terras- 
son. 

Le marquis DE LA GARDE SAINT-ANGEL, %#, ancien Conseil- 
ler général de la Dordogne, vice-président de la Société 
syndicale libre d'agriculture du Périgord, au chäteau de 
Lapouyade, par Nontron. 

J'AMOTHE-PRADELLE (Emile), &} A, notaire, à St-Pierre-de- 
Chignac. 

Le comte DE LA PANOUSE, #, ancien conseiller général de la 
Dordogne, mairc de Creysse, au château de Tiregan, par 
Mouleydier. 

LAPEYRE (Fernand), avocat, à La Roche-(‘halais. 

L'abbé LARGE, curé de Pomport, par Sigoulés. 

DE LARIGAUDIE SAINT-SÉVRIN (Philippe), ancien préfet, rue 
Saint-Dominique, 27, à Paris, 7°, el au château de Blessel, 
par Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais). 

DE LA SALLE DU MAIGNAUD, au Maignaud, par Eyzerat. 

Le marquis pu LAU D'ALLEMANS, #, rue de l’Université, A, 
à Paris, 7°. 

DE LAULANIÉ DE SAINTE-Croix (René), au château de St-- 
Croix, par Montierrand (Dordogne.) 

L'abbé DE LA VALETTE-MONBRUN (Amable), licencié ès 
lettres, lauréat de l’Institut, professeur, avenue de Malakoff, 
37, à Paris, 16°. 

LAVIGNÉ, instituteur public à Monsac, par Beaumont-du- 
Périgord. 

LescA (Georges), au château de Saint-Michel de Cantillac, 
par Champagnac-de-Belair. 

LEspiNAs (Edmond), chevalier de l’ordre de St-Grégoire-le- 
Grand, ancien magistrai, avocat, rue Bourdeille, 13, à Péri- 
gueux. 

Le comte DE LESTRADE DE ConTi, chevalier de l'ordre de 
Saint-Grégoire-le-Grand, président de la Société d’horticul- 


— N — 
ture de la Dordogne, avocat, rue Romaine, à la Cité, à Péri- 
gueux. 

L'abbé LirrorT, curé-doyen de Bussière-Badil. 

L'abbé Macar, curé du Monteil, par Lamonzie-Saint- 
Martin. 

MaGNE (Charles), 4 I, chevalier du Mérite agricole, officier 
du Nicham JIftikar, chevalier de l'ordre Jerusalemitain 
du Saint-Sépulcre, géomätre, secrélaire-général du Comité 
historique et archéologique de la Montagne Sainte-Geneviève 
et de ses abords, associé correspondant de la Société nationale 
des Antiquaires de France, membre correspondant des Sociétés 
historiques et archéologiques de Toulouse, de Dunkerque et 
de Melun, avenue des Gobelins, 47, à Paris, 18e, 

MaGcxe (Napoléon), ancien officier de cavalerie, ancien dé- 
puté, conseiller général de la Dordogne, avenue Montaigne, 
81, à Paris, 8°, et au château de Trélissac (Dordogne). 

MaGuEUR (Georges), pharmacien, à Sainte-Livrade (Lot-et- 
Garonne). 

Le marquis DE MAïILLARD-LAFAYE, ancien conseiller général 
de la Dordogne, maire de Saint-Sulpice-de-Mareuil, rue de 
Longchamp, 123, à Paris, 16°. 

MAISONNEUFVE-LACOSTE (André), à Thiviers. 

Le marquis DE MALET. #, colonel d'artillerie de réserve au 
21° régiment, au château de Puycharnaud, par Bussière- 
Badil. 

Le marquis DE MALEVILLE, au château de Caudon, par 
Domme. 

MaANHès, #, ancien capitaine, président de la Société de 
Secours aux blessés militaires, rue Antoine-Gadaud, à Péri- 
gueux. 

MARCHADIER (René), rue de l'Ile d'Or, 20, à Cognac (Cha- 
rente). | | 

Le marquis DE MARCILLAC DE CAYRO, président de l'Union 
des Syndicats agricoles du Périgord et du Limousin, au châ- 
teau de Mellet, par Beauregard-de-Terrasson. 

MARÉCHAL (Alexis), ancien député, conseiller général de la 
Dordogne, au château de Puyferrat, près Saint-Astier. 

MaREY, propriétaire à Marsac, par Périgueux. 


— 99 — 

MaRGAT (Raoul), 4 I, professeur à la Faculté de droit, rue 
Baudin, 28, à Montpellier (Hérault). 

Le vicomte ne MARQUESSAC, Rampe Valée, 19, à Alger. 

MAURAUD (Paul), 43 I, ancien élève de l'Ecole nationale et 
spéciale des Beaux-Arts, architecte, rue La Boëtie, 1, à 
Périgueux. 

MAZE (François), propriétaire, à la Source, commune de 
Saint-Germain-du-Salembre, par Neuvic. 

Mazeau (Paul), négociant, rue Comhe-des-Dames, n°‘ 11 et 
13, à Périgueux. 

Le baron Lucien DE MaAZiÈRESs-MAULÉON, propriétaire, avo- 
cat à la Cour d’Appel de Paris, au château du Reclaud, par La 
Tour-Blanche, et rue Decamps, 2, à Paris, 16°. 

MAZURIER (Gaston), pharmacien de 1'° classe, Grand’Rue, ?, 
à Carcassonne (Aude.) 

MÈèGE-LaVIGNoTTE (Louis), docteur en droit, avoué, à Mar- 
vejols (Lozère). 

MÉNIEL fils (Joseph), négociant, à Sainte-Foy-la-Grande 
(Gironde). 

Mieer (Pierre), propriétaire, au château de St-Crépin, par 
Brantôme. 

DE MonraRpYy (Elie), chevalier du Mérite agricole, proprié- 
taire, rue Victor-Hugo, 8, Périgueux. 

Le baron P. DE MONTCHEUIL, au château de Montcheuil, 
par Nontron. 

DE MoxTcHEUIL (Henri), auditeur à la Cour des Comptes, 
au château des Ages, commune de Monsec, par Mareuil-sur- 
Belle, et rue Las Cases, 8, à Paris, 7°. 

DE MONTÉGUT-LAMORELIE (Henri), correspondant honoraire 
du Ministère de l’Instruction publique, ancien magistrat, 
au château de Vaunac, par Thiviers, et au château des 
Ombrais, par La Rochefoucauld (Charente). 

DE Moxnreirz (Xavier), licencie en droit, au château du 
Bourbet, par Verteillac. 

MoxTet (Fernand), licencié en droit, notaire à Meyrals, par 
Saint-Cyprien. | 

Le marquis DE MONTFERRAND, au château de Montréal, 
par Issac. 


— 93 — 


Le comte Charles pE MONTFERRAND, %, directeur de la 
Cie d'assurances l’Union, quai d'Orsay, 11, à Paris, 7°. 

DE MONTIFAULT, %, lieutenant-colonel en retraite, villa 
Beauronne, près Périgueux. 

-Le docteur Moreau», x, médecin-major de première classe 
en retraile, à Tocane-Saint-Apre. 

DE Mouzinarp, &à I, docteur en droit, juge au tribunal 
civil, cours Tourny, 10, à Périgueux. 

Mne la marquise DE NATTES, née DU LAU D'ALLEMANS, au chä- 
teau du Mas-de-Montet, par Ribérac, et rue de Marignan, 21, 
à Paris, 8°. 

Le marquis DE NATTES, au château du Mas-de-Montet, 
par Ribérac. 

Le baron Henri DE NERvaux, licencié en droit, rue du 
Plantier, 14, à Périgueux. 

Neury (Angel), 6 I, conseiller général de la Dordogne, 
conseiller à la Cour d'Appel, avenue S‘'-Surin, 9, à Limo- 
ges. 

Le baron OBERKAMPFF DE DABRUN, ancien receveur des 
finances, au château d’Ayrolles, par Alais (Gard). 

PALUT (P.-P.), & I, tonnelier, rue Valette, 10, à Berge- 
rac. 

PARADOL (Raoul), 43 I, juge d'instruction, président de la 
Société de gymnastique Les Enfants de la Dordogne, boule- 
vard de Vésone, 7, à Périgueux. 

L'abbé DE PascaL, chevalier de l'ordre de Malte, missio1- 
naire apostolique, à Saint-Céré (Lot). | 

PASQUET (Gabriel), pharmacien de première classe, rue 
Taillefer, 36, à Périgueux. 

PÉcou (Gabriel), négociant, rue Louis-Blanc, 13, à Péri- 
gueux. 

DE PEYRONNY DES GENDRES (Raoul), rue de l’Abbé-Groult,18, 
à Paris, 15°. 

Le docteur PEYRoT, C. x, membre de l'Académie de mé- 
decine, chirurgien honoraire des hôpitaux de Paris, séna- 
teur de la Dordogne, président de la Société des Beaux-Arts 
de la Dordogne, rue Lafayette, 83, à Paris, 9°, et à Château- 
l'Evêque (Dordogne). 


— 9 — 


DE POURQUERY DE BOIssERIN, chevalier de l'ordre royal 
d'Isabelle la Catholique, président de la Chambre de com- 
merce, négociant, à Bergerac. 

POURQUIÉ, avoué-licencié, allée de Tourny, 29, à Péri- 
gueux. : 

POUYADON-LATOUR (René), docteur en droit, notaire, rue 
Gambetta, 25, à Périgueux. 

Pouyaup (Aubin), #, ancien président du tribunal de com- 
merce, au Dognon, par Savignac-les-Eglises. 

Pouyaup (Henri), {à À, ancien président du tribunal de com- 
merce, pharmacien, place du Coderc, à Périgueux. 

Le docteur Samuel Pozzi, C. #, 6 I, C. ©, ancien sénateur, 
conseiller général de la Dordogne, membre de l’Académie de 
Médecine, professeur de clinique gynécologique à la Faculté 
de Médecine, chirurgien à HQE! Broca, avenue d'Iéna, 47, 
à Paris, 16°. 

L'abbé PRAMIL, chanoine titulaire de la cathédrale, rue de 
la Clarté, 8, à Périgueux. 

PraT-Dumas (Edmond), conseiller du commerce extérieur 
de la France, industriel, maire, à Couze. 

DE PRESLE, chevalier de l'ordre de Saint-Grégoire-le- 
Grand, ancien conseiller d'arrondissement, vice-président 
de la Société syndicale libre d'agriculture du Périgord, 
maire de Cherveix, à Saint-Martial-la-Borie, par Cherveix- 
Cubas. 

_… PREvVÔT, agent général de la Compagnie d'assurances 
l'Urbaine, rue de La Boëtie, 15, à Périgueux. 

L'abbé PRIEUR, curé-doyen, à Mareuil-sur-Belle. 

PRIVAT (J.), $ÿ À, dessinateur principal à la Cie du chemin 
de fer d'Orléans, secrétaire général de la Société scientifique 
du Périgord, avenue de Paris, 22 bis, à Périgueux. 

Le docteur PUYGAUTHIER, é} À, conseiller général de la 
Dordogne, maire de Tocane-Saint-Apre. 

RaAmonp (Philippe), & A, docteur en droit,président du tri- 

bunal civil, boulevard Maine de Biran, 20, à Bergerac. 
Mer ReBière, docteur en théologie, protonotaire aposto- 
lique, chanoine de Périgueux et de Saint-Denis, ancien 
curé de la Cité, à Périgueux. 


— 95 — 


RECOQUILLON, 4 A, mainteneur de l'École félibréenne du 
Périgord, notaire, à Bouniagues (Dordogne.) 

De RÉémonpias, au château de la Borde, par Le Change. 

Du REPAIRE (Maurice), propriétaire, au château de Fon- 
tirou, par La Croix-Blanche (Lot-et-Garonne). 

REVERDIT, ancien garde-magasin comptable de la Manu- 
facture des tabacs, rue de la Gare, à Tonneins (Lot-et-Ga- 
ronne). 

RiBETTE, ancien chef de section de la Ci du chemin de 
fer d'Orléans, rue du Plantier, 17, à Périgueux. 

Le comte DE ROCHEFORT-LAVIE, lieutenant au 8° régiment 
d'infanterie, à Saint-Omer (Pas-de-Calais), et rue Newton, 
4, à Paris, 16°. | | 

Mr: la comtesse Martial DE RorriGNac, au Castel-Fadèse, 
près Périgueux. 

ROMANET DU CAILLAUD, propriétaire au Caillaud, par Isle 
(Haute-Vienne), et aux Maurilloux, près Périgueux. 

RonTEIx (Henri), imprimeur, rue Gambetta, 7, à Péri- 
gueux. | 

RoUGIiER (Maurice), contrôleur des contributions directes, 
rue de la République, 9, à Périgueux. 

M°° DE RouMEJoux, au château de Rossignol, par Bordas. 

RousseLET (J.), expert en immeubles, place du Palais, 2, à 
Périgueux. 

Roux (Eugène), ancien rédacteur en chef du Journal de la 
Dordogne, inspecteur régional de la Société Mutuclle fran- 
çaise, boulevard de Vésone, 26, à Périgueux. 

L'abbé Roux (Joseph}, curé d’Antonne, par Trélissac. 

Le comte DE RoYËÈRE, ancien officier de cavalerie, au chà- 
teau de Monsec, par Saint-Cyprien. 

Mme ]a comtesse DE SAINT-LÉGIER, au château de Riche- 
mont, par Brantôme. 

SAINTMARTIN (André, chevalier de l'ordre de Saint-Gré- 
goire-le-Grand, licencié en droit, secrétaire de la Société 
d’horticulture, place Francheville, 22, à Périgueux. 

DE SaINT-PauL (Maurice), %, maire de Ligueux, à l’abbaye 
de Ligueux, par Sorges, et villa Caprice, à La Condamine, 
principauté de Monaco. | 


— 2% — 


M" la marquise DE SANZILLON, au château du Lieu-Dieu, 
près Périgueux. 

Le marquis DE SANZILLON DE MEXSIGNAC, au château de Men- 
signac. 

SARLANDE (Albert), ancien député, au château de la Borie- 
Saunier, près Champagnac-de-Belair. 

SARLANDIE DES RIEUX (Arthur), 4} À, chevalier de l’ordre 
de Saint-Grégoire-le-Grand, ancien chef de division de la 
Préfecture de la Dordogne, rue Victor-Hugo, 65, à Périgueux. 

SAUVO-DESVERSANNES (Louis, 43 À, chevalier du Mérite agri- 
cole, suppléant du juge de paix, à Bussière-Badil. 

Mne Jules-Honoré SECRESTAT, rue Notre-Dame. 30, à Bor- 
deaux, et au château de Lardimalie, près S'-Pierre-de-Chignac. 

Le général SERMENSAN, C. %, @ I, à Excideuil. 

SIMON (Louis), 4 A, secrétaire-archiviste de l'Ecole féli- 
bréenne du Périgord, hôtel de l'Univers, à Périgueux. 

SIMONET (Jean), capitaine au 50° régiment d'infanterie, rue 
Victor-Hugo, 29, à Périgueux. 

SORBIER (Théodorc), propriétaire, ancien conseiller général 
de la Dordogne, à Montignac-sur-Vézère. 

DE TARDE (Alfred), docleur en droit, avocat à la Cour 
d'Appel, square de l’Alboni, 1, à Paris, 16°. 

TauziAc (Jean), négociant, à Moncaret. 

Le docteur Léo TEsTuT,O.%,6ÿ I, chevalier de l’ordre de la 
Couronne d'Italie, correspondant national de l’Académie de 
médecine, professeur d'anatomie à la Faculté de médecine, 
avenue de l’Archevêché, 3, à Lyon. 

L'abbé TEYSSANDIER, curé-doyen de Thenon. 

DE TEYSSsiÈRE (Edouard) #, lieutenant-colonel breveté, sous- 
chef d’élal-major au 10° corps d'armée, quai Lamennais, 11, 
à Rennes (Ille-et-Vilaine.) 

L'abbé TuivEAUD, chanoine honoraire, curé de la paroisse 
S'-Jacques, à Bergerac. 

Le baron DE LA TOMBELLE, #à I, commandeur de l’ordre de 
Saint-Grégoire-le-Grand, président honoraire de la Société 
des Beaux-Arts de la Dordogne, au château de Feyrac, par 
Castelnaud, et rue Auguste-Vacquerie, 3, à Paris, 16°. 

DE VALBRUNE (Ivan), officier du Mérite agricole, proprié- 


= 97 es 


taire, ancien conseiller d'arrondissement, au château de Lau 
Batut, près Saint-Astier. 

ViGié (Albert), x, doyen de la Faculté de droit, président 
de la Société archéologique, rue Achille Bégé, à Montpellier, 
et à Lascaminades, près Belvès. 

VizzEPELET (Ferdinand), # I, archivisle honoruire du 
département de la Dordogne, correspondant du Ministère de 
l'Instruction publique, boulevard Lakanal, 21, à Périgueux. 

ViLLEPELET (Robert), &à I, docteur és lettres, archiviste aux 
Archives nationales, avenue du Maine, 7, à Paris, 45°. 

WATELIN (Louis), artiste peintre, boulevard Pereire, à9, à 
Paris, 17°, et au château de Campagnac, par Sarlat. 


MEMBRES ASSOCIÉS 
MM. 


ASHER, libraire, Unter den Linden, 13, à Berlin (Allema- 
gne). 

Le comte Charles pe BEAUMONT, éÿ A, correspondant du 
Comité des Sociétés des Beaux-Arts des départements, au 
château de Châtigny, par Fondettes (Indre-et-Loire). 

BERTHELE (Joseph), #ÿ I, archiviste du département de 
l'Hérault, membre non résidant du Comité des Travaux 
historiques, inspecteur divisionuaire de la Société française 
d'Archéologie, impasse Pagès, 11, à Montpellier (Hérault). 

Du CHEYRON DU PaviLLon (Joseph), licencié en droit, ave- 
aue de Villiers, 84, à Paris, 17°. 

Ducacw, libraire, Soho square, 37, à Londres. 

Huer (Paul), rue de l’Université, 8, à Paris, 7°. 

LABADIE (Ernest), membre de la Société des Archives histo- 
riques de la Gironde, rue Vital-Carles, 32, à Bordeaux. 

Le baron DE LANAUZE-MOLINES, au château de Lescaut, 
par Lauzun (Lot-et-Garonne). 

Le comte bE LAVAUR DE SAINTE-FORTUNADE, à Sainte- 
Fortunade (Corrèze), 

MELLER (Pierre), vice-président de la Société des Archives 
historiques de la Gironde, associé correspondant de la Société 


nn 
ar 


— 928 — 
nationale des Antiquaires de France, cours du Pavé des 
Chartrons, 43, à Bordeaux. 

De Monrarpy {Jean), avenue des Bénédictins, 29, à Limo- 
ges. 

Le vicomte Jehan DE MonTozon, place de la Comédie, 2, 
à Bordeaux. 

NEw-YORK PUBLIC L1IBRARY, représentée par M. Charles 
Gaulon, libraire commissionnaire, rue Madame, 39, à Pa- 


ris, 6°. 


TAMIZEY DE LARROQUE (Henry), au Pavillon Peiresc, par 
Gontaud (Lot-et Garonne). 

TENANT DE LA Tour (Albert), à l’abbaye du Chalard, par 
Ladignac (Haute-Vienne). 


MEMBRES CORRESPONDANTS. 


MM. 


L'abbé H. BREUIL, {à I, professeur-agrègé de préhistoire et 
d'ethnographie à la Faculté des sciences, à Fribourg (Suisse.) 

Le docteur CaPiran, #, professeur à l'École d’Anthropologie 
et au Collège de France, membre titulaire du Comité des Tra- 
vaux historiques, rue des Ursulines, 5, à Paris, 5°. 

CARTAILHAC (Émile), &} I, correspondant de l’Iustitut, mem: 
bre non résidant du Comité des Travaux historiques, rue de 
la Chaîne, 5, à Toulouse. 

CHAMPEVAL DE VYERS (J.-B.), avocat, avenue de la Gare, à 
Bourganeuî (Creuse). 

CHAUVET (Gustave), 6x I,correspondant du Ministère de l’Ins- 
truction publique, président de la Société archéologique et 
historique de la Charente, notaire, à Ruffec (Charente). 

DE Cuopzko (Vitold), docteur en droit, au château de 
Lacôte, par Aixe (Haute-Vienne). 

DE CROZALS, %, &ÿ I, doyen de la Faculté des lettres, bou- 
levard de Bonne, 1, à Grenoble (Isère). 

CurzON (Henri PARENT DE), #3 1, docteur ès leltres, sous- 
cheî de la section historique aux Archives nationales, rue 
Saint-Dominique, 7, à Paris, 7°. 


=00.— 


DerrsLe (Léopold), G. O. x, membre de l’Institut, adminis- 
trateur général honoraire de la RIPROMIOAUS nationale, 
rue de Lille, 24, à Paris, 7°. 

DEZEMERIS (Reinhold), O. x, &à I, correspondant de l’Aca- 
demie des Inscriptions et Belles-Lettres, au château de Lou- 
piac, par Cadillac (Gironde), et rue Vital Carle, 11, à Bor- 
deaux. 

Ducroco, 0. #, correspondant de l'Institut de France, mem- 
bre du Comité des Travaux historiques et scientifiques, profes- 
seur honoraire de l’Université de Paris, à la Faculté de droit, 
rue d'Oléron, 4, à Poitiers. 

Le commandant EsPÉRANDIEU (Émile), &, {à I, lauréat de 
l'Institut, correspondant de l’Académie des Inscriptions el 
Belles-Lettres, villa Madeleine, rue des Tricots, à Clamart 
(Seine). 

FAGE (René), & I, correspondant du Ministère de l’Ins- 
truction publique, inspecteur divisionnaire de la Société 
française d'Archéologie, ancien président de la Société 
archéologique et historique du Limousin, avenue Kléber, 
88 bis, à Paris, et au Mas du Puy, par Verneuil-sur-Vienne 
(Haute-Vienne). 

HÉRON DE ViLLEFOSSE (Antoine), %, 4 [, membre de l’A- 
cadémie des Inscriptions et Belles-Letlres, conservateur des 
Antiquités grecques et romaines au Musée du Louvre, prési- 
dent du Comité des Travaux historiques et scientifiques, rue 
Washington, 16, à Paris, 8e. 

Le docteur LALANNE, au Castel d’'Andorte, Le Bouscat (Gi- 
ronde). : 

Le comte DE LASTEYRIE, #, #à I, membre de l’Académie 
des Inscriptions et Belles-Lettres, professeur à l'Ecole des 
Chartes, ancien député, secrétaire du Comité des Travaux 
historiques, rue du Pré-aux-Clercs, 10 bis, à Paris, 7e. 

LErFÈvVRE-PonNTALIS (Eugène), &} I, directeur de la So- 
ciété française d'Archéologie, rue de Phalsbourg, 13, à 
Paris, 17°. 

Marion (Marcel), 4 A, professeur à la Faculté des lettres, 
rue de Pessac, 177, à Bordeaux. 

Le chanoine PoTTIER, #à 1, président de la Société archéo- 


== 00 = 
logique de Tarn-et-Garonne, faubourg du Moustier, 59, à 
Montauban. 

RiviÈèRE (Emile), %, 4 I, directeur à l'Ecole des Hautes- 
Etudes au Collège de France, président fondateur de la 
Société préhistorique de France, boulevard de Strasbourg, 2, 
à Boulogne (Seine). | 

Ruprin (Ernest), %, 4 I, membre non résidant du Comité 
des Travaux historiques, ancien président de la Société scien- 
tifique, historique et archéologique de la Corrèze, à Brive. 


Allier 
sses-Alpes 
cies-du-Rhôse 
‘barente. 


sate-Inférieure 


Cher. 
Corrèze. 


Id. 
Creuse. 


te-Garonne. 


id. 
sironde. 


Id. 


érault. 


-et-Vilaine. 


re-laférieure. 


91 


SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. 


Ministère de l'Instruction publique. 
— Bulletin du Comité des Travaux historiques et 
scientifiques. | 
— Bulletin et Mémoires de la Société de l'Histoire de 
Paris et de l’Ile de France. 
— Bibliothèque de l'Ecole des Chartes. 
— Bibliothèque de l'Université de France, à la Sorbonne, 
à Paris, 5°. 
— Bibliothèque de la Commission des Monuments his- 
toriques, à la direction des Beaux-Arts, rue de 
Valois, 8, à Paris, 1°". 
Société d'Émulation, des lettres, sciences et arts du Bourbonnais, 
à Moulins. 
Société scientifique et litléraire des Basses-Alpes, aux Archives 
départementales, à Digne. 
Bibliothèque de l'Université d'Aix en Provence. 
Société historique et archéologique de la Charente, à Angoulême. 
Société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, 
cours National, 99, à Saintes. 
Société des Antiquaires du Centre, à Bourges. 
Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, 
à Brive. 
Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, à Tulle. 
Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, 
à Guéret. 
Société archéologique du Midi de la France, hôtel d’Assézat, 
à Toulouse. 
Bibliothèque de l'Université,rue de l'Université, 2, à Toulouse. 
Société archéologique de la Gironde, rue des Trois-Conils, 53, à 
Bordeaux. 
Société historique et archéologique de Saint-Einilion. 
Société archéologique de Montpellier. 
Société archéologique d'Ille-et- Vilaine, à Rennes. 
Société archéologique de Nantes et de la Loire-Inférieure, à Nantes. 


| Loiret. 


ld. 
Lot, 


Lot-et-Garonne. 


Meurthe-et-Mo- 
selle, 


Nièvre. 
Basses-Pyrénées 
Saône-et-Loire. 
Sarthe. 


Savoie. 


Seine. 


Id. 


Somme. 
Tarn-et-Garonne. 


Vienne. 


Haute-Vienne. 
1d. 


Belgique. 
Id. 


Etats-Unis de 
l'Amérique du Nord 


_ 99 — 


Société archéalogique et historique de l'Orléanais, à Orléans. 

Société historique et archéologique du Gâlinais, rue Gay- 
Lussac, 88, à Paris, 5°. 

Société des Études liltéraires, scientifiques et ar tistiques de 
Lot, à Cahors. 

Société d'agriculture, sciences el arts d'Agen, à Agen. 

Société d'archéologie lorraine, Palais Ducal, Grande-Rue 
(Ville Vieille), à Nancy. 

Société Nivergaise des lettres, sciences el arts, à Nevers. 

Société des sciences, belles-lettres et arts, à Pau. 

Société Éduenne, hôtel Rolin, à Autun. 

Société historique et archéologique du Maine, maison dite de 
la reine Bérengère, Grande-Rue, 11, Le Mans. 

Académie des sciences, belles-lettres et arts, à Chambéry. 

Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, au palais de l'Ins- 
titut, à Paris, 6°. 

Société nationale des Antiquaires de France, au palais du 
Louvre, à Paris, 1°. 

Société française d'Archéologie, rue de Phalsbourg, 13, 
Paris, 17°. 

Revue Epigraphique, villa Madeleine, rue des Tricots, à Cla- 
mart (Seine). 

Société des Antiquaires de la Picardie, au musée de Picardie, 
à Amiens. 

Société archéologique de Tarn- et-Garonne, faubourg du Mous- 
tier, 59, à Montauban. 

Société des Antiquaires de l'Ouest, rue des Grandes-Ecoles, 
à Poitiers. | 

Société archéologique et historique du Limousin, à Limoges. 

Société « Les Amis des Sciences et Arts, » à Rochechouart. 


à 


SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES 


Académie royale d'Archéologie de Belgique, rue du Transvaal, 
58, à Anvers. 

Socièté d'Archéologie de Bruxelles, 
Bruxelles. 

Smithsonian Institution, à Washington. 


rue Ravenstein, 11, à 


= 3 — 


SÉANCES MENSUELLES 


DE LA 


SOCIÈTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DU PÉRIGORD 
Séance du jeudi 3 décembre 1908. 


Présidence de M. le marquis de FAYOLLE, 
président. 


La séance est ouverte à midi et demi dans la salle accoutu- 
mée. 

Sont présents : MM. Bayle, Elie de Biran, le chanoine Bru- 
gière, l'abbé Chastaing, Emile Contaut, le marquis de Cumond, 
Antony Délugin, Charles Devin, Dujarric-Descombes, Auguste 
Dumas, le marquis de Fayolle, Féaux, l'abbé Goustat, Lespi- 
nas, le capitaine Manhès, le colonel de Montifaul!, le docteur 
Moreaud, Gabriel Pasquet, le chanoine Pramil et Villepelet. 

M. l'abbé Goulard s'excuse par écrit de ne point assister à 
la séance. 

Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et adopté. 


Notre bibliothèque a reçu, pendant le mois dernier, les 
ouvrages suivants : 


Bulletin de l'Académie royale d'Archéologie de Belgique, 1908, 
III, in-& avec planches et illustrations, Anvers, imprimerie 
Van Hille de Backer ; 

Bulletin trimestriel de la Société des Antiquaires de Picardie, 
année 1908, 2° et 3° trimestres, un fascicule in-8, Amiens, 
imprimerie Yvert et Tellier ; 

Comptes rendus des séances de l’année 1908 de l’Académie 
des Inscriplions et Belles- Lettres, bulletin d'aoùût-septembre, 
in-8, avec illustration, Paris, librairie Alphonse Picard et fils ; 

3 


=. 34:— 


où, p. 501, est offerte à l'Académie par M. Joseph Barrère, 
avocat à la Cour d'Appel de Bordeaux, son élude intitulée : 
Estienne de La Boëtie contre Nicolas Machiavel. 

« L'auteur de cette étude examine à nouveau un problème qui a sou- 
levé bien des controverses ches leshistoriens de notre littérature. Il mon- 
tre, et c’est là une découverte fort intéressante, que le Discours de la Ser- 
vitude volontaire n’est pas un pamphlet de circonstance, que c'est une 
réponse éloquente au Prince de Machiavel. La démonstration de M. 
Barrère paraît concluante, et le nom de notre savant correspondant, 
M. Dezeimeris, à qui l’ouvrage est dédié, le recommande tout parti- 
culièrement à l'attention des érudits. » 


Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux 
historiques et scientifiques, année 1907, ne 3 et 4, un fascicule 
in-8°, Paris, Imprimerie nationale ; où, p. 422, sont publiés, 
avec les notes de M. Paul Meyer, des Textes romans tirés d’un 
incunable périgourdin par le regretté M. Hermann ; 

Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques et 
scientifiques, année 1908, 1°° livraison, jn-8°, avec planches, 
Paris, Imprimerie nationale; Ernest Leroux, éditeur ; 

Mémoires et documents publiés par la Societé nationale des 
Antiquaires de France-Meltensia, V, fondation Auguste Prost, 
Table alphabétique du cartuluire de l'évêché de Metz, fasci- 
cule 3, in-8°, Paris, Klincksieck, libraire, 1908 ; 

Revue des Etudes grecques, tome XXI, n°’ 93-94, juillet-octo- 
bre 1908, un fascicule in-8°, avec illustrations, Paris, Ernest 
Leroux, éditeur : 

Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile de France, 
84° année, 1907, un volume broché in-8°, à Paris, chez Cham- 
pion, libraire ; 

. Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris etde l'Ile de France, 

tome XXXIV (1907), un volume broché in-8°, à Paris, chez 
Champion, libraire ; | 
Légende de Saint Denis, un beau volume, in-8° en porte- 
feuille, sur papier de fil, qui contient la reproduction des 
minialures du manuscrit original, présenté en 1317 au roi 
Philippe le Long, avec introduction et notices des planches 
par Henri Martin, administrateur de la bibliothèque de l'Arsc- 
nal, Paris, chez Champion, libraire de la Société ; 


0 
è: 


. Bulletin de la Sociéte archéologique et historique de l'Orléanais, 

tome XV, n° 191, deuxième trimestre de 1908, in-8°, avec une 
planche, Orléans, librairie Marron ; 

Bulletin et Mémoires de la So’iété archéologique du départe- 
ment d'Ille-et-Vilaine, tome XXXVIIT (1"° partie), un volume 
broché in-8, Rennes, imprimerie Eugène Prost, 1908 ; 

Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 
tome LVIIT, 1° livraison, in-8°,Limoges, imprimerie et librai- 
rie limousines Pucourtieux et Gout, 1908 ; contenant, p. 14 et 
17, deux mémoires sur le Dolmen du Sreuil :Haute-Vienne), 
l'un de notre correspondant M. René Fage, et l’autre de notre 
jeune compatriote M. Franck Delage, professeur au lycée Gay- 
Lussac ; — ct, p. 252, des Documents inédits sur le canton de 
St-Sulpice-les-Feuilles de 1358 à 1785, publiés par M. Roger 
Drouault ; | | | 

Revue de l’Agenais, bulletin de la Société d'agriculture, 
sciences et arts d'Agen, 35° année, septembre-octobre 1908, 
in-8° avec portrait, Agen, Imprimerie Moderne, où, p. 452, est 
publié un compte rendu du Congrès d'histoire et d'archéo- 
logie de l'Union des Saciétés savantes du Sud-Ouest, tenu à 
Pau en septembre 1908 ; | 

De M. Grenier, plusieurs exemplaires d'une Note sur les 
Lerrasses alluviales de la vallée de la Dordogne aux environs de 
Ste-Foy-la-Grande et leurs industries préhistoriques par 
M. Conil, tirage à part du compte rendu du Congrès des 
Sociétés françaises de géographie, de Bordeaux 1907, in-8° 
avec illustrations, Bordeaux, Imprimerie commerciale et 
industrielle, 1908 ; | 

De M. Dujarric-Descombes, deux numéros du journal Le 
Patriote du Périgord, l’un, du 18 novembre dernier, où est 
publié son article bibliographique sur le Dictionnaire français- 
occitanien de M. Piat ; l'autre, du 1° décembre, qui contient 
sa lettre sur le Jeu de paume de Périgueux ; 

Et de M. le comte Charles de Montferrand, le n°du 10novem- 
bre 1908 de la Revue de l'art ancien elmoderne, in-4°, avec ses 
riches héliogravures, contenant p. 321, un mémoire intéres- 
sant de M. le comte Paul Durrieu, de l’Institut, sur le Portrait 
de saint Louis à l'âge de treize ans, de la Sainte Chapelle de 


mt 


0 — 

Paris, dont il a été parlé dans nos précédents procès-verbaux, 

et qui ne serait autre que le portrait de l’archiduc d'Autri- 

che, Philippe le Beau, le père de l’empereur Charles-Quint. 
Des remerciments sont votés aux donateurs. 


A propos de la brochure de M. Conil envoyée par M. Gre- 
nier, M. l'abbé CHasTaiNG nous dit que les pièces y reprodui- 
tes n'ont pas été travaillées par la main de l’homme. Elles 
proviennent d’un gisement de bas niveau dans la vallée de la 
Gardonnette ; elles ont été apportées par des courants vio- 
lents et n'ont aucun rapport avec celles qu’on trouve dans les 
stations. 


Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL dit que dans le feuilleton scienti- 
fique du Journal des Débats de ce matin, M. de Parville signale 
la découverte de deux squelettes dans notre région. L’un par 
M. Emile Rivière, dans l'abri sous roches du Moustier, d'un 
squelette de femme qui serait le plus ancien des squelettes 
fossiles trouvés en France. L'autre, dans un gisement contigu, 
par M. Hauser, d'un squelette humain, qui avait dû appartenir 
à un jeune individu contemporain de la femme précédente. 
Ses caractères anthropologiques, relevés par le docteur 
Klaalsch, permettent de le classer dans la race de Néander- 
thal et c'est la première fois que cette race est signalée dans 
la Dordogne. 


M. le Ministre de l’Instruction publique nous envoie dix 
exemplaires du programme du Congrès des Sociétés savantes 
qui se tiendra à Rennes, en avril 1909. Les questions à traiter 
sont toujours à peu près les mêmes. Il paraît inutile à l'as- 
semblée de les reproduire in-extensn dans notre procès-ver- 
bal qui sera publié le 28 février seulement, par conséquent 
trop lard pour suggérer des communications. 


M. BESson, élu membre titulaire dans la dernière séance, 
adresse ses remerciements à la Société. 


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL signale, dans le n° d'octobre des 
Annales du Midi, un mémoire sur Prémillac, de M. Babut, 


— 97 — 


qui, après avoir examiné les travaux de M. Mouret, dans le 
Bulletin de la Société archéologique de Béziers, les Recherches 
de Curie-Seimbres, l'Histoire du Périgord de Léon Dessalles, 


conclut qu'il est probable que le Primuliacum, le domaine où 


Sulpice Sévère se retira aux environs de l’année 400, où il a 
composé sa Chronique et placé la scène de ses Dialogues, est 
Prémillac en Périgord, et que toutes les autres hypothèses 
émises sur la question sont à rejeter. 

Les mêmes Annales du Midi contiennent, p. 493, des obser- 
vations complémentaires ou rectificatives de M. Antoine 
Thomas, de l’Institut, professeur de langue romane à la Sor- 
bonne, sur l'inventaire du mobilier d'un bourgeois de Péri- 
gueux, en 1428, publié par M. Villepelet,qui ne les accepte 
pas toutes sans restriction. 


M. l'abbé CmasraiNG nous rappelle ensuite que l'abbé 
Audierne visita l'église de St-Avit vers 1850. L'an d'après, il 
écrivit dans son ouvrage le Périgord illustré : 


À St-Avit-Senieur ou Senior, à cause de son ancienneté, les ruines 
du château de Papiol, des bas-reliefs dont l’un offre un Apollon assis, 
tenant d’une main une lyre et de l’autre une boule représentant le 
monde, la grotte d'un solitaire, la belle fontaine qui l’avoisine, une 
crypte remarquable par ses sculptures, placée entre la grotte et le 
bourg, les restes d’un vieux couvent, des pans de murailles calcinées 
par le feu, et une superbe église dont les voûtes sphériques ressem- 
blent à celles de la basilique de Saint-Front. 


A l’occasion de la visite projetée à St-Avit, au mois de juin 
prochain, des membres de la Société française d’Archéolo- 
gie, M. l'abbé Chastaing demande une petite subvention 
pour dégager la crypte à sculptures, comblée depuis une 
vingtaine d'années. 

La proposition mise aux voix est favorablement accueillie. 

L'assemblée vote à cet effet une allocation de 20 francs ; 
mais à condition qu'une fois dégagée, la crypte ne servira 
pas de dépôt d’immondices aux habitants du bourg. 


M. le comte Charles pe BEauMONT veut bien signaler à M. le 
Président une plaque de cheminée en fonte, avec armoiries 


8 — 
industrielles, «exactement semblable à celle reproduite par le 
baron de Verneilh dans le tome XVIII (1891), p. 452 de notre 
Bulletin, et qui se trouvait dans un vieux logis du bourg de 
Pluviers. Celle que je signale en mon nom et au nom de M. 
le marquis de Malet, mon beau-père et notre confrère, se 
trouve à la Côte, vieille habitation isolée, de la commune de 
Piégut-Pluviers, située non loin de l'Etang Grollier. Ces deux 
plaques, bien qu'analogues, à celles de St-Angel et de la 
Pouyade, publiées (du moins celle de St Angel), par le baron 
de Verneilh, dans le tome VIII, p. 264 du Bulletin, présentent 
avec ces dernières de notables différences. 

« Nous avons pensé, M. le marquis de Maletet moi, qu'il 
serait intéressant de vous signaler cette nouvelle plaque de 
cheminée. Ce sera un document de plus, si jamais se trou- 
vait parmi nous, un confrère dévoué qui veuille faire pour 
ces meubles si intéressants, et souvent si iñstruclifs, ce que 
M. le chanoine Brugière a si bien fait pour les cloches péri- 
gourdines. » | | 

La plaque signalée étant identique à celle qui a été publiée 
en 1891, l'assemblée ne pense pas qu'il y ait lieu de la re- 
produire. 


Un Comité de Barbezieux écrit au PRÉSIDENT et au SECRÉ- 
TAIRE GÉNÉRAL pour les informer qu'il prépare une fête, pro- 
.visoirement fixée au 16 mai prochain, pour célébrer, par une 
importante manifestation littéraire, le 400° anniversaire de la 
naissance à Barbezieux de son plus illustre enfant, le savant 
Elie Vinet. Une plaque commémorative rappellera son nom 
à la postérité. 

Le Président et le Secrétaire général répondront au Comité 
pour le féliciter de la bonne pensée qu'il a eue de fêter l'an- 
niversaire de la naissance d'Elie Vinet, le célèbre professeur 
de Michel Montaigne. Mais ils croient inutile d'inscrire leurs 
noms dans le Comité de patronage. Ils feront en sorte et ils 
prieront leurs confrères de la Société historique du Périgord 
d'assister le 16 mai 1909, à Barbezieux, à la pose de la plaque 
commémorative de cet heureux événement. 


Dans la séance du 6 août, le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL avait in- 


— 39 — . 


diqué un nom liré des papiers de Jean Bourré, conseiller et 
maître des comptes du roi Louis XI, conservés sous son nom 
à la Bibliothèque nationale et qui nous avait fait chercher. 
Dans ses additions et corrections (Bibl. de l'Ecole des Chartes, 
t. 46, année 1885, p. 727), le rédacteur du catalogue M. Vae- 
sen nous dit qu'il faut lire Pentevice au lieu de Paucencia, nom 
d'un personnage qui assistait au siège de Sourzac en 1444 
avec les comtes de Périgord, de Ventadour et le vicomte de 
Turenne. 

Il est aussi embarrassant d'identifier le nom de Pénterice 
que celui de Paucencia. 


M. Victé, qui prend toujours un intérêt particulier à Bel- 
vès, mande au Secrétaire général qu'il a remarqué à la p. 319 
de notre dernière livraison « que le cartulaire Philipparie, 
de Belvès (Dordogne), xvi° siècle, faisant autrefois partie de 
la bibliothèque de sir Phillips, à Cheltenham, est entré dans 
les collections de la Bibliothèque nationale, où il est catalo- 
gué : Acq. nouv., n° 1922. | LL 

« M. Omont m'avait prévenu de cetle acquisition, au mois 
d'avril dernier, et grâce à lui, j'ai pu consulter à Montpellier, 
à la bibliothèque universitaire, le précieux manuscrit, sur le- 
quel je suis en état de vous fournir quelquesrenseignements. 

» Ce cartulaire n'est pas l'original de l’œuvre de Philippa- 
rie: ce n’est qu'une copie (il y a quelques lacunes dues à 
l'inexpérience du copiste). Peut-être l'original serait-il aux 
Archives départementales de la Gironde, G. 185 ? 

« Le manuscrit est sur velin, relié en maroquin rouge et 
_» portait au feuillet ultime Livre appelé Philipparie du nom 
d’un notaire signé au précédent feuillet, qui était un des 
trois qui collationna et ramassa les titres et actes différents 
contenus dans led. livre. Il est cotté % et placé cab. 6, 
étage 5, n° 1.» 

» Ces notations, avec la croix dre Saint-André, étaient 
employées à la désignation des archives de l'archevèché de 
Bordeaux (1). Notre manuscrit avail été détourné de ce dépôt 


É Vs v 


(1) On les retrouve sur les pièces de la série G des Archives de la Gironde, 
provenant de l’archevêché de Bordeaux. 


==: 40 =; 
à une époque indéterminée et était, à la suite de ce détourne- 
ment, entré dans les collections de Cheltenham. 

» Ce cartulaire est écrit en latin; il contient à peine quel- 
ques pièces en langue vulgaire. 

» Le rédacteur se décide à écrire le résumé des actes aux- 
quels il a participé et il a commencé son travail en l'an 4496. 
L'ordre de son travail est relatif : 4”au lieu, castrum et juri- 
diction de Belvès ; 2° au lieu, castrum et châtellenie de Biga- 
roque (fol. 108 et suiv.), dont Saint-Cyprien faisait partie 
(116 et suiv.) ; 3° au castrum de Couze (fol. 192 et suiv.); 4° au 
castrum, lieu et juridiction de Milhac (fol. 214 et suiv.) ; et 
pour chacune de ces localités, l’auteur suit l'ordre suivant : 
la description de la localité, les paroisses en dépendant ; les 
confrontations et limitations de la juridiction; les transac- 
tions intervenues quant à ces points ; les revenus et leurs 
mises à ferme; les droits sur les animaux et les fiefs dans 
chaque paroisse ; les hommages des vassaux ; les procès el 
les empiètements au détriment des juridictions. 

» J'ai remarqué comme pièces importantes : les tarifs des 
droits de leudes et marchés de Belvès, et les droits de tran- 
sit à Bigaroque, pièces inédites (j2 le crois du moins), et dont 
je vous enverrai le texte avec un petit commentaire. » 


M. LE PRÉSIDENT nous expose ensuite qu'il a été prié par 
M. Clouzot, de Niort, de l'aider à identifier pour la Revue des 
éludes Rabelaisiennes, un personnage cité par Rabelais, Gar- 
ganlua, livre I, chap. XVI : 

« Ea ceste même raison Fayoles, quart roy da Numidie, envoya du 
pays d'Afrique à Grandgousier une jument, la plus énorme et la plus 
grande que feut oncques veue..... » 


» M. le marquis de Fayolle résume la réponse qu'il a faite 
à M. Clouzot, dans laquelle il pense établir que ce Fayolles, 
appartenait à une famille poitevine, fixée vers la fin du xv° 
siècle, au château de Puyredon en Bergeracois. 

» Les personnages introduits par Rabelais dans son roman 
ne sont pas fictifs ; ils ont existé et il les a connus pour la 
plupart. Le livre I de Gargantua ayant été composé à Lyon en 
1533, c'est donc antérieurement à cette date qu'il faut cher- 


it — 


cher ce Fayolles et que Rabelais a dù ke rencontrer en Tou- 
raine, en Saintonge ou en Poitou, pendant qu'il y résidait soit 
chez les Franciscains de Fontenay-le-Comte, soit auprès de 
l’évêque de Maillezais, Geoffroy d'Estissac, avant d'aller en 
1330 étudier la médecine à Montpellier. D'autre part, M. Clou- 
zot a découvert que deux autres personnages cités au livre I 
chap. 8, «le capitaine Chappuys » et « Her Pracontal, pro- 
consul de Lybie » avaient navigué dans la Méditerranée, l'un 
sur les vaisseaux du Roi, l’autre comme corsaire, et il sup- 
pose que Fayoles, quart roy de Numidie, avait dù comme eux 
participer à quelque expédition contre les Turcs sur les côtes 
d'Afrique, ce qui justifie le titre que lui donne Rabelais et 
l'envoi de la grande jument « du pays d'Afrique. » 

» Ces desiderata ne paraissent s'appliquer à aucun membre 
de la famille périgourdine de Fayolle, quoiqu’une de ses bran- 
ches, celle de Bourdeille et de Neuvic, ait possédé plusieurs 
terres en Saintonge, et en particulier jusqu'en 1520, celle de 
Douhet, peut-être la même que le Douhet dont Briand Vallée, 
ami intime de Rabelais, se qualitiait de seigneur. Il en est de 
même pour celle de Fayolle de Mellet, à laquelle avait pensé 
Le Duchat, le seul des annotateurs qui ait cherché jusqu'ici à 
se renseigner sur ce Fayoles. En effet, Annet de Fayolle, sei- 
gneur de Neuvic, testa en 1532, en faveur de son neveu Jean 
de Mellet, à charge pour lui et ses descendants de prendre le 
nom et les armes de Fayolle ; mais il ne mourut qu'en 1543, 
et ce fut non pas son héritier, Jean de Mellet, marié seule- 
ment en 1534, mais les enfants de celui-ci qui, après la mort 
de leur grand-oncle, adoptèrent le nom de Fayolle. 

« La solution de ce petit problème semble plutôt se trou- 
ver dans les excellentes généalogies des familles de Fayolles 
de Puyredon et de Bideran par le comte de St-Saud, et 
de Madaillan par notre regretté confrère Maurice Campa- 
gne. 

» Jean deMadaillan, héritier par sa mère du nom d’Estissac 
et des grands biens de cette puissante maison en Périgord et 
en Poitou, échangea avant 1486 à un gentilhomme poitevin, 
Jean de Fayolles, les droits que celui-ci tenait de sa femme, 
Marguerite de Vivonne, contre la seigneurie de Puyredon en 


— 49 — 

_ Périgord. Jean de Fayolles se fixa à Puyredon et y acquit plu- 
sieurs autres terres voisines du château de Cahuzac, demeure 
prélérée des d’Estissac, avec lesquels il avait par les Vivonne 
des liens de parenté ; mais il ne dut pas abandonner entière- 
ment le Poitou, car dans son testament, Jean d’Estissac con- 
firme la donation qu’il avait faite « à noble homme Jean de 
Fayolle, son serviteur et écuyer de la Capitainerie de Coulon- 
ges-les-Royaux, terre et juridiction qu'il lêgue à son second 
fils, noble homme Geoffroy d'Eslissac ». Celui-ci n’est autre que 
le Prieur de Ligugé, devenu bientôt évèque de Maillezais, pré- 
lat lettré, protecteur déclaré de Rabelais, qui entretint avec 
lui des rapports continuels et intimes jusqu’à sa mort. Fami- 
lier de Geoffroy d’Estissac, Rabelais reçut les mêmes bons 
offices de son neveu Louis d’Eslissac, et on trouve au livre IV 
chap. 52 de Pantagruel, la preuve de sa parfaite connaissance 
de l'entourage immédiat des d’Estissac. C'est, au sujet d’un 
Soi-disant miracle opéré par les décrétales, le récit d’un tir à 
l'arquebuse organisé au château de Cahuzac et dans lequel 
les détails des lieux, les acteurs et leurs sobriquets, certaine 
allusion à un proces relatif à une seigneurie voisine, sont 
indiqués avec. une telle précision, que Rabelais avait cer- 
tainement dù séjourner à Cahuzac. Si dans son dernier 
livre, il fait figurer les gentilshommes agenais ou périgour- 
dins qui, à Cahuzac, faisaient alors partie de la maison 
de Louis d’Estissac, tels que Sansornin l’ainé, sans doute 
Ganiarnaut de Buade, s' de St-Sernin, que Bertrand d'Es- 
tissac, frère de l'évêque, désigne dans son testament comme 
« ayant la charge de sa maison de Cahuzac », Craque- 
lin, Perotou, le page Chamouullac, à plus forte raison dut-il 
connaitre, et est-il naturel qu'il ait nommé au début de son 
roman, ceux qui, au châleau de Coulonges-les-Royaux, for- 
maient la maison de l’évêque de Maillezais, lorsque de- son 
couvent de Fontenay-le-Comte, il allait l'y visiter, et y trouva 
plus tard un asile quand il eut quitté l’habit des Francis- 
cains. Plus tard, en 1536, Rabelais écrivant à Geoffroy d’Es- 
tissac lui parle de ses jardins de Coulonges, dont il venait 
d'entreprendre la reconstruction, terminée par son ueveu 
Louis, qui en fit une des plus belles demeures de la Renais- 


4% 
sance, et il lui envoie des graines pour M"° d'Estissac, Antoi- 
nelte de Daillon, sa nièce. 

» De tout ce qui précède, il semble résulter que Rabelais, 
-parlant d'un Fayolles, n'a pu songer qu’à l’un de ceux qu'il a 
rencontrés chez son puissant protecteur, l’évêque de Maille- 
zais. Jean de Fayolles, capitaine de Coulonges-les-Royaux, 
mourut en 4522 ; c'est son second fils François, auteur de la 
branche de Saussignac en Périgord, où il construisit dans sa 
seigneurie de Rappevacque un château auquel il donna le 
nom de Fayolles, en souvenir de celui du Poitou, qui parait 
être celui que Rabelais désigne comme quart roy de Numidie, 
et ayant envoyé la grande jument à Grandgousier. En effet, 
Francois de Fayolles était encore jeune en 1582, lorsque 
Rabelais publia son Gargantua, puisqu'il ne se maria qu’en 
1333, et on sait qu'il avait pris part à une expédition contre 
les Turcs par les lettres d’indulgence qu'il reçut pour ce fait 
du pape Léon X, le 4 avril 1518. (Dossiers bleus.) | 

» Les annotateurs, qui out cherché depuis l'apparition du 
Pantagruel la clé des allusions qui s’y rencontrent, auraient 
pu trouver à l'appui de leurs in!terprèélations un argument 
dans une singulière coïncidence de noms à laquelle donne 
lieu cette solution du problème. Ils se sont en effet accordés à 
voir dans la grande jument la maitresse de François I‘, Anne 
de Pisseleu, duchesse d'Etampes. Les Fayolles du Poitou 
avaient la prétention de former une branche de la maison 
de Pisseleu, ainsi qu’en témoigne un mémoire du xvi‘ siècle. 
M. le comte de St Saud a établi que leur nom patronymique 
était Joubert ou que du moinsils ne descendaient des Pis- 
seleu que par les femmes. Mais il serait facile de prétendre 
que Rabelais a connu cette commune origine des Pisseleu 
et des Fayolles, el que c'est pour cela qu'il fit envoyer la 
grande jument par un Pisseleu caché sous le nom de Fayolles. 
Il n’est bon de signaler la possibilité de cette interprétation 
que pouren montrer la fantaisie. En effet, dans la première 
Chronique gargantuine parue dès 1532, essai où Rabelais cher- 
chait à tourner en ridicule les romans de chevalerie plutôt 
que des allusions politiques, figure déjà la grande jument, 
mais ce n'est pas Fayolles roy de Numidie, c'est l’enchanteur 


— 44 — 


Merlin qui la procure à Grandgousier qui n'y représente pas 
plus François I° que la grande jument la duchesse d'Etampes. » 
L'assemblée remercie M. le Président de son intéressante 
communication qui confirme le séjour de Rabelais en Péri- 
gord et ses rapports avec plusieurs familles périgourdines. 


De son côté, M. Robert VILLEPELET nous adresse un article 
intitulé La famille de Talleyrand et le château d’Excideuil au 
xvin* siècle. Utilisant les pièces d’un procès soutenu devant le 
Conseil d'Etat par Gabriel-Marie, de Talleyrand, et notam- 
ment deux jugements rendus en faveur de ce personnage, le 
5 décembre 1777 et le 18 août 1778, pièces conservées aux 
Archives nationales, notre jeune confrère a cru pouvoir établir 
que les possesseurs de la terre d'Excideuil s’en désintéres- 
saient alors complètement, au point de vendre le domaine 
morceau par morceau et de laisser au château ce caractère de 
ruine qu'il a dès lors conservé. 


M. Elie pe Brrax offre aux archives de la Société : 

1o L’original, signé par les maire et consuls, d'un état des 
revenus et charges ordinaires. et extraordinaires de la ville 
de Bergerac. Cet état, dressé le 30 août 1764, évalue les reve- 
nus à 2113 |. 16. s. 87 et les charges à 3082 1. 1 8. 6, soit un 
excédent de dépense de 968 1. 4 s. 10. 

2 Un état imprimé, en date du 31 janvier 1775, des exemp- 
tioos particulières du tirage au sort pour les régiments pro- 
vinciaux, accordées par le Roi à la Généralité de Bordeaux, eu 
égard aux circonstances locales. 

3° Une instrüction imprimée, en date à Paris du 146 janvier 
1776, sur la manière de désinfecter les étables où il y a eu 
anciennement des bestiaux attaqués de l'épizootie par M. Vicq 
d’Azyr. 

4° Un gazetin adressé au curé de la Magdeleine, à Bergerac, 
et se référant à divers événements intérieurs ou extérieurs de 
l'année 1776. « Les fermiers généraux, écrit l’éditeur de ces 
» nouvelles, inquiets d’une prochaine révolution dans les 
» finances, ont écrit à M. le Contrôleur général, qui les a ras- . 
» surés par une réponse qui dit que le bail actuel sera rem- 


ne 


» pli etexécuté et qu’ils eussent à en remplir toutes les con- 
» ditions. » 
M. l’Archiviste départemental remercie M. de Biran. 


D'autre part, M. le capitaine Cazazas nous envoie deux 
notes qui lui ont été suggérées par de récentes lectures et 
qui lui paraissent de nature à pouvoir faire l'objet de com- 
munications à la Sociélé. L'une relative aux Volontaires de la 
Dordogne (4792-1798) sera publiée dans nos Varia ; l’autre, 
qui est une contribution à l’histoire du général Joseph 
Morand, dont il a élé question plusieurs fois, est ainsi 
conçue : 


Dans son ouvrage Récits des temps révolutionuaires (Paris, 1908), 
M. Ernest Daudet a consacré un long chapitre au complot Coigny- 
Hyde de Neuville, dont les péripéties encadrèrent le 18 brumaire, 
époque où le général Joseph Morand était gouverneur militaire de 
Paris. Les congpirateurs, qui opéraient avec beaucoup d'’audace, 
étaient reçus dans l'entourage de Bonaparte et ils réussirent à capter 
la confiance de Morand, qui fut amené à s'intéresser à de Coigny, lors 
de son arrestation. Le premier consul, exaspéré par la découverte du 
complot royaliste, blâma vivement le général « d'avoir secondé les 
efforts de Joséphine en faveur de ce complice des brigands », lui 
retira son commandement et l'envoya en disgrâce à Alexandrie. M. 
Daudet retrace ces dramatiques évènements avec sa maitrise habi- 
tuelle. 11 se trompe toutefois en cherchant à déterminer le mobile qui 
guida Morand en ces circonstances. « Quoique ses allures, dit-il, 
fussent celles d’un enfant du peuple, il n'’oubliait pas qu'il était 
d'origine aristocratique et que son enfance s’élait écoulée entre les 
murs d'un château, propriété de son père, Jérôme de Morand. » Les 
Morand n'étaient pas nobles; depuis plusieurs générations, ils 
exerçaient de père en fils la profession de chirurgien à St-Etienne 
de Puycorbier, et le père du général étudia lui-même la médecine à 
Montpellier avant d'entrer dans l’armée ; il fut un modeste officier de 
fortune, dont le grade de capitaine et la croix de St-Louis couronnèrent 
la carrière. Quant à la propriété du Colombat (près St-Etienne de 
Puycorbier), où s’écoula vraisemblablement l'enfance de Joseph, 
élevé au collège de Mussidan avec de Beaupuy, elle n’avait rien, à ma 
connaissance, qui rappelât un château. Sa naissance au château de 


la Rivière, commune d’Allemans, d’où était originaire sa mère, Marie. 


Cressac, a pu prêter à confusion. Quoi qu'il en soit, la conduite im- 


td 


— 48 — 


prudente, mais assuréinent pas louche, de Morand en 1800, doit être 


. âthiibuée à une faiblesse de caractére qui le livra aux flatteries des 


fuctieux, comme le dit très justement le général Lefebvre dans 
une lettre inédile, adressée à Bonaparte à son sujet pour tâcher 
de le faire rentrer en grâce: 

Mes recherches sur le général Joseph Morand m'amènent à signa- 
ler un autre ouvrage à l'attention de ceux de nos confrères qu'inté- 
resse. la vie de notre compatriole : c’est la Conspiration d'Ajaccio 
contre la France en 1809, publiée par M. Célestin Bosc, ancien 
archiviste d'Ajaccio (Paris, 1905). Cette étude, malgré sa préface et 
cerlaines pièces annexes, qui lui donnent des allures de pamphlet, 
mérite d’être lue. Basée sur des documents inédits, tirés des Archi- 
ves natinnales et de la Guerre, elle retrace l'histoire politique de la 
Corse, sous le commandement de Morand, de 1801 à 1811. Elle le 
montre près d'échouer, malgré son énergie, dans la lâche qu'il avait 
assumée d'y combattre les menées anglaises, d’y faire renaître la 
paix et d’en hâter la civilisation. Comme son titre l'indique, cile est 
plus spécialement consacrée au procès en haute trahison que le gé- 
néral intenta en 1809 aux fauteurs d'un complot en ‘faveur de l’An- 
gleterre. N’ayant contre eux que des preuves morales, il ne parvint 
pas à obtenir du jury de condamnations capitales, et son échec fut le 
signal d'attaques de toutes sortes que lui prodiguèrent ses ennemis. 
Dénoncé à Napoléon, il dut à Savary, qui éclaira l'Empereur, de se 
voir confirmer ses pouvoirs et ne fut rappelé que deux ans plus 
tard.  . 
Morand, comme on Île sait, fut mortellement frappé à Lunebourg, 
le 2 avril 1813 ; mais, contrairement à ce qu'on trouve écrit dans 
toutes ses biographies, il ne mourut que trois jours après, le B avril, 
à Boitzenbourg, où il reposc encore aujourd’hui. 


L'assemblée remercie M. le capitaine Cazalas de son inté- 
ressante communication. 


En nous envoyant le procès-verbal qu'il nous avait annoncé 
de la distribution des aigles d'honneur à Périgueux, le 29 ven- 
démiaire an XII, M.Joseph Durieux nous prévient qu'il pour- 
rait y avoir confusion dans les états de services des deux 
frères Fargcot, de Tocane-Sl-Apre, dont il a élé question 
dans une sance antérieure, et il pense qu'il faut rendre à 
chacun la juste part qui lui revient. 


Is étaient fils, nous écrit-il, de Philippe Fargeot, notaire royal, et 


Ar — 


de Jeanne Fourgcaud ; tous deux reçurent au baptême l'unique pré- 
nom de Jean. Le premier, né au village de Tantalou, fut baptisé le 30 
octobre 1777 dans l'église de Saint-Apre. Toute sa carrière inili- 
taire de 1794 à 1810, il la passa uu 1° régiment de hussards, y 


gagnant successivement ses grades de brigadier en 1800, de maréchal | 


des logis en 1802 et de sous-lieutenant en 4806 après la victoire 
d’'Iéna. Il fitles campagnes des Pyrénées-Orientales, d'Italie et des 
Grisons, celles de la Grande-Armée à Lim, Austerlitz, léna, Eylau et 
Friedland, les gucrres d'Espagne et de Portugal. ll fut décoré de la 
Légion d'honneur le 1°" octobre 1807. A la bataille de Braga (Portu- 
gal), le 20 mars 1809, il fut blessé d'un coup de feu à l’épaule droite 
et d’un coup de baïonnette à la main droite. Il obtint pour ces bles- 
sures qui lui avaient fait perdre l’usage du bras, sa retraite le 5 mai 
1810. Le Conseil d'administration du régiment attestait que dans tou- 
tes les circonstances cet officier avait été un exemple de bonne con- 
duite, d’une bravoure audacieuse, d'une subordination parfaite, et 
qu'il emportait les regrets avec l'estime de tous. Le sous-lieutenant 
Fargeot se retira à Saint-Apre. D'avril à juillet 1813, je le retrouve à 
Périgueux, chargé par le Préfet de la Dordogne de donner au contin- 
gent des gardes d'honneur du département les premiers éléments 
d'instruction militaire — Il mourut le 3 juillet 1846. 


Jean Fargeot junior, né à Lisle le 29 septembre 1783, était entré 
aux Vélites des grenadiers à pied de la Garde, au mois de juillet 1803, 
en même temps que le futur maréchal Bugeaud et un certain nombre 
de Périgourdins : Simon-Dumaine, Fourgeaud, Larret-Grandpré, 
Larret-Ladorie, Poumeau, Pahnt-Châtelard, Rochette, Pasquy-Du- 
cluzeau, etc. Sous-lieutenant au 18° de ligne cn 1807, lieutenant en 
1809, il fut blessé à Wagram d'un coup de boulet et d’un autre coup 
de feu à la jambe gauche. Adjudant-major en 1810, il passa comme 
capitaine au régiment de l'ile de Walcheren (devenu 131°) en 1811, 
fut promu capitaine adjudant-major en 1812, et servit successive- 
ment au 88° de ligne, à la Légion du Gard, et au 16€ de ligne. En 1829, 
il était proposé pour l’avancement comme «le plus recommandable 
des capitaines de l’armée ». Il obtenait, le 13 avril 1830, le grade de 
major au 32° de ligne, et le 20 août 1839 le commandement du dépôt 
de recrutement du Puy-de-Dôme. Il fut retraité en février 1841. Le 
général Brun de Villeret, pair de France, commandant la 19° divi- 
sion, regardait le départ du major Fargeot comme une perte pour 
l’armée : « car j'ai peu connu, ajoutait-il, d'officiers de son arme 
qui fussent à son niveau pour les moyens, le zèle et l'instruction 
qu'il apportait dans l’exercice de ses fonctions. » Il était chevalier de 


_ 48 — 
l'Ordre de Saint-Louis depuis le 20 août 1824, et officier de la Légion- 
d'Honneur du 7 mai 1834 ; il n'avait été nommé chevalier de cet 


Ordre qu'en 1820. Marié dans la Drôme, il eut, je crois, cinq enfants. 
Il mourut le à février 18b4. 


Il reste à procéder à l'élection d'un candidat qui demande à 
entrer dans notre compagnie. 

Après un vote à mains levées, M. LE PRÉSIDENT déclare 
admis membre litulaire de la Société historique et archéolo- 
gique du Périgord : 

M. Gaston Barret, licencié en droit, notaire, cours Michel- 
Montaigne, 32, à Périgueux, présenté par M. Lespinas et 
M. Dujarric-Descombes. 

La séance est levée à trois heures. 


Le Secrétaire-général, Le Président, 


Ferd. VILLEPELET. Ml DE FAYOLLE 


Séance du jeudi 7 janvier 1909. 


Présidence de M. le marquis de FAYOLLE, 


président. 


La séance est ouverte à midi et demi dans la salle habi- 
tuelle. 

Sont présents : MM. Charles Aublant, le chanoine Brugière, 
Emile Contaut, Dujarric-Descombes, Ferdinand d'Escatha, le 
marquis de Fayolle, Féaux, l'abbé Goulard, Lespinas, le colo- 
nel de Montifault, le docteur Moreaud et Villepelel. 

M. le comte de Saint Saud s'excuse par écrit de ne point 
assister à la séance. 

Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et adopté. 


M. LE PRÉSIDENT nous annonce la mort de notre confrère le 
docteur Gaillardon, secrétaire général du Comice de la Dou- 
ble, tres habile agriculteur et surtout sylviculteur, homme 
aimable, plein d’esprit, que ses nombreuses occupations 


_ 9 — 


‘empêchaient de collaborer à notre Bulletin. Il était fort cha- 
ritable et soignait gratuitement les pauvres de sa région où 
il était très aimé. 

L'assemblée exprime de sympathiques regrels. 


Notre bibliothèque a reçu, dans le courant du mois dernier, 
les ouvrages suivants : 


Bulletin de l’Académie royale d'Archeologie de Belgique, 1908, 
IV, in-8°, avec illustrations, Anvers, imprimerie Van Hille de 
Backer ; 

_ Comptes rendus des séances de l'année 1908 de l'Académie 
des biscriplions et Belles- Lettres, bulletin d'octobre, in-8 avec 
plans et phototypies, Paris, librairie Alphonse Picard et fils ; 

Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du départe- 
ment de la Loire-Inférieure, année 1908, tome XLIX, 1°" semes- 
tre, in-8, avec planches, Nantes, imprimerie Dugas et Ci* ; où, 
p. #3, dans son allocution de président élu, M. Dortel passe en 
revue nos principales grottes à gravures qu'il à visitées en 
juin 4905; 

Revue de Saintonge et d'Aunis, bulletin de la Société des Ar- 

Chives historiques, XX VHI* volume, 6°livraison, 1° décembre 
4908, in-8°, Saintes, librairie Prévost; contenant une commu- 
nication de M. Jules Pellisson sur les Billels de logement cha- 
rentais ; 
, Table alphabétique des matières contenues dans les trente- 
cinq premiers volumes d'Archives et les vingt-six premiers 
volumes du Bulletin- Revue, publiés par la Société des Archives 
historiques de la Saintonge et de l'Aunis, rédigée par Char- 
les Dangibeaud, un fascicule in-8°, La Rochelle, imprimerie 
nouvelle Noël Texier et fils ; 

Lau.Bournat, bulletin mensuel de l'Ecole félibréenne du Pé- 
rigord, tome IIT, 23° livraison, novembre 1908, grand in-8?, 
Périgueux, imprimerie Joucla ; 

, Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique 
de la Corrèze, siège à Brive, tome XXX, 4° livraison, octobre- 
dégembre 1908, in-8, avec gravures, Brive, Roche, imprimeur ; 
où, dans un mémoire sur La bombarde de Brive-lu-Gaillarde, 
M. Victor Farot cite un document de 1344, qui prouve que la 
4 


= 0 == 
ville de Brive possédait alors 6 canons, 8 arbalètés de diftéren- 
tes formes, 3 massues, 24 fléaux, 240 traits empennés et 1844 
petits traits ; — et, p. 530, M. de Valon annonce qu'il se pro- 
pose de faire paraître le cartulaire de l'abbaye de Dalon; 

Les statuts de l’Union historique et archéologique du Sud: 
Ouest, brochure in-8 de 7 pages, Bordeaux, imprimerie Ca- 
doret, 1908 ; | 
- Bulletin trimestriel de la Société de Borda, Dax (Landes), 
33° année (1908), 3° trimestre, in 8°, Dax, imprimerie Labè 
que ; 

Annales du Midi, revue de la France méridionale, n° 79 et 80, 
juillet et octobre 1908, deux fascicules in-8°, Toulouse, impri- 
merie et librairie Edouard Privat ; le premier de ces fascicu- 
les contient les comptes rendus critiques de M. Delaruelle sur 
les brochures de MM. le docteur Armaingaud et Dezeimeris, 
sur Montaigne et La Boëlie, Le véritable auteur du discours 
a Sur la servitude volontaire » ; — Sur l'objectif réel du discours 
d'Estienne de La Boëtie « de la Servitude volontaire ». Le se- 
cond fascicule a été signalé dans notre procès- -verbal de dé- 
cembre ; 

Mémoires et comptes rendus de la Société scientifique et litté- 
raire d’Alais, revue cévenole, année 1907, un fascicule in-$e, 
Alais, imprimerie Brabo, 1908 ; 

Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 27° année, 
3° série, n' 28, 4° trimestre 1908, in-8°, Gap, Louis Jean et 
Peyrot, imprimeurs-éditeurs ; 

De M. Emile Rivière, trois plaquettes : Indications bibliogra- 
phiques sur Auteuil, Boulogne, Chaillot et Passy au xvnie siècle, 
de 8 pages, in-8, Tours, imprimerie Arrault : — son deuxième 
chapitre sur l'histoire du 16° arrondissement de Paris au xvr° 
siècle, intitulé Vigeon et Chaillot, leurs seigneuries et leurs ha- 
bitants au xvi° siècle, d'après des documents nouveaux, in-8° 
de 76 pages, avec des reproductions d’ anciens dessins à la 
plume, Paris, 4908, extrait du Bulletin de la Société historique 
d'Auteuil et de Passy ; — et une note à l’Académie des Scien- 
ces sur la Découverte d’un squelette humain quaternaire, chelléo- 
mouslérien, dans l'Abri-sous-Roche du Moustier-de-Peyzac, 
in-4 de 8 pages, Paris, Gauthier-Villars, imprimeur ; 


— kl — 


De M. l'abbé Mayjonade, chanoine de la cathédrale de Péri- 
gueux, sept brochures dont il est l'auteur ou l'éditeur : 


1° L’'ÉPISCOPAT FRANÇAIS AU XX° SIÈCLE, Diocèse de Périgueux, 
grand in-4° de 6 pages. — Extrait de l'ouvrage sur l'Episcopat 
français publié par la Librairie des Suaints- Péres, sun rue des 
Saints-Pères, Paris, 1882 ; 

2° Un chapitre de doctrinaires en 1186; extrait de la “rune de 
Lille, Arras, Sueur-Charruey, in-8° de 32 pages, 1882 

3° Lettres d’un confesseur de la foi, Périgueux, Cassard, Leu 
in-8° de 16 P.D.; 

4 MAINE DE BiRAN, sous-préfet de Bergerac, Péri igueux, Im - 
primerie de la Dordogne, 1904, petit in-8° de 24 p.p. ; 

ÿ° Le Saint-Suaire de Cadouin, Paris, Féron-Vrau, 1904, in- 
18, 30 p.p.; 

6 Correspondance de Maine de Biran avec M. de Gérando, 
_ Arras, Sueur-Charruey, 1907, in-8°, 84 p.p. ; 

1e Les registres de catholicité dans le passé, Périgueux, Cas- 
sard, 1908, in-8°, 16 p.p. ; 

Dans sa lettre d'envoi, en date du 15 décembre dernier, 
M. le chanoine Mayjonade nous transmet une double Poser 
vation. 

‘4° 11 a eacarté dans sa brochure sur le Saint-Suaire de Ca- 
douin, la traduction de la bulle de Clément VI, de 1342, dont 
le texte a été retrouvé à Rome, par ses soins, depuis l'impres- 
sion de sa notice. | 

2 Il nous prie de mentionner, à propos de la Correspon- 
dance de Maine de Biran avec M. de Gérando, que la note 4 
de la page 16 doit être annulée, car il a reconnu, grâce à de 
nouveaux documents, que le Maine de Biran incarcéré en 1798 
élait un cousin du philosophe et non le philosophe lui-même; 
— et que la note 1 de la page 38 doit être ainsi rétablie : 
« Iphigénie en Tauride, par Euripide, traduction de Hum- 
bert », avec catte citation : « Je connais le malheur et sais y 
compatir ». 

Des remerciments sont votés aux donateurs. 


Mes Gabriel Charavay nous envoie sa Revue des Autographes 


= en 


+ 


0: 


de décembre 1908 ct de janvier 1909, dans ns on peut 
relever quelques noms se rattachant au Périgord : 


1° Une nomination du 6 octobre 1650. par Foucaud de Saint- 
Aulaire, chevalier de Malte, commandeur de Tortebesse (Puy- 
de-Dôme), du prêtre Charles Alège à la cure de Tortebesse, 
sauf approbation de l’évêque de Clermont-Ferrand ; 

2 Une lettre de J.-H. Bouchard d'Esparbés d'Aubeterre, 
maréchal de France, commandant en Bretagne, au marquis 
de Langerou, datée de Paris, le 24 mai 1777, et relative au 
voyage de Joseph Il; empereur d'Allemagne, sous la nom de 
comte de Falkensteiu, en Bretagne. Il est heureux d'appren- 
dre les succès du voyage de M. le comte d'Artois. « Je suis 
charmé que tout réussisse en Bretagne à la satisfacLion du 
prince et à la nôtre. » Il le remercie de l'avoir informé en dé- 
tail de tout ce qui s'est passé à Brest ; | 
_ 8,Une pièce signée comme maréchal de France par Jacques 
Nompar duc de Caumont La Force, à Paris, le 3 mars 1643, et 
signée aussi par Marthe Le Roy, veuve de Rolland de Neuf. 
bourg ; 

Et 4° une fable autographe signée de Pierre Lachambeau- 
die, L'Enfant et le Géant. 


M. le capitaiue D'EpinaAyY nous envoie de Verdun, à l'ocça- 
sion de la nouvelle année, son plus respectueux souvenir. 


Comme à son aimable habitude, M. le chanoine PornER, 
président de la Société archéologique de Tarn-el-Garonne, 
nous transmet ses vœux en un élégant lalin : 

« Immorior studiis et amore senesco sciendi » (1) 
Haud secus immoritur doctus qui Palladis artes, 
Excolit ingenuas, varios scribendo libellos : 

Tu quoque fac pariter; studeas scribasque libenter. 
Hoc anno tibi sint dulces blandæque Camenæ, 

O soror, et pro te, cœlum mea vota secundet ! 


M. LE PRÉSIDENT, Se faisant notre interprète, a remercié de 
leurs vœux M. le capitaine d’Epinay et M. le chanoine Potter. 
Il profile de l'occasion pour nous adresser ses meilleurs 


(1) Dom Ruinart. 


— 53 — 
souhaits à tous en faisant des vœux pour la prospérité de la So- 
ciété. 

Sur ce, notre Trésorier M. FÉAUX nous donne communica- 
tion de son compte de gestion pour l'exercice écoulé. Il résulte 
de son exposé financier que nos recelles se sont élevées à 
4.643.083 et nos dépenses à la somme de 4.503.90, de sorte 
que nous avons un excédent de recettes de 441.13, qui nous 
permet d’envisager l'avenir sans inquiétude. 

L'assemblée félicite M. Féaux de son zèle de bon adminis- 
trateur. 


M. BarRE£T, notaire, élu membre titulaire dans la précédente 
réunion, adresse ses remerciements à la Société. 11 aime le Pé- 
rigord, qui est son pays d'origine, et il est curieux de son his- 
toire. 


M. l’abbé GouLarp nous communique un article de M. Tarel, 
publié dans un des derniers numéros du Journal de Bergerac, 
qui confirme les rectifications de M. l'abbé Chastaing, faites, 
dans l'une de nosdernières séances, sur les éolithes, au moment 
où était présentée la brochure de M. Conil, du Fleix. 


M. Féaux entretient ensuile l'assemblée d’une découverte, 
déjà un peu ancienne, mais intéressante, qui lui a été signalée 
par notre confrère, M. X. de Monteil. 

Sur les indications de ce dernier, M. Féaux a pu recueillir 
lés renseignements assez précis dont il nous fait part, auprès 
de-M. Garraud, percépteur à Champagne-Fontaine. 

«Il y a une dizaine d'années, on trouva, sur la place du 
Champ de foire, à Champagne, plusieurs tombes creusées dans 
le roc, à environ 0®80 de profondeur; chacune d'elles était 
recouverte par des pierres plates, paraissant prises sur place ; 
ellés étaient orientées dans la direction du levant et espacées 
les unes des autres de 1" environ. Quelques-unes renfer- 
maient les restes de plusieurs personnes, avec un seul 
squéletté en place. 

» Dans aucune de ces tombes, on n’4 rencontré d'objets 
quelconques en métal; mais, dans plusieurs, on. 
trodvé des vasés en terre, dont M. Garraud ne décrit pas la 
formé ; il signale que plusieurs de ces pots furent, par ses 


RE — 
rene 
— mn — 


Nr ue 


soins, déposés à la mairie, mais les ayant cherchés depuis, il n’a 
pu les retrouver. 

» Dans l'un de ces tombeaux, on a trouvé, près de la tête 
du squelette, une hache polie en silex, mesurant 0 "17 de long, 
0065 de large et0" 02 d'épaisseur. Quoique la disposition des 
pièces fermant la tombe permit aux terres de recouvrement 
de filtrer dans leurs intervalles, il est peu probable que cette 
hache ait pu arriver accidentellement à l'endroit où elle 
a été rencontrée ; il est à supposer que possédée par un 
homme qui devait y attacher une certaine valeur. on lui attri- 
bue peut-être des vertus surnalurelles ; elle fut, après la 
mort de son possesseur, placée près de ui comme un objet 
précieux. C'est un fait intéressant à signaler. 

_» Enfin, il y a peu de temps, fin novembre dernier, le pro- 
priétaire de la maison habitée par M. Garraud, faisant faire 
des réparations à l'angle d'un mur, découvrit une autre de 
ces tombes, dans laquelle il y avait encore trois têtes, mais un 
seul squelette, et, à côté des lètes un pot en terre jaune ver- 
nissée, d’une contenance d'environ deux litres, forme bidon de 
soldat ; deux trous pour permettre de le porter avec une ficelle 
ou une courroie et un bec rond pour permettre d'y boire 
(description faite par M. Garraud). 

» Malheureusement, les ouvriers brisèrent ce pot pour voir 
s'il contenait quelque chose ; mais il était vide. 

» D'après M. Garraud, le sous-sol du champ de foire de 
Champagne serait rempli de ces tombeaux ; il ne serait 
peut-être pas sans intérêt d'essayer d'en retrouver quelques- 
uns. » 

M. Féaux espère que la Société voudra bien s'associer aux 
remerciments qu'il a adressés à M. de Monteil et surtout à 
M. Garraud, qui a mis le plus grand empressement à lui don- 
ner les détails ci-dessus. Le 


M. LE PRÉSIDENT nous apprend qu'il a reçu de M. Requier, 
conseiller général du canton de Périgueux, pour le Musée, 
un certain nombre de pierres finement sculptées, de l'époque 
de la Renaissance, qui sont les fragments d’une porte prove- 
nant du château de la Rolphie. [| a pu reconstituer, dans la 


Ne = 
cour du Musée, celte porte avec un linteau, portant les armoi- 
ries des Belcier. 


En s'excusant de ne pas assister à la séance, M. pe SaInT- 
SAUD nous envoie la note suivante : 


_« En excursions ou promenades, il ne faut pas négliger de 
noter, jusqu’en détail, les choses qui vous intéressent, dûes- 
sent les petits problèmes, soulevés par elles, paraitre sans 
solutions. Celles-ci peuvent arriver au moment où on s'y 
attend le moins. C'est ainsi que visitant La Roque-Gageac, 
avec notre Société en 1891, j'avais noté que sur la porte d'une 
maison, fin du xv° siscle, il y avait un écu fort visible où l'on 
voyait trois cœurs sur une fasce avec un croissant dans le 
canton dextre du chef. La très remarquable étude de M. de 
Tarde sur cette localité (Bulletin, VIIT, passim) ne signale pas 
cet écusson, et je regrette de ne pouvoir dire, d'après le plan, 
à quelle maison noble, existant encore (Fages ou Marsillac), 
il appartient. Ces maisons furent acquises par les Hamelin, 
à la fin du xv° siècle, des Fages et des Solminihac. 

» Les Hamelin de Sarlat, que M. de Tarde dit être de même 
famille que les d’Amelin de Rochemorin, de Saint-Front- 
d'Alemps (ce qui n’est pas prouvé), ont donné un littérateur, 
poète et guerrier tout à la fois, gentilhomme du duc de Biron. 

‘» Or, dans l’Intermédiaire des Chercheurs du 20 novembre 
dernier, on voit qu'une édition du Tive Live de Jean de 
Hamelin {celle de 1559), possédée par M. d’Henzel, offre les 
particularités suivantes : les monogrammes d'Henri II et 
de Diane de Poitiers unis sur la reliure ; — une élégie de 
Ronsard, donc ami de l’auteur, sur les feuillets liminaires ; 
— sur les plats de la « reliure italienne de l’époque du volu- 
me, peintes à la cire les armoiries : d'argent a la fasce de sino- 
ple chargée de 3 cœurs d'or et surmontée à dextre d’un croissant 
degueules.» . 

-» Il est donc certain que ce livre a appartenu à un des gen- 
tilshommes de La Roque-Gageac, puisque les armoiries sculp- 
tées sur une des maisons nobles de la localité, se retrouvent, 
avec émaux restés incopaus, jusqu'à nos jours, sur le volu- 
me. On peut même supposer, avec vraisemblance, que son 


— 8 — 

possesseur élait l'auteur lui même, puisque les Hamelin 
étaient seigneurs des maisons de Fages et de Marsillac; exis- 
tant encore à La Roque. Nous nous trouverions alors en pré- 
sence de l’écusson des Hamelin, ou Amelin, du Sarladais, 
absolument différent de celui des seigneurs de Rochemorin 
(d'azur à trois croissants d'argent), près de St-Front-d'Alemps. 
Pour terminer, j'ajoute qu'il est bien regrettable qu'on ne 
sache presque rien sur Jean Hamelin, le traducteur de Tite- 
Live, poète à ses heures. » 


M. l'abbé LirrorT fait appel à ceux de nous qui auraient des 
connaissances spéciales sur la fabrication ou la réparation des 
cloches. Il nous dit que la grosse cloche de Bussière-Badil, de 
1725, est fèlée ; que l'anneau soutenant le battanL a élé cassé, 
et il nous demande si, sans nuire au son de la cloche, on peut 
tarauder le métal ? 


M. D'EscaATHA répond qu'il en a fait l'expérience et que ce 
travail peut se faire avec succès. 


En nous envoyant ses plaquettes, notre savant cosrespon- 
dant M. Emile Rivièrx demande au Président si la question 
des lieux-dits de la Dordogne a été parfois soulovée et traitée 
à la Société historique du Périgord, et si oui, ce qu'il en a été 
dit, enfin si un certain nombre d’entre eux ont été relevés 
dans ses publications. 

Pour notre département, dit LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, nous 
avons le Bictionnaire topographique, de M. de Gourgues, Vs 
quoique incomplet, en indique un grand nomhre. 

« La question, continue M. Rivière, m'intéresse: vivement, 
surtout depuis deux ans, et j'en ai relevé déjà un très grand 
nombre dans les départements de la Seine et de Seine et-Oise. 
Ja l’ai soulevée, l’an dernier, au Congrès préhistorique d’Aw- 
tun, et, cette année, à celui de Chambéry, en ce qui tsuche 
les lieux-dits indicateurs de monuments mégalithiques, igno- 
rés encore actuellement ou disparus depuis un temps plus ou 
moins long, ayant été détruits soit par vandalisme soit avec 
les siècles. J'ai cherché à provoquer un meuvement à ce sujet 
on France, comme vous avez pu le voir par ma dernière bre:- 


ms N7- 


chure. J'ai renouvelé, au mois d'août dernier, au Congrès de 
Chambéry, le vœu que, dans chaque département, les Socié- 
tés savantos provoquassent, à ce sujet, les recherches de quel- 
ques-uns de leurs membres au cadastre, dans les â4rchives dé- 
partementalos, dans les minutiers des notaires, etc. Du reste, 
ma nouvelle petite plaquette, Lieux-dits et Mégalithes, parattra 
au mois de mars ou d'avril prochain, dans le volume des 
comptes rendus du Congrès préhistorique de Chambéry, et je 
m'empresserai de vous envoyer un exemplaire de mon tirage 
à part. 

» J'ajoute qu’il y a aussi dans cette question des lieux-dits 
un intérèt à la fois historique et géographique. C'est ainsi que 
j'ai trouvé dans d’anciens documents que le Menhir dit le 
Gros Caillou (de Paris) devint une borne-limite des seigneuries 
de Sainte-Geneviève et de Saint-Germain, et plus tard une 
sorte de phallus c'est-à-dire l'enseigne d’une maison de dé- 
bauche. Celle-ci fut ensuite rasée pour l'érection, sur son 
emplacement, de l’église actuelle Saint-Pierre du Gros Caillou, 
tandis que son enseigne, détruite à la même époque par la 
poudre, était remplacée par une croix. Cette dernière a dis- 
paru à son lour.» 


Le colonel p£ MonrirauLT dit qu'il a eu aussi le projet d’en- 
treprendre un travail sur les lieux-dits du Périgord. Ce qui l'a 
arrêté, c'est son ignorance du patois. Il-sait que dans la Meuse, 
à l’aide d’un travail analogue, l'on a découvert la trace de voies 
romaines. 


LE SeCRÉTAIRE GÉNÉRAL à extrait, à l'intention du Bulletin, 
du catalogue fait par M. Vaesen, des papiers de Jean Bourré, 
secrétaire du roi Louis XI, qui sont à la Bibliothèque nationale, 
ce qui concernait le Périgord et les Pérfgourdins. Ces extraits 


trop sommaires pourront être publiés dans nos Varia, avec 


l'indication des cotes. 


De son côté, notre érudit confrère M. Vicié nous envoie les 
extraits qu'il nous avail précédemment annoncés du cartu- 
lairede Phiipparie relatifs, l’un à Belvès, l’autre à Bigarroque, 
tous inédits et qui lui paraissent dignes du Bulletin. Pour 


— = 


——_————— 
—_—m 
— 


— 58 — 


Belvès, le tarif du Commun de la paix, et le tarif de la leude, 


boucherie, etc ; et le tarif du péage de Bigarroque, à la fin du 
xv* siècle. M. Vigié accompagne le texte latin d’une traduc- 
tion et des explications nécessaires. | 

Ces documents seront publiés dans le Bulletin. 


M. Richard pe Boysson nous adresse également un subs- 
tantiel mémoire sur La ville de Sarlat anoblie par Louis XIV, 


qui est basé sur trois documents qu'il offre aux archives de 
la Société : 1° une lettre patente de Louis XIV, du 13 février 


1652, de l'époque de la Fronde ; son existence était connue, 
mais elle était introuvable, parce qu’elle n'est ni à Sarlat, nià 


Périgueux, ni à Bordeaux. M. de Boysson croît qu'elle n’a été 


enregistrée ni par le Parlement de Bordeaux, ni par celui 
de Paris. Elle existe en brevet aux Archives nationales, dans. 


les dossiers de Saumur. Le hasard seul a permis à M. de 
Curzon de la découvrir. % La suite à la Chronique du chanoine 
Tarde, d'octobre 1626 à juin 1709. 3° Un mémoire, de la fin 
du xvui° siècle, concernant l'abonnement des lailles de la 
ville de Sarlat. … | | 

« Je serais très heureux, nous écrit M. de Boysson, si ce 
petit dossier, si honorable pour la ville de Sarlat, vous sem- 
blait digne de figurer dens les archives de notre Société. »_ 

Le mémoire sera publié dans le Bulletin. 


M. DuyarRic-DESCOMBES nous communique ensuite deux 


documents provenant des papiers offerts à notre Société par 


notre confrère M. Napoléon Magne, dans la séance du 3 jan- 


vier 1907. L'un est une lettre de l'abbé de Piguol, non datée, 
adressée à l'abbé de Fénelon, neveu de l'évêque de Sarlat, au 
sujet d'un conflit sur sa nomination à la cure de Calviac et de 
son annexe S'° Mondane par les vicaires-généraux de Cahors. 
L'autre est le procès-verbal d'élection de l'abbé de Fénelon, 
par le chapitre collégial des chanoïnes de Saint-Augustin, 
comine prieur de Saint-Avit-Sénieur, le 33 janvier 1688. 
Ces pièces seront insérées au Bulletin. 


M. Jules Pellisson mande au Secrétaire général qu'il a publié, 


dans le bulletin de la Société archéologique, historique et ar- 


— 59 — 
tistique Le vieux. papier (1* novembre dernier), deux pièces 
ayant trait au Périgord. 

. La première est une lettre écrite, le 14 veniôse an Vu, par 
un soldat du 3"° bataillon de la 81° demi-brigade, Jean Mou- 
linier, à son notaire le « citoyen Dujary, de la commune de 
Celle, canton de Montagrier, département de la Dordogne », 
dans laquelle ce volontaire de l'armée d'Ilalie fait allusion à 
la prise de Mantoue : : 

« Grande fortification, ville imprenable, dit-il : quar il faux que se 
soit lé Français pour l'avoir prisse, quar tout lé couroné ensemble il 
ne les prandrés pas aux Français. Jugez voir si il les forte... » 


. La seconde pièce est un placard relatant l'appointement rendu 
à Bordeaux le 30 mai 1774 par le maître particulier des Eaux 
et Forêts de Guienne, ordonnant : . 
« À tous les propriétaires possedans des bois dans le Périgord de se 
conformer à l'ordonnance des Eaux et Forêts du mois d'août 1669 ; ce 
faisant, de ne couper leurs bois taillis qu'à l’âge de dix ans révolus ; 
de laisser à chaque exploitation 16 baliveaux de brin de chêne, des 
mieux venants, par arpent ; de ne toucher à ceux des précédentes cou- 
pes, que lorsqu'ils auront atteint l’âge au-dessus de quarante ans; et 
de ne couper aucun arbre : chène ni ormeau, futaie ou étaux, qu'ils ne 
soient âgés de plus de cent ans, etc... » | | 


Le même Bulletin signale deux calendriers rouennais illus- 
trés par notre compatriote le graveur Du Rouchail : 

En 1816, Famille royale de France, avec portraits, Texte : 
Testament de Louis XVI. Lecrène-Labbey. 

Et en 1837, La bénédiction des familles, avec Christ. Mégard. 


M. Joseph Buriux voudrait signaler à nos confrères « deux 
personnages qui approchèrent Louis XVI à la fin de sa vie. 


L'un d’eux, Laservolle, docteur régent de la Faculté de méde-" 


cine de Paris, devait être originaire d'Azerat, où l’on trouve 
au xvini° siècle, d’après le précieux Inventaire sommaire des 
Archives de la Dordogne, des Raffaillac, sieurs du Luc et de La 
Servolle, docteurs en médecine. Le Laservolle dont il s’agit, 
également docteur de la Faculté de Montpellier, élait ent 1781 
médecin consultant du comte d'Artois et devint « médecin du 
roi des Français et de sa femme Antoinette ». En cette der- 


a RE 


— 60 — 
nière qualité il sigaa avec Monaiet et Vicq d’Azir üne lettrb 
à l'abbé Chabot, député de Loir-et-Cher à l'Assemblée natio- 
fake. Retiré à Sarlat, il ful nommé médecin honoraire de 
Louis XVIII et, le jour même de l'institution de l’Académie de 
médécitie, associé de cette Académie (ordonnance royalë du 
20 décembre 1820). Il disparaît de l’Almanach royal en 1835. 
Son décès survit probablement à Sarlat, où il a dù exercef 
très longtemps la profession médicale. 

«L'autre personnage, originaire d'Irlande, n’est autre que 
l'abbé Edgeworth de Firmont, chapelain de M"* Elisabeth et 
confesseur de Louis XVI, qu'il assista, comme on sait, à ses 
dèrniers moments. J'ai lu naguère dans le compte rendu 
d’ane excursion faite en 1893 par la Société archéologique de 
Tarn-et-Garonne (Bulletin 1894, p. 51), que l'abbé Edgeworth, 
mis en bière avec le surplis dont il était revêtu, lorsqu'il as- 
sistait le monarque au pied de la guillotine, se trouvait enterré 
à Sarlat dans la chapelle des Récollets. On peut se montrer sur- 
pris de cette information, puisque l'abbé Edgeworth mourant 
très loin de Sarlat, à Mitau dans la Courlande, en 1807, et 
qu'aucun lien particulier ne le rattachait étroitement, sem- 
ble-t-il, à la province de Périgord. Nous savons pourtant 
qu’un éminent jurisconsulte sarladais, M. de Lacalprade, qui 
avait été à Toulouse son camarade d'étuue et était resté son 
intime ami, reçut l'épitaphe de l'abbé Edgeworth que lui cn- 
voya Louis XVIII, auteur de cette épitaphe, avec une lettre 
entièrement écrite de sa main. D'un autre côté, l'abbé, lôrs- 
qu'il prononÇa les mois si connus : « Fils dé séfnt Eouis, 
montez au Ciel ! », était simplement en habit noir et ne por- 
tait pas le costume ecclésiastique. Il serait iñtéréssant de dé- 
chiffrer à fond cette petite énigme historique. » | 


Enfin, MM. DuJarric-DESCOMBES et AUBLANT mettent sous 
nos yeux une série de congés militaires délivrés à des Péri- 
gourdins et ornés de beaux cartouches. Ces pièces pourront, 
avec une courte notice, être publiées dans le Bulletin. 

La séance est lévée à trois heures. 


Le Secrétaire général, Le Président, 
Fanp, ViLLUPELET. Mi Dé FaYoLLE. 


— 61 — 


COMPTE DE GESTION DU TRÉSORIER 
(Exercice 1908). 


MESSIEURS, 


J'ai l'honneur de soumettre à votre approbation mon compte 
de gestion pour l’année 1908. 

Vous savez, Messieurs, qu'en outre de nos dépenses cou- 
rantes, nous avons dù, cette année, faire face aux frais d'im- 
pression de l'important ouvrage de notre érudit confrère 
M. Robert Villepelet. De plus, par suite d’une fâcheuse modi- 
fication des tarifs poslaux, les frais d'expédition du Bulletin 
sont presque doublés ; car il n'est plus considéré comme une 
publication périodique. Malgré cela, je suis heureux de voir 
mon compte se solder par un excédant de recettes de 141 fr. 13. 
Cette somme n’est pas très élevée sans doute ; mais comme 
nous n'avons aucune dette arriérée, nous pouvons, je crois, 
considérer notre situation financière comme satisfaisante. 


Becettes. 

Cotisations de 1908. RE 1 | 

Droits de diplôme. da dite ce 100 » 

Subvention du Conseil ie fish dass .… 14.000 » 

Vente de publications : Bullelins et autres.......... 66.20 

Reçu de divers pourtirages à part de dessins... ; 60 » 

Intérêts du capital placé... ........................ 628.83 

| | | TOTAL... 4.645 03 
Dépenses. 

Rayé à l'imprimerie de la Dordogne..….............… 2.817 95 
— à MM. Berthaud frères ......................,,,.. 230 25 
— à M. Parcellier ni aan 280 » 
— à M. Ronteix.… 7 ss 42 5 
— à M de Froidefond pour le loyer de l’appar- 

tement... TE 300 » 


A reporter... 3.640 20 


— 62 — 
Report... ....... 3.640 20 


Payé à M. Cervaus prime d'assurance... 15 90 
— à M. le Percepteur, impôts.…...…...........….. 37 42 
Affranchissement du Bulletin..................,,.....….. ; 136 98 
Abonnement aux Archives historiques de la Gironde. 12 » 
Cotisation à la Société pour la protection des paysa- | 
ges de France... ...... . 40 » 


Souscription à l'érection d'un monument à Camille 
Chabaneau.…. : : 20 
Frais de büreau du Secrétaire général. ‘300 
—. du Trésorier. re _ 200 : 
Traitement du concierge de la salle. #0 
Timbres. -poste, colis-postaux, confection de diplé- | 
_mes, étrennes et autres ms dont le détail 
est porté au livre de caisse. Snssenstess + ‘01:40 
M 4.503 90 


sr . 


__ Récapitalation. 
ReCetleB siens oc Te . 4.645 03 
| LÉ A ue AR 4.803 90 
| Excédent de recetles..……. . 141 13 
L'actif de la Société au 31 décembre 1907 étant 1 18.432 _94 
‘dovient, au 31 décembre 1908, de. . 18. SA 07 


‘ Cette somme est représentée par : 
4° Un certificat nominatif no 88,814 de 35 Gbilgations h Cré- 


dit Foncier de 1883, achetées... Pi 13.153 20 
g Un litre de rente de 60 francs 3 °/0, N° 12,191, 

vol. 7, acheté. Mid anssesenres discrets 1.042 D0 
8° Un autretitre dé Par de 30 fr. 8 DA ne 0018. 651, 

vol. 8, acheté... russes ‘992 > 


4° Argent sus à la Catsc: d'épargne (Intérêts : 


CHE f 


COMPTS) ainde sotrtera  1:100780 
5° Argent en caisse.. stresse esse 1.289 87 
| TOTAL PS —— re 48. 574 07 


Li Le Trésorier, M. FÉAUX. 
Périgueux, le 1+ janvier 1909. 


DEUX DOCUMENTS INÉDITS. 


- Nous avons signalé le premier de ces documents à la 
séance d'avril 1908. Il est tiré des archives du château du 
Roch à M. le comte de La Tour du Roch; le second provient 
des archives du château de la Valouze, appartenant à l'un 
de nous. Les deux pièces sont originales. L'une, d’une belle et 
Jerme écriture, est signée « Alain » ; l'autre n'est pas signée, 
parce que c'est un acte sousseings privés ; maisil ya les 
trous des huit sceaux des parties contractantes. Nous avons 
montré cette dernière pièce à la séance du 27 mai de la même 
année. | | 


Î. — AJOURNEMENT POUR L'HOMMAGE DE LAUSSEL. — 1512. 


Le Jean de Commarque, qui obtientle sursis, possédait outre 
Laussel la coseigneurie de Beyssac. Lors de son mariage, en 
1484, avec Jeanne de Machat de la Méchaussée, on relève 
parmi les personnages présents au contrat Antoine de Jaubert, 
bachelier, juge de la vicomté de Turenne. Il est vraisembla- 
ble que c’est le père de Pantaléon Jaubert, juge de la même 
vicomté, puis conseiller et président du Parlement de Tou- 
Jouse, nommé dans le document. Pantaléon n'était que le 
gendre de Jean de Commarque, ayant épousé la fille aînée de 
celui-ci, Jeanne, décédée vers 1521-1522, laissant le nom de 
Commarque à ses enfants. Elle avait deux sœurs : Hélix, femme 
de François du Pouget de Nadaillac, et Françoise, épouse de 
François de Montardit. Quellé parenté exislait entre Antoine 
Jaubert:et les Jaubert de Nanthiat et de la Roche-Jaubert, de 
famille chevaleresque ? Nous-n’avons pu la trouver. Mais de 
1450 à 1550 nous avons fréquemment rencontré des cadets de 
familles anciennes remplissant des fonctions judiciaires, même 
de second ordre. En outre, le prénom de Pantaléon étant très 
rarement usité, on peut se demander si le président Pantaléon 
ne fut pas parrain, comme parent proche, de Pantaléon 
Jaubert, qui fut abbé de Royaumont, puis de Charroux. 


‘Le sire Dalbret, conte de Perigort et viconte de Limoges. | 
Juges, procureurs, trésoriers, receveurs et aultres noz officiers de 


me 


sp = 
nos ditz conté et vicomté. Noble homme Jehan de Comarque, seigneur 
de Leoussel, a envoyé devers nous nostre amé et féal conseiller maistre 
Panthaléon Joubert, nostre juge général de nostre dit viconté pour 
nous remonsirer (un mot effacé) il est en quelque indisposition da sa 
personne. Au moyen de quoy n'est peu venir à nous pour nous faire 
et prester les foy, hommages et sermens de fidélité et tous aultres 
droitz, en quoy nous est tenu pour raison des biens qu'il a et tient en 
nos dits conté et viconté : Nous suppliant luy vouloir donner terme et 
respit de ce faire, pour tel temps que adviserons. Ce que luy avons 
accordé pour les causes susdiles et mesmement en faveur de nostre 
dit conseiller et juge son filz ; et ce pour ung an à compter du jour et 
date de noz presentes. Si vous mandons que durant ledit terme ne 
laissez soufires ostre (apporté) aucun empeschement en sesd. biens. 


- Car tel est nostre plaisir. Donné en nostre chasteau de Montignee 


ce IIIS®* jour d’octobre l'an mil cinq cens et douse. 
(Signé) ALain. 
(et plus bas) MARTINET. 


Jean de Commarque ne rendit pas l'hommage en 1512, car, 
le 8 juin 1519, il demandait un nouveau sursis, nous apprend 
l'inventaire des Titres d’Albret, publié par l'abbé Dubois. 


IF — FONDATION D'UNE CHAPELLE A SAINT-GENIÈS. — 1321. 


La fondation de ceite intéressante chapelle, que décorent 
des peintures fort anciennes (M. Drouyn les avait signalées, 
si nous ne nous trompons, à notre érudit président, qui nous 
donnera une étude sur elles), n'est pas du tout dûe à Gaubert 
Lachaminade, modeste prêtre du: lieu de Saint-Geniès. A la 
page 216 du tome I de notre Bulletin, on cite, d'après le Péri- 
gord illustré et Lespine, cetle fondation, faite par ce Gaubert 
«laicum Sarlatensis diocesis. » Le même fait est répète au 
tome XIL, p. 189. Au tome IX, p. 98, M. René de Gérard 
nous proposa l'estampage de la porte de la chapelle du 
Chalard. 

Non ! cette fondation n’est pas dûe à un simple prêtre du 
Sarladais, mais à de nombreux et assez puissants seigneurs, 
qui lui donnèrent les moyens. de bâtir la chapelle eb de: ls 
desservir. Le hasard a permis à l’un de nous d'en acquérir la 
charte originale. 


— (UN — 


Nous sommes en 1927, voyons quels sont les nobles famil- 
les qui figurent dans ce document. 

Les de Val. D'après un acte, qui se trouve dans les pièces 
justificatives de la généalogie de Ferrières-Sauvebeuf, Pierre 
de Val, damoiseau, aurait pour mère une dame Nafays. A 
l'époque que nous considérons, cette famille de Val (de Valle) 
paraît avoir son centre d'action à Saint-Geniès. Dans un vieux 
terrier de Salignac on trouve, en 1298, un Hélie de Val, sei- 
gneur de Saint-Geniès, et dans une autre pièce, non datée, 
Raymond de Val, aussi seigneur de ce lieu. Plus tard, en 
4330 et 1349, est cité Raymond de Val, donzel de Saint- 
Gentès, puis, en 1861, Raymond de Val, seigneur de Pelvezy, 
repaire noble dans cette paroisse. — Le mas de Val, con- 
frontant avec celui de la Reynie, est cité dans ce même 
terrier. Il était situé dans la paroisse de Borrèze, qui touche 
celle de Saint-Geniès. Cassini le porte. Ce lieu serait-il l’ori- 
gine du nom de la famille qui nous occupe ? (B. N. Miss. 
Clérambault, 1181.) 

Ahelitz de Lestanh. Alix d'Estaing (de Stagno dans certains 
actes) était fille de messire Guillaume d'Estaing ct sœur de 
puissant seigneur Raymond, qui lui donna en dot 50.000 sols 
petits tournois. Veuve de Gaillard de Balaguier, elle épousa 
en juin 1316 Manfred ou Matfroy de Salignac, chevalier, 
seigneur de Salignac. Celui-ci, fils d’Hélie, était veuf d’Ala- 
mande de Gourdon, épousée en février 1301. 

Quant à Marguerite de Peyrals et aux Saint-Geniès, ils ne 
nous sont pas connus. 

On a supposé, mais sans preuves, que ces derniers pour- 
raient bien être des cadets des Salignac. Ce n’est pas notre 
avis. Nous croyons qu'ils forment une famille à part. On trouve 
dans les sceaux de Clairambault, registre 59, trois quittances 
datées d'Agen, 1° juillet 1334, 15 juillet et 1* octobre 1355, 
d'Arnaud de Saint-Geniès, écuyer, sergent d'armes du Roi et 
châtelain de Montcuq. Le sceau donne en écartelé : 1 et 4 un 
lion ; 2 et 3, trois bandes. Le lion ainsi placé serait bien les 
armes propres des Saint-Geniès, les bandes des 2 et 8 pour- 
raient représenter une alliance soit ancienne soit récente avec 
les Salignac. On sait qu'à ces époques surtout le 1* quartier 

b) 


no 
et le 4 (quand ils élaient semblables) représentaient les 
armoiries du titulaire du sceau (1). 

Sommes-nous bien en présence, dans ce scæau, de notre 
Saint-Geniès et de nolre importante châtellenie bergeracoise 
de Montcuq ? L'auteur anonyme des Sceaux gascons du 
Moyen-Age (publiés par la Société historique de Gascogne en 
1888) ne semble pas de cet avis. Il dit « qu’'Arnauld Saint- 
Genez (sic), sergent d'armes du Roy en son chastel de Montcuq, 
a donné en 1352 plusieurs quittances de ses gages, où est le 
sceau ci-dessus (lions écartelés d'un plain, tête de femme en 
cimier entre deux cols de chimères). Le lieu de Saint-Geniez 
est dans la commune de Montcuq, département du Lot. » 

. En 4359, à Toulouse, un Guillaume de Saint-Geniès scelle 
une quittance avec un écu semblable au D'erIe décrit. 
(Pièces Originales, 2751). | 


Universis et singulis presentes lilteras inspecluris et adaitseis 
Nos Raymundus et Poncius de Vallibus, milites ; et Petrus flilius 
domini Aymerici de Vallibus, militis ; et Ahelitz de Lestanh ut tutrix 
et tutorio nomine Johannis de Salanhaco, fflii nostri et domini 
uostri domini Marfredi de Salanhaco, deffuacti mililis ; Petrus de 
Valle, fflius quondam domini Helie, militis deffuncti ; Margarita de 
Peyrals, relicta Eblonis de Sancto Genesio, ut tutrix et tutorio 
nomine Petri de Sancto Genesio, ffilii nostri et dicti Eblonis deffuncti ; 
Johannes de Quem et Raymundus de Valle, domicelli ; condomini 
de Sancto Genesio, salutem et fidem presentibus adhibere. Noveritis 
quod nos insimul et unanimiter volumus et specialem licentiam ad 
perp»etuum, prout quemlibet nostrum tangit seu tangere potest, da- 
mus et concedimus pro nobis et heredibus et successoribus nostris 
universis, videntes et diligenter insimul accedentes, conciderantes 
utilitatem et comodum dicti loci de Sancto Genesio, et qua propter 
contenta in hiis nostris presentibus litteris nostra condicio non sit 
deterior ymo melior et quod cultus Dei et salus animarum nostra- 
rum et totius popularis dicti loci et quam plurimum aliorum propter 
que in futurum anementari et multiplicari, videlicet predilecto et 


(4) Dans la collection Clérambault il y a 48 quittances de cet Arnaud de 
Saint-Geniès, sergent d'armes, châtelain et capitaine de Montecuq. Environ 
88 sont pourvues de leurs sceaux, portant tous l’écartelé ci-dessus. Dans le 
nombre 5 ou 6 ont 8 barres au lieu de bandes ; erreur de graveur, il y en a 
eu en tous temps. 


ee mme ne 


| ee 
karissimo nositro Guasberlo Lacaunnada (1), clerico dicti nostri loci 
de Sancto Genesio, ibidem coram nobis presenti et recipienti, cons- 
truendi seu de feciendo construi ad perpetuum quamdam capellam, 
cum suis pertinenciis universis, apud dictum locum de Sancto 
Geussio, juxta cimiterium dirti loci, deversus solis ortum, silum in 
loco vocato vulgarito in Caslario ; qui locus confrontatur ex una 
parte cum itinere per quod itur de Sancto Genesio versus molen- 
dinum vocatum de Diana et ex alia parte cumitinere publico regio 
per quod itur et revenitur de Sancto Genesio versus castrum de 
Salanhaco, cum aliis suis confrontationibus, si que sint prout 
latius et clarius continetur in quibusdam patentibus litteris su- 
per oonfeccione et constructione hujusmodi capelle concessia et 
confectis et sigillo Sarlatensis curie inpendenti sigillatis, ut earum 
prima facie apparebat, quasquidem litteras, actus, capilula et omania 
alia et singula, in eisdem scripta et contenta, laudamus, ratifficamus, 
approbamus et in quantum confirmamus, possumus rata et grata 
iosimul, et unanimiter et prout quemlibaet nostrum tangit, habemus et 
sumus perpetuo habituri. Et omne jus, deverium, servicium, domi- 
nium et quodcumque aliud genus servitutis ad nos et nostrum 
quemlibet conjunctim vel divisim competentia seu competitura in 
loco constructionis capelle predicte et pertinenciis ejusdem solvimus, 
desamparamus pro nobis et nostris heredibus et successoribus uni- 
versis penitus perpetuo, et quitemus, prout quemlibet nostrum 
tangit, dicto Guasberto et heredibus et successoribus suis ac etiam 
tenenciariis capelle memorate sub omnibus renunciationibus juris et 
facti, usus et consuetudinis pariter et cautelis, quibus conjunctim vel 
divisim jure aliquo, consuetudine seu aliqua alia ratione in judicio 
vel extra possemus venire aut nos juvare veniendi contra premissa 
vel aliquod premissorum talem legem nobis et nostrum cuilibet et 
heredibus et successoribus nostris perpetuo insimul imponentes, quod 
si contigebat quod absit nos, seu nostrum alterum, venire in futurum, 
contra contenta in hiis nostris presentibus litteris, aut aliquid de 
eontentis in eisdem quod omnis audientia nobis et nostris heredibus 
ét suceessoribus coram quovis judice perpetuo denegelur et omnis 
judicialis adhitus penitus precludatur. | 

In cujus rei testimouium et ad majorem roboris firmitatem, nos, 
condomini predicti, eidem Guasberto has presentes litteras concedi- 
mus, nostrorum sigillorum munimine roboratas. Datum apud Sanc- 


‘ (4) La traduction Lachaminade paraît un peu forcée ; Lacaunade paraît 
meilleure. 


_ 68 — 


tam Genesium die mercurii in ffesto beale Catherine virginis, annû 


Domini millesimo trecentesimo vicesimo septimo. 
(Pas de signatures ; trous des huit sceaux.) 


A. De SAINT SAUD. .: P. HUET. 


SN ON 


ARMOIRIES DE Mr DE MACHECO DE PRÉMEAUX 
ÉVÊQUE DE PÉRIGUEUX, 1731-1771. 


Je tiens à compléter ici les renseignements déjà fournis 
dans une de nos séances de l’année dernière, concernant 
l'évêque de Périgueux, Jean-Chrétien de Macheco de Pré- 
meaux. | 

Les deux plus beaux livres assurément de sa bibliothèque 
étaient : 

1° Le beau volume que j'ai communiqué, la Messe épiscopale 
des Evéques, imprimée à Venise en 1662. 

90 Histoire de saint Louis par Jehan, sire de Joinville, etc. etc. 
Paris, Imprimerie Royale, 1761, grand in-folio, reliure pleine 
en veau brun, orné, comme le précédent, des armoiries du 
prélat. Ces deux volumes font aujourd’hui partie de ma sono 
thèque. 

Macheco de Prémeaux occupa pendant quarante ans le 
siège de Périgueux (1731-1771). Nous avons relevé avec soin la 
durée de l’épiscopat de nos différents évêques. Aucun n'a eu 
une aussi longue existence. 

La vie de ce prélat fut marquée par de nombreux actes de 
piété et de bienfaisance. Il s'attacha uniquement à l'adminis- 
tration de son grand diocèse, ne le quittant jamais, sauf de 
très rares exceptions, refusa à diverses reprises l’archevêché 
de Bordeaux, présida solennellement aux fêtes de la canoni- 
sation de sainte Chantal dans l’église de la Visitation etmou- 
rut en 1771 dans sa 74° année. 

Il y a quelques années (1854), son tombeau fut retrouvé 
dans sa cathédrale à St-Front sous un des des piliers de la 
coupole du sud. Nous ignorons si une inscription n'a pas été 
placée auprès du tombeau de ce prélat ainsi retrouvé. Si a 


ARMOIRIES DE JEAN CHRÉTIEN DE MACHECO DE PREMEAUX 


ÉVÊQUE DE PÉRIGUEUX 
1731-1771 


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— 69 — 


chose n'a pas été faite, nous signalons cette omission regret- 
table à qui de droit. 

: Après la mort du prélat, sa riche bibliothèque fut dispersée 
au vent des enchères. L'abbé de Lespine, dans ses notes 
manuscrites, a CONRGFE quelques lignes aux principaux 
ouvrages. 

Terminons enfin ea disant que l'abbé Bertrand, du diocèse 
d’Auch, a publié de savantes lettres adressés par ce prélat à 
l'abbé Lebeuf, chanoine d'Auxerre, Auch, 1892, sous le pseu- 
donyme d'Antoine de Lantenay. 

M. le marquis de Fayolle nous a appris que notre évêque 
bibliophile avait commandé à Aubusson d'assez belles tapis- 
series surmontées de ses armes, lesquelles ornaient son palais 
épiscopal à Périgueux. Après sa mort, tout fut vendu, livres 
et mobilier. La famille de Saint-Astier acheta les tapisseries 
qui ornèrent le châleau des Bories, près Périgueux. On ignore 
ce qu'elles sont devenues depuis. 
L | H. DE MoNTÉGuUT. 


CPP PRT RD —— 


LETTRE DE MONSEIGNEUR DE BOURDEILLE, 
ÉVÊQUE DE SOISSONS 
(1761). 


La lettre inédite que nous allons publier provient des 
papiers de M. le marquis de Sainte-Aulaire. Elle fut écrite par 
‘Henri-Joseph-Claude de Bourdeille, évêque de Soissons, à 
Jean d'Abzac, marquis de La Douze, lieutenant dans le régi- 
ment de Condé, au sujet de recherches à faire dans les archi- 
ves du château de Montanceix, concernant le cardinal de 
Bourdeille. 

L'auteur de la lettre était vicaire-général de Périgueux 
lorsqu'il fut appelé, en 1764, à l'évêché de Tulle, qu'il avait, 
après deux années de siège, échangé pour celui de Soissons, où 
sa mémoire resta en vénération. Il y fitimprimer un recueil de 
Prières el instructions chrétiennes (Berton, 1782), où, parmi les 
règles pour les maîtres et maîtresses d'école, on remarque la 
recommandation faite à ces derniers de tenir leurs écoles ou- 


a ——————— 
Déni 


= 10 = 
vertes le matin depuis huit heures jusqu'à onze heures et 
après-midi depuis deux heures jusqu'à cinq ; et cette autre 
relative à la façon d'enseigner la prononciation : « Les 
maîtres et maîtresses d'école ne sauraient être trop attentifs 
à accoutumer les enfants à une prononciation nette et dis- 
tincte. On y parviendra si on leur fait observer scrupuleu- 
sement Ja ponctuation, en ne leur permettant de s'arrêter 
qu'aux endroits indiqués par les virgules et les points. La 
liaison des mots entre eux est aussi un article essentiel... » 

Me de Bourdeille encouragea les Cordeliers dans leur 
projet de poursuivre la béatification d’Elie de Bourdeille, 
qui fut cordelier avant d’être élu évêque de Périgueux, 
ensuite archevèque de Tours, et cardinal, mort en odeur de 
sainteté le 3 juillet 1484. Il serait à désirer que l’on publiat 
cette vie du prélat, que le récollet Jean Dupuy avait composée 
et dont le manuscrit se trouve aux archives du château de 
Bourdeille. On sait que les miracles continuels qui se firent 
sur-son tombeau avaient donné, en 1526, occasion à Jean de 
Plas, évêque de Périgueux, d'en informer exactement. 

C'est dans le but de comp'éter le dossier du procès de béa- 
tification que l’évêque de Soissons adressa la lettre suivante 
au baron de Montanceix. 

Rappelons que c’était un frère du cardinal, Archambaud de 
Bourdeille, qui fut l'auteur de cette branche de Montanceix 
éteinte, au xvr° siècle, en la personne de Philibert de Bour- 
deille. La fille de ce dernier, Jacquette, dame de Montanceix, 
fut mariée à Antoine, seigneur et baron de Naucaze, en Au- 
vergne, gentilhomme ordinaire de la chambre du prince de 
Condé, dont le fils, Claude de Naucaze, épousa Rose de 
Hautefort. a D.-D. 

{(Cachot sur aire rouge. 
Blason épiscopal aux armes 
de Bourdaille). 
Monsieur 
Monsieur le Marquis de La Douze, 
à Périgueux, | 

Vous deves connaître, Monsieur, depuis bien des années mon teà- 
dre attachement pour vous. C'est lui qui me fait former à tous les 
instans les vœux les plus élendus pour votre satisfaction et votre bon- 


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PORTRAIT DE PIERRE DU CLUZEL 


INTENDANT DE LA GÉNÉRALITÉ DE TOURAINE 


1766-1783 


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— 71 — 


heur. Accordès moi la grace d'en etre convaincu; je la regarderai 
comme une nouvelle preuve de vos bontés et de votre amitié pour 
moi. Voicy près de deux ans que je reçois des mémoires de Rome 
sur le cardinal de Bourdeille, que les Cordeliers voudroient faire béa- 
tifier. Ils désireroient avoir un proces-verbal qui a été fait cent ans 
apres sa mort de sa vie et de ses miracles. Comme j'ai trouvé dans 
des papiers de famille que M'° de Naucase en avoient une copie, je 
leur ai écrit, et ils m'ont répoudu qu'elle devoit être dans votre thré- 
sor de Montanteys. Permetteries vous, Monsieur, a un quelqun que 
je prirois ou que vous choisiries vous même, de le chercher. C'est la 
‘seulle pièce qui manque, et je serois très aise de la trouver. M. l'abbé 
de Chanchelade’ a déja eu la bonté, tandis que j’etois en Perigord, d'en 
faire la recherche ches plusieurs notaires. J'y avois totallement 
renoncé. Les nouvelles lettres que je reçois de toutes parts m'engage 
4 faire cette dpraière tentative, comptant sur vos bontés que je crois 
mériter par la sincerité du tendre et respectueux attachement avec 
lequel j'ai l honneur d’ être, Monsieur, 

| Votre tres humble et tres obeissant serviteur, 


| -_ +4H.9 C. eveque de Soissons. 
À Soissons, ce 18 janvier 1761. 


Madame la marquise de La Douze voudroit-elle bien agréer les assu- 
rances de mon respect et des vœux que je fais pour son bonheur ? 


SE D 


PIERRE DU CLUZEL 
. MARQUIS DE MONPIPEAU 
INTENDANT BE LA GÉNÉRALITE DE TOURAINE 


1766-1783. 


-_ Dans son numéro du 22 janvier 1908, Le Gaulois publiait un 
article très documenté de Frédéric Masson, de l’Académie 
Française ; c'était l’histoire d'une maison de Paris portant le 
numéro 22 de la. place Vendôme. 

- Parmi les divers propriétaires, qui se sont sutcédés de 
4740 à nos } jours, j'ai relevé le nom d’un Périgourdin d'une 
certaine notoriété, et j'ai pensé qu'il serait intéressant de 
donner dans le Bulletin, en même temps que ces notes, le 
-portrait de notre compatriote. 

En 1787, après la mort du président de Ségur, l'hôtel de 
la place Vendôme fut vendu moyennant 270.000 livres à 


— © — 


messire Léonard du Cluzel, seigneur de la Chabrerie; c'était 
un fermier général; il se disait d'une famille noble et aa- 
cienne du Périgord ; ses neveux étaient au service, l'un même 
‘enseigne aux gardes françaises, et ses filles avaient épousé le 
comte de Mathon, M. Bidé de la Granville, colonel d'infante- 
rie, le président Desvieux du Parlement de Paris et M. Le 
Pelletier de Mortefontaine; sou fils Pierre du Cluzel était maî- 
tre des requêtes, intendant de la Généralité de Tours, cheva- 
lier, seigneur de Monpipeau, Blanville et autres lieux. 

Ce dernier personnage, dont je vous soumets le portrait, a 
laissé en Touraine des traces durables et son administra- 
tion fut irréprochable. Dans un ouvrage remarquable de M. 
Dumas, sur la Généralité de Tours au xvin* siècle, entière- 
meut consacré à Pierre du Cluzel, l'auteur le compare à 
Turgot tant il fit d'heureuses réformes et donna un exemple 
de scrupuleuse probité dans l'exercice de ses fonctions. 

Nommé intendant de Touraine en 1766, Pierre du Clugel 
avait acheté en 1765 la terre de Monpipeau en Orléanais, qui 
fut érigée en marquisat par lettres patentes du 6 mai 1778. 

En 1786, la terre de Cubijac fut érigée en comté au profit du 
même par lettres patentes de Louis XVI. 

Pierre du Cluzel mourut à Tours le 9 août 1783, à l'âge de 
49 ans. 

Voici la description du portrait : 

Buste de face un peu tourné à gauche, un canon de fusil à 
gauche, nue tête dans un encadrement ovale en pierre sur une 
base carrée. Sur cette base, écusson ovale surmonté d’une cou- 
ronne de marquis aux armes suivantes : d’or au chône terrassé 
de sinople glandé d’or, au cerf passant de gueule brochant sur 
le fût de l'arbre. n. 

Ces armoiries sont conformes à celles de la famille du 
Cluzel et ainsi décrites par M. de Froidefond dans l’Armorial 
du Périgord, page 161. Le portrait, avant la lettre, a élé gravé 
par Beauvarlet d’après Roslin. 

Ce dernier, peintre de talent, a fait aussi un autre portrait de 
Pierre du Cluzel qui se trouve reproduit en tête de l'ouvrage 
de M. Dumas. Notre personnage est en costume de magistrat 


et paraît légèrement plus âgé. __ E. LESPINAS. 


— 73 — 


VARIA 


LES VOLONTAIRES DE LA DORDOGNE. 
1792-1793. 


M. Eugène Deprez, archiviste départemental du Pas-de-Calais, 
vient de publier une étude sur la formation de l'organisation des ba- 
‘taillons levés pendant la Révolution, intitulée : Les Volontaires na- 
tionaux (1791-1792). On y relève de nombreuses inexactitudes au 
sujet des bataillons de la Dordogne, en particulier, 

Au Heu de six bataillons qu'il signale, il y en eut huit, qui reçu- 
rent les affectations indiquées ci-dessous, lors des amalgames ou 
groupements successifs auxquels furent soumises ces unités. 


EDP EE 


DATB ET LIEU DE LA 


AMALGAME 
FORMATION 
1er Bataillon 26 juillet 1792 14° demi-brigade légè- 
Périgueux re bis, 26 juin 1794. 
ame — 25 juillet 1792 7 demi-brigade légère, 
Périgueux 24 juin 1794. 
jme. — 14 octobre 1792 Demi-brigsde de la 
Périgueux Dordogne, juin 41795. 
4 Bataillon dit de ja 12 octobre 1192 28° demi-brigade légè- 
République. Paris re, 12 mai 1796. 
&e bis Bataillon dit de 4 avril 1798 Demi-brigade de la 
l'Egalité. Périgueux Dordogne, juin 179%. 
5° Pataillon. {er juin 1793; 10° demi-brigade, 
Niort, 25 décembre 1796. 


61° régiment d'infante- 
ris, 24 février 1795, 
puis 39° demi-briga- 
de, 23 mai 1796. 


Légion des Pyrénées 


6* Bataillon dit 3° de la| 25 (?) septembre 1793 
Montagne. Périgueux 


7 28 septembre 11793 en 1794, puis 35° 
ge : s P 
"Rien Toulouse demi-brigade, 23 sep- 
tembre 1799. 


Re nn de Non A Re ee SC QU QG QG QU 


Enfin, parmi les emplacements que cite l’auteur, celui du 3° batail- 
lon en 1794 n'est pas exact. Au 1°" vendémiaire an III (22 septembre 
11M), ce bataillon n'était pas à l'armée des Pyrénées-Orientales, mais 


mr 
SC  — — 
RE 


Ur 
bien à celle des Pyrénées-Occidentales. Il y figure depuis les pre- 
miers mois de 1793 et y resta jusqu'à fa fin de la guerre (1195). Il y 
fut rejoint dans le courant de septembre 1194 par le 4° bataillon bis, 
venant de la Vendée, qui forma avec luila demi-brigade de la Dor- 
dogne en 1195. Cette demi-brigade fut incorporée plus tard (4 jan- 
vier 1797) dans la 30° demi-brigade. Les 6° et 9° bataillons figuraient 
en 4794 et 1795 à l'armée des ds Orientales et le 6° à l’armée de 
l'Ouest. | | 

Je ne saurais trop remercier notre: confie. M. le lieutenant _de 
Cardenal, de l'amabilité avec laquelle il a bien voulu me fairé profiter 
de ses longues et patientes recherches aux Archives départementales. ‘ 
C'est grâce à lui que j'ai pu déterminer les. dates de .la constitution 
des bataillons, et je crois être. l'interprète de læ Société en souhaitant 
qu'il publie le plus tôt possible leur historique complet, ayquel_il 


travaille consciencieusbment. LL. 
À . E. CAZALAS. 


+ 


‘ UNE EXPERTISE PHARMA CEUTIQUE EN 1807. 


Nous publions ci- dessous lo curieux procès: verbal d'une expertise 
pharmaceutique, faite en 1807, chez un sieur. Lascombe, officier de 
santé el marchand de drogués, à l‘olombier, commune de Castels, 
près de St-Cyprien. Ce document est intéresbant en ce qu'il indique 
les médicaments les ‘plus usités à cette époque en Périgord, et qu'il 
nous montre qu'en 1807 comme en 1909, ces ipgen Fr ‘n’é- 
taient pas à l'abri des falsifications. 

« Nous sous-signés, docteur en médecine, officiers de santé et phar- 
macien légalement reçus, ayant été requis là 22 septembre courant, 
par M. Jardel, adjoint : à la mairie de la commune de Castel, de nous 
transporter le 97 du même mois, à Colombier, même commune, chés 
M. Lascombe, officier de santé, pour y faire l'examen des drogues et 


médicamens, que celui-ci dit avoir achetés, de MM. Denis et André 


Tardieu frères, marchands. droguistes ; voulant satisfaire à la dite 
réquisition, nous nous sommes transportés au susdit lieu, ‘cejour- 
d'huy, vingt- sept septembre 1807 et là, en présence de M. Antoine 
Jardel, avons procédé à la vérification et examen des sus-dittes dro- 


gues et médicamens, qui nous ont été présentés par ledit er Las- 


combe dans l’ordre suivant : 


Onguent de la mère. ..........…,.,,.....…...falsiñé. 
Valériane..….......,......s.s soso... MAl Choisie. | 
Agaric blanc....................s..s...….. POUrri, ad de vers. : 
Capillaire du pays..….., ... ...,.........,. mal choisi, 


75 — 
Quinquina Éditer 
Rapure de corne de rt. hntrietese 


Emplâtre de vigo cum mercurio....… 
Un pot extrait de casse...........…. 
Ua pot conserve de roses......... . .... 
Un pot confection alkermès.. ............ 
Un pet catholicum double. ............,... 
Gouttes anodines de Sydenham.......…. : 
Une bouteille eau de la reine d'Hongrie 


Une bouteille de sirop de nerprun...... 
Une bouteille de baume de Copahu..... 
Une bouteille baume tranquille... 
Une bouteille sirop de pavot............ 
Une petite bouteille étquetée cristal 
minéral...,..,.........,.. 

Une bouteille étiquetée sel de dacnari 
Une bouteille étiquetée teinture de Carter 
Une bouteille étiquetée sirop de limon.…. 


Une bouteille étiquetée lilium de para- 
(LT PARENTS 


Une bouteille étiquetée esprit de cochléa- 
Un pot étiqueté conserve de violettes... 


Casse en bâton............................. 


Une bouteille étiquetée..…...... ........... 


fau. | 
couverte de poussière. 
mal préparé. | | 
fau. 
gôtée. 
fausse. 
très mauvais. 
contenant du vinaigre. 
ayant l'odeur de l'éther 
vitriolique. 
fau. 
de mauvaise qualité, 
falsifé. 
falsifié. 


fau. 

nous a paru fau. 

fausse. 

nous a paru être un sirop 
de miel commun. 


nous a paru composé avec 
de l'eau-de-vie de mau- 
vaise qualité, 


un peu faible. 

cette substance d'un goût 
fort désagréable, de la- 
quelle se dégage une 
odeur très mauvaise est 
gâtée. 

doit être mise au rebut, 

sirop d’absinthe. 

sirop de mauves. 

sirop de nimphéa. 

sirop des cinq racines. 

sirop d'émétique. 

sirop de fleurs de pêcher. 

sirop de tussilage. 


Un petit flacon étiquelé gouttes anodines d'Hoffmann. 


Une bouteille sel de mars de rivière. 
Une bouteille huile de laurier. 


un 


__« Ces dix derniers articles nous ont paru être trop vieux, pour être 
employés ; de même que les racines de salsepareie, les jujubes; les 
coques, la rapure de gaïac, la cascarille, l'emplâire de eigüe, l'em- 
plâtre de diapaline, l'emplâtre divin, la conserve d érula-campans, les 
pilules de cinoglosse et l’anis vert. 

» Notre opération étant terminée, nous avons dréssé le présent pro- 
cès-verbal pour servir et valoir en tant que de besoin, et que nous 
avons signé avec M. Jardel. » | 


| LASSBRRE, _ Vrauenc, __ : Barnac, 


Officier de santé. chirurgien. D. m. m 
MERCIER, JARDEL, 
pharmacien au Bugue. _ adjoint. 


Pour copie conforme :. 


L. DIDON, 


BIBLIOGRAPHIE 


La formation du département de la Dordogne. Étude de géographie 
politiquë, par R. VizzepeLer, archiviste aux Archives nationales, 
docteur ès lettres. Périgueux, 1908. In-8°, 154 pages. 


Bien que les questions d'histoire moderne excitent depuis plusieurs 
années une émulation croissante, on peut s'étonner de voir que l'étude 
des origines de la géographie administrative de la France actuelle ait 
encore attiré si peu d'érudits. À part trois ou quatre monographies, 08 


est toujours réduit à l'ouvrage du comte de Luçay sur les divisions ter- 


ritoriales de 1789 qui ne donne que des vues d'ensemble et qui, publié 
en 1857, peut être considéré comme prématuré. Aussi faut-il féliciter 
M. Robert Villepelet d'avoir pris pour sujet de l’une des thèses qui 
viennent de lui valoir le grade de docteur ès lettres la formation de 80n 
département d'origine, la Dordogne. 

Cette étude a le double mérite de n'être ni longue ni monotone. 
M. Villepelet n'a pas cédé à la tentation de surfaire son pays, alors 
l’un des plus pauvres et des plus négligés de la France; et comme il 
s'agissait, par surcroit, d’une page d'histoire administrative, il « eu le 
bon goût de l'écrire avec calme, avec mesure et brièveté. Par contre, 
il a évité l'écueil opposé, la sécheresse d’un pareil sujet. Il y a forcé- 
ment beaucoup de nomenclatures dans l'histoire de la formation d'un 
département, des pages entières de noms de lieux, des tableaux com 
paratifs, etc. Passé les limites du territoire, cela .n'intéresse plus que 
les professionnels de la géographie, et encore très modérément. M. Vil: 


_ 99 = 


lepelet a eu l'art d’envelopper ses tableaux, ses listes et ses colotines 
dans des histoires de rivalités de clochers qui soutiennent l'attention : 
lutte du Périgord pour se détacher de la Guyenne et former départe- 
ment distinct ; lutte des ruraux contre les citadins pour avoir des dis- 
tricts campagnardk ; lutte des municipalités principales pour accaparer 
le plus possibie des nouveaux services publics. Ceci n’est plus de 


l'histoire purement locale; c’est de l'humanité où tous les hommes 


se retrouvent et se reconnaissent, et dès lors tout le monde y prend 
intérêt. | 

Assurément, des monographies comme celle-ci dÉorrent de pré- 
cieuses contributions à l’histoire de la géographie politique de la France 
moderne. « En pareille matière, dit l’auteur, le détail seul peut éclairer 
l'ensemble, et l’on n'aura dn tout un aperçu scientifique que lorsqu'on 


aura étudié séparément les parties. » Cela est vrai, mais cela ne l'est 


que dans une certaine mesure. Je ne crois pas en effet qu'il soit indis- 
pensable de pousser l'enquête aussi loin que ces lignes paraissent le 
donner à entendre, si tant est que l’on doive les prendre dans un sens 
rigoureux. On ne sait trop quand l’histoire de notre division adminis- 
trative serait en état d'être commencée si elle ne pouvaït s'entreprendre 
avant qu'on eût écrit celle de chacun de nos départements; et, d'autre 
part, s’il fallait à l'historien tant de matériaux, il succomberait sous le 
faix, ou, comme l'on dit, les arbres lui cacheraient la forêt. Non ; ici 
comme ailleurs, la qualité prime la quantité, car le discernement, le 
choix raisonné et intelligent des documents joueront toujours en 
histoire un rôle supérieur à leur accumulation. Considérée non seu- 
lement en elle-même et pour son intérêt périgôurdin, mais comme 
élément de l'histoire des divisions politiques de la France nouvelle, 
l'étude de M. Villepelet est, sans nul doute, une de celles que l'on uti- 


lisera avec le plus de profit. 
Eugéné WELVERT. 


Bibliothèque de la ville de Périgueux : Catalogue de la salle À, 
précédé d'une notice historique sur la bibliothèque, par Ch. Dau- 
»tos, bibliothécaire. Périgueux, Jouela, 1908. In-8°, xvi-21 pages, 
‘avec deux planches tirées à la phototyphie. 


La bibliothèque de la ville de Périgueux possède actuellement près 
de 36.000 volumes. On y remarque maints incunables compris parmi 
les plus rares, de nombreux ouvrages à gravure, de beaux spécimens 
de reliures armoriées. 11 a paru justement à la municipalité que ces 
importantes collections méritaient d'être. mises en lumière et elle a 
chargé l'érudit conservateur de l'établissement de la mission d'en 


— 
—————— 


_— 78 — 


dresser le catalogue méthodique. Le commencement de ee répertoire, 
concernant la première des six salles dont se compose la bibliothèque, 
vient d'être publié ; rédigé avec autant de compétence que de soin 
et très commodément disposé pour faciliter les recherches, il fait 
désirer que la suite ne tarde pas trop, de telle façon que l'ouvrage 
soit mené promptement à bonne fin. Ce catalogue est précédé d’une 
intéressante notice où l'on trouvera expliquée la formation de la biblio- 
thèque. Cet établissement, propriété de la commune de Périgueux 
depuis la suppression de l'Ecole centrale en 1804, ouvert au public 
dès 1809, a été constitué par la réunion de deux bibliothèques : celle 
d'une Société littéraire fondée à Périgueux en 1780 et qui disparut en 
1781, laissant ses livres à la ville, et celle de l'Ecole centrale créée 
par la loi du 3 brumaire an 1V, De ces deux fonds, le second était 
incontestablement le plus riche, car il réunissait aux livres provenant 
de enmmunautés religieuses supprimées, comme les abbayes de Bran- 
tôme, de Chancelade, de Ligueux, le collège des Jésuites et le couvent 
des Récollets de Périgueux, d’autres qui avaient appartenu à des 
émigrés, par exemple ceux que l'on avait trouvés au château de 
Laforce, près Bergerac. Notons à ce propos que, en l'an VII, un 
professeur do dessin à l'Ecole centrale fut délégué à Paris par l'admi- 
aistration du département afin de solliciter du gouvernement une 
concession de livres. On le conduisit é l’église Saint-Paul où étaient 
entsssés quantité d'ouvrages devenus, par suite des confiscations 
révolutionnaires, propriété de la nation. Il rapporta tout un lot de 
livres ayant appartenu au Dauphin, plus tard Louis XVI, à la reine 
Marie-Antoinette, au comte de Provence, à M=° Elisabeth, à Mme Adé- 
laïde et Victoire, au duc d'Orléans. Les livres de Marie-Antoinette 
comprennent 39 ouvrages formant 185 volumes ; ils sont tous reliés en 
veau porphyre et proviennent de la bibliothèque du Petit-Trianon. 
es R. ViLLEPELET. 


De. on | EE eS .» mr 


NÉCROLOGIE 
M. Raouz De RicarD 


Le 17 octobre 1908, s'éteignait à Bergerac, à peine âgé de 50 ans, 
un des membres les plus érudits de la Société archéologique du Péri- 
gord, M. Raoul de Ricard, avocat, ancien bâtonnier, maire de Saint- 
\'artin-des-Combes, capitaine de territoriale attaché au service de l'é- 
tat major. 

Tous ceux qui connaissaient de Ricard le savaient avocat, avaient 
entendu parler de ses opinions politiques ou de sa foi religieuse ; mais 
la plupart, même parmi ses intimes, ne soupçonnaient pas sa compé- 
tence pourtant réelle en archéologie. 


= 10 :— 


Îl était déjà installé comme avocat à Bergerac, lorsque son esprit 

paturellement chercheur.et curieux fut spécialement attiré par les étu- 
des préhistoriques, séduit sans doute par le côté un peu mystérieux 
de cette science qui ouvre aux hypothèses des horizons infinis. 
. Un Périgourdin, que les charmes de la côte d'Azur avaient conduit, il 
y « quelques années, jusqu'à Monaco, s’égara un jour dans la salle des 
séances d'un congrès scientifique, et quelle ne fut pas sa surprise en 
trouvant à la tribune Raoul de Ricard, qui. était de ses amis, expli- 
quant avec sa chaleur accoutumée un problème préhistorique. Non 
seulement son auditoire l’écoutait avec intérêt, mais visiblement dans 
ce mi ieu de savants il était quelqu'un. 

Il fut quelqu'un, en effet, et avec lui disparait une figure d'une ori- 
ginalité rare. 

Issu d’une vieille femille du Périgord, il appartenait à cette forte 
aristocratie rurale qui croit encore à la toute puissance de la tradition. 
. Trensmettre à ses descendants les habitudes, les croyances et les 
principes reçus en héritage des aïeux, avoir sur Dieu, la Famille, la 
Patrie, les mêmes idées qu'avaient les ancêtres, en un mot continuer 
son père, comme lui même avait continué le sien, tel est le pro- 
gramme de vie que depuis des siècles s'étaient tracé les Ricard. Ce 
programme n'est pas nouveau, et même il a fait ses preuves, et c'est 
en le suivant que la Monarchie a créé la F'rance. 

. Le jeune de Ricard s’éleva et grandit dans ce milieu, et apré de 
brillantes études au collège des Jésuites de Sarlat, il commença 
son droit. 

C'était en 1876, presque à la veille du Seize-Mai, où M. de Fourtou, 
l'oncle par alliance de Raoul de Ricard, allait jouer le rôle historique 
que toute la France connaît. Déjà à cette époque se dessinaient des 
signes avant-coureurs, permettant de présager la vie passionnée que 
nous vivons aujourd'hui. Plusieurs conceptions politiques violem- 
ment contradictoires se trouvaient en présence, et les jeunes Français 
devaiont choisir entre des voies diamétralement opposées. L'incerti- 
tude du lendemain étant grande et beaucoup méfiants et inquiets avan- 
çaient d’un pas hésitant. Combien même qui après le départ, rebrous- 
sèrent chemin ou firent des détours savants pour rejoindre une autre 
voie. Ceux-là de Ricard ne les aimait pas, etil ne se gênait guère, pas 
assez peut-être, pour le leur dire. 

Lui ne connut ni ces inquiétudes ni cette méfiance. Il se jeta dans 
la mêlée avec la fougue et l’allégresse de ses vingt ans, déploya 
crânement son drapeau et se fit le champion de la cause royaliste et 
catholique. Bientôt après, il obtint son inscription au barreau de 
Bergerac, et sa carrière d'homme commença. 

La profession d'avocat convenait merveilleusement à son erdeur 
combative et à son genre de talent. Vive intelligence, parole facile, 
élégance et distinction de manières, il réunissait toutes les qualités 
qui attirent l’aftention et font le succès. Pendant 25 ans, sa vie fut 


nr 
es mer 


= 0) = 

partagée entre son devoir professionnel et son devoir social. Toujours 
au premier rang pour la défense de ses idées, on le vit partout où 
des bruits de bataille se faisaient entendre, combattant vaillamment, 
rendant coup pour coup, et jusqu’au dernier jour, croyant avec une 
confiance inlassable au triomphe de son parti. Il ne voulait pas &tra 
un vaincu. Ses chers électeurs de Saint-Martin des-Combes ne lui 
restaient ils pas fidèles ? Aussi quels trésors d’affection, de dévoue- 
ment et de reconnaissance, il leur réservait. Au milieu d’eux, il se 
faisait paysan, parlait leur langue, ouvrait toutes grandes Îes portes de 
sa vieille demeure des Mondys, et naturellement se faisait adorer. La 
mairie de St-Martin-des-Combes fut une des grandes joies de sa vie. 
* Si les questions politiques jouaient un rôle important dans l’exie- 
tence de R. de Ricard, les questions religieuses le passionnaient plus 
encore. L'Eglise catholique est la gardienne par excellence des tradi- 
tions, et il l’aimait à ce titre, comme la plus vivanté expression de 
ses idées les plus chères; mais il l’aimait aussi, et surtout comme au 
temps où il était petit enfant, et avait pour elle, on peut le dire, une 
véritable tendresse. 

: Voyageant en Italie, il y a peu d'années, une audience pontificale 
l'emena un jour, avec quelques amis, au milieu des splendeurs, 
aniques au monde, de la Cour Romaine. Le visiteur le plus averti, 
qui entre pour la première fois au Vatican, est ébloui par sa magnifi- 
eence et le pittoresque du cadre qu'il a devant lui. Seul, parmi 8es 
eompagnons, de Ricard paraissait à l’aise, et avec sa verve coutu- 
mière et son érudition de fin connaisseur, il appréciait, signalait, 
expliquait, et pour un peu aurait fait les honneurs de la maison. Tout 
à coup, le Pape parut. Aussitôt, chacun s'agenouilla, et comme 
Pie X passait pour bénir, il s’arrêla un instant devant quelqu'un qui 
pleurait. De Ricard, car c'était lui, ne pouvait maîtriser son émotion 
et restait anéanti devant la majesté de Celui qui représentait à ses 
yeux, le passé glorieux et les espérances éternelles de la religion de 
ses pères. La verve du touriste avait fait place à la piété du pélerin. 

Avec de pareils sentiments, la mort ne devait pas l'effrayer. Aussi 
lorsqu'il la vit s'approcher, il la regarda bien en face, et l'accueillit 
résigné, convaincu dans la ferveur de sa foi, qu'il retrouverait un 
jour la compagne tant aimée dont l'exquise bonté fit l'orgueil et le 
charme de sa vie. Tel fut Raoul de Ricard. D'autres existences eurent 
plus d'éclat, celle-là tire le sien de sa parfaite et incomparable unité. 
: Fidèle à l'esprit qui avait soufflé sur son berceau, celui qui vécut 
ainsi, suivit religieusement ie programme que ses ancêtres lui avaient 
tracé, et ce faisant, il donna un grand exemple et une utile leçon. 

JP. 


Deuæ planches accompagnent cette lioraison : la 1" représente les A rmoi- 
rites de Mer de Macheco de Prémeauæ ; — et la 2, le Portrait de Pierre du 
Ciusel, intendant de Touraine. 


Le gérant responsable, H. Krounnsau. 


BULLETIN 


DE LA NSOCIETI 


HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE 


DU PÉRIGORD 


PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS, 


-_ Te ge —- 


TOME XXXVIE — Deuxième Livraison 


PERIGUEUX 
Imprimente RIBES, Rue Anromnx-(rApauD, 14. 
à ER 


Mars-Avril 1401. 


re = 


_ 8I — 


SEANCES MENSUELLES 


DE IA 


SOGIÉTI. HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DU PÉRIGORD 


Séance du jeudi 4 fevrier 1909, 


Présidence de M. le marquis de FAYOLLE, 


président. 


La séance est ouverte à midi et demi dans la salle ordinaire. 

Sont présents : MM. Charles Aublant, Elie de RBiran, le cha- 
noine Brugière, Antony Délugin, Dujarric-Descombes, le mar- 
quis de Fayolle, Féaux, René de Frémont, l'abbé Goulard, 
Lespinas, le colonel de Montifault, le docteur Moreau et Vil- 
lepelet. 

Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et adopté. 


M. LE PRÉSIDENT énumère rapidement les ouvrages qui ont 
été reçus par la bibliothèque de la Société dans le courant du 
mois dernier : 


Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques et 
scientifiques, année 1908, 2° livraison, in-8°, avec planches, 
Paris, Imprimerie nationale ; Ernest Leroux, éditeur ; conle- 
nant plusieurs rapports de M. le docteur Capilan, sur deux 
communications de M. Jules Bcaupré, relalives aux encein- 
tes préhistoriques dans l'Est de la France ; — sur des notes 
d'archéologie préhistorique de M. Ulysse Dumas; — sur les 
fouilles de Laugerie-Haute ; — un rapport de M. le comman- 
dant Espérandieu sur les fouilles exécutées au mont Auxois, 
en 14907; — une communication de M. Charles Magne, sur un 
Génie funèbre de bronze, trouvé à Paris; —et une coniérence 
de M. le docteur Capitan et de M, Charles Magne, sur lévo- 
lution de la poterie à Paris ; : 


Te een ce ci y mu ee 


— 89 — 


Lou Bowrnat, bulletin mensuel de l'Ecole félibréenne du 
Périgord, tome IT, 24° livraison, décembre 1908, grand in-8, 
Périgueux, imprimerie Joucla ; contenant un article de M. Du- 
jarric-Descombes sur Nos précurseurs, Pierre Rousset ; 

Bullelin de la Sociélé des lettres, sciences et arts de la Cor- 
rèze, 4° livraison, 1908, octobre-novembre-décembre, in-8°, 
Tulle, imprimerie Crauffon ; | 

Revue de l'Agenuis, bulletin de la Société d'agriculture, 
sciences el arts d'Agen, 35° année, novembre-decembre 1908, 
in-8° avec illustrations, Agen, Imprimerie Moderne ; conte 
nant un mémoire de M. Momméja sur Bernard Palissy age- 
nais et la suite de l'étude de M. Philippe Lauzun sur Le ché- 
leau de Lauxun ; 

Bulletin périodique de la Société Ariégeoise des sciences, lettres 
et arts el de la Sociélé des Etudes du Couserans, XI° volume, 
n° 7,in-8°, Foix, typographie Gadrat aîné, 1909 ; 

Revue des Langues romanes, tome LI, 6° série, tome I, no- 
vembre-décembre 1908, in-8°, Montpellier, Imprimerie géné- 
rale du Midi, où est publiée une excellente notice de M. An- 
glade sur Camille Chabaneau ; 

Bulletin de la Société départementale d'archéologie et de sta- 
tistique de la Drôme, année 1909 janvier), 168° livraison, in-8», 
avec un portrait et une carte, Valence, imprimerie de Jules 
Céas et fils ; 

De M. le commandant Espérandieu, un tiré à part de son 
Rapport Sur les fouilles exécutées en 4907 au mont Au.rois, ex- 
trait du Bulletin archéologique, 1908, in-8& avec planches, Pa- 
ris, Imprimerie nationale ; 

De M. du Soulas, le n° du Journal de Bergerac, du 2 janvier, 
qui nous a été communiqué par M. l'abbé Goulard, à la séance 
du 7, et qui contient l'article de M. R. Tarel sur Les Eolithes 
creum-Berqeracois ; 

Et de M. Joseph Durieux, qui nous le fait communiquer 
par M. Dujarric-Descombes, le journal Le Monde économique, 
du 16 janvier, contenant un article de M. André Vovard sur 
L'organisation des éludes historiques en province, où il cite avec 
de grands éloges la Société historique et archéologique du 
Périgord et le Fournat du Périgord. M: André Vovard est un 


=" SN == 


collègue de M. Joseph Durieux, né à Bordeaux, bordelais 
fervent, « qui voudrait bien voir un essaim comme celui du 
Périgord se fixer en son doux pay:.» 

Des remerciments sont votés aux donateurs. 


M. LE PRÉSIDENT profite de la circonstance pour adresser ses 
sinceres félicitalions à M. Dujarric, qui vient d'être élu prési- 
dent de cette dernière Société, dont il l'était de fait depuis sa 
fondation. Il s'en est toujours occupé avec beaucoup de zèle 
pendant que les présidents en étaient éloignés. 

M. Dujarric remercie M. de Favolle de son aimable compli- 
ment. 


M. LE PRÉSIDENT propose d'envover de cordiales félicitations 
à notre savant et dévoué correspondant M. le docteur Capitan, 
qui vient d’être nomme chevalier de la Légion d'honneur. 
C'est en grande partie, grâce à lui, que nous obtenons des 
subventions du Ministère pour les fouilles des Evzies, Par une 
dépêche ministérielle de ce matin, M. le Président est avisé 
qu'il peut loucher à cet effet une allocation de 400 francs. 

L'assemblée est unanime pour voter des félivilations à 
M. le docteur Capitan, et des remerciments au Ministre. 


M°: Gabriel Charavay nous envoie sa Revue des Autographes, 
de février, où sont indiquées quelques pièces périgourdi- 
nes. 

4° Une quittance sur vélin du 25 avril 1600, signée par Jean. 
Paul d'Esparbes de Lussan, capitaine des gardes écossaises, 
de 3.000 écus sol à Balthazar Gobelin, trésorier de l’épargue, 
et à Henri de Caussade, complable de Bordeaux, « fermier 
général du convoy d'extinction et de l'imposition des rivières 
de Garonne et Dordonne», en remboursement d'une partie 
de la somme de 22.000 [. t. qu'il avait prètée au Roi; 

2 Une lettre de l’archevèque de Tours L.-J. Chapt de 
Rastignac, du 16 mai 1334, à Son Eminencec... ; 

Et 3° une pièce de 83 pages in-4°, d'avril 1758, qui est Île 
procès-verbal d'estimation des Lerres et marquisat de Cugnar, 
Boisse, Roquepine et Born de Champs, appartenant à Armand 
Nompar de Caumont, due de La Force, pair de France. 


em us 


= he miel mm be 


Nr — 

M. Robert ViLLEPELET nous informe que, parmi les thèses 
soutenues à l'Ecole des Chartes, le 95 janvier et jours suivants, 
par les élèves de la promotion de 1909, il en est une qui 
intéresse l’histoire du Périgord ; elle est intitulée Le gouverne- 
ment du maréchal de Matignon pendant l'interrègne (1589-1594) 
et a pour auteur M. Gébelin, fils d’un professeur d'histoire, 
aujourd'hui décédé, à la Faculté des lettres de Bordeaux. 
D'après les positions de cette these (Positions des thèses, etc, 


.Mäcon, Protat freres, 1909, p. 27-34), il est question dans le 


chapitre Il (Elat de la Guyenne à la mort de Henri TT des 
Préliminaires, des progrès de la Ligue en Périgord après 
l'assassinat des Guise ; — dans la deuxième partie (Opérations 
militaires, 1589-1592) de la fidélité de Périgueux à la Ligue et 
des opérations de Matignon en Périgord. (Le 12 juin 1591, sur 
les instances de Geoffroy de Vivant, il quitte Bordeaux pour 
aller reprendre Domme. Il passe par Bergerac, Trémolat, 
Limeuil, Belvès et arrive à Domme. Pendant que l'on y tra- 
vaille à un cavalier dont il a ordonné la construction, il va 
faire une courte promenade en Quercy ; puis, il revient à 
Domme dont il s'empare le 31 juillet); — dans la quatrième 
et dernière partie (La Pacificalion), de la vaine tentative des 
royalistes pour s'emparer de Périgueux (juin 1593-16 février 
1594); entin de la soumission des villes rebelles après la reddi- 
tion de Paris en 1594 : Périgueux (8 avril), Sarlat (9 avril). 


M. le Ministre de l’Instruction publique nous annonce les 
dates fixées pour la session du 47° congrès des Sociétés savan- 
tes ; il doit s'ouvrir à Rennes, le mardi 13 avril, et être clô- 
turé le 17. 

La Société élit, pour la représenter à ce Congrès, M. le 
vicomte Gaston de Gérard, son vice-président, qui à un domi- 
cile à Rennes. et M. Joscph Durieux, qui à le projel d'y faire 
quelque communication. 


M. DÉLUGIN nous apprend qu'il vient d'acquérir, pour les 
ajouter à sa collection préhistorique, un lot d'objets choisis, 
parmi lesquels deux pièces qu'il nous montre lui ont surtout 
paru dignes d'attirer l'attention; l’uneestune hache admirable- 
ment polie, aplatie et à section sub-rectangulaire, qui a été 


0 — 


trouvée à Prigonrieux, canton de Lalorce; l'autre, une pointe 
amygdaloïde, de forme très élancée et tres aigüe, venant de 
la station Chelléo-Moustérienne de la Micoque, commune de 
Tayac ; toutes les deux sont remarquablement belles. 

M. PEAUX, qui a déjà examine ces objets, pense que la hache 
polie est en jadéïte, roche très rare ; c'est une vérilable pièce 
de musée, et cependant elle lui paraît moins intéressante 
que la seconde ; celle-ci, par la finesse de sa taille, par sa 
conservation et surtout par sa longueur : 197 mill. est peut- 
être la plus belle qui soit sortie de la station de la Micoque où 
les très belles pointes étaient cependant nombreuses. Elle est 
surtout d'une dimension que l’on peut considérer comme 
extraordinaire ; la longueur maxima de ces instruments 
serait, d'après Chauvet, de 150 mill.; d'après Riviere et Capitan, 
de 130 mill. C'est également cette dernière dimension qu’a 
donnée M. Hauser dans le compte-rendu de ses fouilles de la 
Micoque, stalion qui, on le sait, lui a donné une quantité 
énorme d'objets, exportés par lui en Allemagne. 

« 11 est très heureux, ajoute M. Féaux, que cette pièce remmar- 
quable soit tombée entre des mains aussi soigneuses que celles 
de notre aimable confrère M. Délugin ; nous sommes ainsi 
assurés qu'elle ne quittera pas le pays et peut-être même est-il 
permis d'espérer que plus tard le Musée du Périgord en aura 
la possession ». 


M. Jean CLÉDAT, d'Egypte, envoie au Président Ja photo- 
graphie d’une cheminée Renaissance, qui se trouve au bourg 
de Gabillou, près Saint-Orse, dans une maison appartenant à 
sou cousin, M. Clédat, de la place Francheville. « L'on accède 
à la maison par ua escalier exterieur, couvert par un auvent. 
A la façade de la maison sont encore deux fenêtres de même 
époque. Je ne sais si vous connaissez cela. Dans tous les cas, 
je me permets de vous communiquer la chose pour en faire 
ce que bon vous jugerez. » 

D’après la photographie, M. Lx PRÉSIDENT voit que cette 
cheminée à pour décoration des rosaces, des rouclles, dans le 
style des gaufriers. 


M. Richard pe Boysson nous envoie pour nos archives les 


he De gt 


= em me 


—. 868 — 
copies des trois pièces sur lesquelles il appuie son mémoire 
La ville de Sarlul anoblie sous Louis XIV. I part pour Toulouse 
où il va travailler sur Jean de Boysson, dont il est question à 
la page 37 du tome XXXI du Bullelin. 

« Ce fut un personnage très en vue pendant un siecle ; mais 
je ue crois pas qu'il soit né en Périgord. Il a laissé des lettres, 
des vers francais el des vers latins : le tout est plus intéres- 
sant au point de vue historique qu'au point de vue littéraire. » 


M. BussièREe travaille à la tin de son étude sur Bertin ; il 
fait un chapitre assez long.compose de trois sections : 1° Berlin 
et sa colonie littéraire en Chine ; 2° Bertin ct l'Agriculture ; 
3 Bertin chez lui. Il mande au Secrétaire général : « Le 
morceau réclame done une place peut-être excessive dans le 
Bulletin. Je tiens à vous en avertir et à vous faire pressentir 
d'ores et déjà l'étendue du sacrifice que je vous demande, 
ainsi qu'a mes confreres. Passez-moi de 40 à 45 pages. A ce 
prix nous en finissons. Vous accepterez, je l'espère, d'en 
passer par là. 

« Je vous adresscrai demain, pour m'en débarrasser, la 
section sur la Chine que j'ai réduite aulant que possible et 
qui ticnt 22 pages. Le total des deux autres ne fera pas davan- 
tage. Mais Îcs malieres sont en clles-mémes assez intcres- 
sautes pour se donner [a latitude exceptionnelle que je vous 
ai indiquée, en frémissant. 

« Je pense que vous avez retenu, pour accompagner ce 
dernier chapitre, le dessin du blason dont vous m'avez parlé. 
Eu cas de nécessité d'un autre dessin, mon idée serait, 
malgre les prescriptions du réglement, de reproduire en 
photogravure la maison de Chatou, dont nous avons déjà 
donné la grotte. Cette maison joue un rôle essenticl dans le 
texte en préparation, Le propriétaire actuel m'en a envoyé la 
photograplie. 

« Vous voudrez bien ne dire si ces diverses propositions 
vous agreent et dans quelle mesure. 

« On pourrait subsidiairement songer à la reproduction du 
château de Rossignol : il en est fortement question dans 
mon texte. » 


— RE. ee 


— 87 — 


M. LE PRÉSIDENT croit qu'il serait plus intéressant de repro- 
duire, avec le premier chapitre, divers petits objets provenant 
de Chine qui ont été apportés à Bertin et existent encore à 
Rossignol. 


M. le docteur MorEAUD nous communique une plaquette 
contenant l'office de saint Astier, tiré du Rituel de M3" Le Boux 
et imprimé à Paris, chez François Muguet en 1684. Elle a 
appartenu à de Lestang, chanoine de Saint-Astier. 


M. l’abbé GouLarb nous communique également un proces- 
verbal du 27 juin 1758, du sieur Desvaux, curé du Fleix, qui 
avait été chargé par Mf de Macheco de Prémeaux, d'examiner 
le local au château de Cadillac, où messire Daniel de Laporte, 
écuyer, désirait ériger une chapelle domestique. 

Après avoir pris connaissance du procès-verbal, l'évêque 
de Périgueux commet encore, le 9 juillet 1758, le dit sieur 
Desvaux pour faire la bénédiction de cette chapelle. 


« Après qu'elle aura été bénile, nous permettons à tout prèlre 
séculier et régulier, approuvé pour dire la messe dans notre diocèse, 
» Où qui seront connus pour gens d'une piété exemplaire, de la 
célébrer dans la dite chapelle tous les jours de l’année, exceptés 
° ceux qui sont spécialement réservés par les ordonnances du diocèce 
* Sans-une permission Cxpresse de nous ou de nos grands vicaires, 
* et le tout aux conditions suivantes : 
« 1° Qu'en conséquence des mèmes ordonnances du diocèse, il sera 
annuellement payé à raison de notre précédente permission, six 
livres de rente à la fabrique de l’église paroissiale du Fleix. 
» 2° Que la messe qui y sera célébrée les dimanches et les fêtes en 
» concurrence Jamais avec l'heure de la messe de paroisse. 

» 3° Que les dits jours, on n’admettra point d'étrangers pour entendre 
» la messe dans la dite chapelle, exceptés les personnes qui se trou- 
» veront dans la maison en visite, et les ouvriers dont on pourrait 
* avoir besoin, à condition qu'on enverra toujours quelqu'un de la 
» maison à la messe et autres oflices de la paroisse ; 
» 4° Enfin qu’on aura soin de tenir la dite chapelle fermée à clef, 
exceptés le temps de lu messe et aulres heures auxquelles quel- 
qu'un v serait à prier Dieu. » 


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5 


Les livres de comptes du syndic de la fabrique du Fleix 


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do 


enregistrent l'encaissement des six livres de rente à partir du 
9 juillet 4759 jusqu'à la fin de 1786. 

Il n'v a plus trace de l’ancienne chapelle à Cadillac ; mais 
elle a été remplacée par une chapelle plus spacieuse depuis la 
fondation de lorphelinat agricole et viticole de Cadillac-les- 
Vins. 


M. pE Bina offre ensuile à la Société : 

4° Un exemplaire imprimé d'un arrèl du Conseil d'Elat, 
du 22 mars 1776, portant règlement concernant les comp- 
tes des villes et communautés de la Généralité de Bor- 
deaux ; 

2° Deux lettres, datées de Bouniagues, les 3 et 6 septembre 
1779, ct adressées au subdélégué de Bergerac par un agent 
des ponts et chaussées, chargé de la construction de la 
route de Bergerac à Castillonnes. Cet agent Ssisnale l’insu- 
bordination du personnel sous ses ordres ct demande des 
poursuites contre les délinquants. 


“ Monsieur le Subdélégué verra, dit-il, qu'il est presque impossible 
deu faire travailler, sans son autorité et sans le concours d'un 
cavalier qu'il voudra bien m'envoyer sur la route ; s'il étoit possible 
de l'envoyer tout de suite, cela changeroit absolument la face du 
lvavail fait jusqu'à présent, Je suis à tout moment menacé et au 
milivu de trois ou quatre cent bouviers el le double de manœuvres ; 
il ne me servit pas prudent de m'expuser sans la moindre force. Je 
serois sûr qu'avec le cavalier il se feroit de lu besogne ; tout le monde 
y gogneroil ». 


3° Deux délibérations des communautés de St-Marlin de 
Bergerac et de La Monzie de Montastruc, relatives à l'acquil- 
tement de leurs tâches du printemps de 1780, sur la roule de 
Périgueux à Bergerac, par Villamblard ; 

4* Un exemplaire imprimé d'un arrêt du Conseil d'Etat, du 
8 août 1389, concernant les droits de bancage ou étalage sur 
la place publique de la ville de Bergerac, les jours de foires 
et marchés ; 

Et 5° une lettre adressre de Paris. le 16 juin 1781, au subdé- 
lcgué de Bergerac par l'intendant Dupré de Saint-Maur, au 
sujet des travaux de corvée de la route de Bergerac à Castil- 


_ 89 — 


lonnés, et de l'exécution de marchés passés pour cette route 
avec divers entrepreneurs. 
La Société remercie M. de Biran. 


Notre jeunc cl laborieux confrère M. Robert VILLEPELET 
nous envoie aussi la copie de deux tableaux, appartenant à la 
série F' (Travaux publics) des Archives nationales, et qui, 
dressés en 1793 par le directeur de la régie nationale de l'En- 
registremeut et des Domaines à Périgueux, fournissent des 
renseignements, qui lui ont paru intéressants, au sujet de l'af- 
fectation, principalement à des services publics, de certains 
édifices nationalisés de la Dordogne, provenant pour la plu- 
part du clergé. 

Ces tableaux seront publics. 


M. le colonel bE MONTIFAULT met ensuile sous nos yeux un 
diplôme, de l'an II, sur papier, accordant à un ancien gen- 
darme, Jeannin, le droit de porter une plaque. H pense 
que l'origine de cette distinction pourrait bien remonter à 
Louis XIV. 

Personne, parmi les membres de la Société, ne connail cette 
marque d'honneur. 


Notre zélé confrère M. Joseph DunEux écrit au Secrelaire 
génôral : 

« À l'occasion du 100° anniversaire de la prise de Sarragosse, 
je vous signale la participation brillante du lieutenant 
Bugeaud au siège de cette « infernale » ville. La résistance 
acharnée des Espagnols n'eut d’égale que l’opiniätre bravoure 
des Français. Du bivouac, le 12 février 1809, Bugeaud écrivait 
à sa sœur Philis que tout se dispute pied à pied de la cave au 
grenier, et qu'il se trouve lui-même depuis deux mois entre 
les cadavres et les ruines. Nommé capitaine de grenadiers, il 
fut ensuite proposé pour la croix de la Légion d'honneur par 
le colonel du 116 de ligne ct par le général Habert, en mème 
temps que deux de ses collègues : 

« Ces trois capitaincs, dit le mémoire de proposition, n'ont cessé de 
mériter depuis notre entrée en Espagae ; ils se sont distingués par la 
tenue el la discipline de leurs compagnies, et par leur bravoure à 


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— 90 — 
Tudela, au siège de Sarragosse, le 9 octobre devant Fraga, et dans 
diverses aulres OCCASIONS, » | 

Bugeaud ne fut décoré que le 6 juin 4811. D’autres Peri- 
gourdins, moins heureux, avaient trouvé la mort sous les 
murs de la vieille capilale de l’Aragon, pendant les deux sie- 
ges, notamiment François Rey (d'Excideuil}, capitaine au 3* 
de ligne, tué le 138 juin 1808, et Pierre Gadrac (de Bergerac; 
sous-licutenant au 28° léger, qui périt par coup de feu le 
8 février 1809. » 


Enfin, M. DE PEYRONNY nous mande qu'il approuve l'usage 
adopté par la Société de consacrer une notice nécrologique à 
ses meinbres décédés, mais que ces notices ne fournissent pas 
suffisannnent d'indications biographiques. Il voudrait qu'on y 
joignit une généalogie succincte ne contenant que des dates, 
les tieux de résidence et les noms des notaires. « Ces articles 
serviraient un jour à celui de nos arrière-neveux qui vou- 
drait faire l'historique de la Société. Je désirerais également 
voir la création d'un album où figurerait, outre son portrait, 
sa genéalogie la plus complète possible, » 

L'assemblée consultée n’adopte pas la proposition. 

La séance est levée à trois heures. 

Le Secrétaire yénéral, | Le Président, 
Ferd. ViLLEPELET. M' DE FAYOLLE. 


Séance du jeudi 4 murs 1909. 


Présidence de M. le marquis de FAYOLLE, 


president. 


La séance est ouverte à midi et demi dans la salle accou- 
tumee. 

Sont présents : MM. Aublant, Bayle, le chanoine Brugière, 
Antony Délugin, Dujarric-Descombes, le marquis de Fayolle, 
Féaux, l'abbé Goulard, Lespinas et Villepelet. 


= QT — 


MM. du Soulas et René de Frémont s'exceusent par écrit de 
ne point assister à la séance. 
Le proces-verbal de la précédents réunion est lu et adopté. 


M. LE PRÉSIDENT nous annonce la mort prématurée de notre 
jeune confrère M. Chaumel du Planchat, pharmacien à Paris, 
d'une vieille famille périgourdine, fils du docteur en méde- 
cine si populaire à Périgueux que quelques-uns d'entre nous 
ont connu, il y a une trentaine d'années. Notre jeune confrère 
alnail, par la lecture de notre Bulletin, à s'instruire des ori- 
gines de sa petite patric. 

L'asscunblec exprime d'unanimes regrets. 


Notre bibliothèque à recu, pendant le mois dernier, les ou- 
vrages suivants : 

Fornväannen meddelanden fran K. Vitterhets historie och 
Antikvitets Akadonien, 1907, under redaktion af Emil Ekhof, 
uu volume broché in-8°, avec de nombreuses illustrations, 
Stockholm, Wahlstrôm et Widstrand ; 

Revue des Eludes grecques, loime XXI, n° 95, novembre- 
décembre 1908, in-8°, Paris, Ernest Leroux, éditeur ; 

Bibliotheque de l'Ecole des Chartes, tome LXIX, 5° et 6° li- 
vraisons, septembre-décembre 1908, un fascicule in-8, Paris, 
librairie Alphonse Picard et fils; contenant plusieurs articles 
bibliographiques, p. 693, de M. Eugène Welvert sur la thèse 
complémentaire de M. Robert Villepelet, La formation du 
département de lu Dordogne, étude de gévgraphie politique ; — 
b. 696, de M. R. Villepelet, sur Le caluloque de la salle À de 
la bibliothèque de lu ville de Périgueux, précédé d'une notice 
historique sur la bibliothèque, par M. Charles Daubige ; — ct, 
pb. 702, du même, sur le Comple rendu des fouilles de Vésone 
de 1907, par M. Ch. Durand. M. R. Villepelet fait l'éloge mé- 
rité des plans remarquables de précision et d’exactitude, qui 
accompagnent ce mémoire substantiel où nous est révelée la 
mise au jour d’un autel à Mercure, un couronnement de 
pilastre, un fragment d’édicule, de nombreuses monnaies, 
des fragments de céramique et ouvrages en terre cuite, des 
débris de marbres travaillés, plusieurs morceaux de verrerie, 


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me 


= mélndh de eu un nn os en nn lens nl mennlirens sure Me ce ee = mnt 


= et Ou = = 


_ 92 — 


notamment une belle coupe, et divers objets en bronzeetenos,; 

Réunion des Sociélés des Beaux-Arts des départements, du 
21 uu 24 avril 1908, 32° session, ouvrage orne de 28 gravures, 
un volume broché grand ïin-8, Paris, typographie Plon- 
Nourrit, 4908 ; où dans un mémoire de M. Jadart, Du sort des 
monuments el des œuvres d'art à Reims pendant la Révolution 
(1790-1800, se trouve, p. 0, un « Etat des tableaux, gravures, 
provenant de Taillerant de Périgord » ; 

Bulletin de la Société pour la protection des paysages de France, 
n° du 15 janvier 1909, grand in-8°, Paris, siège social, rue de 
Grammont, 26; 

Mémoires de l’Acadèmie nationale des sciences, arts et belles- 
lellres de Caen, un volume broché in-8, Caen, Henri Deles- 
ques, imprimeur, {908 ; contenant un mémoire de M. le doc- 
teur Vigot, Comment est mort Jésus ? 

Bulletin de la Sociélé d'Emululion du Bourbonnais, n°* 8-12, 
d'août à décembre 1908, in-8° avec planches, Moulins, impri- 
merie Etienne Auclaire; 

Bulletin de la Sociélé «a les Amis des sciences el arts » de 
Rochechouurt, tome XVII, no 1, in-8°, Rochechouart, impri- 
merie Dupanier frères, 1908 ; 

Revue de Saintonye et d’Aunis, bulletin de la Société des 
Archives historiques, XXIX+ volume, 1"° livraison, 1° février 
1909, in-8° avec deux planches, et la Table du tome XVII, 
in-8°, en feuilles, Saintes, librairie Prévost ; 

Bulletin ofticiel de l’Automobile-Club du Périgord, 6° annét, 
u° 4, octobre-décembre 1908, in-8°, avec de nombreuses illus- 
trations, Périgueux, Ronteix, imprimeur ; les clichés et Îles 
poésies sont de M. le baron de la Tombelle, et le rapport 
humoristique, toujours spirituel, sur les Randonnées autom0- 
bilesques dans la Haute- Auvergne, de M. Buffeteau ; 

Bullelin trimestriel de la Société des Etudes littéraires, scien- 
tifiques et artistiques du Lot, tome XXXIIT, quatre fascicules 
in-8e, avec un plan, Cahors, imprimerie Rougier, 1908 ; 

Annales de lu Faculté de droit d'Aix, tome II, n°* 4-2, janvier” 
juin 1908, et Annales de lu Faculté des Lettres d'Air, tome Il, 
n 3-4, juillet-décembre 1908, deux fascicules in-8°, Paris, 
Fontemoing, éditeur ; Marseille, imprimerie Barlatier ; 


= QU 


Annales des Basses-Alpes, Bullelin h'imestriel de la Société 
setentifique et littéraire des Basses-Alpes, 29° annce. n°108111, 
tome XIII, janvier-décembre 1908, quatre fascicules in-8, 
Digne, imprimerie Chaspoul ; 

De M. Bavle, la Petite histoire de Guyenne, dont il est l'au- 
teur en collaboration avec M. Roques, inspecteur d'académie 
à Cahors, in16, avec de nombreuses illustrations, Paris, 
librairie Félix Juven. 

M. le Président félicite M. Bayle de cette intéressante, mais 
un peu trop sommaire publication. 

De M. de Monteil, le ne du 15 février 1909 de la revue l'Action 
française, contenant son mémoire sur L'idée de province sous 
l'ancien régime : le Périgord ; 

De M. le chanoine Lavialle, sa brochure Notre-Dame de la 
Peytelie, chapelle du xvrr° siecle, située sur la paroisse de 
Savignac-les-Eglises, in-8°, Périgueux, imprimerie Cassard 
frères, 1909 ; 

Et de M. l'abbé Goulard, peélerin de Terre-Sainte, sa pla- 
quette Une croix de Jérusalem à Temniac (Dordogne), petit in-8, 
avec deux planches, compte-rendu extrait de la revue « Jéru- 
salem », Paris, imprimerie Feron-Vrau, 1908. 


Des remerciments sont votes aux donateurs. 


Le Conseil d'administration de la Société des Antiquaires 
du Centre nous informe que, par suite d'une grève prolongée 
des typographes de Bourges, le tome XXXI de ses mémoires 
ne pourra paraitre que dans quelques semaines. 


Par une circulaire du 19 février, M. le Ministre de l'Instruc. 
tion publique nous annonce aussi que les dates fixées précé- 
demment pour la session du 47° congrès des Sociétés savantes, 
qui devait s'ouvrir à Rennes le mardi 13 avril prochain et être 
clôturée le 17 du même mois, sont modifiées ainsi qu'il suit : 

La séance d'ouverture que présidera le Ministre aura lieu le 
samedi 3 avril, à 2 heures. Les travaux du Congres suivront 
leur cours dans les journées des 5, 6, 7 et 8 avril. 

Ce changement de dates parait fâcheux à plusieurs mem- 
bres qui avaient le dessein de s'y rendre. 


= —mese = 


ph 


M. pu SouLas nous adresse une note qu'il a rédigée, avec 
la collaboration de M. Tarel, sur la découverte d'un eluseit 
à Lembras, dans les tranchées de construction du tramway 
de Vergt à Bergerac, à 75 mètres du presbytére. Cette note, 
qui décrit le souterrain et en inäique les dimensions, a été 
publiée dans le journal l'Eclaireur de Bergerac d'hier ; elle sera 
versée à notre dossier des cluseaur, en attendant qu'un lra- 
vail d'ensemble soit entrepris sur la question. 


M. LE PRÉSIDENT n'a pas encore eu le temps de faire des 
fouilles, aux environs de Nontron, à l'endroit même où, l'an- 
née dernière, l’on avait découvert des débris gallo-romains 
intéressants, qui ont été donnés au Musée par le propriétaire, 
M. Marquet. Il demandera prochainement, à cet effet, une 
allocation à la Société. 


Notre érudit vice-président M. le vicomte Gaston DE GÉRARD: 
tres occupé jusqu'à présent de l'éducation de ses enfants, 
s'excuse de n'être pas un collaborateur plus actif. « Quand j€ 
pense que mes confrères de la Société historique du Périgord 
m'ont fait le grand honneur de me nommer vice-président el 
que je ne leur ai pas donné signe de vie, depuis, par la voie 
du Bulletin, j'en suis bicn honteux, je l'avoue. Mais mon 
silence n'est pas preuve d’indifférence, crovez-le bien, et plus 
les nécessités de la vie me tiennent éloigné du pays natal. 
plus je m'intéresse à ses richesses d'art et à son passé. » 

Notre vice-président nous envoie aujourd'hui une étude sur 
la Fronde à Sarlat qu’il avait annoncée au Secrétaire gtnéral, 
il y à quelques années. « La lisant, vous jugerez, je pense, 
avec moi, lui ccrit-il, que cette page d'histoire locale a cte 
complètement défigurée, ct que la lumière a été mise avec 
intention « sous le boisseau ». Je me suis trouvé, à un certain 
moment, et non le moins curieux, en présence de lacunes 
considérables que je n'ai pu combler. 

» Les documents ont dû être soigneusement supprimés.Sur 
cinq eahicrs, qui composent cette étude, je vous envoie les 
n°* [1, HI et IV, qui forment d’ailleurs un tout bien complet. 

» Le [°° contient l'introduction en quelque sorte. Il peut être 
refondu et se résumer dans le récit de l'adhésion de la ville 


== 0 = 


de Sarlat à « l'Union » et de son retour à la cause du Roi, 
quelques semaines après. Ce fut à, d'ailleurs, une des causes 
du siège de Sarlat par Marchin, en décembre 1652, et de .la 
dureté de l'occupation par les Frondeurs. 

» Le V° cahier est relatif aux luttes électorales ou judiciaires 
entre les deux factions, qui se sont perpetuées pendant vingt 
cinq ans. Je possède, sur cette période, non la moins curieuse, 
de nombreux documents ; mais les lacunes sont telles que je 
ne sais si je pourrai relier entre elles les diverses parties. 
Si c'est impossible, un résumé permettra du moins de se ren- 
dre compte de ce que pouvait être l'état d'une ville de pro- 
vince, livrée aux rancunes et aux passions, dignes d'une Répu- 
blique italienne du moyen-àge. 

» Si vous pensez que cette étude peut trouver place au 
Bulletin, je vous prie de vouloir bien la présenter de ma part. 
C'est, somine toute, une curieuse page inédite de l'histoire de 
Sarlat. Je voudrais que le récit füt aussi vivant que les faits. 
La variété et l’inédit des uns pourra faire passer sur linsuifi- 
sance de l’autre. » 

Il est impossible de résumer en meilleurs termes l’'impor- 
tance de ce grand travail qui paraîtra dans le Bulletin. 


M. Duyanric-DESCOMBES nous fait connaître ensuite quel- 
ques-unes des dispositions testamentaires de Catherine de 
Roux de Campagnac, veuve de Jacques de Langlade, baron de 
Sommières en Poitou et seigneur de Cendrieux en Périgord. 
Par son testament du 8 octobre 1711, elle nomme pour son 
légataire universel, son neveu, Louis-Joseph de Roux, mar- 
quis de Campagnac, et le charge d'acquitter des legs impor- 
lants en faveur de son église paroissiale de Campagnac, du 
séminaire de Saint-Lazare au diocèse de Sarlat et de celui 
de la ville de Poitiers. Elle fonde une bourse destinée à 
entretenir au séminaire Saint-Charles de Poitiers de jeunes 
Périgourdins, « recommandables, ayant donné des marques 
d'attachement aux lettres. » Le choix des candidats était 
réservé aux représentants de la testatrice et c'était devant 
notaire que ce choix était constaté. Dans trois actes reçus par 
M° Lavavé, notaire à Périgueux, nous connaissons les béne- 


ER el POS de Se . One mn mn 


_ 


_ 96 — 


ficiaires de ces places. La première est accordée, le8 septembre 
1780, à Jean Fournier, fils d’un apothicaire de Périgueux ; la 
seconde, le 3 septembre 1732, à Pierre Durand Chambon, fils 
de Pierre Duraad-Chambon, sieur de la Croze, marchand el 
bourgeois de Périgueux ; et la troisième, le 15 juin de l'année 
suivante, à Nicolas de Favolle, tils de Pierre de Favolle, che- 
valier, et de dame Marie du Lau, Seigneur et dame du Chap- 
deuil. 

Cette intéressante communication sera publiée dans le 
Bulletin. 


M. BUSSIÈRE, profitant de ce que nous allons diviser en deux 
le reste de sa biographie de Bertin, prend un peu plus de lati- 
tude, et il va s'accorder encore cette semaine avant de nous 
livrer définitivement les quelques feuillets qui lui restent à 
remplir. 

« Le chapitre de Bertin chez lui que je vous envoie et auquel 
je mettrai un sous-titre à cause de la diversion Maupeou, n€ 
sera achevé que par un troisième paragraphe de 7 à 8 pages, 
qui nous ramènera à Chatou, puis se terminera à l’'émigration 
et à la mort. » 

Le dessin de Chatou, qui accompagne cet envoi, n’est pas 
agréé par l'assemblée. 


M. Joseph Durieux veut bien nous signaler le curieux procés- 
verbal qu'a publié dans un livre récent sur Le général Duphol 
(4769-1797) M. Georges Boulot, son arrière-ueveu (Paris, 
Plon, 1909, in-16). « Il s'agit de la Pompe funèbre célébrée à 
Périgueux, dans la salle décadaire de la municipalité, le 20 plu- 
viôse an VI — 3 février 1798, à trois heures de relevée, en 
l'honneur du général Duphot et de ses compagnons martyrs 
de la Patrie et de la Liberté. Deux discours furent prononcés 
par les citovens Dupont, commissaire du Directoire, au nom 
de la ville de Périgueux, et Lanxade ; ils furent entremèélés 
de «chants de douleur » et morceaux d'orchestre. Le soir, 
une piéce composée pour honorer la mémoire des victimes 
fut représentée au Théâtre de l'Union. 

« Léonard Duphot, né à Lyon, fils d’un maître-maçon de 
la Creuse, et massacré à Rome le 28 décembre 1797 dans une 


_ 97 — 


émeute des rues, avait été emplové dans la 20° Division mili- 
taire à Périgueux, comme adjudant général-chef de brigade 
sous les ordres du général Chalbos, pendant sept mois, du 
20 février au 20 septembre 1796. Se sentant peu propre au 
service de l’intérieur, il végétait dans linertie, comme il 
disait, et se montrait impatient d’être déchainé de l'oisiveté 
et de rentrer en scène. De plus, il se plaignait que la dépré- 
ciation des mandats à Périgueux le mettait hors d'état d'v con- 
linuer ses services. Cependant il sut faire apprécier par les 
Périgourdins toutes les qualités ajmables dont il était doué, 
ses vertus sociales et guerrières ; car il joignail à l'épée de la 
victoire, déclare M. Lanxacde, la plume d’Anacréon. 

» Un de ses successeurs à Périgueux, en qualité de cheï 
d'état-major de la 20° Division, du 2! mars 1804 au 11 sep- 
tembre 1805, plus lard général lui aussi, le cadurcien Jean- 
Pierre Ramel, l’ancien déporté de Fructidor, devait avoir 
pareillement une fin tragique. Le 17 août 1815, landis qu'il 
commandait le département de la Haute-Garonne, il fut iéro- 
cemeut assassiné à Toulouse par les cannibales de la Terreur: 
blanche. » 

L'assemblée remercie M. Durieux de ses renseignements 
militaires toujours instructifs. 


Enfin M. ESCANDE, revenant sur sa question antérieurement 
posée, nous adresse la communication suivante : 


« Les quelques lignes qui accompagnent, dans le n° de 
novembre-décembre du Bulletin de la Société, le court exposé 
de ma proposition de Chroniques annuelles, me font un devoir 
d'exposer un peu en détail quel était son véritable sens, 

» Et d'abord, je dois dire, qu’eût-elle été adoptée, elle n'était 
pas de nature à modifier la marche de la rédaction du Bulletin, 
qui restait ce qu'elle est, une riche moisson de faits et de 
documents du passé. Elle tendait seulement à y ajouter, en 
dehors, à part, un chapitre, se réduisant à quelques pages 
chaque année, à quelques lignes méme si la matière man- 
quait, pour le présent, pour la relation des évènements essen- 
tiels — c’est-à-dire point futiles, — qui auront leur importance 
plus tard, lorsque le point de vue sera plus éloigné, qui ne 

1 


mes. 


nn mn mn mm = © 


— Y8 — 


nous touchent guëre parce que nous les vovons de trop près, 
et qui constituent la vie contemporaine. 

» Or, de cetle vie contemporaine des départements, seuls 
les journaux locaux gardent le souvenir, et comment le gar. 
dent-ils ? dans un fouillis où tout est mêlé. Bien pénible sera 
plus tard l4 tâche de l'historien, obligé de les lire pour en 
extraire ce qu’il y a de caractéristique de notre époque dans 
ce cercle si petit, et, cependant, si mouvementé, qu'est une 
province ou un département. Encore sera-t-il bien heureux 
s’il retrouve la collection des journaux locaux, car qui collec- 
tionne ces journaux ? Et, si on se les figure bien conservés 
dans des dépôts publics, quel amas énorme y formeront-ils ! 
si énorme qu'ils en seront iuutilisables. 

» Imaginons-nous, au contraire, des Sociétés comme la 
Société historique et archéologique du Périgord, se donnant 
pour but, sans rien changer à Icurs habitudes dans l'étude 
du passé, de choisir chaque année, dans les journaux du 
département, les récits d'évènements dont le souvenir mérite 
d'être conservé, — et il y en a toujours quelques-uns, — d'en 
extraire ce qu'il y a d'intéressant et qui fatalement s'y perd, 
de cristalliser ce qu'il y a de solide dans la vie contemporaine 
pour en former un tout, un résumé plus ou moins long ou 
plus ou moins court, si l’on veut, combien ce côté de leur 
tâche serait précicux pour l'avenir. Leurs collections devien- 
draicnt les plus fécondes et les plus sûres sources de l'his- 
toire locale future, 

» 1] a été objecté à ma proposition que les procès-verbaux 
de la Société étaient là pour recueillir les évènements essen- 
tiels. Si on parcourt la longue série de ces procès-verbaux 
depuis la fondation de la Societé, et mieux l'intéressante col- 
lection de ses tables, on voit qu’il n'en est rien, si on conm- 
prend la question comme je lexpose, et, si on la comprend 
de même, on ne peut lui reprocher non plus de tendre à faire 
du Bulletin comme un annuaire. Elle tendrait à prendre aux 
Annuaires, comme aux journaux, ce qu'il y aurait d’utile, 
pour Île retenir. 

» Ne serait-il pas intéressant de noter, au fur et à mesure 
qu'elle se produit, la répercussion dans le local des lois qui 


D — 


bouleversent les habitudes d'un pays et les divers incidents 
qu'elle entraine ? Quand une grève éclate, comme celle qui a 
tenu l’annéc dernière, par exemple, toute une cammune de 
l'arrondissement de Sarlat presque en état d'émeute pendant 
plus d'un mois, ne serait-il pas bon de la noter ? et quand une 
calamité s'abat sur une partie de notre petit pavs, pourquoi 
ne pas en conserver ici le souvenir ? Il v a mille faits de la vie 
courante, manifestations politiques, manifestations littéraires, 
manifestalions sociales, dont le récit ne déparerail pas le 
Bulletin d'une Société historique, et il n'a paru qu'ilne devrait 
pas les négliger parce qu'ils sont de lhistoire vécue. 

» C’est dans ce sens que j'avais fait ina proposition. Je n'in- 
sisle pas pour qu'elle soit adoptée ; car, eu dehors de ce champ 
d’études, la Société en a un trop vaste, jusqu'à présent trop 
fructueux, et où il reste encore trop à découvrir, pour faire 
regretter le premier. » 

L'assemblée persiste à ne voir dans tous ces faits ou évène- 
ments que l'objet d'éphémérides d'un journal loeal. 

La séance est levée à trois heures. 


Le Socrélaire-général, Le Président, 


l'erd. VILLEPELET. Mine FavoLLe 


EXTRAITS DU CARTULAIRE DE PHILIPPARIE 


1 — TAUX DU DROIT DE Commun À BELVES. 


Dans notre Histoire de la chültellenie de Belrves {ehap.u, sect. 
I... 30 ressources propres au Seigneur ; et tirage à part p. 141 
et suiv.), nous avons étudié, en détail, le fonctionnement du 
droit de Commun ou Commun de lu Pair. A ce moment 
nous n’en connaissions pas le tarif. 

Le manuscrit Philipparie, récemment entré à la Bibliothe- 
que nalionale (B. nat. Nouvelles acquisit. latines, n° 1922 : an- 
cient Phillips manuscrits, n° 86), nous permet de combler cette 
lacune et de faire connaître le tarif du Commun de la Pair 
à Belvès. 


— 4100 — 
Fol. 28 (vers le 1/4 de la page.) 


Erat etiam consuelum assensari commune dicte castellanie per quo 
commune dictus dominus in suis hominibus commorariis consue- 
verat recipere in dicta castellania et aliis suis castellaniis. 

Trad. C'était de méme l'usage d'affermer le commun de la dite 
châtellenie, lequel commun le dit seigneur sur ses vassaux y derr eu 
rant avait l'habitude de percevoir dans la dite rhâtellenie et dans 
ses autres châtellenies. 

Pro quolibet homine commorante...... .... duoderim denarios. 

Pour chaque vassal y demeurant ..…....,..... douze deniers. 

Pro quolibet pari bovum........................ duodecim denarios. 

Pour chaque paire de bœufs..….. ............, douze deniers. 

Jumento ferrato sarciniam portanti.......... x11 denarios. 

Pour une jument ferrée portant bât.......... . 12 deniers. 

Pro qualibet vacca, equa, azino et animali grosso, sex denarios, 
dum tamen habuerant plus de uno anno (1), pro quolibet porco el sue 
unum denarium, excepto tamen porco qui nutritur ad nutricem, quis 
pro illo non tenentur. 

Pour chaque vache, cheval, âne et animal gros six deniers, pourvu 
qu'ils eussent plus de un an, pour chaque porc et truie un denier, 
excepté cependant pour le porc ou truie nourris par la mère, pour 
lesquels on n'est pas tenu de payer. 

Pro qualibet capra etove...........,.,....,. . medium denarium. 

Pour chaque chèvre et brebis... ................ un demi denier ; 

Sed illud jus commune nunc {[1416| a paucis solvetur quia rex non 
permittit eé cœtera. 

Mais ce droit de commun maintenant n'est payé que par un petit 
nombre parce que le Roi n'en permet pas la levée, etc. 


Un peu plus bas Philipparie estime la valeur totale à 
trente sous environ. 

a) Le Commun à Bigarroque ditférait,en quelques points, du 
tarif de Belves. Voici le passage relatif à Bigarroque : 

Fol. 110, r° Item solebat idem dominus et sui predecessores le- 


vare commune ab omnibus habitaloribus dicte castellanie, proeter que 
a clericis nobilibus et burgensibus (sic Belvès). 


(4) Pour tous les dreits de leude ou marché, dans les bastides c'était la 
règle suivie d'une facon générale : les animaux ne payaient que s'ils avaient 
dépassé un an. (Art. 34 des chartes des bastides.) 


— 101 — 


Valeat pro quolibet homine commune causa... xir denarios. 
Pro quolibet pare bovum..................,,,........ xu denarios. 
Pro quolibet equo seu equa ferratis sarcinam 


DOANTIDUB: Si et aurais ren «Vi denarios. 
Pro quolibet azino seu azina............., idee nn denarios. 
Pro qualibet vacca seu jurgo habita plus que de 

UDO ARNO: ae ados A ii denarios. 

Pro quolibet porco, nisi lactel.........,..,,..... unum denarium. 
Pro quatuor ovibus seu capris............,....., unuin denarium. 


Hoc tenorc commune solutum et levatum fuit etiam post novam 
populationem usque ad annum Domini millesinum quadringente- 
simum septuagesimum, etc., etc. 


Il. — LEUDE OU DROITS DE MARCHÉ, DE BOUCHERIE 
ET A L'OCCASION DE CERTAINES INDUSTRIES 


A la page 152 et 153 de notre Histoire de la Châtellenie de Bel- 
vés (tirage à part) nous avons constaté que les droits de marché 
ou leudes se partageaient entre les consuls et l’archevéque de 
Bordeaux, mais nous déclarions ne pas en connaître le tarif. 

Or, le manuscrit Philipparie nous permet de combler cette 
lacune pour le xv° siècle. Nous traduisons ce passage du car- 
tulaire : 


Fol. 29, vo, in medio : 

De même on afferme la leude de Belvès, par les officiers du dit 
seigneur et noble Gaston de Verdon de Belvès, ordinairement pour 
chaque année 60 sous, quelquefois plus, quelquefois moins, et cette 
leude est levée, pur droit du seigneur, les jours de samedi et de 
marché, sur les objets et choses portés sur les registres et terricrs 
anciens, dans lesquels il est écrit ce qui suit : 

Ainsi le dit seigneur, sur chaque homme du dit lieu, qui le jour 
de marché apporte pour vendre, au marché, sur la place de Belvès, 
du sel, une paumée. 

De mème si un foreanus ou étranger porte pour vendre du sel au 
marché sur la place (fol. 30, r°) au mème lieu, le seigneur a de même 
une paumée (1) de sel et en plus la quantité de sel contenue dans les 
deux mains jointes. | 


(1) Dans le texte y a bien salmatam (saumée, charge), mais par comparai- 
son avec le paragraphe précédent, nous pensons qu'il faut suppléer un pet 
traduire par paumése. 


— 102 - 

De même sur les merviers forains et marchands de chaussures, 
qui dressent el placent une tente sur la place du dit lieu, le jour du 
samedi, au marché, un denier. 

De même ledit seigneur archevèque, le jour de samedi et de mar- 
ché, a, à titre de leude, sur tout roussin ou jument vendus ct pour 
chacun six deniers. 

De mème pour l'âne ou l'ânesse, vendus, il a pour chacun un denier.. 

De même sur un bœuf où vache, ou mulet, vendus au marche, il a 
sur chaeun un denier. 

De mème pour le pore et la truie et la brebis, vendus au marché, 
et pour chacun uue obole. 

De mème il préléve sur chaque charge de fer vendu là, un denicr. 


DROITS DE BOUCHERIE 


De mème le dit seigneur archevèque à et reçoit pour chaque porc 
tuc dans les bancs vu boucheries de Belvès deux deniers. 

De même pour chaque bœuf, tué là, il a 4 quatre deniers. 

De mème pour moulon, brebis ou chèvre, et pour chaque animal 
Lué la, un denier. 

De mème pour une conche (1) de blé, et pour loute autre mesure 
grande ou pelite. 

Blanc d'un quart de page. 

Et plus bas fol. 30 v° in fine : de mème le dit seigneur, de toute 
antiquité, chaque année, à la fête de la Nativilé de Notre-Seigneur, à 
Pâques, à la Pentecôte et à la Bienheureuse Marie d'Août, et à la 
fête de tous les Saints, perçoit de chaque fabricant d'huile travail- 
lant au dit lieu ou dans le castrum de Belvès, douze deniers cadur- 
cions (2) ;........ (43) 


(1) Mesure du blé qui à Bayonne, d'après Ducange, valait 54 livres. 

(® Le sou caorcens valail la moitié du sou tournois, d'après M. de Wailly 
0 fr. 4493, le sou tournnis valant O0 fr. 89%6, et partant les deniers tournois el 
caorcens présentaient la mème différence de valeur. 

(3) Les points représentent une phrase de quelques lignes dont quelques 
mots sont difficiles à lire et dont l'interprétation me parait la suivante : le texte 
aprés avoir rappelé une espece de droit de patente sur les fabricants d'huile, 
ajoute : « EU je crois qu'il dut être entendu de mème pour toutes les choses 
» qui par fraude seraient aliénéex à jamais, hors la juridiction, au préjudice 
»+ du seigneur, et les diminutions de sa juridiction ou de son domaine en pro- 
»* poilion de la diminution subie », l’auteur de ces actes, à cause de perles 
qu'il infligeait au seigneur, avait à subir une taxe proportionnelle à la dimi- 
nulion des droits subis pur le seigneur. 


— 103 
Des meules en pierre ét pour moulin, il est d'usage, à leur sortie 


de la juridiction, et pour chaque meule de prélever douze doniers. 
[fol. 30 ve, finis]. 


IT. — DOCUMENT INTÉRESSANT BIGARROQUE. 


Sequuntur Jura et Deveria debita pro pedatgio et leuda de Biga- 
ruppe. 

Ici sont énumérés les droits et les redevances dues pour 
péage et leude à Bigarroque. 

Ce catalogue du péage de Bigarroque nous est connu par 
deux copies ; l’une est dans le cartulaire de Philipparic (B. N. 
Nouvelles acquisit. lat., n° 1922), fol. 183 v°, 184, 185, 186 et 187 
du dit cartulaire, et l’autre, dérivée de la précédente se trouve 
aux Archives de la Gironde, G 190, et provient de l'archevéché, 
car elle porte les indications, suivies dans le classement des 
archives de ce fonds (cab. 6, étag. 8, liasse 2, n° 2). Voici son 
intitulé : 

Ancienne pancarte des droits de péage de Bigarroque, prise dans 
un livre des archives de l'archevèché de Bordeaux, lequel livre com- 
posé de 243 feuillets de parchemin et écrit en caractères anciens, 
contient plusieurs titres en latin en faveur du dit archevèché depuis 
1458 jusqu’en 1489. C’est pour lors et aux feuillets 183 ve, 183, 185, 
186 et 187 dudit livre que fut transcrite ladite pancarte, laquelle est 
ici fidèlement copiée, sauf deux ou trois mots laisses en blanc, qui à 
cause de l’ancienneté des lettres n'ont pu être lus, 


Nous suivrons pour notre texte le carlulaire Philipparie, 
tres facile à lire, et bien que nous ne soyons qu'un paléogra- 
phe fort ordinaire, nous n'avons pas trouvé les diflicultés qui 
avaient arrêté l’auteur de la copie. G. 190. 

Philipparie, dans le terrier consacrée aux chätellenies de 
l'archevèque de Bordeaux en Périgord, décrit ainsi le castrum 
de Bigarroque :fol. 108). (La traduction qui suit est littérale.) 

Le castrum remarquable de Bigarroque est tout près du fleuve de la 
Dordogne, situé dans une position élevée ; le dit castrum avait été 
ès important ; ïl y avait deux tours et un grand nombre d'habila- 
tions, à savoir 160 feux ou environ,une porte avec barbacane y con- 
duisait: dans une autre barbacane du castrum 8e trouvait la convena- 
ble chapelle du bienheureux Blaise. 


— 104 — 

Bigarroque élevée au haut du rocher avait entre autres dépendances 
l'abbaye de ('adouin, le monastère de St-Cyprien, le lieu de Cioraco (1) 
et les castrum et localité de Campagne qui relevaient de l'archevèque 
de Bordeaux, à cause de son castrum de Bigarroque. 


Sans avoir à suivre les confrontations de la châtellcnie de 
Bigarroque avec les scigneuries voisines, parfaitement éta- 
blies par le carlulaire de Philipparie (fol. 111 v°, à 115 v°), 
remarquons que la chàtellenie comprenait, comme de- 
pendances (fol. 111 v°: l'église et la chapelle du castrum de 
Bigarroque ; l'église et l’abbaye de Cadouin ; l'église de la 
Salvetat de Cadouin, l'église de Cabans unie à celle de 
Bigarroque ; l'église du Coux ; l'église de Mouzens ; l'église 
de St-Cyprien; l'église de Castillo Castel) ; l'église de Rei- 
ynac ; l'église de la Chapelle ; l'église de Lussac ; l'église de 
Campagne ; l'église de Catherna, c'est-à-dire la cappellu 
Sancti Georgii de Catherna, à Vextrémité de la commune du 
Coux, à l’est des Constancies et qu'on connaissait autrefois 
sous Je nom de la Cadène St-Georgrs, aujourd’hui St-Georges 
tout court. 

Quoi qu'il en soit de cette énuwnération, le Cartulaire tixe 
très exactement les confronlalions et l'étendue de la châtel- 
lenie de Bigarroque : celle-ci forme un long territoire de 
l'ouest à l'est; à l'est le territoire est au nord de la Dordogne ; 
ce fleuve forme limite au sud et sépare la chätellenie de 
Bigarroque, de la châtellenie de Bcrbiguiéres et de la paroisse 
de Niorac-de-Belves ; au nord du fleuve le territoire dépen- 
dant directement ou indirectement de Bigarroque s'élève 
plus où moins haut, Suivant une démarcalion que Philipparie 
donne avec grand soin ct qu'on retrouve facilement sur la 
carte d'état-major. 

En face de Castelreal, à partir du bout de Siorac et au 
ruisseau qui en découle (2), le terriloire de Bigarroque oc- 


(1) S'agit-il de Siorac-de-Belvès ? Il formail bien un fief relevant de l'arche- 
véque de Bordeaux; mais il n'était pas de la châtellenie de Bigarroque, 
comme cela est établi au folio 119 v*, puisqu'on y dit que la Dordogne sépare 
la paroisse de Siorac de la châtellenie de Bigarroque : il s’agit ici de Cieurac. 

12, La séparation suivait un chemin venant de Castelréal, el descendendo ab 
indé usque ad Gorzam seu abissinum vocalum del boch de Paracol facientem 


— 105 — 


cupe sur uue certaine étendue les deux rives de la Dordogne, 
et, bientôt, il s'étend exclusivement au sud du fleuve, qui 
forme sa frontière au nord. 

Sans que nous ayons à entrer dans plus de détails, on voit 
donc que ce territoire se prêtait à l'établissement de lignes 
de douanes terrestres ou fluviales. 

Le Seigneur archevêque de Bordeaux n’a pas manqué, 
soit de les établir, si elles n'existaient pas avant lui, soit de 
les maintenir, si elles existaient, au moment où il devint 
seigneur de Bigarroque ; nous croyons plutôt à cette hypo- 
thèse, tant les douanes terrestres et fluviales remontent loin 
dans le moyen âge. Notre document qui ne nous fournit, sur ce 
point, aucune indication, nous fait seulement connaitre le 
tarif de ces douanes intérieures ; nous en éludierons les dis- 
positions, en suivant l’ordre même des paragraphes. 


I. — PÉAGE POUR LE SEL. 


1. Et primo de navata salis que deducitur ultra Sanctum Cyprianum 
percipiuntur quatuordecim palmate et vu denarii monete currentis. 

2. De navata vero que debetl remanere in Sancto Cypriano vel citra 
recipiuntur septem palmate salis tantum et nichil precium {(1. 190, 
ajoute : sumilur, adjonction inutile. 

3. Item de qualibet salmata salis que deducitur per terram 
uhicumaque ducatur, percipitur una palmata salis. 

4. Attamen habitatores castri et castellanie ile l'igarrupe, si appor- 
tant sal per terram vel per aquam apud Bigarrupem et ibi ven- 
dant illud, michil solvunt ; sed si extrahunt indè solvent ut supra, 
et si vendiderint ibidem solvel qui emit et extrahet de loco predicto, 
sed de sale necessario alicui pro usu domus sue, ubicumque portetur 
etiam extra castellaniam de Bigurupe, non solvitur pedatgium,; in 
hoc tamen et actendenda conditio illius qui emit, quia si emit ut 
revendat, vel inde sulet seu saliet carnes quas et post modum vendi- 
turus, solvet pedatgium ut supra. 


divisionem inter juridictioncm de Bellovidere et castellouiam de Bigarrupe ct 
descendendo, per dictum rivum de Paracol usque ad flumen Dordonie qui 
rivus etiam facil divisionem inter juridictionem de Bellovidere a parte ecclesie 
de lalayraco et juridictionem de Bigarupe a parte loci de Cicuraco ff. 13, 
comp. f. 159 v:) il’aracol gorga ou rivus ne sctrouve pas dans le Dictionnaire 
topographique de M. de Gourgues.) 


— 104 — 


Le sel venait d’une façon géncrale du bas de la rivière et la 
remontait, s'il était transporté par bateau ; baleau auquel, 
semble-t-il, on réservait le nom de navela ou navata (1), 
bateau qui devait avoir une contenance déterminée, puisque 
le droit était invariable ; et si le bateau allait au-delà de St- 
Cyprien, c'est-à-dire sortait de la châtellenie, on percevait 14 
paumtes de sel : la paumée était la quantité de sel que l'on 
peut contenir dans une main (2) et en plus sept deniers de 
monnaie courante. Qu'était cette monnaie courante ? On 
hésile à penser au denier tournois, car dans notre pancarte, 
toutes les fois qu'on fixait Ie droit à percevoir en monnaie 
tournois, on l'exprime (soit formellement, soit en abrévia- 
tion). Peut-être la monnaie courante élait-elle ici la monnaie 
bordelaise. Ce denicr valait les 2/3 du denier tournois ; c’esl 
le denier visé dans la pancarie annexée à l'ordonnance de 
1456 sur les péages. 

Tel est le sens du $ 1. 

Le $ 2 suppose que la navala, chargée de sel, remonte au 
plus haut à St-Cyprien où s'arrête avant; on ne percoit pour 
cette navala que sept paumées de sel, sans aucune redevance 
en monnaie. 

Cette différence entre les marchandises transportées dans 
la châtellenie ou au-delà, que l'on frappait de droits diffe- 
rents, montre la préoccupation qu'on avait de constituer des 
faveurs fiscales aux habitants de la châtellenie. 

Nous retrouvons cette pensée dans un grand nombre de 
nos articles. 

Le $ 3s'occupe de l'entrée du sel par terre dans la châtel- 
lenie ; le sel y eutrait charge sur des animaux, probablement 
sur des ânes et par subnalu, Saumée, charge ainsi dénomn- 
mée du nom qu'on donne vulsairement à l’anhnal sawno 
(comp. Ducange, v° salmata'; on percevait sur le sel, en quel- 
que lieu qu'on voulût le conduire et par saumée, une pau- 
mée de sel. 

Le $ 4 organise des privilèges pour les habitants de la chà- 


(1) Comp. Ducange v° Navela et exemple de 1283. 
(2) Voir Ducauge ve Palmata salis, 


0e 


tellenie, faveurs fiscales que la traduction de ce paragraphe 
nous fera exactement connaître. 


Cependant les habitants du castrum el châtellenie de Bigarroque, 
s'ils apportent du sel par terre ou par eau à Rigarroque n'ont rien à 
payer, mais s'ils le font sortir, ils paient comme dessus (% 1, 2 ct 3, 
suivant les vas.) 

Et quand ils le vendent ici mème, auru à payer l'acquéreur qui le 
fait sortir du lerriloire; mais pour le sel nécessaire à l'acheteur, pour 
l'usage de sa maison, où qu'il le porte mème hors la châtellenie, il ne 
paiera pas le pedatgium, le droit de péage : en ceci par suite il faudra 
examiner la situation de l'acquéreur, car s'il achete pour revendre, 
ou pour suler des viandes qu'il destine à la vente, il paiera le pedat- 
gium comimne il est dit ci-dessus. 


Ces privilèges, dans l'application pouvaient ainsi donne 
lieu à de nombreuses difticultes. 


Il. — Bois DE DIVERSES NATURES. 


Notre tarif ne prévoit que le transport de deux variétés 
de bois ; les merrains, bois destinés à la fabrication des ton- 
neaux et la codre, destinée à faire les cercles de barrique. 

5. Item de uno miliari mavraminis quod onceratus ultra Sanctuin 
Cyprianum et transit per pedatgium de Bigarupe, percipiuntur duo 
solidi T(urnenses). 

6. Et si oneratur in Sancto Cipriano vel cilra duodeciin denarios T. 

Et si non sit ibi miliare, vel forte sit plus perecipitur pro rata ad 
formum predivctum. 

7. Item de uuo miliari coldre apportate de supra Sanctum CGypria- 
num percipiuutur duodecim denarii T, de Saneto Cipriano vel citra, 
vi, vel juxla formum predictum, si sit ibi plus vel minus. 

La traduction suitit à expliquer la disposition, en se rap 
pelant la préoccupation de faire un privilège pour la châtel- 
lenie. 

Pour un millier de merrain chargé au-delà de St-Cyprien et tra- 
versant le péage de Bigarroque, on percevra deux sous tournois (5). 

S'il a été chargé à St-Cyprien ou en-deçà, douze deniers tournois, 
soit un sou tournois. 

Et s'il n°y en a pas un millier, ou s'il yen a plus d’un millier, 
Suivant le nombre, en suivant le taux indiqué. 

De même pour un millier de coldre apporté d'au-delà St-Cyprien 


— 108 — 


on perçoit (douze deniers tournois) et apporté de St-Cyprien,ou en-deçà 
six deniers, et d’après ce taux s'il y en a plus ou moins. 


Retenons la faveur faite par le tarif du péage, aux habi- 
tants de lachâtellenie ; et que la valeur des merrains était le 
double des coldres (bois de chätaignier exploité en taillis.) 


III, — DES BATEAUX TRANSITANT PAR BIGARROQUE. 


8. Item de nave molendinaria vel corallo de novo factis supra 
Sanctum Cyprianum, transeuntibus per aquam ante Bigarupem. 
Causa vendendi vel inferius remanendi percipiuntur dun solidi. 

De faclis vero in Sancto Cipriano vel citra percipiuntur x1r denari 
T(urnenses.) 

9. Item de gabarra nova facta supra Sanctum Ciprianum tran- 
seunte ante Bigarupem ex causa predicta percipiuntur duodecim 
denarii. 

De gabarra vero facta in Sancto Cipriano vel citra percipiuntur 
sex denarii turnenses (sic). 

10. Sed sciendum est quod si talis navis corallus vel gabarra 
nove transeanl onerate cum aliquibus mercaluris tunc adoptabil 
pedacgiarius, aut velit percipere de tali vase novo pedalgium, vel de 
mercaturis que portantur in eo, et alterum vel vas aut mercalure 
remanebit liberum «a solutione pedatgii. 

8. Sur le bateau meunier ou coral, fait nouvellement, au-dessus de 
St-Cyprien el passant par eau à Bigarroque, pour vente ou pour un 
séjour plus long, on percevra deux sous. 

S'il ont été faits à St-Cyprien ou en-decà on ne percevra que xl 
deniers tournois. 


On voit ici la préoccupation de favoriser la châtellenie. 


9. Sur la gabarre nouvellement faite au-dessus de St-Cvprien el 
passant à Bigarroque pour les causes ‘dessus dites, on percevra 
douze deniers; mais sur la gabarre faite à St-Cyprien ou en-deçà, on 
ne percevra que six deniers tournois. 

10, Mais il faut savoir que si un semblable coral ou gabarre 
passent neufs chargés de quelques marchandises, dans ce cas le 
douanier jugera s'il vent percevoir sur ce semblable transport 
nouveau, ou bien sur les marchandises chargées sur lui, et, dans 
ce cas, l’autre objet, soit le bateau, soit la marchandise, restera 
exempt du droit de péage. 


— 109 — 
[V. — VIN, BLÉ. 


11. Item de dolio vini onerato et apportato de loco supra Sanectum 
Ciprianum percipiuntur quatuordecim denarii Tiurnenses:. 

De onerato et apportato de Saneto (‘ipriano vel citra percipiuntur 
septem denarii T(urnensesi. 

12. Item de salmata vini portata per aquam de supra Sanctum 
Ciprianum et uno sextario bladi, et pro qualibet salmatu vini et pro 
quolibet sextario bladi percipiuntur duo denarii T(urnenses). 

De Sancto Cipriano vel citra pereipiturunus denarius. 

13. Item de qualibet salmata vini et quolibet sextario bladi partato 
per terram percipilur unus denarius T'urnensis). 

Idem de salmata rase. 

11. D'un tonneau de vin, chargé et apporté d'une localité, d’au-les- 
sus de St-Cyprien, on percevra 14 deniers lournois. 

S'il est chargé et apporté de NSt-Cvprien ou en-deçà, on percevra 
sept deniers tournois. 

12. Pour saumée de vin, apportée par eau d'en amont de St-(:v- 
prien et pour un selier de blé, pour chaque saumée de vin, et pour 
chaque setier de blé on percevra deux deniers tournois. 

Apporté de St-Cyprien ou d'en-decà, on percevra un seul denier. 

13. De chaque saumée le vin, et de chaque setier de blé, apportés 
par terre, on percevra un denier tournois, de mème d'une saumée 
complète. 


V. — MEULE DE MOULIN. 


14. Item de molà molendini in medio perforala, si apportetur supra 
Sanctum Ciprianum, percipiuntur duo solidi : de Sancto Cipriano vel 
cilra xu denarii. 

De molâ non perforata nihil percipitur. 

44. De la meule de moulin, percée en son milieu, si elle est appor- 
tée d'en amont de St-Cyprien, on percevra deux sous, Apportée de 
St-Cyprien ou d’en-decà, douze deniers. 

La meule non percée ne paie rien. 


La perforation de la meule lui donne la valeur, en la ren- 


dant propre au service; et c'est une opération délicate qui 
entrainait la rupture d'un grand nombre. 


VI — HUILE. 


15. Ilem de salmata oleii apportata per aquam de supra Sanclum 
Ciprianum, percipiuntur octo denarii ; de Sancto Cipriano vel citra 
percipiuntur quatuor denarii, 


=). 


16. Item de salmalu oleii apportata per terram undecumque veniat, 
percipiuntur quatuor denarii. 

19. D'une saumés d'huile, apportée par eau, d'en amont de St- 
Cyprien, on perçoit huit deniers ; de Nl-Cvprien ou d’en decà on 
perçoit quatre deniers. 

16. D'une saumée d'huile, apportée par terre, d'où qu'elle pro- 
vienue, on percevra quatre deniers. 


VII. — DES porcs. 


13. Item de porce salso de supra Sanctum Ciprianum apportato 
per aquam, percipiuntur duo denarii. 

De Sancto Cipriano vel eit.a percipitur unus denarius, et si appor- 
tetur per terram, undecumque veniat, percipitur unus denarius. 

18. Item si unum animal portet plus quam quatuor porcos non 
solvuntur pro tota carga, nisi quatuor denarios (sic), 


Pour un porc salé, apporté par eau d'en amont de Saint- 
Cyprien on percoit deux deniers. 

S'il est apporté deSt-Cvprien ou en deca, un seul denier. 

S'il est apporté par terre, d'où qu'il vienne, on percoit un 
denier. 

Si une bèle transporte plus de quatre porcs, on ne perçoit 
pour toute la charge que quatre deniers. 


VITT. — MARCHANDISES SE VENDANT AU POIDS, 
DRAPS, CUIRS, FER. 


19. Item de qualibet salmata seu carga rerum que vendnntur ad 
pondus, item pannorum, corii cordoani percipiuntur quatuor denarii ; 
de cargà ferri de ferro percipinntur duo denarii ; de cargâ operis 
ferrei seu ferri operati percipiuntur quatuor denarii. 

De chaque saumée ou charge de choses, qui sont vendues au poids. 
de même des draps, des cuirs pour cordonniers, on perçoil quatre 
deniers. Sur la charge de fer brut, on perçoit deux deniers ; d'une 
charge de fer forgé ou ouvré on perçoit quatre deniers. 


IX. — MERCIERS ET COLPORTEURS. 


20. Îlem mercerii el colerii portantes ad collum res venales, que 
solvunt et solvere consueverunt pedatgium, solvunt obolum ; mercerii 
eum animali portantes merces solvunt unum denarium. 

Sed si mercerii seu collerii portantes ad collum gequantur mercata 


— 111 — 


de quindecim in quindecim diebus, non plus solvent quam unum 
obolum. 

Portantes vero cum animali merces non plus solvunt quam unum 
denarium infra quindecim dies, nisi augmentaverint in oncribus : 
mercalturarum suarum. 

21. Item de petia panni integra, que non est in cargû, pereipitur unus 
denarius et le escaces sive frustro pannii pereipitur unus obolus. 

De même les merciers et les colletiers portant, suspendus au cou, 
les marchandises à vendre, qui paient suivant la coutume les droits 
de péage, paieront une obole. Les merciers, portant les marchandises 
avec un animal, puieront un denier. 

Ces droits frappent le marchand lui-méme, sans préjudice des 
droits auxquels, les marchandises peuvent être soumises. 

Cependant, si les merviers et colporteurs, portant suspendus au cou 
les marchandises, suivent les marchés de quinzaine en quinzaine, ils 
ne paieront qu’une obole. 

D'ou il suit, qu'à Bigarroque les marchés avaient lieu tous les 
quinze jours probablement ; on dégrevuit ainsi les marchands, habi- 
tués de ces marchés, du droit des marchandises apportées qui ne 
payaient le droit qu'une fois : c'était une mesure de nature à assu- 
rer la prospérité de ces marchés ; et les marchande, dans cette même 
hypothèse, qui portaient les marchandises avec un animal n'ont plus 
à payer qu'un denier dans les quinze jours, à moins qu'ils n'aient 
augmenté l'importance de leurs marchandises. 

Pour une pièce de drap entière, qui n’est pas comprise dans la 
charge, on perçoit un denier; et des fragments ou restant de pièce 
on paiera une obole. 


X. — CHAUDRONS ET AUTRES GRANDS VASES DE FER, D'ÉTAIN 
OU D'AUTRE MÉTAL ; VASES PLUS PETITS. 


22. Item de cargà calderiarum et aliorum grandium generum vaso- 
rum, ferreorum, stagnorum, seu metalli percipiuntur quatuor denarii. 

Et de qualibet petia dictorum vasorum, si portatus ad collum vel 
supra animal, nisi qui facit ea portari velit solvere ut supra pro 
cargâ, percipitur unns denarins,. 

23. Item de qualibel cargà aliorum minutorum vasorum ferreorum 
vel allerius metalli percipitur unus denarius. 

De qualibet petia dictorum vasorum minutorum. 

Si portetur. ad collum et tale vas constiterit plus quam duodeeim 
denarii, percipitur unus obolus ; sed si vonstiterit x11 denarii tantum 
vel minus nihil solvitur pro illo. 


— 112 — 


21. Item de salmata ollarum el crugarum percipitur nnus pitalphus; 
de cargà unius hominis portantis ad collum, si carga valeat ultra 
duodecim denarios, percipitur unus obolus, alias nihil. 

Dans ces articles on s'occupe des objets grands ou petits, qui ser- 
vent dans les maisons. 

Par charge de chaudrons et d'autres grandes espèces de vases de 
fer, d'étain, on d’autre métal, on perçoit quatre deniers. 

Pour chaque pièce de ces dits vases, portée à dos d'homme ou sur 
un animal, à moins que celui qui les fait transporter ne veuille 
paver, comme il est porté ci-dessus pour une charge, pour cha eun de 
ces vases on paiera un denicr. 

Pour chaque charge des autres vases pelits, de fer ou d'autre mélal, 
on percoitun denier. 

Et pour chaque unité de ces vases petits, si on les porte à dos el 
que ce vase vaille plus de douze deniers, on paiera une obole ; cet s'il 
vaut douze deniers seulement ou moins, on ne paiera rien pour lui. 

Pour les saumées ou charge des oules et des cruches, on prerçoil 
un pitalphus (1), c'est-à-dire un vase à mettre le vin. 

Pour la charge d'un homme portant ces objets sur le dos, si la charge 
vaut au-delà de douze deniers, on percevra une obole, autrement 
rien. 


XI. — PoISSONS SALÉS ET POISSONS FRAIS. 


20. [tem de curgà piscium salsorum vel recentium percipiunlur 
quatuor denarii, et si portentur ad collum percipitur unus obolus ; 
et de quolibet salmone percipitur unus denarius et de duodenaa 
colagorum percipiuntur quatuor denarii. 

Par charge de poissons frais ou salés on paiera quatre deniers: Si 
on les porte sur le dos, on percevra une obole, et pour chaque saumon 
(très abondant dans la Dordogne avant la confection du barrage de 
Mauzac) on paicra un denier, el pour une douzaine d'aloses on per- 
cevra quatre deniers. 


XII. — ANIMAUX VIVANTS. 


26. Item de porco uno vel sue emptis vel causa vendendi duclis, 
percipitur unus obolus ; 

De ove, irco, vel caprà percipilur unus obholus ; 

De asino vel asina percipiuntur quatuor denarii, et si asinus vel 


(1 Ducange. Ve Pitalphus : vas vinarium. 


— 113 — 


asina vendantur in caslellania de Bigarnpe percipiuntur a vendente 
quatuor denarii et tolilem ab emptore quotiens vendalur : 

De bove, vel vacca percipitur unus denarius ; 

De equo, ronsino vel equa, si fnerint ferrali percipinntur sex de- 
narii ; 

Pulli lamen et pullae aut animalia aliu subgentia vel seqnentes 
matrem, nihil solvunt. 


Cet article tranche avec les autres : il n’est pas relatif au 
péage, à la douane de Bisarroque, mais il organise un droit 
de marché, perçu sur les divers animaux, qui y seront aine- 
nés. Ce tarif, bien qu'il ne soit pas identique aux règles 
posées dans les chartes des bastides (art. 34 des droits types 
des bastides : voir Bastides du Périgord, par M. Vigié), présente 
avec celles-ci bien des analogies ; c'était donc là des règles 
qui remontaient à plus de deux siècles en arrière de l’époque 
où notre copie a été dressée, et très probablement le docu- 
ment que nous analysons doit ètre fort ancien. 


Voici ces dispositions assez curieuses par certaines parti- 
cularités : 


Sur chaque porc ou truie, achetés, ou conduits pour êlre vendus, on 
percevra une obole ; 

Pour une brebis, bouc ou chévre on percevra une obole ; 

Pour un âne et une ânesse, on percevra quatre deniers, et si l'âne 
ou l’ânesse sont vendus dans la châtellenie de Bigarroque, on perce- 
vra du vendeur quatre deniers, et autant de l'acquéreur toutes les 
fois qu’il vendra à soa tour. 

Pour le bœuf et la vache, on perçoit un denier (1) ; 

Pour un cheval, roussin ou jument s'ils sont ferrés, on perçoit six 
deniers ; 

Les poules et poulets et autres animaux, suivant leur mère, on ne 
paie rien. 


(1) La différence du tarif entre les ânes et les bœufs cet certaine : la lecture 
du cartulaire est certaine, et on retrouve plus bas ce taux de un denier pour 
le Læuf ; on ne peut tenter aucune explication avec certitude ; il esl remar- 
quable que dans les chartes des bastides {art. 34) on trouve une différence 
analogue, mais moins forte : bœuf ou vache { denier ; fine el ‘inesse deux 
dehiers. 


8 


— 114 — 
XIII — VITRES. 


27. Item de collerio portante vitra ad collum percipitur unurn par- 


vum vitrum ; 

Sed de vitris portalis supra animal percipitur unum magnum 
vitrum. 

Avec cet article nous revenons au tarif de péage. 

D'un colporteur portant sui le dos des objets en verre, il est perçu 


une vitre petite. | 
Pour les objets en verre portés au moyen d'un animal, on percevra 


un grand objet. 


Dans les bastides le régime était un peu différent. Sur la 
charge d’un homme portant de la verrerie, on percevait soil 
un denier soit un objet en verre valant un denier fart. 34, 
charte des Bastides). 


XIV. — PEAUX. 


28. Item de pelle royra percipiuntur duodecim denarii, vel ipsa 
pellis, nisi portans velit solvere duodecim denarios luron(enses). 

Pour des peaux tannées on perçoit au choix douze deniers ou une 
peau, à moins que le marchand ne préfère payer douze deniers lour- 


nois. 


XV. — CHATAIGNES ET NOINX. 


29. Item de salmata castanearum vel nucium apportata per aquam 
de supra Sanctum Ciprianum apportata, percipiuntur duo denari ; 

De citra Sanctum ('iprianum apportata percipitur unus denarius ; 

Et si portetur per terram, undecumque apportetur, percipitur pro 
qualibet salmata, unus denarius. | 

Pour une charge de châtaignes ou de noix apportée par eau d'en 
amont de St-Cyprien, on perçoit deux deniers. 

Si elle est apportée d'en deçà de St-Cyprien, on perçoit ‘un denier ; 

Et si elle est entrée par terre, d’où qu'elle vienne, on perçoit pour 
chaque charge un denier. | 


XVI. 


30. Item de salmala mullorum apportata per uquam de supra 
Sanctum Ciprianum percipiuntur octo denarii ; 
De citra Sanctum Ciprianum apportata, percipiuntur quatuor de- 


naril ; 


— 115 — 
Et de asportata per lerram, undeeumque apportetur, pro qualihet 
salmata percipiuntur qualuor denurii. 


Bien que le mulet, quadrupède, ne soit pas mentionné 
dans notre tarif, eu egard à la maniére dont s'exprime le 
rédacteur, nous pensons qu'il s'agit ici de certaines varielés 
de poissons désignées sous le nom de mulet. (Voir Ducange, 
vo mullo, mullus, et v° mulos, mullus.) 

En conséquence, nous traduisons ainsi : 

Pour chaque saumée ou charge de mulets (1) apportée par eau, 
d'amont de St-Cvprien, on percevra huit deniers ; d'en aval de St-Cv- 
prien, on percevra quatre deniers ; et si on les apporte par terre, d'où 
qu’on les apporte, pour chaque saumée, on percevra quatre deniers. 


XVIT. — RÈGLE DE PERCEPTION POUR LE PÉAGE. 


31. Item de animali aut aliquo alio empto extra castelluniam de 
Bigarupe, pro quibus fuerit alibi solutum pedalgium vel etiam de 
aliquo alio necessario ad usum habitatoruim castri el castellanie pre- 
dictarum, non percipitur pedacgium a dictis habitaloribus, nisi pro 
asino et pro asina, si emantur infra caslellaniam, quia pro illis ut 
supra solvitur, et nor pro emptis in castellaniam si remaneant ibi- 
dem praeterquam ab illis qui habitant ultra eumbam diclum de 
Aurià valle versus Sanctum Ciprianum. 


Avec l'article précédent cesse le tarif de péage de Bigarro- 
que ; les articles suivants posent des principes pour la per- 
ception du péage, et s'occupent du droit de marché et de 
boucherie à Bigarroque. 

De tout auimal, lors méme qu'il ait été acheté hors la chà- 
tellenie de Bigarroque, ct pour lesquels on aurait payé là le 
droit de péage, soit qu’il soit destiné à l'usage des habitants 
du castrum et de la châtellenie, on ne Îera pas paver le péage 
aux dits habitants, si ce n’est pour l'âne ou pour l'âänesse, si 
on les achète dans la châtellenie, car pour ceux-ci on paiera 
comme il est dit ci dessus (soit # deniers), et non pour ceux 
achetés dans la châtellenie, s'ils y restent, à l'exception des 
personnes habitant au delà de la comhe dite d’Aurival vers 
Saint-Cyprien. 


(1) Probablement salé. 


— 116 — 


Cette combe d'Aurival est mentionnée dans le Dictionnaire 
lupographique dans la commune de Mouzens; c'était à partir de 
là un territoire vers Saint-Cyprien, qui faisait bien partie de 
la châtellenie de Bigarroque, mais que l'on considérait, com- 
me terre ctrangère, ct on la privait de certains avantages 
réservés à la châtellenie et à ses habitants. 


32. Item de aliqua re comestibili vel alia, empta vel vendita, per 
aliquem de castellania, praeterquam per dictos habitatores ultra 
cumbam de Aurea valle, si emptor velit ad usum suum et domus sue 
nichil solvitur pro pedatgio vel leyda ubicumque portelur infra 
castellaniam, nisi de asino seu asinâ pro quibus omni die solvitur 
pedatgium seu leyda. 

Pour chose comestible ou tout autre, achetée ou vendue, par quel- 
qu'un de la châtellenie, à l'exception desdits habitants au-delà de la 
combhe d’Aurival, si l'acheteur la déclare pour son usage ou celui de 
sa maison, il n’y aura rien à parer, pour péage ou droit de marché, 
où qu'il la transporte dans l'intérieur de la châtellenie, à moins qu'il 
ne s'agisse d’un âne ou d'une àânesse pour lesquels en tout temps on 
paie le péage et la leude. . 

33. [em quicumque emerit bladum vel vinum aut alias mercaturas 
ad revendendas, et extrahat de castellania solvit pedacgium et leydam 
quacumque die emerit. 

Quiconque achète blé ou vin, ou autres marchandises pour la 
revente el les fasse sortir de la châtellenie, il aura à payer le péage et 
la leude quelque jour qu'il ait acheté. 


XVIII. — Drs juirs. 


34. Item Judeus transitum faciens per pedatghariam castri et ras- 
tellanie de Bigarupe solvit duodecim denarios, et judea totidem ; et 
si Judea sit pregnans solvit duos solidos. 

Cette règle manque de libéralisme, elle est lraditionnelle dans les 
péages, et on la rencontre dans beaucoup de leurs tarifs. 

Le juif qui traverse les lignes de péage du castrum ou de la châ- 
tellenie de Bigarroque, paye douze deniers (un sou); la juive en paie 
autant, ct si la juive est en état de grossesse elle paiera deux sous. 


XIX. — CONTENTIEUX DE PÉAGE. 


35. Item si super aliis tantum et de pedatgio forte oriatur dubium 
recurritur ad pedatgarios et sapientes de Limolio et levatur pedat- 
gium, sicut ipsi consueverunt levare, vel sicut ipsi consulunt, et 


rite 
similiter illi de Limolio recurrunt in dubio ad pedatgiarios el su- 
pientes de Bigarrupe. 

Notre disposition, bien qu'elle ne constitue pas une ga- 
rantie bien sérieuse pour les redevables, présente un certain 
libéralisme, puisque le redevable, au licu de voir la difficulté 
portée devant les juges de l'archevèque de Bordeaux, la 
voyait soumise à des personnes qui ne reclevaient pas de lui. 

Si, à l’occasion de ces matières seulement et à l'occasion du péage, 
un doute venait à se produire, on avait recours aux péagers et aux 
prud'hommes de Limeuil, et le péage était perçu, suivant la coutume 
suivie par eux, ou bien suivant leur decision; et de même les em- 
ployés du péage de Limeuil, en cas de doute sur la perception 
avaient recours aux péagers et aux prud'hommes de Bigarroque. 


XX. — DROITS DE BOUCHERIE. 


Avec l’article 36 est fixé le droit de boucherie. 

36. Item de bove, vacca, porco vel sue ad macellum de Bigarupe ct 
in castellania vendili, percipitur pro leyda a vendente unus denarius, 
pro quolibet animali et de quolibet alio animali in dicto macello 
vendito prœterquam de agno cdullo et porcello subgentibus (1), 
percipitur uaus obolus pro leydà. 

Le tarif est très simple pour tout bœuf, vache, pore ou truie, 
vendus à la boucherie de Bigarroque et dans la châtellenie, on per-- 
cevait à titre de leude du vendeur un denier ; pour tout autre animal, 
et quelqu'il fât vendu à la boucherie, sauf pour les agneaux, che- 
vreaux et cochons de lait, suivant leur mere, on percevait à uütre de 
leude une obole. 

Cet article permet d'affirmer qu'il v'avait à Bigarroque une 
boucherie ou mazel, que lParchevéque louait ou concédait à 
fief à un boucher ; il est douteux que ce füt là un monopole 
organisé : tout habitant pouvait tuer et vendre en payant la 
leude (Comp. les Bastides du Périgord). 


XXI. — DROITS DE MARCHÉ. 


Les seigueurs atlachaient la plus grande importance à l'é- 
lablissement d'un marché dans la seigneurie ; ils en reti- 


(1) Lecture certaine : G. 190, donne subjacentibus. 


— 118 — 


raient quelques redevauces, inais de multiples avantages 
eu résultaient pour les habitants. 

Notre paragraphe s'occupe des droits pécuniaires du sei- 
gncur à l'occasion du marché et qu'on appelait deverium 
ou leydu. 


37. Item sciendum est quod de cunctis animalibus, vivis, venditis 
in castro et caslellanie de Bigarupe a die lune hora prima usque 
ad horam vesperorum diei mereuri, debetur domino archiepiscopo 
deverium seu Ilcyda, prout supra dietum est, de animalibus, vivis, 
venditis seu causà vendendi ductis : videlicet pro uno bove, vel pro 
unà vaccà, illis diebus et horis, venditis vivis in caslro et castellania 
predictis, debetur unus denarius, pro porco vel sue aut alio minuto 
animali illis tribus diebus venditis, vivis, debetur unus obolus, et de 
uno fenario seu quatuor oneribus feni, aut de uno solo onere feni 
sou herbâ prati venditis, illis tribus diebus inter horas predivtas 
percipitur unus denarius ab emente et unus denarius vendente (finis. 
fol. 1K7.) 

Il faut savoir que de tous les animaux vivants, vendus dans k 
castrum et la châtellenie de Bigarroque, de la première heure du 
lundi jusqu'à l'heure des vèpres du mercredi, on doit au seigneur 
archevêque de Bordeaux (deverium ou leyda) un droit de leude, comme 
il est dit plus haut, sur tous les unimaux vivants, vendus, ou con- 
duits en vue de la vente : à savoir pour un bœuf ou une vache, pen- 
dant ces jours et heures, vendus vivants «dans le castrum et la chà- 
lellenie susdite, il est dû un denicr ; pour un porc, une truie, ou tout 
autre animal de petite taille, ces 3 jours, vendus, vivants, une obole ; 
ct pour une meule de foin ou quatre fardeaux de foin, ou d'an seul 
fardeau de foin ou herbe de pré, vendus, pendant les 3 jours, entre 
les heures fixées, il est percu un denier de l'acheteur et un denier du 
vendeur, 


Tel est ce tarif de péage de Bigarroque ; par les ressem- 
blances qu'il présente, sur certains points, avec les tarifs 
suivis dans les bastides, on peut présumer qu'il est beaucoup 
plus ancien que le cartulaire dans lequel il esc inséré ; il ne 
présente pas la sécheresse des tarifs de même genre, déjà 
publiés ; c'est un veritable code du péage ; aussi avons-nous 
eru utile de le faire connaître, car nous le croyons inédit. 

On remarquera que les droits ne sont ni trés forts, ni arbi- 
lraires, caractères que lPon a reprochés à d'autres tarifs de 


— 119 — 
péage de la même époque (1;. En outre, on à cherché à don- 
ner des garanties aux redevables. 

La perception de ces droits dura jusqu'à la Révolution, au 
profit du seigneur archevèque ; mais le tarif en fut quelque 
peu remanié par un arrêt du Conseil du 21 avril 1671, portant 
règlement pour les droits de péage, et application par déci- 
sion de monseigneur Daguesseau, du 21 mars 1672 (2). 

Le cartulaire Philipparie nous fait connaître quelques autres 
faits : fol. 189, v° ; nous y apprenons que le seigneur de Berbi- 
guières, vassal de l'archevêque de Bordeaux, au xv° siècle, 
s’efforçail de s'emparer du péage sur le fleuve de Dordogne, 
le long de sa terre de Berbiguières et d’usurper l'usage et 
toute utilité du fleuve, pour la plus grande partie, tant pour 
la pêche, que pour les passages et même pour les ports de 
Fourques (3) et de Picanilh. — L’archevêque avail eu des 
droits dans le port et territoire de Sori près d’Alles, juridic- 
tion de Limeuil ; ils furent usurpés par le seigneur de Li- 
meuil et l'évêque n'eut pas pour combattre cette usurpation 
des documents en forme légale (4). 

Il avait un péage à Couze (5), mais peu important, il n'était 
affermé avec la baylie que 60 sous tournois et quelquefois 
moins ([. cil.). 

Philipparie nous fait connaître (fol. 118) que de son temps 
les droits perçus au port de Bigarroque, avec le péage terres- 
tre et fluvial de toute la juridiction, étaient affermés pour 
200 livres de monnaie courante, quelquefois plus, quelque- 
fois moins. 

Tels sont sur cette malière les renseignements du cartulaire 


de Philipparie. 
A. VIGÉ. 


(1) Droits de péage et de passage dans la juridiction de Vayres et dans 
quelques autres seigneuries des bords de la Dordogne par Léo Drouyn ‘I09). 

(2) G. 19. Archives de la Gironde. 

(3) L'asurpation sur Fourques ne réussit pas et une transaction intervint 
entre le seigneur de Caumont, alors seigneur de Berbiguièrs et l’archevêque 
de Bordeaux, représenté par Philipparie (acte reçu par Jean de LBossac, no- 
taire de Belvès). 

(4) Foi. 191. 

(5) Fol. 192, ve. 


— 120 — 


LA VILLE DE SARLAT ANOBLIE PAR LOUIS XIV, 
I 


Le voyageur, qui va chercher en Périgord des sites pittores- 
ques, de beaux monuments ou des souvenirs historiques, 
n'oublie jamais de s'arrêter à Sarlat. En approchant de la 
vieille capitale du Périgord Noir, il aperçoit les coquettes 
villas que, depuis cinquante ans, on construit vers le sud, ct 
les maisons de campagne, généralement plus anciennes, qui 
s'étagent aux flancs des collines environnantes. 

Dés qu'il s'engage dans les rues étroites et sombres, il 
remarque de nombreux et vastes logis à tourelles, qui per- 
mettaient jadis d'appeler Sarlat wrbs turrata; ces logis n’ont 
plus l'animation de maisons habitées ; ils n’abritent en géné- 
ral que du pauvres familles d'artisans ou d'ouvriers ; sauf 
l'artère principale, récemment ouverte pour faire partie de la 
grand'route de Limoges à Cahors, toutes Îcs rucs sont deve- 
nues silencieuses et désertes. 

Sarlat remonte, dit-on, aux premières années de l'occupa 
tion romaine ; c'est peut-être le Pagus désigné sous le nom 
de Sarrum dans l'itinéraire d'Antonin ; les collines d’alentour 
étaient alors boistes et sauvages ; le vallon marécageux ct 
froid. 

Sarrtwm n'eut probablement qu'une existence éphémère ; 
il disparut saas doute pendant les irequentes invasions des 
barbares. Vers le temps de Charlemagne, des moines, obser- 
vant la regle de saint Benoit, prirent possession de ces rui- 
nes et des marais environnants ; ils construisirent, sous le 
vocable du Saint-Sauveur, un monastère qui devint plus tard 
une grande et prospère abbaye ; de nombreuses maisons 
s'éleverent à l'entour et formérent lentement une petite 
ville. 

En 1317, Pagglomération sarladaise avait pris assez d'im- 
portance pour que le pape Jean XXII la jugeàt digne de deve- 
nir le siège d'un évéché. Les chanoines firent bâtir de beaux 
logis, et des religieux de divers ordres fondèrent de superbes 
couvents à l'ombre du palais épiscopal. 


— 12 — 


Grâce à l'administration libérale d’une longue série de pré- 
lats distingués, la ville grandissait paisible et prospère. 

Les guerres de religion arrètèrent, vers la fin du xvi° siècle, 
les progrès incessants de Sarlat ; mais sous les règnes 
d'Henri IV et de Louis XIIL le bien-être et la richesse se 
développèrent rapidement dans toutes les classes de la so- 
ciélé ; les ruines accumulées par la fureur huguenote furent 
relevées presque partout, en moins de cinquante ans. 

Quand Louis XIV monta sur le trône (1643), la ville avait 
atteint une grande importance politique, due principalement 
à sa situation sur les confins du Périgord, du Limousin et du 
Quercy ; enserrée dans ses hautes murailles, que protégeaient 
six puissantes tours, elle ne pouvait plus contenir sa popula- 
tion ; de vastes faubourgs s'élendaient au-delà de ses quatre 
portes fortifiées. 

Les terribles désastres amenés par les guerres de religion 
étaient à peine oubliés, lorsque la Fronde vint de nouveau 
troubler la Guyenne, ruiner les villes et ravager les campa - 
gnes. 

Pendant la premiere période de cette guerre civile (octobre 
1618 à mars 1649), la révolte agita vivement Bordeaux, où le 
gouverneur de la province, Bernard de Foix et de la Valette, 
duc d'Epernon, avait soulevé, par son despotisme, l'opposi- 
tion du Parlement et la colere du peuple. 

Cette agitation se fit tres peu sentir dans le pays sarladais, 
bien que la noblesse du Périgord fût en général très attachce 
au plus illustre des révoltés, Henri de La Tour d'Auvergne, 
maréchal de France et viconte de Turenne. 

Le maréchal élait bourgeois de Sarlat ; son frère aîné, le 
duc de Bouillon, gouverneur du Limousin, résidait souvent à 
Turenne (1) dont les hautes tours dominaient les rives de la 
Dordogne. Sa vicomté s’étendait jusqu’au centre du Périgord 
Noir et son beau donjon de Montiort ‘2j se dressait à moitié 


(1) François de La Rochefoucauld, auteur des Mémoires et des Maximes. 
Né en 161%, mort en 1680. 

f2; Beau chôteau féodal récemment restauré, commune de Vitrac, canton 
de Sarlat. 


— 122 — 


distance entre Sarlat et la puissante citadelle de Domme (1). 

On sait que la paix de Rueil ne fut qu’une trêve de bien 
courte durée. Aussitôt apres l'arrestation des Princes (18 jan- 
vier 1650), le duc de Bouillon, se croyant menacé, s'était ré- 
fugié dans sa vicomté, où le duc de La Rochefoucauld alla le 
rejoindre ; le château de Turenne (2) devint alors le rendez- 
vous de tous les nobles seigneurs de l'Auvergne, du Limou- 
sin, du Périgord et du Quercv. 

La noblesse, encore imprégnée de féodalité, ne vivait que 
pour la guerre el par la guerre, vendant trop souvent ses 
services au plus offrant De nombreux gentilshommes, au 
cours de la Fronde, passèrent plusieurs fois du parti de la 
Couronne au parti des Princes, pour un grade ou pour un 
titre ; ainsi s'établirent de singulièresdivisions dans un grand 
nombre de familles. Le duc de La Rochefoucauld était un 
des chefs de la Fronde, tandis que son oncle, le baron 
d’Estissac, gouverneur du Poitou, restait fidèle au Roi. Ar- 
mand Du Lau servait Condé ; son frère Isaac servait la Cour. 
Nous verrons François de Chavagnac gouverner Sarlat pour 
les Frondeurs, pendant que son frère, Gaspard, après avoir 
servi les Princes, conmandera, devant Périgueux, un régi- 
ment du Roi. M°° de La Guetté raconte, dans ses intéressants 
mémoires, qu'elle resta toujours très attachée à la Reine- 
mère ; elle rendit mème les plus signalés services à la Cour, 
alors que son fils et son mari combattaient pour Condé. 

La seconde paix de Bordeaux {1* oclobre 1630) fut éphe- 
mère comme la paix de Rueil. Le prince de Condé, après un 
simulacre de réconciliation, échangea son gouvernement de 
Bourgogne contre le gouvernement de la Guyenne, et prit 
possession de son commandement, le 22 septembre 1651. 

«“ D'abord dans Bordeaux, M. le Prince fit une union avec le Par- 
lement et les habitants de ladite ville, et ensuite avec toutes les au- 
tres villes de la Guyenne, disant que cette union était pour le service 
du Roi » (3). 


(1) Place forte, bätie en 1282 par Philippe le lardi. Chef-lieu de canton, 
arrondissement de Sarlat. 

(2) Superbes ruines. Commune du canton de Brive (Corrèze). 

(3) Suite à la Chronique du chanoine Tarde. Manuscrit, arch. pers. p. 19. 


— 123 — 


Encouragé par cette affirmation solennelle, le sénéchal du 
Périgord, François-Sicaire de Bourdeille (1), s’empressa 
d'aller, le 1* octobre 1651, faire sa révérence au nouveau 
gouverneur, comme il lavait faite, peu de jours avant, à la 
Reine-mè’e et au Roi. Le 14 octobre, M. le Prince honora le 
sénéchal de sa visite ; les plus grands honneurs lui furent 
prodigués dans le château de Bourdeille (2), où il scjourna 
pendant vingt-quatre heures. Condé se rendit à Périgueux, 
le 15, et recut à l'Hôtel de Ville, le serment de fidélité des 
consuls et des notables habitants. À dater de ce jour, la capi- 
tale du Périgord « resta la ville la plus rebelle contre le Roi 
» de toute la province » :à) ; le marquis de Chanlost, nommé 
gouverneur de la place, reçut de M. le Prince l’ordre d'en- 
tourer la ville de fortifications protégées par des demi-lunes. 

La grande répulation de bravoure acquise par lillustre 
vainqueur de Lens et de Rocroy, sa brillante allure et sa 
largesse inépuisable, gagnaient tous ceux qu'il voulaitséduire ; 
mais sa violence et son orgueil le rendaient bientôt odieux. 

Lorsqu'il reprit la route de Bordeaux, il fit donner au mar- 
quis de Bourdeille cent vingt-huit mille livres, destinées à 
chercher et à subventionner des partisans dans la noblesse et 
dans la haute bouryvoisie, ainsi que le démontrent les comp- 
tes tenus par Eymeric Barriasson, sr de Ramefort, curé de 
Bourdeille, qui remplissait les fonctions de receveur des de- 
niers, aupres du sénéchal (4). 

D'après ces comples, récemment découverts dans le ma- 
noir de Ramefort, la noblesse accapara presque toute la 
somme donnée par le prince de Condé : Jean et Armand du 
Lau, Joachim et André de Pleyssac, Pierre de Chancel, Daniel 
de Beaupoil, Jean de Favolle, Jean de Benoît, Léonard 
d’Aitz, Pasquet de Laborie, Francois de Vauzelle, Vergier de 
Labarde, Pierre de Beaupuy, Jacques de Lacroix, Labarde de 


(1) Sénécbal du Périgord en 1641, liedtenant général en 1500; mort en 1072 
sans alliance. 

(2) Commune du canton de Brantéme (Dordogne;. 

(3) Journal de Castel. 

(4) Ces comptes, récemment découverts, ont été publiés dans le Bulletin 
de la Société historique et archéologique du Périgord, L, XXV p. 321. 


— 124 — 


Beaufort, Bernard-Roger de Vessac et François de Bélussière 
recurent mille livres 

Bernard d'Abzac, Jean-Francois de Beynac et Vars de 
Vauzelle reçurent deux mille livres. 

Claude de Chabans, Charles de Tallevrand, prince de Cha- 
lais, Pierre de Bideran, Gaston de Rochemorin, François de 
Touchebœuf, Pierre de Bessot (1), Hector de Pressac, Paul 
d'Hautefort, Henri de Javerlhac et Bernard de Laborie reçu- 
rent six mille livres. 

Le plus favorisé fut Charles d’'Abzac, marquis de La Douze, 
qui reçut trente-six mille livres. Ses antécédents ne justi- 
fiaient guère une pareille largesse ; sa fidélité la justifia moins 
encore. Le marquis de La Douze avait été condamné à mort 
par contumace, comme assassin de son frère Gabriel ; gracié 
peu de temps après, il fut condamné à être rompu vif, pour 
avoir enlevé et violé sa belle-sœur, veuve de Gabriel ; gracié 
pour la seconde fois, il s’engagea dans le parti des Princes, 
reçut les trente-six mille livres données par le curé Barrias- 
sou et revint au service du Roi,qui le nomma maréchal de ba- 
taille. Le restant des cent vingt-huit mille livres fut attribué, 
par fractions de deux cents livres, à des bourgeois influents. 
Condé mettait une activité fiévreuse à faire entrer les 
villes de la Guyenne dans l’union de Bordeaux. Périgueux, 
Sarlat, Bergerac, Libourne, Agen, Villeneuve, Tonneins, etc., 
etc., donnèrent bientôt leur adhésion, Bergerac fut choisi 
comme centre de ralliement des troupes de la Fronde, et le 
vieux maréchal de La Force, nommé gouverneur de la place, 
reçut l'ordre de construire immédiatement, autour de la 
ville, une puissante ligne de fortitications ; fortifications bien 
éphémères, car Louis XIV les fcra démolir, en 1654, par le 
marquis de St-Luc. 

« Le Conseil ayant appris que l'Union des Princes étoit contraire 
au service du Roi, qu'il y avoit rébellion de la part de M. le prince de 
Condé, le déclara criminel de lèse majesté, ainsi que toutes les com- 


(1) Fils de Louis de Bessot, conseiller du Roi et contrôleur en l’Election de 
Perigueux, a écrit un livre-journal, où nous puiserons de précieux rensei- 
gncments. 


— 125 — 
munautés qui étoient entrées dans l’Union, sauf si elles venoient 


faire leur soumission au Roi dans le mois. Il interdit, faute de le 
faire, le Parlement de Bordeaux » ({). 


Le marquis de Bourdeille fut révoqué de ses fonctions de 
sénéchal du Périgord et remplacé par François de Gontaut, 
marquis de Biron (2). 

La ville de Périgueux ayant laissé passer les délais prévus 
sans faire sa soumission, Mazarin ordonna que les sièges 
royaux de l'Election seraient transférés à Nontron, qui pré- 
sentait toute garantie par sa situation géographique et grâce 
à l’énergique attitude de Thibaud de Labrousse, sieur de 
Verteilhac (3), capitaine de chevau-légers. Un régiment com- 
mandé par M. de Sauvebœuf (4) fut chargé de veiller à la 
régulière exécution du transfert ; il eut à soutenir quelques 
escarmouches des partisans de M. le Prince, cantonnés entre 
Brantôme et Bourdeille. La ville de Nontron supporta la 
lourde charge du logement des troupes avec un grand zèle 
pour le service de Sa Majesté. 

Cependant M. de Labrousse, qui avait épousé Bertrande 
Duchesne, fille du premier avocat du Roi au présidial de 
Périgueux, entretenait des relations suivies avec les notables 
habitants de la ville, afin de les rappeler à la fidélité royale ; 
ses efforts n'amenèrent aucun résultal. 

Le comte d’Harcourt avait été chargé par Mazarin d'orga- 
niser une armée à Niort, pour soumettre les Frondeurs de la 
Guyenne, quand il les eût chassés de la Saintonge. 

« [1 témoigna avoir quelque pensée pour venir en Périgord, séjourna 
pourtant au port de Parcoul (5) douze ou quinze jours ; après quoi il 
despescha un trompette pour sommer Périgueux à lui livrer passage 
dans la ville, ce qui lui fut refusé ; et on travailloit continuellement 
aux fortifications et demy-lunes » (6). 


(1) Suite à la Chronique, p. 19. 

(2) Ne en 1620, mort en 1700, avait «pousé Elisabeth de Cossé-Brissac. 

(3) Thibaud fut anobli en 1654 et fait comte de Verteilhac. 

(4) Charles-Antoine de Ferrières, marquis de Sauvebœæuf, fils de Jean et de 
Claudine des Cars. 

(5) Commune du canton de Ste-Aulaye (Dordogne). 

(6) Livre-Journal de Pierre de Bessot. 


— 196 — 

Condé vit le danger lc sa situation et conduisit lui-même 
(25 janvier 1652), au marquis de Chanlos!, les deux régiments 
de Bourdeille et d'Enghien ; un troisième, commandé par le 
colonel Balthazar (1), fut chargé de tenir la campagne contre 
l’armée du comte d'Harcourl. 

A cette même époque (31 janvier 1652, le maréchal de 
Turenne fit sa soumission et remit sa vaillante épée au service 
du Roi, qui le retint auprès de lui, à Poitiers, d'abord, et puis 
à Saumur. La rentrée de Turenne à la Cour produisit dans la 
France cntiere, et surtout en Gnvenne, une très vive impres- 
sion ;, les gentilshommes, inféodés à la Fronde, commencaient 
à voir que le prince de Condé, plus despote que Mazarin, 
menait la France vers une révolution politique, religieuse el 
sociale. 

Le peuple de Bordeaux subissait la tyrannique influence 
d’un Comité républicain, siégeant sur la promenade de l’Or- 
mée, et tendant à faire de la Guyenne une république indé- 
pendante, sœur de la République fondée par Cromwell en 
Angleterre. Les protestants du Sud-Ouest s'étaient enrôlés 
nombreux dans l’armée des Princes, constituant parmi les 
Frondeurs un élément nouveau, plein de dangers pour la paix 
publique ; ils acceptaient avec cnthousiasme le programme 
révolutionnaire de l’'Ormée, tandis que les officiers catholi- 
ques restaient fidèles à leur cri de guerre : Vive le Roi sans 
Mazarin ! ou vive le Roi et M" les Princes : 

Cette profonde divergence dans les idées amènera bientôt, 
dans le parti de la Froude, de nombreuses défeclions, prélude 
certain d'une dissolution prochaine. 

Le comte d'Harcourt avait sous ses ordres quatre mille 
vedettes et trois mille hommes à pied; ilexerca, pendant 
quelques jours, de rigoureuses représailles contre les gentils- 
hommes inféodés aux Princes. 

« Et comme il veid que Périgueux ne démordoit point du parti du 
Roy et de Mr les Princes, il prit la résolution d'aller veoir le Sarla- 
dais » (2). 


(1) Né en Suède, ontra au service de la France en 1634, et mourut dans le 
canton de Berne (Suisse). 
(2) Livre- Journal de Pierre ile Brssot. 


— 127 — 


» Lorsque l'armée royale se présenta devant la ville, toutes les 
cabales formées par intérêt où par inclination au désordre, furent 
surmontées par les bons servileurs. Tous actes contraires au service 
du Roi furent révoqués en jurade. 

Quoique les troupes de M. le Prince fussent assez nombreuses dans 
la Guyenne, pour v commander absolument, Sarlat n'hésita pas à se 
départir de l'Union qu'il avoit faite avec ie Parlement de Bordeaux vt 
les habitants jurèrent une aubr'e Union, pour le service du Roi, dans 
l'église paroissiale de la ville, entre les mains du seigneur évêque (1). 

» Malgré les troupes de M. le Prince, qui s’étoient saisies de pres- 
que tous les ports de la Dordogne, ils facilitérent le passage de la 
rivière à l’armée du Roi, conduite par le comte d'Harcourt, ayant 
gardé le port de Domme-Vieille perdant trois jours, avec grands 
risques de leurs personnes. Ainsi, toute l'armée passa à Domme- 
Vieille. 

» Le comte d'Harcourt fit si bien que l'armée de M. le Prince fut 
obligée de se retirer du côté de Bergerac » (2). 

Ainsi s'exprime la Suite à lu Chronique du rhanoine Tarde. 
Un autre document contemporain, signé par un artisan appelé 
Castel, présente la situation politique de la ville sous un aspect 
bien différent. 

Tandis que la Chronique anonyme nous äit que les Surladais 
avaient juré une nouvelle Union pour le service du Roi, 
le Journal de Castel affirme qu'en 1652 tous les notables 
étaient Frondeurs ; le peuple seul aurait été, d’après lui, fidèle à 
la Couronne, et Castel ne craint pas de nommer les partisans de 
Condé, pour les signaler au mépris public ; ce sont d’abord les 
consuls et les conseillers du Présidial avec leur président ; ce 
sont ensuite le svndic, le chirurgien Vayssiéres, etc. etc. ; tous 
sont vendus aux Princes , en recompense de leur trahison, ils 
espérent recevoir bientôt des grades ou des fonctions publi- 
ques (8). 

En ce temps, Sarlat étail diet: par quatre consuls, 
généralement pris dans la bourgeoisie, mais recevant tous, 


(1) Nicolas de Sevin, 39 évèque de Sarlat, avait succédé à Jean de Lin- 
gendes en 1646 et fut remplacé en 1158 par ne de Salignac de La 
Mothe-Fénelon. 

(2) Suite à la Chronique, p. 0. 

(3) Journal de Castel, in fine. 


— 198 — 

avec le consulat, le titre personnel de baron. Lorsqu'on par- 
court les archives municipales, on voit souvent ce titre devant 
les noms des habitants ; de même qu'en visitant les rues, on 
découvre de nombreux écussons, jadis armoriés; d'où l'on 
pourrait conclure que Sarlat était une pépinière de gentils- 
hommes. Cependant la noblesse très nombreuse dans les 
environs, était très rare dans la Cité; mais entre les bour- 
gcois ct les nobles, les alliances étaient fréquentes; on en 
relève à cette époque, jusque dans les familles les plus distin- 
guées de la province. Il est donc vraisemblable que cette bour- 
geoisie terrienne avait les mêmes aspirations que la noblesse ; 
elle fut de la Fronde avec Turenne; elle revint avec Turenne 
à la fidélité royale. 

Quelques mois de révolte suffirent pour montrer à tous les 
tristes conséquences de la guerre civile ; la propagande anar- 
chiste du peuple de Bordeaux avait éclairé les Frondeurs de 
bonne foi, en même temps que le retour du maréchal de 
Turenne vers le Roi refroidit le zèle des révoltés. Ainsi doit 
s'expliquer l'accueil empressé fait à l'armée de Sa Majesté par 
tous les habitants. 

La Chronique anonyme nous a déjà dit que grâce à la rs OU 
velle Union jurée dans l'église paroissiale entre les mains d€ 
l'évôque, le comte d'Harcourt put s'emparer des passages de 
la Dordogne, tandis que Condé s’efforcait de rallier ses p:æ"ll- 
sans dans l’enceinte fortitiéc de Bergerac. 

« Après celte action si importante pour l'Etat, les habitant de 
Sarlat députèrent le S' de St-Clar ({}, conseiller au Présidial et as “°° 
seur de la Maréchaussée de ladite ville, avec le Sr de Gisson (2 
advocat, pour en porter la nouvelle au Roiet offrir aux pieds de 
S. M. qui éloit en la ville de Saumur, les protestations de fidélité des 
habitants ; ce qui fut suivi d'un succès très considérable, par la c ©” 
cession de plusieurs grâces et singulièrement d'un abonnement à g° °°” 
pétuité, le tout donné par le soin et la diligence du Sr de St-Clar» € 8). 

» [es deux députés de Sarlat, sieurs de St-Clar et de Gisson fu zen 
EE 


(1) Antoine de St-Clar, d’une très ancienne famille, qui dérogea un 15550 à 
redevint noble en 1779, 

(2) Michel de Gisson ; son petit-fils fut anobli en 1779. 

(3; Suite à la Chronique du chanoine Tarde, p. 21. 


— 129 — 


reçus des ministres et de tous les seigneurs de la Cour avec une 
bonté distinguée. L'illustre vicomte do Turenne leur fit l'honneur de 
leur dire qu’il était Lourgeois de Sarlat. 

» Îls furent admis à hurauguer le Roi en plein conseil. 

» Le jeune monarque leur répondit avec la grâce et la dignité dont 
le ciel l'avoit orné : — Je suis fort satisfuit de votre zèle et de votre 
fidélité ; soyez loujours les mèmes et je vous feroi connoîlre que je 
suis votre bon Roi. 

» [a Reine ajouta qu'elle se feroit toujours un plaisir de leur rendre, 
à eux et à leur communauté, ses bons offices a iprès de son fils. 

» C'est au milieu de ces circonstances glorieuses, que les députés, 
négligcant les récompenses personnelles qui leur étoient ottertes, 
obtinrent, pour leur patrie, l'exemption des tailles, à laquelle ils subs- 
tituèrent, par le Conseil des ministres, un abonnement à lrois cents 
livres » (1). 

L'arrêt qui décerne à la ville de Sarlat cette insigne faveur 
existe encore aux Archives nalionales, parmi les minutes 
originales d'arrêts. Nous le donnons cn entier quoiqu'il ne 
soit pas rédigé dans le style clair, noble et solennel, qui 
deviendra bientôt la langue courante des actes royaux. Nous 
ne croyons pas qu'il ait été jamais publié ; les Sarladais ne le 
connaissent probablement pas, ct tous seraient heureux assu - 
rément de le voir gravé sur le marbre dans la salle d'honneur 
de leur mairie. 

19 février 162. 

Sur le rapport qui a csté fait au Roy, eslant en son Consvil, que 
les habitants de la Ville et Cité de Sarlat, capitalle du pays de Sarla- 
dais, conscrvent envers Sa Majeslé la mesme fidélité qui leur & esté 
inviolable, envers les Rovs, ses prédécesseurs, et, que, dans le soulé- 
vement où partie des peuples de la province de Périgord ont esté 
portéz dans la conjuneture présente, les dits habitants de Sarlat, les- 
quels sont demneuréz incsbranllables dans leur fidélité, s'efforcent, 
par un zèle extraordinaire, à se maintenir soubz l'obéissance de Sa 
Majesté contre les entreprises des rebelles, et que ce bon exemple 
pourra utilement servir à ramener les aulres dans leur devoir, ainsy 
qu’il cst arrivé dans toutes les autres dissentions civiles, qui ont 
agité cest Estat ; et Sa Majesté, voulant leur lesmoigner la satisfaction 
qu'Elle a de leur bonne conduite, par un hienfait qui puisse passer à 


(4; Mémoire concernant l'abonnement, p. 2. 


— 130 — 


la postérité pour une marque de leur fidélité, afin de les obliger à y 
persévérer, et attirer les autres sujectz de Sa Majesté à suivre leur 
exemple, considérant d'ailleurs que le peuple de la dite ville est extrè - 
mement pauvre, soit pour les grandes surcharges qu'il a souffertes 
depuis l'ouverture de la guerre étrangère, par les garnisons et loge- 
ment des gens de guerre, ou pour ce que la dite ville n'a aucun ter- 
roir ; joint que les plus riches familles de la dite ville ne contribuent 
aucune chose au payement des tailles et imposilions, le clergé, et Îes 
officiers de l'Elcction et de la Visseneschaussée de la dite ville en 
estant exempts par leurs privilèges , en sorte, qu'encores que la dite 
ville ne soit cottisée qu’à la somme de VISLXX!!, en l'année dernière 
1651, pour cette part des dites tailles et imposilions. Cette somme 5€ 
trouve néantmoins excessive, eu esgurd à la pauvreté de ceux qui y 
sont contribuables ; 

Le Roy, eslant en son Conseil, a modéré la cotte de la ville de 
Sarlat, des luilles (1), taillons (2), subsistances des gens de guerre (3) 
et autres impositions qui se font et pourrnt estre faictes à l'advenir, 
à la somme de troys cens livres par chucun an, à laquelle Elle l'A 
abonnée pour toujours, sans qu'elle puisse être augmentée cy-apr'ès 
soubz quelque cause, occasion ou prétexte que ce soit. Faict SA 
Majesté très expresses inhibitions et deffenses aux Trésoriers de 
France en la (Giéneralité de Guyenne, esleuz en la dite Eslectiwn de 
Sarlat, de taxer la dite ville à plus grande somme que celle de uen 
pur chacun an. El pour l'exécution du présent arrest, toutes le ttres 
nécessaires seront expédiées et deslivrées aux dits habitants. 

Mot, MAUROY. 

Du 45 févtier 1652, à Saumur (4. 

Cette exemption des iailles assimilait la ville de Sark Alà 
une personne noble, puisque l'exemption d'impôts était le ŒlS 
utile privilège de la noblesse. 

Si l’on compare les véritables mérites que la cité sarlad St 
pouvait faire valoir, à l’occasion de la Fronde, avec ceu% de 
diverses communautés qui furent en ce temps-là, beauc OUP 
moins favorisées par le Roi, on a grand’peine à compreræ dre 
pour quels motifs Sarlat reçut une grâce aussi distinguée. 
EE — 

bi Empot personnel sur tous les revenus, destiné aux dépenses de l'arrs 

2) Autre impôt personnel destiné à payer les légions provinciales. 

3) Il n’y avait pas de casernes ; les troupes qui n'étaient pas logées durs 
les furts ou dans les châteaux royaux étaient à la charge des particuliers - 

(4 Arch. nat. Paris. — Conseil du Roi, cote E 1700. Pièce 23. 


— 131 — 


Parmi les villes qui, pendant celle guerre civile, ont montré 
le plus de zéle pour la Couronne, histoire signale Guise (1) et 
Nontron. Guise, atlaquée par les Espagnols, que dirigeait le 
maréchal de Turenne, soutint, en 1650, un Siege rigoureux; 
les assiégés firent preuve du plus grand courage et de la plus 
noble abnégation. Il fallut l'intervention d'une puissante 
armée royale, commandée par le maréchal du Plessis-Praslin, 
pour obliger les Espagnols à lever le sivve. 

» En raison dela bonace deffence que feirent les habitants de Guise, 
la plupart desquels avoient hruslé leurs maisons, le Roi, les anoblis - 
sant, exempla toute la ville de taille pour cinq.ans » (21. 


Ainsi s'exprime Pierre de Bessot dans son Livre-Journal qui 
a été récemment publié. 

Nous avons déjà vu que Nontron devint, en 1631, le siège 
de tous les offices royaux enlevés à Périgueux révolté; cette 
petite ville supporta généreusement la lour:le subsistance des 
gens de guerre et resla, jusqu'au mois de mars 463, la véri- 
table capitale du Périgord. Par lettres-patentes du 5 mars 1654, 
le Roi lui fit la remise de tous ses impôts, pour les deux 
années 1654 et 1655. 

Le périgourdin Pierre de Bessot, frondeur impénitent, qui 
nous à laissé sur toute cette période, un Livre-Journal fort 
intéressant, estime qu'en exemptant Guise de tout hinpôt pen- 
dant cinq années, Louis XIV anoblit les habitants. Plus loin, 
ce même frondeur raconte le retor de Sarlat à l'obéissance du 
Roi et semble chercher à rabaisser le mérite de la ville, il dit: 

« M. le conte d'Harcourt arriva à Sarlat le 25 février, avec quel- 
ques cinquante ou soixante de ses gardes, et en partit le lendemain, 
jour de dimanche. MM. de Sarlat leur firent graud accueil el chan- 


gèrent de parti en sa faveur, à cause de Ia nécessilé el présence de 
son armée » (à). 


Réduits à ce simple changement d’'étendard, le zèle ct 
la fidélité de Sarlat n'auraient pas justifié les faveurs de 


‘4, Cbef-lieu de canton du département de l'Aisne. 

(2) Livre-Journal de Pierre de Bessot. 

(3 Livre-Journal de Pierre de Bessot; cet extrait contient une erreur de 
date, en même temps qu'une erreur d'appréciation. 


— 132 — 
Louis XIV, ni les bons oftices de la Reine-mère; voilà pour- 
quoi sans aucun doute, Pierre de Bessot, qui nous raconte 
l'anoblissement de Guise par cinq années d'exemption de 
taille, ne fait pas mention de l'abonnement à perpétuilé des 
Sarladais. 

Pour obtenir du Roi ces glorieuses lettres de noblesse, les 
sieurs de St-Clar et de Gisson ne pouvaient pas se vanter 
d'avoir brûlé leurs maisons et donné de grandes preuves ae 
courage ; ils ont dû faire valoir d’autres titres. Ils ont pu dire, 
sans s'éloigner de la vérité, que jamais Sarlat n'avait mani- 
festé le moindre attachement pour les Princes, et que l'Union 
fut signée parce que le Parlement affirmait qu'elle était faite 
pour assurer le service du Roi ; mais aussitôt qu'une circons- 
lance décisive amena la ville à signaler ses préférences pour 
la Couronne ou pour la révolte, les Sarladais allèrent prendre 
possession du port de Domme-Vieille, au nom du Roi, puis: 
dès que fut arrivé le comte d'Harcourt, ils lui remirent Îles 
clefs de leur ville, en déclarant qu'ils étaient prêts à sacrifier 
leurs richesses et leurs personnes. 

Pour faire valoir toute la loyauté de leur conduite, les Sar- 
ladais avaient eu le bonheur de trouver à Saumur leur illusire 
compatriote, M. le maréchal de Turenne, rentré depuis peu 
dans les bonnes gräces de Sa Majesté. Les documents cont&æ" 
porains nous disent aussi que les deux consuls, St-Clar- el 
Gisson, ne demandèrent aucune faveur pour eux, ni pour IŒu' 
famille, ne voulant pas maniiester, en présence du monarq #1: 
d'autres soucis que la gloire et le profit de leur Cité (1). 


(A suivre). R. DE BOYS30N. 


RE 


{) Mémoire concernant l’abonnement, p. 2. 
P 


— 133 — 


HENRI BERTIN ET SA FAMILLE 
Troisième partie, 


Les ministères de Bertin, Bertin à la Cour, 
Bertin chez lui. 


Le « Petit Ministère » 
(136:3- 17380) 


(Suite) 


IV 


BERTIN ET SA COLONIE LITTÉRAIRE EN CHINE 


I 


Cetle curiosité d'érudit, que Bertin arrétait avec tant de 
complaisance sur son coin de terre du Périgord, était trop 
sollicitée dans d’autres sens par les communications qui lui 
arrivaient des quatre points cardinaux pour qu'il pût la res- 
treindre à l'horizon préféré. Son mandat officiel étendait 
d’ailleurs à perte de vue le champ de s2s investigations ; et 
c'est Lant par goût que par devoir qu'il se vit peu à peu trans- 
porté jusqu’au delà des sphères latines et des civilisations 
classiques ; le même esprit, qui l'avait poussé à Fétablisse- 
ment du Cabinet des Chartes, l’amena à se mettre d'accord 
avec Moreau pour comprendre dans les attributions de son 
indéfinissable ministère la Correspondance avec les Missions 
asiatiques. On pense bien qu'il n'avait pas à s'immiscer dans 
l'apostolat religieux des Missionnaires; il laissait au ministre des 
affaires étrangères le soin de surveiller et de incettre à profit 
leur action nationale ; le ministre de la marine était chargé de 
pourvoir aux moyens matériels, qui devaient assurer la com- 
munication permanente de la métropole et des pays à con- 
quérir, et les aider à vivre sur le pays conquis, Bertin n'avait 
a voir en eux que des lettrés particulièrement appelés à le 
mettre en relations avec les lettrés de l'Extrême-Orient, avec 
ceux de la Chine, en tête. Au regard de son ministère, la 
Chine devenait une colonie intellectuelle. 


-. 134 — 


La délimitation n'était pas réglée, surtout au début, avec 
une rigueur absolue. Nous verrons le modus vivendi adminis- 
tratif qui s'établit finalement entre Bertin et la Mission de 
Chine, dont l'âme et le fondement, pendant le règne de 
Louis XV et quelque peu au-delà, fut la Compagnie de Jésus. 
Bertin tend à se cantonner, à S’isoler, autant que possible, 
dans la sphère spéculative qu'il s'est tracée. Il ne pourvoira 
donc qu'aux frais du culte scientifique dans le labernacle de 
la science pure. Ce n’est pas qu'il ne mêle à son sacerdoce 
quelques visées positives d'ordre économique et politique, ct 
néglige de rendre l'entreprise prafilable aux intérêts français. 
Nous le voyons, notamment, se faire donner par la Mission 
une notice approfondie sur les objets de commerce à importer 
en Chine (1). La Mission, qui n’a songé dans le principe qu’à ou- 
vrir aux Chinois les portes du salut, est propre accessoirement 
à ouvrir aux trafiquants les portes de ce grand marché. Elle 
prépare les voics depuis plus d’un siécle. C'est à la faveur 
de son crédit auprès de l'empereur Kang-Hi, le Louis XIV de 
l'Empire du Milicu, qu'en 1698, sur lesinstances d'un P. Bouvet, 
une Compagnie parisienne de Chine, formée de magistrats, 
d'avocats et de marchands, a lancé de La Rochelle vers le 
Pacifique ce superbe vaisseau l'Amphitrile qui est revenu avec 
une si fructueuse cargaison. Les Parisiens n’ont pas tardé à 
fusionner avec les Malouins, lesquels se sont déjà assuré le 
monopole du commerce des mers du Sud. L’essor est donné: 
les compagnies se multiplient, les regards tournés vers l'Ex- 
tréme-Oricnt ; à un moment donné, elles se confondent; le 
commerce français a bientôt ses établissements à Canton; 
à l'heure où nous sommes, un consulat de France est sur le 
point d'y ètre établi; et lon a plaisir à constater, en 1769, 
parmi les navires mouillés dans le port, la présence du 
Berlin (2). | 

Les relations entre savants pesent de plus en plus sur 
ces résultats, et l'échange des idées favorise l'échange des 


Hd) Mémuires concernant les Chinuis :Recueil dit du P. Amiot, en 146 volu- 
mes in-4°). — Tome VII, 1782, notice envoyée en 1774. 

(2) La France en Chine au xvin® siècle, documents publiés par Henri 
Cordier (Leroux, édit. 1883). T. 1, p. 177. 


— 1935 — 


produits. L'empereur régnant, le célèbre Kien Long, un sou- 
verain de la taille de Kang-Hi, était, comme lui, très curieux 
des arts et des sciences de l'Europe. Il cut soin de s'attacher 
les missionnaires dont les connaissances répondaient le mieux 
a ses propres goûts. Bertin, en s'innniscant, au nom de son gou- 
vernement, dans celle intimité académique, sut associer le Roi 
très chrétien et le Fils du Ciel dans une certaine unité d'esprit, 
et son habile diplomatie, sans en avoir l'air, ménagea ainsi 
de précieux avantages tant aux artisans du trafic qu'aux propa- 
gateurs de la foi. 

A la date où il devenait ministre des travaux d'’érudition, il 
avait, à Paris, pour ainsi dire, sous sa tutelle, deux jeunes 
chinois, nommés Ko et Yang, apparlenant à une bonne famille 
de lettrés, envoyés en France, en 1760, à l’âge, l'un de 18, 
l’autre de 19 ans, et entrés aussitôt novices dans la Compagnie 
de Jésus. Trois ans après, dans la grande épreuve qu'avait 
traversée la Compagnie et qui avait montré Bertin plutôt de son 
côté que de celui de Choiseul, le Gouvernement, qui les avait 
appelés, s'était trouvé fort embarrassé de ces enfants perdus, 
merveilleusement nourris de théologie romaine ei d'humae 
nités françaises, mais marqués du signe de réprobalion que le 
Parlement venait d'infliger à leurs éducateurs. En fait, ils 
s'étaient trouvés sans aide dans le pays qui les hospitalisait. 
Mais Bertin n'avait pas hésité à venir à leur secours. C'est 
lui, au rapport des Lettres édijiantes el curieuses (1), qui les 
mit dans un séminaire, la inaison des missionnaires de Saint- 
Lazare, pour y achever leur théologie, et, « après qu'ils eurent 
été promus aux ordres sacrés, les fit voyager dans diflérentes 
villes du Royaume pour y prendre quelques idees de nos 
manuiactures, de la perfection où les arts sont portés en 
France, et les mettre en état, quand ils seraicnt de relour 
dans leur pays, d'envoyer en Europe des mémoires utiles 
peut-être à la perfection des arts et des sciences ». Leur 
départ fut ainsi reculé jusqu’au comimencement de 1765. 

En attendant, Bertin n'omit rien de ce qui pouvait parfaire 


(1; Lettres éditiantes et curieuses concernant l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, 
edition Aimé-Martin, du Panthéon litisraire, 1838-1343, tome IV, p. 123. 


— 135 — 


leurs connaissances profanes ; il chargea deux membres de 
l'Académie des Sciences, Brisson et Cadet, dont il allait, cetle 
même année, devenir le collégue, « l’un de leur donner des 
lecons de physique et d'histoire naturelle, l'autre de les ins- 
truire des principes de la chhnie et de leur donner des leçons 
pratiques dans cet art » (1). 

Le Rov, écrivait il à Brisson, le 40 juin 154, prolonge le séjour en 
France de denx ecclésiastiques Chinois qui étaient prèts à rentrer en 
(hinc et de leur fuire donner une connoissance plus particulière de 
nos scicnces et de nos arts. J'ay pense qu'entre autres choses, il 
scroit utile de leur faire connuitre l'électricité. C'est une manière 
même qui paroit susceptible d'intéresser le génic.d'une nation qui 
paroit susceptible d'une application singulière et qui connoit tres 
bien, du moins à en juger par l'employ qu'elle en fait, l'essence des 
corps et leurs propriétés (2). 

Eufin, pour apporter à cet enseignement privilégié son 
digne couronnement, Berlin pensa à faire donner à ses deux 
Chinois une bonue teinte d'économie politique ; et le profvs- 
soeur qu'il leur procura ne ful rien moins que Turgot, alors 
intendant de la Généralilé de Limoges, pour lequel nous savons 
son estime et son attachement. C'est pour Ko et Yang que Tur- 
uot rédigea ses Réflexions sur la formation et la distribution des 
richesses. Il accrut leur pacotille de ce beau travail, qui allait 
faire école et qui n'était alors, daus sa pensée, qu'une sim- 
ple lettre servant de préambule à des questions sur la cons- 
Utution éeonomique de la Chine, au nombre de 52, relatives 
a l'agriculture, aux arts, à l'histoire naturelle et à quelques 
points d'histoire, « sc proposant, dit-il, de leur donner des 
notions générales pour les mettre en état de répondre à ces 
questions (3) ». 

L'influence des missionnaires à la Cour de Pékin tenait 
beaucoup à la singularité et à l’ingéniosité de leurs révélations 
el de leurs applications savantes. Dans les Lettres édifiantes 
de ce temps, le P. Cibot, un limousin modeste et résigné, 


(1) Méroires concernant les Chinois, cités supra. Tome 1, préface. 

(2) Biblioth. de l'Institut, collection Nepveu (Lettres de Bertin, 4 1. 

(3; Lettre de Turgot à Cailliaud, du 5 mai 1774. (Œuvres, tome 11, édition 
de 1834. Voir Turgot, par Léon Say, p. 45. 


— 4131 — 


celui que la Mission appelait l'affligé lranquille, dit avoir 
e travaillé, pendant quatre ans, au Palais, à une grande horloge 
d’eau, aux jets d’eau, chants d'oiseau, figures mouvantes » ; il 
a vu souvent l’empereur. fl gémit cependant sur la désolation 
actuelle; les missionnaires ne sont plus qu'une poignée : la per- 
sécution reprend dans les provinces. Mais, il faut rendre cette 
justice à l'empereur qu'il n’a fait des martyrs que malgré lui et 
prier pour sa conversion et celle de toule sa famille; et dans 
le palais même, l« affligé tranquille » signale des gains 
sérieux sur Pidolàtrie (1). Les savants ont donc beau jeu ; 
Bertin ne veut pas rendre ses deux protégés à leur pays sans 
les mettre en mesure d'y soutenir et même d'y rehausser la 
prestigieuse tradition ; il invite en conséquence l’un des aca- 
démiciens de son choix à trouver mieux que les initier aux 
expériences électriques, « et à leur faire préparer un petit 
assortiment d'électricité pour emporter en Chine, où cette 
nouveauté pourra plaire » (2. Quant à leur tour de France, il 
le limite au Lyonnais et à ses alentours ; il les pourvoit natu- 
rellement de bonnes recommandations auprès des grands 
industriels de la soierie, qui leur font les honneurs de leurs 
établissements ; c’est la saison de la récolte des soies ; ils 
visitent le Dauphiné, où ils étudient nos procédés de tilage. A 
St-Etienne-cn-Forez, ils vont voir fabriquer nos armes à feu 
et se rendre compte de la trempe et de lPemploi de l'acier. De 
relour à Paris, ils recoivent un apprentissage sur l'art d'im- 
primer ; ils s’essayent sur une pelile imprimerie portative que 
le Roï joint à ses cadeaux (3), et, après avoir réglé avec le minis- 
tre le mode de la correspondance réciproque qui doit suivre, 
ils s’embarquent, en janvier, du port de Lorient, avec des 
instructions écrites sur le programme des communications 
qu'on attend d'eux. 


(L Loitres édifiantes, 4V, p. 97, le P. Cibot au P. Dcrville ; de Pekin, le 
7 novembre 1764. — Cibut {Pierre-Martial), né à Limoges, le 14 août 1727, 
novice le 7 novembre 1743, parti en Chine en 1758, mort à Pékin, en 1780. 

(2) Biblioth. de l’Institut. Kecucil de 112 lettres de Bertin aux mission- 
naires de la Chine (Fonds Nepveu), tome I, 30 juin 1864, à M. Brisson. 

‘3) Mémoires concernant les Chinois, L 1, préface. 


— 138 — 


La premiére instruction comprend le droit public, l’histoire, 
la religion, le gouvernement, la police, les forces et revenus 
de la Chine ; la deuxieme, le droit civil, les lois, etc. ; la troi- 
sième, tout ce qui à rapport aux sciences et aux arts mécani- 
ques ; cette matière, y est-il dit, se réduit à connaître : 1° ce qui 
est nécessaire à l'hominc, subsistance, vêtement, logement ; 
2 ce qui lui devient utile, commerce et toutes ses branches ; 
Bertin, de son côté, les instruira, dans le même esprit, des 
choses européennes : 

Nous ne pouvons, leur dit-il, nous communiquer des connoissances 
avec tout le frait que nous en attendons, si vous n'êtes pas instruits de 
notre manière d'exister; elle nous est propre et relative à tous les 
autres Etats d'Europe. Je la considérerai, en premier lieu, sous ce 
rapport, et je commence par un abrégé de notre histoire, de celle de 
nos voisins ; ces nations se sont, pour la plupart, ouvert un commerce 
à la Chine, sous la protection de l'Empereur. C'est donc, à propre- 
ment parler, l’histoire de l'Europe qu'il faut tracer et même la soutenir 
par la chronologie historique, qu’il est indispensable de connoître, 
puisqu'elle fait la base de la religion chrétienne, que nous considérons 
comme une partie principale de notre droit public... Je passeray 
dans ma deuxième lettre à la deuxième époque de l'histoire, depuis 
le déluge jusqu’à Abraham. | 

Je suis, etc. (1). 


Et, dans cette deuxième lettre, datée du 7 décembre 1764, 
c'est-à-dire de cing jours après, c'est bien par le « déluge » 
qu'il recommence bravement sa leçon. Il n’est pas à supposer 
que ce cours épistolaire d'histoire, bien qu'il se l’approprie 
aux yeux de ses élèves, soit l’œuvre personnelle de Bertin. 
Mais on peutdire qu'il en surveille attentivement la rédaction, 
et qu’il ne signe pas de confiance. Dès que ses deux Chinois, 
arrivés à bon port, à Canton, après une traversée de cinq 
mois, ont eu retrouvé la Mission dans sa concession impériale 
de Pékin et renouë plus particulierement connaissance avec 
ce P. Benoît, maitre incontesté en astronomie, en géographie, 
en mathématiques, praticien consommé, lui aussi, en travaux 


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ee Di ue Re —— em ms + —— ee ee ee 


(1) Bibliothèque de PInstitut, loc. cit. (Lettres de Berlin ; Paris, @ décembre, 
à MM. Ko et Yang). Une Igçltre complémentaire de Bertin sur l'exécution du 
programme, les touche mème en route, à Cadix; elle est du 18 février 1766. 


— 139 — 


hydrauliques, qui fit, sur les lieux, leur éducation pre- 
mière, ils s'adonnent au plus pressé de leur besogne, ils rédi- 
gent leurs mémoires -qui ne peuvent ètre, pour le moment, 
que des impressions de voyage, et ils font la balance du tra- 
vail de Bertia par des communications assurément plus origi- 
nales. Ces missives sont volumineuses,de partet d'autre ; les 
premières que font partir Ko et Yang se succèdent par 
paquets dans le courant de novembre 1765. Elles suivent des 
voies différentes et passent par les mains d'intermédiaires 
variés, suivant les instructions de Berlin; certaines voyagent 
par terre et sont contiées aux soins du directeur de l'Académie 
Impériale de Strasbourg, sous enveloppe qui porte l'adresse 
du directeur de l'Académie rovale des Sciences à Paris et 
l'adresse du ministre sous celle-ci: d'autres méme, venues 
par mer, font halte, sous les mêmes garanties, chez l’évêque 
de Vannes, qui n'est autre, on le sait, que Charles-Jean Bertin ; 
et toutes ces pièces livrées aux risques de voies incertaines 
ont été confectionnées chacune en plusieurs exemplaires. 
A peine créé et mis au monde, le document trouvait dans 
notre ministre le modèle des conservateurs. 

L'Histoire de l'Europe à tenu en deux cahiers, recus avant 
le départ. Les lettres suivantes de Bertin, qui traversent les 
mers, quoique semées de doctes ruflexions, ne conservent 
pas cette tournure proiessorale : il en fait faire un exemplaire 
pour Ko et un autre pour Yang, on voit qu'il y met beaucoup 
de lui-même ; c'est bien de lui que vient notamment la pensée 
de caresser la piété filiale du second : le thème est essentielle- 
ment chinois; la maniere est parfaitement bourgeoise, à 
la française : 

Je réponds actuellement, dit-il, dans la deuxième partie de sa lettre 
initiale (4), qui est du 31 décembre 1766, à la lettre de M. Yang du 
16 novembre 17365. Je partage sincèrement la joye que vous avez eu 
à votrearriv'e dans votre patrie d'apprendre que Madame votre Mere, 
quoiqu'infirme et d'un âge avancé, vit encore et ne soupire qu'après 
le moment de vous voir. Je connois, à l'effusion de votre cœur, les 
sentiments d'amour et de respect que vous portés à ceux de qui vous 


— 


{) Zbid. Lettre de Bertin de 42 pages, triplicata. 


— 140 — 

tenés le Jour, et c'est à ces sentimens que je reconnois de plus en 
plus la conformité qui se trouve entre les sujets de l'Empire Chinois 
et ceux de l'Empire Francois ; des principes religieux et les principes 
d'un gouvernement paternel leur inspirent cette tendresse et cet atta- 
chement filial qui distinguent réciproquement les uns et les autres 
parmi Îcs nations de l'Asie et de l'Europe. Puissiez-vous, Monsieur, 
jouir encore longtemps du plaisir de voir Madame votre mère, et de 
l'avantage de la servir dans l’âge le plus reculé. Vous me ferés plaisir 
de m'en donner des nouvelles, toutes les fois que vous m'écrirez. 


Bertin, on le voit, est déjà fort entiché des mœurs et de la 
civilisation chinoises. Dans les travaux de défrichement, 
entrepris par une colonie naissante de Chinois que lui signalent 
les deux voyageurs, à Monopin, au nord de l'île de Banca, il 
voit « la preuve constante que les Chinois sont plus habiles 
que tous les autres peuples dans la pratique de l'agriculture, 
le premier de tous les arts. Est-ce que M. Yang, ajaute-t-il en 
nole, n'aurait pas pu y aller ? L'occasion était belle. » Il va 
jusqu’à leur concéder, à propos du rapprochement qu'ils ont 
fait des villes tartare et chinoise de Canton avec la ville de 
J.von,que « la comparaison est toute en faveur des premières, 
à cause de la largeur et de la propreté de leurs rues. » {1 fait 
toutefois une restriction : aucune place, aucun édifice public 
ne décore cette grande ville, comme on en voit à Lyon, dont ils 
se rappellent, entre autres, le superbe hôpital. Et il part de 
la pour les questionner sur l'assistance publique en Chine. 


Je ne doute pas, dit-il, que, dans un état où l’ordre public est aussi 
bien gardé qu'il l'est dans l'empire de Chine, on n’ait pourvu efficace- 
ment au moven de soulager les malades et les infirmes, en prévenant 
toutefois les abus auxquels la distribution des aumônes est toujours 
sujette. 


Ces marques d'estime et de confiance envers le peuple 
chinois doivent nécessairement, dans la pensée de Berlin, 
transpirer jusqu’à la Cour. Tout en échangeant des congralu- 
lations, on échange des présents; et c’est entre gouverne- 
wents que se font bientôt ces politesses. Les missionnaires, 
de leur côté, ont répondu aux dons du ministre par un envoi 
d'objets d'art dont la distribution doit s'étendre jusqu’à son 
jrère et à ses amis; il y a là un merveilleux paravent de 


— 141 — 


pierre, peint, de part et d'autre, en ces couleurs saisissantes 
dont la Chine a le secret. Bertin, dans sa lettre enthousiaste 
de remerciements, ne manque pas d’en demander la recette. 
Quant au premier cadeau qu'il fait au Fils du Ciel, au nom du 
roi de France, il consiste surlout en lapisscries. Le charge- 
ment a rencontré des difficultés au débarquement ; mais l’Emn- 
pereur a fait un signe, tout va bien. 

J'ai lu, écrit Bertin, avec la plus vive satisfaction dans la lettre de 
M. Yang, que toutes les tracasseries de la régence de Kantong avoient 
été di-sipées par les ordres de l'Empereur qui avoit fuit venir les tapis- 
series et les vrésents à Péking et qu'elles avoient fait sur l'esprit de 
Sa Majesté Impériale tout l'effet que j'en avois espéré, en luy donnant 
une haute idée de la perfection à laquelle les arts sont portés en 
France, et à réveiller son attention en faveur d’une nation industrieuse 
et savante que les Missionnaires depuis plus d'un siècle luv ont fait 
conaoitre d’une manière avantageuse. 

Je vois que le P. Benoit a été chargé par l'Empereur de faire cons- 
truire un palais à l’'eurvopéenne où ces tapisseries puissent être placées. 
J'admire la bonté d'un Empereur qui, suivani le récit du P. Benoit, a 
craint de mortifier les Missionnaires en faisant mettre ces tapisseries 
dans le temple des Idoles. J'ai observé que le Palais Européen 
demandé par l'Empereur doit être orné d'ouvrages hydrauliques ; je 
serois bien aisc d'apprendre dans quels genres. 


Il 


Toujours pratique, il demande, plus loin, des graines de 
plantes chinoises ; toujours féru cependant de son programme 
académique, il dit attendre du P. Amiot la traduction de l'Art 
militaire des Chinois, qu'il n’a pas encore reçue, quoiqu'avisé 
de l'envoi. Le savant missionnaire est devenu son collabora- 
Leur essentiel dans cet ordre de travail. Joseph-Marie Ainiot, 
qui est à Pékin depuis 1740, qui a appris dans la perfection le 
Chinois et la langue des Tatars, familière à l'Empereur, et 
qui est bien en Cour, s'est concerté avec Bertin en vue d'une 
publication imposante destinée à grouper tous les mémoires 
envoyés et à envoyer en France par les ouvriers de bonne 
volonté, depuis l'institution de la Correspondance littéraire. 
C'est toute la Chine étudiée sur place, sous tous les aspects. 
Le premier volume de la collection, laquelle doit en avoir 


— 142 — 


quiuze id), ne paraitra qu'en 1756 ; en attendant, les mémoires 
arrivent régulièrement. Celui qui paraît avoir pris les devants, 
car il porte la date du 20 octobre 1764, est de la main même 
du P. Amiot, dont la contribution doit d'ailleurs ètre prépon- 
dérante. Le chef de la vaillante équipe traite longuement des 
Caractères chinois, des caractères graphiques s'entend. On 
voit la solide portée de l'entreprise. Sa traduction de l'Art 
militaire, qui est enfin, après bien d'autres envois, rendue à 
destination vers la fin de 1769, ne fail que fortifier par son 
simple titre l'idée respectueuse qu'on peut concevoir de celle 
énorme entreprise. Le morceau ne remplit pas moins de 3% 
pages dans l'in-quarto, et il sera continué. On ne peut, quoi 
qu'il soit, méconnaitre l'intérêt qu'il présente par son illus- 
tration. J'imagine cependant, que c'est, avant tout, par convc- 
nance que Bertin répond ainsi à l'expéditeur : 

De tous les objets que j'ai reçu, il n’en est aucun qui m'’ait fait plus 
de plaisir que l'Art militaire des Chinois avec les desseins des évolu- 
lions qui y sont joints. Les personnes instruites à qui je l'ai commu- 
niqué m'ont fort invilé de les fuire donner au publie, puisqu'il serott 
malheureux que des détails instructifs à bien des égards et des prin- 
cipes puisés dans la sage morale des (Chinois qui nese dément jamais 
fussent perdus pour l'Europe en restant enfouis dans mon Cabinet. J'ai 
confié cet excellent ouvrage au libraire qui donne tous ses soins pour 
le publier avec les desseins gravés. Je souhaite qu’il soit donné at 
publie dans le courant de l'année prochaine et que je puisse vous €l 
envoyer un ou deux exemplaires par les vaisseaux qui partiront à Îa 
fin de 1770 (2). 

Sachons toutefois, comme Bertin, résister à la tentation de 
tourner en ridicule cette armée invraisemblable dont le 
réglements militaires étaient précédés des dix préceptes impé- 
riaux, où il était, notamment, prescrit aux soldats de cultive’ 
les terres avec soin, d'aimer son père et sa mère, et d”éviter 


D Sn 


(1) Voici le titre complet : « Aféemoires concernant l'histoire, les 8 ciPneess 
les arts, ls mœurs, les usages, ete, des Chinois, par les missionn aire si 
Pékin. — A Paris, chez Nyon, libraire, rue St-Jean-de-Beauvais, wis-à"Vi* 
du collège, 1776. — Avec approbation el privilège du Roi. » 

(2) Fonds Nepreu, noté suprà; de Versailles, le 17 décembre 1769 {Lettre 
à Yang). 


— 143 — 


les combats et les querelles. Les estampes disposées à la fin 
du mémoire représentaient des évolutions bizarres qui faisaient 
penser, en Europe, « à un jeu théätral, à un ballet figuré (1) ». 
Le P. Amiot répondait que la Chine avait toujours ou presque 
toujours triomphé de ses ennemis; qu'Alexandre et César 
arrivaient à peine, comme conquérants, à la taille de Kao-Ti et 
de Tait-Sou, et qu’au surplus les armes à feu étaient connues 
des Chinois dès le commencement de l'ère chrétienne; pour 
le temps présent, la gloire des armes n'avait pas été non plus 
refusée au règne de Kien-Long ; en cette année 1769, l'Em- 
pereur venait de sortir vainqueur d'une expédition en Birma- 
nie, n’avait-il pas conquis, dix ans auparavant, ce rovaume des 
Olets ou des Eleuths, dont l'acquisition avait assuré la domi- 
nation chinoise dans les régions centrales de l'Asie? Kien-Long 
avait même chanté sa victoire en un potme que le P. Amiot 
était occupé à traduire, provision excellente pour le futur 
recueil. Bertin rivalisait avec le zélé traducteur. I mit un 
soin tout particulier à se prêter au désir qu'avait manifesté 
l'Empereur de faire graver en France les dessins des Mission- 
naires représentant les principaux épisodes de l'immortelle 
campagne. Le P. Benoit en causait, un jour, avec le Fils du 
Ciel et lui faisait sentir les bons procédés du roi de France et 
de son ministre, dans la circonstance. 

« Dès que les premiers dessins eurent été envoyés, notre Cour en 
avant été informée, le ministre qui a le département de ces sortes 
d'ouvrages voulut que ces gravures fussent exéculées d’une manière 
digne du grand Prince qui les souhaitait et chargea de cette exécution 
le chef des graveurs du Roi, lui recommandant de n'emplover que ce 
qu'il avait de plus habile. Les premières planches ayant été exécutées, 
le ministre jugea que, quelque délicat que fût le burin, l'espèce de 
gravure qu'on avait employée ne serait peut-être pas du goût de la 
Chine ; il aime mieux sacrifier ces premières planches, et les faire 
recommencer dans un goût qu'il désigna lui-même, parce qu'il jugea 
que ce goût plairait davantage à Votre Majesté (2) ». 


Le travail dura trois ans. « On y reconnait, dit à son tour 


(1) Mémoires concernant les Chinvis. Supplément à l’art militaire des 
Chinois. (T. VIII, p. 327-345.) 
(2) Lettres édiliantes. Tome IV, p, 204 et 5. | JE 


— 141 — 
le P. Amiot, la délicatesse et l'énergie du burin des Cochin cet 
des Le Bas ; ce sont des chefs-d’æuvre de l’art. » Bertin crut 
bienséant d'en laisser la dépense à celui qui les avait comiman- 
dés ; mais il était si satisfait du résultat artistique qu’il ne put 
se retenir de prélever indèment sa part personuelle sur la 
livraison. 

.… J'espère, écrivait-il de Chatou à Marignv, frère de feue la mar- 
quise de Pompadour, directeur en second des arts et manufactures 
royales (1), j'espère que vous voudrés bien, quoique l'Empereur de 
Chine, se soit, dit-on, réservé qu'il n’en sera fait des exemplaires que 
pour lui, m'en faire donner un de chacune des 16 planches, qui com- 
posent cette magnifique collection. Je vous en serai très obligé. 

J'ai l'honneur, etc. — P. S. J'espère que vous voudrez bien ne pas 
m'oublier, Monsieur, et vous pouvez ètre bien tranquille sur ma dis- 
crétion. | 

Les provisions littéraires, scientifiques et artistiques s’accu- 
mulaient dans le Cabinet de Bertin et commencçaient à pré- 
senter une variété quasi encyclopédique. A la fin de 1772, le 
ministre accusait réceplion à Ko et à Yang de huit mémoires 
dus à un prêtre chinois, qu’il nomme le P. Paul Liéou, pseu- 
donyme du P. Cibot (2); l’auteur y trailait du papier de Corée ; 
de l'or en coquille ; de la fameuse pierre de Yu, « instrument 
de musique et ornement tellement précieux qu'on en fait des 
bijoux qui tiennent le premier rang après les pierreries et les 
perles » ; de l'intérêt de l'argent en Chine; des rues de 
Pekin ; de la petite vérole ; l'envoi était complété par des 
Observations posthumes de physique et d'histoire naturelle 
émanées de l’empereur Kang-Hi et par des Extraits du Code 
criminel chinois. Mais combien d'autres études sur le chan- 
tier ! La Mission ne chôme pas; on croirait qu'elle a entin 
conquis la tranquillilé et le repos, du moins dans la sphère 
où la présence de l’empereur régnant exerce son ravonnement 
salutaire. Mais voici qu'un mauvais vent fond sur elle ; la bour- 
rasque ne part pas, celle fois, des peuplades réfractaires du 
haut pays ; c'est de Rome même qu'elle arrive ; le Parlement 


(1) Fonds Nepreu, luc, cit. Tome I (de Chatou, 18 mars 1771). | 
(2) /bid. De Versailles, le 13 décembre 1772 (T, I}. 


_ ES — 

de France n'y a pas suifi; le Portugal, l'Espagne, l'Autriche 
ont grossi la tempête ; le pape Clément XIV, par son bref du 
20 juillet 1778, vient de prononcer l'abolition de l'ordre des 
Jésuites. 

Le coup est dur, sans doute ; mais la mission chinoise est 
sauvée de la dispersion ; elle est simplement sécularisée, 
sous l'autorité apparente de l’évêque de Nankin. Désireuse de 
poursuivre ses travaux scientifiques, en même temps que ses 
œuvres apostoliques, les uns facilitant les autres, elle se Lourne 
vers Bertin, qui a le devoir de lui rendre supportable, tout au 
moins, sa situation matérielle. Aux lettres suppliantes du 
P. Amiot, du P. Cibot, qui garde l'anonyme et se dit plus que 
jamais « laifligé tranquille », de Ko et d'Yang, il fait une 
réponse collective, le 28 février 1776 (1), « il a tâché d'adoucir, 
en quelque façon, l'amerlume de l'événement, » en obtenant 
pour eux du feu Roi, — qui est mort, de même que Clé- 
ment XIV,en1774,-- un secours extraordinaire de 12.000livres 
et l’avance d’une année de pension de 2.400 livres accordée à 
MM. Ko et Yang. « Comme, par la dissolution de la Société de 
Jésus, la communauté de bien n'existe plus, il répartit le 
secours entre les individualités savantes, faisant des parts plus 
grosses à ceux qui travaillent plus fructueusement pour la 
Correspondance littéraire. Ainsi, le P. Amiot, le P. Bourgeois, 
supérieur, lors de la dissolution, et celui qui signe « l’affligé 
tranquille », auront chacun 1.800 livres. Il n'ose espérer que ce 
secours sera continué l’année suivante, mais d'ici là, on aura 
pris un parti pour réunir les Missions. Sa Correspondanre, à 
n’en pas douter, sera continuée avec ceux du groupe déjà mis 
en œuvre qui voudront bien « répondre aux vues d'utilité 
publique pour l’avancement et le progres des sciences et arts 
que le feu Roi eut principalement pour but. » 

Le feu Roi avait en eftet très docilemenut laissé Bertin étendre 
jusqu'en Chine son action ministérielle, pour la plus grande 
satisfaction des philosophes et des lettrés. Lui-même, sans 
doute, dont peu d'objets parvenaient à captiver l'intérét, 
avait-il trouvé la tentative de Bertin à sa fantaisie et s'intéres- 


(1) Zbid. À Messieurs les Missionnaires de Pékin (T. Il). 
10 


— 146 — 


sait-il à ces pays étranges où le ministre ct son groupe de 
travailleurs lui découvraient le modèle des peuples. Le pas- 
sage de Grimm (1) sur une conversation de Bertin avec Louis XV, 
au sujet des Chinois, souvent cité, est bon à reproduire à cet 
endroit, quoique daté de 1785. 

Louis XV, qui, comme disuit M. Schomberg, était le plus grand 
philosophe de son royaume, sentait quelquefois parfaitement que tout 
n'allait pas en France le mieux du monde. S'entretenant un jour avec 
M. Bertin de la nécessité de réformer tant d'abus, il finit par lui dire 
qu'il n'y réussirait jamais sans refondre entièrement l'esprit de la 
nation, et le pria de songer de quelle manière on pourrait y parvenir 
plus sûrement. M. Bertin promit d'y rêver, et, au bout de quelques 
jours, il fut trouver le Roi et lui dit avoir trouvé enfin le secret de 
salisfaire aux vœux paternels de Sa Majesté. « Et quel est-il ? — Sire, 
c’est d’inoculer aux Francais l'esprit chinois. » Le Roi trouva celle 
idée si lumineuse qu’il approuva tout ce que son ministre crut devoir 
lui suggérer pour l’exécuter. On fit venir à grands frais de jeunes 
lettrés de la Chine ; on les instruisit avec beaucoup de soin dans notre 
langue et dans nos sciences ; on les renvoya ensuite à Pékin, et c’est 
des mémoires de ces nouveaux missionnaires qu'on a formé le recueil 
dont nous avons l'honneur de vous annoncer ici le dixième volume. 
L'esprit de la nation ne paraît pas, à la vérité, se ressentir infiniment 
de l’heureuse révolution que devait produire l’idée ingénieuse de 
M. Bertin ; mais on se souvient encore qu'il y eut un moment où 
toutes nos cheminées furent couvertes de magots de la Chine et lu 
plupart de nos meubles dans le goût chinois. 


C’est seulement sous Louis XVI, que parut le premier 
volume de la publication si amoureusement concertée et pré- 
parée entre les chinoisants de Chine et les chinoisants de 
Paris. C'est à un travail sur l'Antiquité de la nation chinoise 
qu'étaient réservées les premières pages du recueil. La dédi- 
cace en est faite naturellement « à Monseigneur Bertin, 
Ministre et Secrétaire d'Etat » ; clle est signée Ko, Jes. Le 
jeune Chinois n'en est cependant pas l’auteur; l'œuvre est 
du savant et modeste Cibot ; le Chinois y a aidé apparem- 
ment ; car il dit avoir cru d’abord à l’origine égyptienne de 


(1) Correspondance littéraire de Grimm et de Diderot. Novembre 1785. 


{Tome XII, p. 491. Edit. de 1880. Furue.) 


— 117 — 
sa nation ; mais, « revenus sur leurs pas, lui et son ami Yang, 
de concert avec nos missionnaires, out rédige le Memoire en 
question, qui détruit leur premivre opinion f1). » En tout cas, 
la poléinique s'était ouverte, de l'Orient au Ponant, sur cette 
intéressante question ; un résultat était acquis ; la Chine s'im- 
posait à l'attention du mandarinat européen. 

A en croire les mémoires suivants, elle s’imposait à son 
adiniration. Au voyageur hollandais Corncille de Paw, qui 
faisait paraître vers 1774, des Recherches philosophiques sur les 
Egyptiens el les Chinois, susceptibles de diminuer là haute 
opinion qu’Amiot et ses collaborateurs s’ingéniaient à donner 
du peuple chinois, les écrivains de la Mission opposaient 
triomphalement le texte de ces livres anciens et vénérés, 
devenus en quelque sorte leur évangile, d'où se dégageaient, 
dit-il, « des principes, des regles el des détails de morale, 
dont l’ensemble est infiniment au-dessus de tout ce qui a été 
dit et pratiqué par les peuples de la gentilité d'Europe (2) ». 
Les exemples cités sont en effet profondément édiliants ; 
c'est de la sociologie theoriquement parlaile ; les mœurs 
publiques en action étaient-elles aussi exemplaires? L'opinion 
du P. Gibot, à ce sujet, est synthétisée dans une observation 
prise d'un point de vuc tres élevé ; à l'abondance des intaris- 
sables panégyriques, je ne crois pas utile désormais d’em- 
prunter d'autre passage : 

Ce n'est que par la supériorité de la politique et de la jurisprudence 
de la Chine qu'on peut resoudre le problème de la durée de ce giand 
Empire, le plus ancien de l'linivers. Un philosophe est bien court de 
philosophie, quand il ne sent pas que l’ascendant seul d'une morale 
nationale et universelle à pu sauver le fonds du gouvernement et de 
la législation des naufrages des mauvais règnes et des révolutions 
générales, subjuguer des conquérants victorieux ct barbares, replier 
un siècle sur l’autre pour réformer les abus. 


RE Po mm CE GE 


(1) Wemoires concernant les Chinois. (Tome 1, de la page 1 à la page 271.) 
Pour l'attribution de l'œuvre au P. Cibot, voir au tomeX, à son nom, la table 
génerale. 

(2) 1bid. Tome 11, de la p. 365 à 574. Ces liemarques sur un écrit con- 
cernant les Chinois sunt datées, de Péking, ce 27 juillet 1775. L'ouvrage de 
CG. de Paw originairement avait été édité à Berlin (2 vol. in-8t). 


— 148 — 


Bertin, tout reconnaissant qu'il fût aux missionnaires de ces 
révélations de plus en plus impressionnantes, n entendait 
pas, malgré les doléances et les suppliques, qui accompa- 
gnaient souvent leurs envois, étendre sa bienveillance et ses 
sacrifices au-delà des conditions dont il avait fixé la limite. 
Embarrassé par leur condamnation en cour de Rome, il laissait 
entendre, plus nettement que jamais, à leur chef perdu parmi 
les Célestes, le P. Bourgeois, par une lettre du 27 novembre 
1776, que la Mission, en tant que groupement apostolique, ne 
le regardait pas; à ce titre, c'est à M. de Sartines qu'elle devait 
s'adresser ; ils allaient, d’ailleurs, recevoir les ordres du Roi 
autorisant le ministre de la marine « à régir et gouverner Île 
temporel de cette Mission » (1). Il faisait sentir de rechef la 
distinction au P. Bourgeois, dans une lettre du 27 septembre de 
l’année suivante, où il s’annonçail comme « chargé par le Roi 
de continuer la Correspondance avec lui, avec M" Ko et 
Yang, et ses autres M°* de Péking, pour ce qui concerne le 
progrès des sciences et des arts en Europe, en leur deman- 
dant ct recevant d'eux tous les documents et mémoires de la 
Chine qui peuvent servir à ces objets ». 

C'était signifier à la colonie qu'elle n'avait plus à compter 
sur le concours personnel de Bertin en faveur de son statut re- 
ligieux. Elle en gémissait. N'était-il plus l'ami d'autrefois? 
se laissait-il gagner par les idées du jour ? Craintes sans fon- 
dement. Bertin n'avait cessé de lui vouloir du bien. Il allait 
jusqu'à la rassurer contre loute éventualité de disgrâce, 
« même après lui, l'intention du Roy étant de soutenir la Mis- 


(1) Fonds Nepveu, loc. cit. (Tome I). Bertin à Bourgeois, à Péking. — 
Cette querelle relative a l'attribution des biens que la Société dissoute pos- 
sédait en Chine, fait en grande partie, dans la revue « Etudes par les Pères 
de la Compagnie de Jésus », l'objet d’un intéressant travail du P. de Roche- 
monteix sur Amiol (82, rue Bonaparte, janvier et février 1903). Elle divisa 
ce qui restait de la Mission, les uns tenant pour les droits du Roi, les autres 
pour ceux du Pape. M. de Sartincs disait de son côté, dans une lettre au 
mème P. Bourgeois : « Loin de vous en donner la liberté en ce moment, le 
Roi vous défend très expréssement ct à toutes personnes attachées aux Mis- 
sions, de reconnaître aucune autre compétence ou autorité que la sienne, 
relativement au temporel de oes Missions », 


— 149 — 


sion et les missionnaires » 11), On ne voit pas, en somine, 
qu'elle eut eu sujel, un seul instant, de soupçonner de sa part 
le plus léger mouvement d’inclination vers Ics doctrines à la 
mode et la cause qui la mettait à mal. L'esprit du siècle 
ne l'avait pas séduit par son côté de libre examen. L'a/fligé 
tranquille, dans sa réplique aux Recherches philosopliiques, 
n'avait pas ménagé l'ennemi : 


« Puisque l'épidémie de philosophisime, lisait-on dans l’uvaut-pro- 
los, fait tous les jours tant do ravages dans une certaine sphère de 
lecteurs, il est de la charité chrétienne de sauver ceux qui sont 
encore capables de voir avec leurs veux et de juger par ce qui leur 
reste de sens et de raison (2) ». 


Le 30 septembre 1779, Bertin accusail réception au fougueux 
anonyine, d'une lettre du 20 septembre de l'année précédente 
« signée Paul Liéou, qu'il reconnaissait ètre de lui », ainsi que 
de l’ouvrage contre les mécréants, et il ajoutait, dénonçant de 
la sorte la paternité de la réplique : 


J'ai fait imprimer ces réponses, comimne vous le verrez, dans le 
2° volume des Mémoires sur les Chinois. \Mais je ne ferai pas le méme 
usage de la suite de cette réfutation, parce qu'elle produirait un effet 
contraire à celui que vous srovez. 


Un évêque de mes amis, qui alu vos ouvrages avec plaisir, me 
disait, après la lecture de celui-ci : « Votre affligé tranquille peut 
bien être affligé, mais pour tranquille, on pourrait en douter ». 

Vous ne connaissés point (ef re curieux paragraphe est de la main 
de Bertin) à quel point l'Europe est malade, et ce n'est pas l'émétique 
qu'il lui faut. Son état (surtout en France) va jusqu'à une espèce de 
délire, et son délire l'irrite surtout contre les remèdes. Si je puis 
trouver, quelque jour, le loisir de mettre par écrit les vues que je me 
propose dans cette Correspondance, vous serés convaincu, que ce 
n’est pas par curiosité et par amusement, il s’en faut, pour vous Île 
faire entendre en peu de mots, sûr qu'une nation assez gâtée pour 
adopter, admirer, se fanatiser,en quelque sorte, des erreurs, des vices, 
comme des ridicules et du désordre ou indépendance prétendue, en 


(1) Zbid. loë. cit. À Bourgeois, du 30 novembre 1777. 
(2) Mémoires concernant les Chinvuis (Tome Il). 


— 150 — 


tous genres, de ses voisins, ne peut se guérir directement. Elle est 
même proprement incurable (1). 

Suivait, malgré tout, l’itérative recommandation : 

La ligne de votre conduite est tracée tant en général qu'en particu- 
lier, par les erdres que Sa Majesté a fuit expédier l'année dernière 
par M. de Sartincs et que j'ay moi-mème rédigés, pour le mieux, uvec 
ce Ministre. 

Et plus tard, dans une lettre à l'administrateur en chef, 
datée du 28 janvier 1779, il insistait surabondamiment, une 
fois pour toutes, sur la définition de ses propres pouvoirs. 
Sans doule, les missionnaires avaient-ils, en sens inverse, 
tenté d'amener le ministre de la marine à s'intéresser admi- 
nistralivement à leurs travaux d’érudilion. Peu jaloux du 
domaine d'autrui, Bertin entendait défendre le sien. 

« La Correspondance liltéraire, disait-il, est, ainsi que les 3.00livres 
que le Roy y destine, tout enlicrement de mon département. Ainsi, 
c'est avec moi que je vous invile, vous et vos savants, à correspondre. ” 

Voilà donc les Jésuites lâchés « en générals, comme encoul- 
brants, et retenus « en particulier » comme correspondants 
indispensables. Le recueil, approvisionné sans interruption. 
s'imprimait sans relâche. En 1780, paraissait le sixième 
volume. La publication s'était encore enrichie, outre les 
mémoires tirés de la réserve primitive, d'intéressants trasaux 
sur l’agricullure, sur la médecine, sur le commerce chinois: 
L'afflige tranquille avait fourni la traduction d'un long traité 
Sur la piété filiale. Amiot donnait les Vies des Chinois célé2res; 
depuis la plus haute antiquité. Aux soins compliqués de-Bn 
pression, avait pourvu, sur la prière de Bertin, un savant qui 
tenait en grande amitié et en haute estime, l'abbé Battæeui. 
de l'Académie française, qui mourait, cette année même, € 
dontil allait honorer les cendres d’un magnitique mausolée À): 
ee LA te tn M UE de nt 

(1) Fonds Wepveu, luc. cit. (T. 1). Bertin au P#*# dit l'A figé trang aille 
missionnaire à Péking, écrit de Versailles. Cette lettre en minute est en partie 
écrite de Ja main de Bertin. 

(2) Memoires secrets de Bachaumont, 18 décembre 1581 (4 18, p JU): 
e M. Bertin le ministre vient de faire placer dans l’éulise de Saint-Ands © ges 
Arts un monument à M. l'abbé Batteux.» Bertin en aurait lui-mème comP9$t 
la dédicace : elle porte, à la fin * Amicus, &mico. 


— 13 — 


La besogne passa à Bréquigny, une sominité aussi, dans son , 
genre. Cette petite république littéraire, qui s’accordait si 
bien d'un hémisphère à l’autre, répondait au programme que 
s'était fixé le ministre, point de politique, point de religion. 
Là-bas, cependant, la Mission religieuse se résignait difficile- 
ment à le laisser à son seul mécénat. D'un commun accord 
entre la Cour de France et le Vatican, la congrégation de 
Saint-Lazare était devenue titulaire nominale de la Mission ; 
en fait, les Jésuites, groupés comme devant, restaient libres 
de participer à la propagation de la foi et n’en conservaient 
pas moins les moyens de poursuivre leur œuvre scientifique. 
Quoi qu'en ait dit le P. Huc (1), des dissentiments ne tardèrent 
pas à naitre entre les deux groupes. Les limites des deux 
domaines, marquées par Bertin, furent méconnues. Mis au 
courant de ces rivalités par le P. Bourgeois, Bertin lui répéta, 
non sans vivacité, qu'il avait à faire aux savants, et non aux 
missionnaires (2) ; et, poussé à bout par de nouvelles récla- 
mations, il se débarrassa de ces importunités par un ulti- 
matum. Il y en a pour les nouveaux venus comme pour les 
anciens. 

Quant à vous, lui écrit-il, le 31 décembre 1784, comme vous verrez 
par la lettre à M. Amyot, il s’en faut que je vous demande de vous 
engager plus avant dans les travaux dela Mission. Vous êtes aujour- 
d’hui un prêtre libre, et j'ayme encore mieux cette Correspondance 
entre les mains d'ouvriers indépendants de la tyrannie monacale des 
petits suppôts de la propagande, que de la voir par leur qualité de mis- 
sionnaires cmpèchée par les tracasseries et l'intrigue. 

Comme je ne veux avoir, ni pour cela, ni pour la Mission mème, 
qu'une Correspondance avec vos personnes, tout ce que je faisenvoyer 
regarde vos personnes, comme la pension de MM. Ko et Yang ne 
regarde qu'eux, et, sy j'aperçois que faute d'y prendre garde de votre 
part, cela donne encore lieu à la plus légère confusion ou interversion 
d'idée de la Mission et des Missionnaires, je cesserais toute corres- 
pondance avec celui qui y aura donné lieu (3). 


(1) Le christianisme en Chine, etc. (1858). Tome IV, p. 2% els. 

(2) Fonds Nepveu, loc. cit. Voir notamment (tome III, Bertin au P. Bour- 
geois, du {4 décembre 1783). 

(3; Jbid. Bertin à Bourgeois (tome 111). 


— 152 — 


Cette correspondance, il y tient cependant, par dessus tout: 
Quand il à donné, au mois de mai 1780, sa démission de 
Ministre et de Secrétaire d'Etul, il s'est réservé la conlinua- 
tion de ce service spécial. L'impression des Mémoires, comme 
il s'en est alors expliqué au P. Amniot, s'est ressentie un ins- 
Lant de sa retraite. 


Sa santé ne lui permellunt plus de se livrer uux travaux d'adininis- 
tration, il à obtenu de Sa Majesté la liberté d'y renoncer, mais il n'a 
pas perdu do vue, dans cette occasion, leur Correspondance littéraire. 
Le Roy, ajoutait-1l, était instruit qu'il la continuoit « comme homme 
de lettres, en amateur, et avait mème bien voulu continuer les mèmes 
secours qu'il y avoit affecté » (1). 


L'impression avait bientôt repris son cours, et, au moment 
de la menace que nous venons de l'entendre fulminer, à la fin 
de 1784, le dixicine volume sortait des presses de Stoupe, 
limprimeur humaniste de la rue de la Harpe, avec la suite 
des Hommes célebres par le P. Amiot, avec une longue lettre 
du même sur l'administration de l'Empereur régnant, sur ses 
incomparables mérites, sur l'aiguille aimantée, sur la marche 
du mercure dans le baromètre. On y voyail, en outre, un corps 
de Pensées, maximes et proverbes, extraits ct traduits de 
divers livres chinois, par le P. Cibot. L’'affligé tranquille était 
mort en 1780, laissant un grand vide dans le chantier. Enfin, 
l'in-quarto se terminait par une table générale de la collec- 
tion. On avait pensé sans doute à l'arrèter là. Mais le tome XI 
était déjà en préparation. 


[11 


Malgré la part énorme de contribution que lui devait l'œu- 
vre collective, Auniot tenait prèt, à Son intention, un morceau 
capital, « la vie de Kong-Tsée appelé vulgairement Confucius, 
le plus célébre d'entre les philosophes chinois » (2). Il venait 


re 


(1) Zbid. Bertin à Armiot, du 31 decembre 1880 (t IN) 

(2) Publiée dans le orme XII des Mémuires. Le manuscril original, précédé 
d'une dédicauc à Berlin, est aux .Vourelles acquisitions françaises de la Biblio- 
thèque nationale, 4120 (1784. | 


— 153 — 
de l’achever ; il la dédiait à « Monseigneur de Bertin, Ministre 
ot Secrétaire d'Etat ». Il avisait l'ex-ministre de l'envoi par 
une lettre du 2 octobre 1784 ; il y joignait un grand nombre 
d'estampes cravonnécs représentant loutes les actions de la 
vie du Sage ; et, pour combler la mesurc, il insérait dans le 
paquet un autre de ses ouvrages inédits, et non le moindre, 
le Dictionnaire universel de la langue des Mantchouc. Bertin 
lui répondait, le 8 novembre 1785 : 


Les objets annoncés sont arrivés. La Vie de Cénfurius arrive d'au. 
lant plus à propos que la collection des mémoires commencaient à se 
ressentir de la diselte des matériaux où nous nous trouvions à pré- 
sent. Cetle vie, qu'un voyage que j’ay fait m'a empêché de lire encore, 
mais qui, suivanl ce qu’on m'a dit, est écrile avec le plus grand soin 
el qui, tant par son objet que par la manière dont il est traité me parait 
propre à piquer vivement la curiosité, sera insérée dans le 12° volume 
dus Mémoires (1). 


Puis, il remerciait Auniot du Diclionnuire Chinois Mant- 
chour et, vraiment insatiable, lui disait son impatience de 
recevoir la grammaire promise La grammaire était en route. 
La publication se soutint, traversa méme brillamment cette 
période critique, grâce à l'inlassable jésuite, grâce aussi à 
Bertin, qui veillail à la question matlcrielle et qui frappait à 
toules les portes. 


Permetlez-moy, Monsieur le Marechal, cerivait-il à Richelieu (2), 
de vous recommander notre Correspondance littéraire de Chine. M. le 
lieutenant de police vous fera voir, à ce que j'espère, que vous pou vés 
aisement la rendre moins pauvre, sans qu'il en coûte rien au Roy. 
J'espère aussi que vous trouverés le Roy bien disposé ; après avoir 
lu l'extrait de la Correspondance de cette année, il m'a bien voulu 
permettre de mander à M. Amiot, notre principal ouvrier, qu’il luy en 
sçavoit gré. Cette Correspondance a d’ailleurs déjà procuré 11 à 12 volu- 
mes curieux et utiles, et beaucoup de dessins dont la Manufacture de 
porcelaine a bien profité. Vous ferions mieux si nous étions moins 
pauvres. 


4) Fonds Nepveu, loc. cit. (tome IV), daté de Paris. 

(2) Lettre publiée, comme appartenant à ses archives particulières, par 
M. Fourgeaud -Lagrèse, dans le Discours préliminaire de son Pcrigord libto- 
raire (1874, L, D). 


LS 


— 154 — 

J'ay l'honneur d’être, Monsieur le Maréchal, avec le plus sincère et 
le plus parfait attachement, votre très humble et très obéissant ser- 
viteur. 

| BERTIN. 

En tête, est la date du 14 avril : le millésime fait defaut; il 
se révèle aisément par une lettre de Berlin à Amiot, du 
22 noveinbre 1787, où le ministre remercie une fois de plus 
l'écrivain : 
fe son activité infatigable el des détails infiniment intéressants et qui 
sont arrivés à lemps pour ètre mis sous les yeux du Roy, qui l'a 
chargé d'en témoigner à celui-ci toule sa satisfaction, et pour èlre 
insérés et compléter le 13° tome des Mémoires (1). 

La copie d'Amiot remplit à peu pres tout le volume. Le 
P. Bourgeois à bien voulu donner une longue lettre sur 
l’inondation de l'ile Formose. On à sorti des vieux cartons 
quelques résidus de feu Martial Cibot, où il est traité des 
abeilles, des hirondelles, du cerf, des cigales, des tuiles ver- 
nissées et encore des pierres de Yu ; on a même retiré quel- 
ques pièces de poésie en traduction. Il faudrait renouveler la 
provision, soulager l'héroïque Amiot. « Ce travail, dit Bertin, 
dans la même lettre, me parait si immense que je vous exhorte 
à vous faire secourir par les copies et traduction des gazeltes 
et autres choses de ce genre. Il vous suilirait de surveiller » 
On a bien le P. Roux, qui va donner son léger tribut : c'estun 
lazariste. On a bien le P. Jean-Joseph de Grammont, arrivé 
en 1:68 comme prêtre des Missions étrangères, devenu mathé- 
maticien de l'Empereur, tout simple professeur de graminaire 
qu'il fut auparavant en France; il a notamment, pour ce 
volume, fourni la copie d’un curieux « Avis au public » 
émancé du gouverneur chinois de Canton, qui met à la raison 
les Anglais, à propos d'un meurtre commis par un de leurs 
matelots sur deux bateliers indigènes (2). Le P. de Grammont 
est de la nouvelle couche des missionnaires, qui n'a apporte 
que lc désordre : Bertin est pour l’ancienne; il reproche au 
rédacteur d'occasion sa connivence passagère avec ces trouble- 


(1) Fonds Nepveu, loc. cit. (tome IV). 
(2) Mémoires, etc. Tome XIII (1738). 


— 155 — 

fèles ; il n'a pas oublié que le mathématicien a fait chorus avec 
le P. de Ventavon et avec ceux qui, plus papistes que le Pape, 
ont soufflé à Clément XIV l'idéc de mettre la main sur le tem- 
porel de la Société dissoute à l'exclusion du roi de France; 
qui, au spirituel, ont englobe l'évêché de Pékin, gouverné par 
un Francais, dans la juridiction canonique de l’évêque portu- 
gais de Macao : qui en sont venus, ayant trouvé leur homme 
dans le P. Damascène Salusti, à le faire nommer, le siège étant 
libre, évèque de Pékin et à le faire sacrer, sans attendre les 
bulles pontificales, et ce, envers et contre le noyau fidèle des 
vieux Jésuites de la Correspondance, entre autres, Dolliers, 
Cibot, Colas, Bourgeois. Aux protestataires, lintrus a répondu 
par l’excommunication (1) ; quelques-uns n'ont pu supporter 
le coup et en sont morts. Le P. de Grammont a trempe dans 
le complot au point d'accepter le poste d'administrateur de 
la Mission en remplacement du P. Bourgeois. On chuchote 
qu'Amiot a chancelé entre les deux camps; mais, il s’est 
ressaisi, Bertin le couvre, le met hors de cause, exalte mème 
sa fidélité ; peut-il faire autrement ? 

Quand il a vu le P. de Grammont rentrer au bercail, il lui 
a reservé un autre accueil. Dans une lettre cassante du 22 no- 
vembre 1787, il le remercie, malgré tout, de « cet Avis au 
public, qui sera, dit-il, inséré dans nos Mémoires », puis il va 
droit « à sa conduite passée dans les différends des Missions ». 
Laissons la querelle, qui ne rentre pas dans notre sujet, 
mais relenons ce spécimen du franc parler de Bertin. Il 
a vraiment peine à lui pardonner. 

J'ai, par provision, mis sous les veux de Sa Majesté ce que vous 
m'écriviez, celte année, d'intéressant, mais Je ne pourrois continuer à Île 
lui donner dorénavant, si je ne savois que vous êtes sérieusement 
revenu d'une erreur qui vous avoit jeté dans le parti d'hommes et de 
prêtres qui veulent s'appeler François et ne sont que de francs ultr'a- 
montains ou plutôt n’en ont que simulé le role contre les ordres du 


(1) Dans le travail plus haut signalé, le P. de Rochemonteix fait observer, 
par une note relalive à la lettre de M, de Sarline, que cette lettre fait allusion 
à cerlains faits regrettables qu'il passe sous silence soit par charité, soit par 
convenance. Ce sont les faits que souligne si vivement mon extrait de la 
lettre de Bertin, que je ne pouvais laisser de côté. 


Roy, dont ils ont, et contre leur conscivnce, méconnu l'autenticité, et 
pourquoy tout cela? pour profiter de l'extravagance d’un pauvre moine, 
à qui l’annonce de su croix épiscopale avait tourné la cervelle, à l’effet 
de vexur, persécuter, faire mourir de chagrin leurs confrères, com- 
mettre ou faire commettre par le moine des abus et scandales jus- 
qu'alors sans exemple. 

Voilà, Monsieur, la passion envenimëe et sans remords auxquels 
vous vous êles livrés, quoique je vous rende la justice personnelle de 
vous distinguer beaucoup d'eux, mais vous n'en avés pas moins 
appuyé de votre suffrage ce qu'ils appellent leur parti, malgré le flel 
inhumain, la mauvaise foi, l’insolence grossière même dont ils ont 
accompagné leur mauvaise conduite, dont l’objet, insolemment avoué 
par eux, étoit de persécuter des gens fidèles à leur devoir, envers le 
Roy et la Mission et qui ne se prêtoient au projet insensé de mettre en 
canonicalts ou possessions personnelles les biens communs d'une 
Mission dont ils étoient chargés. 

Voilà certainement, Monsieur, le tableau très ruccourei de ce que 
votre silence ou du moins votre faiblesse a appuyé, malgré l'exemple 
respectable de M. Amyot, que vous aviés sous les yeux et qui a su se 
conduire si sagement qu'il s'est allié l'estime générale, et ici, et à 
Rome même, où les pelites intrigues de vos confrères avec le bas 
ordre de la Propagande n'ont pu l’empècher. 

Je suis, Monsieur, eic. BERTIN. 


La mercuriale a son contre-poids dans l'amabilité rassu- 
rante qu'une leitre de Bertin, exactement du même jour, 
mauileste au P, Ainiot, en lui accusant réception des présents 
accoutumés ; une part du tribut, cette fois, est nommément 
destinée à un neveu de Bertin, au fils de sa sœur, la pre 
mière Charlotte (1), à Louis-Raphaël Lucrèce, comte de 
Mellet, lieulenant général des armées du Roi, celui dont 
on connait le rôle important dans les opérations électorales 
de la noblesse périgourdine en vue des Etats-Généraux, et 
qui se trouve être, de son côk, le frère de Charlotte-Lucreèce 


(1) Le portrait en miniature de cette Charlotte Bertin, qui a été reproduit 
plus haut dans la planche des sept médaillons de famille {8° partie, IV), pré- 
sente une particularité notable. Le dessin, le costume, la pose du sujet, et 
jusqu'au caractêre de sa physionomie, sont étroilement et même servilement 
inspirés par le fameux portrait de la Cenci, «“ l’héroïque parricide romaine de 
1599, » œuvre de Guido Reni. 


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— 17 — 


de Mellet, mariee en 1758 à Alexis de Fayard, écuyer, 
seigneur des Gomhes. Ces époux Fayard des Combes devaient 
recueillir dans l'héritage de l'abbé Bertinet de M°!!°: Bertin de 
Bellisle et Bertin de Crevssac le château de Rossignol, de- 
venu ensuite la propriété de la famille de Roumejoux. Nous 
reviendrons sur cette demeure que peuplent d'intéressants 
souvenirs; nous devons ici cependant mentionner le service 
en porcelaine de Chine qu’il nous a‘été donné d'y admirer. Il 
porte les armoiries des Mellet et des Fayard. Les Chinois 
adaptaient volontiers des dessins francais aux porcelaines de 
leur fabrication ; la tradition s’est conservée dans la famille 
que ces belles pièces, mème avec les armes dont elles sont 
décorées, seraient venues de Chine et auraient à la rigueur 
fait partie du lot destiné au comte de Mellet et par exten- 
sion à certains de ses proches. Je crois, malgré tout, plus 
plausible d'en attribuer l’origine à la Manufacture de Sèvres, 
dont Bertin était le directeur et dans laquelle il s'appliquait 
à introduire les procédés et jusqu'aux inatières de la fabri- 
cation chinoise (1). 


Il me reste, écrivait Bertin à Ko et à Yang dès 1766, à vous parler 
de quelques objets ou d'utilité ou de curiosité pour lesquels je m'in- 
téresse. Le premier esl un mémoire pour me procurer toutes les 
matières dont on fabrique la porcelaine, dans l'état progressif de 
préparation où elle se trouve, depuis la matière brute jusqu'a la por- 
celaine parfaile de King-te-Lihin, avec tous les outils qui servent à 
cette fabrication. M. Lefèvre pourra vous aider à ce sujet et vous 
pouvez le charger de faire cette commission (2). 


(4) Voir Comptes rendus de l'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres, 
bulletin de novembre 190$ (Paris, Picard): La Chine en France au xvim* 
siècle, par Henri Cordier : « A Sèvres même, vers 1775, on fit des applica- 
tions d'or en relief sur porcelaine de Chine, Puis, on trouva plus simple 
encore de faire venir de la porcelaine blanche et de la décorer sur place... 1 
est intéressant de remarquer qu'à leur tour, les Chinois imitèrent les porce- 
laines d'Europe ; je signale à Sèvres une copie chinoise d’une pièce de Saint- 
Cloud (8902) ct une imitation de la faience du Roi: ils ont mème reproduit 
sur émail de Canton des sujets ou même des tableaux européens. » 

‘2 Biblivth.de l'Institut. Fonds Nepveu. Lettres de Bertin, lome Îe", lettre 1 
du 31 décembre 1766. 


— 138 — 


Le service de Rossignol est toujours manifestement de l'art 
chinois, ne fût-ce que par inspiration, et c'est bien la Chine, 
la Chine de Bertin, que nous retrouvons sous cet aspect, 
dans Ja gentilhommerie périgourdine. Nous l'v retrouvons 
aussi sous la forme d’un jeu de loto, qui paraît avoir fait les 
délices des habitants du lieu; ct, en cherchant bien, il est à 
croire qu'on l'y retrouverait encore dans un de ces jeux de 
diavolo, remis furicusement à la mode en France, il y a peu 
de temps, et prinilivement compris parmi les cadeaux 
qu'envoyaicnt à Bertin ses protégés de Chine (1). | 

Bertin, amené par bonne politique à fermer les veux sur 
l'écart momentané du P. Amiot, ne voulut pas mëme, quoi 
qu’il en füt parfailement instruit par le P. Colas (2), l'effleurer 
d’une allusion embarrassante. Le P. de Grammont suitisait à 
l'expiation. Le P. Amiot avait déjà payé sa propre rancon 
avec usure |! 

Le fait est que le vaillant publiciste tient bon jusqu'au bout. 
Bertin n’abandonne pas non plus la Correspondance. Ni l'un 
ni l'autre n’en sont détournés par les premiers orages de 89. 
Les Etats-Généraux, le Jeu de Paume, la Nuit du 4 août, les 
Journces d'octobre, se déroulent, le ministre à les regards tou- 
jours tournés vers l'Orient. Il a cependant senti la secousse. 
Le fils d'un de ses meilleurs collaborateurs de France, de l'aca- 
démicien Joseph de Guigues, vient de partir pour la Chine. 
Bertin lui écrit, le 30 octobre 1789, qu’il songe à « lui faire 
avoir un traitement proportionné à la dépense qu’'exige la 
résidence de Canton ». Mais il y a un temps d’arrèt: il faut 
laisser passer l'orage. 

I ne faut mème pas penser à en solliciter un dans les circonstances 
actuelles. Tout est ici en subversion. Le temps apprendra ce qu'il 
peut en résulter et fikera les idées et la marche sur tous les objets 
sans exceplion (3). 


Bertin, en attendant, veille à la préparation du tome XV, 


(1} Voir Journal des Débats, du 29 juin 1907. 

(2) Fonds Nepveu. Recueil des lettres des missionnaires à Bertin (du P. 
Colas, 20 novembre 1780.) 

(3) Fonds Nepveu, Lettres de Bertin. (T. IV). 


Clichés du Marquis de Fayolle. Imp. Berthaud, Paris, 


I. -— Portrait de Bertin en biscuit, offert à son directeur par la 


Manufacture de Sévres. 


IL -J eton en argent de Bertin, lieutenant de police, 1757. 


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— 159 — 


qui paraitra avec le millésime de 1791. Les pères Raux et de 
Grammont v participent. La réserve posthume de Cibot donne 
son contingent. Bourgeois en est aussi, et M. de Guigues lui- 
même y contribue par l'apport d’une Histoire abrégée de la 
grande dynastie Tang, @uvre également posthume du P. Gau- 
bil, laquelle remonte au milieu du siecle. On fait flèche de 
tout bois. Amiot, lui, soucieux de donner au volume quelque 
originalité, promet et amorce mème un travail substantiel 
sur les Petiles danses pour faire suite à ses Danses chinoises 
proprement dites et, au besoin, à son traité sur la Musique 
chinoise, c'est à merveille. Ce bon P. Amiot, tout à son apos- 
tolat scientifique, ne voit Bertin que dans l'optique de cette 
grande mission ; suggestionnc par les propres épanchements 
du ministre,ille contemple de loin dans la résidence de 
Chatou, s’abandonnant aux délices d’un maodarinat sltu- 
dieux et paisible, comme Montaigne dans « la librairie » de 
sa gentilhommière périgourdine, et c'est sans nul doute, 
pour satisfaire à un désir récemment exprimé, qu'il lui 
écrit de Pékin la longuc lettre du 16 octobre 1790 (1), où il 
détaille le plan d'une salle arlistement disposée, moitié 
cabinet, moitié musée, que son éminent correspondant a 
l'intention de réserver aux chinoiseries et qui fera le princi- 
pal motif de sa maison de campagne. En voici le savoureux 
début : 


Monseigneur, 


J'ai promis à Votre Grandeur une lettre pour la diriger dans l'ar- 
rangement de son Cabinet chinois. Tout bien considéré, j'ai conclu 
que la chose se feroit mieux et avec plus d’aisance et de facilité, si je 
me transporlois moi-mème sur les lieux pour présider à tout ; ne 
pouvant le faire en réalité, je le fais en idée et je me trouve déjà 
dans votre agréable séjour de Chatou. Là, après vous avoir rendu 
mes respectueux hominages, je vous prie de m'assiguer l'endroit par- 
ticulier de votre château ou de la maison que vous destinez à être le 
témoin et le dépositaire de vos réflexions, quand, lenaol en main 
l'un des ÆAïing chinois (2) ou la Vie de Koung-Tsée, vous voudrez 


(1) Zbid. tome III des Lettres d’'Amiot à Bertin. 
(2) Les livres particulièrement sacrés. 


— 1 — 


jouir quelque temps de vous-même et méditer en sage sur Île principe 
des choses, sur leur existence momentanée dans une même manière 
d’étre, sur leur destruction ct sur leur renouvellement en d’autres 
formes ou sur quelques points particuliers d'histoire ou de morale 
que vous croireg être plus analogues que tout autre aux dispositions 
du cœur et de l’âme où vous vous trouverez alors. 

Vous me conduisez dans une grande salle, au rez-de-chaussée, 
entre cour et jardin, regardant directement le midy, entre deux corps 
de logis dont l'un regarde l'Orient et l’autre l’Occident et qui sont 
exactement semblables. Jusque-là, tout est chinois; et nous n’avons 
qu'à toucher quelque chose à la salle et nous aurons ce qu'il faut. 
Raccourcissons-la de dix pieds de chaque côté par une simple cloison 
de planches. Sur le toit, entre les deux cloisons, élevons un autre 
petit toit. Cette salle, ainsi divisée, nous donnera dans la partie du 
milieu ce que nous appelons un ting; dans la partie de l'est, votre 
cabinet particulier ou votre chou-fang chinois; et, dans la pertie de 
l'ouest, vous aurez un petit {s0-fang ou laboratoire, où vous irez, de 
lems en tems, vous amuser ou vous délasser par quelque travail des 
mains. Comme je ne suis chargé que de l'arrangement de votre 
‘ cabinet, je me tais sur tout le reste. 


La leltre était accompagnée de plusieurs caisses contenant, 
tout d'abord, des objets décoratifs, dont elle indiquait l’appli- 
cation. C'était, premièrement, deux lien-tsée, agencement de 
bâtonnets en bambou « supériearement vernis », qui devaient 
s'adapter, l’un à la porte séparative de la salle ct du cabinet, 
l’autre à la principale fenûtre, et supporter des rideaux se 
repliant sur eux-mêmes, de haut en bas, au moyen de cordons 
de soie ; bref, en bon français, une portière et un contrevent 
à la chinoise. Venaient ensuite quatre grandes peintures repré: 
sentant les quatre saisons, puis, deux autres, « un peu mieux 
faites », dont l’une représentait la fleur du grand nénuphar, et 
l'autre était une sorte de talisman que les lamas donnaient 
aux Tartares pour écarter les scorpions de leurs tentes ou 
maisons. Mais le morceau sensationnel était le Pien, autre- 
ment dit « l'inscription sententieusce qui désigne symbolique- 
ment celui en l’honncur duquel elle a été faite ou auquel on 
peut l'appliquer ». La pancarte, véritable chef-d'œuvre de 
Calligraphie chinoise, portait une maxime de Confucius, 
qu'Aniol traduisait littéralement : « Le sage n’est pas un ins- 


— 161 — 


brument », lui donnant cette interprétation « qu'un instrument 
n’est bon qu'à ce pourquoi il fut fabriqué », tandis que le sage 
peut être employé à tout et pour tout. Eu bas du Pien, à droite 
et à gauche, on apposcrait, sur le mur, comme ornementa- 
tion symétrique, deux cartouches destinés à proclamer, dans 
le mème esprit, les vertus du maître de la maison. 

L'envoi contenait d'autres ornements qui méritaient égale- 
ment « unc place distinguée », des cartes célestes chinoises, 
et, entre tous, trois exemplaires du caractère « qui désigne la 
félicité et qui porte en chinois le nom de Fou », l'un à mettre 
au-dessus du Pien, un autre sur la porte d'entrée extérieure, 
et le troisième à volonté. Même latitude « pour ce qui est de 
l'arrangement des autres petits riens qui sont dans les caisses. » 
Mais le bon père n’envisage pas comme tels certains objets 
contenus dans une caisse spéciale. Qu'est-ce donc ? Tout bon- 
nement, un feu d'artifice, avec tous ses accessoires. Il est 
réservé aux visiteurs de ces curiosités, qui en jouiront, après 
une collation, à la manière chinoise, et un thé servi à l'avenant. 
Tout cela dut arriver à destination, un beau jour du mois de 
juin. Il n'y à trace, nulle part, de la fète préparée par le 
P. Amiot. Le feu d'artifice eût fait époque dans ce coin de la 
banlieue parisienne ; il fut apparemment sacritié à d’autres 
préoccupations : à Chatou, comme ailleurs, évènement du 
jour était l'évasion de la famille royale. 

I n’y a vestige non plus, dans le château actuel, qui -est ce 
qu'il était à cette époque, de l'exécution du plan d’architec- 
ture demandé à l'illustre missionnaire. Bertin eut cependant 
un cabinet chinois, à Chatou, du moins ce qui pouvait 
abondamment en former la substance, comme il y eut un 
riche cabinet d'histoire naturelle. C’est à l’une des plus vastes 
pièces du logis, dans le voisinage et peut-être dans la pro- 
miscuité de ses archives périgourdines, qu'était échu l'hon- 
neur de recueillir les originaux des quinze volumes de 
Mémoires sur la Chine, avec la matière d'une suite indéter- 
minée (1), et de servir de dépôt à ces inestimables estampes 


{1) D’importants résidus du travail des Missionnaires, recueillis et mis en 
ordre par Silvestre de Sacy, formèrent un seizième volume, qui parut en 
1816, 

11 


— 162 — 

qui reproduisaient tantôt l’histoire, tantôt les mœurs, tantôt 
la nature de la contrée magique ; là aussi s’accumulaient 
les lettres des Missionnaires et les doubles ou les minutes 
de celles de Bertin. M. Léopold Delisle (1) nous fait con- 
naître que les confiscations contre les émigrés n'amenérent 
pas beaucoup de manuscrits précieux à la Bibliothèque 
nationale ; mais il note, dans ce butin éminemment appré- 
ciable, la collection de Bertin comme « se faisant remarquer 
par des livres et dessins chinois que le département des 
Manuscrits recut en mars 1796. » Il n’y a dans ce lot, qui 
appartient à la collection Bréquigny, qu'une partie de la 
collection remontant à Bertin. C'est d'un fonds beaucoup 
plus considérable que Breton de la Martinière tira les élé- 
ments de son gros travail, la Chine en miniature, dont il fit 
d’abord paraitre quatre volumes en 1811, puis deux en 1818, 
avec ce sous-titre : « Choix de costumes, arts et métiers de 
cel empire représentés en 74 gravures, la plupart d'apres les 
originaux inédits du cabinet de feu M. Bertin, ministre (2) ». 

Il parle, dans la préface, d'une « collection de 400 dessins, 
faits à Pékin, des arts et inéliers de Chine, » et se borne à 
dire que c'est « le hasard » qui procura au libraire Nepveu l'oc- 
casion d'acquérir cette collection, ainsi que la Correspon- 
dance des Missionnaires. » La Correspondance constitue la 
part la plus appréciable du fonds Nepveu, à la Bibliothèque 
de l'Institut. 

Le « hasard », au demeurant, a bien fait les choses, puis- 
que ces documents lancés dans le trafic par les mandataires 
ou les ayants-droit de Bertin, après sa sortie de France, sont 
venus, en fin de compte, suivant un vœu qu’il exprima jadis, 
accroitre notablement le trésor scientifique de son pays. 

(A Suivre). G. BUSSIÈRE. 
2 2 

(1) Le Cabinet des Manuscrits (1874. Tome IL, p. 9.) 

(à Biblioth. nationale, O' N, 75 ; l'édilion ainsi cotée est en 6 volumes 
(Paris, Nepveu, 1811-1812). Elle semble n'être que la seconde, la premièro 
étant composée de 4 volumes, à laquolle deux autres vinrent ultérieurement 
s'ajouter. Deux traductions parurent à Londres, spécialement recommandées 


comme inspirées des originaux ayant appartenu au Cabinet chinois de feu 
M. Bertin (British Museuun Calalogue 10055 * et 7854 4.) 


— 163 — 


VARIA 


EXTRAITS DU CATALOGUE DU FONDS Boukné. 


Dans la seance du 6 aoït dernier, le Secrétaire général avait 
signalé dans les papiers de Jean Bourré, secrétaire du roi Louis XI, 
et dans le catalogue, dressé par M. Joscph Vacsen, de ce fonds 
conservé à la Bibliothèque nationale, quelques pièces nous intéres- 
sant ; il en trouve d'autres qu'il demande la permission d'indiquer, 
sous les numéros de leurs cotes : 

307. — 6 mai 1465. Issoudun. — Mandement de Louis XI à Antoine 
Raguier de payer à Michau Robillart, capitaine des francs archers de 
Périgord, et aux 54 francs archers placés sous ses ordres, leurs gages 
du mois de mai, à raison de 15 1. t. pour le capitaine, et de 4 1. t. par 
franc archer. N° 22... 

335. — 7 juin 1465. — Saint-Pourçain, — Mandement de Louis XI 
à Antoine Raguier de payer à Michel Robillart, capitaine de 51 francs 
archers de Périgord, 1145 1. t. pour une quinzaine, commencée le 1° 
juin, à raison de 71. 10 s. t. pour le capitaine, ct de 40 s.t. par franc 
archer. N° 37... 

304. — 30 juin 1465. Aigueperse. — Mandement de Louis XT à An- 
toine Raguicr de payer à Michel Robillaït, capitaine des franes ar- 
chers de Périgord, au nombre de 54, leurs gages de la dernitre quin- 
zaine de juin, à raison de 7 1. 10 s, t. pour le capitaine, et de 400 8. t. 
par franc archer, N° 49... 

441, — 14 mars 1167. — Lettre des sieurs de Brézé et de Bcau- 
mont à M. le contrôleur (Bourré), pour obtenir le payement des gages 
de M° Miles, que le Roi avait chargé de les accompagner en Saintonge, 
Périgord et Limousin, où ils allaient faire uno enquête sur les gens 
d'armes. F 75... 

488. — [1467]. — Mandeinent de Louis XI aux généraux des finan- 
ces d'imposer au pays de Périgord, pour l'année commencant au {°° 
janvier 1468 (n. st.), 1001. t., dues à Antoine de Tournemine,écuyer, 
capitaine des francs archers établis audit pays, pour tout ce qui lui 
est dû antérieurement au 1€" janvier 1466 (v. st.). N° 80... 

561. — 6 août 1168. Compiègne. — Mandement de Louis XI à An- 
toine Raguier de payer à Jean, scigneur d’Estissac, 200 écus pour deux 
voyages par lui faits auprès du comte d'Armagnac. N° 94... 


(Biblioth. de l'Ecole des Chartes, tome #1, année 1883, p. 305, 309, 
311, 322, 328). 


— 164 — 


123. — Lelitre de... à .…. relativement à Michel de Lagrange, marié 
à la aièce de Morvilliers, au voyage à Rome de Patrix Foucquart, du 
_ sénéchal de Périgueux (1471), cet d’un chapelain dudit Morvilliers (1). 
G 99. 

705, — Requête de Richard de Badefol à Louis XI pour obtenir de 
lui 500 réaux, en compensation des 500 qu'il s'était engagé à payer au 
roi Charles VII, pour la châtellenie de Casaux, afin de pouvoir subve- 
nir aux dépenses qui lui avaient été imposées par les obstacles mis 
à sa jouissance par le feu duc de (iuienne. M 62. 

160. — [1472]. — Requête du sire d’Albret au Roi pour obtenir l'as- 
signalion de sa pension en [Limousin ou en Périgord, l'élévation de 
cette même pension, qui, depuis trois ans, avait été diminuée de 1200 
1, t. ; laréduction à 9001. t. des 1.1001.t. de crue, sur ses sujets d'Age- 
nois et de Bazadais, enfin la prestation d'hommage de qui de droit 
pour les châtellenies de Lineuil (Limeuil ?) et de Capdueil, au besoin 
par un arrêt du Parlement de Bordeaux (2). C 164. 

823. — 9 mars [1473]. Montils-lez-Tours. — Lettre missive de Louis 
X1 à Du Lau. K 81 et 83, | 

930, — Samedi 2 août [1477]. Nantes. — Lettre d'Odet d'Aydie à 
Bourré pour lui annoncer son arrivée à Montaigu. E 16. 

1035, — [1481]. — Requête de Martin d'Argouges à Charles Vi, 
pour obtenir contre les héritiers de feu M. Du Lau des lettres de con- 
trainte, jusqu’à concurrence de ce qui lui était dû, et aussi pour être 
inscrit au nombre des officiers de la maison du Roi, comme conseiller 
do son échansonnerie, dont il avait reçu l'oflice (3). M 16. 


(1) Cet envoi fait par Morvilliers d'un de ses chapelains à Rome se rop- 
porle, comme les lettres du Roi du 4 novembre 1471, aux démarches faites 
par le duc de Guienne, pour être relevé de son serment de ne pas épouser Marie 
de Bourgogne. 

(?) Le sire d’Albret entendait se faire payer sa résistance aux offres du duc 
de Guienne pour l’entrainer dans une coalition contre Louis XI. Duclos, ouvr. 
cité, II, 335. — La requêle doit être postérieure au 1* juin 1472, puisqu'il est 
question de recourir au Parlement de Bordeaux, rétabli par lettres royales de 
celte dernière date. | | 

(3) La dernière mention que je trouve de Du Lau est extraite des Procts 
verbaux des séances du Conseil do régence de Charles VIII, publiés par 
A Bernier, dans la Collection des documents inédits, Paris, 1836, sn. 
Du Lau faisait partie de ce conseil ; sa présence est signalée à sa séancæ du 
19 août 1484, p. 192, puis il n'y reparait plus, et à la séance du 7 oc tobre 
1484 je trouve l'indication suivante : # Unes lettres d'estat de six moys eraliers 
pour les causes de la veufve de feu monscigneur Du Lau ». C'est donc entre 
le 19 août et le 7 octobre 1484 qu'il faut placer sa mort. 


— 165 — 


1094. — « Estat au vray de la receple ordinaire de Périgort, pour 
l'année commençant à la feste de saint Jean Baptiste MCCCCIITEXX X UT, 
et finissant à la dite feste MCCCCITITEXXEIE ». P 117-118. 

1100. — 28 décembre 1195, — Déclaration par Barthélemi (Gaicourt, 
receveur ordinaire en Limousin, qu'il a reçu pour lui cet son collègue, 
de Périgord, défense du Roi de rien payer sans autorisation du chan- 
geur du trésor. N°71. | 

1202. — Lettre de Jean de Tardes (1) à Louis XI, pour lui annon- 
cer que selon les ordres que le Roi lui a fait parvenir par Pierre 
Da yes, il restera à Bordeaux, et pour le prier de rendre à son bcau- 
père, dont le Roi lui-même lui a fait épouser la fille, l'ordonnance qui 
lui a été enlevée. D 137. 

1217. — .. Lettre d'Odet d’Aydie à Bourré, accusant réception 
d’une lettre du sieur de Bressuire, et le priant de lui faire parvenir sa 
réponse. E 16. | L 

1241. — Premier jour de l'an, Pâques. Tours. — Lettre de Du Lau 
à Bourré, lui demandant de vérifier les lettres de surscance accordées 
à Bernard de Banquet. E 9. 

1428. — Demande de Loys Sorber (2), sénéchal de Périgord, à Louis 
XI, pour être payé de ses gages. M 31. | 

(Biblioth. de l'Ecole des Chartes, tomes 45 et 46, années 1881 ct 
1835, p. 272, 625, 727.) 


NÉCROLOGIE 
LE DOCTEUR GAILLARDON 


La physionomie du docteur Gaillardon, enlevé à l'affection des siens 
et à celle de la Double, le 18 décembre dernier, était une de celles 
qu'on n'oublie pas. L'intellisence la plus vive brillait dans son regard 
clair, et sa figure était si expressive qu'elle faisait deviner une âme 
à l’abri des compromissions, un esprit brillant, ennemi de la dissi- 
mulation, doué de qualités chaudes et communicatives. Médecin dis- 


(1j Serait-il de la (amille sarladoise des Tarde ? 
(2) Louis Sorbier, seigneur de Paray, 1470-1180. . 


— 166 — 
tingué, agriculteur de mérite, notre regretté confrere était aussi un 
ami du bibelot, de l’art aneien, un collectionneur prudent et sagace, 
qui s'intéressait beaucoup aux publications de notre compagnie. 
Tâchons, en quelques mots, de retracer la vie de cet homme, honnête et 
loyal dunsa toute la force des termes. 

Frédéric Gaillardon naquit le 5 janvier 1815 du mariage d’Arnaud 
Gaillardon, médecin distingué, et d’'Elisabeth de La Chaise. Son père 
appartenait à une vicille famille bourgeoise, connue à Festalemps dès 
le xvu* siècle et fixée ensuite à Aubeterre ; et sa mère, à une famille 
distinguée de l'Angoumois. 

Doué d'une intelligence peu commune, il avait 16 ans à peine quand 
il fut reçu bachelier. Obligé de quitter Montpellier, où il commença sa 
médecine, pour rejoindre sa famille à Lille, il fut nommé premier 
interne à l’hôpital de cette ville en 1866 et revint à Montpellier pour 
ses examens de doctorat. Il se maria peu avant l’année Terrible. Quand 
la guerre éclata, il fut envoyé à l'armée du Nord, où son nom fut 
porté trois fois à l'ordre du jour, Rendu peu après à la vie civile, 
c'est à Saint-Privat-des-Prés qu'il se fixa, se donnant sans compter 
à ses nombreux clients, à ses amis, disputant les malades à la mort, 
et s'adonnant pour arriver à ce but, à l'étude de toutes les découvertes 
médicales. M (ollot, tante de Mñe Gaillardon, l’appela onze ans 
après dans l’important domaine de la Molle, pour l'aider à l’admi- 
nistrer. Comme neveu, et plus tard comme propriétaire d’une des plus 
vastes terres de la Dordogne, notre zélé docteur, sans abandonner 
complétement sa cliontéle, administra la Molle avec beaucoup d'intelli- 
gcnce et de sagacilé, s’adonnant spécialement à l'agencement des bois 
et à la viticulture. I] tâta un instant du suffrage universel, pour le 
Conseil général. Bien que très aimé de tous, très libéral et très estimé 
de ses adversaires, le docteur Gaillardon était trop l'ennemi des 
finesses politiques pour réussir. 

Lorsque mon pere, peu avant sa mort, se démit des fonctions 
de secrétaire général du Comice de la Double, en grande partie sa 
création ot son œuvre, il ne vit qu’une personne capable de le rem- 
placer et de s'occuper avec zèle et intelligence de cette importante 
associalion agricole, Ce fut nolre dévoué confrère. Parler de ses con- 
ferences à la Maison du Peuple à Périgueux, retracer sa carrière 
agricole dans la Double, dire combien elle fut couronnée de succès, et 
quels encouragements il reçut en haut lieu, spécialement de la Société 
des Agriculteurs de France, appartient à d'autres et sortirait de notre 
cadre. Il est mort sur la brèche, en pleine activité, dans la sérénité 
do sa belle intelligence. Notre Société doit le regretter, comme tout 


— 1067 — 


bon Périgourdin doit s'unir aux liynes trop courtes que je consacre à 
une mémoire qui m'est d'autant plus chere qu'il seconda mon père 
dans son v‘uvre agricole et qu'il m'honoruit d’une amitié dont je suis 


fier. 
SAINT SAUD. 


Deux planches accompagnent cette livcraison : la 1" représente : L. Por- 
trail de Bertin en bisruitl, offert à son directeur par la Manufacture de 
Sécrese: 11. Jeton en argent de Bertin, lieutenant de polive, 1757; — el la 2, 
les pièces d'un serrire en porcelaine de Chine, Cudeau de Bertin à sea 


noreuæ Alevis de Fayard et Charlotte de Mellet, sa ferme. 


Le yérant responsable, H. ETOURNEAL. 


BULLETIN 


LE LA SOCIÉTÉ 


HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE 
DU PÉRIGORD 


PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS, 


(D re — 


TOME XXXVIE — Troisième Livraison 


PÉRIGUEUX 


Emmiumenme RIBES, nue Anronr-Gavaub, 14. 


Mai-duin 1904 


SOMMAIRE 


” 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS LA 3° LIVRAISON. 


Séance mensuelle du jeudi 1% avril... 
_— du jcndté mar 0 LMP le ES 

Lettre de M"" de Biron à Henri IV (juillet 1602) (M. H. 
ER MNT EGUT NE Ven nr RD oi le | 
La ville de Sarlat anoblie pur FRA XIV (suite et fin) hi 
(M. R. pe Boyssox).. + series m0 ea CURE 
Permission de PS de re vigne 11946) (M. D | 
Descouses). . D à pe RS EP EROE EE ete 
Henri Bertin et sa fille {Troisième pe”tb) suite et fin) 
(M. G. BussiÈère)....... ve FRÈRES EDR mr Ir 
Varia. — Distribution des aigles d” honfièus à rs à 
(29 vendémiaire an XITT) (M.J. DurrEux).:#5,508S 


Digitized by 3 OC 


+ = = 


— 169 — 


SÉANCES MENSUELLES 


DE LA 


SOCIÈTE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DU PÉRIGORD 


Séance du jeudi 1% avril 1909. 


Présidence de M. le marquis de FAYOLLE, 
président. 


La séance est ouverte à midi et demi dans la salle ordi- 
naire. 

Sont présents : MM. Barret, Antony Délugin, Dujarric- 
Descombes, le marquis de Favolle, Lespinas, le docteur Mo- 
reaud et Villepelet. 

Se font excuser MM. de Biran, Féaux, l'abbé Goulard et du 
Soulas. 

Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et adopté. 


M. LE PRÉSIDENT souhaite la bienvenue à notre jeune con- 
frère M. Barret, qui sera, il l'espère, une recrue laborieuse. 

M. BARRET remercie-le Président de ses aimables compli- 
ments. 


Notre bibliothèque a recu, pendant le mois dernier, les 
ouvrages suivants : 

Comptes rendus des séances de l’année 1908 de l'Acadé- 
nie des Inscriptions et Belles-Lettres, bulletins de novembre 
et de décembre, deux fascicules in-8, avec un portrait, Paris, 
librairie Alphonse Picard et fils ; où, dans le premier, p. 612, 
M. Babelon, président de la séance publique annuelle, cons- 
tate dans son discours que M. Clermont-Ganneau a été 


parfaitement secondé dans ses fouilles fructueuses à Elëphan- 
12 


— 170 — 


line par un de ses anciens élèves, notre confrère M. Jean 
Clédat ; — p. 617, il nous est dit que la première médaille au 
concours des Antiquités de la France a été décernée à notre 
savant correspondant M. le commandant Espérandieu, que 
nous félicitons de nouveau, pour son Recueil général des bas- 
reliefs de la Gaule romaine ; — et p. 767, dans un mémoire de 
M. Henri Cordier, membre de l’Académie, sur La Chine en 
France au xvie siècle, l'auteur nous apprend qu'isidore-Slanis- 
las Helman, graveur du duc de Chartres et élève de Le Bas, 
grava, en 1788, sous le titre des Faits mémorables des empe- 
reurs de la Chine, une suite de vingt-quatre estampes d’après 
les dessins originaux du Cabinet de M. Bertin, et un Abrégé 
historique des principaux traits de la vie de Confucius, avec le 
même nombre de planches, tirées de la même collection. 

« Les missionnaires de Pe-King, poursuit M. Cordier, le P. Amiot 
en particulier, étaient les grands fournisseurs de dessins chinois. Ils 
étaient en correspondance avec Henri-Léonard-Jean-Baptiste Bertin, 
ministre d'Etat, mort en 1192, auquel on doit la création, en 1762, du 
Cabinet des Chartes, dont l’idée première revient à l'avocat J.-N. 
Moreau. En 1811-1812, Breton publia chez le libraire Nepveu, à 
Paris, 6 vol, in-18, qui, sous le titre de la Chine en miniature, 
renfermaient un choix des costumes, arts et métiers de cet empire, 
la plupart d’après les originaux inédits du Cabinet de Bertin. Plus 
tard, puisant à la même source, Breton ajouta à la collection quatre 
autres volumes consacrés aux diverses spécialités, le vernis, le 
bambou, le thé, la porcelaine, le riz, la soie, les vers à soie sauva- 
ges. [es albums adressés de Chine à Bertin sont maintenant con- 
servés au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale ; 
quelquesuns, en veau plein, portent sur les plats les armes du 
ministre. » 

Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux 
historiques et scientifiques, année 1908, n°’ 4 el 2, un fasci- 
cule in-8°, Paris, Imprimerie nationale, 1908 ; où, p. 32, est 
une lettre du ministre Bertin, du 28 août 1773, accordant à 
dom Mareschal une « commission » pour lui permettre de 
faire le dépouillement des archives du diocèse de Troyes et 
d'une partie de la Champagne ; — p. 1014, M. de Saint Saud, 
répondant à la septième question du programme du Congrès 
des Sociétés savantes, dil que les archives privées offrent 


— 11 — 


plus d'intérêt qu'on est disposé à le croire. Il donne l'ana- 
lyse sommaire de trois fonds de familles : les Donissan de 
Cibran du Bordelais), les La Roussie de la Pouyade (du Pe- 
rigord), les du Vergicr de la Rochejaquelein (du Poitou), qu'il 
a classés et analvsés ; — p.103, M. Henri de Montégut fait 
une communication sur deux lestaments de saint Yrieix, 
datés de 572. Le petit ct premier, qui contient la donation 
de Vigeois, est certainement un faux du xu* siècle, époque de 
la rédaction du cartulaire. Vigeois n'existe que depuis le 1x° 
siécle et ne pouvait figurer au vi‘. Le grand testament est au 
contraire d'une authenticité incontestable ; — p. 113, M. Jo- 
seph Durieux fait une communication sur le marquis de 
Fénelon, lieutenant général des armées de Louis XV, petit 
neveu de l'archevêque de Cambrai, qui fut pour lui un men- 
tor toujours attentif et actif. Cet officier général eut une fin 
stoïque lorsqu'il conduisait la brigade de Roval à l'attaque 
du village de Raucoux en 1745 ; — et, p. 233, dans un mé- 
moire de M. Coquelle, sur Le chevalier d'Eon, ministre pléni- 
potentiaire de France à Londres (avril-octobre 1763), on lit 
qu'un ministre réformé languedocien et « tireur de sove » 
fort habile, « Gisbert, offrit en mars 1763 à lord Egrermont, du 
cabinet anglais, d'élablir une colonie de réfugiés francais 
soit dans la Floride, soit dans la Caroline du Sud, pour y 
cultiver et y travailler la soie. On l’accueillit bien. Quelques 
Languedociens . vinrent spontanement se presenter ; alors le 
cabinet donna 100,000 francs à Gisbert pour lui en ‘mener 
d'autres. A la fin de juillet, ce pasteur avait attiré à Londres 
et à Plymouth environ deux cents Français périgourdins, 
languedociens et normands, tant protestants que catholiques, 
tous fort misérables dans leur pays. Les Anglais leur promi- 
rent de les nourrir pendant deux ans, de leur donner la même 
paye qu'aux soldats pendant la première année, plus dix ans 
d’exemption d'impôt pour les terres à occuper en Amérique. 
D'Eon découvrit bientôt tout cela, en avisa Praslin, qui fit sur- 
veiller les frontières pour arrèter Gisbert à son prochain 
voyage en France, et empêcher les émigrantsde partir... »; 
Bulletin du Comité des Travaux historiques el scientifiques, 
Section des sciences économiques et sociales, — Congrès des 


— 172 — 
Sociétés savantes de 1907 tenu à Montpellier, in-8°, Paris, 
Imprimerie nationale ; Ernest Leroux, éditeur, 1908 ; où, p.17, 
il est rappelé que MM. de Foville et Vigié ont déclaré que les 
grands domaines vendus comme biens nationaux, se sont peu 
morcelés, notarnment dans deux régions bien différentes, les 
Flandres et le Périgord... ; 

Revue des Etudes grecques, tome XXII, no 96, janvier-février 
1909, in-8, avec un portrait, Paris, Ernest Leroux, éditeur ; 

Bulletin de la Société Nivernuise des lettres, sciences et arts, 
3° série, tome XIT, 4° fascicule, in-8, avec planches, à Nevers, 
chez M. Mazeron, libraire, 1908 ; 

Lou Bournat, bulletin meñsuel de l'Ecole félibreenne du 
Périgord, tome IV, 1" livraison, janvier 1909, grand in-8”; 
Périgueux, imprimerie Joucla ; 

Bulletin et Mémoires de la Sociélé archéologique et historique 
de la Charente, année 1907-1908, septième série, tome VII, 
un volume broché in-8°, avec illustrations, à Angoulême, chez 
Constantin, libraire, 1908 ; 

Le Théâtre gallo-romain des Bouchauds et son déblaiement par 
le R. P. Camille de la Croix, annexe du Bulletin 1907-1908, un 
portefeuille in-folio de planches et plans ; 

Revue de l’Agenuis, bulletin de la Société d'agriculture, 
sciences et arts d'Agen, 36° année, janvier-février 1909, in-8° 
avec une planche, Agen, Imprimerie Moderne ; 

Bulletin trimestriel de la Société de Borda, Dax (Landes), 
33° année (1908), 4° trimestre, in-8°, Dax, imprimerie Labèque ; 

Bullelin de la Suciété lilléraire, historique et archéologique 
de Lyon, octobre-novembre-décembre 1900, in-8°, Lyon, secré- 
tariat de la Société ; 

De M. Emile Rivière, sa plaquette sur Les dragages de 
Seine, — un vase à bec ou lampe, poterie parisienne du xvr° sie- 
cle, trouvée dans la Seine, à Paris, au Pont d'Iéna, in-8° de 
quatre pages, Tours, imprimerie Arrault ; 

De M. Joseph Durieux, un exemplaire du mémoire tiré à 
part et indiqué ci-dessus sur Le marquis de Fénelon, lieute- 
nant général des armées du roi Louis XV, extrait du Bulletin 
historique et philologique, 190%, in 8° de onze pages, Paris, 
Imprimerie nationale, 1909 ; 


— 1173 — 


"Et de M. Adalbert du Soulas, le n° du 3 mars 1909 du Jour- 

nal de Bergerac, contenant son article rectifié sur la Découverte 

d'un cluseau où soulerrain-refuge à Lembras, près Bergerac. 
Des remerciments sont votés aux donateurs. 


Me Gabriel Charavay nous envoic sa Revue des Aulographes, 
de mars et d'avril, dans laquelle sont plusieurs noms péri- 
gourdins : 

4° Une pièce signée de Jules Claretie, qui est un fragment 
de son Histoire (le la Révolution de 1870-71 ; 

2° Une lettre du baron de Damas, gouverneur du duc de 
Bordeaux, datée de Saint-Cloud le 29 juin 1824 et relative au 
capitaine de Giac ; | 

4 Une fable de Pierre Lachambeaudie, Fascination ; 

4° Une lettre du célèbre diplomate Charles-Maurice de Tal- 
leyrand à M. de Gasville. Il lui annonce le 43 septembre 1814 
que le Roi vient de le nounmer consul à Barcelone; 

ÿ° Une lettre du chevalier de Lostanges, commandant le 
cutter la Levretle, à M. Borgnis-Desbordes, datée de Brest le 
30 juin 1781 ; 

Et 6° une lettre de Louis Dubut de Laforest, relative aux 
Dévorants et à Belle-Maman. 


M. DÉLUGIN est allé ces jours-ci faire une visite à la station 
préhistorique des Soucis, pres Lalinde, où il comptait entre- 
prendre quelques sondages ; mais il en à été empêché par le 
mauvais LeMps. 


M. BARRET veut bien offrir au Musée un joli petit bronze de 
l'époque gallo romaine, qui est une piece d’applique et repré- 
sente une tête de geai. 

Il nous présente en même temps un poids en bronze, du 
moyen âge, de la valeur de seize onces. 

Ces deux objets proviennent de sa propriété d'Ecornebæuf. 

M. le Conservateur du Musée remercie M. Barret. 


M. Henri ve MONTÉGUT, qui n’a pas pu venir à la séance, 
devait nous apporter un livre qui a appartenu au célèbre 
Aymar de Ranconnet, président au Parlement de Paris. Ce 


— 174 — 


livre, avec la reliure du temps, porte de nombreuses notes 
manuscrites en grec de la main du savant magistrat; ila 
appartenu aussi à Pithou. | 

Notre confrère nous le présentera à une prochaine séance. 


M. le docteur MorEAuD nous communique ensuite quelques 
pièces de la part de M'"° Marthe Dumonteil-Granpré : 


4° Un mandement sur parchemin, scellé, du 7 février 1693, 
adressé à Jacques Breu, syndic des pauvres de l’hôpital de 
Ste-Foy, pour recouvrer toutes les créances dues en vertu 
d'obligations, donations, transactions, testaments, codicilles, 
_ Cessions, etc. 

2° Une ordonnance du Roi, sur papier, datée de Compiègne 
le à juillet 1750, et prescrivant aux maire, consuls et habi- 
tants de la ville de Sainte-Foy de recevoir et loger le régi- 
ment de Dragons d'Egmont et de lui fournir les vivres néces- 
saires. 

Cette pièce est donnée à nos archives. 

M. le docteur Morcaud uous cominunique également une 
copie de l'acte de vente, du 14octobre 1745, que M. Rouchaud 
a bien voulu lui prêter, de la terre et seigneurie de Beausé- 
jour et Saint-Apre et de la métairie du Moulin du Pont. 

La vente est faite par haute et puissante dame Marie-Anne 
de Turmenvyes, veuve du seigneur Guy-André comte de 
Laval, et ses enfants mineurs, et le curateur à Ja succession 
vacante du seigneur comte de Fénelon, au profit de messire 
André de Tourtel, “cuver, seigneur de Gramond, conseiller 
du Roi, magistrat au Présidial de Périgueux, et d'’Arnaud 
Pevtoureau, sieur du Treuil, demeurant à St-Apre. 

Le prix de la vente de la métairie du Moulin du Pont con- 
sentie à Arnaud Pervtoureau est de 10.000 livres, et celui de 
la terre de Beauséjour à M. de Tourtel de Gramond est de 
40.000 livres. 


M. DusaRRic-DESCOMBES nous apprend ensuite que par 
l'intermédiaire de notre confrère M. le marquis du Lau d'Al- 
lemans, il a obtenu de Me la duchesse de Rohan la repro- 
duction de divers portraits de la famille de Labrousse de 
Verteillac, dont elle est la dernière représentante. 


— 175 — 


M. Dujarric fait passer sous nos yeux les photographies, 
qui lui ont été gracieusement envoyées : 

Nicolas de La Brousse, comte de Verteillac, maréchal des 
camps et armées du Roi, lieutenant de roi de Périgord, gou- 
verneur de Mons et Hainaut, né en 1648, au château de Saint- 
Martin-le-Peint, tué le 4 juillet 1693 au combat de Bossu sous 
Valecourt. 

Magdeleine-Angélique de La Brousse, comtesse de Verteil- 
lac, fille du précédent, née en 1689, morte en 1731. 

César-Pierre Thibaut de La Brousse, marquis de Verteillac, 
président des trois Etats de la province de Périgord, né en 
4729, mort en 1807. 

Marie-Louise-Alexandrine de Saint-Quentin de Bled, mar- 
quise de Verteillac, née en 1736, morte en 1763. 

François-Gabriel Thibaut de La Brousse, marquis de Ver- 
teillac, (4763-1854), chambellan de Napoléon I‘, représentant 
à la Chambre des Cent-Jours. | 

César-Augustin de La Brousse, dernier marquis de Ver- 
teillac, capitaine d'artillerie, mort en 1887. 

Et Marie-Henriette de Leuze, marquise de Verteillac, morte 
en 1881, représentée sous deux aspects différents. 

Ces derniers, père et mère de M":° la duchesse de Rohan. 

Les portraits du conte et de la comtesse de Verteillac, ac- 
compagneront une notice que nous promet notre érudit vice: 
président. | 


En nous envoyant son tire à part sur le Marquis de Fénelon 
M. Joseph Durieux nous révèle que « M. de Boislisle, au 
Comité des Travaux historiques, avait bien voulu trouver 
tres touchant el juste cette notice sur un digne élève et héri- 
tier de l'archevêque de Cambrai. Vous remarquerez l'ortho- 
graphe du nom de Fénelon, adoptée par le correspondant du 
Ministre de la Guerre ; il a écrit le nom tel qu'il le prononcait : 
« Fennelon », sans accent sur le deuxième (e). Je crois devoir 
signaler cette particularité, car elle apporte un argument à la 
discussion qui s'était ouverte au sein de notre Société le 5 
avril 1906, sur la manière d'écrire ct de prononcer le nom de 
Fénelon. 


— 116 — 

« L'Académie des Sciences morales et politiques, dans sa 
séance du 20 mars, continue M. Durieux, a entendu la lecture 
d'un mémoire de M. Louis Passy, de l’Institut, secrétaire 
perpétuel de la Société nationale d'Agriculture de France, 
relatif à la création des Sociétés françaises d'agriculture, sous 
l'administration de notre compatriote Bertin, contrôleur 
général des finances. L’autcur a exposé le mouvement qui, 
dans la seconde moitié du xvur* siècle, a fait naitre des 
Sociétés agricoles dans l’Europe entière. C’est en 1740 et 1350 
que se forma en France un courant d'opinion qui conduisit 
l'administration royale à prendre en mains la création de 
pareilles institutions. Le mémoire de M. Passy s'appuie sur 
le témoignage peu connu de Lamoignon de Malesherbes et 
sur l'histoire de l’intendant Vincent de Gournay. Une partie 
du mémoire doit être consacrée à l’administration agricole du 
contrôleur général Bertin et fera l'objet d'une prochaine 
lecture. » | 

Ce dernier passage de la lettre de M. Durieux sera commu 
niqué à M. Bussière, qui pourra en faire son profit. 


Notre honorable confrère M. l'officier principal Bone 
offre à nos archives une vingtaine de pièces sur papier, du 
xviu Siècle et du comnimencement du xix°, qui sunt des ven- 
tes, Lestament, quittances de contributions, etc., concernant 
Gabriel Lachaud et son fils, me* tanneurs du bourg de Gabil- 
lou, puis de Montignac, ses aïeux. 

Ces pièces seront remises à M. l’Archiviste départemental. 


Il reste à procéder à l'élection d’un candidat qui demande 
a entrer dans notre Compagnie. 

Après un vole à mains levées, M. LE PRÉSIDENT déclare 
admis membre titulaire de la Société historique et archéolo- 
gique du Périgord : | 

M. Amadieu (Maric-Antoine-Ernest). propriétaire à Verteil- 
lac, présenté par M. Gendraud et M. Dujarric-Descombes. 

La séance est levée à deux heures et demie. 

Le Secrétaire yenéral, | Le Président, 
Fenn. VILLEPELET. Mie DE FaAyoLLx. 


Séance du jeudi 6 mai 1909. 


Présidence de M. lie marquis de FAYOLLE, 


president. 


La séance est ouverte à midi et demi dans la salle habi- 
tuelle. 

Sont présents : MM. Barret, Délugin, Féaux, le capitaine 
Manhès, le docteur Moreaud, le colonel de Montifault, le 
chanoine Brugière, le marquis de Favolle, Dujarric-Descom- 
bes, de Montégul-Lamorelie, l'abbé Goulard et Ch. Aublant. 

M. F. Villepelet s’est fait excuser de ne point assister à la 
seance. 

Le procès- verbal de la précédente réunion est lu et adopté. 


A l'occasion de cette lecture, M. LE PRÉSIDENT fait remar- 
quer que M. Bussière à commis une erreur, dans la dernière 
livraison du Bulletin, en disant que le service, represente sur 
la planche, etait du Sevres ; c'est de la porcelaine de Chine. 


Notre bibliothèque à recu, pendant le mois dernier, les 
ouvrages suivants : 


Mémoires de la Sociélé d'archéologie lorraine et du Musée 
historique lorrain, tome LVIIE, 4° série, 8° volume, 1908, 
in-8° ; Nancy, au siege de la Societé ; 

Bulletin et Mémoires de la Sociélé archéoluyique du dépurte- 
ment dille-et- Vilaine, tome XXXVIII, ?° partie, in-8° avec 
gravures, Rennes, E. Prost, 1909; 

Bulletin trimestriel de lu Société des antiquaires de Picardie, 
année 1908, 4° trimesire, in-8° avec gravures, Amiens, Yvert 
et Tellier, 1909 ; 

Revue historique et archéologique du Maine, tome 74, année 
1908, premier el second semestres, in-8° avec planches, Ma- 
mers, imp. Fleury, Le Mans, À. de Saint-Denis, 1908 ; 

Bulletin de lu Sociélé d'Emulatlion du Bourbonnais, fascicules 
de janvier, février et mars, in-8° avec planche, Moulins, Au- 
claire, 1909 ; | 


— 178 — 


Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, comptes-rendus 
des séances de l’année 1909, bulletin de janvier, in-8° avec 
portrait, Paris, Alphonse Picard et fils ; 

Bulletin de la Suciété nationale des Antiquaires de France, 
1908, in-8° avec gravures, Paris, Klincksieck ; 

Bibliothèque de l'Ecole des Charles, tome LXX, premiére et 
deuxième livraisons, janvier-avril 1909, Paris, A. Picard et 
tils, in-8° avec planche, où, p. 73 et suivantes, dans une bulle 
de convocation d'une assemblée des Hospitaliers à Carpentras 
en 1365, se trouve le nom de « Mondoye de Andrivalibus », 
qui, dans le commentaire du texte latin, est faussement iden- 
lifié ainsi : « Andrivaux (Dordogne), canton de Brantôme, 
commune de Valeuil ». Les ruines de cette ancienne com- 
manderie sont au contraire situées sur le territoire de la 
commune de Chancelade, canton de Périgueux ; — et p. 112, 
est une notice bibliographique de M. Robert Villepelct, sur la 
récente brochure de M. le docteur Chaume Le « trajectus » 
de la Dordogne ; 

Bulletin de la So'iété des lettres, sciences el arts de la Cor- 
réxe, première livraison, in-8°, 1909, janvier-février-mars. 
Tulle, Crauffon ; 

Revue de Saintonge et d'Aunis, bulletin de la Société des 
Archives historiques, XXIX°® volume, 2° livraison, 1° un 
1909, in-8°, Saintes, J. Prévost; 

Archives historiques du département de la Gironde, tome 
XLHIT, in-4, Paris, A. Picard et fils, Bordeaux, Feret et 
tils, 1908 ; 

L'Ecole, revue juridique el notariale, bulletin officiel de 
l'Ecole de notariat de Limoges, un fascicule in-8e, mars 1909, 
où, page 40, se trouve in-ertenso le discours de M. le profes- 
seur Fayout prononcé à la séance solennelle de distribulion 
des prix de l'Ecole, le 21 février 1909. Ce discours, écrit en 
termes choisis, d’une exquise finesse entremêlée de verve 
gauloise, a eté fort apprécié par les auditeurs. Une documen- 
tation très complète a permis à l’orateur, qui est un de nos 
compatriotes, de présenter un portrait nouveau et bien 
vivant de Mirabeau ; 


— 179 — 


Annales du Midi, revue de la France méridionale, n° 81, 
janvier 1909, un fascicule in-8, Toulouse, Ed. Privat ; 

Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, 
nouvelle Série, n° 38, in-8° avec planches, Toulouse, Ed. Pri- 
vat, 1908 ; 

Bulletin périodique de la Sociélé Ariégeuise des sciences, let- 
Lres et arts, el de la Socièlé des Eludes du Couserans, onzième 
volume, n° 8, in-8°, Foix, Gadrat aîné, 1908 : 

Bullelin de la Sociélé ar-héologique de Provence, année 1908, 
n° {2,in°8 avec planche, Marscille, au siège de la Société, 
1909; 

Bulletin de lu Société départementule d'archéologie el de 
stalistique de la Drôme, année 1909, avril, 169° livraison, in-8°, 
Valence, Jules Céas et fils ; 

Revue des langues romanes, 6° série, tome II, janvier- 
février 1909, in-8°, Montpellier ; 

Mémoires de la Sociélé archéologique de Montpellier, deuxiè- 
me série, tome IV, 1° fascicule, in-8° avec planches, Mont- 
pellier, Imprimerie Générale du Midi, 1908 ; 

Bulletin de la Société des sciences, lettres el arts de Pau, 
deuxième série, tome 35, in-8, Pau, veuve Léon Ribaut, 
1907. M. Gustave Schlumbherger, de l'Institut, page 251, 
nous montre, dans une \ole sur les Eaur-Bonnes durant les un- 
nées 1711 et 1772, que cette station thermale, quoique conuue 
déjà à cette époque depuis longtemps, n'a dù sa célébrilc 
qu'au comte Antoine-Marie du Cluzel, d’une vieille famille du 
Périgord, né en 1738. Officier aux Gardes, notre compatriote 
fit aux Eaux-Bonnes une cure qui eut du retentissement dans 
la haute société et, aussitôt « tout ce qui craignoit pour sa 
poitrine voulut y recourir » ; 

Périgord-Puris, organe de la Socicté de secours mutuels « Le 
Périgord », 6* année, no 45, avril 1909, Paris, imprimerie 
Desvignes ; 

Lou Bournat, bulletin mensuel de l'Ecole félibréenne du 
Périgord, tome IV, 2 et 3e livraisons, février-mars 1809, im- 
primerie Joucla ; dans ce numéro se trouvent reproduits 
les discours prononcés au banquet annuel de cette Société par 
deux de nos confrères ; celui de M. Dujarric-Descombes est 


— 4180 — 
en français et celui de M. Ch. Aublant en langue prior: 
dine ; 

Bulletin officiel trimestriel de l'Automobile-Club du Pér igord, 
7° année, n° 1, janvier-mars 1909, in-8° avec pAnERe; Péri- 
gueux, Ronteix. 

Des remercîments sont votés aux donateurs. 


M. LE PRÉSIDENT nous informe qu'il a reçu de M. Adrien 
Planté, président de la Société des sciences, lettres et arts 
de Pau, un extrait du procès-verbal de la séance du 25 jan- 
vier 1909 de cette Société, dans lequel l'honorable président, 
après avoir rappelé les incendies qui, à différentes dates, ont 
détruit une partie des archives de la région pyrénéenne, 
propose « de demander à toutes les Sociétés historiques et 
archéologiques de France de vouloir bien se solidariser avec 
celle de Pau, émettant le vœu que les pouvoirs publics veuil- 
lent bien prendre en considération les intérêts de notre his- 
toire nationale et de ceux qui en veulent, par leurs laborieux 
travaux, faire connaitre les gloires et ordonner, pour cela, 
des mesures urgentes et elticaces pour mettre les riches 
dépôts de nos archives départementales à l'abri des chances 
d'incendie et en assurer ainsi la conservation. » 

L’assemblée consultée s associe entièrement au vœu émis 
par la Société de Pau. 


M. LE PRÉSIDENT nous dit aussi qu'il a recu une circulaire 
relative à une exposition préhistorique, protohistorique, 
ethnographique et d'art céramique, organisée cette année à 
Beauvais, du 4 juillet au 10 août, à l’occasion du V* Congres 
préhistorique de France, etil invite nos confrères préhisto- 
riens à faire des envois à cette exposition, s'ils le jugent à 
propos. 


M. LE PRÉSIDENT distribue ensuite aux membres présents 
des prospectus du Bullelin que se propose de publier Ja 
Section centrale de l’Union historique et archéologique du 
Sud Ouest, avec l’aide de ses confrères des Sociétés unies. 
Notre Societé en est une. 

Ce Bulletin paraitra quatre fois par an : le 1°r janvier, le 


— 181 — 
1e avril, le 1* juillet et le 1°" octobre. Le nuinéro Î{ parattra 
le 1° juillet 1909. L'abonnement est de 8 fr. par an ; les de- 
mandes d'abonnement sont reçues par M. Th. Aimtmann, 
trésorier de l'U. H. A., 68, cours de la Martinique, à Bor- 
deaux. 


M. Ernest AMADiEU, élu membre titulaire dans la précédente 
réunion, adresse ses remerciments à la Société. 


M. FÉAUx demande à nos confrères la permission de leur 
montrer deux objets faisant depuis peu partie de sa collec- 
tion préhistorique et qui, quoique ne nous intéressant pas 
directement, puisqu'ils proviennent du Danemark, méritent 
cependant d'être connus. 

Ces deux objets sont un poignard et une pointe de lance ; 
ils ont été trouvés au fond d’une tourbière, située dans la 
partie nord du bailliage de Viborg, en Jutland. 

« Le Danemark, nous dit M. Féaux, a été, vers la fin de 
l’époque néolithique, le centre d'une industrie toute spéciale 
et remarquablement perfectionnée ; cette industrie s'est 
répandue dans les pays environnants, mais ne s'est pas éten- 
due très loin et ne se relrouve nulle part ailleurs. Alors que 
chez nous, par exemple, les armes de même nature, poi- 
gnards et lances néolithiques, du reste tres rares, sont faits 
d’une simple lame de silex retouchée sur une seule face, ils 
sont, au contraire, en Danemark, retaillés partout. 

» La première des deux pièces que nous montre notre con- 
frère, le poignard, est du type appelé par les Danois : cou- 
teau sacré Offerknive (1) : il est en silex gris clair avec quelques 
taches de rouille, sa longueur Lotale est de 235 mil. ; la lame, 
de forme lancéolée, plate et mince sur près de 120 mil., s’épais- 
sit graduellement jusqu'à foriner une poignée terminée par une 
section carrée de 18 mil. de côté, avec quatre arêles ondulées. 


(1) Il y a un second type dit: Fiskehale, en queue de poisson, dont le man- 
che à seclion triangulaire est élargi vers l’extrémité libre ; enfin un troisième 
type a le manche arrondi, moins régulitrement taillé et la lame plus étroite 
et épaisse ; notre confrère M. Ch. Aublant possède un bon exemplaire de ce 
dernier type. 


— 18) — 


Le principal intérêt de cette pièce réside dans la différence 
existant entre le travail de la lame et celui du manche; à 
première doit sa forme définitive à l'enlèvement d’éclats 
extrêmement minces et à peine visibles, alors que sur le 
second les éclats, parallèles et légèrement obliques sonl, au 
contraire, très profonds, ce qui donne aux arêtes cette ondula- 
tion régulière qui est lacaractéristique de ce typede poignard. 
Il y a là emploi de deux procédés de taille absolument diffé- 
rents, nécessitant autant l’un que l’autre une grande sûreté de 
main. 

» La seconde pièce est une pointe dc lance en silex brun, 
marbré de gris, presque translucide avec, dans la pâte, de 
minuscules coraux qui se détachent en blanc ; elle est de 
forme très élégante, non celle des pointes solutréennes mais 
rétrécie progressivement vers le bas et rappelant le profil 
allongé des lances mérovingiennes ; sa largeur est de 37 
mil., son épaisseur de 12 mil. à l'emmanchure et de 8 mil. 
seulement sur le corps de la lame ; sa longueur totale est de 
350 mil. un peu plus que la plus grande des célèbres lances 
solutréeunes de Volgu. Cette longueur exceptionnelle, cette 
minceur excessive et la perfection du travail de retaille ren- 
dent cette arme extrêmement remarquable et en font une 
pièce de toute raretv. 

» Poigaard et pointe de lance sont bien faits pour donner 
une idée précise de l’habileté consommée des hommes néoli- 
thiques du Daneinark. » 


L'asscmblée remercie M. Féaux de son intéressante com- 
munication. | 


M. Eugène Roux adresse au Secrétaire général une Note 
qui est une réponse à la demande de renseignements, for- 
mulée par M. le docteur Gaillardon, d'Aubeterre, dans le pro- 
cès-verbal de la séance du 1° octobre dernier, sur un ancien 
abbé de la collégiale St-Sauveur d'Aubeterre, messire Souc 
de Plancher, qui occupait cette charge le 16 août 1749 et sur 
le compte duquel il n'a rien pu découvrir. 

« Ilexiste, écrit notre confrère, aux Archives départemen- 
tales de la Dordogne, minutes Fournier, un acte du 96 fé- 


— 183 — 


vrier 1754, élablissant qu'il s'agit d'Annet-François Souc de 
Plancher. 

» C'était un des huit enfants d'Arnaud Souc de Plancher. 
seigneur de Berbiguières, et d'Ursule d’Aubusson. 

» Il fut d'abord pourvu du prieuré simple de St-Jacques de 
Gabillou, dont il prit possession le 22 février 14736. On le 
trouve, quelques annces plus lard, chanoine de St-Front. Il 
est désigné comme tel dans le testament de son père daté 
du 12 avril 1744. Il fut abbc d’Aubeterre du ? mai 1741 
au 28 janvier 1153, dale à laquelle il fut remplacé par M. de 
Segonzac. Il devint ensuite abbé de la collégiale de St. 
Astier, et il l'était au moment où fut passé lacte ci-des- 
sus mentionné du 26 février 1754. Entin, il fut conseiller- 
clerc au Parlement de Bordeaux où il fut installé le 24 mars 
1739. 

» Un de ses frères étail Jésuite. Un autre, mort en 1742, était 
aussi chanoiïne de St-Astier. 

» Deux de ses sœurs étaient religieuses de la Visitation à 
Périgueux. 

» [lavait trois frères en dehors de ceux dont je viens de 
parler. Deux servirent comme officiers dans l’armée. » 

M. DE MONTÉGUT-LAMORELIE ajoute que M. le docteur Gail- 
lardon pourrait aussi s'adresser à M: la baronne de Ribey- 
rolle, château de Ribevrolle, par La Rochefoucauld, qui pos- 
sède sur cette famille de nombreux papiers. 


M. le docteur Moreau offre pour nos archives, de la part 
de M'e Marthe Dumonteil-Granpré : 


4° Deux lettres de gratification du droit de prélation datées de 
Paris, l’une du 29 décembre 1722, l'autre du 3 février 1724, 
signées d'Armand de Wignerod de Richelieu, duc d'Eguillon, 
au sujet d'achats de terres situées dans la paroisse de Ligueux, 
juridiction de Sainte-Foy. La première est faite en faveur 
d’un ancètre de M'° Dumonteil, le sieur Vital Ichy La Garde, 
maitre chirurgien ; la seconde, en faveur du frère de ce 
dernier, Pierre Ichv La Garde, prètre et curé de la paroisse 
de Ligueux et de la Roquette. Ces deux pièces, sur parche- 
min, sont révêtues du sceau du duc d'Eguillon. 


— 1R4 — 


2° Deux lettres de N. de Beaupoil de Ste-Aulaire, abbesse du | 


couvent de Ligueux en Périgord, adressées à un membre de 
la famille des précédents, M. Lagarde, bourgeois du Petit- 
Ligueux, près Sainte-Foy-la-Grande. Ces deux leltres, datées 
de Ligueux, du 17 mai et du 29 juin 1756, sont relatives à des 
difficultés qu’éprouvaient les religieuses de cette communauté, 
pour toucher les revenus des terres du Petit-Ligueux qui 
dépendaient de leur abbaye ; M. Lagarde s’occupait du règle- 
ment de cette affaire. Elles sont cachetées à la cire rouge ; 
l'empreinte du cachet, qui devait être celui de l’abbesse, est 
en grande partie efface. 

M. LE PRÉSIDENT remercie M'i Dumonteil-Granpré de ce don. 


M. DusaRRic-DESCOMBES, à propos de la communication 
faite à une de nos dernières séances par notre laborieux con- 
frère M. Joseph Durieux, concernant deux personnages qui 
avaient approché Louis XVI dans la tour du Temple, rappelle 
que Jean-Baptiste Hanet de Cléry, connu par son dévouement 
à la famille royale prisonnière, eut une nièce mariée en Péri- 
gord. 

Victoire-Madeleine-Augustine Hanet de Cléry, née à Paris 
du mariage de Claude-Dominique-Auguste Hanet de Cléry, 
un des plus jeunes frères du célèbre valet de chambre, avec 
dame Louise Janlet, épousa, le 12 juin 18233, Pierre Labat du 
Rouchaud, et est morte à Périgueux, à l’âge de 80 ans, le 
12 février 1877. 

Leur fils, le docteur Auguste Labat, auteur de nombreux 
ouvrages de médecine, vit encore dans notre ville, rue du 
Clos-Chassaing, villa des Gravières. Il fut un des condisciples 
du duc de Montpensier, fils de Louis Philippe, au lycée 
Henri IV. Il a fait don à la comtesse de Paris d’un rasoir qui 
avait servi à son grand’oncle maternel pour raser Louis XVI 
au Temple, et sur le manche duquel se trouve gravée une 
inscription commemoralive. Cet objet est conservé au château 
de Randan (Puy-de-Dôme). 


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL informe la Sociélé qu'il a reçu récem- 
ment de Berlin, par les soins du major Noël, la biographie 
allemande de l'aïeul de ce dernier, André Noël, originaire de 


_ Ze em NO 


=: a 


— 185 — 
Périgueux, né en 1726, mort en 1801, ct qui avait été maître- 
cuisinier du roi de Prusse, Frédéric-le-Grand. 
Cette biographie a été publiée dans une revue de 1909, AI 
Berlin (le Vieux Berlin). | 
M. le Président veut bien se charger de faire faire la traduc- 
tion de cet article qui sera publié dans nos Varia. 


Puis, le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL lit, détachée d’un journal, 
cette courte analyse de la communication de notre confrère 
M. Joseph Durieux, au congrès de Rennes : « Les historiens 
ont eu la primeur d’une remarquable étude de M. Joseph 
Durieux, de la Société historique du Périgord, qui a évoqué 
l'insurrection féminine provoquée en 1794 pour la venue « d’un 
apôtre de la liberté ». Le 20 ventôse an II, les paysans de 
St-Pierre-de-Côle, protestaient contre la suppression du culte 
et s’ameutaient contre le citoyen apôtre. Peu après, la scène 
se renouvela, plus tumultueuse. Le maire s'étant interposé, 
fut bousculé, et le Comité révolutionnaire d'Excideuil dut être 
saisi de l'incident. Cette institution, d’un apostolat civique, 
reprise par Lakanal, afin de faire germer le républicanisme 
dans les campagnes, cessa avec Romme, envoyé en Dordo- 
gne, au cours de la même année. » 


M. le colonel bE MONTIFAULT nous parle d'un beau coffre 
en cuir, travaillé aux petits fers ct relevé de dorures, qui est 
actuellement en sa possession. 

Ce coffre provient de M. le chanoine Seguy qui, lui, l'avait 
reçu de Mer de Lostanges, évêque de Périgueux. Il porte le 
chiffre et les armes de Ms' Le Goux de la Berchère, arche- 
véque d'Albi, prélat consécrateur de Ms Daniel de Franche- 
ville, évêque de Périgueux en 1693, 

L'archevêque d'Albi en fit probablement don à l’évêque de 
Périgueux, son ami, qui dut Île transmettre à son successeur ; 
il passa ainsi de prélat à prélat jusqu'à Ms de Lostanges qui 
en disposa en faveur de M. le chanoine Seguy. 

L'assemblée manifestant le désir de pouvoir admirer cette 
jolie pièce, notre aimable confrère s'engage à nous la montrer 
à l’une de nos prochaines réunions. | 

43 


— 186 — 

M. le capitaine MANHËS fait passer ensuite sous nos yeux 
un objet qu'il a acheté, il y a quelque temps, à Périgueux, 
mais dont il ne connaît pas l'usage. 

C'est une sorte de petite pelle en cuivre, avec ornements, 
longue d'une trentaine de centimères environ, dont la partie 
élargie, plate et ronde comme les pelles de nos fours à la 
campagne, possède au centre une cupule peu profonde, ce qui 
fait procéder cet instrument et de la pelle et de la cuillière. 

Après examen, M. LE PRÉSIDENT ne croit pas se tromper en 
disant que ces objets servent, en Espagne, à prendre aux 
braseros un charbon ardent destiné à allumer la cigarette des 
fumeurs. 


M. l'officier principal BoRNE nous écrit à propos de deux 
observations qui lui sont suggérées par la lecture de notre 
Bulletin : 1° « En prenant connaissance du remarquable 
travail de M. Bussière sur Henri Bertin et sa famille, mon 
attention a été vivement intéressée par le passage où il est dit 
que le P. Cibot (p. 136-137) avait « travaillé pendant quatre 
ans au Palais de l'Empereur de Chine à une grande horloge 
d’eau, aux jets d’eau, chants d'oiseaux, figures mouvantes. » 
Or, je possède trois ivoires peints, personnages ayant appar- 
tenu à une horloge du Palais Impérial de l'Empereur de 
Chine, horloge détruite lors de la prise de ce palais en 1860. 
Ces ivoires, en simple relief, ronde bosse, sont creusés par 
derrière, en vuc de leur allègement. J'ai conservé quelques 
fragments de la chaîne sans fin sur laquelle ces figures 
étaient frappées pour être mises en mouvement. 

» L’un de ces personnages surtout m'a toujours paru cons- 
tituer un beau spécimen de l'art chinois. 

» Si on pouvait arriver à identifier ces ivoires, il est certain 
qu'à la valeur artistique s’ajouterait une valeur historique 
qui en ferait pour le Muséc des pièces doublement inté- 
ressantes, » 

L'assemblée s'associe au désir de notre honorable con- 
frère. | 

2° « En ce qui touche la communication par M. le colonel 
de Montifault d’un diplôme de plaque accordé à un gendar- 


+, 


— 1817 — 


me en l’an III (procès-verbal de la séance du 7 janvier der- 
nier, p. ÿ7), il me semble qu'il s'agit en l'espèce de la plaque 
de vétérance. 

» Il existe au moins une de ces plaques, je crois, au Musée 
historique de l’armée. De plus, deux dessins de ces plaques 
ont été publiés au cours de ces dernières années par La 
Giberne et par La Sabretache. Au cours d'un très rapide en- 
tretien avec notre infatigable et érudit confrère M. J. Du- 
rieux, j'ai eu la confirmation de mes souvenirs à ce sujet. 

» Ces plaques ont la forme des plaques des garcons de 
recette des banques, avec deux épées en relief et croi- 
sees. » 


Sur ce même sujet, M. J. DurrEUx nous faisait parvenir la 
note suivante : 


« A propos du diplôme de l'an II, conférant à un ex-gen- 
darme le droit de porter une plaque, communiqué à l’une de 
nos dernières séances par le colonel de Montifault, je serais 
d'avis qu'il s'agissait du médaillon de vétérance, récompense 
militaire instiluée par ordonnance royale du 16 avril 1771 
et que respecla le décret du 30 juillet 1791 supprimant tous 
les ordres honorifiques de l'ancien régime. Cette plaque ou 
médaillon présentait, à son centre, deux épées croisées, la 
pointe en l’air, et réunies par un nœud de ruban en laiton. 
Elle était la récompense militaire des roturiers, apres. 24 
ans de services et trois congés dans le même corps. » 


Enfin, de son côté, pour lever tous les doutes M. le colonel 
DE MOoNTIFAULT nous remetlait le texte intégral du diplôme 
ainsi CONÇu : 


6e Commission 
4° Section 
militaire 


AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE, 


Le citoyen Alexandre Jeannin, ancien gendarme, ayant justifié 
qu'il a servi pendant le temps de 27 années effectives et deux campa- 
gnes, s’étant toujours comporté avec valeur, la Commission des se- 
cours publics, voulant lui donner une marque de satisfaction de ses 
services, lui a accordé et accorde par ces Présentes, le droit de 
porter toute sa vie, sur le côté gauche de son habit, à la hauteur de 


— 188 — 
la 3° boutonnière, le Médaillon de deux Epées en sautoir, des couleurs 
et de la forme ci-empreintes. 
Donné à Paris, le 18° jour du mois de Messidor, l'an troisième de 
la République une et indivisible. 
Les Commissaires aux secours publics. 


» L’exemplaire du médaillon que possède notre confrère est 
en cuivre ajouré porlant trace de dorure. La bordure est 
percée de huit trous destinés à fixer le fond en drap rouge : 
elle porte au revers deux tenons également percés de trous 
destinés à fixer le médaillon sur l’habit. 

» Les dimensions du médaillon sont 65 "/" sur 50. 

» Ayant consulté l’article de La Sabretache, année 1895, page 
264 et suivantes, nous y avons trouvé la confirmation de ce 
qu'on vient de lire ; notamment, que cette décoration avait été 
créée pour récompenser les bons et loyaux services des bas 
officiers et soldats ; « et que le médaillon, de forme ovale 
et de drap rouge, élait entouré d’un cadre de cuivre ciselé ; 
sur le fond rouge, il y avait deux épées de cuivre en sautoir. 
Le véléran portail toute sa vie cette marque honorifique sur 
le côté gauche à la haulcur de la troisième boutonnière. » Un 
petit nombre de vétérans eurent deux médaillons, témoi- 
gnant de quaranle-huit ans de service. 

» Mais, un seul vétéran connu, jusqu’à ce jour, obtint trois 
plaques de vétérance. Ce fut Jean Thurel, né à Orain, en Bour- 
gogne, en 1699 ; engagé en 1716, il servit sans interruption 
l'espace de 72 ans comme fusiliec. 

» Ce vieux brave, pendant son extraordinaire carrière, reçut 
de nombreuses blessures ; encore soldat en 1787, âgé de 88 
ans, il fut présenté au roi Louis XVI et eut l'honneur de 
boire avec lui une chopine — pardon une carafe — de ma- 
laga. | 

» 11 mourut à Tours le 10 mars 1807 dans sa 108° année. 

» Le général Thiébault, qui connut Jean Thurel à Tours en 
1802, le recevait souvent à diner et raconte qu’il avait toutes 
les peines du monde à l'empêcher de trop manger. Le repas 
terminé, le bonhomme entonnait une chanson du bon vieux 


temps. | 
» L'esprit, conme l'appétit, ne lui faisait point défaut et, un 


— 189 — 


jour qu'une dame lui demandait s'il priait et remerciait sou- 
vent le bon Dieu de l'avoir laissé si longtemps sur la terre, 
Thurel, avec le sourire le plus malin, répondit : « Moi, Ma- 
dame, je n'ai jamais eu l'habitude de fatiwuer mes ainis. » 


Il reste à procéder à l'élection d’un candidat qui demande à 
entrer dans notre compagnie. 

Après un vote à mains levées, M. Lx PRÉSIDENT déclare 
adinis membre titulaire de la Société historique et archéolo- 
gique du Périgord : 

M. Charles de Loinénie, rue de Miromesuil, 92, Paris, 8°, 
présenté par MM. le marquis de Fayolle et le marquis de 
Malet. 


La séance est levée à trois heures. 


Le Secretaire adjoint, Le President, 
Ch. AUBLANT Mis DE FAYOLLE. 


LETTRE DE M°° DE BIRON A HENRI IV 
(Juicer 1602). 


M. Henri de Montégut nous communique une copie de Ja 
lettre suivante qu'il croit inédite. 


Ce que j'ose adresser de mes lettres à Vostre Majesté me debvoyst 
suffire sans les estandre davaulaige, elle jugera les voyant ce que je 
demande, car jusques ycy mon importunité n’est venue ny aux yeux 
ny aux oreilles de Vostre Majesté. Ce que je fais à seste heure, Sire ! 
ne doibt poinct s’il vous plait porter ce titre, Dieu a voulu que je soys 
la mère de ce fils, qui est le subject de ma lettre. Autrefoys ce fust 
ma gloyre et le contentement de ma vieillesse ; aujourd’huy c'est ma 
mizère et l’affliction et le désespoir de mes vieux ans. Jde parle à 
Vostre Majesté, Sire ! toute assurée quelle luy veult encore quelque 
bien. Tant d’honneurs dont Vostre Majesté l’a comblé, tant de réputa- 
tion qu'elle luy a donné, tant de louanges qui sont sortyes de sa bouche 
pour l’honorer, et tant de bienfaits dont Elle a voulu se recongnoistre, 
lesquels par son imperfection possible se sont rendus les outils de sa 
perte ne peuvent me persuader que Vostre Majesté ne soyt touchée de 
son malheur. Cella faict que je ne doute nullement que le mal dont il 


— 190 — 


sera convaincu ne soit bien véritable. Je me promets encor, Sire, que 
Vostre Majesté sera celuy de tous, seul du monde qui désirera le plus 
qu'il soit justifié, Elle estant le vray modelle et l'exemple de vertu par 
toute l’Europe. Je suys lrès assurée, Sire ! que rien d’injuste ne pourra 
nuyre à mon fils. Vostre Majesté la faict le principal instrument dont 
Elle s’est servye pour faire tant de miracles dont sa vye est pleine. 
Et le contentement le plus fort qui restoit à son père lorsqu'il mourut, 
estoit de laisser un fils capable de suyvre le chemin qu'il avoit prins à 
rendre du service à Vostre Majesté. Dès lors que le Roi votre prédé- 
cesseur fut mort, il se résolut à vous servir et les considérations qui 
s’arrestèrent dans les cervelles de plusieurs ne purent trouver place 
en la sienne, sa religion et sa conscience mesmes ny peurent rien, 
pourtant l’une el l’autre entières pour vous rendre le service dont il 
fut capable quel qu’il puisse être. Vostre Majesté s'en souvient, je scay 
seulement qu'il estoit marry de ne pouvoir davantage, pour vous 
servir davantage. Cependant, Sire, je m'achemine vers Vostre Majesté 
le plus diligemmentque mon âge et ma santé ne permettent pour jelter 
aux pieds de Vostre Majesté une mère la plus abattue de la fortune 
que nulle autre qui fut jamays. Et ne sachant ce que Dieu résout de 
mon fils, j'ose entreprendre d'escrire à Vostre Majesté et la supplier 
très humblement et au nom de Dieu et par cette glorieuse clémence 
qui vous faict honorer et magnifier partout, avoir pityé et miséricorde 
de mon pauvre et miséruble enfant. C'est Vostre Majesté, Sire, quy la 
eslevé et nourry dans la poussière de ses armes et qui la fait essuyer 
et reposer dans la douceur de ses grâces et bienfaits. Ne croyez pas 
toutefois, Sire, que la nature de mère me faict oublier ce que je doibs a 
mon Roy. La nourriture que j'ay prinse avec feu mon mary me faiet 
aprendre que ce debvoyr doibt este prescri à toutes choses. Et le peu 
que Jj'ay peu voir mon fils, depuys qu'il alla porter sa vye et sa fortune 
à Vostre Majesté, me faict voyr aussy que cesloyt sa croyance aprinse 
donc de tous les deux. Sire, je vous demande la vye de mon fils, s’il 
se trouve avoyr mérité de la perdre. Mays je la demande, Sire, à con- 
dition que Jamais elle ne vous puysse nuyre et vieillisse dans une prison 
perpétuelle où il aura moyen de prier Dieu pour Vostre Majesté et se 
repentir de ses fautes, pour sa fin. Sire, au nom de Dieu, ayez pitié 
de ma condiction. Et Vostre Majesté juge si j'’aurois pu imaginer de 
luy faire une sy misérable requeste que je suplye très humblement 
vouloir m'accorder. Et considérer que ma douleur ne peut pas toutes 
foys faire que je demande à Vostre Majesté, chose quy luy puysse 
porter quelque dommaige, car si quelques fois mesme l’octroy d'une si 
lamentable roqueste luy en peut porter. Il n’est rien si aise que d’en 


— 191 — 
ster l'occasion. Dieu destourne toutefois cs malheur, Sire, et me 
face la grâce d'achover ma vye, honnorant tousjours et le nom et la 
clémence de Vostre Majesté. Continuant les voeus que j'ay faicts et 
fais tous les jours pour la continuation «le vostre vye, grandeur et 
prospérité que je souhaile aller tousjours on augmontant que je le 
désire et que je le suys, 
Sire 
de Vostre Majesté 
Votre très humble et très obéissante servante et sujete. 


St BLANCART. 
A Büron, ce juillet 1602. 
Au Roy. 


Pour copie conforme 


H. DE MONTEGUT, 


LA VILLE DE SARLAT ANOBLIE PAR LOUIS XIV. 
(Suite et fin). 


Il est toutefois impossible de trouver, dans ces diverses cir- 
constances, les actions d'éclat nécessaires pour justifier l'ano- 
blissement d’une ville. Les sieurs de Saint-Clar et de Gisson 
durent faire valoir, devant la Cour, d’autres titres que nous 
dévoilerait leur harangue, si nous avions pu la retrouver, ils 
ont assurément rappelé les marques si mémorables de cou- 
rage et de fidélité que leurs ancëtres donnèrent, en 1587, à 
l'Eglise et au Roi, lorsque les protestants vinrent assiéger 
Sarlat, après avoir saccugé, détruit ou brûlé tout le pays envi- 
ronnant. 

Les Sarladais, sans garnison, sans onde de guerre et 
sans arquebuses, ne possédaient qu’une seule pièce de canon, 
mal fondue, qu'ils appelaient par dérision La Camuse. | 

Les protestants, très bicn approvisionnés, se présentèrent 
devant la ville, organisés en une armée compacte, sous le 
commandement d'un chef bien connu pour sa science straté- 
gique et pour sa bravoure. 


Sarlat soutint vaillamment uu siège rigoureux pendant 
vingt-et-un jours. Cinq cent cinquante volées de canon 
furent lancées contre ses murailles et firent une large brèche, 
relevée trois fois avec une persévérance héroïque ct trois fois 
réouverte. | 

Cinq cents assiégeants furent tués ou blessés ; trois fois, un 
généreux parlementaire, M. de Limeuil, voulut intervenir 
afin de mettre un terme à ce combat désastreux, et trois fois 
les habitants répondirent : 


_« Nous voulons vivre et mourir dans la religiou catholique ; nous 
» voulons rester sous l'obéissance du Roi » (1). 


Après vingt-un jours d'attaques énergiques et d’assauts 
meurtriers, les protestants furent obligés de lever le siège et 
de battre en retraite. 

Ce brillant fait de guerre, dont il restait encore de nom- 
breux témoins, était trop glorieux pour que les sieurs de Saint- 
Clar et de Gisson aient négligé de le raconter au jeune roi 
Louis XIV. Cependant une circonstance devait les troubler 
dans cet intéressant récit ; le genéral qui menait l'attaque des 
protestants contre Sarlat était Henri de Turenne, duc de 
Bouillon, père du maréchal, qui présentait les deux consuis à 
Ja Cour. 

Aussitôt que les députés de la ville eurent accompli leur 
mission, ils revinrent en Périgord, où la guerre devenait de 
plus en plus désastreuse. Le pays était sillonné dans tous les 
sens par des hommes de troupes, qui vivaient sur leur pas- 
sage comme sur une terre conquise. 

Le comte d'Harcourt, après avoir fait très facilement la con- 
quête de Sarlat, aurait voulu réunir son armée avec les troupes 
du marquis d'Espinay St-Luc, gouverneur de Montauban, et 
avec le régiment du marquis de Biron, sénéchal du Périgord. 
Mais Condé ne restait pas inactif; après avoir rallié ses partisans 
à Bergerac, il envoya le comte de Marcin à la poursuite de 
Biron, qui se dirigeait vers Sarlat ; la rencontre eut lieu près 


(1) A. de Roumejoux, Les querres de religion en Périgord, p. 135-6. 


— 193 — 
de Villeréal, où les Frondeurs remportérent un succes complet 


« M. de Biron, blessé gravement à la lête, se sauva ayant contre- 
faict le mort (1) ». 

En même temps, le prince de Conti faisait le siège de Mira- 
doux (2), qui se défendait avec un courage héroïque, sous les 
ordres de messire de Marin (3). Le marquis de S'-Luc amena 
2.000 hommes au secours d« la ville assiégée; un rude 
combat eut lieu sous les remparts, et le prince de Conti fut 
obligé de lever le siège. 

La victoire de Villeréal et la bataille indécise de Miradoux 
furent annoncées, dans toute la France, par M. le Prince, 
comme étant deux grands succes, et le bruit se répandit aus- 
sitôt que l’armée royale avait été détruite. Il est vrai que le 
comte d'Harcourt n'avait pas réalisé son plan, mais ses armées 
étaient à peu près intactes, celle de Biron avait seule éprouvé 
quelques pertes ; avec un peu d'audace, il aurait facilement 
enlevé Périgueux au marquis de Chanlost. 

« Le 1° mars 1652, toute la bourgeoisie de Périgueux, vu les maux 
généraux qui accablaient la province et la ville, particulièrement 
menacée de siège par le comte d'Harcourt, prit résolution de faire un 
vœu général pour la protection de leurs familles et pour demander à 
Dieu la cessation de ces fléaux (4) » 

Le comte d’Harcourt n'avait pas le génie de la guerre ; il 
n’osa jamais livrer une bataille avant d'avoir réuni dans ses 
mains toutes les chances de la victoire. Il évita de passer en 
vue des fortitications de Périgueux et continua ses inutiles 
chevauchées, où les régiments du Roi. commandés par Sau- 
vebœuf, Folleville ou Lillebonne, prenaient les châteaux mal 
défendus et les abandonnaient bientôt après, afin d'aller 
tenter plus loin quelques nouvelles conquêtes, éphemères 
comme les précédentes. 

Les Frondeurs n'avaient pas plus de suite dans leurs expé- 
ditions. 


(1) Journal de Pierre de Bessot. 

(2) Chbef-lieu de canton du Gers. 

(3; Michel du Bouzet, sire de Marin, né en 1502. 

(4) Journal de Pierre de Bessut, ‘ 


— 194 — 


Après le siège. et la bataille de Miradoux, le marquis de 
St Luc et messire de Marin avaient réuni leurs forces pour 
s'emparer de la petite place de Pergain (1) abandonnée par les 
gardes des deux princes ; ils avaient ensuite pris Astaffort 12); 
Condé faillit rester entre leurs mains et se sauva dans Agen. 

Tandis que S'-Luc et messire de Marin allaient prendre Cas- 
teljaloux (3), M. le Prince perdant sans doute l'espoir de con 
quérir la Guyenne, partit le 24 mars, sous un déguisement, 
accompagné de huit amis fidèles, parmi lesquels le duc de La 
Rochefoucauld. Le comte d'Harcourt ne sut pas profiter du 
désarroi produit parmi les Frondeurs par ce départ imprévu; 
il continua pendant quelques mois sa guerre de partisans et, 
le 8 août, voyant qu'il combattait sans profit pour sa gloire et 
pour son ambition, il partit tout-à- coup, comme l'avait fait 
Condé, pour aller chercher meilleure fortune en Alsace. 

Cependant la France périssait dans son incohérente anar- 
chie ; le commerce et l'industrie marchaient vers la ruine ; les 
travaux publics étaient partout enrayés. 

Louis XIV comprit l'absolue nécessité d’établir sur le trône 
une autorilé qui decide, exécute et se fait respecter. Il entra 
le 21 octobre 1652 dans Paris, où l'immense majorité de la 
Ville et des Halles l'accueillit avec le plus chaleureux enthou- 
siasme. 

Charles de Nogaret, de la Valette et de Foix, duc de Can- 
dalle (4), fut désigné pour aller prendre le commandement de 
armée de Guyenne. Sans lui laisser le temps d'arriver et 
d'organiser son armée, le prince de Conti voulut tenter un 
audacieux coup de main et chargea le comte de Marcin d'aller 
reprendre Sarlat. Dans ce but, Marcin réunit à Bergerac tous 
les hommes de guerre dont il pouvait disposer ; il s’assura le 
concours de François de Touchebæuf-Clermont, seigneur de 
Montsec, et deJean-Jacques de Montesquiou, seigneur de Fages, 


(1) Commune du canton de Lectoure (Gers). 

(2) Chef-lieu de canton de Lot-et-Garonne. 

(3) Chef-lieu de canton de Lot-et-Garonne. 

(4) Fils du duc d'Epernon et favori de Mazarin ; elait né à Metz le 14 février 
4627, mourut à Lyon le 28 juin 1668. 


— "195 — 
qui devaient faciliter le passage de la rive gauche sur la rive 
droite de la Dordogne ; le 20 décembre 1652, le comte de 
Marcin prit le commandement de son armée composée de 
deux régiments d'infanterie, Marcin et Foix, d'un régiment 
de cavalerie, de trois pièces d'artillerie et d’un fort équipage 
de munitions. 

Les quatre consuls de la ville étaient Armand de Costes (1), 
conseiller au présidial; Mariel, dit Peroussié, également 
conseiller au présidial; Antoine de S'-Clar, aussi conseiller et 
assesseur en la marechaussée, et entin Raymond de Bonet (2), 
avocat du Roi. Sarlat n'avait aucune garnison, presque 
pas d'armes et très peu de munitions de guerre ; cependant 
tous les habitants du pays pressentaient qu’une redoutable 
attaque les meuaçait. Le peuple accusait déjà les consuls de 
trahison, parce qu'ils ne faisaient rien pour éviter un coup 
de main. 

« Le colonel Balthazar uvail fait diverses entreprises, courses ct 
* irruptions sur la ville, sans autres progrès que d'en désoler les 
» campagnes (3) ». 

Le mercredi 28 décembre 1652, pendant la grand’messe du 
jour de Noël, le bruit se répandit qu'un groupe de cavaliers 
armés s'avançait vers la porte de Landrevie, et l'on entendit 
aussitôt retentir les cris de : « Aux armes! aux armes ! » 

Quelques habitants courageux allèrent en reconnaissance 
dans la direction de Bigarroque (4) ; ils aperçurent un esca- 
dron qui paraissait fort de quatre-vingts cavaliers ; ils se 
mettaient en mesure de l'arrêter, lorsqu'ils se trouvèrent en 
présence de cinq cents chevau-légers ct de trois cents hom- 
mes à pied. 

Les Sarladais effravés rentrèrent précipitanment dans la 
ville ; ils fermerent les quatre portes, et après les avoir mises 
en bon état de déiense, ils dressèrent des barricades dans les 


(1) Parent de Gauthier de Coste de La Calprenède, auteur de Cléopâtre 
et très ardent frondeur. 

{2} Fut anobli par Louis XIV, sous le litre de seigneur de La Chapoulie. 

(3) Suite à la Chronique, p. 22. 

14) Commune de Coux et Bigarroque, canton de Saint-Cyprien, Bigarroque 
élait un port de commerce important sur la Dordogne. 


— 4196 — 


rues. Sous la pression de l'opinion publique, les consuls 
ordonnérent aux habitants des faubourgs de détruire leurs 
maisons, afin que l'ennemi n’y trouvât pas un abri contre les 
coups des assiéges. Cet ordre rigoureux fut exécuté par tous, 
sauf par les religieuses de Notre-Dame, qui venaient de cons- 
truire, près la porte de la Bouquerie, un immense et superbe 
monastère, destiné à l’enseignement primaire des filles du 
peuple, suivant les règles de S:-Pierre-Fourier. Quarante- 
quatre professes dirigeaient dans cet établissement plusieurs 
séries de trois classes, qui constituaient tout leur programme 
scolaire. L'évêque fut informé du refus opposé par les reli- 
gieuses à la démolition de leur couvent ; il leur donna l'ordre 
d'y mettre le feu et leur offrit son palais pour demeure; 
les saintes filles obéirent aussitôt avec la plus parfaite abne- 
gation. 

Quatre jours furent employés à mettre Sarlat en état de 
défense ; l'avant-garde ennemie avait cru pouvoir entrer dans 
la ville par surprise; mais, trouvant les portes closes et bar- 
ricadécs, elle se vit forcée d'attendre l'arrivée de l’armée 
tout entière. Le comte de Marcin parut le 28 décembre au 
matin ; il mit immédiatement ses pièces en batteries, et les 
premiers coups de canon furent tirés le soir même. Le siège 
fut entrepris avec une effrayante rigueur ; toutes les maisons 
des faubourgs, qui n'avaient pas été complètement démolies, 
furent incendiées. 

« Sarlat étant assiégé, trois capilaines passèrent devant la porte des 
Filles de Notre-Dame, sur laquelle on voyait encore une belle statue 
de leur divine mère dans une niche, avec l'enfant Jésus entre les 
bras, le seul reste précieux de l'incendie. Deux de ces capitaines 
étaient catholiques ; touchés d’un sentiment de piété, — saluons, di- 
rent-ils l’un à l’autre, cette image. — Ils le tirent avec respect. Le 
troisième, qui était de la religion prétendue réformée, dit d’un air de 
mépris, qu’il la voulait saluer à son tour, et, prenant son pistolet, il 
entreprit de la renverser. 

» Ses compagnons eurent horreur de son impiété et firent tout ce 
qu'ils purent pour l'empêcher de la porter plus loin. L'iconoclaste 
calviniste s’obstina a lâcher le coup. Les défenseurs des saintes ima- 
ges voulaient lui arrêter le bras, en lui répétant plusieurs fois que 
Dieu l'en punirait; il se dégagea de leurs mains et tira. 


— 197 — 

: En mème teinps, un citoyen, qni était de garde sur les murs de la 
ville, s'étant aperçu du malheureux dessein de cel homme, se met en 
position de venger l'outrage qu'il faisait à la lrès-Sainte-Vierge, 
prend son mousquet, vise si bien le calviniste, que celui-ci n'eut pas 
plus tôt tiré son coup de pistolet el abattu l'image, que l’autre lui 
donne droit dans la tôte et le jette roide-mort à ses pieds, en présence 
des deux capitaines qui admirèrent une mort si prompte » (1). 


Six cents volées de canon furent tirées contre lus murailles 
el plusieurs assauts furent donnés. Après quatre jours de 
résistance héroïque, les bourgeois de Sarlat, privés de toute 
force armée, d’approvisionnements et de munitions, se virent 
obligés de capituler. 

Le récit de ce siège, emprunté à la Suile des Chroniques du 
chanoine Tarde, attribue aux consuls et aux notables habi- 
tants un rôle qui semble mériter toute créance ; mais d’après 
le Livre- journal de Castel, les consuls et les principaux bour- 
geois auraient trahi les intérèts de la Couronne, pour vendre 
la ville aux princes et au comte de Marcin : 

« Tellement que les traîtres mirent les ennemis du Roi, le premier 
jour de l’an 1653, dans la ville, sous la promesse qu'on faisoit que 
nous n'aurions que cent cinquante hommes, et qu'ils seroient nourris 
au x dépens du Roi (2) ». 


La Suite à la Chronique du chanoine Tarde fait allusion à 
la promesse dont parle Castel et dit : 

x Mais la capitulation fut aussitôt enfreinte par le vainqueur, sur- 
tout en raison d’un logement à discrétion de 1.800 fantassins et de 
cent officiers les commandant, de deux compagnies de cavaliers, de 
tous les ofliciers d'équipage de l'artillerie, d’un lieutenant-général d’ar- 
mée, gouverneur de la place, appelé Chavagnac, de trois maréchaux 
de camp, autant de bataille, avec leur suite (3) ». 


Le comte de Marcin ne sut pas retirer de sa victoire tous les 
résultats qu'il pouvait ambitionner. L'armée royale n'ayant 
pas de chef et pas de plan d'attaque ou de défense, l’armée 
des Princes aurait aisément vaincu Sauvebœuf, pris Nontron 


PRE + 


(1) Suite à la Chronique, p. 10. 
(2) Journal de Castel. 
(3) Suite à la Chronique, p. 22. 


— 198 — 
et enlevé les archives ; mais il était nécessaire de laisser une 
forte garnison à Sarlat, el d'ailleurs Balthazar ne voulait 
jamais guerroyer en sous-ordre. Marcin revint à Bordeaux, 
laissant à Chavagnac le soin de veiller sur la conquête. 

Le gouverneur de Sarlat, issu d’une noble famille d’Auver- 
gne, était, en 1650, lieutenant des gardes du comte d’Harcourt ; 
il avait adopté le parti des Princes pour obtenir le comman- 
dement d’un régiment ; il reviendra dans l’armée royale aus- 
sitôt que la Fronde sera dissoute. Son frère aîné, Gaspard, 
avait, au contraire, débuté dans l'armée des Princes, pour 
entrer ensuite au service du Roi ; il commandera bientôt un 
régiment de l’armée royale autour de Périgueux. 

François de Chavagnac chassa du palais épiscopal l’évêque 
avec les quarante-quatre Filles de Notre-Dame, et mit son 
quartier général dans ce pieux logis; il était marié depuis 
peu de mois avec sa cousine, Charlotte d'Estaing, âgée de 
vingt ans à peine; il la fit venir auprès de lui, pour présider 
aux divertissements du carnaval. Chavagnac se montra d’une 
rigueur sans pareille, cruel envers ceux qui lui résistaient, 
sans pitié pour ceux qui pouvaient contribuer à l'alimentation 
de son armée ; on ne pouvait pas d’ailleurs faire vivre trois 
mille hommes dans une aussi faible agglomération, sans 
exercer une pression tyrannique. Afin de rendre sa surveil- 
lance plus facile, le gouverneur avait ordonné que trois portes 
de la ville resteraient constamment fermées. Les habitants, 
que leurs affaires appelaient hors des murs, avaient pour 
unique issue la porte de Landrevie. 

La malheureuse cilé, que Louis XIV venait d’affranchir de 
tout impôt, inaugurait tristement son nouveau régime. 

La prise de Sarlat produisit dans la Guyenne et jusqu'à la 
Cour une profonde émotion. Les ordres les plus énergiques 
furent immédiatement donnés pour enrayer la révolte. La 
flotte du duc de Vendôme partit pour la Gironde ; les troupes 
qui u’avaient pas pu sauver la Catalogne furent dirigées vers 
la Guyenne, d'autres renforts arrivèrent de Provence et 
d'Italie, le duc de Candalle eut alors sous ses ordres une puis- 
sante armée, devant laquelle les Frondeurs étaient incapables 
de résister. Le prince de Conti, naturellement indolent, aurait 


— 199 — 


volontiers déposé les armes ; mais l’orgueil de Condé pro- 
longea la résistance. Cependant lorsque, le 3 mars 1653, le 
Parlement de Bordeaux fut transféré à Agen, presque tous les 
magistrats obéirent sans faire entendre aucune protestation. 
Partout l'opinion publique semblait favorable à la paix. 

Mo de la Guette, qui était à Périgueux vers la fin de 
mars 1633, raconte dans ses memoires qu'ayant, un jour, reçu 
la visite du marquis de Chanlost, elle lui dit : 

« Je crois que vous n'êtes pas le maitre icis et mème vous n’avez 
pas l'approbation de toutes les dames. » 


Il répondit : 


+ J'en suis au désespoir ; je fais tout de mon mieux, pour gagner 
les esprits de ces gens qui sont fort farouches (1) ». 


Les Sarladais, opprimés par Chavagnac, devaient être plus 
farouches encore : le blé des magasins, des monastères et des 
agriculteurs avait été réquisilionné,; plusieurs impositions 
avaient ruiné tous les habitants ; les plus pauvres artisans 
avaient été taxés à dix livres. On accusa Chavagnac d'avoir 
enlevé les vases sacrés de toutes les églises et des monas- 
tères ; il osa même, dil-on, violer les principales sépullures, 
pour s'emparer des bijoux laissés en parure aux morts. 

« Îl se montra particulièrement cruel envers les Récollets, qui, dans 
l’occasion du siège, ainsi qu'à la reprise de la ville, marquèrent leur 
affection et leur zèle pour les habitants. Ceux-ci ne pouvant pas sup- 
porter plus longtemps celte persécution, tâchèrent de se délivrer d'une 
aussi cruelle tyrannie. Ils commencèrent par s'attacher le ciel, en 
recommandant leur délivrance aux prières des Filles de Notre-Dame. 
La communauté décida qu'on feroit une neuvaine de prières et de 
pénitence, pendant qu'on se prépareroit à la victoire (2) ». 

Les consuls et les notables avaient pu voir les effets déso- 
laats de la révolte ; ils se mirent en relations avec le duc de 
Candalle, pour ramener Sarlat à la tidélité royale. Messire de 
Marin, que nous avons déjà vu défendant Miradoux contre le 
prince de Conti, fut désigné pour réaliser le vœu des Sarladais. 
Ces négociations n'avaient pas échappé à la vigilance de Cha- 


t1) Mémoires de M®* de la Guette, p. 129. 
(&, Suite à la Chronique, p. 22. 


— 900 — 
vagnac, sur sa demande, un régiment des Princes restait 
sans cesse en expédition aux alentours de la ville. A la fin de 
mars 1653, 
« le comte de Marcin tenoit lui-même la campagne avec quelques 
troupes; il prit une autre marche, par un grand honheur pour lui, 
parce qu'on l'auroit arrêté, s’il étoit allé à Sarlat (1) ». 

L'évêque Nicolas de Sevin et les consuls entretenaient des 
relations courtoises avec la plupart des officiers catholiques, 
chez qui les tendances séparatistes et révolutionnaires des 
protestants avaient réveillé des sentiments de fidélité royale ; 
presque tout le régiment de Foix était devenu favorable aux 
assiôgés ; les cruelles souffrances des Sarladais avaient excité 
la compassion d’un grand nombre de Frondeurs. Les notables 
profitèrent de ces témoignages de sympathie pour former, 
avec quelques officiers de Chavagnac, un complot ayant pour 
but la délivrance de la ville. Le jour du grand effort appro- 
chait. 

Le sieur de Costes, premier consul, s'était chargé de donner 

lui-même à tous les habitants valides, la consigne que chacun 
devrait observer. Ses actives démarches avaient été signalées 
à Chavagnac, 
« qui le fit conduire devant lui, par forfanterie ; ce lieutenant lui fit 
accroire que s'il passoil dans toutes les maisons, c'éloit pour obliger 
les habitants à payer l'imposition que les vainqueurs exigeoint. Sur 
quoi, Chavagnac lui dit que s’il apprenoit et s’il découvroitla moindre 
chose, il le feroit mourir, et pour cet effet, il fit incontinent dresser une 
potence dans la cour de l'évêché (2) ». 


Les consuls ne se laissérent pas intimider par la menace du 
gouverneur ; d'accord avec messire de Marin, ils décidèrent 
que la grande tentative de délivrance aurait lieu pendant la 
auit du 24 au 25 mars 1653. Un régiment du Roi fut placé sur 
les hauteurs qui, vers lc nord de Sarlat, séparent la Vézère 
de la Dordogne. Les officiers frondeurs, qui gardaient la porte 

‘ de Landrevie, avaient promis de laisser libre passage; ils 
furent tous fidèles à cette promesse. 


(1) Mémoires de Mr=° de la (rurtte, p. 131,.-2. 
(2) Suite à la Chronique, p. 18. 


— %)1 — 


Vers minuit, messire de Marin devait amener son régiment 
dans la ville et s'en emparer. 

« Dès le soir, à la veille de l'Annonciation de la Sainte-Vierge, un 
parti de Sarladais occupa le clocher de la grande église ; le reste 
s’étoit assemblé dedans, tous bien armés ; les batteries avoient été 
dressées secrètement. 

+ Au premier signal dont on étoit convenu, toute la bourgeoisie devoit 
se jeter à corps perdu et au péril de la vie, sur les troupes ennemies... 
Les vaillants hommes pensèrent être découverts ; un officier hugue- 
not faisoit la revue dans l'instant que les Sarladois étoient entrés dans 
l'église. Surpris de la foule et des lumières qu'il v avoit si tard, il 
s'informa, près de la femme du marguillier, pourquoi l’église étoit 
ouverte à cette heure ; elle répondit que la cérémonie avoit été retardée, 
qu’elle en attendoit la fin et que tout le monde fût sorti pour fermer 
les portes. 

» L'officier le crut et ce pauvre peuple fut heureusement préservé, 

cette nuit, d'un horrible danger et de quelque mort cruelle et honteuse 
qu'il n'auroit pu éviter (1) ». 
- Le signal convenu pour l'entrée dans la ville et pour l'atta- 
que des portes, était la sonnerie de la petite cloche des Récol- 
lets ; elle devait se faire entendre, dans le solennel silence du 
milieu de la nuit, aussitôt que les dispositions préliminaires 
arrêtées par les consuls seraient réalisées. Voilà que tout à 
coup la cloche retentit. Le quatrième consul, Raymond de 
Bonet, franchit sans coup férir la porte de Landrevie et trouva 
messire de Marin à la tête de ses troupes. Le régiment tout 
entier pénétra dans la ville et forma divers groupes qui, sous 
la conduite des consuls, furent dirigés vers les postes des 
Frondeurs. 

« La décharge se fit inopinément ; les soldats qui ne s'etoient pas 
préparés, sont vivement poussés de toutes parts ; les uns sont désar- 
més, les autres tués, le reste est mis en fuite (2) ». 


Un jeune officier, M. de la Guette, avait passé la veillée chez 
le gouverneur. Entendant les cris répétés de : Vive le Roi, il 
se leva rapidement et courut vers l'évêché. 


« Il tenoit en ses mains ses deux pistolets ; on lui demande : — Qui 


(1) Suite à la Chronique, p. 14. 
(2) Suite à la Chronique, p. 18. 


14 


_ 909 — 


vive ? — Îl répondit : Vive le Roi et Condé ! on lui tira sur le champ 
plusieurs coups de pistolet qui, par la grôce de Dieu, ne lui firent 
aucun effet. Il précipita sa course, espérant trouver quelqu'un de 
son parti; mais au contraire, il rencontra plusieurs officiers de ceux 
qui avoient livré la place et qui lui dirent : — Monsieur de la Guette, 
il faut faire comme nous, ou vous êtes prisonnier. — Je suis donc votre 
prisonnier, leur dit-il, car il ne sera jamais dit que je trahisse 
ceux dont j'ai embrassé le parti. 

» … Cependant le pauvre M. de Chavagnac étoit poursuivi à outrance, 
car on vouloit ou sa vie ou sa personne. Comme il se sauvoit dans 
les greniers tout nu, en chemise, Madame sa femine le voulut suivre 
toute nue aussi, et étant encore sur la montée, on lui tira quatre ou 
cinq coups de mousqueton, qui la tuèrent sur la place et la firent 
tomber de haut en bas. C'’étoit un très grand dommage, car elle était 
belle, sage et honnète (1) ». 

« [Le général qui souffroit de la goutte, ne put échapper aux mains 
des habitants ; il fut pris, dépouillé et mis nu dans l'évêché, où il 
logeoit. L'évêque s'y rendit bicntôt, qui le fit venir en sa présence, 
lui mit un bâton blanc à la main et lui parla en ces termes : 

» Reconnoissez, guerrier infortuné, et adorez la main du Tout-Pais- 
sant, qui vous châtie ; vous avez mille fois évité la mort à des sièges 
et à des combats ; les Sarladais que vous avez irrités par tant de mau- 
vais traitements, ont épargné votre vie. 

» Le ciel vouloit vous réduire en l'état où nous vous voyons, aiin 
que la confusion fût votre plus grande peine, pour tous les excès que 
vous avez commis : vous avez été impic envers Dieu, injuste et cruel 
envers le prochain. Vous avez profané les saints autels et les sépul- 
tures. Vous avez eu l'impudence et l’audace d’entrer dans cette maison, 
où j'avois logé les épouses de Jésus-Christ. Vous les avez chassées ;: 
vous serez honteusement chassé vous-même de la ville. 

» Sentez et profitez de votre disgrâce ; n’excitez pas davantage la 
colère de Dieu par de nouveaux méfaits » (2). : 


Aussitôt après cetle harangue, Chavagnac fut conduit pri- 
sonnier dans la citadelle rovale de Domme. 

Messire de Marin, après avoir pris possession de la ville de 
Sarlat, déclara solennellement, au milieu des acclamations 
enthousiastes de Ja foule, que les Sarladais étaicnt définitive- 


(1) AMfémoires de M% de la Guette, p. 131. 
(2) Suite a la Chronique, p. 14. 


— 908 — 


ment rentrés sous l’obéissance du Roi. Presque tous les offi- 
ciers du régiment de Foix et plusieurs de Marcin tirent leur 
soumission et furent aussitôt réintégris dans l’armée royale ; 
les autres, au nombre de quarante-six, furent conduits, pri- 
sonniers, à Agen. 

Ce fut le dernier fait de guerre accompli, pendant la Fronde, 
en Guyenne. Toutes les villes révoltées se soumirent sans 
livrer de nouveaux combats, et la France entière revint bien- 
tt après à la fidélité royale. Le règne glorieux de Louis XIV 
va commencer. Un dernier écho de ces guerres civiles se fait 
encore parfois entendre dans les campagnes du Périgord, avec 
la complainte de Bourbon. Composée pendant la révolte du 
grand Condé, elle ne rappela que de pénibles souvenirs après 
la soumission du Prince. Dès lors, il a suffi de changer quel- 
ques mots à la complainte de Bourbon, pour en faire une com- 
plainte de Biron. 


LA COMPLAINTE DE ROURBON. 


Qui veut ouïr la chanson, 
Chansonnette jolie, 

D'un cadet de Bourbon 
Qui forma l’entreprise 

De tuer le Roi, la Reine 
Et le comte de Foix, 

Pour prendre la Couronne 
Et devenir le Roi, 


Il 


Le Roi fut averti 

Par deux de ses gendarmes, 
Et l’un des deux lui dit : 

— Sire, prenez bien garde ; 
Un cadet de Bourbon 

Hélas ! vous a trahi: 

De vous melitre à la mort 

Il a fait l'entreprise. 


— 904 — 
IL 


— Ami, dites-moi donc, 
Qui forma l’entreprise ? 

— C'est le duc de Bouillon, 
C'est le prince d'Auvergne, 
Qui fit cette entreprise 

De vous mettre à la mort. 
A toute la famille 

Il veut faire un grand tort. 


IV 


Quand il disait ces mots, 

On vit entrer Bourbon, 

Son chapeau dans la main, 
Faisant grand'révérence ; 

{ dit : — Bonjour, mon Sire, 
Bonjour vous soit donné. 
Cinq cents ducats d'Espagne 
Voulez-vous me jouer ? 


V 


— Bourbon, si tu les as, 
Va-t-en trouver la Reine ; 
Va-t-en trouver ia Reine ; 
Elle te les jouera. — 

11 dit : — Bonjour la Reine, 
Bonjour vous soit donné; 
Cinq cents ducats d'Espagne 
Voulez-vous me jouer ? 


VI 


— Bourbon, si tu les as, 
Pose-les sur la table. — 

Dès qu'il eût joué trois fois, 
Bourbon 8e trouble en cartes. 
La Reine lui demande : 

— Dis-moi, Bourbon, qu’as-tu ? 
Il semble que tu trembles 
Avant d'avoir perdu. 


VII 


_ [avait joué trois fois 
Quand le grand prévôt entre, 
Son chapeau dans la main, 
Faisant grand'révérence. 

I dit : — Bonjour, mon Prince, 
Ne 80yez pas surpris ; 

Ce soir, à la Bastille, 

Il faut aller dormir. 


VIII 


Bourbon lui répondit 
D'une voix effrayante : 
— Un prince comme moi 
Dormir à la Bastille ! 
Ah! si j'avais mon sabre, 
Mes pistolets dorés, 

Ce soir, à la Bastille, 

Je n'irais pas coucher. 


IX 


Adieu ! mon bon coursier, 
Tu vas a l'aventure 

Chez quelque lourd meunier 
Pour servir de monture. 
Adieu ! ma chère épée, 

Mes pistolets dorés ; 

Dans toute la contrée 

Vous étiez redoulés. 


Te souvient-i}, oh Roi, 
De la guerre en Piémont, 
Où mon corps devant toi 
T'a servi de pignon ? 
— Demande-moi pardon, 
Ta grâce je te donne. — 


— Il n'est pas de pardon 
Quand il n’est pas d'offense. 


— 206 — 

L'insigne faveur accordée par Louis XIV à la ville de Sarlat 
reçut son entier effet aussitôt après la glorieuse délivrance du 
25 mars 1653. La suite à la Chronique du chanoine Tarde nous 
dit au lendemain de ce jour solennel : 

«“ Après l’action de grâces, rendue à Dieu publiquement, avec mille 
acclamations de joie et autant de remerciements aux sieurs consuls, 
(en ce temps on les appeloit maréchaux de bataille) et la ratification 
authentique des vœux faits par eux à Dieu, au nom de la communauté, 
pour l’exécution d’une si importante entreprise, le s° de Costes, con- 
seiller et assiégé de cette ville et consul, fut député pour en porter la 
nouvelle en cour ; le s' de Bonel, advocat du Roiïet consul, pour la 
porter à M. de Candalle, général de l’armée royale, le s° de S‘-Clar, 
conseiller et consul, pour établir dans la ville l’ordre convenable à 
la sûreté publique (1) ». 


Le s' de Costes fut reçu par Louis XIV avec la même faveur 
que l'avaient été, en février 1652, les s'° de St-Clar et de Gis- 
son. Le Roi confirma de très bonne grâce l’abonnement géné- 
reux accordé pendant l’entrevue de Saumur; laudacieux coup 
de main du 25 mars 1653 justifiait les générosités de la Cour 
que la capitulation fait entre les mains du comte d'Harcourt 
le 2 février 1632. 

“ On ne sera pas surpris qu'à la suite d’un événement aussi impor- 
tant, Sarlat ait joui de la grâce qui l’avoit précédé, avec proteclion 
marquée de Ja part des magistrats chargés de l’exéculion des ordres 
du Roi (2) », | 


Les lourdes contributions de guerre que la ville avait sup- 
portées pendant qu'elle était soumise à la tyrannique domina- 
tion de Chavagnac, rendaient aussi précieuse qu'opportune 
l'exemption de tout impôt. A dater de ce jour, Sarlat ne tigura 
que pour la somme tixe de trois cents livres sur les états 
d'impositions de la Généralité de Bordeaux. C'était une 
dérogation aussi rare qu'honorable aux règles établies par le 
système financier du royaume. 

| R. DE BoyssoN. 


4) Suite a la Chronique, p. 28. 
(3) Mémoire conc. l’ab., p. 3. 


— 207 — 


PERMISSION DE PLANTER DE LA VIGNE 
(1746) 


M. Jules Pellisson, juge au tribunal civil de Périgueux, au 
sujet d’une permission accordée, en 1751, par de Blair de 
Briseinont, intendant de la Généralité de La Rochelle, aux 
sieurs Blanchon, curé, et François Charrier, de la paroisse 
de Genté, Election de Cognac, pour replanter en vignes la 
quantité de sept journaux de terre (1), rappelait qu'à diffé- 
rentes reprises l’autorit& publique en France est intervenue 
pour réglementer la plantation de la vigne, dans la crainte 
que la trop grande abondance des plants ne fût nuisible à la 
culture des céréales. 

Au xvr' siècle, on se préoccupa vivement de la multiplicité 
des vignobles : 

Tous ces plants de vigne, écrit Delamare (2), furent portez à un tel 
excès en France que sous le règne de Charles IX, le Conseil du Roy 
eut la même pensée que Domitien avoit eu autrefois touchant la pré- 
férence que les peuples donnoïent aux plants de vignes sur la culture 
des terres qui devoient être ensemencées en grains, et sur celles 
qui devoient être réservées pour les pâturages et les nourritures des 
bestiaux. Ce fut ce qui donna lieu de comprendre dans le grand 
Réglement qui fut fait par la Police générale le 4 février 1567 un 
article par lequel il est ordonné aux ofliciers des lieux de pourvoir 
qu'en leur territoire les labours et semences des terres ne fussent 
délaisses pour faire des plants excessifs de vignes ; mais que les 
deux tiers au moins fussent réservez pour les grains, et que ce qui 
est propre et commode pour prairie ne ft employé en vignoble. Ce 
même article fut compris dans un autre Règlement du Conseil du 21 
novembre 1577, confirmé par Lettres Patentes de Henri III du même 
jour, registré au Parlement le 2 décembre suivant. 


M. Pellisson constate qu'il ne fut pas toujours tenu compte 
de ces règlements : 


La grande quantité de vignes que l'on avoit élevée avant l'an- 


(1) Revue des Bibiiophiles, publiée par Jean Chollet, novembre-décem- 
bre 1879. 
(2) Traité de la police, tome 111, p. 024. 


— QO8 — 

née 1731 dans les meilleures terres propres à froment, observait 
Fréminville (1), faisoit un vuide considérable à la récolte des grains, et 
d’ailleurs multiplioit en certains lieux tellement la quantité des vins 
que cela en détruisoit le prix (2) et augmentoit beaucoup la dépense 
de la façon, ce qui devenoit à charge au public, de sorte que pour 
prévenir une plus grande suite de plantations, Sa Majesté rendit 
l'arrêt du Conseil d’Etut que nous rapportons ici. 


Le préambule de cet arrêt, rendu à Fontainebleau le 5 
juin 1731, rappelle que la trop grande abondance des plants 
de vignes dans le rovaume occupait une quantité considé- 
rable de terres propres à porter des grains ou à former des 
pâturages, ce qui avait amené la cherté des blés. Dans le 
dispositif, on généralise la mesure ordonnée par les arrêts 
précédents, qui avaient prohibé en certaines provinces les 
nouvelles plantations de vignes sans une permission expresse 
du Roi. 

Un arrêt, du 27 février 1725, avait déjà porté défense de 
faire aucune nouvelte plantation de vignes dans l'étendue de 
la Généralité de Guyenne sans la permission royale, et or: 
donné l’arrachement de celles qui seraient restées pendant 
deux ans sans culture, à peine de 8.000 livres d'amende. 

Les papiers de l’Intendance de Bordeaux fournissent des 
renseignements spéciaux sur l'exécution en Périgord de ces 
arrêts du Conseil, 

De 1726 à 1768, ils offrent de nombreuses requêtes de pro- 
priétaires périgourdins, tendant à obtenir l'autorisation de 
complanter en vignes des portions de terrain impropres à 
tout autre genre de cullure. 

J'y ai relevé les noms de : MM. de Belrieu, de la paroisse 
de Creysse ; Rigaud, garde-du-corps, à Saussignac ; Froide- 
fond, supérieur de la Mission à Bergerac; le maréchal duc 
de Biron ; Elie du Reclus, baron de Gageac; Charles de 
Goyon ; Paul de La Verrie-Vivans ; le chevalier de Chanté- 
rac, lieutenant-colonel de carabiniers ; Salleton de Saint- 


(t) Dictionnaire ou traité de Ia Police générale, Paris, Gissey, 1758, 
in-4*. 


(2) Comme cela existe aujourd'hui dans l'Hérault. 


— $09 — 


Michel ; dû Lau, marquis de La Coste et d'Allemans ; Auguste 
de Valbrune, seigneur de Beler ; du Cluzel de La Grange, sieur 
de Brouillaux ; d'Abzac de La Douze ; Emeric de Mèredieu, 
sicur d’'Ambois ; Blaise de Beaupoil de St-Aulaire, marquis 
de Fontenille ; Laulanie, seigneur de Sudrat ; Fournier de 
Lacharmie, etc. | 

Ces papiers relatent les envois des commissaires chargés 
de constater dans les paroisses les contraventions aux or- 
donnances du Roi sur la plantation des vignes, et indiquent 
les condamnations à l'amende et à l’arrachement des vignes, 
aux frais des propriétaires, prononcées par les intendants 
cotre les particuliers ayant contrevenu aux arrêts. 

On trouvera ci-après le texte d'une de ees autorisations à 
planter de la vigne. Elle fut signée par Tourny dans l’un de 
ses voyages à Périgueux, le 8 octobre 1746, en faveur d'un 
des anciens possesseurs de ma petite propriété du Maine, 
commune de Celles, François de Ladoyre, procureur d’office 
de Coutures (1). Les noms et titres de l'intendant, qui figu- 
rent en tête de cette ordonnance sont imprimés. 

Louis-Urbain Aubert, chevalier, marquis de Tourny, baron de 
Selongcy, seigneur de Pressaignv, Mercey, Lafalaise, Carcassonne, 
Lambroise, Le Mesnil, Picrrefite et autres lieux, conseiller du Roy 
en ses conseils, maître des requêtes ordinaire de son Hôtel, inten- 
dant de Justice, police et finances en la Généralité de Guienne, 

Vu la requête à nous présentée par le s' Ladoire de La Chozillie, 
procureur d'oftice de Coutures, tendante à ce qu'il luy fut permis de 
faire planter en vigne environ cinq journaux de terrein à luy aparte- 
nant daus la paroisse de Bertric, élection de Périgueux, ensemble le 
procès-verbal de la nature et qualité dud. terrein dressé par le 
s' Dexam, notaire royal, le 20 août dernier, duquel il résulte que 
le susdit terrein n’est propre à d'autre culture qu’à celle de la vigne, 

Nous, sous le bon plaisir du Roy, permettons au supliant de faire 
planter en vigae cinq journaux de terrein faisant partie de plus 
grande pièce à luy apartenant dans la paroisse de Bertric, élection de 


(4, Le sieur de La (C'hauzelie, marchand, était né, le 2 février 1696, à 
Celles, où il mourut le 18 octobre 1774. Marié en premières noces à Jeanne 
de Creyssac, du bourg de Coutures, et en secondes noces à Pétronillé 
Dumoulia, il fut père de dix-neuf enfants. | 


— 0 — 


Périgueux, tels qu'ils sont énoncés et confrontés au procès-verbal 
dud. jour 20 août dernier. 


Fait à Périgueux, le huit octobre 1716. 
AUBERT DE TOURNY. 


Cette ordonnance est intéressante à étudier au point de 
vue de la procédure administrative que l'on suivait en exé- 
cution de l'arrêt de 1731, avant d'accorder la permission de 


planter de la vigne. 
À. DUJARRIC-DESCONBES. 


HENRI BERTIN ET SA FAMILLE 


Troisième partie. 


Les ministères de Bertin, Bertin à la Cour, 
Bertin chez lui. 


Le « Petit Ministère » 
(1763-1780) 


(Suito et lin) 


V 
BERTIN ET L'AGRICULTURE. - LE PACTE DE FAMINE. 
LES SOCIÉTÉS AGRICOLES DE LYON ET DE BORDEAUX. 
I 


Bertin, lorsqu'il était aux finances, avait déjà des vues 
d'ensemble sur l'action nécessaire du gouvernement en ma- 
tiére d'agriculture. Il songea dés le début à les mettre en 
œuvre. L'agriculture rentrait implicitement dans ses attribu- 
tions ministérielles. Mais elle n'y constituait qu'un service 
morcelé et accessoire. Il en fit un grand rouage administra- 
tif, lorsqu'il eut l'idée de fonder des Sociétés agricoles dans 
toutes les Généralités du rovaume et qu'il chargea les inten- 
dants de leur formation et de leur organisation. Il commença 
par celle de Paris, qu'institua un arrèt du Conseil du Roi, le 
1e mars 1761, rendu sur sa requête. Il y avait bien en Breta- 


-. 211 — 


gne une cominission agricole, qui fonctionnait depuis quatre 
ans et qui fixait l'attention par son activité et l'utilité de ses 
travaux ; mais c'élait une création, pour ainsi dire, sponta- 
née et indépendante. A Paris, l'œuvre émanait de l'action 
méthodique du gouvernement, qui en faisait le point de 
départ d’une entreprise vraiment nationale. Outre la capitale, 
elle englobait Meaux, Beauvais et Sens. Elle fut accueillie 
avec la plus grande faveur (1). 

Le vaste plan de Bertin se ressentait de l'influence de ses 
anis les physiocrates. C'est l'esprit chinois, qui se fait sen- 
tir, dès ce moment, avant la Chine du P. Amiot. Bertin, non 
sans circonspeclion, socie volontiers avec celte phalange de 
philosophes qui se différencie du gros de l'armée par sa con- 
descendance théorique envers les prérogatives de l'autorité, 
qu’elle soil civile et religieuse, mais qui n’en fait pas moins 
profession d'une foi singulièrement audacieuse, en donnant 
pour base à toutes les institutions la loi naturelle révélée par 
sa propre évülence et pour devoir à ce gouvernement physi- 
que le soin d'assurer, « dans les rapports des hommes entre 
eux et dans leurs rapports avec la matière, le bonheur de 
l'espèce humaine. » Le pouvoir reste souverain dans l’exécu- 
lion de ce mandat. Or, quel est l'intérêt supérieur dont la pro- 
tection lui incombe, tant pour la satisfaction des peuples que 
pour la sauvegarde de son autorité ? C'est, évidemment, 
l'agriculture, source de toutes richesses. Nous voilà presque 
au Positivisme. La terre contient dans ses flancs la solution 
du problème social. 

Tel est le fond de la doctrine, vagueinent renouvelée de 
Confucius et de ses disciples, avec la liberté pour règle suprè- 
me. Laisser faire, laisser passer, n'est-ce pas une loi de 
nature, autrement dit une loi de Dieu ? Vincent de Gournay a 
fréquenté Bertin à l’intendance de Lyon ; il a été soninitiateur ; 
il meurt en 1759 ; Quesnay le continue et le complète ; Fabbe 


(1) La Société d'Agriculture de Paris, son histoire et ses travaux, par 
Léonce de Lavergne (Revue des Deux-Mondes, 1°" juin 1859). L. de Laver- 
gne fait grand cas de Bertin, qui est, à son avis, « un des meilleurs minis- 
tres de Louis XV ». 


— 912 — 


Baudeau, chanceladais, qui est du cénacle et qui se fait ap- 
précier dans la grave question du blé, devient un des fami- 
liers du contrôleur ; Turgot, aussi, dans le même esprit, 
sinon dans les mêmes formules, a séduit Bertin, qui veut, 
en 1762, Ie faire passer de l'intendance de Limoges à celle de 
Lyon, mais qui essuie un: refus, l'œuvre limousine ayant 
encore besoin de l’ouvrier. On voit de quels principes Ber- 
tin fit éclore le réseau des Sociétés d'agriculture. Voltaire fut 
content de lui. Dans une lettre au comte d’Argental, il s'était 
borné à saluer de cette simple réflexion l'avènement du 
contrôleur : « Espère-t-on quelque chose de M. Bertin ? (4) »: 
Cette fois, dans son épitre à Me Denis sur l'Agriculture, 
datée du 14 mars 1761, qui est comme l’écho de l’arrêt fon- 
dateur de la Société de Paris, il célèbre le ministre au mème 
titre que le marquis de Turbilly, auteur acclamé d’un ou- 
vrage récent sur les défrichements, et que Trudaine, le 
faiseur de routes et le modérateur de la corvée. Rappelons- 
nous, d'autre part, l'énergie que Bertin, déploie, à cette 
heure, contre le Parlement pour la défense des droits du Roi 
et qu'encourage Voltaire chaleureusement. Ici, la note est: 
plus calme. Le poële interpelle un petit maître devenu 
maitre en culture : 

D'un canton désolé l'habitant s'enrichit : 

Turbilli, dans l’Anjou, t’imite et t'applaudit ; 

Bertin, qui dans son Roi voit toujours sa patrie, 

_ Prête un bras secourable à ta noble industrie ; 

Trudaine sait assez que le cultivateur 

Des ressorts de l'Etat est le premier moteur, 

Et qu'on ne doit pas moins, pour le soutien du trône, 

À la faux de Cérès qu’au sabre de Bellone (2). 


_ Apres Paris, qui s'imposait et qui donna tout de suite à-la 
province l'exemple d'une société modèle, Bertin vit sa bonne 
ville de Lyon entrer avec enthousiasme dans le courant. 


(1) Lettre du 11 janvier 1760 (Edition Beuchot. Tome &8, p. 300). N écrit 
plus loin (p. 520) à Thiriot : « J'ai défriché un quart de lieue carrée ; je 
suis digne des bontés de M. de Turbilly » | 

(2) Epêtres, XCIX. (Jbid. iome 13, p. 224 et s.} 


— 2918 — 


Désireux de s'éclairer d'avance sur les dispositions de chaque 
pays, il avait envoyé les mêmes instructions dans toutes les 
Généralités. Dès que l’intendant était parvenu à grouper dans 
son chef-lieu les éléments d'une compagnie idoine et bien 
assortie, le Conseil d'Etat rendait, au nom du Roi, l'arrêt de 
création ou de consécration. Dans la forme, c’est le Roi qui 
nommait les sociétaires. Il ordonne expressément, pour 
Lyon comme pour Paris, « oui le rapport du sieur Bertin, 
conseiller ordinaire au Conseil Royal, contrôleur général des 
finances, Sa Majesté étant en son Conseil, » que la Société fera 
son unique occupation de l'Agriculture et de tout ce qui s’y 
rapporte, sans qu'elle puisse s'appliquer à d’autres objets. 
Elle sera composée d'un bureau général séant à Lyon el de 
quatre bureaux particuliers qui tiendront leurs séances dans 
les villes de Montbrison, Saint-Etienne, Roanne et Villefran- 
che, le bureau de Lyon composé de vingt associés ordinaires 
et les bureaux particuliers de dix. L'intendant siégera à titre 
de Commissaire du Roi dans toutes les assemblées, avec 
voix délibérative. Malgré la restriction de ses pouvoirs, la 
Société a la faculté de s’adjoindre des associés honoraires (1). 
Elle va s'enrichir ainsi d’un accroissement interrompu, à 
commencer par l’archevêque M. de Montazet, qu’on a écarté 
de la fondaliou. A la tête des fondateurs sont l'abbé d'Osmont, 
chantre et comte de Lyon, et l'abbé Lacroix, obéancier de 
Saint-Just, vicaire général. Le Bureau des finances et la Cour 
des monnaies ont une bonne part dans cette formation ori- 
ginelle. Le Consulat ne lui fournit que deux anciens éche- 
vins et un échevin en exercice. La magistrature de droit 
commun n’y est représentée que par Noyel de Belle-Roche, 
grand bailli d'épée du Beaujolais, lieutenant de Roi de la 
ville et communauté de Villefranche. Parmi les sept ou 
huit membres restants, deux noms nous arrêtent, Nicolas De 


.(1) Archives de la Société d'Agricullure de Lyon. Registre des procès- 
verbaux. Le règlement intérieur est du 18 juin 1761, date de la première 
séance. L’adjonction de membres associés, qui pouvait faire difficulté, fut 
autorisée par une lettre de Bertin envoyée, au nom du Roi, le 18 septembre 
suivant. à se Aer 


— dti — 


Ville, l'ancien ingénieur en chef, identifié à l'œuvre lyonnaise 
de Bertin, identifié à Bertin lui-même, que nous avons vu 
lui prodiguer des marques d'affection particulière, et le bota- 
niste Pierre Poivre, retour d'Orient, futur intendant de l'Ile 
de France et de l'Ile Bourbon, un des plus fervents parmi 
les amis de la Chine et par conséquent ami de Bertin. fl se 
reposait dans son domaine de la Fréta, près de Lyon, et cher- 
chait à y acclimater notamment le cotonnier (1). Il fut assidu 
aux séances, qu’il rendit parfois intéressantes par ses souve- 
nirs exotiques. L'intérêt ne paraît pas d’ailleurs s’en être 
jamais relâché. 

Les procès-verbaux qui ont été conservés, du 13 juin 1761 
au 3 juillet 1767, disent l'émulation de cette élite agronomique 
visiblement éprise de son travail : elle déborde d'activité et 
de curiosité ; tons les sujets sont traités à fond ; certaines 
discussions revétent un caractère académique qui se mani- 
feste par des comptes rendus d’une forme sensiblement 
soignée ; mais à côté des théories, il y a des essais pratiques, 
des résultats constatés ; on s'occupe beaucoup du perfection- 
nement et de la création des instruments agricoles ; des 
modèles sont présentés et soumis aux épreuves concluantes, 
tels trois spécimens de machine à battre, dont un de l'abbé 
Rozier ; on veut être édifié sur le semoir, sur la faux à mois- 
sonner ; et ces diverses expériences soulèvent naturellement, 
du même coup, des discussions de principe sur l’allègement 
et par conséquent sur Ja diminution de la main d'œuvre. 
Généralement, c’est la routine qui a tort. 

De toutes ces questions à l'ordre du jour, il en est une sur 
laquelle Bertin ne manque pas d'attirer particulièrement l’exa- 
men des Lyonnais, c'est la liberté du commerce des grains. 


(4) Voir la Motice de Dupont de Nemours, en tête des Œuvres complètes 
de P. Poivre (à Paris, chez Fuchs, 1797). « Il était revenu avec une grande 
réputation et une fortune médiocre. Bertin, alors contrôleur général, qui 
connaissait et savait apprécier les services de Poivre, engagea le Roi à lui 
donner une gratification de 20.000 francs, qu'il n'avait pas demandée. Satis- 
fait de cette récompense modérée, Poivre s'était établi près de Lyon, dans 
une campagne agréable. Il s'y livrait à son amour pour les lettres, et y cul- 
tivait les plantes les plus curieuses des quatre parties du monde. » 


— 215 — 


Il suit bien avec attention leurs débats sur les müriers et les 
vers à soie, qui sont un sujet primordial et inépuisable, sur 
la garance, sur le lin, qui séduit, qui promet, sur les défriche- 
ments et les fourrages artificiels qui sont à la mode; mais rien 
évidemment ne lui lient à cœur comme ce problème du prix 
du blé qui tend à dominer tous les autres. C’est sur la circu- 
lalion à l’intérieur, sans toucher aux réglements qui concer- 
nent l’approvisionnement de Paris, qu'il leur demande d’abord 
leur avis, par une lettre du 13 avril 1762 (1). Genève et Parent, 
nommés rapporteurs, enchérissent encore sur les vues momen- 
tanées de Bertin ; il n’est pas contestable, et tous les trai- 
tés sont d'accord sur ce principe, que « le défaut de liberté 
dans la vente des grains est l'une des causes qui nuit le plus à 
l'agriculture ». On en voit les effets de province à province. 
« Mais le bienfait du libre passage à l'étranger serait encore 
plus sensible. » Lyon n’est pas seul dans le mouvement; 
Bertin voit le courant se généraliser. Le 25 mai 1763, il ob- 
tient du Roi cette Déclaration pour la circulation des grains 
dans le royaume en exemption des droits, qui lui paraît la 
solution « la plus propre à arrêter les inconvénients du mono- 
pole ». Il en a le mérite, il n'en eut pas le protit. Car ses diffi- 
cultés avec le Parlement de Paris en empéchèrent l'appli- 
cation. Le Parlement prêta toute sa bonne grâce à Laverdy, 
dès qu'il l'eût fait mettre à la place de Bertin, et lui enre- 
gistra d'emblée la Déclaration du 22 décembre, qui ne faisait 
que reproduire la disposition restée lettre morte. Bertin se 
montra fort irrilé de la préférence. Toutefois, le poste quasi 
personnel qu’il recevait comme fiche de consolation, lui lais- 
sait un rôle très important en la matière, qui était, avant 
tout, agricole ; si son successeur y avait la haute main 
au point de vue de la finance, il n’en devenait pas moins 
l'âme vivifiante de l’agricullure, dans toutes ses branches. La 


(1) Société d'Agriculture, Séance du 30 avril 1762. « Le Roy, toujours 
attentif aux progrès de l'Agriculture, écrit Berlin, pense au moyen d’assurer 
le commerce des grains. La Compagnie s’occupera des vues que l'on peut 
avoir à ce sujet. Il faut les borner à la circulation dans l'intérieur du Royau- 
me, sans toucher aux réglements faits pour assurer les approvisionnements de 
Paris. » 


— 216 — 


Société qu'il avait créée à Lyon, et à laquelle il s’était parti- 
culièrement intéressé, mettait donc en lui, plus que jamais, 
sa confiance. Aussitôt après la création du « petit ministère », 
dès le 30 décembre 1763, elle lui traduisait ses sentiments 
dans la délibération que voici : 


Le Secrétaire a représenté que : «M. Bertin, pendant qu'il avoit régi 
les finances, avoit constamment protégé l'agriculture, qu'on auroit dû 
toujours regarder comme la source des principales et des plus solides 
richesses de la Monarchie, afin d'encourager les cultivateurs et de 
perfectionner leurs diverses méthodes ; qu’il avoit fait agréer au Rov 
d'établir, sous sa protection, des Sociétés dont les membres, s’appli - 
quant avec autant de zèle que d'intelligence à ce travail, devoient se 
communiquer leurs observations et faire part de leurs découvertes au 
public. Dans le nouveau département que le Roy vient de confier à 
M. Bertin en lui donnant l’une des charges de Secrétaire d'Etat qu'il 
a fait revivre en sa faveur, Sa Majesté n’a pas cru devoir conférer à 
d'autre tout ce qui concerne l'Agriculture du Royaume et les Sociétés 
qui l’avoient pour objet ; et, par un arrangement, dont les provinces 
de cette Généralité doivent se féliciter, elles sont nommément com- 
prises dans le nombre de celles qui forment son district, ce qui nous 
donne une relation encore plus intime avec ce ministre », auquel il 
paraissoit qu’on devait écrire à ce sujet. | 
- Sur quoy, l'on est convenu de mander à M. Bertin combien la 
Société s’applaudit de ce que le travail dont elle est occupée, et cette 
Généralité mème se trouvent l’un et l'autre dans le nouveau départe- 
ment que le Roy vient de confier à son administration, que nous res- 
sentons le prix de ce double avantage et de la circonstance bien flat- 
teuse pour ces Provinces comme pour nous, d’avoir des occasions plus 
particulières de mériter et d'éprouver la continuation de ses bontés. 


Il 


Outre Lyon et Paris, de nombreuses villes avaient, au pre- 
mier appel, réuni des groupements agricoles d'après les plans 
et les idées de Bertin. Nous relevons, parmi ces créations qui 
étaient en quelque sorte toutes prêtes, les Sociétés d'Agricul- 
Lure de Tours, d'Alencon, de Bourges, de Poitiers, de Rouen, 
Rouen, qui, sur le signal de ses agronomes et de son Parle- 
ment, avait commence par prôner, comme Lyon, l'exporta- 
tion intérieure et extérieure, et qui ne devait pas tarder à 


— 217 — 


faire volte face. Ici, nous arrête l'épisode mémorable qui 
montre l'altitude de Bertin dans les premières agitations 
relalives à ce ce Pacte de famine, devenu aux veux des mas- 
ses, par un grossissement inévitable, un complot « de finan- 
ciers et de courtisans conjurés contre la subsistance d’une 
nation entière (1) ». 

Le remplacement de Bertin par Laverdy au contrôle général 
n'avait désarmé vis-à-vis du pouvoir que le Parlement de 
Paris; celui de Rouen était encore sur le pied de guerre. 
Bertin, chargé maintenant de l'administration générale de la 
Normandie, s'interposa en médiateur; el, secondé par le 
Premier Président Miromesoil, il négocia si bien, qu'on le 
vit, le 12 mars 1764, avec l'assistance du marquis de Dreux- 
Brézé, maître des cérémonies, présenter à Louis XV apaisé 
une députation de la compagnie récalcitrante, qu'avait précédé 
le message de soumission (2). On pouvait croire, sur ces 
indices, à une réconciliation définitive. Les hostilités recom- 
mencérent bientôt ; le Parlement saisit la première occasion 
de faire valoir certaines de ses prérogatives ; les occasions se 
multiplièrent ; la plus grave naquit de l'application mème de 
celte loi sur les grains, qu’il avait appelée de tous ses vœux 
et saluée avec enthousiasine, et qu'il finit par vouer à la malé- 
diction du peuple de Rouen. Le peuple se plaignait de payer 
le blé encore plus cher que par le passé; il en attribuait la 
cause aux accapareurs, qui, profitant de la libre circulation, 
faisaient main basse à bon marché sur les blés à vendre, 
dégarnissaient toute une région, et créaient ensuite à leur 
gré la hausse pour la revente ; des rumeurs confuses englo- 
baient de gros personnages parmi les bénéficiaires de cette 
exploitation ; un pas de plus, et c'était le Roi qui apparaissait 
comme le gros gagnant. Ce pas, le Parlement se décida à le 
franchir. Le Roi, au surplus, était bien forcé de faire d’impor- 
tants achats de blé pour ses greniers d'abondance, qui étaient 


{1) Moniteur Universel (n° 57, du 14 au 15 septembre 1789). Sous le titre 
De Paris, sur les subsistances. 

(8) Histoire du Pariemout de Normandie, par A. Fioquet (Rouen, 1342) 
L'ome VI, p. 677. 


15 


— 918 — 
une instilution d'Etat, Seulement, il opérait par des intermé- 
diaires, qui se trouvaient être, non de simples commis, mais 
des commerçants intéressés, et par conséquent des spécula- 
teurs. Louis XV ne répugnait pas aux jeux de la hausse et de 
la baisse. 11 se dégagcait de l'accointance une véhémente 
odeur d'agiotage. Voilà donc le Roi posé en agioteur. 

Le souci du Parlement était d'en avoir une preuve for- 
melle. Rappellerai-je la tentative de cet employé aux Affaires 
du Clergé de France, Guillaume Le Prévôt, dit de Beaumont, 
familier de la Recette générale des Domaines et Bois du 
comté d'Orléans, qui s'était chargé d'armer du document 
irréfutable le Parlement aux aguels? Il suffit de retenir que, 
le document, utile ou soi disant tel, sur le point d’être confié 
à la poste par le dénonciateur, fut détourné de sa destina- 
tion et échoua dans les mains de la police. Son existence 
n'en élait pas moins avérée. Il n’était autre que cette con- 
vention Malisset, en 17 articles, intervenue, le 12 juillet 
1767, entre quatre gros capitalistes qui s’y partageaient 
éventuellement les bénéfices d'un traité ou soumission, — 
dont copie élait jointe, — « passé, au nom du Roi par Mon- 
seigneur le Contrôleur général, le 28 août 1765, audit Malisset, 
pour la garde, entretien, la manutention et le recouvrement 
des magasins des bleds du Roi, pendant douze années (1) » 
L'article 11 de la première soumission disait expressément : 

Toutes les opérations relatives à l'entretien et à l'approvisionnement 
des magasins du Roi seront faites au nom de Sa Maje-té. | 

Voilà le Pacte de Famine. Son vice le plus grave avait été 
de rester secret. Il est à croire que Le Prevôt de Beaumont en 
avait préalablement laissé deviner la substance à ces mes- 
sieurs de Rouen, qui s'étaient fait promettre la pièce elle- 
même. Frustrés de l'envoi, ils durert se contenter de ces 
renseignements verbaux pour s'affermir dans les soupçons 
que leur avaient déjà suggérés nombre de dénonciatiovs; 
c'en était assez pour renforcer leur assurance.et leur permet- 
tre d'élever le {on vis-à-vis du Roi. Dans une lettre du 15 octo- 
bre 1768, ils l'interpellaient vivement, sans aller néanmoins 


(14) Archives nalionales, Ft, 1193. 


. 
- « 


— 919 — 


jusqu'à l'accuser ouvertement de complicité avec les mono- 
poleurs, sur e un genre de commerce qui faisait le malheur 
de ses fidèles sujets de Normandie ». La lettre avait été im- 
primée et livrée à la publicité, avant la transmission; le pro- 
cédé parut cavalier. C'est Bertin qui fut chargé de la réponse : 


Messieurs, 


J'ai mis sous les yeux du Rai la lettre que vous lui avez écrite le 
15 de ce mois. Sa Majesté m'a paru pénétrée des malheurs que la 
Province de Normandie a éprouvés. Elle m'a chargé de vous mander 
que vous devez sçavoir qu'Elle a fait employer des fonds très consi- 
dérables de son trésor roval pour l’approvisionnement de la Ville de 
Rouen et des autres villes de la Province, et que les précautions 
qu’Elle a prises auraient dû vous ôter toute inquiétude. Sa Majesté 
attend de votre zèle que vous seconderez ces vues, en employant tous 
les moyens de rassurer le peuple, de bannir la défiance et les soup- 
çons dont les suites ne pourront que nuire au succès des mesures que 
Sa Majesté a prises pour le soulagement de la Province de Normandie. 
Au surplus, Sa Majesté a été instruite que Votre Lettre était déjà 
imprimée et répandue dans le public, lorsqu'elle lui est parvenue. Elle 
n’a pas vu sans surprise que le secret de votre dépôt soit si mal 
gardé, et Elle m'a ordonné de vous en marquer son mécontente- 
ment (1). 


Le ministre et son royal commettant le prenaient d'un peu 
haut, semblait-il, comme des gens qui n'ont rien sur la 
conscience. Bertin, pour sa part, n'était cependant pas in- 
demne de la terrible incrimiuation, à en juger par la dénon- 
ciation mélodranatique, accommodée aux passions du jour, 
que Le Prévôt de Beaumont devait lancer au vent de la Révo- 
lution, en pleine tourmente de 89, après vingt et un ans de 
captivité. Car, on pense bien que sa compromission avec le 
Parlement de Rouen l'avait conduit tout droit à la Bastille. 
Il v était resté un an, pour faire ensuite diverses prisons, 
Vincennes, Bicêtre, Charenton, la maison Piquenotl, à Paris ; 
et je note, en passant, que, dans la première, il aurait, d’après 
son fantasmagorique récit, captive à ce point le gouverneur, 
M. de Jumilhac, qui était, on le sait, le beau-frère de Bertin, 


(1) Bibliothèque nationale. Imprimés, I.b 38, 1100. Page 2. 


— 220 — 


que le gentilhomme périgourdin, frappé au cœur, lors du 
transfèrement, avait « quitté son château pour ne pas assister 
à la séparation (1) ». En somme, de quoi accuse-t-il Bertin ? 
D'avoir été du pacte Malisset? Nullement. Mais l'affaire 
Malisset n’est qu'une des phases successives dela conjuration, 
qui remonte à l'an 1730, Orry de Fulvy étant contrôleur 
général des finances. Tous les contrôleurs généraux, qui ont 
suivi, s’y trouvent englobés, tous les lieutenants de police 
également, ceux-là comme ministres, ceux-ci comme préposés 
à la surveillance des approvisionnements de Paris, et Bertin 
a été des uns et des autres. Bertin a donc eu « le secret de l’entre- 
prise » ; il a eu la clef de cet « impénétrable mystère qui cou- 
vrit et les meurtrières manœuvres et les calculs affreux d’une 
société d'hommes ou plutôt d’une troupe de bêtes féroces qui 
s'apprétaient à dévorer la plus riche contrée de l’Europe (2) ». 
Le style pompeux des exploiteurs de la légende ne prouve 
rien ; ils n'avaient pour eux, à tout prendre, que l'instrument 
constitutif de l'association, traité confidentiel, à vrai dire, 
mais parfaitement licite. La conlidence pouvait être la condi- 
tion nécessaire qui permit-de conduire prudemment et utile- 
ment l’entreprise; et, si les capitalistes y trouvaient un bon 
placement, ils ne faisaient, comme on l'a dit, dans la 
pensée des représentants du pouvoir, tout en assurant l'appro- : 
visionnement de Paris, que concourir à l'établissement d’un 
certain niveau dans le prix des grains (8). Du côté du Roi 
ou, si l'on veut, du gouvernement, le but inconlestable était 
de conjurer les causes de disette. Dans ces conditions, Bertin 
pouvait sans reproche se voir compris parmi les dépositaires 
du secret d'Etat. 

Il faut cependant concéder à la légende la vraisemblance 
de certains tripotages particuliers et se soumettre aux lois les 
plus rigoureuses de la critique historique jusqu'à se deman- 


(4) Le Prisonnier d'Etat où Tableau historique de la captivité de Jd. C. G. 
Le Prévôt de Beaumont écrit par lui-même (1791). — Voir Gustave Bord, 
le Pacte de Famine, histuire-légende (Paris, Sauton 1887). 

(2) Monit. Universel, loc. cit. 

13) Monit. Universel, loc. cit. 


— 22 - 


der si Bertin, que son ami Morceau, ainsi qu'on l'a vu qua- 
lifie de tripotier, et Louis XV, que Michelet, dans la circons- 
tance, ne consent pas à dépouiller de ses goûts mercantiles, 
n'ont pas, de commun accord, saisi l’occasion et tenté quel- 
ques spéculations protitables à la cassette royale. On a beau- 
coup parlé de cette cassette privée, qui n'avait rien de com- 
mun avec le Trésor. Louis XV, en effet, rompant avec toutes 
les traditions de la royauté, avait son pécule personnel, qu'il 
gérait en dehors de loute considération d'Etat, comme un 
simple bourgeois. Bertin était chargé du soin de ce pécule, 
c'est un fait acquis, la malveillance insinuait que ce service 
intime était une des principales raisons d’être du petit minis- 
tére (1). Il serait donc explicable, à la rigueur, que Bertin, 
s’autorisant d’un mandat qui n'avait rien d'ofticiel, eùt agi 
commercialement dans l'intérêt particulier du Roi, en faisant 
abstraction de ceux de l'Etat. Mais aucun témoignage précis 
n'est venu donner un corps à cette possibilité. Dans son accès 
de franchise, Moreau spécifie bien les cas où Bertin a fait con- 
tribuer le trésor public à l'entretien de la cassette (2) ; il ne 
souffle mot d’un lucre sur les blés. Quoi qu'aient vaguement 
avancé Moufile d'Angerville, et sur son dire, Henri Martin, et 


(1) Xavier Audouin dans Son /istoire de l'administration de la guerre 
(1811) fait une variante sur cette insinuation, tout en lui laissant sa portée : 
« On voulait lui ôter le ministère et lui laisser le titre de ministre. Ce ne fut 
qu'après la créalion de sa place, qu'on imagina des attributions dont la plus 
importante fut la garde de la caisse particulière du Roi. » Tome II, liv. 6, 
p- 182. — Notons cette autre observation d’\udouin, qui écrit sous l’impres- 
sion d'un passé assez récent : « Bertin (contrôleur) n’avoit pu créer de l’ar- 
gent, mais on ne lui reprochoit aucune dilapidation. » 

(3) Après un portrait peu flatté de Louis XV, incapable de résister à ses 
ministres : « Voulant, dit-il, être indépendant d'eux dans les manières de 
jouir de la vie, et, aimant la possession d'un pécule séparé des finances de 
J'Elat, il avoit soustrait à la finance ct aux formes qui la règlent les revenus 
de la Dombe, le produit d'une place de fermier-général et différents contrats 
sur le Languedoc. M. Bertin étoit le tripotier de tout cela : bien des dépenses 
confiées à Beaujon se payoient sur ce fonds. Voilà ce que tout le monde a su 
et ce qui, par la suite, donna lieu au procès qu'eut ce ministre avec M. Le 
Sueur, son commis, lequel avoit été chargé, sous lui, de cette manutention et 
avoit pris environ 200.000 livres.» (Souvenirs, par Moreau, t. 1, p. 378). 


— 222 — 


Michelet lui-même, sans citer les sources, Bertin ne peut être 
formellement accusé d’avoir spéculé sur la crise. En tout cas, 
dans ces limites, le trafic personnel n'eût pas impliqué sa 
participation à l’invraisemblable complot. | 

Mais le siège du Parlement était fait; il se reposait évidem- 
ment sur la documentation qui venait de sortir de l'ombre 
pour accentuer la raideur de son attitude ; et puis, le Roi ne 
venait-il pas d'ordonner qu'il fùt sursis aux poursuites com- 
mencées contre les monopoleurs, « jusqu’à ce qu’il eût fait 
connaitre ses intentions ? » Les parlementaires voyaient dans 
cet ordre une suprême pièce à conviction, Alors, deuxième 
lettre au Roi, avec l’allusion redoutable, cette fois sùre de 
son fait : il y a un pacte social entre RRIORRS sous le 
couvert de l'autorité suprême. | | 


Les achats les plus considérables ont été faits en même temps, 
pour un même comple, dans plusieurs marchés de l'Europe. Les 
onlreprises des particuliers ne peuvent être aussi immenses ; il n’y a 
qu'une société dont les membres sont puissants en crédil, qui soit 
capable d’un tel effort. Ici, on a reconnu l'impression du pouvoir, les 
pas de l'autorité, le négociant spéculateur ne s’y est pas trompé, les 
enharrements (achats hors des marchés) ont été faits à l'ombre de l’au- 
torité, par gens soutenus et bravant toutes les DRRe nous en 
avons la preuve dans nns mains .. ue st Fe 

La défense de poursuivre manifeste l'existence des ohpbles. la 
crainte qu'ils ne soient découverts, le désir de les soustraire à la 
peine ; cette défense du trône change nos doutes en assurances (4). 


A ce deuxième manifeste, imprimé comme l’autre, nonobs- 
tant l’inconvenance déjà relevée, Bertin répondit par l’envoi 
de lettres patentes, datées du 10 novembre, ordonnant simul- 
tanément des poursuites contre ceux qui, de dessein prémé- 
dité, auraient causé le renchérissement des grains par quel- 
que manœuvre et accrédité le bruit de ces manœuvres par 
des propos ou des écrits. Il y joignit sa fameuse lettre du 12 
novembre qui a servi de thème à l'historien normand Amable 
Floquet et à l'historien national, Henri Martin, pour convain- 


(1) Floquet. Joe. cit. T. VE, p. 430, d’après Regist. secrets du Parlement 
(29 octobre 1763), 


— 223 — 

cre Louis XV de collusion avec les affämeurs, par le propre 
aveu de son ministre. Ils en ont extrait des passages qu'ils 
ont voulu faire passer pour écrasants. Que dire de pareilles 
lettres patentes, s'écrie le premier, mais surtout de l'in- 
croyable missive de Bertin, qui, prenant pour adressées à 
Louis XV ces accusalions de monopole et de trafic, venait dire 
« que les réflexions du Parlement n'étaient que des conjec- 
tures », ét des conjectures peu conformes au respect dû au Roi; 
que le Parlement les avail arcueillies sans preuves, et qu'il 
n'avait pas approfondi les faits? La noble et péremntoire apo- 
logie! Le second, en d'autres termes, tire de la missive le 
méme argument ; « cet inconcevable dialogue atteste positive- 
ment l'existence de ce qu'on a nommé Île PACTE DE FANINE » : 
nous tenons le coupable, il a avoué (1). Conclusion vraiment 
excessive. Où voit-on une confession échappée à l’auteur de 
la lettre? dans la sécheresse de ses explications ? dans la 
mollesse de sa défense ? La meilleure défense était dans ce 
simple rappel des accusateurs au respect de la majesté royale 
et au scrupuleux examen de la question. Sans doute, Bertin 
évita-t-il, à dessein, de tomber dans la phraséologie parle- 
mentaire ; un plaidover eût été une maladroite concession. 

Mais il y a pis dans l’'argumentalion contraire. La lettre 
qui lui sert de base a disparu, ou du moins, ne se retrouve pas 
dans les archives du Parlement. Le Parleinent a eu ses rai- 
sons pour la détourner de son classement naturel; elle a été 
de ma part l'objet de vaines recherches. En toul cas, je 
puis affirmer que ni l’un ni l’autre des deux historiens n'en à 
eu la véritable teneur sous les yeux. C'est d'après le texte des 
nouvelles et longues remontrances du 25 janvier 1769 que 
l’on reconstitue les phrases éparses qui sont entrées dans 
l'histoire. La critique historique a pourtant ses exigences. 
« À Dieu ne plaise, répliquait le Parlement, que nous eussions 
en vue Votre Majesté, mais peut-être quelques-uns de ceux à 
qui vous distribuez votre autorité » (2). Le Parlement battait 


{1) Histoire de France, par H. Martin, tome XVI, p. 291. 
(2) Les archives de la Cour de Rouen, qui comprènaient celles du Parle- 
ment, ont èté transportées en 189% aux Archives départementales de la Seine- 


— 224 — 


en retraite, tout en lançant la flèche du Parthe. Où étaient les 
preuves annoncées ? | 


IT 


C'est précisément ua des futurs signataires de cet indéfinis- 
sable pacte de famine, Charles-Robert Boutin, que nous trou- 
vons intendant de la Généralité de Bordeaux, au moment où 
Bertin cherchait à provoquer un mouvement dans les princi- 
paux centres du royaume en vue de la création de Sociétés 
d'Agriculture. Le Secrétaire d'Etat avait naturellement, tout 
d'abord, porté les yeux sur la capitale de sa province natale. 
Quand il jugea bon de sonder la place à cette fin, son frère, 
l'abbé de Brantôme, qui n’était pas moins agricole, faisait 
encore partie du Parlement de Bordeaux ; car l'abbé ne devait 
étre nommé conseiller d'Etat qu’à la fin de janvier 1764, et 
le premier appel de Bertin aux bonnes volontés bordelaises 
est du 22 août 1760. Après le court passage, à l’Intendance, 
du fils de Tourny, successeur de son père, pendant l'inter- 
règne qui précéda l'arrivée de Boutin, le subdélégué général 
Duchesne, comme qui dirait le Secrétaire général, répondit 
à ces ouvertures, en proposant un vaste plan de défrichement 
applicable à la région des Landes ou Lannes et susceptible 
d'être réalise par une compagnie financière « à laquelle on 
accorderoil des privilèges, tels que l'exemption de toutes les 
inpositions sur les fonds mis en valeur avec réduction de la 
dixme au 50° pendant vingt ans, des prérogatives, des mar- 
ques d'honneur et des récompenses annuelles » (1). Accessoi- 
rement, le subdélégué donnait un avis favorable à l’établis- 
sement de Sociétés d'Agriculture dans les quatre principales 
villes de la Géaéralité, qui comprenait les départements 
actuels de la Gironde, de la Dordogne, de Lot-et-Garonne et 


Inférieure. Les lettres ici mentionnees, sauf celles du 12 novembre, se trou- 
vont dans les Rogistres secrets. de dois de vifs remerciements à M. Tisse- 
rand, professeur de philosophie, et à M. Vernier, archiviste, qui ont très 
utilement contribué à ma documontation el m'ont notamment fixé sur l'sb- 
sencce de la lettre de Bertin. 

(1) Reproduit dans une lettre de Bertin à l’Intendant de Bordeaux, du 
Paris, le 5 févricr 1701. Archives nationales, H 1511. 


— 2% — 
des Ldndes, avec la partie du Gers formant à peu près le Con:- 
dômois. Cette division territoriale s'appelait la Basse-Guyenne. 
U proposait pour commissaires chargés de procéder au choix 
des autres membres de la Société, l'archevêque Louis-Jacques 
d’Audibert de Lussan, le gouverneur maréchal duc de Ri- 
chelieu, le Premier Président du Parlement André-François- 
Benoit Le Berthon. Ces choix étaient peut-être un peu bien 
imposants. De telles personnalités génaient le ministre par 
leur indépendance. 

Dans la Haute Guyenne, administrativement distincte, Mon- 
tauban, la capitale, qui reçut la même invitation que Bor- 
deaux, entra tout de suite de plain pied dans les idées de 
Bertin. Elle allait, par la plume de son intendant, le 18 juil- 
let 1761, lui offrir tous les éléments d’une Société prête à 
recevoir la consécration royale et à se mettre en œuvre (1). 
Auch, capitale de la Généralité de Gascogne, s’affirma aussi, 
daus l’ère de ces premières éclosions (2). Bordeaux prenait 
son temps. Son nouvel intendant, aussitôt en place, se mit 
bien à cette affaire avec les meilleures intentions. Mais une 
première difficulté surgit. Les « personnes de distinction que 
Boutin assuroit devoir composer la Société » se récriaient 
contre l’article du règlement projeté qui attribuait droit de 
séance et voix délibérative à l'intendant. Toutes les autres 
Sociétés en avaient passé par cette condition. A Bordeaux, on 
Ja trouvait humiliante. 


Ils verront, répliquait Bertin (3) que, loin que l'autorité dont cette 
personne (de l’intendant) est revètue, sous le bon plaisir du Roy, 
puisse être susceptible d'uné extension abusive, elle ne peut être au 
contraire qu’un moven de plis pour procurer à ces Societés les secours 
que leur zèle les met en droit d'attendre de Sa Majesté. 

Il ne me parait donc pas possible de rien faire à cet égard de 
eontraire à ce qui a été pratiqué lors de l'établissement de toutes les 
autres Sociétés du royaume. Je serois bien fâché que la Société de 
Bordeaux fût privée des membres distingués que vous proposez, si 


(1) Archiv. nation. H 1503. 

(2) Auch est sur la liste officielle de 1754. Sur les travaux ultérieurs de sa 
Société d'Agriculture (1772-1779, voir ibid. H 1508. 

(3, Zbid. H 511, 


ils persistoient à désirer la suppression d'une disposition aussi essèn- 
lielle. Mais dans ve eas il faudroit faire en sorte de vous en procurer 
d’autres plutôt que de déroger à la loy FES et c'est. Hoteution 
du Roy à qui j'en af rendu compte. - 


“I y avait du Parlement là-dessous. Éocéasion était bonne 
pour donner une leçon de plus au pouvoir. Le Parlement: de 
Bordeaux, appelé sans doute à fournir son contingent à la 
fondation en perspective, la voulait pourvue avant tout de 
lettres patentes qu'il aurait à enregistrer (1). Les arrèts du 
Conseil ne suffisaient pas : ils accordaient à l’intendant la 
qualité de commissaire du Roi; on saurait bien par cette 
condition de l'enregistrement la faire disparaitre. El puis, 
nounbre de parlementaires se trouvaient membres de l'Aca- 
démie des belles-lettres, sciences et arts ; cette vieille -insti- 
tution, qui remontait à l'année 1662, était composée de l'élite 
intellectuelle du pays; elle s’occupait de questions agricoles ; 
elle savait, par l'exemple d’un refus opposé par Bertin notam- 
ment à la Société d'Agriculture de Rouen (2), que la fusion 
était interdite entre les Sociétés nouvelles et les Académies 
d'ancienne création. MM. les Académiciens eurent peur de la 
concurrence. A la fin de 1762, le projet bordelais n'avait-pas 
fait un pas. 

Boutin cependant, sous l'influence du ministre, s'était mon- 
tré personnellement plein de prévenances pour les agri- 
culteurs. Bien qu'ayant recu l'impulsion d’en haut, il avait 
agi à son idée ; Bertin, tout en le louant de son zèle, était 
loin de le féliciter de ses procédés. Par exemple, pour encou- 
rager la plantation des müriers, l’intendant promettait une 
gratification de trois sols par pied d'arbre planté et d’un sol 
par pied de plant mis en haie ou en taillis, et pour faciliter 
l'essor de la fabrication, il assurait aux industriels en ce 
genre le prix de la soie dont ils ne trouveraient pas le débit. 
L'engagement était, d'une part. susceptible de devenir très 
onéreux, et, de l’autre, l'Etat ne pouvait sans danger se faire 


(1) Archives historiques de la Gironde, tome 1, p 247. Lettre de l’Tnten 
dant Esmengard à Bertin du 18 juillet 1772. nu 
(2) Archives nationalus. H 1507. 


% 
sm -, ee 


en quelque sorte comnrerçant. Bertin:fil rapperter-Fordoir- 
“pance. Il n'approuva pas non plus les prix et récompenses 
‘offerts à tous ceux des paroisses de la Généralité de Bor- 
deaut qui aüraient le mieux cultivé, et en particulier à tous 
ceux des Elections de Périgueux et de Sarlat qui aurâient 
foriné des prairies artificielles. La dépense menaçait d'en de- 
venir fort considérable : les fonds prévus deviendraient insuf- 
tisants ; il faudrait ou les augmenter ou recourir à une impo- 
sition dont l'intendant devait sentir l'impossibilité dans les 
circonstances présentes. L'intendant avait aussi pris des 
mesures pour le transport de commissions dans les paroisses 
à l'effet de visiter les meilleures cultures. C'était à rap- 
porter, de mème et pour- les mêmes motifs. A la longue 
lettre, portant simplement sa signature (1), où Bertin adoucit 
par d’indulgents euphémismes la sévérité de ses observations, 
ilajoute en post-scriptum de sa propre main, peu satisfait én 
somme de l'autorité prise par Boutin, qui fera bien désormais 
de lui soumettre ses projets : 

En pareille occasion, j'ai toujours consulte et écrit au Conseil, 
avant de rendre mes ordonnanrses, lorsque j'étois en intendance. En 
supprimant les pépinières de mûres et en employant les fonds à une 
gratification par pied de müriers, la première ordonnance pourroit 
s'arranger. Faites-vous envoyer ce qui a été fait de semblable en 
Languedoc et a Lyon. 


Bertin voyait de plus en plus la nécessité d'associer au zèle 
parlois inconsidéré de l'intendant le contrôle d'une compagnie 
sans doute plus compétente et micux instruite des besoins 
locaux. Il revint à la charge (2). 
: | À Versailles, le 22 décembre 1762. 
- Monsieur, | , +. - 
IH n'est aucune Généralite où l'agriculture. ait besoin de plus grands 
secours et des encouragements de l'exemple que dans celle de 
Bordeaux, qui, par l'étendue de ses landes et l'ingratitude du sol 


(1) Zbid. IT15H, du 16 mars 1762 (M. le Contegieur LE à l'Intendant 
de Bordeaux. 

_ (2) Zbid. H 1514 (M. le Controleur généra à M. Boutin, intendaänt de Bor- 
deaux. us 


€ ns à Le : . Le 
RE à . , : : . ï AS e . - 4 


— 928 — 
d’une partie de ses terres, semble se refuser aux travaux des cultiva- 
teurs ; vous vous êles occupé, pendant toute l'année, des moyens de 
réveiller le goût de la bonne culture, soit en répandant des avis et 
des méthodes sur les prairies artificielles, soit en visitant vous-même les 
lieux principaux de votre Généralité, pour acquérir la connaissance 
des secours qui leur seroient nécessaires. Mais il n'est pas douteux 
que l'exemple d’un nombre de riches propriétaires assemblés en 
Société et ne s’occupant que de la pratique de l'agriculture donneroit 
à cotle partie un encouragement réel. Le succès des Sociétés qui se 
sont formées, pendant le cours de l’année dernière, dans quinse Géné- 
ralités du Royaume, me fait souhaiter que celles qui n'en ont point 
encore prennent incessaminent des mesures pour en former ; et, en 
relisant un mémoire que vous m'’avés adressé sur le plan de travail 
auquel vous pensiés que la Société de Bordeaux devroit s'attacher, 
lorsqu'elle seroit établie, je me persuade que vous n'êles pas éloigné 
de me proposer de demander au hoy un arrèt pour son établissement. 
Je vous invite à en presser, autant que vous pourrez, le moment, 
afin de ne pas laisser ralentir l'empressement qu'on témoigne de tou- 
tes parts à seconder les intentions du Roy à ve sujet. — Je suis, 
Monsieur, elc. 
BErTIN. 

En 1764, l'idée de Bertin n'avait pas encore conquis la 
Guyenne ; Bordeaux ne reçut donc pas la circulaire du 8 juil- 
let, adressée aux groupes déjà constitués, dans laquelle il 
disait son intention de concentrer toutes les délibérations 
et d'aider par ce moyen leur travail « soit en leur commu- 
niquant ce qui lui seroit adressé d'ailleurs sur le même sujet 
et par d'autres Sociétés, soit en leur indiquant ce qui pourroit 
leur servir ou les arrêter alternativement dans les objets de 
travail qu'ils auroient fait ou entamé ». Il revenait sur cette 
observation qui avait d'abord indisposé les Bordelais et qui 
tendait à isoler les agronomes des académiciens, il voyait les 
nouvelles Sociétés vouées à une chute prochaine, si elles ces- 
saient de se pénétrer des principes sur lesquels elles avaient 
formé leur établissement ; il voulait des travaux pratiques, 
notamment des essais sur le lerrain; insensiblement, les 
conférences des Sociétés rouleraient sur le bon ou le mau- 
vais succès de ces espérances, et de telles leçons de choses 
ne laisseraient pas de fournir matière à des discussions 
intéressantes. Mais, fi de ces dissertations, souvent brillantes, 


— 929 — 


qui tenaient plus essentiellement aux lettres qu'à l’agricul- 
ture. Les personnes zélées, qui dans chaque province, avaient 
obtenu de se réunir en qualité d'agriculteurs, l’avaient com- 
pris « lorsqu'éloignant jusqu’au nom d'académie, elles ne 
voulurent prendre que celui de Sociélé » (1). Bordeaux 
s'obstinait à voir l’agriculture d’une autre façon. Il faut toute- 
fois lui rendre cette justice que l'Académie, qui faisait sa 
gloire, ne s’absorbait pas dans les spéculations purement 
littéraires, et je n'en veux pour témoin que le prix décerné 
par elle au célèbre mémoire de Tillet, directeur de la Monnaie 
de Troyes, bordelais de naissance, « Sur la cause qui cor- 
rompt et noircit les grains de bled dans les épis et sur les 
moyens de prévenir ces accidents (2) ». Mais Bordeaux voulait 
garder son Académie contre tout amoindrissement. 

Le cordon des Généralités adhérentes se resserrait cepen- 
dant autour de la fière province. Limoges, avec Turgot pour 
intendant, n'avait pas manqué de répondre au premier appel. 
La Rochelle avait suivi. L'investissement était complet, 

Bertin ne pouvait prendre son parti de cette impertinente 
résistance Les efforts directs de Boulin s étaient éparpillés 
sans méthode, sans préparation, au hasard des circonstances. 
Son successeur Esmengard, animé d'aussi bonnes dispo- 
sitions, dut s’en tenir aux mêmes procédés. Bertin profita 
d'une démarche d'un sieur Péconet, fermier des boues et 
bourriers de Bordeaux, tendant à obtenir le droit de trans- 
porter ses engrais sur la Garonne et sur la Dordogne; le 
concessionnaire devait faire le fret de retour avec des car- 
rassonnes de pin, du-côté des Landes, et des charges de grès, 
du côté du Périgord, qui fournissait le meilleur choix de 
cette marchandise. En transmettant le mémoire de Péconet 
à l’intendant de Bordeaux, Bertin appelait accessoirement 
son attention sur l'urgence de plus en plus manifeste de 


(1) Sous une autre forme, Bertin avait écrit le 18 novembre 1760 à la 
Société de Rouen : « S. M. ne juge pas à propos que les Sociétés demeurent 
confondues avec les Académies qui se sont formées sous sa protection, elc. » 

(2) In-4° de 150 pages. À Bordeaux, chez la veuve de Pierre Brun, impri- 
meur agrégé de l'Académie royale (MDCCLV). 


— 2980 — 


cette Sociélé d'Agriculture qui ne se dessinait même pas 
encore sur le bapier. On élait en 1772; Maupeou régnait ; on 
pouvait en RECRUE ie k son aise avec le nouveau Parle- 
ment. de 

En réfléchissant sur ce mémoire, écrivait Bertin (1), je suis toujours 
plus ‘surpris que l’on n’ait pas formé dans votre Généralité, comme 
dans la plupart des provinces du royaume, une Société d'Agriculture; 
tandis qu'il n'est aucun pays où elle füt plus nécessaire et d'un plus 
grand secours. Les membres de cette Société s'occuperoient, comme 
iks l'ont fait partout ailleurs, à encourager les cultivateurs par leurs 
exemples, et en donnant plus d'étendue et de réalité à des objets de: 
culture qui n’ont été jusqu’à présent qu'en projet. Les landes de Bor- 
deaux, par exemple, donnent lieu presque tous les ans à des spécula- 
tions stériles et à des associations, dont les auteurs cherchent plutôt à 
ge procurer de l'argent ou de l'employ, qu'à procurer réellement le 
défrichement de cette vaste étendue de terre... Une Société de per- 
sénnes désintéressées, uniquement occupéèés du bien publie, mettroit 
sûrement ces ressources en usage, et donneroit beaucoup d'activité 
dans d’autres parlies. 

‘Lorsqu'il fut question, en 1761; de l’élablissement de ces Sociétés, 
M. Boutin, alors intendant de Bordeaux, crut pouvoir arriver au 
même but de l'amélioration de la culture des terres par d'autres 
moyens ; mais les avantages sensibles que d'autres provinces en ont 
reliré, telles que la Normandie, la Touraine, l’Anjou et plusieurs autres, 
me font désirer que vous puissiez rassembler en Guyenne un nombre 
de propriétaires de bonne volonté qui se formeront en Sociétés pour 
travailler de concert à cel objet important ; vos délégués se donneront 
les mêmes soins pour former dans leurs cantons les bureaux qui 
correspondront avec celui de Bordeaux. Quand vous aurèz rassemblé 
ce nombre de personnes, vous m'en enverrez la liste pour la faire 
approuver par le Roy et faire réndre l'arrêt d'établissement. Je vous 
envoye ci-joint l'arrêt d'une de ces Sociétés pour vous faire connaitre 
la manière dont elles ont été formtes, et je vous prie de me donner le 
plus tôt que vous le pourrez, de vos nouvelles à ce sujet. 


L'intendant, dans sa reponse (2) se disait prêt à entrer en 


(4) Archives historiques de la Gironde. T, 1, p. 245. Lettre de M. Bertin 
à M. Esmengard, du 4 juillet 1772 (Archives du département ; ne 
lettres de la Cour). 2 er 

(2) Zbid. Esmengard à Bertin, du 18.juillet 1772 (T. 4, p. 248. L 


— 231 — 


campagne, pour recruter des sociétaires et attribuer des 
bureaux secondaires aux points principaux de la Généralité.. 
Périgueux avait nécessairement le sien. Boutin rappelait les 
difficultés qu'avait rencontrées le premier projet de créa- 
tion.et citait parmi les proprietaires et amateurs sur lesquels 
son prédécesseur avait eu des vues dans ce temps-là, quel- 
ques noms restes dans sa po ceux « qui faisaient le 
plus de sensation », en tôle, M. de Secondat, ce fils de Mon- 
lesquieu, qui à&v Rae l'inspecteur Latapie dans son 
voyage d'Italie, puis, MM. Brunel, trésorier de France, Petit 
de La Barthe, Lalanne, avocat. Pas de parlementaires, sage 
précaution. Dans la nouvelle liste, qui ne tarda. pas à parvenir 
à Bertin, le premier inscrit était un périgaurdin, M. Sorbier 
de Jaure à Bergerac ; venaient apres lui, du. même pays,- 
M. Delande, médecin à Issigeac, M. de La Charmie, lieute-. 
nant-général du Présidial à Périgueux, et, dans Ja modestie de 
l'anonymat, le Président de l'Election, à Sarlat ; le Périgord. 
pouvait, en outre, approximalivement revendiquer M. Eymen 
ou Aymen, médecin à Castillon; botaniste éminent, corres- 
pondant de l’Académie des Sciences de Paris, correspondant. 
particulier de Linné, qui l'avait honoré d’une estime spéciale 
en donnant le nom d’Aymnenia, à un genre nouveau f1)..La 
liste se bornait à dix autres sociétaires, disséminés sur la 
vaste surface de la Basse-Guienne : le Périgord avait donc sa 
bonne part, mais le nombre était insuffisant. L'entrain man- 
quait, en somme. | 

Il n'apparaît pas que ce nouvel essai ait plus réussi que le 
premier ; sans doute, füt-il arrété à sa naissance par la ren- 
trée triomphante du Parlement, débarrassé du chancelier 
Maupeou et animé contre Bertin d'une persévérante rancune. 
Bordeaux s'en tint à sa vieille Académie, qui resta agri. 
cole dans la mesure traditiounelle. L'institution n'eut donc 
a subir une transformation complète, lorsque, après sa 
suppression, décrétée en 1793, elle renaquit, en 1800, sous 
le nom populaire de Societé d'Agriculture (2). On peut même 


(1} Zbid. Journal de Latapie, 1. 33, p. 481. -- o 
-{2)-Voir Robert de Lasteyrie, RUE do des travaux historiques : Bor- 


deaux., 


— 232 — 


lui savoir gré de n'avoir pas fait obstacle au courant écono- 
mique, qu'elle voulait simplement empêcher Bertin de cana- 
liser sous l'omnipotente direction de l'Etat. Il n'en fut pas 
ainsi partout. Elle s’intéressa utilement, comme on l’a vu, à 
l'étude des maladies du blé; elle ne voulait pas demeurer 
étrangère à ces questions d'alimentation qui étaient devenues 
la préoccupation universelle ; s’il est permis de sourire des 
vertus inappréciables attribuées par M. de Métivier, vicomte 
de Saint-Paul, au chou-caraïbe « connu chez les habitants de 
la province sous le nom de cheval bayard, de langue de 
bœuf », il faut retenir l'hommage rendu par la savante com- 
pagnie, à la palate ou truffe rouge, autrement dit à la pomme 
de terre, alors que les botanistes présentaient encore le 
tubercule comme une simple curiosité. L'Académie avait, 
en 1762, mis au concours la comparaison de la valeur nulri- 
tive de certains produits naturels. La châtaigne et le topi- 
nambour eurent leurs apologistes ; le plus grand nombre des 
mémoires prôna la pomme de terre. Ce n'était pas tout à fait 
la victoire ; car le chou-caraïbe eut le prix ; mais c'était une 
fort honorable présentation. Quelques années après, l'inten- 
dant Esmengard, de son côté, faisait planter des patates venant 
d'Irlande et les employait à la confection d’un pain mélangé 
pour moitié de froment (1). Esmengard, malgré ses idées 
aventureuses, appartenait à l'école de la pratique ; et, sur ce 
même objet, en Périgord, sait-on qui s'était aussi chargé 
des essais démonstratifs, mais isolés, à l'heure où Bertin 
cherchait vainement à y coordonner toutes les bonnes volon- 
tés, en vue d’études et d'expériences autrement méthodiques 
et autrement exemplaires. C'étaient les propres sœurs de 
Bertin, M'e de Belle-Isle ct de Creyssac, avec l'abbé de 
Brantôme, tous trois propriétaires et seigneurs du domaine 
de Rossignol, daus les environs de Périgueux. 

La terre de Rossignol leur venait en majeure partie d'une 
vente à eux consentie, vers 1757, par le Chapitre cathédral de 


(1) Archives départementales de la Gironde. © 1432, 2 janvier 1771. — 
Voir Le pain à Bordeaux, par Joseph Bencazar, professeur à le Faculté de 
Bordoaux (Bordesux, Gounouilhou, 1905), p. 14. 


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— 9933 — 


cette ville, vente qui avait suivi de près la mort de leur père, 
Jean Bertin II. Limités aux moyens que leur laissait leur hum- 
ble part dans la succession paternelle, ils s'étaient sans doute 
associés pour en faire le prix, qui s’éleva à 60.000 livres au 
moins, d'après un mémoire litigieux produit par les chanoines 
en 1785 (1) ; le fief, « devenu aujourd’hui si important, au dire 
de ceux-ci, et qui, au moins, a doublé de valeur, prenez le 
tiers », avait donc prospéré entre les mains des derniers 
acquéreurs. Il devait s'être confondu avec cerlaines posses- 
sions voisines du bourg de Chalagnac et du hameau de Cha- 
maly, provenant à ces héritiers de la famille du Chatenet, 
dont était leur grand’mère, la femme de Jean I°. Il formait, 
en somme, une de ces terres de moyenne et estimable consis- 
tance intercalées à profusion dans les grands domaines du 
pays. Le chäteau était de construction récente. 1l accédait 
par une charmille d'environ 300 mètres à la route de Paris à 
Barèges ; il devait à cet accessoire un de ses principaux agré- 
ments. On ne retrouvait là, ni les hautes terrasses de Bour- 
deille, ni ses rochers imposants penchés sur la jolie rivière, 
ni cette ceinture de remparts commandée par le majestueux 
donjon. D'une des fenêtres donnant sur le jardin, la vue 
s'étendait vers la forèt de Vergt, qui évoquait le souvenir de 
la vieille puissance féodale, de cette antique châtellenie, fière 
des dix clochers compris dans sa juridiction et maintenant 
émiettée à l'infini; plus avant dans l'histoire, partout le 
passé se découvrait dans de mystérieux témoins, dans cette 
route si solidement ferrée qui menait les légions romaines 
de Vésone à Aginnum, par ces débris de forges gauloises, 
par ces peulven et ces tumuli qui marquaient le passage 
des premières civilisations ; le reste du territoire environ- 
nant, entrecoupé d'étroits vallons et mouvementé de coteaux 
légèrement boisés, présentait de bonnes cultures trop souvent 
interrompues par des jachères et des friches pierreuses ; 


14) Mémoire responsif pour le syndic du chapitre de l'église cathédrale de 
Saint-Etienne-Saint-Front de Périgueux, défendeur, contre M. de Bertin, 
ministre et secrétaire d'Etat, demandeur, p. 93 et 97. [A Bordeaux, chez 
Michel Racle, 1785, in-4° de 127 pages.) 

16 


— 93% — 


sol foncièrement généreux, mais quelque peu fruste par en- 
droits, périgourdin, au demeurant, car nous sommes ici au 
cœur même du pays des Pétrocoriens. | 

Ce coin a bien mérité de l’agriculture. C’est lui qui, en Péri- 
gord, par les soins de M! Bertin de Bellisle, s’est offert le pre- 
mier à une culture réglée de l'énigmatique tubercule ; et cela, 
en 1771, l'année même où Parmentier le signalait pour la 
première fois à l’Académie de Besançon, parmi les végétaux 
utiles en temps de disette, et sept ans avant qu'il ne fit 
eonnaîilre ses expériences comme définitivement concluantes. 
Dans une lettre du 5 avril, écrite d’une plume aussi peu fami- 
liarisée avec les pleins et les déliés qu'avec les délicatesses 
épistolaires (1), elle recommande au fils du régisseur de Ros- 
signol, « les pommes de terre qui se travaille comme le bled 
d'Espagne et dont on fait des provins. C'est le temps de les se- 
mer si elles ne le sont déjà ». 

Il n’y a, qu'une ombre au tableau, c'est que, dès l’année 
précédente, la bonne fermière, ainsi que sa sœur, avaient, 
comme on dit, cessé de résider. 

Ces expériences culturales, pratiquées en famille, ne 
pouvaient que fortifier la foi de Bertin dans la méthode 
expérimentale qu'il ne cessait de recommander aux Sociétés 
créées par ses soins. C’est au moment même, où sa sœur 
faisait l'essai démonstratif que j'ai cru bon de signaler, qu’on 
le voit se décider à la création d’une Ecole pratique d’Agri- 
culture, dans la pensée et suivant les principes qui avaient 
provoqué celle de l'Ecole vétérinaire de Lyon. Cette fois, 
l'établissement lui parut devoir revenir à la Généralité de 
Paris, où cependant la Société d'Agriculture commençait à 
péricliter (2) ; ille placa dans la paroisse d'Annel, près du 
château de Compiègne ; les fréquents voyages de la Gour 
dans cette dernière résidence plaçaient naturellement l'école 
dans la zone la plus propice. On y constate, en effet, une visite 


(1) Bibliothèque de Périgueux. Lettres autographes de Mie Bertin de Bel- 
lisle. (Fonds Lapeyre, carton Bertin). 

(2) Elle ne reçut aucun membre de 1770 a 1783. (L'administration de 
l'Agriculture, par MM. Pigeonneau et de Foville. Paris, 1882, p. 400.) 


— 23h — 

des minislres conduits par Bertin, le 4 août 1772 ; elle fut 
marquée par un incident qui fait voir au fondateur que la 
routine n'avait pas désarme. Un des agriculteurs marquants 
de la région, Charlemagne, laboureur à Bobigny, appelé d’ordi- 
naire à ce genre d'expéditions, abonda en critiques acerbes 
contre les modes de labours prescrits aux élèves; il s'attira 
cette réponse d'un des ministres présents, que la chronique 
ne nomme pas : « J'admire les mauvais labours qui produi- 
sent de si belles récoltes » (1). 

Le seigneur d’Annel, Pannelier, receveur des domaines du 
Roi, anobli en 1768, avait de son bon gre prèlé à Bertin les 
terrains jugés tout d’abord nécessaires ; les vues de Bertin ne 
tardérent pas à s'élargir ; il songea à l'accroître d'une dépen - 
dance de l’abbaye de Royal-Lieu dont l’abbesse était alors 
M'° de Soulanges, grande amie de Madame Louise, la royale 
carmélite ; l’abbesse n'y fit pas de difticullés, ayant elle- 
même, sur la sollicitation de la fille de Louis XV, éprouvé 
jadis les bontés de l’ancien contrôleur général. Tout se tient ; 
la ferme-école, grâce à ce concours de circonstances, s'était 
du premier coup formée de toutes pièces. Berlin s'assura de 
la dépense au Contrôle général ; il se chargea personnelle- 
ment de « tout ce qui concernait l'administration comme 
étant entièrement dépendante de l'Agriculture dont le Roi 
lui avait confié la direction (2j ». Il s’en remil, quant à l’en- 
seignement, aux praticiens les plus recommandables; mais il 
tint rigoureusement la main à l'exercice de ses propres attri- 
butions. Il donnait, en somme, un digne pendant à son Ecole 
vétérinaire de Lyon. Annel, il est vrai, survécul à peine 
à son dernier ministère. Mais il en avait fait un exemple 
et un modèle qui n’ont pas été perdus. Il reste donc aussi le 
créateur de la première Ecole d'Agriculture. 


(1) Eloge de Bertin, par Gustave Heuzé, membre de la Société nationale 
d'Agriculture, lu dans la séance du 18 janvier 1888. Paris, Chamerot, 1888, 
p. 18. 

(2) Archives nationales. F} 222. — H! 1508. Prospectus de l’établisse- 
ment et correspondance. 


— 936 — 


VI 


Bertin chez lui. — Le for intérieur. 


I 


CHATOU. 


Bertin avait, dansle château de Versailles, un logement par- 
ticulier, que le Roi lui maintint, même après avoir accepté sa 
démission de ministre et secrétaire d'Etat (1). A Paris, il 
s'élait fait construire, à l'angle des grands boulevards et de 
la rue des Capucines, côte à côte avec le vaste couvent qui 
appartenait à cet ordre et qui devait bientôt disparaître pour 
faire place à la rue de la Paix, un bel hôtel où il se ménagea 
un appartement privé, en même temps qu'il y installa les ser. 
vices de son dernier ministère. Ce bâtiment fut, dans la suite, 
l'hôtel du maréchal Berthier, et, plus tard, le ministère des 
Affaires étrangères (2). Bertin, à proprement parler, ne fit 
son chez lui d'aucun de ces domiciles. En Périgord, on ne 
peut considérer Périgueux et Bourdeille comme ayant eu 
l'honneur, depuis son accès au pouvoir, de lui servir de rési- 
dences temporaires. Depuis 1767, un autre logis de haut 
aspect s'offrait à lui, en province ; déjà premier baron de 
Périgord par la terre de Bourdeille, il était devenu premier 
baron de Saintonge par la vente que lui avait faite de ses 


(1) Répertoire historique et biographique de la Gazctte de France. par 
Granger de Surgères : « 1780, le sicur Bertin est autorisé à donner sa 
démission de ministre et secrétaire d'Etat. Le Roi lui conserve son logement 
à la Cour (30 mai) ». Moreau (Souvenirs, p.), parle de sa chambre, de son 
cabinet et de son beau salon, à Versailles. 

12) On Île voit sous cette dernière forme dans le Plan de Paris, de Maire 
(tirage de 1824), Il porte le numéro 24 de la rue actuelle des Capucinex. 
— L'A/manach Royal mentionne le siège du « petit ministère » dans cet hôtel. 
Dans un acte notarié passé à Bourdeille le 11 septembre 1774, par sieur 
Antoine de la Vallade, secrétaire et intendant de Me” de Bertin, ce manda- 
taire est désigné comme « demeurant ordinairement à Paris, rue des Capu- 
cines, à l'Hôtel de mon dil seigneur, paroisse de la Madeleine-la-Ville-l'Evé- 
que ». (Archives de l'étude de M° Josselin, notaire à Bourdeïille.) 


— 287 — 

terres de Benon et des Essarts, moyennant 390.000 livres, 
Marie-Victoire-Hortense de La Tour d'Auvergne, veuve de 
très haut et très puissant Charles-René-Armand, duc de 
la Trémoille et de Thouars, pair de France, et héritière de 
très haut et très puissant prince Anne-Charles-Frédéric de la 
Trémoille, prince de Talmont, duc de Châtellerault, comte 
de Taillebourg et de Benon. Il eut là le plus gros morceau 
de ses possessions. Retenons même que, dans ces parages, il 
fut propriétaire de la seigneurie d’Angoulins, sur les bords 
de l'Océan, près de La Rochelle ; à ce titre, et non à celui de 
seigneur de Benon, il figura, en 1789, parmi les électeurs de 
la noblesse pour les Etats-Généraux et il fut inscrit, en 1793, 
sur la liste locale des émigrés. La villégiature de la Saintonge 
ne l’attira pas. Il ne paraît guère s’y être fait connaître sous 
d’autre qualité que celle de seigneur censier. 

C'est à Chatou qu'il fixa sa demeure de prédilection, cette 
demeure dont l'imagination du Père Amiot esquissait plus 
haut la disposition générale et qu'on peut voir sur place, 
encore aujourd'hui, avec sa physionomie originelle. Le bâti- 
ment attribué à Soufflot est plus remarquable par sa position 
que par son architecture. Il comprend trois corps de logis 
sur le même profil ; celui du centre, qui n’a qu'un étage 
percé de trois fenêtres à balustres en fer, au-dessus de son 
rez-de-chaussée, est couronné du fronton classique; une 
veranda à deux colonnes grecques précède la porte d'entrée 
qui s'ouvre sur l'enclos; l’ensemble est dépourvu de tout 
enjolivement accessoire. Cette partie principale fait l'effet 
d’un modèle de bonne école, exécuté isolément pour un 
amateur qui n'a eu que la conception d’un buen reliro tout 
personnel. Les deux corps adjacents, légèrement surélevés 
par leurs toitures, plus développés en largeur, moins élé- 
gamment disposées, offrent l’aspect de constructions propre- 
ment bourgeoises ; leurs facades ne s'harmonisent pas à 
souhait avec celle du milieu; on dirait de vastes annexes 
failes après coup, en vue de la conformation du logis à des 
convenances et à des nécessités nouvelles. Le morceau capi- 
tal du travail de Soufflot est la grotte de magnifique enver- 
gure édifiée sous la terrasse qui supporte l'habitation ; on en 


— 238 — 


a vu déjà le dessin ; elle rentre, en quelque sorte, dans le 
nombre des curiosités, indépendantes du logis, qui se recom- 
mandent plus particulièrement à l'attention des amis de 
l'art. | 
La grotte et le derrière de la maison donnent sur la Seine, 
en face d’une île d'agréable effet, comprise daus la propriété. 
Paris s'aperçoit confusément à une quinzaine de kilomètres. 
Nous sommes à l’extrémité de la boucle du fleuve qui porte 
le nom de presqu'île d'Argenteuil, région caractérisée, aux 
environs de Chatou, par ses jardins et ses constructions 
d'agrément, et plus au nord, principalement vers Montesson, 
par l'intensité et la prédominance de ses cultures maraîchères, 
qui ont valu à ce coin de banlieue le nom de + Royaume du 
Pot-au-feu » (1). Tant à Chatou qu’à Montesson, Bertin était 
devenu grand propriétaire ; il avait, des deux côtés, acquis 
avec le domaine les titres seigneuriaux (2). Quand il liquida 
ses possessions immobilières, au début de la Révolution, 
c'est à la somme de 520.000 livres tournois que nous voyons 
monter le double fief, dans la vente qu’il en fit, en 1790, à 
Anne-Marie-Thérèse de Pelser-Berensberg, dite Mimi, veuve 
du marquis Adolphe de Feuquière-Soicour. Il ne fut laissé à 
la malheureuse marquise que le temps de faire bâtir à Mon- 
tesson « un beau château, du dernier goût », dont l'intérieur 
resta inachevé ; elle fut condamnée à mort par le tribunal 
révolutionnaire de la Seine et exécutée le 12 messidor an II. 
L'héritage, après confiscation, revint à des neveux qui le 
revendiquèrent tel que l’avait vendu Bertin. Un inventaire, 


(1) Voir Voyage en France, par À. Dumazet. T. 45, p. 317, et t. 46, p. 100. 

(2) Archives départementales de Seine-et-Oisc, E 934 (1582-1753); bail 
des fours banaux de Chalou fait à Pierre Pharoux, boulanger, par Marc- 
Autoine Dallard, écuyer ordinaire du Roi, seigneur de Chatou et de Montes- 
son. E 935 (1711-1772) : arrêt du Parlement de Paris qui enregistre le 
contrat d'échange par lequel les dames de l’abbaye de Fortel cèdent le fief de 
Malnoue à M. Léonard-Jean-Baptisle de Bertin, ministre d'Etat, seigneur de 
Chatou. — Chatou ressortissait à « la prévôlé et vicomté hors des murs de 
Paris. » L'abbaye de Saint-Denis avait la scigneurie de Chatou et lieux cir- 
convoisins, en parlage avec l’abbaye de Malnoue ct avec quelques seiyrneurs 
séculiers, dont Bertin, qui paraît avoir reçu ses droits principalement de 
messire Antoine Portail, chevalier, président à mortier au Parlement. 


— 939 — 


dressé par l’un des héritiers, vers 1810, nous donne, par con- 
séquent, une idée de la consistance des deux domaines, pen- 
dant la jouissance du ministre. Mais son intéret primordial 
tient à la nomenclature de certaines pièces d'art ou d’orne- 
mentation à grand effet, qui firent de la villa de Chatou, 
dans cette période, une résidence marquante parmi les 
somptueuses résidences des favoris de l'ancien régime (1). 

Après avoir fait état de la beauté du site, l'héritier men- 
tionnait d'abord « le vieux et grand château » des anciens 
seigneurs, laissé debout dans le parc ; puis, «le nouveau 
et grand château » ; la grotte ; les bâtiments de servitude ; 
deux écuries pour 24 chevaux, et des remises à l'avenant, 
il décrivait sommairement l'aménagement et l'affectation des 
diverses parties de ce vaste enclos qui mesurait plus de 25 
arpents de Paris ; enfin, il faisait mémoire des terrains 
spécialement agricoles, prairie dans l’île, terres, vignes et 
bois, d’une contenance supérieure à 114 arpents , total des 
deux étendues, à la mesure de notre temps, 55 hectares 22 
ares 5 cenliares. Il notait encore un moulin à vent et dé- 
pendances, deux moulins à eau abandonnés, trois pressoirs, 
bâtiments et four banal, et huit maisons dans le bourg. Et, 
arrivé à la partie décorative, il ajoutait : 

L.. Je trouve dans le parc de Chatou, 176 grands orangers et 28 de 
moindre grandeur, en parfait état, dont le produit a été vendu, une 
année exceptiounellement, pour 1.200 francs tournois à un confiseur 
de Paris ; ce prix n'a pas élé toujours aussi avantageux, mais il n'a 
jamais été de moins de 200 francs. 

M. Deux grands et magnifiques vases d'un seul bloc de marbre 
blanc. (N. B. Il n’en existe que deux aussi beaux et aussi grands dans 
Paris et dans ses environs, et ils se trouvent dans le jardin des 
Tuileries.) 

N. Deux superbes groupes de marbre blanc Carrare parfaitement 
conservés représentant Vénus et Mercure. 

O. Douse bustes de marbre blanc de grandeur colossale avec 


(1) /nventaire partiel imprimé, in-4* de 8 pages : « Anbang XII, Anfnahme 
uber die Nachlassenschaft der Marquise de Feuquières geb. von Pelser 
Berensberg. » (Communiqué par le propriétaire, M. Adrien Moisant, décédé 
le 26 juin 1907). 


— 240 — 


piédestaux de marbre gris ayant cinq pieds de haut, représentant 
douze empereurs romains. (N. B. Quatre objets étaient parfaitement 
conservés et avaient été réservés lors de la vente de l'an ant pour le 
Musée de Paris.) 

P. L'empereur Marius assis sur une chaise, œuvre de grandeur 
colossale et exécutée complètement en plomb et par là, de grande 
valeur, à cause du prix du plomb qui était alors de 48 francs les cent 
livres. | 

Q. Un Hercule portant un grand Atlas sur les épaules, œuvre éga- 
lement exécutée en plomb. 

(La lettre À est sautée, sans doute par omission du copiste.) 

S. Dans le château se trouvait une grande table de porphyre de la 
plus belle espèce et dimension et estimée à 1. 3000. 


Ces imposants morceaux laissent deviner l'importance et la 
valeur de l’ameublement intérieur. C'est à Chatou apparem- 
ment que Bertin avail installé sa bibliothèque personnelle et 
« ce cabinet d'histoire naturelle qui était un objet de plus 
de 50.000 écus, » au dire de Desvoyes, secrétaire de son frère, 
l'abbé Louis -Augustin (1). Mais s’il avait fait vasle son logis, 
ce n'était pas seulement pour offrir un somptueux asile à ses 
collections et à ses livres ou pour préparer comme une pa- 
gode en miniature à ses collections et à ses curiosités chinoi- 
ses. [Il avait voulu y constituer un foyer avec ceux de sa 
famille qui n'en avaient quasiment pas. Car labbé était un 
astre errant, et les deux bonnes demoiselles de Rossignol 
commengaient à trouver glaciale leur solitude à deux dans 
l'agreste gentilhommiére des environs de Périgueux. Dans 
l'administration des affaires familiales et dans beaucoup 
d’autres cas, l'abbé ne faisait qu'un avec son frère ; les deux 
sœurs tenaient en réserve des qualités domestiques qui 
demandaient affectueusement un plus vaste emploi : les trois 
châtelains de Rossignol avaient donc une évidente vocation 
à apporter au ministre le charme et l’utilité de leur com- 
merce. Ces quatre célibataires firent un ménage parfait. 

ne faul pas croire cependant que Chatou fût voué à les 


(1) Lettre de Desvoyes à M. de Fayard, chevalier de St-Louis, à Périgueux, 
datée de Paris, le 7 avril 1826 (des archives particulières de M®*:de Roume- 
jeux, au château de Rossignol, près Chalagnac.) 


— 941 — 


détacher du monde. Les deux hommes, par état, se devaient 
beaucoup à l’extérieur ; Chatou était leur reposoir ; les deux 
femmes n'y venaient pas nécessairement avec des résolutions 
de retraite et de renoncement. Arrivées là, vers 1770, Mar- 
guerite de Belle-lsle, l'ainée des quatre frères, et Marguerite 
de Creissac, la plus jeune de toute la famille, se trouvaient 
aux alentours de la cinquantaine, soit en-deça soit au-delà ; 
c'était d’ailleurs l’âge moyen de la maisonnée ; le portrait de 
ces demoiselles qu'on a pu voir précédemment reproduit, 
d'après des miniatures faites sans conteste à Paris, les 
montrent en somme sous des traits et des dehors qui n'ont 
rien d'incompatible avec le ton et les façons de l’époque ; je 
me borne à en fournir pour témoin une plainte timide, qui 
s'exhale d'une de ces lettres d’affaires adressées par l’ainée à 
l'intendant du domaine de Rossignol : il a fallu évidemment 
se mêler au train de convenance : 


Quand vous renouvellerez les baux des différents borderages, écrit- 
elle à Gravier, le 15 janvier 1774, je pense que vous pourrez Îles 
augmenter, car tout augmente. Je verrai avec plaisir vos états de 
régie ; lorsqu'ils seront fixés, soyez sûr que l'argent sera bien venu. 
Car ce pays est un gouffre pour le consumer (1). 


La fin de la lettre est plus avenante : 


Vos truffes sont arrivées à bon port. Je vous en remercie. Ma sœur 
et moy nous sommes on ne peut plus sincèrement atachées et pour la 
vie. 

DE BzarTiN DE BELLILE. 

Les deux sœurs n'avaient sans doute pas encore transporte 
leurs pénates sur les bords de la Seine, quand le ministre et 
l'abbé furent conviés à la fête mémorable donnée le 17 sep- 
tembre 1770, dans sa charmante villa de Passy, par cet autre 
Bertin, Auguste-Louis Bertin de Blagny, trésorier général des 
parties casuelles, devenu le gendre du conte de Jumnilhac, et, 
sans parenté préalable, le neveu des hôtes de Chatou. Autre- 


(1) Cilé dans ma première ‘partie de la Révolution en Périgord, p. 143. Les 
leitres originales de M'e Bertin de Bellisle sont dans les papiers Lapeyre, 
dossier Bertin, à la Bibliothèque municipale de Périgueux. 


— 249 — 


ment, tout porte à penser qu’elles se fussent modestement 
introduites, ce jour là, dans la compagnie du brillant finan- 
cier, où le chroniqueur distingue les principales personnali- 
tés. 


Le sieur Bertin a donoé aujourd’hui une fêle superbe où ont assisté 
Monseigneur l’évêque d'Orléans, l'archevêque d'Arles, le duc de la 
Vrillière, M. le Contrôleur général, M. le Premier Président, 
M. Bertin le ministre, l'abbé Bertin, etc. La gaieté devait être le 
principal assaisonnement de ce jour ; en conséquence on a joué la 
Vérité dans le vin, opéra-comique du sieur Collé, ainsi que plusieurs 
parades très polissonnes, ce qui a beaucoup amusé la gravité des 
principaux personnages que nous venons de nommer ; le tout a élé 
exécuté par les acteurs de la société, et Mme Bertin (de Blagny) 
entre autres a déployé ses talents avec des grâces singulières (1). 


Il convient de s’en tenir là, sur ce chapitre, et de laisser 
Bertin de Blagny défrayer, de son côté, la chronique scanda- 
leuse de la haule finance; aucun rapprochement n’est de 
mise, au demeurant, entre le train qui rendit célèbre la mai- 
son de Passy et celui qui ne fut, à Chatou, que le corollaire 
normal de l’'éminente situation du maitre. Tout au plus, sous 
l'impression de cette idée de fine cuisine qu'évoquait plus 
haut la correspondance de la sœur aïnée avec son majordome 
périgourdin, pourrait-on trouver à redire à la quantité de 
cuisiniers que Bertin, vers ce temps, tire de son office, 
Paris et Chatou faisant bloc, pour un repas que les Carmélites 
de Saint-Denis offrent à Louis XV venu en visiteur, peu 
après la prise de voile de sa fille Louise-Marie, « Madame 
Dernière », comme il disait. Notons que l'abbé Bertin était, à 
ce moment, le supérieur de la communauté en même temps 
que l’aumônier de Mesdames de France, et n'oublions pas que 
c'est Madame Louise qui « mourait d'envie » naguère, à la 
Cour, de voir une des nièces du ministre et de l’abbé. En l'oc- 
currence, ces deux frères qui savaient bien leur rôle, quand 


(1) Mémoires secrets de Bachaumont, tome V, p. UO0. L’évèque d'Orlésns 
c'est Mgr de darente ; l’archevèque d'Arles, Mgr Chapelle de Jumilha: ; le 
duc de la Vrillière, M. de Saint-Florentin ; le Controleur général, l'abbé 
Terrai ; le Premier Président, M. d’Aligre. 


son — 


venait le moment, avaient glissé dans le cortège royal deux 
de leurs neveux, apparemment un Saint-Chamans et un 
Fa yolle de Mellet. Ce fut une après-midi charmante ; le vieux 
Roi fut mis en bonne humeur par le piquant de cette fête où 
le sacré et le profane, dans un contact sans douta discret, 
mais singulièrement raffiné, confondaient la vivacité de leurs 
contrastes. Laissons parler une nonne qui a lout vu ou s'est 
fait tout raconter : 


Dès que Sa Majesté fut entrée dans le dedans, il demanda la com- 
munauté, à laquelle il parla avec un air de bonté dont nous fümes en- 
chantées. Je crois que nous aurions eu le temps de l'entendre plus 
longtemps, si les Dames n’avoient averti de l'heure du diner. Toute 
l'auguste famille sortit pour se mettre à table dans l'appartement de 
M. notre supérieur, à qui Madame Victoire avoit demandé la veille 
un diner aux Carmélites pour la famille royale; le diner avoit été 
préparé par %5 cuisiniers de M. l’ertin, ministre, et la magaificence 
du repas surprit le Roi. Ce fut M. l'abbé Bertin et deux de ses neveux, 
qui servirent à table. Il y avoil onze couverts pour le Roi, Mgr le 
Dauphin, Mesdames et les dames d'honneur; dans une autre chambre, 
à côté, étoient les seigneurs ; dans une autre, les écuyers, el une qua- 
trième lable dans le jardin qui étoit au-dehors pour les gardes du 
corps. Le Roi entra dans toutes les chambres; il y rencontra notre 
confesseur, et il lui demanda ce qu'il étoit; ayant appris qu'il étoit 
confesseur, il lui dit : « Qu'est-ce qu'on vous dit en confession ? » Le 
confesseur lui dit que c'éloit lettre close. Mgr le gouverneur de Mgr 
le Dauphin dit : « Les péchés des Carméliles seroient les vertus de la 
Cour (1) ». 


Ne füt-ce que par ce simple trait, emprunté, en quelque 
sorte, à la chronique intine de la Cour, nous voyons s'esquis- 
ser la physionoinie de l'abbé Bertin comme courtisan, il avait 
su, lui aussi, s’insinuer au cœur de la place. Sa fortune dans 
l'Eglise ne s'était pas d'ailleurs démentie, depuis qu'à peine 
âgé de vingt aas, il avait fait son premier pas dans la direc: 


(1) Les filles de Louis XV, par Jules Soury. (Revue des Deux-Mondes, 
15 juin 1874). Une copie du récit daté du 14 mai 1770, est à la Biblioth. 
nationale, manusc. français, n° 1447, Copies. — Madame Louise, fille de 
Louis XV, en religion sœur Thérèse de Saint-Augustin, était entrée aux 
- Carméliles en avril 1770. 


— 44 — 


tion de Versailles, en obtenant le prieuré de Palaiseau (1). 
Nommé bientôt grand archidiacre de l'évêché de Périgueux, 
il n'avait pas laissé, la vacance advenant en 1757, échapper 
celte abbaye de Brantôme qui, par sa position, au milieu des 
domaines de la famille, devenait pour lui et pour les siens une 
inestimable aubaine. Cinq ans ne s'étaient pas écoulés qu'il 
se voyail octroyer, également en commende, c’est-à-dire de 
la part du Roi, un nouveau bénétice, l'abbaye de Saint-Man- 
suy, au diocèse de Toul, dont le rapport était du quintuple. 
Là, il rencontrait parmi ses prédécesseurs une figure au 
moins aussi célèbre que celle de l'abbé périgourdin qui a 
immortalisé le nom de Brantôme ; le cardinal Mazarin avait 
eu le bénéfice de 1784 jusqu'à sa mort. Le revenu en était de 
20.000 livres. Parallèlement il faisait une brillante carrière 
judiciaire ; nous l'avons vu débuter, à trente ans, en 1747, 
comme conseiller clerc au Parlement de Bordeaux; il y deve- 
nait Premier Président de la deuxième Chambre des Enqué- 
tes, le 2 juillet 1759; mais, il ne tardait pas à se sentir mal à 
l'aise dans le conflit du gouvernement et de la magistrature ; 
il se tira d'embarras, en se laissant pousser au Conseil d'Etat 
ordinaire, autrement dit au corps de justice qui, fondamenta- 
lement dans la main du Roi, le libérait au besoin de la jus 

lice des Parlements (2). Dans cette dualité du personnage, 
l’homme d'église s'absorbait dans l’homme de loi: il dirigeait 
surtout le contentieux de la maison, confondant d'ailleurs ses 
intérêts avec ceux de son frère sous une sorte de raison 
sociale qui se parait naturellement du prestige du Ministre el 
Secrétaire d'Etat. Fonctions distinctes, mais pensée une. 


({) Louis-Augustin Bertin, né en 1717, prend le titre de prieur de Palai- 
seau au mariage de sa sœur Charlotte, deuxième du nom, avec messire de 
Fumel, baron de Monségur, en 1789. Il est ainsi qualifié dans le testament 
de son père, en 1754, où il est même mentionné, soit dit en passant, comme 
prieur de Saint-Bem et Palaiseau. Il y a là sans doute une erreur du 
copiste, qui aura lu Saint-Bem au lieu de Saint-Bencd. désignation abrègée 
de l'Ordre. 

(2) La nomination de l'abbé Bertin au Conseil d'Etat est de la fin de jan- 
vier 1761. La Gazette de France mentionne sa nomination à l’abbaye de 
Saint-Mansuy dans son numéro du 30 décembre 1763; à l'heure où son frère 
quittait le contrôle général, il recevail ainsi sa tiche de consolation. 


— 245 — 


Il 


BERTIN ET LE PARLEMENT MAUPEOU. 


Le ministre, lui, quels que fussent ses goûts de villégiature 
et les satisfactions qu’il pût en retirer, quelles que fussent 
même les parties de son administration qui prissent pour lui 
le caractère et l'attrait de passe-temps individuels, n'avait ni 
l'idée ni le pouvoir de s'abstraire absolument de la politique, 
Ce sont encore les Parlements qui l'y rejetèrent, bon gré mal 
gré. Maupeou, devenu chancelier en 1768, couvait depuis 
longtemps le dessein de débarrasser l'Elat de la surveillance 
hautaine que s’'attribuaient ces organes suprômes de la jus- 
tice : depuis Mr° de Pompadour, Bertin était d'accord sur 
cette nécessité avec l’ancien premier président du Parle- 
ment de Paris, aujourd'hui le chef de la magistrature ; Bertin, 
au surplus, avait ses rancunes Moreau laisse bien entendre 
que les deux personnages ne sympathisaient pas. Cette par- 
licularité n'a pas grand intérêt. En somme, il est constant 
que Bertin, s’il n’agit pas absolument de concert avec le chan- 
celier, le seconda avec toule la vigueur dont il était suscep- 
tible, aussitôt la déclaration de guerre. Il semble, dès le début, 
que Moreau soit là, soufflant au chef de l’entreprise des con- 
seils du genre de ceux qu'il donnait jadis à Bertin, sous forme 
de consultation, les jours où le vent était à la manière forte. 
Quand survint l’édit du 27 novembre 1770 dans lequel, après 
avoir rappelé, par-dessus tout, qu'il ne tenait sa couronne que 
de Dieu, et que le droit de faire des lois lui appartenait, à lui 
seul, sans dépendance ni partage, le Roi faisait défense à ses 
Parlements de se servir des mots d'unité, d'indivisibililé et de 
classe, de correspondre de l’un à l’autre et de suspendre spon- 
tanément leur service, tout le monde désigna Moreau comme 
le rédacteur de ces dispositions et surtout de leur majestueux 
préambule; l'avocat des finances eut beau se récrier contre 
cette imputation, exciper d’une brouille qui l’éloignait de 
Maupeou, « l’édit était bien rédigé, dit-il, et je passais pour 
bien écrire, j'étais l’homme du chancelier et J’auteur de sa 


— 246 — 


besogne (1) ». Sévèrement interpellé à ce sujet par Choiseul 
et sa sœur, dans une rencontre fortuite, il parvint cependant 
à se disculper. « Je fis, ajoute il, la révérence au duc de 
Choiseul qui me la rendit d’un air très gracieux, et je courus 
conter mon aventure à M. Berlin, qui en rit de tout son 
cœur ». Peut-être échangérentils le rire des deux augures. 
Toujours est-il qu’à quelques mois de là, au plus vif de la lutte, 
Moreau était au mieux avec Maupeou, qu'il en obtenait l'érec- 
tion en Parlement de sa Cour des Comptes et Aides de Pro- 
vence, qu'il avait son couvert mis à la Chancellerie, et 
« qu’il devenait le contident indispensable de M. le Chance- 
lier » (2). Soyez sûr que Moreau ne travaillait pas pour la 
bonne cause à l'insu et contre l’agrément de Bertin : quelle 
raison y auraitil de contredire le Journal historique lors- 
qu'il annonce que Bertin, de son côté, a confié à Moreau, 
« aujourd'hui homme de cour et bibliothécaire de M®:° la 
Dauphine (3) »,le soin de réfuter le comte de Lauraguais, 
auteur d’un libelle défavorable à la politique du Chancelier ? 
Entre temps, Choiseul tombait du pouvoir; le Parlement 
suspendait le service judiciaire ; tous ses membres recevaient, 
en pleine nuit, la visite de mousquetaires qui les sommaient 
de déclarer par écrit s'ils voulaient oui ou non reprendre leurs 
travaux ; et la plupart ayant signé le refus ou rétracté leur 
adhésion, les exils s'en étaient suivis en masse. Le Conseil 
d'Etat, y compris naturellement l'abbé Bertin, rendit la jus- 
tice à la place du Parlement. Quatre ministres, Monteynard 
mis à la guerre, l'abbé Terrai aux finances, Saint-Florentin 
et Bertin, consacrèrent ses pouvoirs provisoires, militaire- 
ment et en grande pompe, aux côtés du Chancelier (4) ; bien 
plus, ils se voyaient englobès chacun dans une des quatre 
listes qui répartissaient en autant de chambres, on pourrait 


(1) Mes Souvenirs. Tome I, pages 238 à 246. 

(2) {bid., p. 256. Voir Le Chancelier Maupeou et les Parlements, par 
Flammermont, p. 405. 

(8) Journal historique de la Révolution opérée dans la constitution de le 
monarchie française, par M. de Maupeou (Londres, 1774-1776, 7 vol. in-1%). 
T. I, p. 107. 

(4) Zbid., p. 30, 


— 247 — 


dire de commissions mixtes, le nouveau personnel parle- 
mentaire. Le Chancelier développa ses intentions dans un 
magnifique préambule dont l'opinion fil encore supporter la 
paternité à l'universel Moreau. L'exposé d'ailleurs s’inspirait 
des meilleurs principes ; il condamnait la vénalité des offices, 
l'excès des frais de justice, les distances imposées aux justi- 
ciables. Mais l'édit renversait de fond en comble l'organisa- 
tion de la magistrature. Il établissait, dans le ressort de Paris, 
six conseils supérieurs au-dessus du Parlement. D’autres édits 
consommèrent le sacrifice et reconstituèrent tous les parle- 
ments sur de nouvelles bases avec les débris des anciens et 
les éléments qu’on put recruter à la häte. C'étaient, en 
somme, les idées de Bertin qui l'emportaient. 


Il semble pourtant que Bertin, qui n’était pas l’homme des 
grauds moyens, ait bientôt ralenti le pas dans cette voie 
audacieuse et laissé Maupeou marcher seul. Les parlemen- 
taires, disséminés par l'exil autour de Paris, fomentaient des 
intrigues. Chatou n'était pas loin d'Argenteuil, et Bertin pou- 
vait se rencontrer aisément dans ce dernier endroit avec le 
conseiller d'Amécourt qui, atteint par le récent coup d'Etat, y 
subissait impatiemment les effets de sa désobéissance. Cette 
victime n'aspirait à rien moins qu’à un ministère; Bertin, à 
la fin de son contrôle, se sentant nécessairement condamné 
à céder la place à un membre du Parlement, avait glissé 
son nom à l'oreille de M" de Pompadour ; cette expectative 
ne cessa jamais de tenir l’ambitieux en éveil. A la date du 2 
_ mars 1772, le Journal historique se fait l'écho des bruits du 
jour, alors que d’Amécourt a pu rentrer de sa campagne à 
Paris; mais il remonte à l’époque des relations villageoi- 
ses : 


On ne voit pas sans étonnement plusieurs ministres se rendre très 
fréquemment chez M. Lefèvre d’Amécourt, le dernier des conseillers 
du Parlement liquidés, et avoir des conférences avec lui ; M. le Prince 
de Soubise, M. le maréchal de Richelieu, M. le due d’Aiguillon, le 
voient tour à tour; et, précédemment, lorsqu'il était dans son exil, 
ä Argenteuil, on avait vu que M. Bertin y était allé diner tête à tête 
avec lui, et que le Roi même l'en avait plaisanté. Les conjectures des 
politiques sont d'autant plus fondées que ce magistrat est un homme 


_— 8 — 


de beaucoup d'esprit, et dont il avait été déjà question pour le minis- 
tère (1). | 

Le Roi cessa bientôt de tourner la chose en plaisanterie. 
Il tenait bon pour Maupeou. Il suivait de l'œil la cabale 
trop librement déchaïnée contre celui-ci à la Cour. En pro- 
vince, dans certains milieux, le mouvement d'hostilité ne 
s’affirmait pas avec moins d'audace. Deux cent soixante et 
onze gentilshommes normands saisirent Louis XV d'une 
protestation indignée contre les Conseils souverains super- 
posés à la souveraineté du Parlement. Bertin, chargé des 
affaires de Normandie, prit sujet de « cette fermentation 
considérable », pour tenter, dans le Conseil tenu le 4 novem- 
bre, d'amener le Roi à des idées de composition avec les 
sacrifiés. « Le favori du Roi (2) », ainsi que l'appelle le Journal, 
fat mal accueilli. Louis XV fronça le sourcil et répondit 
d’un ton bourru: « Je vois bien où vous voulez en venir. le 
Parlement ne reviendra jamais tant que j'existerai. » Le duc 
d’Aiguillon, ayant osé reprendre, sous une forme encore 
plus adoucie, les propositions de Bertin, se vit encore plus 
désagréablement rabroué ; et, l'abbé Terrai, s'étant à son 
tour, après une accalmie, risqué à dire son mot dans le sens 
des préopinants, mit le comble au défi : « Sa Majesté s'est 
levée alors : elle a apostrophé l'abbé Terrai... Ensuite, réité- 
rant les mêmes protestations, elle a rompu brusquement le 
Conseil et laissé les ministres étourdis d’une vigueur de 
résolution dont ils ne la croyaient pas capable » (3). 

Il fallut donc sévir encore contre les Normands, faire pleu- 
voir des lettres de cachet, en venir à ce syslème de la force 
brutale dont Maupeou avait envisagé et sereinement admis 
la nécessité, mais qui répugnait au tempérament de Bertin. 


(1) Journal historique, voir aussi ibid. 26 mars 1774 (tome V, p. 231); et 
Mémoires du duc d'Aïiguïllon, p. 206. 

(2) 1bid. Tome Ill, p. 32%. 

(3) C'est ici que, parlant de celle vigueur de Louis XV, « qui depuis le 
commencement de son règne s’est en effet si souvent démentie, » l’auteur du 
Journal ajoute celte observation que je crois utile de citer : « Ce qui aug- 
monte merveilleusement aux yeux des courtisans l'énigme du caractère de 


ce Prince indéchiffrable ». 


— 249 — 


Moreau, qui avait fini par battre froid au Chancelier, peu dis- 
posé, semble-t-il, à suivre ses avis, arrange à sa facon les 
hésitations de Bertin. Celui-ci l’a pris pour confident ; on est 
allé trop loin ; il n’était d'abord question que d'épurer et de 
réformer. « Nous fûmes, dit-il, parfaitement d'accord sur 
l’imperfection de la besugne du Chancelier ». Le bibliothécaire 
de la Dauphine laisse échapper, malgre tout, que Bertin, par 
ses attaches, ne pouvait « pourtant pas être pour le retour 
indéfini du Parlement ». Le ministre « préféré du Roi » restait 
fidèle à la politique anti-parlementaire ; il y mettait seulement 
ses conditions ; et la principale, qui explique, en somme, la 
faiblesse de sa résistance aux algarades royales, était que 
toute entreprise de ce genre fût, « non la besogne de tel ou 
tel, mais celle du Roi (1) ». 

Le Roi s'étant si fermement prononcé, Bertin n'avait qu’à 
marcher avec le Chancelier; pour se convaincre de ses dispo- 
sitions, on n’a qu’à examiner sa conduite dans l'affaire du 
conseiller normand Thoinas du Fossé, l'auteur présumé de la 
Requête de la Noblesse. A la lettre de cachet qui l’exilait à 
Noirmoutiers, le justicier avait répliqué par une profession 
de foi où il considérait de tels commandements comme inexis- 
tants dans l'ordre des lois. Arrêté pour être conduit à la Bas- 
tille, il s'était échappé en routc et réfugié à l'étranger, lais- 
sant au pays sa fille, âgée de vingt ans, qui bravement se mit 
aussitôt en campagne pour le tirer d'affaire. Elle y gagna 
d'abord de se faire arrêter, à son tour, aux barrières de Paris : 
la Bastille lui était naturellement réservée ; elle y resta deux 
mois et demi (2). Jusque là, on peut n’apercevoir, à la rigueur, 
que la main, si micux n’est, la poigne du Chancelier. Mais la 
suite nous fait voir la part de Bertin dans ces mesures, et 
établit sa parfaite entente avec Maupeou. C'est bien à lui 
que la jeune fille, une fois libre, écrivit pour demander la 
grâce de son père, el c’est lui qui communiqua la lettre à 


(1) Mes Souvenirs, 1, p. 97. 
(12) Journal historique. Voir aussi Floquet, Histoire du Parlement de Nor- 
mandie, tome VI, p. 692 et s. 


17 


— 950 — 

Louis XV, dont la réponse fut évasive. Admise cependant à 
une audience de Bertin, M‘ du Fossé fut, paraît-il, plus élo- 
quente que persuasive ; le ministre lui intima, de la part du 
Roi, de ne plus parler de ce magistrat, qui devait abandon- 
ner lout espoir de pardon. Elle était tenace ; elle revint à la 
charge, soutenue d’ailleurs par de hauts personnages. Bertin 
se laissa attendrir ; il entraîna Maupeou; mais ils mirent des 
restrictions à leur capitulation ; Bertin exigeait que le père 
vint, pour la forme, se faire écrouer à la Bastille, et Maupeou, 
qu'ilse rendit de là à l’île de Noirmoutiers ; la belle Normande, 
de son côté, réclama une promesse par écrit; Bertin refusa. 
L'affaire en était là, lorsque survint la mort de Louis XV. 
Le conseiller recouvra purement et simplement sa liberté. 

Le nouveau Roi s'était, dès le premier jour, orienté vers le 
rétablissement du régime sacrifié. Maupeou vit venir rapide- 
ment la catastrophe. Quand Louis XVI lui fit redemander les 
sceaux el remettre sa lettre d’exil, à Compiègne, le 24 août 
1774, son carrosse était déjà commandé pour Bruyères-le- 
Châtel, près d'Arpajon, où il avait la permission de faire un 
court séjour chez son vieux père, avant de gagner KRouche- 
rolles, puis définitivement sa lerre de Thuit, là-bas tout juste, 
dans cette libre et intraitable Normandie. Il laissail à Com- 
piègne Berlin, qui ne savait si lui-même resterait ministre. Il 
est à croire que, dans son itinéraire du début, soit à l'aller, 
soit au retour, il voulut éviter Paris ; il n’en recueillit pas 
moins des huées sur son passage ; et, selon toute apparence, 
c'est précisément aux environs de Chatou, qu'il éprouva 
cette mésaventure ; on trouve ce couplet (1) dans une des 
innombrables chansons dont il fut nécessairement l'objet : 


Sur la route de Chatou 

Le peuple s’achemine 

Pour voir la foutue mine 

Du chancelier Maupeou, 

Sur la rou’, sur la rou', sur la route de Chatou. 


(1) Le chansunnier du XVII: siècle. Avant-propos. 


_— $3l — 


[IT 


DE LOUIS XV A LOUIS XVI 


Aussitôt le corps de Louis XV transporté de Versailles à 
Saint-Denis, Bertin, que son service avait retenu quelques 
jours dans la dangereuse atmosphère de l'appartement mor- 
tuaire, était venu se remettre, dans un air plus pur, à (hatou. 
Aussi bien, un ordre formel des médecins éloignait-il, pour 
un certain temps, de Choisy, où s'était à la hâte rotirée la 
Cour, les ministres en exercice qui avaient approché le feu 
Roi ; la formalité de la levée des scellés et de la lecture du 
testament, dévolue à Bertiu et à Saint-Florentin, avait été pour 
les mêmes causes renvoyée du 48 mai au 6 juin. Aux heures 
troublantes, l'abbé Bertin s'était également risqué dans ces 
parages, c'est lui qui avait mandat de tenir la carmélite Louise- 
Marie au courant de la maladie de son père. Réciproquement, 
il recevait, courrier tournant, les épanchements toujours 
exallés de sa pénitente. « O mon père, o mon père, lui écrivait- 
elle après le mieux passager, qui suivit les sacrements du 8 
mai et qui précéda la fin de quarante-huit heures, quel trans- 
port de joie vous me causez. . J'ai maintenant la plus grande 
espérance pour la vie, puisque Dieu a repris possession du 
cœur de mon pauvre père (1) ». La sainte fille touchait terre 
quelquelois et regardait encore de très près aux affaires de 
l'Etat. On ne saurait mettre en doute quele frère de son con- 
fesseur ne s'en soit bien trouvé, dans ce moment précis où 
les ministres de la veille n'étaient rien moins qu’'assurés de 
leur lendemain. | 

Or, le 3 juin, le confesseur eut à faire les honneurs du cou- 
vent de Saint-Denis à Louis XVI et à Marie-Antoinette ; quoi- 
que dans des circonstances singulièrement différentes, il y 
tint son rôle ‘aussi dignement qu'au gala splendide offert à 
Louis XV, après la prise de voile de la carmélite. Pour l’ins- 
tant, le jeune couple royal rendait une visite familière à la 
respectable tante, en même temps qu'il accomplissait son 


(1) Mes Souvenirs, par Moreau. T. I, p. 358. 


— 959 — 
premier pélerinage auprès de la dépouille du Roi défunt. Dès 
les premiers jours de leur règne, d’abord à Choisy, puis à la 
Muette, les deux époux avaient pris des façons bourgeoise- 
ment maritales, qui ravissaient leur bon peuple, et qui jusqu'à 
la Cour trouvaient des imitateurs dans plus d'un noble mé- 
page (1). Ce jour-là, l'enthousiasme populaire ne connut plus 
de bornes, lorsque le Roi se montra, donnant simplement le 
bras à la plus ravissante des reines ; les vivats éclatèrent de 
toutes parts ; une ère nouvelle semblait naître. L'abbé, tou- 
ché lui-même de ce spectacle attendrissant, en fit part à 
Moreau, qui n’a eu garde de le laisser ignorer de la postérité (2). 
Retenons que Moreau était poussé très avant dans la con- 
fiance du couple royal et qu’il était déjà, en titre, bibliothe- 
caire de Marie-Antoinette. 

Au regard de la situation du ministre, un épisode encore 
plus rassurant se déroulait, à la même heure, par cette 
belle journée de printemps, du côté de Chatou. Il nous 
fait passer sous les yeux un tableau également agréable. 
Bertin a eu l’idée, l'après-midi, d’aller faire une lournée vers 
ses cultures de Montesson. Dans cette promenade de quel- 
ques heures, des dames l’accompagnent : il faut néces- 
sairement associer à l'expédition M'#* de Creyssac et de 
Bellisie, qu'on y voit en quelque sorte personnifier l’agri- 
culture. Il y a là, selon toute apparence, d'après la mode 
du pays, une importante exploitation maraîchère ; on peut 
l’induire de ces neuf habitations de paysans, dont une 
seule en bon état, que l'inventaire de l'occupant de 1810 
a placées devant la grille du château (3). Quand Marguerite de 
Bellisle, en janvier de cette année 1774, stimulail son 
régisseur de Rossignol à la culture de la pomme de terre par 
l'exemple du grand parti qu'on en tirait « dans ce pays », elle 
parlait du pays où elle avait maintenant sa résidence. Elle 
aidant, c'est là que son frère faisait ses expériences agricoles. 


(!) Mémoires de M®e de Campan {Ollendorf, 1894), p. 4h. 

(2) Afes Souvenirs, par Moreau. T. Il, p. 12. 

(3) Catalogue imprimé touchant la succession de la marquise de Feuquières 
dressé par Pelser Berensberg, cité supra. ® E. (Arch. Moisant). 


— 253 — 


Ne la voyons-nous pas, dans la même lettre, rappeler au 
même préposé « de ne pas oublier ses scrisier au printan ? 
Jan voudré, dit-elle, de plus d'une espesse, des guins, des 
bigaros, de Marsaney, de Naples et de (mot illisible), que 
vous menvériés lors qu'il seront assez fort (1) ». Ce sunt ces 
cerises de Chatou ou de Montesson, rattachées par leur ori- 
gine au terroir périgourdin, qui plus tard firent particu- 
lièrement le régal du ministre Vergennes, et lui dictèrent ce 
préambule d'une lettre à Bertin, du 16 juillet 1783, où s'agite 
une question des plus graves sur laquelle nous reviendrons : 

J'ay reçu hier au soir, Monsieur, vos excellentes cerises, que vous 
avez eu la bonté de m'envoier ; ce sont les meilleures que j'aie mangé 
depuis bien des années, les royales surtout sont de la plus grande 
perfection ; daignés en agréer mes plus tendres et mes plus sincères 
remerciements (?). 


Mais, ne perdons pas de vue l'épisode ministériel ; et c’est 
justement Charles Gravier, comte de Vergennes, qui nous y 
ramène. Le duc d’Aiguillon venait d'être congédié des minis- 
téres de la guerre et des affaires étrangères. De Muy était 
désigné pour prendre le premier de ces portefeuilles et Ver- 
gennes le second. Bertin, lui, ne pensait qu’# conserver le 
sien, et encore n'en montrait-il pas un souci extrérne. Mais, 
qu’en pensait le Roi ou son entourage ? L’agriculteur était 
tout entier à l'agrément de sa promenade, lorsqu'un courrier 
de la Cour, arrivé sur les lieux à franc étrier, fiait par l'at- 
teindre et lui remit une lettre du Roi qui le mandait sur le 
champ à la Muette. Bertin laissa son monde, courut s'habiller 
et partit pour la résidence royale, où il attendit le Roi. Rentré 
de Saint-Denis, Louis XVI lui commanda de se tenir prêt à 
prendre l'intérim du minislère réservé à Vergennes, ce 
dernier se trouvant, quant à présent, à Stockolm, en qualité 
d’ambassadeur. Berlin était donc maintenu dans son « petit 
ministère ». Sans voir s'ouvrir devant lui les sphères domi- 
patrices du pouvoir, il recevait du nouveau Roi le témoignage 


(1) Biblioth. de Périgueux. Fonds Lapeyre. Dossier Bertin. 
(2) Biblioth. nationale. Nouvelles acquisitions françaises, vol. 6498 


(re 298 à 303). 


Mi — 

de confiance le plus encourageant. Moreau, d'autant plus 
attentif à épier et à noter ces diverses particularités qu'il 
sentait sa fortune liée à celle de Bertin, montre son pro- 
tecteur et ami se faisant tout petit, après la mort de 
Louis XV, mais il ne laisse pas de discerner un certain 
calcul dans cette attitude, et la lactique aurait eu un plein 
succés. 


Il étoit le seul, dit-il de Bertin, qui n'eût point encore demandé à 
Louis XVI à travailler pour lui; il sentoit que son département ne 
pou voit intéresser le Roi et qu'il falloit attirer l’attention sur sa per- 
sonne par la modestie et le peu d’empressement. Sa Majesté le 
remarqua, en effet, et voulut en savoir les motifs : « Sire, lui répon- 
» dit-il, j'ai cru que, dans ce moment-ci, vous aviez des affaires 
» beaucoup plus pressantes que celles dont je pourrois vous entre- 
» tenir. J'attendrai donc à Compiègne ». Satisfaite de cette réplique, 
Sa Majesté lui dit les choses les plus honnètes (1). 


L'intérim dura du à juin, date de la nomination officielle de 
Vergennes, au 21 juillet, date de son retour de Suède (2). En 
fait, dans cet intervalle, y compris même le laps d’un mois 
environ qui va de l’arrivée de Vergennes au renvoi de Terray 
et de Maupeou, Bertin, d’après Moreau, n'eut pas de travail 
en règle avec le Roi. C'est dans ce temps qu'il faut placer la 
période de son effacement volontaire, peut-être mème forcé ; 
car dans celte êre d'inévitables remaniements, nous voyons 
Moreau, à un certain moment, « les nerfs tendus de tout ce 
qu’il voyoit et entendoit » et présageant, plein d'anxiété, « le 
départ de ce ministre, qui auroit été pour lui une perte irrépa- 
rable» (3). Le ministère enfin reconstitué, à la fin d'août, Bertin 


(1) Jbid. T. I, p. 13. 

(2) « Paris, dimanche, 5 juin 1774. — M, d’Aiguillon donna sa démission, 
jeudi au soir; il n’est point encore remplacé; on a donné, en attendant, 3 
M. Bertin, le portefeuille des Affaires étrangères ». Lettres de la marquise du 
Deffand à Horace Walpole (Didot, 1864). Tome 11, p. 61. — « Paris, samedi, 
9 juillet 1774. — P. S. (le dimanche) : la Cour partira entre le 29 et le 1° du 
mois d'août pour Compiègne... M. de Vergennes arrivera le 20 ou le 22 de 
ce mois ». /bid. Moreau dit que Vergennes arriva de Stockolm le 21 
juillet 1774. (11. 25.) 

(3) Mes Souvenirs, par Moreau. T. Il, p. 35. 


— 25 — 
reprit son rang à la Cour, comme s'il n’y eût pas eu de chan- 
gement de règne. Moreau, qui avait donné au Dauphin de 
bonnes lecons d'histoire, fut noinmé historiographe du Roi; 
et plus ardemment que jamais ils se remirent ensemble à 
l'ouvrage qui leur tenait surtout à cœur. Cette heure marque 
comme un renouveau dans leurs grandes recherches d'éru- 
dition. 

Car, c'est à ce moment que Bertin lève, de concert avec Bernis, 
notre ambassadeur à Rome, toutes les difficullés susceptibles 
d’entraver les fouilles qu'il a commandées dans les archives 
du Vatican. Pour déjouer la méfiance des gardiens du trésor, 
qui pourraient craindre de livrer au gouvernement français 
les secrets de la diplomatie papale, ils font choix d’un abbé 
de Lestache, qui se dira simplement chargé d’une compi- 
lation « par une personne de l’Académie des Inscriptions et 
Belles-Lettres, occupée d'écrire l’histoire... — Je surveillerai 
son travail », dit l'ambassadeur. On conviendra de son salaire 
avec le comte de Vergennes, que Bertin est chargé de mettre 
dans son jeu (1). C'est aussi de ce mois d'août qu'est datée une 
nouvelle démarche de Bertin auprès du Général des Béné- 
dictins, auquel il rappelle sa promesse de lui envoyer un élat 
de tous les savants religieux de la Congrégation qui s’occu- 
pent de l’histoire des provinces et même de susciter des 
travailleurs. Il le prend par les devoirs de conscience. 
« Jaraais il n'y eut parmi ses membres plus de bons religieux 
que lorsqu'ils étoient presque tous savans (2) ». Il à jugé éga- 
lement à propos de faire un rapport au jeune monarque sur 
l'état des dépôts et collections formés sous sa direction; il 
Jui montre « l'utilité de rassembler pour connaitre; car il est 
nécessaire de connaître avant que d'agir. En matiere de 
gouvernement, la connaissance des faits est même d’autant 
plus importante que l’on a vu les grandes erreurs être les 
avant-coureurs de grands désordres (3) ». 


{1} Le Comité des Travauæ historiques, par X. Charmes. Documents. 
Lettre de Bcrnis à Bertin, du {10 août 1774. 

(2) Zbid. Bertin au Général des Bénédictins, du 27 août 1774. 

(3) Le rapport ne porte comme date que le millésime de 14774. 


Au moment où il inaugure cette nouvelle campagne, il est 
évidemment délivré de toute inquiétude sur le sort de son 
ministère. Au surplus, quoi qu'en ait dit Moreau, il dut 
l'être avant le dénouement dâtinitif de la crise ministérielle. Il 
semble bien, en effet, qu'il soit entré dans l'intime confiance 
de Louis XVI, dès le jour où il a reçu mission du Roi en 
personne, sous le sceau du secret absolu, verbalement et par 
écrit, de faire surveiller, à Ferney, les derniers moments de 
Voltaire, dont de vains pronostics annoncent la fin imminente, 
et apposer les scellés sur ses papiers. 

Qu'au moins, écrit-il confidentiellement aux agents chargés de l’exé- 
cution, on en distraie tout ce qui pourra concerner toutes correspon- 
dances ou écrits concernant les Princes et leurs Cours, Ministres ou 
Gouvernement, et, en particulier, la Cour et le Gouvernemsnt de 
France, comme aussi tout écrit ou manuscrit concernant la religion 
et les mœurs, même ceux d'histoire, de littérature ou de philosophie, 
dens lesquels il larde toujours du sien (1) ». 

Le trait final n’est pas d'un partisan du libre examen. Dans 
un temps où il subissait plus bénévolement l'attraction écono- 
mique des philosophes, Bertin avait fait un doigt de cour à 
Voltaire. Vollaire, de son côté, n’était pas en reste de préve- 
nances : on en a vu des preuves ; une autre, non des moins 
significatives, se rencontre sous sa plume, en 1770, dans une 
lettre où il est question d’une intervention de Bertin auprès 
du sculpteur Pigalle en vue de donner à la statue de Louis XV, 
commandée par la ville de Reims, d’autres accompagnements 
que les esclaves classiques vouts de tradition à rehausser le 
prestige du principal sujet. L'idée avait été émise en principe 
par Voltaire lui-mème, dans son Siëcle de Louis XIV. Pigalle 
l'avait communiquée à Bertin « qui, en qualité de ministre 
d'Etat, et plus encore de citoyen, la saisit avec chaleur, et 
doubla sa récompense ; ainsi, c'est à lui que nous devons 
l'abolition de cette coutume barbare de sculpter l'esclavage 
aux pieds de la royauté. Il fault espérer du moins que cette 
lâcheté insultante à la nature humaine ne reparaitra plus » (2). 


(1) Œuvres de Vollaire, édition Beuchot. T. 1, p. 417 : Pièces justificatives. 
(2) Jbid. ‘T. 66, p. 316, 


— 2957 — 


Dans ce commerce de hauts sentiments, Voltaire, très 
habile, par surcroît, à se ménager les bonnes grâces des hom- 
mes au pouvoir, se croyait en droit de compter sur celles de 
Bertin ; il n’en eut pas ce qu'il attendait. Il l'avait cependant 
hébergé aux Délices : il avait aussi eu Turgot pour hôte « dans 
la chambre des fleurs. » Bertin ne lui ayant « servi de rien », 
il se rattrapa sur Turgot. Il parvint ainsi à délivrer son pays 
de Gex de certains droits de douane. Juste à ce moment, 
Bertin redoublait de vigilance auprès du moribond recalci- 
trant. Il avait pour principal auxiliaire ou complice Hennin, 
résident français à Genève, un des familiers les plus intimes 
de Ferney, à qui Voltaire, qui ne se doutait de ricn, mais qui 
n’en faisait pas moins la nique à ses gardiens, écrivait le 
26 octobre 1774, en attendant une visile du duc d’A yen : 


Jamais Île vieux malade n'a été si malade ; il n'en peut plus. Mais 
il assure M. le résident que cela n’y fait rien. Il le mande expressé- 
ment à M le duc d’Ayen. On aura toujours un souper tel quel, et de 
boas lits. Le reste ira comme il pourra. 


Le moribond avait encore quatre ans à vivre. 


"IV 


BERTIN ENTRE MOLINISTES ET JANSÉNISTES. 
LES CHANOINES COMTES DE LYON. 


Malgré son inclination vers la doctrine de Confucius, malgre 
ses relations avec certains encyclopédistes, Bertia restait donc 
du côté des vieilles croyances. Dans le domaine du for inté- 
rieur, il passa, à juste titre, pour un intransigeant. Il semble 
bien toutefois que son fouds religieux ne fût pas sans se res- 
sentir de cet esprit de gouvernement, qui lui faisait considérer 
la foi traditionnelle comme l'appui indispensable de la mo- 
narChie. Pour lui, comme pour Montaigne, le meilleur parti 
était « celui qui maintient la religion et la police anciennes ». 
Dans cet esprit, il professait nécessairement le plus pur 
gallicanisme, comme on l'a vu dans la leçon qu'il crut devoir 
administrer à certains de nos missionnaires de Chine trop 
disposés à sacrifier l'autorité du Roi de France à la suprématie 


— 958 — 
du Saint-Siège (1). Il n’en faut pas moins reconnaitre qu'il 
tenait aussi à la tradition par esprit de famille. Sans attri- 
buer à ce fait une signification exceptionnelle, étant donné 
le nombre de ses frères et sœurs, il convient de noter qu'ils 
étaient quatre en religion, la carmélite de Bordeaux, la cis- 
tercienne de Coiroux, devenue abbesse de la Joie, au diocèse 
de Vannes, l'abbé de Brantôme et l'évêque de Vannes. 

Cet entourage spirituel était bien pour quelque chose dans 
son loyalisme religieux. Il ne fut pas même effleuré par le 
jansénisme. Soulavie, qui lui est hostile, en fait un moliniste 
avéré, à la remorque de l’archevèque Christophe de Beau- 
mont, avec les ducs de Richelieu, de Fronsac et d’Aiguillon, 
avec Maupeou et Terray (2). L'abbé Baruel, qui lui est favo- 
rable, ne s'éloigne guère de ce jugement, lorsqu'il en fait une 
exception parmi « les ministres sans foi » dont s'était entouré 


(1) Un locteur du Bulletin,trés versé dans l'histoire des Missions asiati- 
ques, m'en veut de n'avoir pas fait la distinction nécessaire entre les deux 
épisodes marquants du conflit qui divisa la mission chinoise, l'un relatif à 
l'attribution du temporel des Jésuites, après l'abolition de leur ordre par 
Clément XIV, l’autre à la compétition de juridiction épiscopale qui. peu 
après, mit aux prises le parti français et le parti portugais. J'ai dit, p. 15, 
que la querelle ne rentrait pas dans mon sujet ; j'avais simplement à faire 
ressortir l'attitude de Bertin en présence de ces dissentiments successifs, pris 
dans leur ensemble et manifestement réunis par un lien commun. Berün 
les apprécie en bloc, dans sa lettre sévère au P. de Grammont, du 2? no- 
vermbre 1787, que j'ai citée; à tort ou à raison il les embrasse, selon 88 
propre expression, « dans un tableau très raccourci. » Je n'ai fait que repro- 
duire sa pensée ; je crois comprendre que c’est elle qui a déplu à mon 
lecteur ; je sais les convenances ; je ne pouvais pourtant pas l'éliminer ni la 
truquer. Je reconnais toutefois que, dans la brève explication, qui accompa- 
gne la citation, j'ai à tort laissé échapper que l'évêché de Pékin, avant le 
portugais Damascène, était gouverné par un Français. Non, l’évêché de 
Pékin était sur la tête d'un Allemand, dont le carme Joseph de Sainte-Thé- 
rèse, Allemand lui-même, exerçail réellement les pouvoirs. Mais dans son 
étude, le P. de Rochemonteix parle de deux camps; d’un côté, les Portu- 
gais pour Mer de Silva ; de l'autre, les Français et les propagandistes pour 
l’évêque allemand. Les Français comptaient donc dans ce gouvernement 
épiscopal. Mon lapsus valait-il un erratum ? C'est fail. 

(2) Mémoires historiques et politiques, par Soulavie, t. 1. Le passage ici 
rappelé esl reproduit dans les Mémoires relatifs à la Revolution, de 
M®° de Campan, aux Eclaircissements bistoriques, t. 1, p. 336 {édit. de 131). 


— 959 — 
« Louis XV sans mœurs (1) ». De tels juges sont assurément 
sujets à caution ; mais leur accord n'en est pas moins con- 
cluant. C’est assurément sous la garantie de cette édifiante 
notoriété que le feu Roi, peu de temps avant sa mort, l'avait 
chargé de résoudre la bruyante querelle des Chanoines 
Comtes de Lyon et de leur archevêque Antoine Malvin de 
Montazet, janséniste du meilleur teint. 

A la date du 24 mars 1774, on lit dans le Journal de Maupeou 
vu plutôt contre Maupeou (2), où ne cesse de peser sur Bertin 
et sur son ministère la légende de la médiocrité : | 

M. Bertin, dont le ministère n’est pas brillant, cherche à s'étendre 
le plus qu'il peut par la confiance dont Sa Majesté l’honore. Elle l'a 
chargé de se mèler du différend élevé entre le Chapitre de Lyon et 
l’Archevêque, et de terminer cette querelle ridicule qui met la ville en 
feu. Il s'agit de modifier de vieux usages et de changement de bré- 
viaire. 

Sous cette dispute de pure forme, s’agitait une grosse ques- 
tion de principe. Le conflit datait de l'avènement du prélat, 
qui remontait à 1758. Malvezin de Montazet s'était, dès les 
premiers jours, posé, vis-à-vis de Messieurs les Comtes, en 
réformateur sévère et résolu. L'article fondamental de son 
programme, était le rétablissement de la discipline, et la pre- 
mière condition qu'il exigeait d'eux en conséquence était la 
reconnaissance de son autorité et de sa suprématie épisco- 
pales. Partant de cette prétention, il avait particulièrement 
jeté l'œil du maitre sur un bréviaire en cours de réimpression, 
par l'ordre de son prédécesseur le cardinal de Tencin, « qui 
n'était que le plus ancien bréviaire de Lyon, abrégé jusqu'à 
l'indécence ; le peu de goût et d'intelligence qui y régnait 
annonçait le temps où il avait été fail ; le missel avait à peu 
près les mêmes défauts ; le chant de l’antiphonaire ou du gra- 
duel était difficile, désagréable et rebutant (3) ». Le moment 


(4) Mémoires pour servir à l'histoire du Jacubinisme, par M. l'abbé 
Baruel (1803). T. I. 

(2) Journal historique de la Rovolution opérée dans la constitution de la 
Monarchie française, par M. de Maupeou, t. V, p. 243. 

(3) Archives départementales du Rhône. G 32-3%6. Archevêché : nouveau 
bréviaire (1769-177k). 


— 960 — 


était venu de mettre ordre à tout cela. Il fallait nécessaire- 
ment un nouveau missel qui se conciliât avec le nouveau bré- 
viaire ; il fallait aussi un chant méthodique et bien réglé, qui 
fit oublier ce chant par cœur traditionnel, si dur à l'oreille du 
distingué prélat, si commode aux chanoines dispensés de le 
déchiffrer sur des livres encombrants. Le prélat, dans l’idée 
qu'il concevait de ses pouvoirs, n'avait cure de subordonner 
ces innovations liturgiques à l'adhésion du Chapitre. Le Cha- 
pitre veillait néamnoins ; dans deux consultations, l’une du 
6 février, l’autre du 8 juin 1768, nous le voyons prendre con- 
seil de ses avocats de Paris sur l'étendue respective des droits 
de l'archevêque ct des siens en la matière ; la guerre couvait, 
marquons les dates; car elles nous aménent à la solen- 
nité où Messieurs les Comtes de Lyon vont rendre à Bertin 
l'hommage retentissant que nous leur avons vu traduire par 
la médaille commémorative de la grande journée du 27 octo- 
bre suivant (1). 

Le procès-verbal officiel qui s’y rapporte, ainsi qu'à celle 
de la veille, nous fait assister à la pose de la première pierre 
des deux bâtiments contigus que le Chapitre destinait à ses 
archives, à sa salle capitulaire, au séminaire de l’église cathé- 
drale et aux audiences de la juridiction du comté de Lyon. Ces 
constructions devaient s'étendre principalement sur les ter- 
rains du vieux séminaire, vulgairement appelé la Manécan- 
terie, dont heureusement la Révolution ne leur laissa pas le 
temps d'’absorber le côté occidental. Nous ne pouvons, en 
effet, méconpaitre que c'est gràce à elle qu’il nous est encore 
donné d'admirer ce curieux vestige de l’art primitif carolin- 
gien ; l’art du moyen âge n’était guère en faveur au dix-hui- 
tième siècle ; sans provoquer le moindre signe d'attendrisse- 
ment sur le sacrifice qu'elles commandaient, chacune des deux 


(1) Voir au présent Bulletin, Henri Bertin et sa famille, ®e partie, HI. La 
médaille est l'œuvre de Charles-Norbert Roettiers, graveur général des mon- 
nayes et chancelleries de France. Les chanoines lui commandéèrent quatre 
médailles en or, deux à l’effigie du Roi, et deux à l’effigie de Bertin. Il en fut 
tiré des exemplaires en bronze. (Numismatique de l'Académie des Sciences, 
Belles-Letires et Arts de Lyon, par lenry Morin-Pons, Lyon, Imp. Rey, 
1900.) 


— 261 — 


pierres fut donc posée en grande pompe, à vingt-quatre heu- 
res d'intervalle; l'opération en elle-même s'accomplit par 
procuration ; dans le premier cas, c’est comme représentant 
de Louis XV, premier chanoïine-comte de Lyon, qu'opéra 
Monseigneur Malvin de Montazet ; dans le second, c'est au 
nom de M. de Bertin, Ministre et Secrétaire d'Etat, Grand Tré- 
sorier Commandeur des Ordres du Roi, que le chanoine Louis- 
Joseph de Jouffroy d’Uzelles eut à manier la trucille symbo- 
lique. L'Eglise de Lyon se souvenait de la large contribution 
du Roi à l'œuvre qui sortait de terre. La plus grande part de 
ce concours revenait incontestablement à son ministre. 

L'abbé d'Uzelles, le mandataire du ministre, était un des 
meneurs de l'opposition qui commençait à se dessiner contre 
l'archevêque. Non moins disposé à la résistance était le 
doyen, Marie-Eugène de Montjouvent, abbé d'Humières et 
prieur de Peyrac en Quercy. La relation de la cérémonie les 
montre l’un et l’autre dans toute la correction et la dignité de 
leur rôle ; le doyen fait honnètement à l'archevêque, manda- 
taire du Roi, le compliment de rigueur, qu'il termine ainsi : 

Dans le choix que Sa Majesté a fait de vous, Monseigneur, pour la 
représenter dans cette cérémonie, elle n’a fait que souscrire à nos 
vœux, en vous confiant une fonction si glorieuse ; le Roi a eu moins 
d'égard à la prééminence de voire place qu’aux rares qualités qui 
vous concilient sa bienveillance et vous assurent nos hommages. 

Bornous-nous à demander encore au procès-verbal, la 
harangue adressée, le lendemain, par le même doyen au 
représentant de Bertin. Six députés du Chapitre, « au nombre 
desquels étaient deux dignilés », allèrent recevoir l'abbé 
d'Uzelles à la porte de l'église. Il entendit le compliment du 
doyen à la porte du chœur : 


Monsieur, 


L'édifice que nous entreprenons appartient, à bien des tilres, au 
respectable Ministre qui veut hien en poser les fondements. Son zèle 
pour les établissements utiles en a approuvé le projet, son goût en a 
dirigé le plan, son crédit en a facilité l'exécution, destiné à l’em- 
bellissement d'une ville, qui reconnait en lui son plus ferme appui 
auprès du Trône, entrepris pour l'utilité d'une église, qui reçoit 
sans cesse, de sa part, des gages précieux d'affection et de bonté, le 


— 962 — 

Chapitre et les citoyens doivent s’applaudir à l’envi de l'intérêt 
qu'il prend à cette construction ; ils verront avec reconnaissance 
deux monuments considérables s'élever, l'un par les bienfaits du 
meilleur des rois, l’autre sous les auspices d’un ministre constam- 
ment honoré de la confiance et de la faveur de son maître, et ils y 
liront avec complaisance deux noms faits pour rappeler la bienfaisan- 
ce, la douceur et l'humanité. | 

L'intelligence dans les affaires, la noblesse dans les sentiments, 
l’aménité dans les mœurs, étaient vos droits, Monsieur, à représenter 
ea ce jour, un ministre en qui on admire ces rares qualités. Le choix 
qu'il a fait de vous, justifie la confiance du Chapitre en vos lumières : 
et le tribut d'estime que j'ai le pluisir de vous offrir en public, au 
nom de vos confrères, est la prérogative la plus agréable de ma 
place, comme la plus douce satisfaction de mon cœur. 


Ce que ne dit pas ct ce que ne pouvait dire le compte- 
rendu (1), c'est un incident minuscule, mais caractéristique, 
qui trahit nettement, ce jour-là, les dispositions intimes de 
MM. du Chapitre envers l'Archevêque. Des places de faveur 
avaient été, selon l'usage, réservées à des personnes de 
distinction ; les chanoines s'en étaient fait les dispensateurs ; 
on n'’entrait dans l'enceinte qu'avec des billets portant leurs 
sigaatures. Le prieur de Sainte-Geneviève, qui n'avait pas 
été compris parmi les privilégiés, s'était fait inviter par le 
prélat, « avec lequel il était étroitement lié. Lorsqu'il se 
présenta, le comte d’Uzelles lui refusa la porte; il eut beau 
protester et alléguer l'invitation de M. de Montazet ; on lui 
dit que cela ne suffisait pas. « Il s’est, ajoute le chroniqueur (2), 
plaint amèrement à l’archevéché de ce qu'il appelle un tour 
d’écolier ». 

C'était le commencement des hostilités. Ce malicieux abbé 
d’Uzelles, en particulier, continue à se mettre à la traverse du 
prélat. Cinq ans se passent, et la querelle se déroule plus en 
plus vive ; toutes les tentatives d'accommodement échouent 
l'une après l’autre ; en 1733, une place d’archidiacre devient 


(1) Arch. départem. du Rhône. G Chapitre métropolitain, David 9 A. 


(2 Revue du Lyonnais, 1859 : Petite chronique lyonnaise du xvin* siècle, 
publiée par Morel de Voleine, T. XIX, p. 306. 


— 263 — 


vacante ; au grand dépit de l'archevêque, c'est l'abbé d'Uzelles 
qui est choisi. Le chroniqueur suit la marche du confit : 

M. l'abbé May alla trouver, il y a quelques jours, le comte d'Uzelles 
pour le prier d'engager le Chapitre à se concilier avec le prélat ; que, 
s’il voulait accepter le bréviaire et le missel, on cèderoit tous les 
autres articles de la contestation. Le comte d’Uzelles, persuadé que 
l’abbé May ne parloit pas sans mission, lui montra le clocher de 
Saint-Jean : « Monsieur, les cloches qui sont dans le clocher en 
» sortiront plutôt que le Chapitre de céder un pouce de terrain à 
» M. l'Archevèque ; vous pouvez le lui dire de ma part». 


C'est après avoir vainement employé comme agents de paci- 
fication, d’abord Jacques de Flaisselles, intendant de Lyon, 
devenu dans cette ville président du Conseil supérieur créé 
par Maupeou, puis le cardinal de la Roche-Aymon, arche- 
vêque de Reims, assisté de l’archevèque de Toulouse et des 
évêques de Mâcon et d'Autun, que Louis XV confia à Bertin 
l’'ingrate mission de trouver un terrain d'entente entre les 
belligérants. Tout espoir d'apaisement semblait s'être évanoui. 
Des libelles s'étaient répandus, dont on devinait les inspi- 
rateurs, où l'archevêque était accablé sous les épithètes de 
Janséniste et de quesnéliste; ces dénonciations n'étaient 
appuyées d'aucune justification précise, mais elles le ran- 
geaient dans une catégorie de croyants qui sentait la brebis 
galeuse. N’avait-il pas quelque peu prêté le flanc à la 
calomnie ? Membre de l’Académie française, lié avec des 
gens de leltres dont certains l’attiraient bon gré mal gré dans 
l'atmosphère de la liberté, « homme de bien à larges vues », il 
avait, dit un historien Iyonnais, un pied sur le terrain de la 
charité chrétienne et un autre sur le terrain de la philan- 
thropie philosophique ». Fondateur de plusieurs lits à 
l'hôpital de Lyon, il présidait un « Comité de bienfaisance en 
faveur des pauvres mères nourrices », auquel Beaumarchais 
eut la bonne pensée d'adresser mille écus avec un manuscrit 
du Mariage de Figaro, en renonçant à ses droits d'auteur sur 
les représentations projetées ; le Comité, dans une lettre de 
remerciements où il félicitait le brillant écrivain d’avoir 
sauvé l'esprit public en France, parlait avec respect de la 
mémoire de Rousseau et glissait un passage à la louange de 


— %4 — 


Voltaire (1). Les bons chanoines, quoique d’ailleurs également 
charitables, n'étaient pas de celte école. 

Voici dans quels termes Bertin fit part au prélat de la 
mission qu'il avait reçue du Roi : 

Versailles, 2 may 1713. 

M. de la Roche-Aymon, Monsieur, et MM. les Evêques que le Roy 
avoit chargés de terminer, s'il étoit possible, par la voie de la conci- 
liation, les difficultés qui subsistent entre vous et MM. les comtes de 
Lyon ayant snupplié Sa Majesté d’agréer qu'ils se départissent de 
cette médiation, elle m'a chargé de vous marquer qu'elle désire être 
informée des différens points qui sont le sujet de votre contestation ; 
vous voudrez bien en conséquence me remettre une requête en forme 
qui contienne tous les objets de difficulté qui subsistent entre vous et 
le Chapitre de Lyon, affin que j'en puisse rendre compte à Sa 
Majesté. — Je suis, etc. 

BerrTin (2). 

L'archevêque ne voulut pas brusquer les rhoses. 11 fit 
observer à Bertin qu'une requête était un commencement de 
procès. « Je voudrois bien, ajoutait-il, n’en point avoir avec 
mon Chapitre que j'aime ». Et il lui exprimait l'espoir de le 
voir incessamment et de lui rendre un compte plus détaillé 
de ses vues. Un point le préoccupait surtout, c'était l’incri- 
mination dont il était l’objet en matière de foi, des bruits 
répandus contre lui et de l'alarme qu'en avait prise le Roi. Le 
Chapitre avail formulé la généralité de ses griefs dans un 
long mémoire précédé d’une longue rubrique : Motifs qui ne 
permettent pas au Chapitre de Lyon d'adopter les nouveaux 
livres liturgiques que M. l'Archevéque se propose d'introduire 
dans son diocèse. C'était la critique de la conduite du prélat 
vis-à-vis des comtes-chanoines plutôt que celle de sa doctrine. 
Le prélat lança aussitôt sa réplique, en termes également 
généraux, revendiquant le droit personnel de publier les 
livres liturgiques au nom du bon ordre, de la discipline, de 
la hiérarchie, et reprochant au Chapitre de donner à sou 
refus des motifs qui ne touchaient pas au fond du nouveau 
bréviaire et qui, au surplus, « n'étoient pas dignes d’être 


(1) Histoire de Lyon, par Clerjon, tome VI, p. 448. 
(8) Archives départementales du Rhône. G 382-%. 


— 963 — 

discutés sérieusement ». Sa rencontre avec Bertin venait 
apparemment d'avoir lieu à Paris. Car, c'est de Paris qu'il lui 
écrivait, le 23 juin 1773 : 

Engagés le à prendre mon bréviaire. Cette première difliculté levée, 
je vous assure que vous terminerés aisément toutes les autres, el vous 
aurés la satisfaction d’avoir établi l'ordre et conservé la paix dans 
une église considérable que vous aimés. Demandés justification des 
bruits répandus contre l'orthodoxie de mon bréviaire. Si vous ne 
trouvés pus les auteurs, vous ne pourrés plus douter qu'ils ne soient 
l'ouvrage de la méchsnvelé et de l'intrigu?, et il sera alors de votre 
justice d'en rendre compte au Roy et de luy proposer les moyens les 
plus propres à les réprimer. 

La condition mise par l'archevêque à la réconciliation 

"n'avait guère de chance d’être acceptée ; trois mois s’écou- 
lèrent sans que le mandataire du Roi oblint du Chapitre un 
geste de bonne volonté. Le 13 août, l'archevêque voyaut 
l'édition de son bréviaire en passe de lui rester pour compte 
fit prendre par le bureau diocésain, sans y appeler le Chapitre, 
une délibération qui aulorisait le syndic du clergé à mandater 
les frais d'impression de l'édition réprouvée. Le 17, nouvelle 
délibération tendant à assurer l'exécution de la première. 
Mais, le 5 septembre, lettres patentes données par Louis XV 
en la Chancellerie du Palais, « mandant l'huissier utile 
assigner et inlimer, à certain et compétent jour, en sa cour 
de Parlement de Paris, ledit sieur archevêque de Lyon, les 
syndic et receveur du Clergé, pour y procéder sur lappel 
come d'abus que les chanoines interjetaient des déli- 
bérations prises par ie bureau ». L'affaire ressortissait au 
Parlement Maupeou, cher aux molinistes. 

Entre temps, laissant se vider à part cette querelle de pure 
fonne, les deux partis continuaient à échanger des expli- 
cations avec une mauvaise grâce persévérante; il était urgent 
qu’ils abordassent le fond du débat: c'est sur la doctrine 
liturgique que M. de Montazet reeut le premier assaut dans 
un mémoire intitulé : Observations du Chapitre de Lion sur Le 
nouveau bréviaire que M. l'Archevèque projette de donner (1). 


(4; Zbid. Manuscrit (minute). 


18 


— 266 — 


Cetto fois, nous touchons au point aigu du débat; le eri de 
guërre est lance; sus à l'hérétique ! 

I ne m'appartient pas d'apprécier la valcur des moyens 
respeclifs des belligerants ; je suis du reste d'autant moins 
exposé à laisser échapper une opinion déplacée sur la querelle 
que je reste n'en avoir pas; mais Il n'est bien permis de 
chercher celle de Bertin, après avoir donné une idée succincte 
de l'attaque et de la défense. C'est dans les hymnes (1) Surtout 
que le censeur croyait apercevoir une doctrine trop favorable 
au jansenisme; il citail un psaume des malines de la 
Circoncision où il lui semblait discerner quelque chose d'une 
proposition condamnée qui n'admettait pas la grâce avant 
Jésus-Christ : dans l'hvmne de matincs du mercredi, il 
trouvait « une proposilion plus révoltante encore », le” 
Seigneur v était imploré dans des termes susceptibles de 
laisser un doute sur sa volonté de nous sauver; Jésus-Christ 
n'était donc mort que pour le salut des seuls prédestines ? On 
eùt eru entendre Jansénius en personne. Deux autres 
strophes, en y regardant bien, avaient un même air d’hérésie; 
et puis une phrase importante avait été omise dans une 
légende, et enfin, deux saints, des plus dignes, il est vrai, 
mais sans aucun rapport avec le diocèse, avaient été subrep- 
ticement introduits dans le calendrier. Par quel motif 
expliquer cet honneur imprévu fait à Saint-Fulgent el Saint- 
Prosper? Simplemement « par la fausse idée qu’en veulent 
donner les novateurs en prétendant qu’ils sont favorables à 
lcurs opinions sur la grâce ». 

« Qui aurait jamais imaginé, disait l'archevêque dans sa 
réplique (2), que l'orthodoxie d’un bréviaire devint suspecte, 
parce qu'on y a inséré l'office de deux saints Docteurs que 
toute l'Eglise révére ? » Il altachait aux autres griefs la mème 
valeur qu'à celui-ci, ce n'étaient que des inductions forcées, 
nées des extrêmes préventions de l’auteur; il v flétrissait la 
morale d'un adversaire « qui, pour calomnier une action iuno- 
cenite, se permet de calomuier encore les motifs qui l'ont 


(1) Psaumes dont quelques-uns sont versiliés par Santeuil. 
(2) Arch. départ, du Rhône (minutei, G 32-36. 


— 267 — 


déterminée, surtout lorsque ces motifs lui sont inconnus ct 
qu'ils n'ont pas l'ombre d'une vraisemblance ». Le prélat 
retrouvait, dans le bréviaire de Paris, les formules dénoncées ; 
l'archevèque de Paris, Christophe de Beaumont, étail « pour- 
tant infiniment éloigné de favoriser les erreurs du temps » Et 
que lui répondait-on? qu'il v avait une grande différence 
entre tolérer une erreur dans un livre qu'on ne pourrait inter- 
dire pour lui en substituer un autre, sans occasionner de 
grands frais, et réimprimer, en l'adoptant, en pleine connais- 
sance de cause, un livre qui contient et qui favorise des 
erreurs. Quelles erreurs ? se demandait le prélat: on n'avait 
jamais vu pareille intolérance ; il n'y a dans ces matières, 
quelques discussions qu'elles puissent soulever, rien de fon- 
damental. Mais, « qu'un pasteur, qu'un thtologien annonce 
le plus pelit attachement pour la doctrine des écoles de Saint- 
Augustin et de Saint-Thomas, qu'il soit plus modéré que les 
molinistes sur l'affaire de la Constitution, il est traduit par 
cela seul pour janséniste ou pour fauteur de jansénisme. » 

Ici, Bertin dut dresser l'oreille et se demander si c'était 
à lui que s’adressait le protestataire : | 


Cette manière de penser et d'agir est contruire à toutes les règles, 
et en particulier à celles sur lesquelles repose la paix de l'Eglise et 
des Etats catholiques. Aussi n'est-elle pas celle de M. l'Archevèque 
de Lyon. Il croit être aussi attentif qu'un autre évêque à conserver 
dans son diorèse la pureté de la foi ; mais il ne confond point avec 
des erreurs proscrites des sentiments permis et autorisés, il n'exclut 
pas de sa confiance des ordres religieux et des théologiens particu- 
liers, parce qu'ils sont Thomistes et Augustiniens. Il travaille de tout 
son pouvoir à concilier la paix avec la saine doctrine etle respect dd 
à l'autorité. Et, si c'est là l’unique fondement des calomnies qu'on 
lui prodigue, comme il n’en faut pas douter, elles ne prouvent autre 
chose, si ce n’est que M. l’Archevèque de [yon gouverne son diocèse 
en prélat pacifique et éclairé et que l’auteur des Observations est un 
aveugle et un incendiaire. 


Bertin, à ce coup, agit-il par diplomatie ? ou simplement 
par loyauté ? Il détourna Île trait de ses amis les chanoines ; 
il les couvrit de sa personne, et bravement il s'aifirma comme 
l'auteur responsable des Observations. Il est bien certain que 


— 968 — 
ce travail était né sous ses yeux ou tout au moins dans son 
entourage ; il le laissa entendre ultérieurement, en écrivant 
à l’archevêque que c'était par une erreur de ses bureaux 
qu'on avait mis pour titre au factum doctrinal : Observations 
du Chapitre de Lyon. Mais il le prenait déjà sur lui dans sa 
lettre au-même, du 26 septembre 1773: 


J'ai reçu, Monsieur, le Mémoire que vous m'avez adressé, en réponse 
aux Observations que je vous ai communiquées sur quelques endroits 
du nouveau bréviaire que vous êtes dans le dessein de donner à votre 
diocèse. J'en rendray compte au Roy incessamment, mais je ne dois 
pas vous laisser dans l’opinion où vous êtes que le Mémoire que je 
vous ai communiqué est l'ouvrage de votre Chapitre. Ce corps a tou- 
jours refusé de me remettre aucun mémoire relativement à la doc- 
trine de votre bréviaire, et les députés m'ont répondu, lorsque je leur 
ai demandé s'ils avoient quelques observations à fnire à ce sujet, que 
que leur Chapitre ne croyoit pas qu'il lui tût convenable de faire 
aucune démarche qui parût tendre à censurer la doctrine de son arche- 
vêque. 

Vous devés done regarder le Mémoire que je vous ai communiqué 
el ceux que je pourrois vous communiquer par la suite sur le même 
objet comme des observations que je vous fais moi-même, afin de me 
mettre en état de répondre à celles qui m'ont été ou qui me seroient 
faites par la suile. 


Je suis parfaitement, Monsieur, etc. 
BERTIN (1). 


Ce jeu de cache-cache ne déconcerte pas l'archevêque. Il 
n'a cure de savoir si Bertin est le truchement des chanoines, 
ou S'il a parlé en son propre nom; à aucun point de vue, 
M. de Montazet n'a à s'émouvoir des griefs insoutenables pro- 
duits contre lui; la seule appréciation du Roi lui importe : et, 
sans avoir l'air d’'v toucher, il renvoie gentiment Bertin à 
son rôle de simple agent de transmission : 

Je n’ay nil dessein ni le désir, Monsieur, de faire aucun usage 
des Observatiors que vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer an 
sujet de la doctrine de mon bréviaire. Je ne crois pas non plus 
qu'aucune circonstance puisse m'y obliger jamais; et, dès lors, il me 
parail assez indifférent que je continue ou que je cesse de regarder 


(1) /bid. 


— 269 — 

MM. du Chapitre comme eu étant les auteurs. Cependant, Monsieur, 
d'apres ce que vous me faites l'honneur de me mander, je ne balance 
point à prendre Île parti qui vous est le plus agréable. Mais en partant 
de là, je vous prie aussi très instament d'assurer le :’oy que les bruits 
répandus de contre-orthodoxie de mon bréviaire n'ont ni auteur 
connu ni ombre de fondement ; je n'en ai pas moins à cœur d'appren- 
dre par vous, Monsieur, que Sa Majesté vent bien me rendre justice 
sur un point qui intéresse aussi essentielleinent le bien de mon minis- 
tère et ma réputation. Je prends mème la liberté de vous faire obser-- 
ver que l'affaire dont s’agit n'ayant point d'autre objet, c’est aussi la 
seule manière de la terminer convenablement pour l'honneur de 
l’épiscopat et pour le mien (1). 

Bertin sent bien le molinisme en échec. Il diffère son rap- 
port au Roi. Il répond, de Fontainebleau, le 14 novembre 
qu'il n’a pas perdu l'espérance de terminer la querelle par la 
voie de la conciliation ; il prend notamment pour prétexte de 
ses temporisations les fêtes du mariage du comte d’Artois : 
le moment n'en est pas moins proche où il mettra sous les 
yeux du Roiles moyens du prélat et ceux du Chapitre. « Jene 
laisserai point ignorer à Sa Majesté, dit-il en finissant, qu’elles 
doivent faire d'autant moins d'impression qu'elles ne vien- 
pent ny du Chapitre de Lyon ny même de ses députés et que 
c'est moy qui les ay fait faire. s - « Temporisations regret- 
tables, » riposte l'archevêque, par une lettre du 21 novem- 
bre. C'est Bertin qui, au mois de mai, lui a fait part des 
bruits répandus contre son orthodoxie ; ces bruits sont par- 
venus jusqu’au Roi ; Bertin à reçu mission d'en vérifier l'ori- 
gine et le mérite. Il a adressé au prélat des observations 
dont celui-ci « croit lui avoir démontré toute l'ineptie ». 
« Voilà mon affaire, ajoute-t-il, et il me semble qu'elle sera 
tout à fait terminée, lorsque vous voudrez hien me rendre 
auprés du Roi la justice qui m’est due ». 

Bertin louvoie encore. Louis XV est apparemment dans la 
même perplexité , l'archevêque voit clair dans la situation; 
il est homme de résolution ; il se décide à user de ses avan- 
lages et à frapper un grand coup; passé la huitaine, lc 
30 novembre, il lance, à la face du Roi, de Bertinet du Cha- 


(1; {bid. 


— 2710 — 


pitre, cette mémorable ordonnance de discipline (1) qui donne 
enfin aux hostilités leur vrai caractère et résout hardiment 
en sa faveur la question depuis longtemps dissimulée sous des 
discussions de forme : Qui est le maître de l'Archevêque ou 
des Chanoiïines-Comtes de Lyon ? 

À leur assemblée capitulaire du lendemain, MM. les Comtes 
s'entendirent notifier solennellement en treise articles le règle- 
meut que M. de Montazet leur imposait de sa propre aulo- 
rité. Ces nouvelles tables de la loi étaient précédées d’un long 
réquisiloire où le promoteur, M. Merle de Castillon, énumé- 
rait sévérement tous les abus qui s’élaient introduits dans le 
Chapitre de l'Eglise primatiale. Le nouveau régime prescri- 
vait aux Chanoïnes une exacte résidence ; lorsqu'ils seraient 
dans le cas de prendre des vacances, ils ne pourraient, chaque 
année, les prolonger au-delà de trois mois; s'ils voulaient 
parliciper à cette catésorie de revenus qui se percevait sous 
le noi de Distributions, ils assisteraient, chaque jour, à 
toutes les heures canoniales, notamment aux grands offices, 
savoir: matines, grand'messe et vèpres ; un pointeur surveil- 
lerait leur temps de présence ; un registre réglerait leur émolu- 
ment en conséquence. Les petites heures devaient être chan- 
tées au chœur avec la décence convenable. L'habit long étail 
obligatoire dans la ville, l'habit court était toléré en voyage et 
à la campagne, avec la mo:ilestie conforme à l'état. Pas de prié- 
res publiques extraordinaires, sans l'autorisation de l'archevé- 
que ;et, sauf cet agrément, pas d'emprunts. 

Se fisure-t-on les seize quartiers d'un comte de Lyon en 
présence de ce rappel énergique à l'humilité et à l’obéissance ? 
Le 6 décembre, M. de Montazet envova à Bertin une copie du 
réglement; mais, passant par dessus sa tête, il fit tenir au 
Roi ses explications directes par les mains du cardinal de la 
Rochc-Aymon. On ne voit pas que, dans la période à laquelle 
parait se rapporter l'extrait du Journal de Maupeou, plus haut 


(4) Biblioth. munic. de Lyon (Fonds Coste, 110 6 41. ). Ordonnance de 
Myr l'Archevèque et comte de Lrvon, primat de France, portant réglement 
pour le Chapitre de l'Eglise primatiale, sur réquisiloire du promoteur (Lyon, 
imp. Aimé de La Roche, 1778, in-4°). 


— 27 — 

cité, c'est-à-dire daus les premiers mois de 1774, antérieurs à 
la inort de Louis XV, Bertin ait continué à s’interposer offi- 
ciellement entre le Chapitre et l’'Archevêque. Mais la date du 
passage ne permet pas de douter que ses bons offices n'aient 
survécu à l'audacieux défi du prélat. Le déti, d’ailleurs, fut 
relevé par les chanoines, qui se portérent de rechei appelants 
comme d'abus contre son ordonnance, invoquant leur exeinp- 
tion de la juridiction épiscopale; cette prétention souleva à 
son tour un appel comme d’abus reconventionnel, de la part 
du prélal. Dans cette mêlée de procédures, l'action de Bertin 
s’efface ; bientôt mème, la mort du Roi le dépouille nécessai- 
rement de son mandat. Redevenu simple spectateur, il voit, 
par arrèt du 5 septembre, le Parlement de Paris, qui est encore 
le Parlement Maupeou et qui n'est certainement pas plus que 
lui tombé dans le jansénisme, donner, malgré tout, gain de 
cause au janséniste. L'arrêt décide qu'il n’y a abus dans l'Or- 
donnance de discipline rendue par lArchevèque et qu’il y a 
abus dans les Bulles invoquées par les chanoines en ce qu'on 
voudrait en induire l'exemption de la juridiction en leur faveur. 
Le procès, bien entendu, allait recommencer sur d’autres erre- 
ments; le litige, au surplus, restait en suspens sur les livres 
liturgiques ; mais M. de Montazet n'en faisait pas moins sentir 
amérement aux chanoines le prix momentané de sa victoire (1). 
Ainsi s'expliquent les embarras ct les hésitations manifestées 
par Bertin ; la cause qui avait ses préférences intimes n'était 
pas juridiquement soutenable. | 


V 
DE LOUIS XVI À LA RÉVOLUTION. — LA MORT DE BERTIN. 


Dans cette méme annee où Bertin avait vu s’éteindre son 
royal et intime protecteur, la mort de son frere Charles-Jean, 
évèque de Vannes, survenue le 23 septembre, avait encore 
augmenté le vide autour de lui. Malgré l’éloignement de leurs 


(t) Petite chronique iyunnaise, loc. cit., 9 octobre 1774. L'Archevèque avait 
écrit à M. de Sève qu'il userait avec douceur el modération de la victoire 
qu'il a remportée sur le Chapitre. MM. les Comtes ont élé piqués de ce mot 
de douceur, prétendant que ce n'était qu'avec les enfants qu'on en usait ainsi. 


— 272 — 


résidences, les deux frères se voyaient souvent à Paris, 
l’évêque y était attiré par le rôle marquant qu'il jouait, de 
son côté, dans les querelles religieuses du moment (1),il 
s'était fail une personnalité parmi les grands redresseurs de 
ja règle ; du haut au bas de l'échelle du libre examen, il ne 
faisait pas de distinction entre les ennemis; ce périgourdin 
dont l’ardeur combative fait penser à celle de son illustre 
compatriote, Christophe de Beaumont, et qui n’est pas moins 
digne de lui être comparé par ses vertus privées, avait sans 
contredit exercé une grande influence sur les idées du mi- 
nistre ; joignez-y, quoique moins décisive, celle de l’autre 
frère, l'abbé de Brantôme, dont le contact était en quelque 
sorte permanent, et vous aurez l'explication de l’insurmon- 
table répugnance de Bertin à se jeter dans le courant philo- 
sophique. L'impression de cette perte, qui l’atteignait dans 
ses plus vifs sentiments de famille, et qui, d'autre part, dimi- 
nuait ses moyens contre le parti qu'il avait particulièrement 
mission, à cette heure, de tenir en respect, ne fut pas sans 
doute étrangère aux velléités de retraite dont il fit la conf- 
dence à son ami Moreau, dans le courant de juillet 1775. À 
ces épreuves s'associait la position que lui faisait la rentrée 
de l’ancien Parlement. L'historiographe donne des motifs 
qu'on voudrail plus précis. Il a cru voir chez Bertin des si- 
gnes de lassitude et de découragement : « Si, au lieu de me 
donner de la besogne, lui dit le ministre, ils m'en ôtent, ils 
me feront plaisir ; j'aime le repos. » On sent le langage de la 
dignité froissée. La résolution n’en paraissait pas moins 
sérieusement arrêtée, et ce n'était pas de celles qui lui 
avaient mis souvent cette menace à la bouche : « Cela ne 
vous convient-il pas ? Je m'en vais. » Plantin, son valet de 
chambre, était avisé du prochain départ. Moreau, lui, en 
redoutait les suites, à son propre point de vue ; il n'avait 


‘i) Histoire du diccèse de Vannes, pur J.-M. Le Mené, chanoine de la 
cathédrale de Vannes (Vannes, imp. Lafolye, 1889.) sur C.-J. Bertin, L. LE, 
p. 208 et s. — Il fonda ou reconstitna, dès le début de son épiscopat, une de 
ces Sociéles du Saint-Sacrement mi-religieuses mi-laïques, groupements 
ocvulles d'ardents défenseurs de la foi, qui avaient donné de l'inquiétude au 
pouvoir dans le siècle précédent. 


— 273 — 


aucun bon du Roi qui le titularisât gardien du dépôt des 
Chartes ; Bertin eut soin de lui et se chargea de faire passer 
la requête à bonne adresse, sans dissimuler que, si ce 
genre de travail passait à tel ministre, il savait que le requé- 
rant aurait à en souffrir. Après reflexion, Bertin resta. Mo- 
reau eut satisfaction ; il faut dire qu’il s'était très honora- 
blement inquiété du sort des archives, en même temps que 
du sien. 

Je trouvai, dit-il, qu'il agissoit à merveille, car je m'imaginois 
que les nouveaux ouvriers pourroient si bien brouiller Îles affaires 
qu'ils en arriveroient à être chassés par la besogne, et qu’alors on 
seroit trop heureux d'avoir là un homme sage, qui auroit conservé 
sa niche avec ses principes (1). 


Celle étude, par des exemples qui nous ont paru suffisants, 
a fait voir le labeur de Bertin sous le dernier règne de 
l'ancien régime, et vraiment le marquis de Ségur, lorsqu'il 
envisage, non sans ironie, ce travailleur opiniàtre comme une 
banale utilité, habituellement employée à faire l'intérim des 
ministères en attendant le litulaire, fait trop bon marché 
des fondations inséparables de son nom, telles que ce Cabinet 
des Chartes, les Ecoles vétérinaires, les Sociétés d’Agri- 
culture, la Correspondance littéraire de Chine, les institutions 
lyonnaises, au soin desquelles nous l'avons vu appliqué, avec 
la même activité, apres et avant la mort de Louis XV. Je ne 
le trouve, en somme, commis à ce rôle de remplaçant 
qu'avant la prise de possession par Vergennes du département 
des Affaires étrangères et qu'après le renvoi de Turgot du 
Contrôle général des Finances. C’est mème lui qui fut chargé 
par Louis XVI, dont Turgot, indirectement averti, s'était obs- 
tiné à ne pas prévenir les intentions, de porter au contrôleur 
disgräcié, le 12 mai 1776, l'ordre de se démnettre de ses 
fonctions (2). Jls étaient liés économiquement, si la philo- 
sophie les séparait. Bertin a fait plus que de donner, pendant 


2 ; 


(1) Mes Souvenirs, par Moreau, Il, p. 212-13. 

(2) Œuvres de Turgot (Ed. Daire, 1814). Tome II, p. 43 et suiv. Voir 
détails de l’accomplissement du mandat, dans les Souvenirs le Moreau, tome 
l, p. 2556-56. 


— 274 — 


quelques jours, sa signature aux lieu et place de son grand 
ami ; il a travaille à la même œuvre. 

Quant à Vergennes, qui ne laissa pas de donner un cer- 
tain éclat à son ministère, Bertin fut également associé à 
ses travaux autreinent que par ce court passage dans son 
cabinet. Le ministre des Affaires étrangères recevait de 
Chatou non seulement de bonnes cerises, mais de bons 
avis, leurs esprits et leurs goûts s'accordaient à merveille ; 
lorsque nous trouvons Vergennes, en 1785, occupé, à son 
tour, à tant de pénibles arrangements au point de vue finan- 
cier, dans l'Eglise primatiale de Lyon (4), nous devinons Ber- 
tin derrière lui; ils traitent ensemble des questions inter- 
nationales de la paix et de la guerre, de l'armement; ils 
combinent certains projets : « Rappelez-vous, je vous prie, 
lui écrit Bertin, deux frazes ou circonstances de notre pro- 
jet. Je l'appelle ainsy, puisque vous y aviés autant de part que 
mov et que c'étoit votre ministère qu’il regardoit bien plus 
que (le mien mul rayé) la finance » Il s'agissait d'un préam:- 
bule à mettre en tête d'un édit fiscal qu’il fallait faire pas- 
ser, aux yeux des cours de l'Europe, « comme cela l'éloit 
en réalité, comme une affaire du ministère de la paix comme 
de lu querre, c'est-à-dire des affaires élrangères ». Le point 
visé par Bertin était, en somme, de ne pas laisser transpirer, en 
pleine guerre contre l'Angleterre, avant les traités du 3 sep- 
tembre 1783, un désir immodére de paix. Sans pénétrer plus 
avant dans la longue conversation des deux ministres sur la 
conduite à observer, revenons à la lettre des cerises, dont 
nous connaissons le début, et simplement à quelques mots 
qui suivent les remerciements de Vergennes : 


Je vous en dois de bien vifs nour la communication que vous avés 
bien voulu me faire de votre projet de préambule ; l'idée en est su- 
blime, et je ne doute pas qu'elle ne fit une impression salutaire au 
dehors et au dedans, si l'on pouvoit faire un dispositif qui répondit 


(t) Biblioth. municip. de Lyon, ‘Fonds Coste, manuscrits, 207). Lettres de 
M. le comte de Vergennes à MM. les comtes de Cluguy ct de Saint-Georges, 
chanoines de l'Eglise de Lvon, en leur envoyant le projet d’arrangement 
pour le Chapitre. Voir aussi 2.0 el 211. 


— 215 — 


à la grandeur de votre idée... Sur quoi donc assigner de nouvelles 
impositions ? (ici, quelques aperçus sur la matière imposable). 

Je regrelte que de certaines circonslances ne vous permettent pas 
de vous ouvrir aussi franchement avec M. d'Ormesson (contrôleur 
général), que son caractère honnète et loyal sembleroit vous y invi- 
ter, mais si vous aviez assez de confiance en moi pour me rendre 
votre intermédiaire ct pour me communiquer vos vues sur les im- 
positions possibles, sans surcharger le peuple qui ne l’est déjà que 
trop, votre secret servit rclisieusement gardé envers et contre tous, 
sauf une seule personne pour laquelle je ne puis el ne dois avoir 
rien de cache ! C'est le Roy, vous vconnaissés sa discrétion, ct il 
n’abuseroit certainement pas de ce que vous me permettriez de lui 
révéler. Le temps nous presse ; je craius bien qu'avant la fin de 
l'année, nuus ne soions dans le cas de prendre un parti. de n'ose 
plus compter sur la modération de certaines âmes. 

Recevés, je vous prie, l'hommage de mu vive reconnaissance el 
celui do l'attachement le plus inviolable dans lequel j'ai l'honneur 
d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. 

DE VERGENNES. 

Versailles, le 16 juillet 1783 (1). 


Cette lettre, outre son intérèt spécial, se recommande par 
sa date. Bertin n'était plus ministre à ce moment, et l’on voit 
que, malgré sa retraite, il comptait encore dans l'Etat. C'est 
l'attitude de Necker à son égard qui Pavait amené à se re- 
tirer. Necker, mis à la tête des finances en 1776, non comme 
contrôleur général, mais comme simple directeur du Trésor 
royal, devenu, l’année suivante, directeur général des finan- 
ces, sans pouvoir se faire donner le titre de ministre, dans 
ses conceptions d'économie, avait tout de suite envisagé le 
département confié à Bertin comme superflu et songé à en 
restituer les diverses branches aux autres ministeres. On 
lui à reproché d’avoir suscité au Secrétaire d'Etat des tracas- 
series pour avoir un prétexte‘ de s'en débarrasser (2). Pré- 
texte ou raison, l’une des principales causes du départ de 
Bertin paraît avoir élé l'intidélité de deux de ses fondés de 


(1) Bibliothèque nationale. Nouvelles acquisitions françaises, vol. 6498, 
fs 800. 

(2) Mémoires tirés des Archives de la Police de Paris depuis Louis XIV 
jusqu’à nos jours, par Peuchet, archiviste, en six volumes (T. 11). 1833. 


— 216 — 

pouvoirs. Moreau parle d’un procès qu'il eut avec M. Le 
Sueur, — lisez Le Seurre, — son commis, lequel avait été 
chargé, sous lui, de la manutention des revenus de la 
Dombe « et avait pris 200.000 livres (1). » Sur les malversa- 
tions de l’autre, nommé Parent, les archives de la Manufac- 
ture de Sevres nous fournissent d’amples renseignements. 
Bertin l'avait délégué à la direction de cet établissement el 
s'en était remis aveuglément à lui de la gestion administra- 
tive. Le ministre était cependant très attentif au travail de 
son personnel, et je n’en veux précisément pour exemple 
qu’uve suite d'observations bien senties qu'il adresse à Parent 
fils, dont il a fait un premier commis à la place de son pére : 
j'en extrais ce simple billet sommairement griffonné par 
Bertin lui-même sur une feuille volante; je recommande la 
source documentaire à qui serait tent: de faire une étude sur 
Bertin dans ses bureaux (2). 

En tète : M" Parent, — Tous les jours, je reçois des plaintes du 
déffaut de réponse de la part de son département. 

M. l’Intendant du Dauphiné me disoit encore aujourd'huy qu'il avoit 
écrit, envoyé des Etats, elc. elc., et ce,. sans pouvoir arracher une 
réponse. | | 

M. d'Aslorg a écrit, il y a prés de 15 jours, p' terminer l'affaire 
du prèt charita ble. 

Avous nous répondu à M' de Caumartin p" l’édit de défrichement 
de l’Artois ; on sollicite encore. — Etc., etc. 

Que M" l’arent lasse une réunion générale de lous ses dossiers dans 
la hui'aine, et fasse ou me propose les réponses qui traînent, cur on 
s’en plaint partout depuis longtemps. 

Dans une admonestalion encore plus sévère, il l'appelle 
« Son cher enfant ». Le pere, dont il avait fait un gros 
personnage, était de sa plus particulière intimité. Touchant 
légèrement aux motifs de fi retraite de Bertin, Moreau 
montre ce ministre « plus facile que tout autre à tromper, 
précisément parce qu'il étoil incapable de tromper lui-même ». 
Son directeur de Sèvres, qui élait depuis longtemps au fait de 


(L Wrs Souvenirs, par Moreau, tone 1, p. 370. 
(2) Archives départementales de la Dordogne. Série E. Histoire des 
familles, Papiers PLilippe de Bosredun. 


— 211 — 
l'administration de la fabrique par l'emploi de premier 
commis « chargé de tout le détail des affaires la concernant r», 
n'eut donc pas grand'peine à s'affranchir de la surveillance 
du maître. Il voulut faire grand ; il commença par s'affubler 
du titre d'intendant, il éleva ses frais de direction de dix 
mille à cent mille francs ; il faut reconnaître qu'il maintint 
la manufacture sur le pied de perfection industrielle ct artis- 
tique où l'avaient mise ses prédécesseurs et aussi les soins et 
les sages règlements de Bertin; il savait que sur ce point 
d'honneur l'atlention du ministre était toujours en éveil; la 
fabrication et la vente avaient pris en conséquence un magni- 
tique essor ; Sèvres atteignait, sous cette direction luxueuse, 
son maximum de commandes; un service de table en sortait, 
en 1777, à destination de l’impératrice de Russie, lequel était 
vendu 328.183 livres ; mais Berlin ne voyait pas le revers de 
la médaille, son protégé avait éloigné tous les employés 
susceptibles de lui ouvrir les yeux ; Parent s'était adjoint un 
mauvais caissier, à sa merci, et lorsqu'enfin, dans cette 
même année de gloire, des soupçons s’élevèrent et qu'il dût 
ôtre procédé à la vérification du doit et avoir, des malver- 
sations apparurent allant jusqu'au faux et jusqu'au vol. 
Incarcérés à la Bastille, Parent et son caissier furent reconnus 
solidairement redevables d’une somme de 247.000 livres. 
Necker, dès lors, se crut autorisé à s'immiscer dans les 
porcelaines. Le 24 septembre 1780,le Roi en retira la 
direction à Bertin pour la confier à d’Angivilliers, directeur 
général des bâtiments (1). Bertin, dans la prévision de cctte 
inévitable mesure, s'était, dès le mois de mai, suivant l'euphé- 
misme consolateur, fait autoriser par le Roi à donner sa 
démission de ministre el de secrétaire d'Etat. Il avait pensé 
conjurer de la sorte la disgrâce dont il se croyait menacé. Il 
en écarta tout au moins les apparences : le Roi, par lettres 
patentes du nois de novembre suivant, donna satisfaction à 
Nécker, en abolissant une fois pour toutes le Secrétariat jugé 


(1) La Manufacture de porcelaine de Sèvres par Georges Lechevalier-Che- 
vigaard, secrétaire archiviste de la Manufaciure, 1738-1876 (Paris, Renousard, 
1908, . 


— 278 — 


inulile ; maisillaissa au secrétaire d'Elat démissionnaire ses 
appointements jusqu'à la fin de l’annte ; ilfit mieux: il lui 
conserva, sans terme ni réserve, son logement à Versailles (fi. 

Le parti de Bertin était pris de faire de Chatou sa résidence 
exclusive ; il s'y installa à demeure, le 23 avril 14784. Il usa 
rarement de ses appartements de Versailles, devenus son 
simple pied à terre, il entendait si peu se maintenir dans 
l'entourage du pouvoir qu'il se démit, au mois de février 
suivant, de sa charge de Grand Trésorier des Ordres du Roi. 
Ses intentions sur ce point se révèlent du reste clairement 
dans la lettre où Vergennes, comme on vient de le voir, toul 
en recevant el en sollicitant son concours en matière polilique, 
répond visiblement à ses désirs en lui promettant de respecter 
son incognito. Il négligea cependant moins que jamais celles 
de ses entreprises inachevées que Necker avait dédaigné de 
lui ravir. Il conserva la besogne la plus compatible avec la 
villégiature qui l'attirait, et, se donnant tout entier à ses 
collections tant particulières que publiques (2) et surtout à sa 
correspondance littéraire de la Chine, investi de délégations 
en quelque sorte honoraires, il combina très dignement et 
très utilement ses propres convenances avec la continuation 
de ses services envers l'Etat. 

Dans sa fonction d'homme des champs ou plutôt de 
jardinier, — jadis on eût dit d'amateur de jardins, — un 
auxiliaire vint à lui manquer qui tenait une grande place à 
son foyer. Il vit mourir sa sœur aînée Marguerite de Bellisle 
et resta seul avec M°': de Creyssac et l'abbé Louis-Augustin. 
Malgré les travaux qui ne devaient être pour lui que 
d'agréahles et solides distractions, son ciel s’assombrit de 
plus en plus. Il eut nombre de proces, dont il a été parlé, nés 


(4) Archives nationales. O! # 124, pp. 663-664. 

(2) Les goûts livresques de Bertin, qui n'étaient pas indépendants de ses 
goûts de grand seigneur, se sont traduits par de belles reliures à ses armes 
el des ex-/ibris dont il n'était pas sans intérêt de reproduire un spécimen. 
Nous avons pu, au moins sur ce dernier point, satisfaire les amateurs, grâce 
à M. Charpentier de Belcourt dont les vieilles archives périgourdines nous 
ont procuré le dessin qui couronne si heureusement la partie iconographique 
de ce travail. Nous lui en exprimons nos remerciements. 


Comte et Fr: de PR d.: crner Bar ‘ON 
dé Perwyord, Comte de Benon, Premier Baron 
de Lauris, Ministre d'Etat Commandeur des 

Ordres du Rot. 
1766". 


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— 219 — 


généralement de sa situation en Périgord ; il fut très sensible 
à la perte de celui qui concernait la forge d’Ans. et d'un autre, 
plus troublant encore, relatif à la succession du prisonnier de 
la Bastille, qui était entin arrivé au terme de sa vie lamen- 
table, en 1779. Il dut cependant voir solutionner avec satis- 
faction une instance par lui introduite devant le Conseil 
d'Etat contre les préposés des domaines, en vue de faire 
reconnaitre les droits ou lods scigneuriaux qu'il prétendait 
percevoir, rien que du chef de feu Bertin père, dans 72 paroisses 
de sa province (1); par arrêt du 30 mai 1786, il triompha sur 
toute la ligne, s'entendant autoriser, au surplus, à faire en 
d’autres places des acquisitions de mêine nature ; cette consé- 
cration de son immense autorilé terrienne était propre à le 
ramener à ses rêves de grandeur féodale. Il était trop tard ; il 
senlail venir la Révolution. : 

Il émigra, mais ne se laissa pas entraîner dans l'affolement 
des premiers exodes. Avec son bon sens coutumier, il jugea 
clairement de la situation et pensa qu'il était plus sage de 
renoncer à de vaines illusions que de faire, comme en un 
voyage de courte durée, une fugue désordonnée vers la Bel- 
gique, où chaque année les caux de Spa l'avaient dans leur 
clientèle. « Là étaient les Laval, les Luxembourg, les Montmo- 
rency, etc. etc., dansant de toul leur cœur, pendant que l’on 
pillait et brûlait leurs châteaux en France » (2). Il prit son 
temps, régla ses affaires, liquida sa fortune territoriale, vendit 
notammment Chatou et le grand parc de Moutesson à Ms° de 
Feuquières, fit donation de son domaine de Bourdeille à son 
neveu Henry-François-Joseph Chapelle-Jumilhac, fils de sa 
sœur Anne, par acte passé le 10 mai 1791 devant Marv et 
Chavet, notaires à Paris (3), laissa à son frère l’abbé de Bran- 
tôme, qui devait bientôt le rejoindre, le soin de s'occuper de 


(1) Extrait des Registres du Conseil d'Etat, du 80 mai 1786, (à Périgueux, 
de l’imprimerie de À. Dalvy, imprimeur ordinaire du Roi, 1787). 

(2) Mémoires d'un voyageur qui se repose, contenant des anecdotes histo- 
riques, politiques et liltéraires relatives a plusieurs personnages du siècle 
(Paris, 1806, 3 vol.). Tome II. 

(3) Archives municipales de Brantôme. Registre des délibérations de la 
municipalité, 9 septembre 1792. 


— 980 — 


quelques articles de la liquidation, chargea, en toute confiance, 
un M. Du Chatenet, qui parait se rattacher à la famille de sa 
grand mère, l'épouse de Jean Bertin I, de réaliser la plus 
grande partic du restant (1;,et alla fairc posément, sans 
esprit de retour, sa cure habituelle des Pays-Bas, dans l'été de 
1791. Il se fixa ensuite à Aix-la-Chapelle, où il attendit son 
frère l’abbé et sa plus jeune sœur Marguerite de Creyssac. 
Ici, revenons à Moreau dont les Souvenirs deviennent plus 
particulièrement intéressants, je m'en voudrais de les résumer. 


Sur la liste des émigris (2) qui ne sortiront de France que dans 
l'intention d'y rentrer les armes à la main, je ne mell:ai jamais mon 
ancien ami, M. Bertin. Depuis qu’en 1780, il avait quitté le minislère, 
il n'avait eu dans sa patrie que des chagrins et des dégoûts. Il s'était 
retiré à Chatou, qu'il avait acquis du vivant de ! ouis XV. Ce prince 
lui avait voulu donner cent mille écus pour y bâtir un château ; 
M. Bertin les avait refusés : il vivait là avec sa nombreuse famille, et, 
pour son plaisir, faisait travailler à grands frais le village entier aux jar- 
dins anglais qui étaient alors son goût dominant.J’ai ététémoin decequ'il 
dépensait pour nourrir les pauvres ; il ne fit que des ingrats. Il y avait 
longtemps qu'il prévoyait les malheurs de la France; il vendit sa 
terre. Nous avions à Bruxelles ou plutôt à Anvers un ami commun, 
l'éveque de cette ville, mon confrère à l’Académie (de Bruxelles), qui, 
plus d’une fois, m'a très inutilement offert une retraite sur les bords 
de l'Escaut. M. Bertin le pria, — et c'est l'évèque qui me l’a mandé, — 
de lui chercher une terre ou dans le Brabant ou même en Hollande. 
En attendant cette acquisition, le malheureux ex-ministre s'installa 
a Aix-la-Chapelle, 

En 1791, comme j'habitais, à Versailles, son apparlement au château, 
je me fis un plaisir de le surprendre, par une lettre que je dictai, eu 
lui donnant, dans la première page, à deviner quel étuit le personnage 
qui occupait alors sa chambre, son cabinet et son beau salon. A la 
deuxième page, je lui apprenais notre projet d’élablissement pour ma 
fille, son vœu pour l’émigration et les raisons que j'avais pour ne 
permettre celte folie à quiconque m'apparlenaait. 

Ce bon M. Bertin, qui n'avait fait qu'user de la liberté naturelle de 
s’expatrier et qui avail pour jamais renoncé à la France, me répondit 


(1) Archives de la famille de Roumejoux, cilées supra. 
(2) Bertin ne figura pas sur la liste des émigrés de la Seine. Mais il n'est 
pas omis sur celles de ls Dordogne. 


— dt — 

par une lettre de quatre pages de son écriture, qui a été longtemps 
dans ces portefeuilles que je destinais au Roi et dont j'avais commencé 
à lui envoyer le eatalogue. Voici certaines phrases de cette épitre que 
je n’ai point oubliée : 

« Quaut à votre chère fille, je l'embrasse, dites lui bien que je 
suis pour vous contre elle et que, si j'étais une heure avec elle, 
» j'ajoulerais à toutes les raisons que vous lui avez exposées une 
» foule d’autres preuves que, ni elle ni vous, ne pouvez tleviner. Vous 
» étesen France parmi des tigres qui se déchirent et dont il faut 
» s'écarler et se laisser ignorer. A Coblentz, et dans ce pays-ci, 
» vous ne verriez que des papilllons qui se brâlent à la chandel- 
» le... Restez sur votre glèbe el dites : Il n’y a plus de l'rance, Il 
» vaut mieux être soumis à un nouvel ordre de choses que de venir 
» ici mourir de faim ou mendier avec des fous. Les empires, comme 
» les individus, meurent de leur belle mort, et, à la fin d'une mala- 
» die, celle des hommes peut être fort courte ; celle des empires 
» est longue, et dure souvent plusieurs siècles, Vous savez, mon 
» ami, et nous l'avons souvent répété ensemble : la France a fait son 
» temps. Tout me le prouvuit, quand je l'ai quittée ; tout me l’a 
+ démontré, depuis que j'ai vu Coblentz et Dusseldorf. Vivez en 
» famille, mais vous ne reverrez ni la Cour de Louis XIV ni celle de 
s [auis XV » (1). 

Bertin, revenu à ses eaux de Spa dans la saison suivante, y 
mourut, le 16 septembre 1792, cinq jours avant l’abolilion de 
la royauté. Deux mois après, la Belgique était annexée au 
territoire de la République. Ce n'était donc plus de l'étran- 
ger que Bertin tenait son dernier asile. Quelques ombres que 
nous ayons vu passer çà et là sur sa mémoire, honorons-la 
comme celle d’un bon citoyen qui a dignement et utilement 
servi sa patrie (2). Il méritait de reposer en terre française. 

Ge. BUSSIÈRE. 


» 


- 


(1) Mes Souvonirs, 1. II, p. 504 ets. 

(2) Pendant que je mets la dernière main a ce long travail, M. Louis Passv, 
député, secrétaire perpétuel de la Société naliopale d'Agricullure, étudie subs- 
tantiellement l'œuvre agricole de Bertin dans un mémoire dont il a lu la pre- 
mière partie à l’Académie des Sciences morales et politiques, le 20 nurs der- 
nier. Je n'ai pu tirer le profit que j'eusse desiré de cette attrayante étude, qui 
est en cours de publication dans le Bulletin de la Suciété Vatiunale, sous le 
titre, Les Sociétés d'Agriculture et Bertin, contrôleur général des finances 


19 


— 982 — 


VARIA 


DISTRIBUTION DES AIGLES D'HONNEUR A PÉRIGUEUX 
(29 VENDÉMIAIRE AN XII). 


Le dimanche %9 vendémiaire an XIIL (21 octobre 1804), les troupes 
de la garaison de Périgueux se réunirent dans l'églis2 paroissiale de 
cette ville (4), pour assister à la distribution des aigles de la légion 
d'honneur, que le général Gobert, au nom de l'Empereur, devait faire 
à tous les légionnaires civils et militaires de la 20° Division (2). Les 
corps civils et militaires, ainsi que cinquante gendarmes de la 
&° Légion (3), assistérent pareillement à la cérémonie. 

Au moment de l'Evangile, le général de division (obert prononça 
le discours suivant : 


« Messieurs, 


« Rassemblés dans cette enceinte pour recevoir le prix de l'Honneur, 
un même sentiment nous anime : la gloire et le bonheur de la Patrie 
et notre amour pour le grand homme qui nous gouverne et qui, en 


(tome LXVILI, 1909). Dans la partie déja parue, je relève celle appréciation 
exprimée d’ailleurs dans l’ouvrage de MM. Pigeonneau et de Foville (intro- 
duction) : « Pour conclure, on doit reconnaître que, dans la seconde moitié du 
xvin* siècle, l'administration de Bertin fit plus pour l’agriculture que le gouver- 
nement pendant toute la période qui s'elait écoulée depuis la mort. de 
Colbert. » Je me mets sous la protection de ce travail, comme de l'L'Joge de 
Bertin, par Gustave Heuzé 1888), plus haut cilé, pour me défendre contre 
le reproche de m'être laissé aller aux entrainements d'un patriotisme de 
clocher un peu complaisant, Bertin n'appartient pas seulement au Périgord. 

(1) Vers la même époque, des distributions d'aigles d'honneur eurent lieu 
ou avaient eu lieu à la chapelle des Invalides, à l’église Sainte-Gudule de 
Bruxelles, à la cathédrale de Besançon, à l'église métropolitaine de Gênes. 
CF, notre étude dans la Revue Hebdomaduire du 8 septembre 1904. 

La garnison de Périgueux devait comprendre, à sette époque, le 3° batail- 
lon du 26° de ligne et le 3 bataillon de la 7° demi-brigade de Vétérans en 
activité. 

(2) La 20° Division militaire, dont le commandant résidait à Périgueux, 
ülail composée des départements de la Dordogne, de la Charente, de la Cor- 
rèze, du Lot, et de Lot-et-Garonne. 

Jacques-Nicolas Gobertl, qui avait remplacé le général Souham à la tête de 
cette division Le 16 février 1804, en fut le chef jusqu’au 2 mars 1805. Né à la 
Guadeloupe en 1760, il fut tué à la bataille de Baylen en 1808. Son nom est 
inscrit au côté Ouest de l'Arc de triomphe de l'Etoile. 

(3) La * Légion, avec résidence du colonel à Périzueux, comprenait la 
Dordogne, la Corrèze le Lot-et-Garonne, et la Haute-Vienne. 


— 283 — 
-mettant un terme à nos discordes siviles, a réuni tous les cœurs vers 
lui, tous les esprits en un même faisceau, et a assuré à {ous les 
citoyens de ce vaste ompire le bonheur individuel et la liberté. 

» La paix règne dans toute la France, les arts sont dans toute leur 
splendeur, les travaux utiles sont encouragés, nos cités s'embellissent, 
et la gaité renait avec l'abondance dans nos campagnes ; et c'est à lui 
que nous devons tous les bienfaits. Dans la postérité, quand on verra 
sur nos médailles les noms de Napoléon et de Bonaparte, on ne 
croira pas que c’est le mème homme, et l'on dira comme d’'Hercule, 
ce sont les travaux de plusieurs demi-dieux qu'on «a réunis sur la 
{ête d’un héros. | | 

» Plus grand que César, il vint, il vit, et l'anarchie disparut à son 
approche. Les ennemis de l'Etat furent vaincus, l'ordre partout fut 
rétabli, la Religion fut rendue au peuple et n’eut plus à rougir et à 
craindre en allant consoler les malheureux ; ét il donna la paix au 
monde, | 

» Cette paix qu’il croyait assurée pour jamais a été troublée encore 
par d'inhumains et traîtres insulaires, les éternels ennemis de la 
France. Ils croient, les insensés | arrêter le cours de nos prospérités, 
ils exhalent dans ce moment leurs haines impuissantes à l'abri de la 
vaste mer qui nous en sépare. Mais voyez les soldats dont le cœur 
généreux s’enflamme au récit des crimes de l'Angleterre! Entendez 
le signal du départ! Nous franchirons cette barrière derrière 
laquelle ils se tapissent comme dans un lieu inexpugnable, Ils seront 
punis, et l'univers sera vengé. | 

» Légionnaires, c'est à lui que nous devons cette glorieuse institu- 
tion de la Légion d'honneur. L'aigle qu'il vous présente n'est point 
une vaine décoration semblable à ces Ordres destinés à la naissance 
ét auxquels le mérite ne pouvait presque jamais atteindre, C’est le 
prix de l'honneur, de la vertu et des services rendus à la Patrie. Le 
signe honorable qui va vous décorer atteste à tous les yeux ce que 
vous fûles et ce qu'on a droit d'attendre que vous deveniez un 
jour. Il vous impose l'obligation de former autour du trône une légion 
immortelle pour défendre les lois de votre pays, l'intégrité de son 
territoire, et eombattre par tous les moyens qui sont en notre pou- 
voir, les ennemis de l'Empire. 

» Légionnaires, vous serez toujours dignes de vous-mêmes. En 
vous rappelant par quels faits glorieux, par quels travaux utiles, vous 
avez mérité le prix de l'honneur, vous voudrez le mériter davantage. 
Vous voudrez honorer l'aigle que vous allez porter. 

.+ Soldats légionnaires, vous apparlenez désormais à une classe 


— 24 — 


distinguée dans la nation. Elle a les yeux sur vous et elle a droit de 
vous demander compte de vos actions. Méritez qu'on dise de vous ce 
que l'Histoire dit d'un de nos antiques et fameux chevaliers : « 11 fut 
toujours sans peur et sans reproche ». 

» Et vous, Français, qui brülez de la mériter, voyez par quel che- 
min l'on arrive à l'honneur. Que votre cœur e’enflamme d'’enthou- 
siasme pour la glcire ! La voilà, la palme qui vous attend. L’œæit du 
héros vous suit partout, dans tous les rangs et tous les états de la 
vie, et les belles actions ne restent plus sans récompense. 

» Honoré d'une mission flatiteuse de l'Empereur, c'est aussi un jour 
de gloire pour moi de présenter l'aigle, en son nom, à des vaillents 
guerriers, à d'habiles administrateurs et à des juges vertueux que 
Sa Majesté veut récompenser. | 

» [égionnaires, venez la recevoir. » 

Alors tous les légionnaires, ayant justifié de leur titre et de la pres- 
tation du serment, s'avançèrent pour recevoir l'accolado et l'aigle du 
général Gobert, qui avait reçu lui-même sa décoration des mains du 
général Gareau. La distribution se fil « au bruit d'une nombreuse 
musique et d'un grand concours d'assistants ». 

Il nous paraît intéressant de faire connaitre les habiles administra- 
teurs el juges vert'ieux ainsi que kes vaillants querriers appelés 
dans cette fêle à recevoir des aigles d'honneur. 


1° Légionnaires civils. 


DorDoGxE : MM. Dalby (1), président de læ Cour criminelle, et 
Lanxade (2), procureur général impérial. 

Le préfet, M. Rivet, parti l'avant-veille pour Paris, reçut l'aigle 
avant son départ. 

CHARENTE : WW. Bonnaire, prélet ; WMestreau, président de la Cour 
criminelle, et 4/allet, procureur général impérial. 


(1) Martial Dalby, né le 17 avril 1742 à Périgueux, paroisse Saint-Front, 
fils d’'Arnaud Dalby, sieur de Favard, et d'Antoinetle Noël, demoiselle du 
Poyrat. 11 avail éte successivement maire de Périgueux, administrateur du 
département de la Dordogne et membre du directaire de cette administration, 
député au Conseil des Cinq-Cents et juge au tribunal d'appel de Bordeaux. 

12} Godefroy Bondy-Gceoffre de Lanxade, né le 31 janvier 1763, au Bugue, 
lils de Léonard Bondy et de dei Marie d'Artenset. Ancien juge et commis- 
saire au tribunal de district de Périgueux, il avait été élu suppléant au tri- 
bunal de cassation, président du tribunal criminel du département, et normmé 
en messidor an VII, commissaire du gouvernement près ce dernier tribunal. 


_- 285 — 

Connëze : MM. Millet-Mureau, préfet ; Grivel, président de la Cour 
criminelle, et Bedoch, procureur général impérial. 

Ces trois aigles farent portés par l’adjudant-commandant Cappellini. 

Lor : F. Mondin, procareur général impérial soul présent. 

Le préfet, M. Baïlly, avait roçu sa croix à Paris. L'aigle fut porté 
par le général Gareau à 4. Judicis, président de la Cou: criminelle. 

LOT-ET-GaRoNNE : M. Sévin, officier de la Légion d'honneur, 
trésorier de la XI° Cohorte de la Légion d'honneur (1); Pieyre fils, 
préfet ; Mouisset, procureur impérial près la Cour d'appel; Borv, 
président de le Cour criminelle ; Marrærd de Tolsa; procureur yéné- 
ral impérial. 

M. Lacuée, président de la Cour d'appel, etait parti pour Pas: Les 
quatre aigles de simple légionnaire furent pertés par l'adjudant-eom- 
maadaut Dueomet. 


2° Légionnaires militaires. 
A. MILITAIRES EN ACTIVITÉ DE SERVICE. 

Le général de division Gober!t, les généraux de brigade Gareau et 
Sisce (celui-ci en non activité), promus commandants de la Légion 
d'honneur. 

Les adjudants-commandants Ducomet et Cappellini ; le capitaine 
Mazel, de la îi° demi-brigade de Vétérans, promus officiers de la Légion 
d'honneur. | 

Le major Delenne, l'adjudant-major Aubertin, le capitaine de gre- 
nadiers Tauriac, le capitaine Leclerc, le lieutenant Meunier, tous du 
26° de ligne ; le chef de bataillon Sirodot, du 6° d'artillerie ; le lieute- 


(1) Les départements de la Dordogne, de la Corrèze, de la Gironde, des 
Landes, du Lot et de Lot-et-Garonne, composaient le ressort de cetle cohorte 
qui avait pour chef le maréchal Moncey, pour chancelier M. Lacaée aîné, 
pour trésorier M: Xavier Sévin, et pour chef-lieu l'ancien évéché d'Agen. 

Parmi les biens appartenant alors à la Légion d'honneur dans le départe- 
ment de la Dordogne (biens d’émigrés ou partages de présuctessions) nous 
citerons : le monlin de Lageard à Marouil, les domaines de La Valade fcotm- 
muno de Saint- Romain), de la Durantic (commune de Lanouaille), du Mas 
‘commune de Saint-Priest-los-Fouzères), de Bonjournral et de la Genèbre 
æinsi que la borderie de Grandefont (communes de Quinsac et de Champa- 
gnac), les mélairies de Fontaud (commune de Saint-Privat-des-Pres), les 
dermaines de Pourade (commane d’'Agona-:), de Rougère el de Dagaux (com- 
mune de Villac, bureau de Montignac}, de Laborie (communes de Paulin et 
d’Archignac, la borderie du Ros (commune de Sarlat), et la forge des 
Eyzies.Le revenu brut, au total, devait dépasser 14.000 francs. 


— 986 — 
nant Jeanningros, du 6%, en recrutement à Montauban; le caporal 
A bhadie, du 65°, en recrutement à Figeac ; le gendarme à pied Perdu, 
de Neuvic (Corrèze) : le gendarme à cheval Crouzsaille, d'Argentat ; 
les vétérans Mège, de Cahors, Fraize, Battifoli et Irague, d'Agen, 
tous du 3° balaillon de la 7° demi-brigade, nommés membres de la 
Légion d'honneur. 

MM. Davigneau, chef de oataillon ‘lu génie, el Tapiès, .commis- 
saire des guerres, élant absents, leurs aigles de légionuaire furent 
portés à Agen par l'adjudant-commandant Cappellini. 


B. MILITAIRES RETIRÉS DANS LA 20° DIVISION. 


DonDoëxe : Bonnefond (1), ex-sergent du 46° de ligne, à Périgueux; 
Meroux (2), ex-caporal du 32° de ligne, à Villefranche-du- FFSnBONSs 
Maze (3), ex-carabinier du 14° léger. 

CHARENTE : Chabean, ex-grenadicr du 72° de ligne, à Balzac ; Lamou- 
roux, 8x-grenadier du 6* de ligne, à Angoulème. 

CorRëze : Soustras (Antoine), ex-caporal du 32° de ligne ; Jourde 
dit Bourgeoi*, ex-matelot. 

Lor : Baïllot, ex-yénéral de brigade à Gramat ; Battu, ex-chasseur 
à cheval de la Garde, à Montauban; Villiès, ex-caporal du 21° de 
ligne, à Cahors, Gagnebé, ex-invalide marin, à Souillac. 

LOT-ET-GARONNE : Avanière, ex-sergent du 59° de ligne, à Mon- 
flanquin. | 

C. LEGIONNAIRES QUI NE 8E SONT PAS PRÉSENTES. 


Dafaut, grenadier du 10° de ligne, à Las Cabanes; Lebrun, du 
1% dragons, à Libersac; Wontel (4), caporal du 3° léger, à Prigon- 


— 


(! Hervé Boanefond, né le 5 août 1773 à Sorges, fils de Jean Bonnefond, 
sieur de Saby, ét de Marie Rollin. 11 avait été promu sergent pour avoir pris 
un drapèau russe à Schaffhouse. Il élait titulaire d'un fusil d'honneur el 
ainsi légionnaire de droit. 

(2) Raymond Mayre, dit Muroux, né le 12.avril 1769 à Villefranche-du Peri- 
gord, fils de François Mayre, fournier, et d'Anne Delricu. Il avait été blesse 
dans six batailles differentes et avait perdu l'œil droil en Egypte. Il était de 
dreilt membre de la Légion d'honneur comme titulaire d’un fusil d'honneur, 

(5) Pierre Muze, né le 12 février 1775 à Saint-Léon-sur-l'Isle, fils de Jean 
et de Marie Mazeau. Il reçut un fusil d’honncur pour être parvenu Île pre- 
mier sur la rive droite dé la Traun, le pont de Wels étant coupé, on des- 
cendant et montant d'uve arche à l'autre. 

(4) Jean Montel ou Monteil, né près de Bergerac, fils de Jean et de Jeanne 
Jonoas, lilulaire d’un fusil d'honneur pour avoir contribué à l'enlèvement 
d'une pièce de canvn autrichienne à la bataille de Genola (Piémont), décédé à 
Bergerac le 3 août 14. 


2 907 — 


rieux, décédé : Courrière, canonnier de la marine (a reçu sa décora- 
tion à Rochefort) ; Petit, fusilier du 99° de ligne, à Bioussac; Houx, 
grenadier du 5° de ligne, à Sainte-Marie-de-Ré (n'est pas de la 20° 
division). 

Après la cérémonie, qui avait revêtu la plus grande pompe, les 
troupes défilèrent sur la place d'armes. 

Le général Gobert convia les autorités et tous les légionnaires 
d'honneur à un banquet de quatre-vingls couverts. Le soir, il ÿ eut 
grand cercle au quartier-général, el l’on tira un feu d'artifice. 


Joseph DuriRux. 


Deuæ planches accompagnent celle lieratson : la 1* représente le chü- 
tenu de Rossignol ; et la ?, les À rmoiries ou l'Eæ-libris de Bertin. 


Le gérant responsable, H. Erournkau. 


li 


BULLETIN 


NE LA SOCINTE 


HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE 


DU PÉRIGORD 


PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS, 


te Ce — 


TOME XXXVI — Ouarnième LivratsoN 


PÉRIGUEUX 


Imbriuente RIBES, nur Anxroine-Grapaub, 14. 


Juillet-Aonût 1904 


— 289 — 


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 


DE LA 


SOCIETÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DU PÉRIGORD 


du 27 mai 1909. 


Présidence de M. le marquis de FAYOLLE, 
président. 


La séance est ouverte à huit heures Uu soir, dans la salle 
accoutumée. 

Sont présents : MM. Charles Aublant, le chanoine Brugière, 
le lieutenant de Cardenal, Lucien Delpech, Antony Délugin, 
Dujarric-Descombes, Auguste Dumas, Jean Dupuis, le mar- 
quis de Fayolle, Féaux, René de Frémont, Gabriel Pasquet, 
Ribette et Villepelet. 

Se font excuser : MM. Elie de Biran et Emile Contaut. 

Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et adopté. 


M. LE PRÉSIDENT nous annonce la mort de notre confrère 
M. Fernand de Bellussière, qui gardait la chambre depuis 
plusieurs mois. Il était, comme l'on sait, d'un caractère doux 
et aimable. Quand il était plus jeune, il avait entrepris de 
longues recherches, avec la collaboration de M. de Saint 
Saud, dans le fonds des insinuations des Archives de la Dor- 
dogne, pour y recueillir des indications sur les principales 
familles du Périgord, en vue de travaux généalogiques. Il a 
donné, en outre, au dépôt des Archives départementales une 
vingtaine de layettes, pleines de manuscrits concernant les 
fonds d’Aydie et Chapt de Rastignac, provenant du château de 
Laxion. Il avait le dessein de laisser au même dépôt, après sa 
mort, les papiers de sa propre famille, 

Suivant une pieuse coulume, une notice scra consacrée à 
sa mémoire. 

L'assemblée exprime de sympathiques regrets. 


— 990 — 
* M. LE PRÉSIDENT nous rappelle ensuite qu'aux termes de 
l’article 8 de nos statuts, il y a lieu de procéder aujourd'hui 
au renouvellement annuel du bureau de la Société dont les 
membres sont rééligibles. Il invite les membres présents à 
venir voter immédiatement pour ne pas troubler le silence, 
quoique l’urne doive rester ouverte jusqu’à la fin de la séance 
pour les retardataires. 


Chacun apporte successivement son bulletin de vote. 


Notre bibliothèque a recu, dans le courant de ce mois, les 
ouvrages suivants : | 


Dix plaquettes in-8, Washington, government printing 
office, 1908, avec planches, qui nous ont été envoyées par 
l'Institut Smithsonien de Washinglon : 


Bron:e in south America before the arrival of Europeans, by 
Adrien de Mortillet, honorary president of the Société Pré- 
historique de France ; 

Systematic xoologqy : its progress «nd purpose, by Theodore 
Gil] ; 

The Mediterranean peoples, by Theobald Fischer, university 
of Marbursg ; 

Prehistoric Japan by d' E. Baelz, 1876-1902, proiessor im- 
perial Japanese university of Tokyo 

The origin of Egyplian civilisation by Edouard Naville ; 

The fire piston by Henry AQU curator of the Pilt-Rivers 
Museum, Oxford ; 

The origin of the Canaanile alphabet by Franz PrϾtorius ; 

Three Aramaic papyri from elephantine, Egypt, Dy prof. 
Eduard Sachau ; 

Marcelin Berthelot by Camille Matignon, professor of Mine- 
ral Chemistry at tlie Collège de France, former assistant pro- 
fessor Lo Berthelot at the Collège de France ; 

Linnaan memortal address by Edward L. Greene 4 

Annales de la Société d'Archéologie de Bruxelles, mémoires, 
rapports et documents, tome XXII, année 4908, livraisons III 
et IV,un fascicule in-8 avec de nombreuses planches, 
Bruxelles, imprimerie Vromant et C'°; 


— 291 — 

Annuaire de la Société d’ Archéologie de Bruxelles, tome XX, 
4909, in-8° ; 

Bulletin de l'Académie royale d'Archéologie de Belyique, 
1908, V, ct 1909, I, deux fascicules avec planches, in-8&, An- 
vers, imprimerie Van Hille de Backer ; 

Comptes rendus des séances de l’année 1909 de l Académie 
des Inscriptions el Belles Lellres, bulletin de février, ia-8° 
avec illustrations, Paris, librairie Alphonse Picard et fils ; 

Bulletin de la Socièélé pour la protection des paysages de 
France, 8° année, 15 avril 1909, in-8°, avec illustrations, siege 
social, rue de Grammont, 26, à Paris ; 

Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique 
de la Corrè:e, siège à Brive, tome XXXI, 1"° livraison, jan- 
vier-mars 1909, in-8° avec planches, Brive, Roche, impri- 
meur ; 

Lou Bournat, bulletin mensuel de l'Ecole félibréenne du 
Périgord, tome IV, 4° livraison, avril 1909, grand in-8°, Péri- 
gueux, imprimerie Joucla ; contenant un article de M. René 
Lavaud sur le nouveau livre de M. Anglade sur « Les Trouba- 
dours » ; et un article de M. André Vovard sur L'organtsa- 
tion des études historiques en province où il fait l'éloge de la 
Société historique et archéologique du Périgord ct du Bour- 
nat ; 

Revue de l'Agenais, bulletin de la Société d'agriculture, 
sciences et arts d'Agen, 36° année, mars-avril 1909, in-8° 
avec une planche, Agen, Imprimerie Moderne ; 

Bullelin de la Société litléraire, historique et archéologique de 
Lyon, janvier-février-mars 1909, in-8° avec un portrait el un 
plan, Lyon, au secrétariat de la Société ; 

De M. le docteur Grellety, médecin consultantà Vichy, sa 
brochure Appel au dévouement médical, in-8°, Mâcon, Protat 
frères, imprimeurs, 1909 ; 

De M. du Rieu de Mavnadier, sa brochure sur L'église Saint 
Jacques de Bergerac, avec une préface de l'abbé Goulard, in-8o, 
Bergerac, imprimerie Nogué, 1909. M. le Président fait, en 
passant, un vif éloge de cette monographie ; 

Et de notre savant confrère M. Joseph Berthelé, archiviste 
du département de l'Hérault, trois de ses publications : La 


— 292 — 


vieille chronique de Magquelone, chronicon Magalonense velus, 
nouvelle édition, accompagnée d'observations historiques et 
d'éclaircissements topographiques, in-8&, Montpellier, Impri- 
merie générale du Midi, 1908 ; — Les fontes de cloches à l'in- 
térieur des églises, à propos d’un four découvert en 1892 dans 
l'église Saint-Crépin de Château-Thierry, in-8°, Château-Thier- 
ry, Imprimerie Moderne, août 1908. L'auteur y rappelle la 
fonte de la grosse cloche de St-Etienne de la Cité, en 1535, 
dans la chapelle Sainte Anne du cimetière Saint-Pierre sous 
la Cité, et la découverte, en 1902, dans l’église de Léguillac- 
de-Lauche, d’un ancien fourneau de fondeur de cloches an- 
bulant ; — et un élégant in-4°, Montpellier en 1768 el en 1856, 
d'après deux manuscrits inédits, Montpellier, imprimerie 
Serre et Roumégous, 1909 ; extrait des Archives de la ville de 
Montpellier, Inventaires et Documents, tome IV. 
Des remerciments sont votés aux donaleurs. 


Mre Gabriel Charavay nous adresse sa Revue des Autogra- 
pes, de mai, dans laquelle figurent quelques noms périgour- 
dins : 

1° Une lettre de recommandation en faveur de la famille de 
M. de La Tullaye, écrite à M. de Sartines, de Paris, 1778, par 
le maréchal de France,J.-H. Bouchard d'Esparbès d'Aube- 
terre ; 

2 Une pièce sur vélin, signée le 13 décembre 1589 par le 
compagnon d'Henri IV, Charles de Gontaut duc de Biron, 
maréchal et grand amiral de France, décapité en 1602 ; 

3° Une pièce aussi sur vélin, de 1673, signée par Armand 
de Caumont £a Force, grand-maître de la garde robe de 
Louis XIIT, maréchal de France ; 

4° Une intéressante lettre de Martial Delpit, écrite de Lon- 
dres, le 29 juin 186, à une femme de lettres, où il parle 
de la princesse Henriette-Anne, et de lettres de Catherine de 
Médicis, d'Henri IV et du cardinal de Richelieu ; 

Et 5° une lettre, datée de Périgueux le 16 floréal an II, du 
célèbre conventionnel Gilbert Romme aux représentants du 
peuple, composant le Comité de Salut public. 


M. Louis-Eugène Leicvre, d'Etampes, de la Société des 


— 293 — 


Antiquaires de France, uous envoie en nombre une circu- 
jaire pour les amateurs ou professionnels, qui font de la pho- 
tographie archéologique et artistique. Il a entrepris de la 
facon la plus désintéressée de crécr pour l'usage des savants 
et chercheurs un répertoire artistique et archéologique, avec 
la collaboration d’un amateur parisien M. Jacques Doucet. Il 
s'occupe en mème temps de former une bibliothèque de 
renseignements sur les arts, qui sera ouverte sous certaines 
condilious aux travailleurs. Enfin, pour compléter la documen- 
tation écrite, il s'efforce de rasseinbler les images des monu- 
ments et des objets. 

Il demande qu'on lui procure, moyennant indemnité, les 
images, en épreuves photographiques, des détails des monu- 
ments, de chapiteaux et de bases de colonnes, des objels d'art 
en sculpture, ciselure, orfévrerie, peinture, verrières, tissus, à 
partir de l’époque mérovingienne jusqu'à la fin du moyen âge. 

Ceux de nos confrères, qui ont de bons clichés de monu- 
ments, pourront se metlre en rapports avec M. Lefevre. 


M. Dannery fils communique à M. LE-PRÉSIDENT une lettre 
de la Commission d'archéologie de la Sociélé des Archi- 
tectes diplômés par le Gouvernement, dont il fait partie, par 
laquelle cette Société exprime le désir d'entrer en relations 
avec nous et délègue à cet effet auprès de nous comme re- 
présentant permanent dans la Dordogne le porteur de la 
lettre. 

La Société félicite M. Dannery fils de ce bon choix et sera 
bien aise d'avoir des relations avec lui quand il y aura lieu. 


M. DE MoNTÉGUT nous annonce le prochain envoi d'un vo- 
lume ayant appartenu à Aymar de Ranconnet, portant son 
nom et de nombreuses notes de sa main. 


M. Tancrède de Visan, licencié ès lettres, mande au SECRÉ- 
TAIRE GÉNÉRAL qu'il prépare en ce moment une élude pour 
le Correspondant sur les rapports entre Malebranche et le 
marquis d’Allemans, et qu'il voudrait savoir si quelque étude, 
autre que celle de M. Duijarric,a paru en Périgord sur ce 
sujet. 


— 294 — 


Le Secrétaire général invitera M. de Visan à rechercher un 
travail de M. Blampignon paru autrefois et à s'adresser à 
M. le marquis du Lau, qui pourrait avoir encore des docu- 
ments inédits sur la question. 


M. DuJaRriG-DESCOMBES nous communique ensuite une 
belle lettre de condoléances écrite de Metz, le 9 septembre 
1744, par le marquis de Jumilhac à Jacques de Teyssière sur 
Ja mort de son fils ainé, Picrre, qui, depuis 1738, avait un 
commandement dans la première compagnie des mousque - 
taires gris. 

Gelte lettre sera publiée. 


M. AUBLANT nous communique aussi une déclaration nota- 
riée du 9 thermidor an IV, par laquelle le citoyen Elie 
Dupuch et la citoyenne Gontaut, son épouse, du lieu des 
Beaudis, commune de Mauzac, reconnaissent avoir vendu au 
citoyen Martial Pourquery-Boisserin, du lieu de Viralet, com- 
mune de Badefol, 147 jetons d'argent, portant, les uns, les 
armes de Louis-Stanislas, les autres leffigie de Louis XV ; 
14 fourchottes et 14 cuillères d'argent aux armes de la maison 
de Gontaut ; 2 gobelets d'argent ; un étui, un cachet, un cro- 
chet de montre pour Îcmme, une paire de pendants d'orcil- 
les, le tout en or ; 2 petits crochets, 2? agrafes el ? grandes 
cuillères d'argent aux armes de la maison de Gontaut ; le 
tout pese 676 livres. 

La citovenne Gontaut-Dupuch déclare que cet or et cet 
argent lui appartenaient en propre, comme lui ayant été 
donnés par son père lorsqu'elle fut recue chanoinesse au 
au chapitre de Maubeuge. 


M. Robert ViLLEPELET nous envoie quelques notes, tirées 
du dossier, conservé aux Archives nationales, du grand 
géographe de Belleyme, qui fut, dans cet établissement, chef 
du dépôt de lopographie, appelé ensuite Section topogra- 
phique el statistique, du 1% brumaire an IV, à sa mort sur- 
venue le 29 août 1819. Grâce à des pièces produites par Bel- 
leyme lui-même, notre jeune confrère a pu préciser quel- 
ques points de la biographie de notre célèbre compatriote. 


— 205 — 


Les données ainsi fournies pourraient trouver place dans le 
Bulletin. 
L'assemblée cst de cet avis. 


Pour se conformer à l’article 6 de notre réglement inté- 
rieur, notre trésorier, M. FÉAUX, demande ensuite à l’assem- 
blée générale de fixer le prix auquel seront vendus les 
exemplaires restants de l'Histoire de la ville de Périgueux et de 
ses instilulions municipales jusqu'au tlrailé de Brétigny (13860). 

L'assemblée pense que le volume pourra être mis en vente, 
à partir du mois d'août, au prix de 7 francs 50 centimes, qui 
est celui des libraires. 


À cetle occasion, M. LE PRÉSIDENT Constate une fois de plus 
le désordre qui règne dans notre bibliothèque ; il est impos- 
sible d'y faire une recherche avec succès. On comprend de 
quelle nécessité serait la nomination d'un bibliothécaire qui 
y inettrait un peu d'ordre et ferait le catalogue des livres. Il 
pense que si nous avons bientôt un beau local qu'on nous fait 
espérer, on pourra alors commencer ce travail après le démé- 
nagement. En attendant, il scra indispensable de consacrer, 
cette année, une somme assez importante à la reliure des 
ouvrages. 

L'assemblée accorde toute autorisation à cet ele£. 


Notre vice-président M. bE GÉrarD écrit au Secrétaire gé- 
néral pour le prier de nous soumettre deux vœux qu'il serait 
heureux de voir accueillir par la Société historique du Pé- 
rigord : 

« 1° Depuis sa fondation, jamais n’a paru dans le Bulletin 
de travaux sur la période révolutionnaire ou sur l’époque 
impériale. Je me suis demandé souvent pourquoi ? Les 
statuts de la Société ne s'y opposent pas, si mes souvenirs 
sont exacts ; ce ne peut donc ètre que par suite d'une pru- 
dence, que je crois excessive, si l’on a craint de blesser cer- 
taines susceptibilites. 

» Nous ne sommes plus au lendemain de celte période 
brülante, il n’y a plus d'acteurs depuis près d'un siècle, et je 
ne puis comprendre qu'on supprime ainsi une des matières 


— 996 — 


les plus riches, les plus intéressantes, sans contredit, de 
notre histoire, puisque c'est l'origine de la France contem- 
poraine. C'est vouloir, dans un but parfaitement respecta- 
ble, je le reconnais, vouer à l'oubli et peut-être à la destruc- 
tion, quantité de documents que des chercheurs, altirés par 
l'intérèt pressant de cette époque, feraient jaillir. 

« Entre nous soit dil, que voulez-vous que cela fasse à nos 
contemporains, ou même aux descendants de personnages 
mis en cause de 1789 à 1815, de savoir ou de voir publier que 
leur ascendant à émigré, ou qu'il a fait partie de l'admiuis- 
tration révolutionnaire ou impériale ; qu'un des Morand du 
Puch servait à l'armée de Condé pendant que son frère servait 
dans l’armée de la République ; que M. un tel fit sa fortune 
politique, en servant, avec une fidélité inaltérable, tous les 
gouvernements qui se sont succédé, etc. 

» Ne croyez-vous pas que les mémoires de La Chapelle ou 
de Cézac feraient bonne figure dans notre Bullelin et ceux 
du général Beaupuy leur succéderaient s'ils existent, sans 
que personne y trouvât à redire, quelles que soient les opi: 
nions divergentes des lecteurs ? 

» En pareille matière, l'auteur seul d'ailleurs est respon- 
sable de ses idées, et le comité de publication, institué en 
1907, pourrait toujours refuser son visa à tout ou partie d'un 
travail, s’il s'y trouvait, ce qui n'est pas probable, des per- 
sonnalites blessantes. 

» Voyez ce qui s'est passé pour tant de fonds des archives 
publiques. Elles ont été et sont successivement ouvertes au 
public, lorsqu'il s’est écoulé un laps de temps, jugé suffisant, 
pour leur donner un caractère d'archives historiques : 120 
ans nous séparent de 1789 ; 95 ans nous séparent de la Res- 
tauration. La Société historique ne doit pas ignorer cette 
période, qui appartient à tous ceux qu'intéresse l'histoire 
précontemporaine. 

» Ce n’est pas d’ailleurs, en mon nom seul que je fais celte 
observation. Plusieurs de nos confrères, je le sais, sont de 
cet avis, et je suis assuré que tous seraient heureux de voir 
s'élargir le cadre du Bullelin. Cette extension dans létude 
de l'histoire du Périgord s'impose à tous les points de vue. » 


— 297 — 


Après une discussion courtoise, à laquelle prennent part 
M. le Président et M. René de Frémont, la proposition de 
M. de Gérard, mise aux voix, est adoptée à la majorité. 

« 2% Voilà la seconde idée, mande-t-il au Secrétaire géné- 
ral, dont je voulais vous parler, ct qui n'est pas sans rapport 
avec la précédente. 

» Une œuvre à laquelle la Société devrait s'attacher, et qui 
serait d'autant mieux accucillie de tous, que tous pouvant v 
contribuer et y contribueraient, serait de préparer dores et 
déjà la Biographie générale du Périgord. 

» La Bibliographie périgourdine est faile. La Biographie 
oftre un intérêt aussi considérable et bien plus général. 

» Si l’une s'adresse à un petit nombre, l'autre s'adresserait 
à tous ceux qui sont Périgourdins, soit de naissance soit 
d'élection. Il suftirait de diviser le département en arrondis- 
seinents et de charger, dans chacun de ceux-ci, quelques- 
uns de nos confrércs de recueilir les éléments de ce travail, 
sauf, après examen et l'iage, s’il y a lieu, à procéder au 
texte biographique. 

» Vous connaissez sans doute le Réperloire de biographie 
brelunne, par Kerviller, en cours de publication. 

» C'est une mine de renseignements d’une richesse prodi- 
gieuse et de documents les plus inattendus. 

» J'avoue que j'envie quelque chose de semblable pour 
notre Périgord. La matière est tout aussi riche qu’en Breta- 
gnc, et ce serait un trésor que nous léguerions à nos « ne- 
veux ». Mais pour qu'un parcil travail fût vraiment ce qu'il 
doit être, il faudrait être très large et très complet, sans 
oublier bien entendu la période précontemporaine. 

» Par là je rattache ce second vœu au premier. » 


L'assemblée consultée pense que c'est un immense travail 
que propose là M. de Gérard et auquel il faudra apporter un 
sens fort judicieux. Elle le charge d’enrégimenter des colla- 
borateurs sur la surface du département. 


En quelques mots, M. LE PRÉSIDENT nous raconte l’impres- 
sion qu’il rapporte du Congres de la Société française d’Ar- 
chéologie à Avignon; il en revient fort satisfait. Il a vu 


— 298 — 


dans ses excursions de beaux et inléressants monuments ; 
mais il est surtout dans l'admiration du Palais des Papes, qui 
a été fort bien réparé et qui est le monument le plus gran- 
diose qu'on puisse imaginer. 


Apres un dernisr appel aux votants, M. LE PRÉSIDENT pro- 
once la clôlure du scrutin et procède sur-le-champ au 
dépouillement des bulletins de vote, qui donne les résullats 
suivants : 

Sont élus pour l’année 1909-1910 : 

Président, M. le marquis de Fayolle ; 

Vice-présidents : pour l'arr' de Périgueux, M. Ch. Durand ; 

— de Bergerac, M. Elie deBiran ; 

— de Nontron, M. Lespinas ; 

— de Ribérac, M. Duijarric-Des- 
coimbes ; 

— de Sarlat, M. le vicomte Gaston 
de Gérard ; 

Secréluire-général : M. Villepelet ; 

Secrétaire adjoint : M. Charles Aublant ; 

Trésorier : M. Féaux. | 

Quelques voix se sont porlces, avec une imajorite suffisante, 
sur le nom de M. Bayle pour les fonctions de bibliothécaire, 
sans avoir au préalable pressenti son acceptation. Il sera 
informé dés demain de son élection. 

M. LE PRESIDENT, se faisant l'interprète des sentiments du 
bureau tout entier, remercie l'assemblée de sa nouvelle mar- 
que d'estime et de sympathie. Le bureau continuera à faire 
tous ses efforts pour la justifier. 

La séance est levée à dix heures et demie du soir. 

Le Secretaire yenéral, Le Président, 
FE. ViILLEPELET. M'° LE F'AYOLLE. 


— 999 — 


Séance du jeudi 1* juillet 1909. 


Présidence de M. DUJARRIC-DESCOMBES 


vice-président. 


La séance est ouverte à nudi et demi dans la salle habi- 
tuelle. 

Sont présents : MM. Charles Aublant, le chanoine Brugiere, 
Dujarric-Descombhes, Jean Dupuis, Féaux, Lespinas, Henri de 
Montégut, le colonel de Montitault, le docteur Moreaud et 
Villepelet. 

M. le marquis de Favolle se fait excuser. 

Le procès-verbal de l'assemblée générale du 27 mai est lu 
et adopté. 


À l'occasion de celte lecture, M. le Président nous donne com- 
munication d'une lettre de M. Baye qui u’accente pas les 
fonctions de bibliothécaire de la Société à lui dévolues dans 
la séance du 27 mai dernier. 

« Les amis, nous écrit-il, qui ont posé ma candidature, en 
croyant sans doute m'être agréables, ne m'avaient pas con- 
sullte, sans quoi je leur aurais répondu ce que je viens vous 
dire, à savoir que mes nombreuses occupations ne me per- 
mettent pas d'accepter l'honneur que l'on me fait en m'in- 
veslissant de fonctions qui, pour être remplies sérieusement, 
réclameraient des loisirs que je n'ai pas. 

» Je reste quand même tout dévoué à notre Société. » 


Notre bibliothèque a rceu, dans le courant du mois dernier, 
les ouvrages suivants : 


Les Cathédrales de France, publiées par les soins de MM. de 
Baudot et Perrault-Dabot, fascicules 4 et 5, deux portefeuilles 
de belles héliogravures, in-folio, Paris, Charles Schmid et 
Henri Laurens, éditeurs ; 

Comptes rendus des séances de l'année 1909 de l'Académie 
des Inscriplions et Belles-Lellres, bulletin de mars, in-8, 
Paris, librairie Alphonse Picard et fils ; contenant, p. 227, une 


— 300 — 
communication de M. l'abhé Breuil sur des peintures rupes- 
tres qu'il a étudiées dans le bassin inférieur de l'Ébre, à 
Cretas (Aragon) et à Cogul (Lerida). Elles sont faites sous de 
petits abris de roches gréseuses ; au voisinage, sont de 
petites stations à silex magdaléniens ; | 

Bullelin archéologique du Comité des Travaux historiques 
et scientifiques, année 1908, 3° livraison, in-8° avec planches, 
Paris, Imprimerie nationale, Ernest Leroux, éditeur, 1909 ; 
contenant, p. GXL£, un rapport de M. le docteur Capitan sur 
unc découverte signalée par M. Féaux d'objets de bronze, de 
l’époque préhistorique, à Beaufort, commune de Saint-Front 
de Pradoux, ce qui est très rarc dans la Dordogne ; 

Bulletin du Comilé des Travaux historiques el srientifiques, 
seclion des sciences économiques et sociales, annee 1904, 
in-8°, Paris, Imprimerie nationale ; Ernest Leroux, éditeur, 
1909 ; 

Antluupologie mélrique, conseils pratiques aux missionnaires 
scientifiques sur la manière de mesurer, de photographier et 
de décrire des sujets vivants et des pièces anatomiques, par 
MM. Bertillon et le docteur Chervin, grand in-8, Paris, 
Imprimerie nationale, 1909 ; 

Comilé archéologique de Senlis, comptes rendus et mémoires, 
3° série, tome [*", année 1908, in-8° broché ; Senlis, imprimerie 
Eugène Dufresne, 1909 ; 

Congres archéologique de France, LXXIV® session, tenue à 
Avallon en 1907 par la Société française d'Archéologie, un 
gros volume broché, in-8, avec de nombreuses planches, 
Paris, Picard, libraire; Caen, Delesque, imprimeur, 1908 ; 
où, p. 419, dans les Recherches sur les aqueducs romains en 
Gaule par M. Adrien Blanchet, sont cités ceux des environs 
de Périgueux ; 

Bulletin de la Sociélé archéologique et historique de l'Orléa- 
nais, tome XV, n° 192, 3° et 4° trimestres de 1908, un fascicule 
in-8°, Orleans, librairie Marron; Paris, Lechevalier ; 

Annales de lu Société historique el archéologique du Gätinaës, 
3’ et 4° trimestres de 1908, un fascicule in-8° en feuilles, avec 
illustrations dans le texte, Fontainebleau, Maurice Bourges, 
imprimeur breveté ; 


— 301 — 


Mémoires de lu Société Eduenne,nouvelle série, tome XXX VI, 
un volume broché, in-&, avec planches, Autun, imprimerie 
Dejussicu, père et fils, 1908 ; 

La Table des volumes de XXI à XXX des Mémoires de la 
Société des Antiquaires du Centre, un fascicule in-8°, Bourges, 
Lypographic veuve Tardy-Pigelet et fils, 1908 ; 

Mémoires de la Sociélé des Antiquaires du Centre, 1907-1908, 
XXX T° volume, 1° de la 2° série, in-&° avec planches, Bourges, 
tvpographie veuve Tardy-Pigclet et fils, 1909 ; 

Bulletin de la Société « Les amis des sciences el urls » de 
Rochechouart, tome XVIF, n° 2, in-8, Rochechouart, impri- 
merie Dupanier frères, 1908 ; où, p. 85, dans son mémoire sur 
l'Anthropologie, M. Masfrand oublie de signaler la découverte 
du squelette de Raymonden, près Chancelade, faite il y a 
vingt et un aus; 

Lou Bournal, bulletin mensuel de l’Ecole félibréenne du 
Périgord, tone IV, 5e livraison, mai 1909, grand in-8°, Peri- 
gueux, imprimerie Joucla ; contenant un article de M. René 
Lavaud sur le troubadour Arnaut Daniel, de Ribérac, (1180- 
1200) ; et une courte biographie du périgourdin Sauveroche 
par M. Dujarric-Descombes ; 

Bulletin de l'Union historique et archeologique du Sud-Ouest, 
revue bibliographique d'histoire régionale, 1® année, n° 1, 
juillet 1909, in-8°, Bordeaux, deux exemplaires ; 

Comilé gü'ondin d'Art publie, bulletin, 1909, in-8°, Bordeaux, 
imprimerie Cadoret ; contenant le rapport du Secrétaire géné- 
ral, notre compatriole, M. Léonard-Chalagnac ; 

Annales du Midi, revue de la France méridionale, 21e année, 
n° 82, avril 1909, in-8°, Toulouse, librairie Edourd Privat ; où 
p. 181, dans un mémoire de M. Boissonnade sur La cerise de 
l'industrie languedocienne pendant les soixante premières 
années du xvu* siècle, il est dit qu'il fallait s'approvisionner 
de toiles communes en Poitou, en Auvergne, en Quercy, en 
Gascogne, en Périgord et en Saintonge. 

A ce propos, M. LE PRÉSIDENT nous lit un extrait dés 
Mémoires inédits de notre compatriote le docteur Poumiés de 
la Siboutie, dont une copie manuscrite est à la bibliothèque 
municipale de Périgueux et dont notre confrère M. Joseph 


— 9302 — 


Durieux a entrepris la publication. Cet éxtrait est relatif à la 
quantité de toile qui, sous l'ancien régime, existait dans les 
eillesvifamilles de toute la province de Périgord. 


« Le seul luxe de la maison consistait dans une abondance de 
linge de loule espèce, ce qui rendait nécessaire ces immenses 
armoires, placards, lingerie. Une famille d'une fortune médiocre avait 
des draps, des nappes, des serviettes par centaines, et le reste à 
l'avenant. Quoique fabriqué dans le pays avec le chanvre récolté dans 
la propriété et filé par la servante, le linge fin ou brin était d'une 
qualité excellente, d'une grande blancheur et d'un long usage. Cetle 
grande quantité de linge était rendue nécessaire par le nombre tou- 
jours considérable des membres de la famille, de domestiques, des 
allants et venants, et surtout par l'habitude de ne faire les grandes 
lessives que deux ou trois fois par an ». 


La même revue contient : un compte rendu critique par 
M. Delaruelle de la brochure de M. Barrère, avocat à la Cour 
d'appel de Bordeaux, sur Estienne de la Boëlie contre Nicolas 
Machiavel, étude sur les mobiles qui ont déterminé Estienne 
de La Boëtie à écrire le discours de la Servitude volontaire ; 
— p. 266, une notice nécrologique sur Camille Chabaneau 
par l'un de ses anciens élèves, M. Henri Teulié, bibliothécaire 
de l'Université de Rennes ; — et, p. 288, un article bibliogra- 
phique de M. Bondurand sur le tome IT, Aquitaine, du 
Recueil général des bas -reliefs de la Gaule romaine ; 

Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 28° année, 
3° série, n° 29, premier trimestre 1909, in-8°, avec une carte, 
Gap, Louis Jean et Peyrot, imprimeurs éditeurs : 

De M. Emile Rivière, deux brochures : Découverte d’un sque- 
letle humain chelléo-moustérien au Moustier de Peyzac (Dor- 
dogne), extrait du quatrième Congrès préhistorique de France, 
session de Chambérv, 1908, in-8° de 16 pages, Le Mans, impri- 
merie Monnoyer, — et Antiquilé paléolithique du squelette 
humain du Mouslier de Pey:ac (Dordogne), communication 
faite le 25 mars 1909 à la Socicté préhistorique de France 
in-8 de 4 pages, Le Mans, imprimerie Monnoyer ; 

De M. le commandant Cazalas, le n° du 1° juin 1909 d’une 
nouvelle revue feuilles d'histoire du xvn° au xx° siècle, qui 
contient son article sur les Gasconnudes franco-russes en 1812, 


— 908 — 


et un compte rendu par M. Chuquet de l'étude de M. Joseph 
Durieux, Un neveu de Fenelon. 

M. Cazalas y joint une brochure extraite du « Carnet de la 
Sabretache », Le Ballon militaire capturé à Wursbourg en 1196, 
in-8° de 15 pages, avec une planche, Paris, Lerov, éditeur, 
4909 ; 

Et de M. Henri Laffillée, architecte en chef des Monuments 
historiques, sa conférence faite à l'Ecole nationale des Beaux- 
Arts sur La Peinture murale en France avant la Renaissance, 
in-8° de 29 pages, avec planches, Paris, librairie Hatier, 1904. 

Des remerciments sont votés aux donateurs. 


M. le Président nous apprend que notre savant correspon- 
dant M. le docteur CapiTan vient d'être élu membre associé 
libre de l'Académie de médecine. 

Il uous annonce également que M. Robert VILLEPELET à 
obtenu une médaille de 500 francs, au concours des Antiquités 
nationales de l’Académie des Inscriptions el Belles-Lettres, 
pour sa thèse de docteur ès lettres publiée par la Société, 
Hisloire de la ville de Périgueux et de ses institutions muniei- 
pales jusqu'au traité de Brétigny (1360). 

L'assemblée leur envoie à tous les deux ses vives felicita- 
tions. 


M. Charles DE LOMÉNIE, élu membre titulaire dans une pré- 
cédente réunion, remercie un peu tardivement la Société en 
raison d'une grave maladie qu'il vient d'avoir. 


Puis, M, FEaux donne à l'assemblée quelques détails sur 
les fouilles que notre Président et lui viennent de faire à 
Laugerie-Haute et qui ont duré pendant près de trois semai- 
nes. Ces travaux ont été exécutés au moyen de la subvention 
de 400 francs que M. le Ministre de l'instruction publique à 
accordée dans ce but à notre Société, en janvier dernier. 

« Reprenant, nous dit M. Féaux, la tranchée ouverte en 
4 907 sur le bord du chemin qui longe les rochers de Lauge- 
rie-Haute, nous ayons praliqué au pied de cette tranchée un 
sondage de plus de 3 mètres, quinous a conduits jusqu’à 1 m. 80 
au-dessous deu niveau des hautes eaux de là Veézere ; ce son- 


— 304 — 


dage nous a permis de nous assurer, qu'en ce point tout au 
moins, il n'existe aucune trace d'industrie plus ancienne que 
le solutréen. La tranchée a ensuite été poussée en avant, par 
couches successives, jusqu'à la rencontre des éboulis com- 
blant la fouille exécutée en 1863 par M. le marquis de Vibraye, 
dans le chemin supérieur conduisant au « château de Lauge- 
rie ». Cette fouille devra, plus tard, être contournée soit à 
droite soit à gauche. 

» Un certain nombre d'objets intéressants ont été recueillis 
dans les diverses couches explorées ; ils se rapportent tous 
aux divers types de l’industrie solutréenne. Une pièce rare, 
que nous fait admirer M. Féaux, mérite une mention parti- 
culière : c'est une petite pointe de flèche bien taillée, dans un 
morceau de cristal de roche très pur, que M. de Fayolle a eu 
l’heureuse chance de rencontrer presque au dernier moment 
de la fouille. 

» Dans la partie haute de la station, un nouveau sondage a 
élé ouvert au pied de la grande falaise, dans une maison en 
ruine ; il a été poussé, entre la falaise et un grand bloc ancien- 
nement éboulé, découvert dès la début, jusqu'à une profon- 
deur de 3 », 30 ; une valerie transversale a été alors creusée 
sous ce grand blac et menée jusqu'à 5 ”. de la falaise. En ce 
point, a élé rencontrée une couche archéologique d’une épais- 
scur de 0 ®. 50, dans laquelle ont été trouvés quelques objets 
travaillés en bois de rennc et des silex taillés; celte couche 
parait appartenir au magdalénien inférieur ; mais elle n’a pu 
être explorée que sur une très faible étendue, la difficulté 
extrême du travail à exécuter n'ayant permis de la décou- 
vrir que la veille de la cessation des fouilles. 

» Quoi qu'il en soit, nous dit M. Féaux, notre persévérance 
ge trouve ainsi récompensée tant par la récolte d'objets inté- 
ressants, qui prendront place dans les vitrines du Musée, qu'au 
point de vue de l'étude de la stratigraphie de la station d 
Laugerie-Haute. | 

» M. Féaux nous apprend aussi que M. de Fayolle et lui sont 
allés visiter les importantes fouilles de M. le docteur Lalanne 
à Laussel et celles de M. Hauser à la Micoque ; à cette occasion, 
M. Hauser a gracieusement offert au Musée de Périgueux un 


nee ce = — 


cé ARS où à 


OR CR D coms 


— 305 — 


moulage du crâne et de divers ossements du squelelte 
humain qu'il a découvert au Mouslier en 1908. M. Faux se 
propose de nous donner quelques renscignements sur ce 
squelette dans une prochaine séance. » 

L'assemblée remercie M. Féaux de son intéressante com- 
munication. 


M. Joseph MaLLar écrit au Président pour le prier d'offrir 
de sa part à la Société un joli dessin à la plume d'une des 
deux cheminées de la maladrerie de Saint-Hippolvie, qui est 
aujourd’hui la propriété de notre confrère M. Louis Didon. 

« Je voudrais, dit M. Mallat, avoir le talent d'un maître et 
malgré le peu de loisirs dont je dispose, je trouverais encore 
le moyen de conserver « ad perpetuam rei memoriam » une 
quantité de « physionomies lapidaires » que ne peut point 
reproduire la photographie. 

» Elles sont bien entre toutes intéressantes les pièces que 
l’objectif ne peut saisir faute de champ ou de lumiere, puis- 
qu'elles offrent à l'artiste tous les attraits de l’inédit. 

» Revenons à mes cheminées. 

» Dans l’une des premières années de leur publication, les 
Annales archéologiques de Didron contiennent une notice de 
M. de Verneilh sur les maisons du moyen äge ct leurs che- 
minées. 

» Le savant archéologue avait trouvé dans les marches du 
Limousin et sur des empreintes de sceaux anglais des types 
de cheminées répondant aux descriplions du « Monasticon 
Gallicanum » et du « Monaslicon Anglicanuin », c’est-à-dire à 
foyers circulaires ou elliptiques. (J'écris cela de mémoire et 
par à peu prés, les documents me faisant actuellement 
défaut). 

» Or, des deux cheminées de la maladrerie d'Ecornebœuf, . 
l'une est cylindro-conique par son corps ; mais son foyer, son 
âtre est de forme rectangulaire. L'autre a un corps de forme 
trapézoïdale ; mais son foyer est une demi-ellipse. 

» Ces deux pièces d'architecture sont remarquables par la 
hardiesse de leur construction en porte à faux. 

» La hotte de l’une comme de l’autre est composée d’une 

21 


— 36 — 
série d'assises clavées dont les seules extrémités sont suppor- 
tées sur des pieds-droits ». 
L'assemblée remercie M. Mallat de ses judicieuses observa- 
tions et de son dessin qui sera remis à M. Didon, pour l'utili- 
ser dans la monographie du monument qu'il projette. 


En communiquant au Président une lettre de M. l'architecte 
en chef des Monuments historiques Laffillée, M. DanxerY 
tils, délégué permanent pour la Dordogne de la Commission 
d'archéologie de la Société des architectes diplômés par Île 
Gouvernement, précise un peu l'objet de sa mission auprès 
de nous. 

« L'envoi du Bulletin de notre Société serait facultatif; mais 
on peut espérer un échange des travaux personnels des mem- 
bres de chaque Société. 

» Les uns et les autres trouveront, quand ils auront publié 
une élude, des correspondants qui accueilleront avec recon- 
naissance leurs opuscules. 

» Le principal est qu'il s’établisse des relations entre gens 
faits pour se comprendre et se rendre des services. 

» La Société des Diplômés étudiera les questions spéciales 
que les Sociétés d'archéologie voudraient lui soumettre, 
répondra à leurs questions, fera part dans son Bulletin des 
découvertes intéressantes dont ces Sociétés pourraient lui 
faire part, de leurs excursions, etc. 

» Le délégué permanent de la Commission d’archéologie 
de la S. À. D. G., étant sur place, ne sera qu’un trait d'union, 
un intermédiaire, à la disposition de la Société iocale. 

» Déjà quelques Sociélés archéologiques ont répondu à 
l'appel que la Société des architectes diplômés par le Gou- 
vernement leur a adressé par l'organe des dits délégués : 
Société française d'Archéologie, Vieux-Montmartre, Société 
“historique d'Auteuil et Passy, Société archéologique d'Eure- 
et-Loir, etc ». 

Dans ces conditions, la Société se prétera de son mieux à 
faciliter la mission de M. Dannery fils. 


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL trouve dans un volume de la Biblio- 
theque de l'Ecole des Chartes de l'année 1890, un catalogue, 


— 307 — 


publié par M. Marcel Fournier, de la bibliothèque du Collège 
de Périgord à Toulouse en 1497. Cette étude sur les moyens 
de travail mis à la disposition des étudiants au moyen âge 
nous intéresse. L'existence de cette bibliothèque était incon- 
nue jusqu'alors ; elle a élé révélée par deux documents con- 
serves aux Archives départementales de la Haute Garonne, 
une procuration et une quittance. Il y avait à Toulouse au 
xv° siècle sept collèges qui possédaient des bibliothèques. 

Le catalogue de celle du Collège de Périgord sera reproduit 
dans le Bulletin. 


LE SECRÉTAIRE GÉNERAL Nous rappelle ensuite que M. de 
Saint-Saud avait demandé, il y a quelques années, s’il était 
possible de découvrir quelques indications sur le sieur d’Arlv, 
gentilhomme du Périgord, du xvn° siècle, qui figure sur les 
tables de la Gaïetlle de France. 

Le Secrétaire général a compulsé à cette intention la col- 
lection Lapeyre où il n'a rien trouvé, que cette mention de la 
Gaïelle de France du 7 juillet 1674 : « Il se distingua beau- 
coup dans la poursuite des Espagnols au-delà de Villefranche 
en Roussillon, et surtout à la prise d'Olette ». 


Notre érudit confrère M. Ernest LABADIE nous envoie l'in- 
téressant travail qu’il nous avait annoncé, il y a un an, ct 
qu'il intitule Notes el Documents sur quelques faïenceries du 
Périgord au xviti® siécle (Bergerac, Thivicrs, Le Bugue, Le 
Fleix). Il a joint à son inanuscrit deux planches en couleur, 
représentant deux assiettes de la fabrique de Bergerac, et 
deux plans, dont l’un est le plan du quartier de Bergerac où 
étaient situées les trois faienceries au xvin* siècle, et l’autre, 
le plan du quartier de la Gitadelle et de la faïencerie de Babut, 

L'assemblée demande la reproduction des deux fac-similés 
en couleur et des plans, et après avoir entendu lecture de 
plusieurs passages, vole la publication de ce mémoire si 
documenté. 


Notre zélé confrère M. Joseph DüuRiEux, qui ne nous oublie 
pas, veut bien nous signaler ce matin l’éloge funèbre qu’a 
prononcé M. Boutroux, le 29 mai, à l’Académie des Sciences 


— 308 — 


morales et politiques, du savant genevois M. Ernest Naville, 
éditeur des œuvres philosophiques de Maine de Biran. « Je 
mets sous les veux de nos confrères, nous écrit-il, la partie 
de cet éloge qui nous touche plus spécialement : 


« M. Naville n'a jamais séparé la philosophie de la vie de l'âme, 
dans ce qu'elle a de plus profond et personnel. De là peut-être son 
culte pour Maine de Biran, le philosophe de l'expérience intérieure. 
Or, Maine de Biran, quoiqu'il eût beaucoup écrit, n'avait presque rien 
publié. Et si Victor Cousin donna, en 1841, dix huit ans après la 
mort de Biran, quatre volumes de ses œuvres, cette pub:ivation 
demeurait fort incomplète. M. Naville publia, en 1859, en collahora- 
tion avec Marc Debrit, trois volumes d'Œuvres inédites de Maine de 
Biran, après avoir publié en 1857, un important ouvrage personnel 
sur Maine de Biran, sa vie et ses pensées ; depuis lors, grâce surtout 
à ces beaux travaux, où l'originalité de Biran était si bien dégagée 
et mise en relief, la renommée et l'influence du puissant psychologue 
n’ont fait que grandir. Aujourd'hui, non seuiement en France, mais 
en Allemagne, en Amérique, Maine de Biran est un des maîtres de la 
pensée philosophique. De très nombreuses études ont été faites sur ses 
ouvrages. (Celles de M. Naville demeurent peut-être les plus vraies, 
les plus compiletes. C'est que, comme par une affinité naturelle, il r’a 
pas séparé le philosophe de l'homme, ce qui est une condition néces- 
saire pour bien comprendre et apprécier Maine de Biran. 

» Universelle et très vive est la reconnaissance du monde philosn- 
phique, en particulier dans notre pays, pour la propagation de la pro- 
fonde, mais difficile pensée de Maine de Biran ». 


» À l’occasion du centenaire de Wagram, qui aura lieu 
dans quelques jours, continue M. Durieux, il me paraît inté- 
ressant de rappeler la part que prirent à cette victoire plu- 
sieurs compatriotes périgourdins. L'adjudant-commandant 
Pierre-Joseph de Magnac (né à Excideuil en 1763), chef d'état- 
major de la célèbre division Lasalle, fut grièvement blessé le 
6 juillet 1809 par un biscaïen, qui lui emporta la mâchoire et 
la langue ; dépouillé de son uniforme, il resta confondu avec 
les soldats à l’ambulance. Mais Oudinot, ayant appris le sort 
de son ancien aide de camp, le fit transporter le lendemain 
dans son propre logement à Vienne, au palais Lichtenslein, 
où il reçut les soins les plus dévoués. Rien ne put, d'ailleurs, 
le sauver : il mourut le 12 juillet, après d’horribles souffran- 


— 309 — 


ces. Notre brave Daiumesnil, major des chasseurs à cheval de 
la Garde, tomba blessé à la jambe gauche, étant à peine remis 
d'un coup de lance, qui lui avait percé le corps au début de la 
campagne ; amputé deux fois en quelques jours par l’illustre 
Larrey et par Lachaume, il eut le bonheur de se rétablir. 
Parmi les tués, on peut citer Jean Vigier (de Montignac), 
vélite chasseur à cheval ; Charles Caillour-dit-Pouget, capitaine 
aux grenadiers d'Oudinot, etc. L'aide de camp Jean Fayout 
(de Payzac de Lanouaille) fut atteint par deux coups de feu. 
Le sous-lieutenant Guillaume de Touchebœuf (de Saint-Sau- 
veur) eut un chéval tué sous lui. Enfin le capitaine Rosingana 
(de Montpon), ofticier du plus grand mérite, mérita d'être 
proposé pour le grade de chef de bataillon, en récompense 
des services qu'il avait rendus dans les dernières affaires. Cet 
officier servait près du général de division comte Boudet, 
natif de Bordeaux, mais domicilié à Lamonzie-Saint-Martin, 
dont la mort à Budwitz, le 14 septembre suivant, affecta vive- 
ment l'armée. » 
Honneur à tous ces braves Perigourdins! 


Il reste à procéder à l’éleclion de deux candidats qui deman- 
dent à entrer dans notre compagnie. 

Après deux votes à mains levées, M. LE PRESIDENT déclare 
admis membres titulaires de la Société historique et archéo- 
gique du Périgord : 

M. Henri Drouilh, agent-voyer en chef du département de 
la Dordogne, rue Thiers, 9, à Périgueux, présenté par 
M. Féaux et M. le marquis de Fayolle ; 

Et M. Paul Beynier, agent-voyer d’arrondisseuent, à Ber- 
gerac, présenté par M. Féaux et M. Charles Aublant. 

La séance esl levée à deux heures. 


Le Secrélairc-général, Le Présideut, 
l'erd, ViLLEPBLET. A. Dusannic-DEscouses, 


— 310 — 


NOTE SUR UN POT A CHATAIGNES EN BRONZE 


DÉCORÉ D'ORNEMENTS EN RELIEF 


Les lecteurs du Bullelin ont sans doute conservé le souvenir 
d'une marmite en bronze que son propriétaire, M. Odone, 
avocat à Ribérac, voulut bien m'autoriser à présenter à l’une 
de nos réunions où celle intrigua plusieurs de nos confrères 
par son singulier décor. Je publiai sur cette marmite dans le 
numéro d'avril 1907 un mémoire dans lequel je proposais d'y 
reconnaitre non pas un vase d’une époque reculée, mais un 
pot à châtaignes beaucoup plus moderne, et de voir dans les 
signes énigmatiques qui décorent sa panse de simples orne- 
ments dus au caprice d'un fondeur illettré plutôt que les 
caractères d’une inscription inintelligible. 

Depuis, notre confrère M. Carvès a eu l'amabilitt de me 
communiquer un pot à châtaignes qui lui appartient et qui 
est presqu'identique à celui de M. Odone. La comparaison du 
décor de ces deux marmites est surtout suggestive et con- 
firme pleinement les conclusions de mon travail, en per- 
mettant de le compléter par quelques nouvelles obser- 
vations. Je remercie M. Carvès de m'autoriser à reproduire 
ici l'excellente photographie qu'il a faite de son pot à 
châtaignes ; elle lëvera les doutes qui pouvaient subsister 
dans l'esprit de quelques personnes ct ajoutera une précieuse 
contribution au chapitre de ces modestes ustensiles de 
ménage, répandus dans presque toutes les régions, encore en 
usage dans certaines, et cependant si mal connus que des 
savants, comme M. Alexandre Bertrand, ont pu les attribuer 
au haut moyen âge, et qu'au Musée de Caen ils sont classés 
parmi les objets gallo-romains. 

La marmite de M. Carves est moins grande que celle de 
M. Odone; elle a surtout subi une déplorable mutilation qui, 
au premier abord, change complétement son aspect. Un for- 
geron, auquel M. Carves l'avail confiée pour réparer un des 
pieds, trouva plus simple de les couper tous les trois pres- 


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— 311 — 


qu'au niveau de la partie inférieure du récipient. On peut 
cependant estimer approximativement sa hauteur primilive à 
0*19 ou 0"20. Le diamètre à l'ouverture du col est de 0"14, à la 
pause de 0"18. Elle est encore munie de son anse en fer tor- 
due en spirale, et la forme du récipient, évasé à partir du col 
et aplati en-dessous, est identique à celle de la marmite de 
M. Odone ; mais ce qui l’en rapproche surtout, c'est le décor 
de la panse. Des filets en relicf, disposés deux par deux et 
trois par trois, laissent entre eux deux espaces vides, ornés 
de signes absolument semblables, comme procédé et comme 
tracé, à ceux dans lesquels M. l'abbé Mestaiez avait jadis 
tenté de reconnaître les lettres d'une inscription presque 
fabuleuse. 

Si l’on se reporte, dans la planche ci-contre, au dévelop- 
pement des deux bandes de ces signes, on remarque qu'ils 
affectent pour chaque moitié de la circonférence une forme 
particulière. A droite, ce sont des triangles, à gauche, des 
demi-circonférences; les uns et les autres divisés par des 
traits intérieurs et formant un décor continu, mais où appa- 
raît avant tout une préoccupation de symétrie. Ces orne- 
ments, d’un relief un peu affaibli par un entretien peut-être 
excessif du vase, couvrent sans interruption la bande infé- 
rieure, tandis qu'il nv en a dans la bande supérieure que 
deux, exactement placés au-dessous de chacune des agrafes 
destinées à recevoir l’anse. Ce qui complète le caractere pure- 
ment décoratif de ces signes, c'est que ceux de la ligne supé- 
rieure reproduisent exactement ceux de la ligne iniérieure, 
triangulaires d’un côté, en demi cercle de l'autre. Avec la 
meilleure volonté du monde, il est impossible de voir dans 
les signes qui se reproduisent symétriquement et dans leur 
disposition purement ornementale les caractères d’un 
alphabet quelconque, mais simplement un motif décoratif, 
mieux déterminé, il est vrai, mais tout à fait semblable à 
celui qui a été employé par le fondeur de la marmite de 
M. Odone. Je crois que l’on peut sans témérité attribuer l’une 
et l’autre à un même ouvrier, qui avait adopté pour ses pro- 
duits cette bizarre décoration. En effet, la marmite de 
M. Carvès est conservée depuis longtemps dans sa famille à 


La 


— 312 — 


Saint-Vincent-de-Bézenac, où on s'en servait, il y a peu de 
temps encore, pour faire cuire les châtaignes, et il m'a assuré 
avoir entendu dire à son père qu'elle était l'œuvre d'un fon- 
deur de Belvès. Le pot à châtaignes de M. Odone fut décou- 
vert par M. l'abbé Mestaïez, au lieu d'Archambaudie, dans la 
commune de Paleyrac qui, comme celle de Bézenac, se trouve 
dans le voisinage de Belvès. Mes recherches pour retrouver 
a Belvès la trace d’un fondeur ont été infructueuses ; cepen- 
dant le fait d’avoir découvert dans les environs de cette ville 
deux marmites semblables et décorées d’une manière si sin- 
gulière s'accorde avec les souvenirs de M. Carvès et permel 
de croire qu'il en existe peut-être d’autres dans la contrée. 

Il est à remarquer d'ailleurs que la forme des pots à chä- 
taignes en bronze, du type de ceux qui nous occupent, s’est 
conservée dans cette région jusqu’à nos jours pour des mar- 
mites en fonte de très grandes dimensions. J’en ai vu récem- 
ment deux qui servaient, paraît-il, à garder l'huile de noix, 
l'une dans la commune des Eyzies, l'autre dans celle de Ma- 
naurie. La forme évasée du goulot, celle de la panse décorée 
de filets en relief, le prolil des pieds et des agraîes des anses, 
sont absolument semblables à ceux des pots à châtaignes, et 
sur une photographie on les distinguerait difficilement, quoi- 
que leur hauteur atteigne 0"33 et leur diamètre à l'ouverture 
0"28. Ces marmites qui pèsent 50 kil. au moins se vendaient 
14 fr., il v a seulement quelques années ; il est donc prudent, 
en présence de la survivance d'une forme de vases déjà 
connus au xvi° siècle, de ne pas reculer outre mesure la date 
de ceux qui se rencontrent dans les collections. 

M. Roger Drouault a traité la question des pots à chà- 
taignes, avec son häbituclle érudition, dans une communi- 
cation au Comité des Travaux historiques et scientifiques. 
D'après ses observations, la forme des deux marmites qui 
nous occupent est spécialement adoptée en Périgord et en 
Limousin, tandis que plus au nord, elles sont globulaires, cc 
qui confirme leur fabrication indigène. Il ajoute que si ces 
objets élaient fabriqués par des ouvriers spéciaux, poëliers, 
dinandiers, quelques-uns sortaient aussi du creuset des fon- 
deurs de cloches, qui utilisaient ainsi le trop plein de leurs 


— 313 — 


fourneaux. Ayant eu l'occasion de photographier en Vendée 
une petite marmile de forme globulaire, suivant le type 
adopté dans la contrée, j'ai appris qu'elle avait èté offerte par 
le fondeur à la marraine de l’une des cloches que lon fit 
faire à la Chätaigneraie, au rétablissement du culte, pour. 
remplacer celles qui avaient élé enlevées pendant la Révo- 
lution. [l paraît que lorsqu'on fait fondre en Vendée une clo- 
che, l'usage est que le fondeur offre à la marraine une petite 
marmite, fabriquée avec une partie du métal de la cloche. 
j'ignore si cet usage existait ailleurs ;, il permet de constater 
que la petite marmite, offerte au commencement du xix° siè- 
cle par un fondeur de cloches, ne diffère en rien de ce qu'elle 
aurait été à une époque beaucoup plus reculée. Si les mar- 
miles de MM. Carvès et Odone avaient eu la mème origine, il 
est probable qu'au lieu de signes grossiers, elles eussent élé 
décorées avec les moules employés pour des inscriptions cam- 
panaires ; ainsi rien n'empêche de les attribuer à un fondeur 
illetiré, fixé à Belvès à une époque assez peu éloignée de 
nous pour que son souvenir ne soil pas perdu. 


LE CADRAN SOLAIRE DU CHATEAU DE LA REILLE. 


Le très intéressant cadran solaire, dont je dois à l’amabilité 
de notre confrère M. d’'Escatha de reproduire ici deux aspects 
différents, provient de l'ancien château de Pragelier, dans la 
commune de Tourtoirac. Pragelier ct Rozier sont deux terres 
voisines l’une de l'autre, qui appartenaient, au moins depuis le 
début du xvun* siècle, à la famille Souffron, originaire de 
St-Raphaël. Une inscription gravée sur le cadran « J'appar- 
tiens à M. Rogier » indique qu'il a été fait pour un membre de 
cette famille, probablement pour Georges de Souffron, qui, 
dans deux quittances de 1735 et de 1739, se qualifie lieutenant au 
Régiment du Roi et seigneur de Pragelier et de la Tour de 
Rozié. Héritier des Soultron, M. d’Escatha n'a pas voulu aban- 
donner aux hasards d’un lieu inhabité le cadran solaire de 


— 314 — 


Pragelier, et il lui a rendu au château de la Reille la place 
d'honueur qu'il occupait jadis dans le parterre du vieux logis. 

Les cadrans solaires sont des surfaces divisées de telle facon 
que le soleil projette toujours aux mêmes heures sur ces divi- 
sions l'ombre d'un style qui marque ainsi l'heure réelle du 
lieu où ils se trouvent. Ils remontent à une haute antiquité ; 
les Egypliens, les Chaldéens, les Hébreux les ont connus; les 
Romains en ont fait usage dès l'an 293 avant J.-C. et ils en 
placèrent sur la plupart de leurs monuments publics. Au 
moven âge, les monastères, les églises, les édifices munici- 
paux possédaient des cadrans solaires. On voit encore à Paris 
celui que Charles V fit tracer et richement enluminer sur 
l'une des tours du Palais par Pierre de Wyck. Ils jouerent, 
dans la décoration des jardins, un rôle important à partir du 
x vi° siècle, et de nombreux ouvrages ont été écrits surtout au 
xvin* siècle sur l’art de les construire qui porte le nom 
de gnomonique. Les cadrans solaires peuvent en effet être ver- 
ticaux ou horizontaux ; les premiers destinés à être vus de 
Join sont généralement tracés sur des surfaces murales de 
srandes dimensions; les seconds, de dimensions beaucoup 
plus réduites, sont gravés sur une tablette de pierre ou de 
métal porté par un pied parfois très élégant. 

Le cadran solaire de la Reille, destiné à orner un jardin, est 
tracé sur une plaque de plomb octogonale de 0,55 de long sur 
0,49 de large, encastrée dans la table d'un support en pierre, 
avant la forme des balusires du xvn° et du xvm: siècle. Gelte 
plaque a été coulée dans un moule représentant un décor cir- 
culaire que l’on a malheureusement rogné, surtout des deux 
cotés les plus longs de la plaque qui n'a pas la largeur du dia- 
metre primitif. Les ornements principaux sont en relief; les 
chiffres et les inscriptions sont gravis en creux. La dispo- 
sition de ce cadran est tres curieuse, non seulement parc 
qu'il donne à la fois l'heure réelle en France et dans des paÿs 
divers; mais parce qu'il est décoré de figures mythologiques 
qui, avec certains détails de facture, permettent d’en faire re- 
monter la composition du modèle jusqu'à la fin du xvie siècle, 
époque où l'antiquité était en grand honneur. 

Il se compose de douze cercles concentriques, divisés par 


d'T'IIAX V'I A4 AVALVHO NQ AUIV'IOS NVUHGVO 


2IOÂEZ 9P 4 NP S24D- — | 
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— 315 — 


des rayons en quatorze secteurs, dont l'un, beaucoup plus 
grand que les autres, contient les noms de dix-neuf pays ou 
villes, inscrits dans l’ordre suivant sur chacun des douze cer: 
cles : 
ANTIPODES 
AVS ILLE SALOM ion) 
AVX IAPON 
AVXS ILLES PHILIPINES 
A SIAN MALACA DE LA CHIN (e) 
À CAMBOIA INDES ORIENTALES 
A DU FLEVVE INDVS EN TARTARIE 
À ORMVS À SINAS EN PERSE 
A ADEM DANS LARABIE ISLE BOVRBON 
A IERVSALEM AV CAIRE DEGIPTE 
A CONSTANTINOPLE ANOVGRO EN MOSCOVIE 
A ROME PRAGVE VIENNE ET PALERME 


Plusieurs noms sont incomplets faute de place, et l'ortho- 
graphe défectueuse de certains indique que le graveur, proba- 
blement illettré, n'a pas su copier le modéle qu'il devait 
transcrire. | 

Le cercle correspondant à chacun de ces noms est divisé 
par les rayons en compartiments, dans lesquels sont inscrits 
des chiffres représentant l'heure pour cette localité, lorsque 
l'ombre du style atteint le secteur dont ils font partie, et par 
conséquent à la fois pour les douze cercles. Ainsi, lorsque 
l'ombre marque midi au Japon, elle marque en même temps 
qu'il est 4 heures à Rome et 8 heures à Ormuz. 

L'heure du lieu auquel ce cadran solaire élait destiné est 
_indiquée par des chiffres romains en relief, placés en dehors 
du plus grand cercle et à l'extrémité de chaque rayon. Les 
heures prévues vont de cinq heures du matin à sept heures 
du soir. Midi est dans le haut de la plaque exactement au 
centre et le mot MIDY, qui occupe tout le sommet du secteur, 
lui donne plus d'importance. Une inscription est placée au 
bas de la plaque et correspond au midi. 


ME UVMEN VOS 
VMBRA REGIT. 


— 316 — 


Les inscriptions des cadrans solaires, comme celles des 
horloges et des cloches, sont aussi variées que nombreuses. 
Le sens de celle-ci, « la lumière me conduit, vous, c'est l'om- 
bre » peut s'expliquer par la décoration composée de petits 
personnages qui forment comme une guirlande aatour du 
cadran. De chaque côté de l'inscription, deux personnages, 
debout sur des ornements qui l’encadrent, et couronnés, tien- 
nent de leurs mains levées au-dessus de leur tête des soleils ; 
à leur suite, quatorze femmes nues et d’un «lessin grossier se 
tiennent par la main les bras levés, de façon à encadrer cha- 
cune des heures. Leurs mains unies liennent uneaiguille, qui 
divise en deux chaque secteur et indique la demie de l'heure, 
tandis que deux autres signes marquent les quarts d'heure. 
Les deux femmes, placées sous les rayons qui encadrent 
le mot MIDY, soutiennent le fléau d'une balance exactement 
en équilibre. Le fléau se trouve dans le prolongement du 
style ; lorsque l'ombre l’atteiut, elle est réduite à un simple 
trait, et les heures comme le soleil ne penchent pas plus d'un 
côté que de l'autre, égalité représentée par la balance. 

L’esthétique, plutôt sommaire de ces figures féminines, ne 
fait guère deviner que le fondeur a voulu représenter en elles 
les divinités qui, dans l'antiquité, présidaient aux douze heures 
du jour. Les noms de ces douze déesses sont inscrits sur de 
petits cartouches placés entre elles. Les deux qui supportent 
la balance n'ont pas de nom. Voici ces noms en commencant 
a droite : PASIPHAE. NOMOS. CARPO. TALOTE. RODE. 
DICE. IRENE. HEMETEA. STEROPE. EGIALE. PHAETVSE. 
LAMPETIE. 

Les Grecs eurent pour symboliser les heures Dicè, Irène, 
Eunomie, Carpo, Thalatie ; il est évident qu'ici Nomos et: 
Talote, sont mis pour Eunomie et Thalatie, mais les autres 
noms, comme celui de lanymphe Pasiphae, n'ont, à ma con 
naissance, jamais présidé aux heures; il est probable que ces 
noms ont été ajoutés pour compléter les douze heures, à une 
époque où le goût de la mythologie régnait en maître. Cette 
observalion, comme la forme ZX! de l'M du mot HEMETEA me 
porte à croire que le modèle du cadran solaire de la Reille est 
plus ancien que le xvi° siècle et peut être de la fin du xvwr’, 


— 317 — 


ce que ne dément pas l'espèce de rébus de l'inscription. La 
lumière, c'est le soleil que portent les petits personnages qui 
l’accompagnent, et l'ombre qu’il produit détermine la révo- 
lution des heures qui gouverne la vie. 

Au-dessous des deux soleils on lit ces mots : « J'appartiens 
à M. Rogier. » Malgré cette orthographe, digne du reste des 
inscriplions du cadran, il n’est pas douteux que ce M. Rogier 
est un Souffron de Rozier ; il serait intéressant de pouvoir 
l'identifier, et de savoir même s’il n'était pas un allié ou un 
descendant de Pierre Souffron, l’un des plus illustres archi- 
tectes «le la fin de la Renaissance, mort en 1646, après avoir 
été architecte du château de Cadillac, de celui de Lauzun, du 
pont de Toulouse et de la cathédrale d'Auch, originaire lui 
aussi du Périgord, mais de La Roque-Gajac en Sarladais. Une 
communauté d'origine n'expliquerait-elle pas la présence 
dans un petit fief de notre pays d’une pièce aussi curieuse et 
aussi importante que le cadran solaire que j'ai essayé de 
décrire ? 

M': DE FAYOLLE. 


UNE COMMUNE RURALE EN PÉRIGORD 
LA BACHELLRERIE 


Avant-Propos 


Pour l'intelligence de ce mémoire et afin de diminuer le 
nombre des renvois, je crois devoir indiquer les sources où 
j'ai puisé. 

M. Blanc, alors maire de La Bachellerie, a mis à ma dispo- 
sition les archives de la mairie. 

M: Cheyroux, alors notaire dans la même localité, a mis 
également les vieilles minutes de son étude à ma disposition ; 
mais des occupations diverses m'ont empêché de les 
dépouiller entièrement. Mon travail est donc forcément 
incomplet. 


—. 818 — 


Les dictionnaires topographiques de de Gourgues et autres 
m'ont servi à fixer les lieux. 

M. Pomarède, instituteur, n'a fourni les listes des maires, 
instituteurs el curés de 1800 à 1906. 

Que tous ceux qui m'ont aidé dans mon travail reçoivent 
ici l'assurance de mes bien sincères rémerciements. 


I. Temps Anciens. 


1° TEMPS GÉOLOGIQUES 


Le canton de Terrasson est un des plus curieux que je 
connaisse, et sans en sortir, on peut étudier toute la géologie, 
car on y trouve un peu de tout. Je ne prendrai pour exemple 
que la commune de La Bachellerie. 


On rencontre dans cette commune plusieurs espèces de grès 
houillers, des éboulis de loutes sortes, des marnes, des roches 
magnésiennes, des marnes bleues feuilletées, des calcaires lithogra- 
phiques, des argiles, des calcaires oolithiques, des calcaires marins, 
des calcaires d'eaux douces avec petits coquillages pétrifiés, diffé- 
rentes sortes de grès, des manganèses, des calcaires grossiers, des 
argiles et des diluviums. En somme, les étages que l’on rencontre 
sont ceux qui vont du cristallin au terrain supérieur (1). 


Sa surface est assez élevée au-dessus de la iner, car la 
carte d'état-major y marque des cotes allant de 100 à 277 
mètres d'altitude, et elle est coupée par plusieurs petites 
vallées ctroites et assez profondes. 

Cette commune est située en grande partie sur le versant 
sud de la vallée du Cern, et le ruisseau du Gern la borne 
presque constamment au nord. 

Ce ruisscau prend sa source sous le hameau d'Avuire, 
et en sortant de la grotte du Douïme, il est déjà si 
fort qu'il fait tourner un petit moulin. Il coule du nord au 
sud, et au-dessus du bourg d’Azerat il prend brusquement la 
direction de l’ouest à l'est. Il se jette dans la Vézère un peu 
au-dessus de Condat-sur-Vézère, après un cours d’une quin- 
zaine de kilomètres, sur le parcours duquel il fait marcher 


(4) Note duc à l'ohligeance de M. Joseph Sorbier. 


— 319 — 


de nombreux moulins dont deux minoteries. Dans un acte de 
1468 il est nommé « rivus del Cern ». 


2° TEMPS ANCIENS 


Le genre humain a habité cette localité, la vallée du Cern 
du moins, depuis la plus haute antiquité, comme je lai 
constaté dans les fouilles que je tis en 1890 à la Vergne, près 
du Jarric, en collaboration avec M. Edouard Passemard. J'y 
ai trouvé de nombreux instruments en silex dont une pointe 
de flèche, de nombreux couteaux, des racloirs, une pointe 
grossière de lance en forme de feuille de laurier, des dents 
de plusieurs espèces d'animaux, la partie supérieure d'un 
petit crâne plat, la moitié de la mâchoire inférieure d’un être 
humain avec deux dents, et des morceaux de poteries rouges 
et noires d’une pâte grossière. 

Les Romains ont visité sûrement ces contrées, car dans la 
commune voisine d'Azerat sc louve un endroit que les habi- 
tants nomment « le camp de César »; mais je n'y ai rien 
trouvé qui indiquät un eamp, et c'est ce qui me fait croire 
qu’ils n'y sont reslés que peu de temps. 

Près du hameau des Fraux, M. Joseph Sorbier a découvert 
une tombe romaine formée de plusieurs grandes tuiles plates. 

Près de « Fonbouillante » se trouve un cluseau, et nous 
savons tous que ces retraites souterraines servaient de 
cachettes aux habitants quand la présence des Romains était 
signalée dans les environs. J'ai visité ce eluseau et en ai 
relevé le plan, mais il a déjà élé publié (1). 

Les Romains ont laissé un souvenir très vivace dans la 
contrée, et la preuve, c'est que, d'après les habilants, tout ce 
qui est ancien est romain... Je n'ai jamais pu en trouver le 
motif. 

La première fois qu'il est fait mention de La Bachellerie, 
c'est dans un procès-verbal de Pierre des Mortiers, de 1382 où 
la paroisse figure sous les noms de « Cerno et Cernum ». Elle 
a porté depuis les noms de Cern, Serne, Cernes cet Ceri 
en 1400; de Labachalaria en 1466 ; de La Bachellerie du 


« (1) Annales Terrassuynnaises par Grand. 


Cèrn, La Bachelleric du Cerf, Labachalarie, Labachalaria, La 
Bachelerie et de nos jours La Bachellerie. 

Celle localité tigure sur toutes les cartes les plus anciennes 
et entre autres sur celle du diocèse de Sarlat par Tarde, de 
1624. 


3° LES TERRES Ou PETITS FiErs. 


Le mot « fief » servait à désigner une très grande surface de 
terrain comme le duché de Bretagne, le comté de Périgord, 
elc., possédé par un seul et mème seigneur, ayant sous ses 
ordres de nombreux vassaux, et le mot «terre » ou petit fief 
servait à désigner la surface d'une ou plusieurs paroisses el 
parfois celle d’un ou plusieurs hameaux ou parties de 
hameaux possédés par un même seigneur. 

Il y a une erreur que l’on commet très souvent involon- 
tairement et qui est celle-ci. 

Quand on voit dans un acte le nom d’un seigneur, suivi d’un 
ou plusieurs noms de paroisses, on se figure que ce seigneur 
est seigneur foncier, c'est-à-dire propriétaire du fond ou de 
la terre de la ou des dites paroisses, et que les personnes qui 
cultivent les terres de la ou des dites paroisses ne sont vassaux 
ou locataires du dit seigneur foncier qu’à la condition de lui 
payer la rente ou dime de tout ce qu’elles récoltent, lorsqu'en 
réalité ledit seigneur n'est seigneur que d'une partie plus ou 
moins grande ou plus ou moins pelite de la ou des dites 
paroisses. Ainsi, le seigneur de Raslignac se disait aussi sei- 
gneur de Saint-Rabier, quoique ne l’étant en réalité que 
du hameau du dJarric, et comme dans un nombre plus ou 
moins grand de paroisses, il ne possédait, le plus souvent, 
qu'un lopin de terre dans chacune, il faisait toujours finir 
l’'énumération de ses titres par ces mots « et d’autres lieux et 
places », ce qui faisait croire qu'il était encore plus riche 
qu'il ne l'était eu réalitc. 

Il arrivait parfois qu’un hameau était divisé entre deux 
seigneurs, ce qui donnait souvent lieu à des procès inter- 
minables. 

Les petits seigneurs, comme celui de Valette, qui ne pos- 
sédait comme château qu'une simple maison de campagne, 


— 321 —- 


comme donjon qu'un pigeonnier sur Colonnes et comme terre 
que plusieurs cartonnées de terrain, se disaient seigneurs des 
lieux-dits composant leur proprieté. Les petits seigneurs de 
cette catégorie étaient souvent obligés de cultiver eux-mêmes 
leurs terres n'avant pas de quoi payer des domestiques, pour- 
tant à bien bas prix à cette époque (1). 

La totalité du territoire de la paroisse de La Bachellerie 
faisait partie de la Lerre de Rastignac, sauf les hameaux de 
Valette el du Poirier, qui avaient chacun un seigneur parti- 
culier et une vingtaine de parcelles qui apparlenaient à des 
seigneurs habitant pour la plupart les paroisses voisines. 


Il. La terre de Rastignac. 


La terre de Rastignac sc compose : du chäteau de Ras- 
tignac, de Mourival, de Puybillé, du Pouget, du moulin du 
Jarric, du moulin de Rastignac, des Monteils, de la Genèbre, 
de la Lande, des Fraux, de la Faurie, du Chastel, de Singelas, 
de Laularie, du moulin Desticux, de Mirabel, du bourg de 
La Bachellerie et de Charnaillas. 


4° LE CHATEAU DE RASTIGNAC. 


Il a porté le nom de « huspitium Rastinhaco » en 1483, puis 
celui de « Rastinhac » et de nos jours celui de Rastignac. 

L'ancien château était dans le genre du château actuel, 
mais plus petit et les pilastres qui le couronnaient étaient 
carrés. Peut-être en avait-il remplacé un autre beaucoup plus 
ancien, comme me le feraient croire des caves lrès profondes 
creusées dans le rocher, à moins qu'elles n’en fussent les 
prisons; mais leur pelite dimension et surtoul le petit cou- 
rant d’eau qui les longe, comme celles du château de Brest, 
me ferait fortement pencher pour cette dernière opinion. 
L'eau, que l'on pouvait faire séjourner dans la prison au 
moyen d’une valve, servait soit à faire souffrir le prisonnier . 


(1) « Et leurs seuls privilèges consistaient à avoir leurs noms cités dans : 
les prières publiques et avoir le droit de porter l'épée », — (Paul Lacroix). 


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— 392 — 


soit à le noyer tout doucement. Ce genre de supplice n'a pas 
été encore signalé, je crois. 

Le château actuel a été commencé vers 1830, mais n'a 
jamais été Lerminé à l'intérieur, du moins entièrement. 


2 LE PouGET ou Tour DU POUGET 


Il s'est nomme « Pogeluin » en 1512 et « Poget » en 1538. 

Son origine parait remonter à une époque trés ancienne et 
il. doit son nom à une tour fortifiée auprès de laquelle se 
groupa un cerlain nombre d'habitations. Un lieu-dit « Tour 
du Pouget » a seul conservé le souvenir de cette tour. 

Il fut pendant un temps la propriété du roi de Navarre, 
Jean d’Albret. 


« 27 août 1506, contrat d'échange passé à Pau entre le roi de 
Navarre, Jean d’Albret, et Jean Dubousquet, son chancelier et tré- 
sorier général, par lequel le Roi cède à Jean Dubousquet la terre de 
Faux au royaume de Navarre, en échange du domaine du Pouget sis 
en Périgord. Mais comme le Roi redevait à Jean Dubousquet une 
somme de 80 livres tournois de monnaie française, ledit Dubousquet 
continuera, pendant qualre ars, à percevoir tous les revenus du 
domaine du Pouget, à charge de payer au roi de Navarre pendant ce 
laps de temps une rente annuelle de 200 livres tournois. Au bas de la 
charte sont appendus les sceaux du roi Jean d’Albret et de Jean 
Dubousquet (1). 


Ce domaine passa en 1538 au seigneur Jean Chapt de Ras- 
tignac, qui y établit des foires et un marché, et le siège d’une 
juridiction en 1554. 

Le Pouget possédait une forge dont la construction remon- 
tait à bien des annécs, mais dont le matériel avait besoin 
d'être remis en état, étant tombé en vétusté par suite d’un 
chômage prolongé. 

« Sachent tous présents et advenir que au jourd’huy vingt sep- 


ième jour du mois de février mil six cent soixante et huit, par 
devant moi notaire soubsigné et les témoings bas nommés, a comparu 


(1) Note donnée par M. Georges de Peyronny, d'après l'original qui se 
rouve en sa posscssgion. 


— 323 — 


messire Jean-Francois Chapt comte de Raslignac, baron de Luzez, 
seigneur de Coulonge, Peyrignac et autres places, qui afferme à Jean 
- Chauneschier, sieur de Lagorce, maitre de forge, habitant le lieu dit 
Colombier, paraisse de Foussemagne, qui prend el nccepte, savoir, la 
forge à battre le fer que ledict seigneur a au moulin du Peuget et 
ensuite de la dicte forge el lout le temps et espace de quatre années 
prochaines et continuelles, à commencer de Pasques prochaine et 
finira au même et semblable jour, pour le prix et somme de cinquante 
livres par an, qui font lesquels quatre ans la somme de 200 livres, 
payable la dicte somme par ledict Lagorce en quatre parties égaux 
qui font 50 livres par an, qui commencera lu première parlible à la 
prochaine feste de Pasques et ainsi tous les ans à mesme feste de 
Pasques ; il est en outre accordé que ledict Lagorce ne pourra pren- 
dre le cours de l’eau que depuis le jour de la Toussaints jusqu'au 
jours du mardy gras de celte année; le restant du courant de l’eau 
demerera au profit du meunier du moulin du dict lieu du Pouget ; en 
outre il sera permis audict Lagorce de prendre l’eau pour un mois 
d'escoulage, en dédomugeant lediet meunier, à proportion de l'afforme 
dudict moulin, et parceque la dicte forge est de présent en assez mau- 
vais estat, c'est dict que ledict Lagorce la meltra en estat, et lorsque 
ledict seigneur sera tenu comme a promis de luy fornir les Lois néces- 
saires pour faire deux queyrraux pouri et le bois qu'il faut pour faire 
les roues, les arbres des roues étant bons, ensemble le bois pour 
faire le canal pour aller aux roues, comme aussi le bois nécessaire 
pour faire les paluges. lcqnel bois ledict seigneur lui fera randre 
parti lieu et ledict Lagorce lui fera a conmande à ses dépens, comme 
aussi sera tenu ledict Lagorce faire le basti pour soutenir l'arbre de 
la roue basse du côté du moulin, ensemble les murailles qui lui seront 
nécessaires pour son service pendant ladicte afferme, a lui fera ledict 
Lagorce toutes les réparations qui seront faites à ladicte forge pendant 
son afferme sans qu'il en puisse ricn demander audict seigneur 
ss... les Otils de ladicte forge au mesme état que los trouvera 
dont il sera fait eslat et quand bien lesdiet otils au prix .,......,.,, 
d'iceux pourront êlre réparé par ledict Lagorsse, il ne pourra rien 
demander desdictes réparations. Et ..., .........., tout et dessus 
ledict seigneur sera lenu de faire pour ledit Layorsse en la forme 
susdicte et portant être ............. de tout ci-dessus les parties 
chacune en son regard ont obligé leur bien dont les requerants leurs 
expose ............ en présence de M. Janicot Labrousse, praticien, 
habitant le village de la Gentbre et M. Berny Bardet au présent ch4- 
teau dudict seigneur ; lesdictes parties et tesmoins ont signés. Rasti- 


— 924 — 
gnac, Labrousse, Lagorce, Bardet et Lalande, notaire royal. — Suit 
l'état des lieux (1). 

A côté de la forge el indépendant d'elle se trouve un moulin 
qui, comme elle, est actionné par le ruisseau du Cern. Il était 
loué très bon marché en 1729 pour le prix annuel de 600 francs. 

Il ne reste plus de l’ancienne importance du lieu’ que le 
moulin. 


3° LA GENÈBRE 


François de Magucur, sieur du Reclaux, lieutenant au régi- 
ment de Valhiac-cavalerie, puis capitaine au régiment d'Au- 
busson-cavalerie, chevalier de l'ordre militaire de St-Louis, 
capitaine dans le régiment du Commissaire général-cavalerie. 
et enfin brigadier des armées du Roi, achète en 1697 un petit 
domaine avec maison, grange, jardin, pres et terres pour le 
prix de 345 livres, et en 1738 il se qualifie de sei- 
gneur du Breuille. 


4° LA LANDE 


Le seigneur de Rastignac eut un procès au sujet de la dime 
de ce que possédait dans ce village Marc-Antoine de Servière, 
et ce procès se termina par un accord : 


16 octobre 1710, accord entre M. Pierre Dubreuilh, advocat en la 
cour, juge ordinaire du marquisat de Rastignac, habitant le village 
des Claveaux, paroisse de Suint-Aignan d'Hauteford, au nom de haut 
et puissant seigneur messire François de Chapt de Rastignac, sei- 
gneur marquis de Rastignac, baron de Lusés, seigneur de Coulonge, 
Palayrat, Peyrignac, Saint-Rabier, Sarazac, et Marquantoine de Ser- 
vière, sieur de la Roche, habitant lo bourg de Peyrignac ; ledict 
seigneur avait condamné feu Jean de Servière, père dudit Marc-An- 
loine, à lui payer quatre quartons deux picotins de froment, plus deux 
quartnns deux picotins el demi de seigle, plus deux quartons deux 
picotins d'avoine, plus une poule, plus huit sols quatre deniers d'ar- 
gent, el cinq sols pour le guet pour vingt neuf ans, à cause des biens 
que ledict Jean possédait dans ledict lieu de la Lande, et déjà il avait 
remarqué audict seigneur que ces biens consistant en une maison et 


11) Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, tome 


pige . 


son enclos appelé la Roche, étuit noble sous un omage lige, suivant le 
contract passé entre messire Jean de Chapt, seigneur dudiet Rastignac 
et Jean de Souillac, écuyer, sieur de la Roche, du neuf novembre mil 
cinq cent cinquante quatre, reçu par Magueur ou Maygne, notaire royal, 
et dans lequel il dit être propriétaire d’une trente deuxième d'une 
septième de la rente dudict moulin de la Lande, situé dans l'upar- 
tenance de Labachellerie appartenant audit Chapt; et malgré ce contrat, 
ledict seigneur prétendait que le ténement de Labachellerie était par 
moitié et indivis entre messire Jean et Glaude de Chapt, père et fils, 
seigneur de Rastignac el du Pouget, et que ledict messire Glaude 
n'aurait rien anobli ni affranchi de sa part dumoings ; ledict Jean de 
Scrvière devait audict seigneur marquis, arrière-petit-fils dudit mes- 
sire (ilaude, la moitié de sa susdile rente, qui n’avait jamais été 
uliénée, et que le contrat de mil cinq cent cinquante quatre ne com- 
prenait que la portion de messire Jean, qui était distincte de messire 
(ilaude, qui avait pris hipothèque sur ladite maison de cinquante 
livres, laquelle somme "ayant pas encore élé payée, la maison lui 
appartenait en font et revenu. — Dans le partage de la succession 
dudict Jean de Servière, ladicte maison n'était pas tombée dans son 
lot, ledict Marc-Antoine n’était tenu des peines de n'avoir pas rendu 
omage; ils se sont accordé à l'amiable comme suit : les biens au 
décès du sieur Jean de Servière étaient de vingt huit quartonaées six 
picolinées et demi; — les biens donnés audit Marc-Antoine étant de 
quatorze quartonnées cinq picotinées et demi; — à Pierre de Servière 
quatorze .quartonnées soubs la rente de quatorze quartons deux pico- 
lins de froment, plus deux quartons deux picotins et demi de scigle, 
plus deux quartons deux picotins d'avoine, plus quatorze sols quatre 
deniers d'argent ; — ledict Marc Antoine reconnaît qu’on ne lui doit 
plus rien moyennant la somme de cent cinquante livres. 


5° el 6° LES MOoNTEILS ET CHARNAILLAS 


Je n'ai trouvé ayant trait à ces deux villages que l'acte 
d'achat suivant : | 
#« Aujourd'huit vingt sept septembre mil sept cent neuf, dans la 
ville de Montignac le Comte en Périgord, après-midi, reignant Louis, 
et pardevant moi notaire royal soubsigné et les tesmoings bas nom- 
més, ont élé présente haute et puissante dame Marguerite Reliac 
de Mommége dame marquise dudit lieu de Mommège (1), Salai- 


(tj Coirmune de Terrasson, ancien repaire noble avant haute justice sur 
quelques villages de cette paroisse. | 


_- 328 — 

guac(1), Lascaux (2) et autres places, épouse de haut et puissant seigneur 
messire Jean de Bernac de Pellevezy (3, chevalier seigneur marquis 
dudict lieu de Pallevezy, Lachapelle (4), Valojoux (5), Saint-Crespin (6), 
et autres places, habitants de leur château de Lachapelle. Ladite 
dame procédant lant que de besoin de l'autorité dudict seigneur son 
époux, laquelle de son bon gré et vollonté, du consentement de haut 
et puissant scigneur: messire Jean de Reillac de Mommège, chevalier, 
seigneur abbé commendalaire de l'abbaye de Saint Sour de Ter- 
rasson (1), suivant sa missive escriple et signée de sa main, en date du 
jour de hier, contresignée de la dite dame, attachée à la minute des pré- 
sentes (&), et se faisant fort pour Mme de Vertamond de Lavilleocler 
quelle ...,....... vendre .......... à peine de tous dépens dou- 
mages et intéresls, a vendu purement et simplement tant en son dict 
nom que comme donatrice universelle de M‘! de Monmège, sa sœur, 
à haut et puissant seigneur messire François de Chapt, chevalier, sei- 
gneur marquis de Rastignac, baron de Luzès, Coulonges, seigneur de 
Peyrignac, Saint-Rabier, Paleyrat, Sarazac et autres places, habitant 
son château de Rastignac, paroisse de Labachellerie, y présent et 
ucceptant. Savoir est la quantité de froment trois charges, avoine 
trois charges à la bonne mesure de Montignac, valant quatre charges 
demie au ras, vin vingt sept quarterons à huit pintes le quarteron 
mesme mesure, gellines six charges, argent trente sols avec tailhe 
aux quatre cas et lachapt apartenant et autres droits et devoirs sei- 
gneuriaux à la diete dame deubz sur le village et tenement des 
« Monteils » sis dans ladicte paroisse de Labachellerie, soubz la 
retantion de froment cinq picotins, avoine six picotins, vin cinq pin- 
les, argent cinq deniers que la dicte dame vend par ces présentes à 
Jean de Rupin, sieur du Ferry, habitant de la présente ville, y pré- 
sent et acceptant, à reprendre sur treize quartonnées de fond qu'il 
possède dans ledict ténement. Plus vend au dit seigneur marquis de 
Rastignac en son particulier froment quatre quartons, jelines deux 


(4) Commune du canton d'Excideuil et ancien fief dépendant do la chôtel- 
lenie de Moruscle. 

(2) Ancien repaire noble. 

(3) Commune de St-Geniës — ancien repaire noble entouré de fasses 
et remarquable surlout par ses ormeaux datant de Louis IX. 

(4) La Chapelle-Aubareil et ancienne maison noble. | 

(5) Commune du canton de Montignac-sur-Vézère et ancien repaire noble. 

(6) Commune du canton de Salignac et ancien repaire noble. 

(7) Importante abbaye dont la juridiction s'élendait sur dix paroisses. 

(8) Je n'ai pas pu retrouver celte leltre qui n'élail pas attachée à l'acte. 


— 827 — 


quartons, argent lrois sols de pareille reute foncière et directe avec 
tous droits et devoirs seigneurisux à la dicle dame deubz sur les 
habitants du village de « Carnaillas » en la même paroisse el sur les 
possessions que les dicts habitants tiennent en fief de ladicte dame 
provenant de sa dicle terre de Lascaoux ; Plus un quarton bonne 
avoine valant trois quartos au ras à ladicte dame deue sur le ténement 
apelé la « Condaminc » située dans la même paroisse et finalement 
argent dix sols de la mème rente foncière et directe à ladicte dame 
deue sur un pred dans la prairie du Cern, susdicte paroisse, apellé le 
« pred del Faure »; ladicte rante faicte audict seigneur marquis 
pour et moyennant le prix et somme de mil sept cent cinquante 
livres ; laquelle ledict seigneur marquis acquittera ladicte dame van- 

derésse envers messire Charles de Beaulieu, chevalier, seigneur de | 
Gaubert (1) avec consentement faizant ledict payement lors au temps 
et après que ladicte dame sera réglée avec ledict seigneur de Gaubert, 
en exécution de la polisse passée entreux en la ville de Bordeaux, 
qu'il demeure subrogé aux droits et plasse dudict seigneur de Gau- 
bert et jusques à ce qu'il en payera l’interest, à raison d’un sol pour 
livre, ladicte somme de mil sept cent cinquante livres payable par 
ledit seigneur marquis de Rastignac audict seigneur de Gaubert, en 
trois pactes esgaux, dont le premier eschera à la Saint-Jean-Baptiste 
prochain, le second aux festes de Nouel après, et le troizième et der- 
nier à la Saint-Jean-Baptiste suivant, avec intérest au denier vingt, 
comme dict est, nonobstant la prorogation des payements, consantant 
lade dame que led‘ seigneur marquis de Rastignac prenne possession 
desd'** rentes de ce jourd’huy ; auquel esfaict luy a remis les recog- 
noissances et arpentements desd! flefs pour en faire la levée, oultre 
aquoy s’est ladte dame desvestue des susd‘ fiefs et ténements et en 
a investu led‘ seigneur acquereur, avec promesse de garantie de tous 
troubles et empéchements quelconques, exprimés ou à exprimer ; et 
au respect dudt sieur Rupin, ladt* aquizition a été réglée à la somme 
de cinquante livres qu'il sera tenu payer aussy aud' seigneur de 
Gaubert et aud!' acquist et à lui en rapporter quittance, se rézervant 
ladte dame l’houmage dub au Roy et jusques au payement effectif, en 
la manière sus esnoncée, ladte dame sest reservée son spéciable hipo- 
thèque sur lesd'*’ rantes ; et à lantretenement de tout ce dessus lesd“® 
parties, entant que chascune touche, se sont obligés avec leurs biens 
meubles et immeubles present et advenir, dont et de tout mont requis 


(4) Commune de Terrasson et ancien repaire noble ayant haute justice sur 
plusieurs villages de cetle paroisse. 


— 9328 — 

acte que leur ay concédé soubz le seel royal, ez présences de M. mt" 
Jean de Bernier, s' de la Sipière, conseiller du Roy, magistrat en la 
sénéschaussée el siège présidial de la ville de Sarlat et y habitant, et 
mte Pierre Dubreuilh, edvocat en la court et juge du marquisat 
de Rastignac, habitant du lieu des Clavaux, paroisse de Saint-Aignan- 
d’Autcfort, tesmoings cognus quy ont signé avec lesd‘* parties et 
moy, de Reliac de Monmège — de Bernard de Pellevezy, Rastlignac, 
Dubreuilh, de Rupin, Lalande, notaire royal ». 


7° LE BOURG DU CERN. 


Le premier bourg se nommait « Cern » du nom du ruisseau 
qui le traversait. Une église v fut bâtie; mais il m'a été 
impossible de savoir à quelle époque et surtout par qui. Un 
acte du 8 septembre 1746 fait seul connaitre la date approxi- 
mative à laquelle elle a dù cesser de servir au culte c'est-à-dire 
vers 1700. Le sol où il était bäli étant devenu très humide à 
cause des inondations du ruisseau du Cern, produites peut - 
être par la rupture de la digue rocheuse naturelle de l'étang 
de Badelol, les habitants l’abandonnèrent et vinrent se tixer 
sur une petite émincnee voisine el très saine où existait déjà 
un petit hameau nommé La Bachellerie, qui par ce fait devint 
le bourg. Le seigneur de Rastignac y fit bâtir une église, 
comme nous l’apprend également l'acte cité plus bas. 

Il m'a été impossible de retrouver l'emplacement du bourg 
du Cern; mais je croirais volontiers qu'il élait placé près de 
la source dite « Fontbouillante ». 


8° L'EGLISE DU CERN. 


L'église du Cern faisait partie du diocèse de Périgueux 
et relevait de l'archiprétré de Saint-Médard d'Excideuil. 

Bertrand de Got, archevèque de Bordeaux, après avoir été 
couronné pape à Lyon en 1305 sous le nom de Clément V et 
cela grâce à Philippe le Bel, vint à Brive en retournant à 
Bordeaux. Il profita de son passage dans cette ville pour pil- 
ler par lui-même ou par ses satellites toutes les églises 
qui se trouvaient aux environs de sa route (1) et il 


(1) Histoire des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusaleur 
appelés depuis chevaliers de Rhodes et aujourd'hui chevaliers de Malle, par 
l'abbé de Vertot, de l’Académie, | | 


=— 329 — 
est probable que l'église du Cern ne fut pas épar- 
gnée. me 
Cette église était sous le vocable de sainte Madeleine. 


III. Le bourg de La Bachellerie. 


Tous les seigneurs de Rastignac, et cela à toutes les 
époques, ont toujours beaucoup fait pour les habitants du 
bourg de La Bachellerie et cela ressortira très clairement de 
ce qui va suivre; mais malheureusement pour eux la fatalité 
probablement a toujours voulu qu'ils n'en soient jamais 
récompensés que par de l'ingratitude. Cela n'est pas à la 
louange des habitants; mais mon impartialité d'historien 
m'oblige à le dire. 

Les rois de France ayant créé les communes dans leurs 
domaines, les grands feudataires de la Couronne en firent au- 
tant, soil pour imiter leur suzerain, soit pour des motifs 
divers que je n'ai pas à rechercher ici. Bref les petits sci- 
gneurs, comme celui de Rastigaac, s'ils ne reconnurent pas 
par écrit aux habitants de leurs domaines le droil d'avoir une 
administration propre, ne s'opposèrent pas à ce que leurs 
sujets se réunissent ouvertement pour discuter des affaires 
communes et exécutassent les décisions qui avaient été 
prises dans ces réunions. Le seigneur de Rastignac, du moins, 
a toujours voulu se faire représenter dans les réunions 
des habitants par son juge ou son procureur, non dans le but 
de diriger les débats, mais simplement pour leur faire com- 
prendre qu'ils étaient ses sujets; et plus on va et plus on sent 
que cetle espèce de tutelle pesait aux habitants, et la preuve, 
c'est qu'en plusieurs occasions ils le lui firent sentir, n'osant 
encore la secouer ouvertement. Mais quand le peuple français 
entin las d'être enclume devint marteau, les habitants de 
La Bachellerie n’hésitèrent plus à secouer définitivement la 
lutelle, pourtant bien anodine de leur seigneur; celui-ci dut 
s'inclincr devant eux ou tout au moins se faire petit comme 
cela est arrivé pendant la Révolution. 

Toutes les personnes jouissant d’une certaine aisance fai 
saient partie de droit de ce qu'on appelait les notables hahi- 


— 9330 — 


tants et avaient voix délibérative dans leurs réunions. Quant 
aux autres ils n’avaient que le droit d'écouter. 

Parfois le seigneur de Rastignac chargeait son représentant 
de conseiller aux habitants de faire telle ou telle chose dans 
leur intérêt, comme cela est arrivé le 13 juillet 1714, où les 
principaux habitants, sur le conseil de Francois de Magueur, 
alors procureur d’oflice de Rastignac, échangent un con- 
munal contre un jardin pour agrandir la place du Marché (11. 

Avec le consentement probable de leur seigneur, les habi- 
lants avaient construit à leurs frais sur la place du Marché 
une balle avec un pressoir, qui, de ce fait, prirent les noms 
de banaux, et leur seigneur ayant voulu les en déposséder 
pour un motif que j'ignore, il en résulta un procès qui se ter- 
mina par un accord. 


« Le vingt trois de septembre mil sept cent vingt cinq, à l’issue de 
la messe, Jean de Rupin, sieur de Ferv, Jean de Magueur, sieur 
de Bourbon, François de Magucur, sieur de Laularie, Jélibert de 
Magueur, François Boyer, fondeur de cloches, Pierre de Magueur, 
Bernard de Magueur, maitre chirurgien, Pierre de Fébure, sieur 
de Bordenas et Pierre Laborie, sieur de Dumas, principaux habitants 
du bourg de Labachellerie, disent ct démontrent à haut et puissant 
seigneur messire Jarques-Gabriel Chapt de Rastignae, chevalier, sei- 
sneur, marquis de Raslignac el y habilant, qu'ils tiennent eux et 
leurs aïeux de toute anciennoté et qu’ils tiennent de ses descendants 
un pressoir à vin, situé dans le bourg de Iahbachellerie, et se recon- 
naissent ètre sujets à la banalité dudict pressoir, sans pouvoir porter 
allieur leur vandange, sous peine de conliscation, et pour le droit de 
banalité ils reconnaissent devoir payer audict seigneur, comme ils 
s'y obligent annuellement, sept charges de vin ou le septième 
de celles qui seront pressé, et dans le cas où les vendanges seraient 
trop abondantes, il sera permis à tel particulier qui le voudra, d’ailer 
presser où il voudra, à condition de payer ledict droit sans que le dit 
seigneur puisse par ce fait annuler le dit acte. En oulre le dit sei- 
gneur en sa qualité de seigneur haut justicier du dit lieu y ayant 


(à) Le communal était une surface de terrain dont le seigneur abandonnait 
la jouissance à perpétuité aux habitants d'une localité pour y élablir généra- 
lement un marché, à la charge ou redevance de lui abandonner une faible 
partie de chaque marchandise mise en vente sur ledit marché. 


— 93831 — 


établi un. marché, il aura Île droit de mesurage deë grains mis 
en vente qui sera le même que celui de Thenon qui est d'un 
quarton ». 


. 4° L'INSTRUCTION. 


Pendant très longtemps le clergé s'était réservé le privilège 
exclusif de l’enseignement ou tout au moins sa haute direc- 
tion. 

Le corps enseignant fjaïque n'était pas encore organisé 
comme aujourd'hui, mais il y avait déjà des personnes qui, 
sous le nom de « régents » faisaient profession d'enseigner 
aux autres le peu qu'elles savaient c'est-à-dire lire, écrire et 
compter. 

Il faut croire que l'abbé Jean-Baptiste de Magueur, sieur du 
Cern, alors curé de La Bachellerie ou son vicaire, avaient 
complètement négligé depuis longtemps l'instruction des en- 
fants, si même ils avaient jamais exercé cette obligation de 
leur état, puisque les principaux habitants, frappés de l’igno- 
rance de la jeunesse se voient obligés d'augmenter leurs 
impôts de 100 livres en 1756 pour avoir un régent qui 
apprendra à lire et à écrire aux enfants. 


20 L'ETAT SANITAIRE. 


Il faut croire que le climat est très sain dans la paroisse, 
puisque de 1600 à 1800 j'ai relevé la mort de 10 centenaires et 
de plus de 100 personnes de 97, 98 et 99 ans. Les trois médecins 
qui y exerçaient n'avaient donc pas grand'chose à y faire. 


3° LES IMrOoTs ROYAUXx. 


Depuis fort longtemps il existait, dans chaque paroisse, une 
base ou point de départ pour chaque sorte d'impôt. Cette 
base ou état avait élé fait par les habitants eux-mêmes sur 
l'ordre du Roi et était connu de tous. 

Lorsque le roi de France jugeuit à propos de grever d'un 
impôt nouveau son bon peuple, le plus commun était celui 
de la levée des soldat; de milice qui étaient généralement 
d'ur par paroisse. C'élaient les syndics collecteurs qui étaient 
chargés de le payer et de l'équiper, puis ils prévenaient les 


— 332 — 


habitants que le milicien leur ayant coûté telle somme, Îles 
impôts seraient augmentés d'autant. Quand ils ne le trou- 
vaient pas dans la paroisse, ils le prenaient dans une paroisse 
voisine. Comme cela est arrivé en 1705. 

Les syndics collecteurs levaient aussi les impôts supplé- 
mentaires destinés à payer les travaux d'utilité publique que 
l'assemblée des habitants avait décidé de faire, comme cela 
est arrivé pour la reconstruction de la halle, le 10 février 1716. 

En terminant ce trop court aperçu de l'administration 
d'une communc rurale avant la Révolution, je crois bien 
faire en donnant les noms de ceux qui y ont pris part à 
diverses époques. 

Pierre de Rupin, écuyer, sieur de Lauteyrie ; Jean de Rupin, sei- 
gneur du Breuilh, conseiller du Roi et son lieutenant criminel 
au sivge présidial de Sarlat ; Jean-Baptiste de Magueur, seigneur du 
Breuilh, capitaine dans le régiment du Commissaire général-cava- 
lerie, chevalier seigneur de l’ordre royal de Saint-Louis; Jean-Bap: 
tiste de Bouillac, écuyer, l'un des fermiers généraux du Roi et son 
conseiller; Joseph de Boussier, écuyer, seigneur de Valette, capi- 
taine de cavalerie; Pierre Boussier, écuver, seigneur de Valette; 
François dé Magueur, sieur de la Genèbre ; Joseph Larfeuilh, sieur (1) 
de Singelas ; Jean Chahannes, sieur de Mirabel ; François de 
Magueur, sieur de la Rivière; Jean-Louis Magueur, sieur de Lari- 
vière, Pierre Rupin Ireupe, sicur de Lautheyrie; Pierre Laborie, 
sicur de la Mothe; Petit Jean, sieur de Sarlat; Pierre Laborie, sieur 
de Dumas de la Mothe; Pierre Laborie, sieur du Mas ; Albert de Ma- 
gucur, sieur du Claud ; Jean de Magueur, sieur des Bourboux ; Jean 
Sédière, sieur de la Roche ; Guilhaume Verliat, sieur de Lapeyrière ; 
Pierre Grisoul, sieur du Chalard ; Léonard Chaban, sieur de la Faye ; 
Pierre de Magueur, sieur de Séguy ; Charles Magueur, sieur du Fery ; 
Robert Verliat, sieur de la Grave; François de Magueur, sieur de 
Laularie; Rémond de Magueur, sieur de Laularie; Jean de Rupin, 
sieur du Féry; Pierre de Febure, sieur de Bordenas ; Pierre de Ser- 
vicre, sieur de Beaudenas: Pierre Chahanes, sieur de la Faurie ; 
sieur [iynace Barbanide; Jean de Sidibres, bourgeois ; Pierre Teis- 
sous, sieur de Lacombe ; Robert Verliat, sieur de la Grave; Fran- 
vois Grissouit, sieur du Cheylard ; François de Magueur, sieur de la 


(li Sur ce mot voir dans les Bulletins de la Société archéologique ot his- 
torique du Limousin le très intéressant travail de M, l'abbé Arbellot, . 


_ 984$ — 


Perrière ; Guillaume Verlines, sieur de la Peyrière ; monsieur Fran- 
çois Beauregard ; Pierre Sidiers, sieur de Bauderias ; sieur Louis 
Debord ; Louis de Bort, sieur du Pradeaux ; François Boyer, fondeur 
de cloches. | 


(Quelques prix moyens : 
Les vignes valaient 84 livres 10 sals la quartonnée : 


Les terres valaient XL livres 10 sols id, 
Bois châtaigniers valaient 26 livies id, 
Les prés valaient 30 livres id. 


Les maisons valaient 300 livres 

Les maisons isolées avec un petit enclos valaient 280 livres; 

Les celliers avec jardin valaient 200 livres; 

Les couvertures en ardoises! se payaient { livre { sol 8 deniers le 


pied carré ; # 
Une charrette complète valait 15 livres ; 
Un tombereau complet id. : 


Un joug avec ses lanitres valait 4 livres. 

Une barrique d’eau-de-vie valait 200 livres ; 

Le bois à brûler valait 6 livres 10 sols la brasse de 6 pieds carrés ; 

Les bois châlaigniers se louaient 3 livres 15 sols la quartonnée par 
an ; 

Les prés se louaient par an 9 livres la quartonnée; 

Les maisons se louaient par an 3 livres {5 sols. 


4° LES IMPÔTS SEIGNEURIAUX OÙ DÎME SEIGNEURIALE. 


La terre de Rastignac avait 7173 quartonnées 25 picotinés 
de surface et donnait à son seigneur : 


19 charges 232 quartons 36 picotins de froment ; 

41 id. 36 id. 3 id. 1/2 de seigle; : 

A1 id. 196 id. 42 id. 1/2 d'avoine; 

18 livres 200 sols oi deniers d'argent ; 

71 poules 1/2; 

19 journées 1/2; 

1/2 livre de cire ; 

37 quartrons 20 pintes de vin; | 

12 livres pour les droits banaux d’après les actes notariés, comme 
le prouve le terrier ou base de la dîme seigneuriale de Rastignac de 
1710, savoir : | 


« 1° L'arpentement dit du bourg de Labachellerie avait une sur- 
face de 2011 quartonnées 1 picotiné 3/4, les communaux 32 quar- 


— 334 — 
lonnées G picotinés soit en tout 2043 quartonnées 7 picotinés 3 4 et 
donnait au seigneur : | 
Froment..... 19 charges 9 quartons 3 picolins 1/2. 
Seigle...….. 11 id. 9 id. 3 id. 1/2. 
Avoine.….. 11 id. 3 id. 3 id. 
Poules... 23 
Journées... 11 1 2. 
Argent... 18livres 18 sols 6 deniers. 
« © L'arpentement dit des Fraux avait une surface de 4735 quar- 


tonnées, les communuux 12 quarlonnées, soit en lout 487 quartonnées 
el donnait au seigneur : 


Froment...……, 16 quartons. 
Seigle.......... À id. 

e Avoine.....…. 6 id. 
Poules... 9 


Argent... 2 sols. 


« % L’arpentement dit de Charbonnière et de Veyssière avait 
une surface de 177 quartonnées 6 picotinés 3/4 et donnaient au sei- 


gneur : 
Froment...... 3 quartons. 


Avoine.....……. . 12 id, 
Vin... 20 pintes. 
Poules... 9 
Argent... 10 sols. 


« 4° L'arpentement dit de Las Chapouillas avait une surface de 48 
quarlonnées 2 picotinés 1/2 et donnait au seigneur : 


Froment..….... 1 quarton 6 picotins {/2. 
Avoine....., 1{quarton 2 picotins. 
Argent... & sols 6 deniers. 


« 5° L'arpentement dit du Chastel avait une surface de 270 quar- 
tonnées 1/2 picotiné et les communaux 1 quartonnée 1 picotiné 1/2, soit 
en tout 211 quartonnées 2 picotinés et donnait au seigneur : 

Froment..…. 9 quartons 3 picotins 1/2 


Avoine...….. (6 id. T id. 
Poules... 
Argent... 12 sols. 


« 69 L'arpentement dit des Arpents avait une surface de 59 quar- 
tonnées 6 picolinés et donnait au seigneur : 
| Froment..…. 92 quartons. 
Argent... 3 sols. 


— 3335 — 
« 29 L'arpentement dit de Mirabel » avait une surface de b quar- 


tonnées 7 picotinés 1/4 et donnait au seigneur : 
Argent. … 5 sols 6 deniers. 


« &° L'arpentement dit de la Coste de Laularie avait une surface 
de 210 quartonnées 3 pivolinés 3/4 et donnait au seigneur : 


Froment...…. 16 quartons. 
Avoine . 24 id, 
Poules 2 


Argent... 20 sols. 


a Je L'arpentement dit de Lavergnerie des Ouliers avait une 


surface de 64 quarlonnées 5 picotinés 1}4 et donnait au seigneur : 
Argent... 10 sols. 


r 10° L'arpentement dit de la Coste liouge avait une surface de 
8 quartonnées 2 picotinés 112 et donnait au seigneur : 
Froment...…. ? picolins. 
Avoine...……. | id. 
Argent... 4 sol 1 denier. 


« {1° L'arpentement dit du Mas de Beynas avait une surface de 
37 quartonnées 1 picotiné 112 et donnait au seigneur : l 
Froment.... 2 quartons 2 pivotins. 
Avoine. …. 1 id. 4 id. 
Argent... » 8ols 9 deniers. 


e {1% L'arpentement dit de la Bourderie et du Mas du lPouget 
avait une surface de 72 quartonnées 2 picotinés et donnait au sei- 


wneur : : 
Froment....…. 4 quartons. 
Avoine … À id. 4 picolins. 
Poule... 1 
Argent... D sols. 


« 18° L'arpentement dit du Bois de la Marion avait une surfuce 
de 9 quartonnées 3 picotinés 112 et donnait au seigneur: 
| Froment .... 1 quarton. 
Poules... 1 
Argent... 2 sols, 


« 14° L'arpentement dit de Lacoste de Nalmon avait une surface 
de #3 quartonnées 113 de picotiné et donnait au seigneur : 
Froment....…. 2quartons 4 picotins. 
Avoine..…....... 1 id Lo id, 
Argent... 4 sols. 


« _ j$ — 


« 15° L'arpentement dit de las Fourias avait une surface de 303 
quartonnées 2 picotinés et donnait au seigneur : 
Froment..…,. 21 quartons 


Avoine.......… 12 id. 
Poules... 4 
Argent... 20 sols. 


a 16° L'arpentement dit des Bourdeix avait une surface de 114 
quartonnées À picoltiné 3,4 et donnait au seigneur : 
Froment... .. ‘i quartons 1 picotin. 
Avoine....….. 8 id, 3 id 172. 
Poules ..…..…. 2 1,3. 
Argent ....… 5 sols G deniers. 
u 179 L'arpentement dit de del Chaussé et de Cheyroux blanc 
avait une surface de 106 quartonnées À picotinés et donnait au sei- 
gneur : | 


Froment...…. ‘7 quartons À picotins. 
Avoine......... 1 id. 9 id, 
Argent...... 4 sols 6 deniers. 


« 18° L'arpentement dit de Combeboyne avait une surface de 192 
quartonnées 9 picolinés 1/2 et donnait au seigneur : 
Froment,..... 9 quartons. 
Avoine....... 12 id. 
Poules... 2 
Journées... 2 
, Argent... o sols. 
« 149 L'arpentement dit de Combe-la-Nue avait une surface de 
189 quartonnées # picotinés 1/4 et donnait au seigneur : 
Froment...…... À quartons. 
Avoine....….. 6 id, 
Poules ....... 8 
Journées... 4 
Argent... 6 sols. 
« 212 L'arpentement dit Sablou avait une surface de 37 quar- 
tonnées 1 picotinés 4/4 et donnait au seigneur : 
Froment.....….. 6 picotins. 
Avoine ..... 2 quartons 7 picotins. 
Argent... 8 deniers. 


« #19 L'arpentement dit de Mourival avait une surface de 4 quar- 
tonnées 2 picotinés et donnait au seigneur : 
_Froment....., 4 picotins. 
Poule........, 1 


— 937 — 


« 92% L'arpentement dit del Grand Jarrit où du Puy de la Veys- 
sière avait une surface de 264 quartonnées el 112 picotiné et donnait 


au seigneur : | 
Froment.. … 20 quarlons. 


Poules... .... 4 
Argent... 31 sols, 


« 23° L'arpentement dit des Prés del Faure avail une surface de 

17 quarlonnées et donnait au seigneur : 
| Argent... 15 sols. 

« 94° L’arpentement dit de Granlet avait une surface de 29 quar: 

tonnées 5 picotines et donnait au seigneur : 
Froment.....…. l quarlon, 

« 25° L'arpentement dit de la Genébre avail une surface de 148 

quartonnées 1 picotiné et donnail au scigneur : 


Froment.....… 6 quartons. 
Avoine........ 12 id. 
Poules... 2 


Argent ..…...… {o sols. 


« 26° L'arpentement dit de Laularie où Mas Jallet avait une 
surface de 91 quartonnées 1/4 de picotiné et donnait au seigneur : 
Froment.....… 10 quartons. 
AVOINC. 10 id. 
Poules ... ... 1 
Journées... ..2 
Argent... 12 sols 4 deniers. 


” 


« 27° L'arpentement dit de Muguet avait une surface de 42 quar- 
tonnées 1/2 picatiné et donnait au seigneur : 
Froment....... À quartons, 


Seigle....... 4 id 
Avoine...... 3 id. 
Poules...... 9 


Argent...... 5 sols. 


* 28° L'arpentement dit de Mirabel et de Combe Allae avait 
une surface de 393 quartonnées 4 picolirés 112 el donnait au sei- 
gneur : 

Froment....…. 8 quartons, 
Seigle......,. 9 id, 
Avoine,..... 12 id. 
Cire. ......, 112 livre. 
Poules...... 2 
Argent..... . 29 sols. 


— 338 — 


« 29% L'arpentement dit de Laveyssolete avait une surface de 30 
quartonnées 1 nicotiné 3j4 et donnait au seigneur : 


Froment.....…. 
Poules ...... 
Argent... 


4 quartons. 
(n] 


3 sols. 


« 40 L'arpentement dit des Monteils franes avail une surface de 
794 quartonnées 5 picotinés Î[8 et les communaux 8 quarlonnées 1 pico- 
tiné, soit en tout N02 quartonnées 6 picolinés et donnait au seigneur : 


Froment....….. 
Avoine..,.... 
Visio 
Poules ,...., 
Argent...... 


21 quartons. 
36 
21 
(Ù 
30 sols. 


id, 
id. 


« 81° L'arpentement dit de Afarmont avait une surface de 18 quar- 


tonnées 4 picotinés 1,4 et donnait au 


Froment....….. 
Avoine. ... 
Poules ,..... 


seigneur : 
2 quartons. 
3 id. 


È 


« 32° L'arpentement dit des Monteils francs (la Croze) avait une 
surface de 698 quartonnées 7 picolinés 3/4 et donnait au seigneur : 


Froment....……. 32 quarlons. 
Avoine....,. 12 id. 
ViQesessmss AU id. 


Poules....,., 3 
Argent...... 15 sols, 


Tout le monde pavait cet impôt et cela sans aucune récri- 
minalion, car chacun reconnaissait sa parfaite justesse. 


5° LA JUSTICE. 


À une époque non encore déterminée et pour une cause peu 
connue, peut-être celle de la présence constante du seigneur 
dans les camps ou à la cour, ce dernier nomma un juge pour 
rendre la justice en son nom et place. Or on considérait alors 
que le droit de rendre la justice était la moitié du celui du 
seigneur ; aussi voyons-nous ceux qui en furent révétus se 
qualifier de « co-seigneur » c'est-à-dire de « seigneur en par- 


— 339 — 


tie ou de seigneur en second » de la terre sur laquelle ils ren- 
daient la justice (1). | 


6° LES FONCTIONNAIRES SEIGNEURIAUX. 


la terre seigneuriale étant un petit royaume, il n’est donc 
pas étonnant d’y trouver les mêmes fonctionnaires, mais 
en petit. 


FERMIER GÉNÉRAL DE HRASTIGNAC : François Parlmérol, 25 février 166, 

Juces : Pierre Rupin, écuyer, sieur de Lautennery, du 3 avril 
1663 au 27 septembro 1709. 

Pierre Dubreuilh, advocat, du 30 juillet 1509 au 29 fevrier 1722. 

dean de Collis, sieur de Lagauteyrie, du 8 août 1719 au8 août 1725. 

Jacques Raynaud, le 40 août 1729. 

JuGRs SUPPLÉANTS : Pierre Rupin, sieur de Lautheyrie, du À février 
1666 au 2 avril 16175. | 

PROCUREURS D'OFFICE : Pierre Chabanes, sieur de la Faurie, du 
3 novembre 1659 au 21 janvier 1661. 

Jean Labrousse, du 14 décembre 1672 au 24 janvier 167. 

François de Magueur, du 24 mai 1688 au 5 septembre 1748. 

Jean de Magueur, sieur des Bourboux, du 10 février 1716 au 
19 février 1719, 

Jean de Bourbons, le 14 septembre 17138. 

Jean Coltes, le 20 avril 1336. 

dean de Coltes, sieur de in Gautcrie, du 5 mars 1333 au 90 mai 
1139, 

PROCUREUR POSTULANT : Jaunos Labrousse, le 3 avril 1662: 

GREFFIERS : Claude Formingier, le 3 avril 1662. 

Léonard Moignie, en 1711. 

Antoine de Beauregard, sieur de Laserve, le 26 avril 1723. 

Guillaume Formingier, le 30 juillet 4336. 

SERGENT : Pierre Lacombe, le 11 septembre 1768. 

LIEUTENANTS : Antoine de Beauregard, sieur de Laserve, le 26 avril 
1723. 

Jean Clédat, notaire royal, le 11 murs 1739, 

François Clédat, le 6 août 1732. 

Recevæuns : Bernard Bardet, le 2? juillet 1636. 


1) Cela résulte de plusieurs actes notariés de 1500 à 1700 qui me sont 
tombés sous la main, 


LF 


— 340 — 

Guillaume Nious, sieur de la Comhe, du 12 décembre 1713 au 
21 mars 1716. 

Léon [acombe, le 18 septembre 1146. 

Guillaume Forminger, le 27 septembre 1154. 

Francois Formingier, le 5 juillet 1761. 

Récisseuns : Jean Sedie, le 3 août 16N5. 

Léonard Bardet, le 22 janvier 1694. 

Guillaume Niord, sieur de la Comhe, le 13 juillet 17301. 

Jean Decollis, sieur de Lagauterie, le 21 avril 1722. 
Jean de Cottes, sieur de la Gauterie, le 5 mars 1733. 

François Forminger, le 2 juin 1iû. 

Guillaume Lalande, sieur de Lafont, le 20 juin 1368. 

Pierre Delage, sieur de Laborie, le 27 juin 1746. 


(A suivre) R. DE PEYRONNY. 


VIEILLES ENSEIGNES D'AUBERGES 


A PÉRIGUEUX ET EN PERIGORD. 


Monsieur et jeune confrére, 

Vous mc priez de vous fournir quelques indications sur 
les vieilles enseignes d’auberges de notre province. Ce 
sujet paraît vous intéresser tout particulièrement. Pour vous 
donner üne réponse à peu près complète, il me faudrait avoir 
consulté les minutes des notaires, les registres du contrôle, 
la collection des insinuations des actes translatifs de propriété 
enregistrées aux trois grands bureaux des sénéchaussées de 
Périgueux, Sarlat et Bergerac, tous les registres paroissiaux 
d'état civil, les délibérations des corps municipaux, les fonds 
des justices secondaires, des familles, etc. Et je n'en ai 
jamais eu le loisir. Je serai en mesure de vous nommer seu- 
lement les auberges des trois grandes villes des principaux 
sièges judiciaires du Périgord, où se rendaient les gens pro- 
cessiis, les parties en cause, dont on retrouve les noms dans 
les « dictons » de sentences, les cnquêtes ou informations, 
les registres de présentations aux greffes et d’affirmations de 


— 341 — . 
voyages. Il y avait certaineinent d’autres auberges où ne 
descendaient pas les plaideurs et qui peut-être avaient un meil- 
leur renom ; mais elles me sont inconnues pour les raisons 
que je viens de vous dire. 

Vous connaissez sûrement les enseignes citées dans l’Inven: 
luire des archives municipales de la ville de Périgueux et 
remontant au moyen äge. Je vous les rappellerai tout à 
l'heure, en assortissant leurs noms de faits historiques ou 
shnplement anecdotiques, quand je le pourrai, en m'aidant 
de mes souvenirs de vieil archiviste. 

Un ouvrage fort instructif que je vous engage, à l'occasion, 
a consulter, si vous en avez le temps, est l'Histoire des hôlel- 
leries, cabarets, courtilles, et des anciennes communautés el 
confréries dhôteliers, laverniers, marchands de vin, elc, par 
Francisque Michel et Edouard Fournier (2 vol. Paris, 1859), 
que j'ai lue dans ma jeunesse, avec intérêt et prolit. Vous v 
verrez, comme le constate du reste M. Dupont-Ferrier, dans 
son intéressante chronique du Journal des Débats, Au 29 sep- 
tembre 1905, que € la lable était généralement mcilleure que 
» la chambre, et que l'on mangeait fort honnétement pour 
» 20 sols par tête, au début du regne de Louis XIV. La monar- 
» chie avait tenté, auparavant, de tarifer le prix des gites et 
: des repas. Mais les hôteliers passaient outre, sous le pré- 
» texte que leurs clients réclamaient « bonne et belle chere ». 
» [ls négligeaient de méditer le tableau accroché à l'entrée 
» principale de leur auberge, et où l'ordonnance de février 
» 1566 avait fait inscrire le prix des vivres ». 

La propreté, à cette époque, laissait beaucoup à désirer. 
Les draps étaient quelquefois « plus piquants que les cilices 
des anachorèles ». Les lits manquaient ordinairement, et il 
fallait mettre plusieurs voyageurs dans le mème lit. On s'esti- 
mait heureux de Paubaine quand trois ou quatre personnes, 
inconnues les unes aux autres, pouvaient obtenir un Hit 
séparé dans une chambre commune. Ces lits avaient au 
besoin plusieurs matelas, mais les couvertures étaient mal 
ajustées. 

Nous ne sommes plus, Dicu merci, à ces temps primitifs, 
au moins à la ville. Sur l'impulsion du Touring-Club de 


— 342 — 


France, les hôteliers ont aménagé leurs chambres avec un 
confort parfait et une propreté méticuleuse qui leur valent 
aujourd'hui les compliments des voyageurs et des touristes. 
Aussi leurs enseignes modernes sont-elles bien plus préten- 
tieuses que les anciennes : ils s'en font un peu accroire pour 
dire la vérité ; tout est grand chez eux! 

Laissons cette digression et revenons au Périgord pour 
nous y tenir, 

Nous commencerons, si vous le voulez bien, par la ville de 
Périgueux, la plus importante de la province, quoiqu'elle 
n’eût en 1788, d'après le Calendrier du Périgord, que 15.800 
habitants (1) et quoiqu'’elle n'en eût, au commencement du 
xix° siècle, d’après Delfau, que ÿ.723 (2). On voit que les chif- 
fres ont souvent varié. Mais elle était le principal centre d'aftai- 
res et de négoce, le siège de la Sénéchaussée et de l’Elec- 
tion, qui devaient v amener un assez grand nombre de 
voyageurs, de pelits commerçants venant s'approvisionner, 
de parties en instance, etc. 


Périgueux. 


Vous avez vu les auberges, comme je le disais tout à 
l'heure, mentionnées du xv° au xix° siècle dans l’Inventaire 
des archives municipales : laissez-moi vous les rappeler rapi- 
dement. Il est présumable qu'il y en avait de meilleures les 


(4) La population se répartit alors ainsi dans les paroisses : 

Saint-Front : 10.000 habitants ; 

Saint-Silain : 4.000 habitants. 

Dans les faubourgs, St-Georges : 200 ; 

St-Martin : 200 ; 
St-Hilaire : 100. 

Dans la Cité, St-Etienne : 800. 

Dans un interrogaloire sur faits ct articles subi par Mr” Le Boux en 1681, 
il déclare que la paroisse de St-Front de Périgueux, à elle seule, a plus de 
12.000 âmes, non compris la pelite paroisse de St-Silain. (Archives départe- 
mentales, série B 173.) 

(2) Annuaire du département de Ia Dordogne, de l'an XI, par Delfau, 
p. 297. Un dénombrement de la population de l'an VIIL fournit le même 
chiffre. (Registre des délibérations de l’administration municipale, série D 5/6.) 


— 343 — 


unes que les autres, où la clientele était plus choisie ; mais 
sur ce point, je ne saurais vous édifier, mon cher confrère, au 
moins pour une époque lointaine; c'est à vous qu'il appar- 
tiendra de deviner, soit par l'enseigne, soit par la situation 
topographique, soit par tout autre moyen, quelles étaient les 
auberges secondaires. 

Comme aujourd’hui, une surveillance administrative était 
exercée autrelois sur les hôtelleries, notamment aux veilles de 
foires de la Mi-Carème, de la Saint-Mémoire et de Saint-Front. 
Nous en trouvons la trace pour la première fois en 1436-1437 
dans les livres des comptables (1), en même temps que se 
faisait l'inspection du guet, de la police. Dans les pièces jus- 
titicatives de dépenses, d’une époque bien plus rapprochée de 
la nôtre, l’imprimeur Dalvy réclame, le 13 mai 1788, le prix 
de 30 affiches concernant les aubergistes (2), qui devaient se 
rapporter à la police. 

Je ne voudrais pas, à propos d'enseignes, allonger ma lettre 
outre mesure, je pourrais vous citer de nombreuses ordon- 
nances de police municipale relatives au sujet ; je me borne- 
rai à quelques-unes des plus intéressantes. L'une des premié- 
res, que je rencontre dans le dépôt communal, est une délibé- 
ration du 6 mars 1719, qui défend à tous hôtes, traiteurs et 
autres, donnant à manger et vendant du vin au bouchon, 

De donner à boire après les neuf heures du suir, et à tous habi- 
lants de rester, se promener ou vaguer sans chandelle ou sans néces- 
silé, sur les places et dans les rhucs après lad. heure, à peine de la 
prison et d'une amende telle que de droit, et en cas qu'ils soient trou- 
ves dans les rhues et places apres lad. heure, seront lenus de dire 
l'endroit où ils vont et d'ou ils viennent, à peine d’estre traiclés comme 
vagabons et perturbateurs du repos publiq... (3). 

- Quelques années auparavant, le 24 septembre 1716, unc 
lettre imprimée du procureur général de Bordeaux, M. Duvi- 
gier, à M. le procureur du Roi au Présidial de Périgueux, 
J'imvitait à faire exécuter les ordonnances, déclarations et 


(1) Serie CC 8. 
(2) CC 146. 
(3) Registre des délibérations des maire et consuls. 


— J44 — 

arrêts, qui défendent aux hôtes et cabaretiers de tenir leurs 
cabarets ouverts les jours de fêtes et dimanches, ni d'y rece- 
voir aucunes personnes aux heures du service divin. Il se 
plaint de ce que les déclarations et arrêts demeurent inexécu- 
tés par la négligence des juges, « et que d’ailleurs les vaga- 
» bons et gens sans aveu et autres personnes, de tous états 
» et conditions, marchent dans l'obscurité de la nuit et à des 
» heures indûüës dans les rues des villes, bourgs et villages 
» du ressort de la Cour... » (1). 

Une ordonnance du 24 décembre 1739 défend aux mar- 
chands et aubergistes d'ouvrir leurs boutiques et de donner 
du vin la nuit de Noël {2:. Une autre ordonnance, du 12 mars 
1740, défend aux cabaretiers, aubergistes et hôteliers,de don- 
ner à manger en gras pendant le carême (3). Comme les pro- 
hibitions civiles et religieuses se sont relâchées depuis lors! 

Plusieurs autres ordonnances, du 16 mars 1752, du 20 sep- 
tembre 17353, du 27 frimaire an IV, renouvellent les inhibitions 
de sortir sans lumicre, après 8 heures el la retraite sonnée, 
sous peine d’être arrêté par la patrouille et conduit au corps 
de garde pour y passer la nuit. Il est en même temps défendu 
aux aubergistes et cafetiers d'avoir des rassemblements chez 
eux après 9 heures et d'y laisser jouer à des jeux de hasard (4). 
Les rues de Périgueux, à ces époques, n'étaient pas sûres. 
Certains personnages, habillés en femmes ou masqués, rou- 
laient toute la nuit dans les rues, et, par une conduite des 
plus criminelles, attaquaient ceux qui étaient obligés par 
nécessité d'y marcher et les forcaient à leur donner de l'ar- 
sent, à peine de leur faire perdre la vie. 

A partir de l’année 1809, on trouve des ordonnances spécia- 
lement relatives aux enseignes. Un arrêté du maire, du 
26 avril, défend aux aubergistes, cafetiers et cabaretiers « de 
» placer des enseignes ni auvents sans en avoir obtenu la 


(1) Archives départementales, série B 303/79. Verbaux criminels. 

(2) Registre des arrêtés de la jurade. 

(3) Registre des arrètés de la jurade. 

(4 Registre des arrètés de la jurade et registre des delibérations du corps 
municipal, série D 5/2, | 


= — 


» permission de la mairie ; lesd. enseignes ne pourront avoir 
s que 11 centimètres (4 pouces) de saillie ou d'épaisseur du 
» nud du mur, v compris la bordure el autres ornemens ; 
» elles seront appliquées contre le mur de la maison, Îles 
» tableaux en équerre sont défendus » (1). Cet arrêté vise 
l'ordonnance du 27 décembre 1761 concue dans les mêmes 
termes. | 

La même ordonnance est visée dans un autre arrêté du 
maire du 18 mai 1813, concernant les enseignes des marchands 
plutôt que des aubergistes. 

Les marchands, en effet, se permettaient d'établir des ensei- 
yves en tableaux et loile peinte au-dessus de leurs boutiques 
et ateliers, et de les suspendre au milieu des rues, à l’aide de 
‘cordes ou de chaînes en fer. Quelques-unes de ces enseignes 
pendaient même tellement bas qu'elles pouvaient ètre tou- 
chées par les voitures de foin ou autres. En hiver, ces drape- 
ries couvriraient les réverberes et en intercepteraient la 
lumière. Il était nécessaire aussi d'éviter cette bisarrure des 
rues 12). 

Un nouvel arrèté du 11 août 1818 revient sur la question 
des enseignes, qui devront être attachées avec des crampons 
de fer, scellées en plâtre dans le mur et non simplement 
accrochées ou suspendues, à peine de 5 francs d'amende. II 
cest interdit de mettre sur les enseignes aucune figure en 
relief, aucun tableau en équerre, ni rien de contraire aux lois 
etaux mœurs sous la même peine :3),. 

Enfin un dernier arrêté du maire, du 20 avril 1844, concerne 
les aubergistes, maîtres d'hôtel garni, logeurs et logeurs en 
garni. Il leur indique les mesures de police qu'ils doivent 
observer et leur rappelle les obligations que les lois leur 
imposent (4). 

Je ne veux pas m'étendre davantage sur les règlements de 
police, qui n'étaient pas toujours rigoureusement exécutés et 


(1) Regisire des arrêtés du maire, D 7/1. 
(2) Id. Hd. D) 7/2. 
13) Id. Id. ; D 7/2. 
(4) Id. id, D 7/4, 


— 346 — 


tombaient, comme aujourd'hui, assez promptement en désué- 
Lude par suite d'une trop grande tolérance des autorités. 


En volre compagnie, mon cher confrère, je passerai main- 
tenant en revue les auberges les plus connues depuis le 
xvi° siècle, soulignant les noms des personnages de distinc- 
tion qu’elles ont logés ou les événements qu'elles ont vus. 

De 1537 à 1557, le comptable de la ville paye aux hôtelle- 
ries du Chapeau Vert, près du Pont-Vieux, et de la Belle (1) les 
dépenses faites par M. le général Secondat (2), les deux 
hommes et les sept chevaux qu'il avait avec lui. La ville tient 
à le remercier ainsi d’avoir fait diminuer « la soulde de 2750 
livres et pour autres agruables services faictz à elle... » ; elle 
paye 11 livres 14 sols à l'hôte du Chapeau Vert et 14 livres 13 sols 
tournois à l'hôtesse de l« Belle, où M. de Secondat a passé les 
trois journées des 25, 26 et 27 avril 1547, avec son équipage. 

Les auberges les plus en vedette, à cette époque, sont le 
Chapeau Blan:, les Anges, les Hermites, le Lion d’Or, le Crois- 
sant, lEcu de France, Suint-Pivrre, Sainte-Catherine, et les 
plus célèbres à cause des événements historiques qui s’y sont 
passés, le Chapeau Vert, pres de la rivière, « dans le grand 
logis des Lamberts », et le Chapeau Rouge, aux Barris, en 
dehors des murs, où se tramaient les conspirations politiques 
aux xvi° et xvu° siècles. 

En 1568, la ville de Périgueux avait un procès avec l'hôte 
du Chapeau Rouge auquel on avait pris quantité de vivres, au 
moment du passage de l'armée royale en Périgord, conduite 
par M. le prince de Montpensier (3). Cette auberge s’est dépla- 
céc ultérieurement; car, à la fin du xviut siècle, nous la trou- 
vons près de la porte du Plantier, paroisse de Saint-Front. 

Comme nous l’a révélé dernierement M. Georges Bussière, 
l'hôtellerie de Saint-Pierre, située dans le faubourg de Tail- 


(1) Série CC 99, 100 et 101. 

(2, Pierre IT de Secondat, trésorier général des finances de France en la 
Wénéralité de Guyenne. 

(3) Louis Il de Bourbon, duc de Montpensier, qui se fit remarquer par sa 
grande cruauté contre les fluguenots. Affaires du Périgord de 1583, manus- 
crit obligeamment communiqué par le marquis de Sainte-Aulaire, fe 105. 


— 347 — 


lefer, près de l'hôpital de la Manuïacture, et que vous avez 
pu connaitre, mon cher confrère, puisqu'elle a existé jusqu à 
nos jours, était tenue en 1343 par un Picrre Bertin, des aieux 
du ministre de Louis XV, qui paye une finance de 40 sols pour 
sa lettre d'habilant (1:. 

Il v a eu une autre auberge Saint-Pierre, rue Neuve, à une 
époque plus récente, puisque le 17 frimaire an IV, la munici- 
palité de Périgueux décide, après rapport, qu'une vieille 
masure ou maison appartenant à là commune, sous ce non, 
ne sera pas vendue, « les matériaux en bois et en tuile étant 
» précieux pour l'administration, et l'emplacement pouvant 
» être tres utile pour le service du moulin (2). 

A peu près à la même date, au milieu du xvi° siècle, Michel 
Cousmon, « hoste de Sept-Fons », est reçu habitant de Péri- 
gueux el paye 5 livres pour sa leltre d'habitation (3). 

L'hôtellerie de Suint-Pierre est tenue en 1669 par Pierre de 
Vielescot dit Peyrot, qui meurt le 2 janvier et est inhumé chez 
les Jacobins (aujourd'hui chapelle de Ste-Ursule) (4;. Elle est 
tenue en 1704 par un nommé Coulin (5). 

J'ai pensé que vous seriez bien aise, mon cher confrere, de 
connaître aussi quelques noms d'hôteliers, qui souvent se 
transmettaient de père en fils leurs fourneaux, en changeant 
parfois de quartier, quoique leur bonne renommée y fût soli- 
dement assise. 

En 1550, Jeanne Bascharelic (peut-ètre de la famille des 
Beaupuy), veuve de Guillaume Brunet, hôte du Chapeuu Rouge 
« lès la ville de Périgueux », demande qu’un tuteur honoraire 
soit nommé à ses deux enfants après le décès de son frere. 
M° Roubon Joubert, prêtre d'Issac, est choisi, avant de procé- 
der à l'inventaire des meubles el immeubles. Vous trouveriez 
dans ce dossier aux Archives de la Dordogne (6) un inventaire 
de mobilier d'hôtel, au xvi° siècle, qui pourrait vous instruire. 


(1) Série BB 19, fe 10. 

(2) Registre des délibérations du corps municipal, série D, n° 5/2. 
(3) Série CC 100. 

(4) Arch. départ. E suppl. 3 f° 4 verso et GG U6. 

(5) Arch. munic. GG 82. 

(6) Fonds de la seigueurie de Sallecgourde, scrie E, layelte 3, 


— 948 — 


Le comptable municipal, en l’année administrative 1557- 
1558, consigne : qu’il à reçu pour amendes de € l'oste des 
Hermites » 8 livres 14 sols 6 deniers; d'Antoinette Durieu, 
« hostesse de Pressac où pend pour enseigne le Lyon d'Or, à 
Tailhefer, pour avoir « fait et vendu du pain légier », 5 livres 
tournois (1); — la mème année, qu'un conseiller au Grand 
Conseil, passant à Périgueux, loge au Croissant, et que la ville 
lui envoie deux pots de vin payés 3 sols 4 deniers. En 1569, 
la ville paye aux hôtelleries de l’Ecu de France, située devant 
l’église Saint-Silain (2), et des Anges les dépenses occasion- 
nées par le séjour des capitaines Jean Renaud et Chastel- 
naud (3). L'auberge de Sainte-Catherine, peut ètre d’une caté- 
gorie secondaire, était gérée en 1568 par Guillaume Gady (4. 

Comme pour les amendes de police aux recettes, les dépen 
ses en cadeaux se répètent dans les livres du comptable : 

1608-1609... Reçu des « hostes » de Périgueux, pour avoir vendu 
le vin 2 sols sans la permission des maire et consuls, la somme de 
70 livres. 

Pierre Segreste, hôte, reçoit 3 1. 16 s. « pour le vin qui a esté balhié 
- à madame de Bourdelhie estant en ville » (5), octobre 1609, (6). 

1620-1621... Il a été baillé à Mérigou Bonnefon, hôte, la somme de 
18 sols pour le vin qui a été envoyé à M. d'Entragues (7). 


Durant le xvn° siècle, les mêmes enseignes reluisent au 
soleil ou se balancent au vent sur leur tringle de fer, quand 
ce n’est pas la branche de pin, le bouchon traditionnel de nos 
cabarets actuels, qui à remplacé la louffe de lierre, Pattribut 
de Bacchus, chez les anciens. En 1592, l'hôtel des Anges, situé 


(1) Arch. munic. CC 401. 

(2) Arch. munic. Livre Rouye. 

(3) Arch. munic. CC 102. Ce capilaine Castelnau commandait une compa- 
guie du régiment du sieur de Sarlabos, Arch. hist. de la Gironde, XVIE, 
p. 327. Je n'ai aucune indicalion sur le capitaine Jean Renaud. 

(4) Arch, départ. Procédure du fonds de la scigneurie de Sallegourde 
serie E, layette €. 

(5) Madeleine de la Chastre, femme d'Henri de Bourdeille, sénéchal de Péri- 
gord. 

(6) Arch. muuic. Série UC 101. 

(7) De la maison des Balzac d'Entragues, 


— 349 — 


dans la paroisse de St-Front, est tenu par Jean Laubarède (1), 
et passe ensuite en 1609, ou quelques années avant, à Guilhem 
Dumonteilh dit Rigou (2). L'hôtellerie de la Madeleine est 
toujours rue de la Limogeanne (1623-1624) ; Anne Beaussou- 
bre en est l’hôtesse (8;;, quarante ans aprés, son successeur 
le sieur Malet y meurt et est enterré dans la chapelle des Péni- 
tents (41; et enfin, en 1684, l'hôtelier Pierre Faure dit Lafleur 
fait son testament le 14 octobre devant Chariroule, notaire 
royal. 

Pendant ces mêmes années, Pierre Segreste est l'hôtelier de 
la Bride (5); Pierre Bazinette lient le logis où pend pour 
enseigne l’image des Trois-Rois (6). Isabeau Barbarin est la 
femme de « l'hoste de la Caroste » (7). Charles est l'hôte du 
Chène Vert en 1648 dans la paroisse Saint-Silain (8); cette 
auberge eut plus tard un grand renom de bonne cuisine. 
Laplace gère en 1671 l’auberge de la Croir-Blanche (9). En 
1679, on rencontre dans le quartier des faubourgs de Taille- 
fer l'hôtellerie de Notre-Dame (10). Un logement est payé par le 
comptable en 1680 « chez la Gasconne » 27 livres (11) ; il pave 
aussi en 14690 à l'hôtesse de Saint-Pierre 22 sols pour la dépense 
des bouviers, « quy tiroient et menoient les pierres à l’ouver- 
ture des murailles, proche les moulins » ...(12). Au 9 jan- 
vier 1689, le prieur de Merlande afferme à Anne Viaud, veuve 
de Pierre Faure, hôtesse du logis où pend pour enseigne 
l'image de Saint-Louis, de la ville de Périgueux, le revenu des 


(4) Arch. munic. GG 98. 


(2) Id. GG 2. 
(3) li. GG 60, 
(4) Id. GG 684. 
5) Id. GG 5. 
(6) Id. GG 47 et 144, 
(7) Id. GG 52. 
(8) Id. GG 116. 


(9) Arch. départ. Fonds de la seigneurie de Sallegourde, série E. 

(10) Arch. départ. B 180. Verbaux criminels. 

(11) Arch. munic. CC 106. 

(12) Id. CC 107. Cette auberge de Saint-Pierre doit être celle de 
la rue Neuve, voisine des moulins 


— 930 — 
prés appelés de l'Etang, moyennant un prix annuel de 
620 livres (1). 

Au xvinu® siècle, outre les vieux noms, nous rencontrons à 
Périgueux aussi bien qu'à Bergerac, Mouleydier, Monpazier 
et Montignac, des noms d'actualité, de personnages politiques 
ou militaires, de souverains même, par exemple : d’abord 
l'hôtel du Dauphin Couronné !2) vers 1734, et un peu plus tard 
en 1779 l'hôtel du Grand Louis XVI) dans la rue Puynazel, 
paroisse de Saint-Silain, du Grand duc de Malborough à Ber- 
gerac. 


Mais retournons à nos plus vieilles enseignes sans les répé- 
ter pourtant. En 1702, Jean Allemand tient dans la paroisse 
Saint-Jean de la Cité, l'hôtel de La Tête Noire (4), entre les deux 
portes, du côté de la porte de Taillefer ; et Jean Coulaud, dans 
la paroisse Saint-Martin, du côté du couvent des Jacobins, 
celui de la Coquille (3). Au mois de juillet 1719, messire Pierre 
Tesseron de Segonzac, abbé de Châtres, était descendu à 
l'auberge de la Madeleine, lorsqu'il était venu de sa maison 
de Segonzac, paroisse de Segonzac au diocèse de Limoges, 
pour faire signifier aux héritiers de l’abbé d’Aubusson, abbé 
de Châtres, son prédécesseur, un arrêt du Conseil, le brevet 
du Roi portant sa nominalion à l’abbaye de Châtres et une 
ordonnance du lieutenant-général de Brive, commissaire 
député du Grand Conseil (6. Pevronne Périer était, au mo- 
ment de sa mort, en 1727, hôtesse à l’image de Saint-Georges, 
en la paroisse Saint Georges (1). 

C'est également par les livres de dépenses du comptable 
Municipal que nous sont conservés les usages, les traditions 
administratives, des repas du jour de l'élection à la Saint- 
Martin d'hiver ; de la fête de Sainte-Anne (26 juillet), patronne 


(1) Bull. de la Soc. hist. du Périgord, . 1890, p. 284. 

(2) Arch. munie. CC 124; GG W. 

(3) Arch. départ. Série E, fonds de Saulnier de Ferrières. 

(4) Id. B 167 et Arch. munic. GG 142. 

(5) Arch. munic. GG 142. 

(6) Arch. départ. B 1099. Livre des affirmations de voyages, f° 107. 
(7) Arch. munic. GG 161. 


de la ville ; des fêtes patronales ou frairies des paroisses de 
la banlieue, quand les maire et consuls s'y rendent solennel- 
lement pour y « recevoir les honneurs ct y mettre l'ordre ». 
Car jusqu’en 1789 (26 août) ils prennent le titre de « seigneurs 
» hauts jusliciers, comtes, barons, gouverneurs, lieutenant 
» de Roi, juges civils, criminels‘et de police des ville, cité, 
» faubourgs, banlieue et juridiction de Périgueux » (1). 

Le jour de Sainte-Anne, anniversaire de l'expulsion des 
protestants, les magistrats municipaux assistaient à l'oftice et 
à la procession. Le comptable paye en 1727-1728 la sommede 
i6livres 18 sols à l'hôte Chambaud pour lc repas de la Sainte- 
Anne. Le dessert avait été servi par « la Thézée » et coûte 
26 livres (2). En 1331-1732, une somme de 60 livres est payce 
à Chambaud et à l’hôtesse de la Belle Eloile, dans la paroisse 
de Saint-Front. En 1732-1733, le même Chambaud, maître 
aiteur, reçoit pour le « repas de l'eslection » 66 livres, et 
pour celui de Sainte-Anne 91 livres 15 sols (3). Dans ces comp- 
tes, sont mentionnees les hôtelleries du Dragon, paroisse Saint- 
Martin, et des Trois Pigeons, siluée au quartier de la Limo- 
geanne et près la place du Gras (4) : une note de dépenses 
faites dans cette dernière auberge en 1740 se trouve dans le 
fonds de Taillefer aux Archives départementales. En 1733- 
1584, une barrique de vin, offerte à l’Intendant de Bordeaux, 
de passage à Périgueux, est payée 38 livres à l'hôtesse des 
Trois Marchands (5). Deux ans après, 1736-1738, le comptable 
paye encore 27 livres à Lacour, hôte du Dauphin Couronné, 
pour le prix d'une barrique de vin offerte à l'Intendant (6;. Et 
autrefois, comme présentement, il était défendu aux auber- 
gistes de venir au marché avant l'heure fixée : une amende de 
8 livres est infligée à l'hôtesse des Trois Rois, « pour avoir 
acheté des poulets à la place avant neuf heures » (7). 


(1) Id. Registre des communes, p. BU. 

‘2) Id. CC 113. 

(8) Id, CC 119 et 120. 

(4) Arch. départ. B 308/13. Verbaux criminels. 

(>) Arch. munic. CC 121. — L'intendant est Claude Boucher. 
(6) Id. CC 124. 

(1) Id, CC 196. 


— 352 — 

Comme je le disais tout à l'heure, le quartier de la Limo- 
weanne très fréquenté avait, d’ancienne date, nombreuse 
clientèle, quoique la circulation des voitures dans ses rues 
fort étroiles n'y fût point commode. L'auberge du Saint-Esprit 
était située dans un « canton » (venelle ou impasse) aboutis- 
sant à la rue Limogeanne (1). En 1134, Léonarde Gerbeau 
éfail l'hôtesse du Dauphin, dans la paroisse de Saint-Front (2). 
Nous trouvons mentionnées « aux fauxbourgs Saint-Martin » 
en 174 l'auberge du Dragon !3); en 1739, 1786, 1787, celle des 
Trois Piliers, tenue en 1786 par Duvaulx (4). Jacques Reynaud 
tient l'hôtel de La Pelle-Etoile de 1750 à 1756 (3); Denis Dubes- 
set, en 1762, celui des Trois Rois, qu'a tenu aussi un traiteur 
tres apprécié Jean Charbonuier (6) ; Raymond Chabrely, en 
1767, celui du Cheval Blane, qu'avait tenu avant lui Jean 
Devaulx (7); Raymond Roux, en 1768, celui du Chapeau 
Rouge (8) que tenait en 1749 Jean Culinnes (9), et en 1714, 
après s'être déplacé et avoir passé dans la paroisse de Saint- 
Front, Marguerite Belain, veuve de Serre (10). Quelques 
années aprés, vers 1780, le comptable paye 30 livres à Bap- 
Liste, aubergiste du Chapeau Rouge, pour les repas du jour de 
Saint-Marc à Champcevinel où les maire et consuls étaient 
allés recevoir l'hommage (11). 

Il y avait également de nombreuses auberges au faubourg 
du Pourradier, paroisse de Champcevinel, mais probablement 
d'une catégorie inférieure. 

Quelquefois l'aubergiste joint un petit commerce à la gestion 
de son hôtel, soit de boulanger, de boucher, ou de marchand 


(1) Id. FF 124. 

(2) Id. GG 90. 

(3) Id. GG 145. 

(4) Id. GG 146 et CC 145. 

(9) Id. GG 103. 

{Ü) Id. GG %, et l'Avenir illustré de la Dordogne du 14 juin 

1900, p. 213. | 

(7) Id. GG 105, 

(3) Id. GG 105. 

(9) Id. FF 62. 


(10) Arch. départ. B 1684/7. 
(114) Arch. munic. CC 147, années 1770-1785. 


— 953 — 


de bois, comme de nos jours, dans les campagnes : ainsi 
l'aubergiste des Trois Rois vend, en 1745, du bois de châtai- 
gnier pour les casernes, à raison de 6 livres la brasse (1). Son 
auberge en 1767 a pour enseignes la ville de Lyon el les Trois 
Rois, peut-être à la suite de quelque mutation de proprié- 
taire (2). 

L'auberge du Pelit Saint-Jean, siluée dans la paroisse de 
Saint-Silain, était tenue, en 1769, par Marie Beilon, veuve de 
Jean Labarbarie, qui se remarie le 24 octobre de cette année 
avec Nicolas Le Bour, originaire de Quimper (3). Dans la même 
paroisse, en 1777, s'acecomplit le mariage d'Antoine Eymard, 
domestique à la Petile Bonne, avee Marie Desmoulins (4. 
Celle-ci était-elle une parente de Pierre Demoulin, qui tenait 
en 1380 l'auberge du Point du Jour, en la paroisse Saint- 
Hilaire (5) ? Dans la paroisse de Saint-Front, une auberge 
avait pour enseigne en 1786-1788 lu Ville de Limoges, qui était 
tenue à cette époque par le sieur Jean-Baptiste Robinet (6). 
A la même date, nous rencontrons l'auberge du Grand Louis (1) 
dans la paroisse de Saint-Silain ; et au faubourg du Pourra- 
dier, celle de La Coquille, tenue par le nommé Guillaume (8). 
L'auberge où se faisaient les soupers fins de la jeune aristo- 
tocralie en 1781 était l'auberge de la veuve Faure, où il y avait 
au moins trois grandes filles, qui étaient peut-être jolies et 
savaient attirer la clientele (9). 

De même que Bayonne aujourd'hui encore, Périgueux avait 
autrefois, comme Paris (10), son auberge du Panier Fleuri, qui 
avait donné son joli nom à une rue; car vous savez, mon cher 


(4) Arch. munic. CC 141. 

(2) Arch. départ. B 582. Verbaux criminels de 1767. 

(3) Arch. munic. GG 131. 

(4) Id. GG %. 

(5) Id. GG 136. 

(6) Arch. départ. série B 1821/47 et série E, fonds de St-Astier, sommation. 

(7) Id. B 789/27. 

(8) Id. B 826/4%. 

(9) Id. B 729/30. 

(10) Cet hôtel était aux environs du Palais Royal. C'était là que se réunis- 
saient ioutes les semaines Diderot, Condillac et Rousseau. (Confessions, 
liv. VIT, tome Ill, p, 114, édition Jouaust). 


24 


— 354 — 


confrère, que la plus chétive boutique suffisait jadis pour la 
dénomination d'une rue. Elle était tenue en 1777 par Pierre 
Goursy (1). Celte rue du Panier Fleuri prit le nom de rue du 
Serment à l'époque révolutionnaire, en raison du serment 
constitutionnel que devail v prononcer M. Antoine Bouchier, 
curé de Saint-Silain, successeur de l'évèque Pontard, démis- 
sionnaire. 

«“ Lorsque M. Lacombe, évèque d'Angoulôme, écrit M. Léon Lapeyre, 
dans ses notes, vint eu 1799 pour sacrer M. Bouchier, qui venait 
d'êlre nommé évèque de la Dordogne, une foule d'enfants poussés 
peut-être par des personnes qui ne partagcaient pas les idées de la 
constitution civile du clergé, criaient : Lou Mossocraïré, comme pour 
dire que M. Lacombe sacrerait mal M. Bouchier. M. de Mourcin, qui 
m'a raconté ce fait, se trouvait alors sur la place du Triangle où se 
passait cette scène. M. Bouchier était malade en ce moment. Aussi la 
cérémonie du sacre n'eut pas lieu. Après son rétablissement, Bouchier 
se rendit à Bordeaux où il fut sucré le 22 mars 1801 : comme il mou- 
rut quelques mois aprés avoir été sacré évêque, on fit courir le bruit 
qu'il avait été empoisonné » (2). 

Dans cette méme rue du Serment, vos contemporains, 
mon cher confrère, ont vu une vieille enseigne de La Femme 
sans tele, qu'on retrouvait un peu partout. Elle était en eflet 
représentée sans tête. Sa tète était dans les vignes du Sei- 
yneur. 

A une époque voisine de la nôtre, nous avions les 
auberges de la Croix Blanche, du Petit Marché, du Chêne Vert, 
tenue par Francois Borie, où furent arrèlés, le 25 prairial an V, 
les deux frères Fournier (de Sarlat, Francois, chef d'esca- 
dron, et Nicolas, maltrailés par la gendarmerie et entendus 
par François Villefumade, juge de paix, ainsi qu'il résulle de 
piéces de procédure, qui m'ont été communiquées par notre 
obligeant confrère M. Louis Didon. Les deux frères étaient 
accusés d’avoir battu et injurie des « patriotes » de Thenon, 
rentrant chez eux par les faubourgs St-Georges, en chantant 
un hymne à la Liberté. Cet hôtel fut plus tard l'hôtel Mouyanne ; 


(1) Arecb. départ. B Ü78/40. 
(2) Collection Lapeyre à la Bibliothèque de Périgueux. 


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il était situé sur l'emplacement du passage actuel de Sainté- 
Cécile ; on y accédait par la rue Bonnet, aujourd’hui du Chan- 
celier de l'Hospilal. Tout près était l'hôtel de France, tenu par 
le fameux Michellet ; dans l'impasse Limogeanne, l'hôtel du 
Dragon Volant, tenu par M"° Fauconnev, succédant à ses parents 
les Claveau, qui en étaient propriétaires (1). 

Il nous reste à connaître les noms des auberges de quelques 
autres villes, recueillis dans les procédures des sénéchaus- 
stes de Bergerac et de Sarlat. 


Bergerae. 


Nous trouvons dès 1602, à Bcrgcrac, une auberge où pend 
pour enseigne À Saint-Jacques (2) ; en 1324. une auberge de 


l'Aigle, tenue par le sieur Grangé (3) ; en 1725, au faubourg | 


de la Madeleine, celle du Dauphin Couronné, qui existe encore 
en 1750 (4) ; dans le même faubourg, celle du Lion d'Or, tenue 
de 1738 à 1766 et peut-être plus longtemps par Pastissou (5). 
En 1737, Saulet, aubergiste au quartier de Cleyrac, demeure 
au logis où pend pour enseigne la Croir Blanche (6); en 1738, 
Marie du Monteil, veuve de Mathieu Bourdeyx, tient la maison 
portant l'enseigne des Trois Rois 11, en 1739, Mv° Lafrance, 
hôtesse, tient l’auberge de l'Aigle d'Or (8. En 1756, l'auberge 
du Pavillon Royal est {cnue par la nommée Masseronne, qui 
est chargée par la Justice de garder et nourrir un cheval, 


({\ La maitresse d'hôtel M Fauconney, pendant la Terreur Blanche à 
Périgueux (1815-1817) fut emprisonnée, étant enceinte, prête à accoucher, 
sous le prétexte qu'elle avait entendu tenir des propos dans son auberge par 
des paysans des environs qui étaient contraires au Gouvernement, et qu'elle 
ne voulait pas rapporter à la police ni indiquer ceux qui les avaient tenus 
(La Terreur Blanche à Périgueux, par M. Dujarric-Descombes, p. 11.) 

(2} Arch. départ. Série G. Administration des biens du chapitre de Péri 
gueux ; minute de M° Marquet, not. roy. héréditaire. 


(3) - Id. Série B 1898/34. 

(4) Id. B 1762/20 et 1832/10. 
(5; Id. B 1880/14 et 1890/12. 
(6) Id. B 1916/2. 

() id. B 1917/12. 


(8) id. B 1920/26. 


— 9356 — 


séquestré à la requête de messire Jean-Simon de Sorbier de 
Jaure (4). En 1360, le nommé Borde dit Saint-Jean lient l'au- 
berge dite du Grand Louis (2). Cette année-là, un voiturier de 
Limoges, qui v logeait, Mathias Lachaud, se plaint au séné- 
chal de Bergerac d'un sieur Joseph Brun du Marsalet, ancien 
officier d'infanterie au régiment roval La Marine, demeurant 
à Bergerac, qui l'aurait assomme d'un coup de bouteille de 
Hollande, pleine de vin, dans l'auberge, parce que, dans la 
journée, pour éviter un mauvais passage, du côté du Marsa- 
let, paroisse de Saint-Laurent, le plaignant avait simplement 
passé dans son pre. 

De 1760 à 1764, le sicur Faure a entre les mains l'auberge 

du Cordon Bleu (3). On retrouve ici encore en 1773, comme à 
Périgueux, cette aubérge du Grand Louis ; elle est tenue en 
1785 par la veuve Sarramea (4). En 1775, on y appose des 
scellés sur une malle et un porte-manteau appartenant au 
sieur Lolière, qui, en revenant des iles et se rendant dans sa 
famille, dans le Haut-Périvord, décède à l'auberge. 
‘En 1777, dans le quartier de Malbec, le sieur Flourac tient 
l'auberge du Cerf Volant (5), qui passe aux mains du sieur 
Louis Gandrille, cette même année, et de 1784 à 1787 à celles 
du sieur Faurie de Bellerose. On y appose également des 
scellés, en 1786, à la requête de sieur Annet Geneston, négo- 
ciant de la ville de Bordeaux, sur plusieurs malles, contenant 
des effets et marchandises qu'a laissés à l'auberge son cousin: 
germain, feu autre Annet Geneston, marchand forain, et dont 
il était créancier légitime pour 14.294 livres 16 sols 11 deniers. 
Le requérant a demandé en outre qu’on mit les scellés sur 
les ballots d'effets el de marchandises que le marchand forain 
a laissés à l'auberge de la Ville de Limoges à Périgueux où il 
est décédé. 

La servante du sieur Faurie de Bellerose est poursuivie, en 
1787, pour avoir répandu des bruits calomnieux sur la probité 


(1} Id. B 1875/12 et 2093, f° 3. 
(2) ld, B 1949/11. 

(3) Arch. départ. B 2097 fe 25 et 2101 fe 98 verso. 
(4) Id. B 1993/19, 1804/1 et 1R20/31. 


(5) Id, DB 1R02/15. 


— 357 — 

de Pierre Laurique, voiturier, el lui avoir ainsi causé un 
grand préjudice, en l'accusant d'avoir défoncé un boucaud de 
labac appartenant à la ferme, dont la garde et conduite lui 
avait été confiée jusqu'à Brive, et d'en avoir ôté quatre billes 
qu'il aurait vendues et distributes à son profit particulier (1). 

La veuve Sautet administre en 1776 l'auberge du Cheval 
Blanc ;2); comme le nommé Poulet, en 1784, l’auberge où 
pend pour enseigne Au grand duc de Malborough. En cette 
année, des faits assez graves s'étaient passés daas cette auberge. 
Le procureur du Roi informe contre le nommé Mounet, ancien 
dragon du régiment de Condé; Pelissier, ancien soldat ; Paul 
Mounet, chapelier ; Bellerose, fils de l’aubergiste du Cerf 
Volant, et le nommé Cadet Delmas, coutelier, qui, un soir, 
aprés le feu de Saint-Jean de la communauté de Bergerac, 
auraient saisi par les cheveux Jean Boutin dit Frisat et l'au- 
raient entraîné dans l'auberge du nommé Poulet; et là, après 
l'avoir fait boire à outrance, ils se seraient livrés sur lui à toute 
sorle d’excès horribles et l'auraient jeté ensuile, avec une 
pierre au cou, dans la rivière, d'où un batelier a pu le tirer (8). 


Sarlat. 


J'ai moins d'indications sur les hôtelleries de la ville de 
Sarlat ; j'en connais seulement quatre qui soient citées dans 
les procédures du xvur° siècle. 

Dans le faubourg de la Boucarie, est en 1736 l'aubcruc des 
Bons Enfants que tient la veuve de Secondat (4) ; dans le fau- 
bourg de Lendrevie, une auberge ayant pour enseigne Île 
Petit Saint-Jean, que tient, en 1779, la nommée Masseau, et 
eu 1785 la dame Landry. Souvent dans ces auberges de fau- 
bourgs, des rixes surgissaient à la fin des jours de foires et de 
Marchés. En 1779, Léonard Dalix, marchand de bœuis, se 
plaint au procureur du Roi de ce qu'un élranger el une étran- 


(1) Id. B 18%7/8, 1N21/37 et 2043. 
(2) Id. B 2003/15. 

(8 Id. B 2U40/1 et 2. 

(8) Arch. départ. B 1653 6, 


_— 958 — 


gere, logés à celte auberge, l’auraient secoué par le collet et 
lui auraient lancé trois ou quatre coups de pied, lorsqu'il 
s'était approché d'eux pour défendre son voisin, Antoine Gre- 
gori, laboureur, du lieu de Malevergne, qu'ils tenaient par la 
boutonnière (1). 

Dans ce même faubourg, en 1789, cst située l’auberge 
de la Croix Rouge que ticnnent Cosse, sa femme, son fils et 
sa fille (2). Ailleurs était l'auberge de Saint-Pierre, tenue par 
Bausset en 1787. Une sentence criminelle, de cette date, du 
sénéchal de Sarlat, déclare Jean Jaylé, menuisier, ci-devant 
domestique de cette auberge, convaincu d’avoir volé une cas- 
sette et de lavoir fracturée, pour prendre l'argent et les effets 
qu'elle contenait, et le condamne à étre marqué des trois 
lettres G. A. L. et à servir le Roi sur ses galères pendant trois 
ans (3). 


Dans les petites villes ou les gros bourgs, nous vovons les 
mèmes noms sur les enseignes : 

A TERRASSON, l'auberge du Chapeau Rouge, où le 1° novem- 
bre 1780, jour assez mal choisi du reste, se jouait une comédie 
qui avait attiré la société bourgeoise de la ville. Le sieur Jean 
Canolle, employé dans la mine de charbon du Limousin, qui 
s’y était rendu avec sa femme et son valet Lafleur, y aurait 
été frappé très grièvement, à coups de bâton sur la tête et 
les épaules, par Pierre Treillard du Bastit, officier dans le 
régiment de milice provinciale de Périgueux (4). 

A MonTicxac, les auberges du Cheval Blanc, tenue par 
Antoine Sales en 1699 (5) ; du Lion d'Or, tenue par Bouillac en 
17114 (6); du Grand Louis en 1780 (7); et l'hôtel des Princes 
er] 1783 (8). 


(1) Id. B 1570/12 et 1585/13. 
(2) Id.  B 1596/44. 
3) Id. DB 1649/11. 
(4) Id.  B 1573/27. 
(5) Id.  B 145%/28. 
(6) Id,  B 1467/27. 
(7) ld. PR 1578/27. 


(8) Id.  B 1581/31. 


— 9309 — 


À SAINT-CYPRIEN, le logis où pend pour enseigne l’image 
de Saint-Pierre, auberge tenue en 1709 par la noinmée Clé- 
mence Ladel (1). 

De même à BELVÈSs, en 178%, une but de Saint-Pierre, 
mentionnée dans la plainte des sieurs Pouzargue, père et fils, 
contre M. de Commarque, maire de la ville (2). 

À VILLEFRANCHE-DU-PÉRIGORD, une ancienne auberge du 
Lion d'Or, tenue en 1698 par M"° Camelhie (4). 

À MonTPAZIER, en 1783, l'auberge que tient Suint-Sernin 
a pour enseigne le Dauphin Couronné (4). 

À IssiGEac, une des enseignes qui se répétent souvent, l’au- 
berge du Lion d’Or tenue par le sieur Laroque en 1739 (à). 

A la même époque, à MouLEYpier, l'auberge du Grand Louis 
esl tenue par le sieur Valleton (6). 

À GARDONNE, sur le bord de la grand'route, est, en 1785, 
l'auberge du Cheval Blanc (1) ; 

À VILLEFRANCHE-DE-LONGCHAPT, en 1733, l'auberge des Trois 
Rois (8). 

Au PonT SAINT-MAMET, commune de Douville, trés ancien 
relais de poste sur la route de Paris à Barèges, encore en 1729 
unc auberge du Lion d’Or (9); elle doit toujours exister. J'en ai 
même usé, il y a une trentaine d'années, dans une de mes 
tournées d'inspection des archives communales. 

Enfin, dans le voisinage de Périgueux, à BRANTÔME, nous 
trouvons en 1770, l’auberge des Trois Marchands (10), et en 
1772, celle de Saint-Pierre, où cette mème année meurt messire 
Philippe d'Amelin, écuver, seigneur de Fontas, ancien officier 
au régiment de Poitou, de la paroisse de St-Crépin d'Aubero- 


(1) Arch. départ. B 1467/19. 


(2) Id. B 1579. 

(3) Id. B 1653/15. 
(4) Id. B 1580/45. 
(5) Id. B 1920/13. 
(6) Id. B 192/11. 
11) Id. B 2042. 

(3 Id. B 1767/22. 
19) Id. B 1905/11. 


(10) là. É suppl. 64, 6G 7. 


— 360 — 


che, qui est enterré dans les tombeaux de la fabrique (1) ; 
en 169, à MussipA, l'hôtellerie des Trois Rois. 

Ici se termine ma sèche nomenclature. 

Je vous répète, Monsieur et jeune confrère, qu'elle est sùrce- 
ment incomplète. Comme vous avez pu k lire dans l'indica- 
tion des références, c’est surlout dans les fonds judiciaires 
des trois grandes sénéchaussces du Périgord que j'ai recueilli 
mes notes. Les auberges mentionnces sont donc celles où 
logeaient de préférence les plaideurs, appelés par leurs affaires 
auprès de leurs procurecurs ou ajournés aux audiences. Mais 
il y en avait évidemment d'aulres qui avaient, en même 
temps qu'une réputation de bonne cuisine, probablement une 
autre clientèle. Car vous n'ignorez point que les anciens 
traiteurs de Périgueux, dont la renommée dépassait les limi- 
tes de leur province, qui, chez eux, ordinairement ne logeaient 
point, avaient pu former, parmi les hôteliers, des élèves 
habiles, faisant honneur à leurs maitres (2. Ceux-là devaient 
avoir une clientele plus bourgeoise, plus raffinée, plus friande, 
composée des gourmels indigènes et des riches voyageurs. 

Des hôteliers actuels de Périgueux je ne dirai rien de peur 
de froisser leur susceptibilité : ils ont, depuis quelques années, 
rivalisé d'efforts pour apporter dans leurs maisons les perfec- 
tionnementis du confort moderne, dans la literie, l'éclairage, 
le chauffage, l'hygiène, etc. Quant à la table, elle est bonne 
chez tous : ce serait trop d'exigence que de la demander meil- 


(11 Arch. départ, E suppl. 62. 

(2) L'existence d'un célèbre cuisinier de Frédéric-le-Grand, André Noël, 
né à Périgueux, en 172%, vient de nous être révélée par le major Noël, de 
l'armée allemande. Il introduisit sur la table royale le savoureux chou 
farci qu’il baptisa du nom de « Bombe de Sardanapale. » — Voir Îles 
articles Truffes et pätés du Périgord par La Bernerie, dans l'Avenir 
illustré de la Dordogne des 14 ct 21 juin 1900. Au xvue siècle, les Ville- 
reynier, inventeurs des pälés périgourdins de perdrix rouges, commen- 
cérent à se faire connaitre comme de trés habiles patissiers ; puis Jean Char- 
bonnier, Francois Courtois, dignc successeur des Villereynier, venu de 
Franche-Comté à Périgueux vers 1758. Après ces anciens, on ne peut omet- 
tre les noms de quelques autres pâtlissiers traiteurs bien connus, Madeleine 
Pressacq, fille de Courtois, Michellel, Foucaud, M" Fauconney, Franconi, 
Lasalvetat, Besson, Védrenne ot M. Paul Vachaumard. 


— 8361 — 


leure. Aussi je me plais à constater, en linissant, que tous 
font de bonnes affaires, et que vous, tout le premier, vous 
n'avez pas à vous plaindre. Je vous en félicite en souhaitant 
la continuation de votre prospérité. 
Veuillez agréer, Monsieur et jeune confrère, l'assurance de 
mes sentiments dévoués. Ferd. VILLEPELET. 
RD 


VARIA 
CoLLÈGE pk PÉRicorn À Tourousr 
Sa Bibliothèque 
(1497) 

Dans un article de M. Marcel Fournier, publié dans la Bibliothèque 
de l'Ecole des Uhartes, de l'année 1890 (tome [L.1, p. 4734) sur les 
Bibliothèques des Colléges de T Université de Toulouse, étude sur 
les movens de travail mis à la disposition des étudiants au moven 
âge, le chapitre VIF est consacré à la Bibliothèque du collège de 
Périgord. 

« L’existenre de cette bibliotheque, inconnue jusqu'ici, résulte dus 
deux documents suivants que j'ai trouvés, écrit M. Fournier, aux 
Archives départementales de la Haute-Garonne. Fonds du collège de 
Périgord, liasse 76. Le premier, que je ne publie pas, est une pro- 
cutalion du 25 février 1193 donnée pur le collese de Périgord à ses 
mandataires pour recevoir une donation de livres faite au collège par 
l'évèque de Bazas. Le second est la quittance donnée par les manda- 
laires après la délivrance du legs. 

1900, 8 novembre. — Universis et singulis presentes litteras ins- 
pecluris, notum facimus et tenore presentium actestamur quod, anno 
incarnationis ejusdem lornini, millesimo quingentesimo, et die o:tava 
mensis novembris, in mei notarii publici et testium infrascriptorum 
presentia existentes et personnaliter constituti nobiles et discreti viri 
dominus Ramundus de Visserolis, presbiter, prior venerabilis collewii 
Pelragoricensis, Tholose, Petrus Mathei, Johannes de Tressio, Johannes 
Durandi, Alexander de Monte acuto, Helias Laureria, Helias de Podio, 
Johannes Guillermus Tibbaudi Belsari, collegiati dicti collegii Sancti 
Frontonis, alias Petragoricensis, Tholose, qui omnes insimul et pro 
lolo collegio confessi fuerunt habuisse et recepisse a reverendo in 
Christo patre Domino, Johanne Bonaldi, episcopo Basatensi, libros 
sequentes : 

[1} Et primo prima purs Panthcologic. 
[2j Secunda pars Panthcologie. 


— 302 — 


[3] Prima pars Summe fratris Anthonini de Florentia. 
[4] Secunda pars carissimi fratris Anthonini archiepiscopi Florentini. 
[5] Tertia pars Summe Anthonini. 
[6] Quarta pars Summe Anthonini. 

[7] Prina pars Vincentii Moralis. 

[8] Secunda pars Vincentii Moralis. 

[9] Speculum naturale Vincentii Belvessenxis. 

[10] Secunda pars Vincentii naturalis. 

[11] Speculum doclrinale Vincentii Belvessensis. 

[12] Epilogus de unitate divine sustancie. 

[13] Tertia pars voluminis Vincentii Istorialis. 

[14] Secunda pars Vincentii que incipit de causis et liibus. 

[15] Repertorium Panormitani. 

[16] Summa Ustiensis super titulis Decrelalium. 

[17] Repertorium domini Petri Briciensis. 

[18] Quemdam librum incipientem : adulter.…. 

[19] Repertorium juris cum prima parte Speculi. 

[20] Reperlorium utriusque juris reverendi patris domini episvopi 
Briliensis... 

[21] Speculum doctrinale Vincentii Belvessensis. 

[22] Quoddam Repertorium ineipiens : /n nomine... 

[23] Codex. 

[24] Volumen. 

[25] Digestum Vetus. 

[26] Inforciatum. 

[27] Digestum Novuim. 

[23] Prima pars Bartholi super Digesto Veteri. 

[29] Secunda pars Bartholi super eodem. 

[30] Prima purs Bartholi super Inforciato. 

[31] Secunda pars super eodem, 

[32] Secundu pars Speculi. 

[33] Tertia et quarta pars Speculi. 

[34] Lectura domini Johanuis Fabri super Institula. 

[85] Bartholus super prima parte Digesti Novi. 

[36] Bartholus super secunda parte ejusdem. 

[37] Socunda pars Bartholi super Codice tam in pargameno quum 
in papiro scriplis. 


Et hoc in presentia magistri Petri Billon, notarii, Ramundi Bernardi 
mercaloris, Tholose habitatoris, testium ad premissa vocatorum. In 
quorum fidem omnium et singulorum premissorum, has nostras pre- 
sentes licteras certificatorias sigillo dicti collegii sigillatas et per 


— 303 — 


secrelarium dicti collegii signalus duximus concedendas in fidumn 
omnium et singulorum premissorum. 
De mandato dictorum dominerum virorum collegiatorum. 
J. Bini, not. 


» Ainsi on peut affirmer qu'il y avait à Toulouse au xv° siècle sept 
collèges qui possédaient des bibliothèques. Cinq de ces collections, 
dans lesquelles je ne compte pas celle du collège de Foix, compre- 
naicnt 329 manuscrits. Sans aucun doute, avec la riche bibliothèque 
du collège de Foix, on arriverait à près de mille manuscrits. 

» En outre, je crois pouvoir dire que tous les collèes possédaient 
en réalité une biblioth#que, dont l'importance variait. Les documents 
manq'ient; mais on pourra retrouver un jour : 1° l'inventaire de la 
libraria primitive du college Suint-Martial; 2 l'inventaire des livres 
du collège de Périgord ; 3 du collée Sainte-Catherine ; 4° du collège 
de Maguelone ; 5° du collège de Bolbonne ; 6° du collège de Saint- 
Pierre des-Cuisines ; 7 du collège de Vital Galtier; K° du collège de 
Saint-Bernard ; % du collège le Montlezun ; 10° du collèse Bérenger ; 
[1° du collège de Narbonne ; 12° du college de Saint-Girons. Voilà la 
liste encore incompléte des collèges de Toulouse, On comprend dès 
lors par les exemples qui résultent des documents publiés combien 
durent être importantes les collections de manuscrits réunis dans les 
collèges de l'Université de Toulouse et en général dans les collèges 
annexés aux universités. À côlé des grands dépôts des monastères 
célebres, ce fut surtout dans les collèges d'université que les manus- 
crits furent centrulisés, pour fournir aux collégiats les instruments 
de travail indispensables, » 


NOEL, MAITRE- CUISINIER A LA COUR bE FRÉDÉRIC LE GRAND 
(Exposé du major Noël à la séance de travail du ®j février 190ÿ) 
Nous avons recu de M. le major Noël, de l’armée allemande, la notice sui- 
vante concernant un de ses grands parents, né à Périgueux, en 1726. Cette 
notice a paru dans la revue A/t-Berlin (le Vieux Berlin) d'avril 4409, et nous 
est arrivée par l'obligeante entremise de M. Charles Durand, notre dévoué 
vice-président. 


À la tête des 24 cuisiniers, chacun spécialisé dans la confection de 
plats particuliers pour la table de Frédéric le Grand, se trouvait le 
maîftre-cuisinier Joyard, qui excrça sa charge jusqu’à sa mort, sur- 
venue en 1184. André Noël (1), natif de Périgueux (France), qui 


4) Le nom s'écrit officiellement aussi bien Noël que Nouël; dans l’An- 
nuaire de Berlin et de Postdam : Nouelle. Sur une quittance, lui-même signe 


— 9364 - 


depuis le {°7 mai 1755, touchait un traitement de 500 thalers en qua- 
lité d'officier de bouche, et depuis 1769, recevuit 1000 thalers, comme 
second cuisinier-chef, lui sucréda dans ses fonctions. 

Dans le principe, 12000 thalers étaient consacrés à l’élat de la cui- 
sine. Chaque jour, après le premier déjeuner, le menu était soumis 
au Roi, qui désignait six à huit plats pour le repas de midi ; souvent 
le Roi mandait le maitre-cuisinier Noël lui-même, qui jouissuit 
auprès de lui d'un grand crédit, et tous deux s'entretenaient soit du 
menu de la lable des maréchaux, soit encore des serviteurs aflectés 
au service des cuisines. Lorsque le Roi recevait la visite d’un étran- 
ger distingué, on servait jusqu’à 30 plats, dont le prix était consigné 
sur un état à part (1). 

Frédéric le Grand prenait son principal repas à midi. Quelques 
écrivains, courtisans et généraux, composaient le cercle des convives, 
où régnait constamment le ton le plus libre et le plus naturel ; sur ce 
propos, le beau tableau de Menzel, « la table rande à Sans-Souci », 
qui date de 1720, est universellement connu. Le Roi n'était pas gros 
mangeur, mais, en revanche, gourmel consommé, pendant sa der- 
nière maladie, quelques jours avant sa mort, il parcourait encore le 
menu ; un grand nombre de ces menus est encore aujourd'hui 
conservé ; à coté de certains mets, se trouve, de la main même du 
Roi, une croix signifiant que le mets lui avait plu. Le dernier menu, 
qui lui soit passé par les mains, est du 5 août 178%; il mourut le 
17 août. 

Voici la composition du dernier menu servi au château de Sans- 
Souci : 

1. Soupe aux choux à la Fouqué. + 

2. Du bœuf au pannais el carottes. 

3. Des poulets en camelon aux concombres farcis cn blanc à l'Anglaise {le 
Roi mit à la plare : des cotelettes du papier.) 

4. De petits pütés à la Romaine. 

o. Jeunes Lolonupu (?) rôtis. 

Du Saumon à la Dessau. 


T- 


3. De flés de volaille à la Pompadour avec langue des biæeufs et croquets. 
(säteau portugais (le Roi mit à la place : des gaulTres.) 
. Petits pois. + 


ex 


Nouël. Il est né en 1726, mais n'appartient pas à une famille de réfugies, 
vivant actucllement à Berlin st portant le mème nom. 

(1) Dans les archives de la maison du Roi, se trouvent par recetles el 
dépenses les comptes relatifs à l’état de la coisse de la Cour royale de Prusse, 
el les comptes journaliers concernant l'état de la cuisine sous le régne de 
Frédéric-le-Graud, comptes que le Roi examinail trés minulicusement, 


— 965 — ” 
10. Hareng frais. + 
11. Concombres. 


Pendant la guerre de Sept Ans, le Roi fit venir en décembre 1757 à 
Breslau, où il resta jusqu’en mars 175N, puis en avril 1759 à Bol- 
kenhayn, son officier de bouche Noël, pour ne pas se départir de ses 
vieilles habitudes. En octobre 1759, le Roi écrit au marquis d'Argens : 
« Menez Noël avec vous; peut-ètre qu'il pourra me rendre mes for- 
ces »11). Le rôle important que jouait Noël élait pour les médecins du 
Roi un sujet de perpéluels soucis (2). Aussitôt que le dessert, qui ne 
se composait que de fruits, était servi sur table, apparaissait Noël en 
brillant équipage. L'importance que le grand Roi accordait au menu 
ressort bien d'une ode de 137 vers (à qu'il dédiu à Noël en 1752, lorsque 
celui-ci eût fabriqué à son intention un nouveau plal : « la Bombe de 
Sardanapale » (4); dans ce compliment qui parut aussi en allemanu, 
le Roi célèbre en ces termes son «+ maitre cuisinier de lu cour et 
uultres » : 


« Combien vous m'enthousiasmez ! vous aussi: vous aussi! sire Noël, mort où 
pas mort, vous vivrez par le nom que vous avez su conquérir sur l'éternité ! 
pour chanter dans la perfection un tel héros, ah ! que ne suis-je le poète le 
plus en veine de l'univers ! Vous êtes un grand héros ; tout ce qui est capa- 
ble de cuisiner, dans loutes les cuisines de l’ancien et du nouveau monde, 
duit baisser pavillon devant vous ; vous êles un grand, un preux cuisinier : 

» Lucullus, le plus célèbre des viveurs de l'antique Rome, Lucullus lui- 
même mangeant dans sa salle des dieux et l’orateur Cicéron, qui fut un des 
hôtes de cette salle, satisfait d'un peu de pain et d’eau, n'ont rien connu 
d'aussi merveilleux : avec quoi, avec quoi me trailätes-vous”? aujourd'hui, 
sire Noël, vous vous êtes surpassé‘ oh ! celle hombe à la façon de Sardana- 
pale était une merveille de goût, était un mets des dieux ! » 


Cette « Bombe de Sardanapale », élait une tèle de chou farcie avec 
du lard, de petites saucisses, de l'ail et du safran. Voici la teneur 
d'un billet que le Roi adressait à son chambellan : 

_« Sfles cuisiniers volent la moitié des ingrédients, il m'en coûte 
onze thalers de plus ; je l’assure que notre régime, quoique peu coù- 
toux, est très délicat. » | 4 


(1) Œuvres de Frédéric-le-Grand, tome XIX, pages 61, 53, 9%. 

(2) Docteur Mamlock, « Bulletins de santé de Frédéric-le-Grand »v. Berlin, 
1902. 

(3} Œuvres de Frédéric.le-Grand, tome XAX. Théodoro Vulpinus, « Odes et 
Epitres de Frédéric-le-Grand », Berlin, 1886, page 264, au sieur Noël; page 
250, à maitre Noël, chef cuisinier, 1772. 

(4) « Souvenirs de jeunesse de Gustave Parthey » publiés par le conseiller 
privé Ernest Friedel ; Berlin, 1907, Ernest l'rensdorff, 1°° partie, p. 245. 


— 366 — 


Le Roi buvait modérément ; il avait cependant une certaine prédi- 
lection pour le vin haut en couleur: et le fort café noir. Lorsqu'il s'agit, 
à la mort du comte Henkel von Donnersmark, grand échanson, de 
procéder à la nomination de son successeur, le Roi repoussa en ces 
termes toute proposition : 

« La vieille barbarie des coutumes d'intempérance a, Dieu en soit 
Joué, disparu de ma Cour; et je ne veux pas qu'elle s’y réintroduise 
à la faveur d'un tel emploi. » 

Les hautes charges honorifiques qui, pour la plupart, étaient ä 
la Cour sans importance furent remplies par un seul person- 
nage, le valet de chambre, chambellan et secrélaire du cabinet 
Frederadorff, qui exerçait plus particulièrement la fonction de 
chambellan ; les mélodies du joueur de hautbois Fredersdorff avaient, 
dit-on, rendu plus courtes les heures de captivité du prince impérial à 
Kustrin ; Fredersdorff accompagna ensuite son maitre à Kuppin et à 
Rheinsberg ; il devint bientôt indispensable. 

la cuisine de la Cour devait aussi veiller à ce que journellement 
une ou plusieurs assiettes de fruits se trouvassent dans les appar- 
tements du Roi, fruits qu'il prenait quand il lui plaisait, en se pro- 
menant cà et là. 

A Berlin, et plus particulièrement à Charlottenbourg, les jardiniers 
cultivaient en serre des cerises pour le Roi; le Roi en eut dès le mois 
de décembre, mais dut les payer deux thalers chacune. Dans une 
lettre au chambellan Fredersdorf}, il écrit : 

« Tu vas me gronder, je crois que j'ai mangé hier pour 180 thalers 
de cerises; je vais me faire une réputation de débauché. (1) » 

Pendant la guerre, le repas de midi du Roi ne se composait fré- 
quemment que d’une simple tasse de chocolat : plus tard, le Roi ne 
se livra plus guère aux plaisirs de la table ; après la guerre de Sept 
Ans, il ne mangea plus le soir. La tuble du soir fut cependant main- 
tenue quand des hôtes, que le Roi voulait honorer, avaient été invilés. 

Pendant la guerre de Sept Ans, il y avait 12 cuisiniers de campa- 
gue au quartier général du Roi. Lorsque le Roi voyageait, il y avait 
au pure des voitures une voiture de poste pour les cuisiniers, une voi- 
ture à provisions, une voiture-foudre (pour le vin), un fourgon ren- 
fermant l'argenteric; deux cuisiniers et un pâtissier étaient mon- 
tés (2) : ils avaient à préparer le malin au quartier le premier déjeu- 
ner, puis devaient rejoindre leur convoi, parti en avant. 


(1) « Lettres autographes de Frédéric II à Fredersdorff ». Leipzig, 1884. 
(2) Major Noël, « Journal des occupations de Frédéric-le-Grand, 1906. » 
Charlottenbourg. Amelangsche Buchhandeung. 


_ 967 — 


Aux funéraillles de Frédéric-le-Grand, le 9 septembre 1386, à 
Potsdam, Noël était mentionné comme ayant suivi le cortège. Jusqu'en 
1801, par conséquent encore sous Frédérie-Guillaume IT, il resta pre- 
mier maitre-cuisinicr. Il mourut le 4 mai 1801, à Berlin, âgé de 
15 ans (1). 

L'esprit de Noel fil cependant une apparition à Berlin en 1804. Dans 
la description du : « Grand bal masqué de Berlin, donné à l'oceusion 
de l'anniversaire de Sa Majesté lu lieine régnante de Prusse, le 12 
mars 1804, dans le « National-Théâtre » roval ; — Berlin,’ 1805, chez 
Louis-Guillaume Wittieh ; — avec portraits coloriés + 12), an trouve 
ce passage : 

«“ Après un autre morceau exécuté par l'orchestre, l'enveloppe de 
loile de la seconde quille se déchira brusquement et voilà qu'apparut 
l'esprit du défunt Noël, le célèbre cuisinier de Frédéric Il; pour ne 
pas déroger à son éternelle habitude, il n’apparut pas sans son para- 
pluie, duquel, pour caractériser l'esprit, un léger crépe pendait; il 
avoua qu'un des principaux organes d’un bon cuisinier, le nez, l'avait 
amené hors des enfers et il apostropha en ces termes la compagnie : 
“ L'odeur des faisans et des trufies m’attire du Paradis. Je viens offrir 
mes très humbles services pour ce soir, parce qu'il n’y a pas de bon- 
nes fêtes sans le vieux Noël. * 

Noël a son portrail représenté dans le livre que nous avons men- 
tionné. Ceux qui prirent part à la représentalion de ce bal masqué 
appartenaient aux plus hauts rangs de l'aristocratie, princes ou nobles. 
La reine Louise elle-même y participa : 


« Elle apparut avec la dignité de la majesté et avec la grâce irré- 
- sistible de la déesse de l'amour, vêtue d'une blanche et légère 
+ tunique floilante. » 


NÉCROLOGIE 
M. DE BELLUSSIÈRE 
La Sociélé historique et archéologique du Périgord a perdu en 
M. Sicaire-Marie-Fernand Grant de Luxolière de Bellussière un de 
ses membres les"plus dévoués. 


(1) I était marie avec Anna-Sabine \Wachter; il avait un fils el demeurait 
Grande Rue, 6. 

(2) Bibliothèque de Goritz-Lübeck, au Musée de la Mark; l’aquarelle ori- 
ginale est maintenant possédée par un'de nos confrères M. le juge assesseur 
Steffen, Wilhelmshof, près Brandebourg. 


_— 968 — 


Toute sa vie, cel estimable collègue est demeuré fidèle aux tradi- 
lions d'une famille attachée de longue date à notre sol provincial. 

Le goût des recherches hisloriques lui vint en étudiant le passé de 
sa maison, implantée de Saintonge en Périgord au xv° siècle, (irâce 
aux registres paroissiaux, il était parvenu à en établir les diverses 
branches. J'ai eu la satisfaction de pouvoir l'aider dans ses investi- 
gations, où je trouvais moi-même un intérêt personnel, Nous rele- 
vâmes enseimble, à la mairie de Bourg-des-Maisons, dans les feuil- 
lets en désordre de l’état-civil antérieur à 1789, toutes les indications 
de nature à éclairer la filiation des plus anciens propriétaires de Ten- 
teilhac et du Reclaud. 

Lorsqu'à la fin d'une carritre dignement remplie dans l'adminis- 
tration des postes, M. de Bellussière eût pris sa retraite à Périgueux, 
il employa presque tout son temps à compulser les archives publiques 
et privées. Il fut alors pour MM. Huet et de Saint-Saud, nos savants 
géuéalogistes, un auxiliaire des plus précieux. 

Il avait aussi recueilli pour lui-même des notes nombreuses, utilisées 
en partie par lui dans la préparation de la généalogie, restée manus- 
crile, des familles du Cheyron et de Saulnier, auxquelles il était allié. 

Il avait fait don aux Archives départementales (le la Dordogne des 
pañiers qu'il possédait concernant les d'Aydie et les Chapt, seigneurs 
de Ribéroe, Montagrier et Laxion. En ussurant la préservation d'une 
source féconde en informations de toute sorte et en ln mettant ainsi 
à la disposition des érudits, M. de Bellussière a donné un exemple 
que beaucoup devraient imiter. 

Enfin, notre Sociélé lui est redevable de plusieurs communications 
sur des points inédits d'histoire locale. 

Sa santé s'affaiblit hélas ! trop prématurément. La maladie l’empè- 
cha bientôt d'assister à nos séances mensuelles. Mais s’il lui fut inter- 
dit de prendre, comme pur le passé, une part active à nos travaux, 
il s’y intéressa en lisant assidûment nos Bulletins, qui furent pour 
lui une agréable diversion à ses souffrances. 

M. Fernand de Bellussière est mort chrétiennement, rue La Boëétie, | 
le 19 mai dernier, à l’âge de 65 ans. Il sera vivement regretté de tous 
ceux qui avaient été à mème d'apprécier son zèle studieux et la cons- 
lanle aménilé de soa caractère. À. Dusarnric-DEScOMBrs. 


Deuæ planches accompagnent cette lioraieon : la 1" représente une Mar- 
mile en bronäe el développements de l'ornementation; et la ®, le cadran 
solaire du chäteau de la Reille. 


Le gérant responsable, H. ETOoURNEAU. 


BULLETIN 


DE LA SOCIÉTÉ 


HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE 


DU PÉRIGORD 


PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS, 


——t 2" ee — 


TOME XXXVI. — CinouiÈME LivraisoN 


PÉRIGUEUX 


ImPhimente RIBES, rue Antone-Gapaup, 14. 


Septembre-Octobre 1909, 


SOMMAIRE 


DES MATIÈRES CONTENUES DANS LA 5° LIVRAISON. 


Séance mensuelle du jeudi 3 août.....:,....,::.2,.,4.. 


— du jeudi 2 septembre:..…........:...1..0.4% 

Une commune rurale en Périgord : La Bachellerie /suile 
et fin) (M. R. n# PEYRONNY)....4...7,. 400800 te 
L'historiographe Moreau et le procès des francs-fefs 
(M. R. ViLLEPELET)... CAT 
Note sur le pays de Nouvelle CHditE (M. le ce DE Sader 
SH) PRES MER) RON RENE Le 5 2 


Notes et daénretite à sur Éondaues faictcerieé du Périgord 
du xvrn siècle (Bergerac, Thiviers, Le Bugué, Le 
Flex) {M ÆErn. Lapanre).:.55,0 5 TR TRES »e 

BrezioGraPn1E. — Histoire de la ville de Périgueux et de 
ses institutions municipales jusqu'au traité de Bréti- 
gny (1360) (M. J.:A. Bruraizs)....:,.,...48. ALT 


Digitized by Google " L * 


— 369 — 


SÉANCES MENSUELLES 


DE LA 


SOCIETÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DU PÉRIGORD 


Séance du jeudi 5 aoûl 14909. 


= — me 


Présidence de M. DUJARRIC-DESCOMBES, 
vice-président. 


La séance est ouverte à midi et demi dans la salle ordi- 
naire. 

Sont présents : MM. Augiéras, Bayle, le chanoine Brugière, 
Délugin, Dujarric-Descombes, Féaux, Raoul Margat, le 
colonel de Montifault, le docteur Moreaud, Vigié et Ville- 
pelet. 

Se font excuser : MM. le marquis de Fayolle, actuellement 
au Congrès archéologique de Liège, Elie de Biran et Henri 
de Montégut, retenu chez lui par des douleurs. 

Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et adopté. 


M. LE PRÉSIDENT nous annonce la mort presque subite de 
notre confrère M. de Moulinard, juge au Tribunal civil de 
Périgueux où il fut charg: de l'instruction durant de longues 
années. Pendant ses loisirs, il s’occupait de mutualité : une 
Société de secours mutuels de la ville, très florissante, l'avait 
placé à sa tête et n'avait qu’à s’en louer. Les devoirs de sa 
charge ne lui permettaient pas de venir à nos séances; mais 
il lisait nos travaux avec intérêt dans le Bulletin. 

L'assemblée accueille cette communication par de sympa- 
thiques regrets. 


Notre bibliothèque a reçu, dans le courant du moisdernier, 
les ouvrages suivants : 


Les Discours prononcés à la séance d'ouverture du Congrès 
des Sociétés savantes à Rennes, le samedi 3 avril 1909, par 
| 25 


— 310 — 


MM. Emile Picot, Loth, Moreau et M. Gaston Doumergue, 
ministre de l'Instruction publique, brochure in-8°, Paris, 
Inprimerie nationale, 1909 ; 

Revue des Études grecques, tome XXI, n°97, mars-juin 1909, 
in-&°, Paris, Ernest Leroux, éditeur ; 

Bulletin et Mémoires de la Société nationale des Antiquaires 
de France, NII Série, tome VIII, Memoires 1908, un volume 
broché, in-8&, avec illustrations, Paris, Klincksieck, libraire, 
1909 ; contenant un mémoire de M. le commandant Babut 
sur Cadouin et son cloître ; 

Mémoires de la Societé des Sciences naturelles et archéolo- 
qiques de la Creuse, tome XVI, 2 partie, in-8, Guéret, Impri- 
merie régionale, 1908 ; 

Bulletin de la Société archéologique et historique du Limou- 
sin, tome LVIII, 2° livraison, in-8*, avec deux planches, 
Limoges, imprimerie et librairie limousines Ducourtieux et 
Gout, 1909; contenant, p. 355, un mémoire instructif de 
M. Alfred Leroux sur la Géographie historique du Limousin ; — 
p. 481, l'indication des 39 prieurés conventnels de l'ordre de 
Grandmont, parmi lesquels est lc prieuré de Fa Faye de 
Jumilhac, au diocèse de Périgueux, qui avait 22 frères ; — 
et, p. 540, l’article publié par M. Antoine Thomas, de 
l'Institut, dans le Journal des Débats, du 4 mars 1906, sur 
Camille Chabancau, à l'occasion du 75° anniversaire de sa 
naissance ; 

Une brochure À la mémoire de Louis Guibert, monument 
inauguré le 45 novembre 1908 au cimetière de Louyat à Limo- 
ges, in-8&°, avec deux planches, Limoges, Ducourtieux et 
Gout, imprimerie et librairie limousines. 

Lou Bournat, bulletin mensuel de l'Ecole félibréenne du 
Périgord, tome IV, 6° livraison, juin 1909, grand in-8°, Péri- 
gueux, imprimerie Joucla ; contenant un article du président 
sur Hibérac-Gai, à propos de la récente félibrée qui s’y est 
tenue en juin; — p. 266, des poésies paloises qu'a recueillies 
M. Joseph Durieux et qu'il intitule Nos Précurseurs, les 
Ecoliers du Collège de Périgueux, — et, p. 268, une poésie de 
notre conirére M. Palut sur La Rose et le Printemps ; | 

Revue de Saintonge et d’Aunis, bulletin de la Société des 


— 311 — 
Archives historiques, XXIX volume, 3° livraison, 4* juin 
1909, in-8°, Saintes, librairie Prévost ; 

Sociélé archéologique de Bordeaux, tome XXVIE, 2° fasci- 
cule, in-8°, Bordeaux, Feret et fils, 1906 ; où, p.138, est donne 
un extrait d'un mémoire de la Société d’Anthropologie de 
Paris par M. le docteur Capitan sur Une couche de silex taillés, 
usés, sur La terrasse moyenne du Moustier. La station clas- 
sique du Moustier est loin d'être entièrement connue ; — tome 
XXIX, 1° fascicule, in-8°, 1907; — tome XXIX, 2° fascicule, 
in-8°, 1907, où, p. 129, est décrit le sceau de Reynal-Del'ar 
qui est connu de M. le Président auquel les propriétaires 
l'avaient remis. [l l'a communiqué à M. Ph, de Bosredon. Ce 
sceau figure sous le numéro 634 au Supplément à la Sigillo- 
graphie du Périgord, 1882, p. 127, et il a été trouvé dans les 
environs de Domme et non à St-Antoine-du-Breuil; il est 
antérieur à l'époque de François I‘. Le sceau et le contre- 
sceau sont reproduits dans la planche annexée au volume ; 

Bulletin trimestriel de la Société de Burda, Dax (Landes), 
34 année (1909), 1° trimestre, in-&°, Dax, imprimerie Labeé- 
que, 6ù, p. 14, dans une Histoire des cathédrales de Dax, il 
est dit que c’est le 24 juillet que M# Le Boux vit pour la pre- 
micre fois sa ville épiscopale de Dax ; — et, p. #1, dans un 
memoire du docteur Michel Ferron sur La Méningite cérébro- 
Spinale en Gascogne (1836-1839), il nous apprend que le 18° 
léger (93° de ligne actucl\ est envoyé à Périgueux où il arrive 
les 25, 27 et 29 octobre 1837, après avoir traversé la zone lan- 
daise où il se contamine. Dans ses nouvelles garnisons, Péri- 
aueux et Rochefort (1837-1838), il perd par la méningite épi- 
démique un grand nombre d'hommes et # officiers, dont le 
chirurgien aide-major Gertain ; du 45 janvier au 8 février 
1838, 7 cas et 6 décès ; 

Revue de l'Agenais, bullelin de la Société d'agriculture, 
sciences et arts d'Agen, 36° année, mai-juin 1909, in-8° avec 
une planche, Agen, Imprimerie Moderne ; contenant la fin 
du mémoire de M. Philippe Lauzun sur Le château de Lausun ; 

Revue des langues romanes, VI* série, tome IT, mars-avril 
1909, in-8°, Montpellier ; 

Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 28° année, 


— 372 — 


8e série, n° 30, 2° trimestre 1909, in-8° avec quatre plans, Gap, 
Louis Jean et Peyrot, imprimeurs-éditeurs ; 

Bulletin de la Sociélé départementale d'Archéologie et de 
Stalistique de la Drôme, année 1909 (juillet), 170e livraison, 
in-8, Valence, imprimerie de Jules Céas et fils ; 

De M. Jean Glédat, son étude sur Un couvercle de sarcophage 
anthropoide de Tell el Maskhoutah; ses Notes d'archéologie 
cople, avec illustrations, plaquette in-8°, Le Caire, imprimerie 
de l'Institut français d'archéologie orientalc; et sa notice 
illustrée sur Un nouveau monument du roi Sankhkerä, in 4° de 
deux pages, Châlon-sur-Saône, imprimerie française et orien- 
tale Bertrand ; | 

De M. Emile Rivière, sa deuxième note sur les Lieux-dits 
el mégalithes de France, in-8°, Le Mans, imprimerie Monnoyer, 
1909, extrait du Quatrième congrès préhistorique de France, 
session de Chambéry, 1908 ; 

De M. Fournier-Sarlovèze, son étude sur Quelques primitifs 
du Centre de la France, in-4, avec figures, extrait de la Revue 
de l'Art ancien el moderne, Paris, imprimerie Georges Petit, 
1909 ; — et son Allocution à l'assemblée générale à Gray, le 
9 mai 1909, de l’Union des associations agricoles de la Haute- 
Saône, brochure in-16, Gray, imprimerie de Gilbert Roux ; 

De M. Pierre Meller, les mariages extraits de l'Etat civil des 
familles bordelaises avant la Révolution, un volume broché 
in-8°, Bergerac, Imprimerie générale du Sud-Ouest, 1909, 
où se rencontrent quelques noms périgourdins ; — et un 
recueil de Documents bordelais, du xvu* et du xvni° siècle, 
in-4*, extrait du tome XLIII des Archives hisloriques du dépar- 
tement de la Gironde, Bordsaux, 1909 ; Mâcon, Protat frères, 
IMpPriNICUrs ; 

De M. Bayle, une nouvelle édition augmentée de son histoire 
illustrée de La Guyenne, un volume broché in-8, Paris, 
Socicté d’Edilion et de Publications, rue de l’'Odéon, 13 ; 

De M. le docteur Grellety, la brochure intitulée Hygiène et 
Médecine sociales par les docteurs Barthès et Grellely (de 
Vichy), in-8', Paris, Moderne Imprimerie, 9, rue Abel-Hove- 
lacque, 1909 ; 

Et de M. Joseph Durieux, le journal l’'Echo du Périgord, du 


— 313 — 


fer juillet 1909, contenant son article sur Le cinquantenaire 
de Solférino, 24 juin 1859. 
Des remerciments sont volés aux donateurs. 


Mre Gabriel Charavay nous envoie sa Revue des Aulographes, 
de juillet et d'août 1909, dans lesquelles sont des noms péri- 
gourdins : 


4° Une intéressante letlre de Jules Claretie à un ami, datée 
de Viroflay, le 4 octobre 1883 ; 

2 Une autre lettre de Louis-Clair de Bcaupoil, comte de 
Sainte-Aulaire, ambassadeur à Rome, au statuaire Lemoyne, 
datée de Milan le 3 mai. Il peuse qu’il a reçu la réponse du 
Roi au sujet du monument à élever à Claude Lorrain ; 

3° Une pièce signée à Paris, le 42 prairial an XII, par Char- 
les-Maurice de Talleyrand, comme ministre des Relations 
Extcrieures, et qui porte une superbe vignette très rare, 
tenant la moitié de la page ; 

EL 4° une intéressante lettre, relative à son Zistoire d’Aqui- 
laine, écrite par le baron Joseph de Verneilh, député de la 
Dordogne, de Paris, le 18 février 1827, à Elicnne, de l’Aca- 
démie française. 


MM. Drouizx et BEYNIER, élus membres tilulaires dans une 
précédente réunion, adressent leurs remerciments à la Société 
qui à bien voulu les admettre. 


Sur la proposition de M. le Président, des félicitations sont 
votées à l'unanimité par l'assemblée à M. BUSSiÈRE pour Île 
remarquable et consciencieux travail qu'il vient de terminer 
dans le Bulletin sur le ministre Bertin et sa famille. 


M. le Ministre de l’Instruction publique nous informe que le 
48° Congrès des Sociétés savantes s'ouvrira à la Sorbonne le 
mardi 29 mars 1910, et il nous en envoie le programme en 
dix exemplaires que nous reproduisons ci-après. 

Les mémoires manuscrits devront être préalablement 
approuvés par le Comité des Travaux historiques, avant d'être 
lus en séance, et devront par conséquent parvenir avant le 


— 314 — 


30 janvier prochain, au 5° burcau de l'Enseignement supé- 
rieur. Il ne sera tenu aucun compte des envois adressés pos- 
térieureinent à cetle date. 


Voici le programme : 


SECTION D'HISTOIRE ET DE PHILOLOGIE. 


1e Indiquer les manuscrits exécutés au moyen âge dans un établis- 
sement où dans un groupe d'établissements d'une région déterminée, 

Rechercher les particularités d'écriture et d’enluminure qui carac- 
térisent ces manuserits, et en présenter des reproductions photogra- 
phiques. 


20 Signaler Îles cartulaires, les obituaires et les pouillés conservés 
en dehors des dépôts publics. 


3 Criliquer les actes apocryphes ou interpolés, publiés ou inédits. 
Rechercher la date et les motifs des fraudes de ce genre, 


4° Etablir et jusiitier la chronologie des fonctionnaires ou digni- 
aires civils où ecclésiastiques, dont il n'existe pas de listes suffisam - 
ment exactes. 


Ces listes scront utiles pour fixer la chronologie des documents dépour- 
vus de date et pour identifier les personnages simplement désignés par 
le titre de leurs fonctions. 1.es documents financiers peuvent aider à 
les établir, 


5 Signaler dans les archives et dans les bibliothèques les pièces 
manuserites ou les imprimés rares qui contiennent des textes inédits 
ou peu connus de chartes de communes ou de coutumes. 

Mettre à la disposition du Comité une copie du document, collationnee 
el toute preparée pour l'impression selon les règles qui ont étc prescrites 
aux correspondants, avec une courte notice indiquant la date certaine 
ou probshle du document, les cirsonstances dans lesquelles il a été 
redigé, les dispositions qui le différencient des textes analogues de la 
mème région, les noms modernes et la situation des localités mention- 
nces, etc. 


6° Signaler les anciennes archives privées conservées dans les 

familles ; indiquer les principales publications ‘ont elles ont été 
l'objet, et autant que possible les fonds dont elles se composent. 

Indiquer les livres de raison qui ne figurecraient pas dans les bibliogra- 


phies publiées jusqu’à ce jour. 


1° Exposer, d’après les registres versés récemment par lAdminis- 


— 9375 — 


tration de l'Enregistrement aux Archives départementales, comment 
élait organisé et fonclionnait, à la lin de l’ancien Régime, le service 
de la perception des droits domaniaux du Roi (contrôle des actes, 
insinuations laïques, centième denier, etc.). 
Indiquer le parti qu’on peut tirer de ces registres pour les études hislo- 
riques . 

8% Eludier l'administration et les finances communales sous l'ancien 
Régime, à l'aide des registres de délibérations et des comptes com- 
munaux. Définir les fonctions des officiers municipaux ct déterminer 
le mode d'élection, la durée des fonctions, le traitement ou les privi- 
lèges qui y étaient attachés. 


9 Signaler, pour les x, xivt et xve siècles, les listes de vassaux 
où les états de fiefs mouvant d’une seigneurie ou d'une église quel- 
conque ; indiquer le profit qu'on en peut lirer pour l'histoire féodale 
et pour la géographie historique. 

19% Rechercher dans les pièces d'archives, et nolamment dans les 
chartes, les plus ancicnnes traces de l'emploi du français pour les 
noms d'hommes et de lieux. 


41 Etudier les terriers et autres documents qui font connaitre le 
grand morcellement de la propriété rurale dans plusieurs de nos 
provinces à la fin du moyen âge. 


12% Rechercher dans quelles circonstances beaucoup de grandes 
propriétés se sont constiluécs en France à partir du xvi* siècle. 

13° Etudier les registres paroissiaux antérieurs à l'établissement 
des registres de l'état civil; services qu’ils peuveut rendre pour l'his- 
loire des familles ou des pays, pour les statistiques et pour différentes 
questions économiques. 


14° Rechercher pour une région déterminée les phénomènes météo- 
rologiques anormaux, hivers rigoureux, inondations, sécheresses, 
orages, tremblements de terre, etc., signalés antérieurement au 
xix° siecle, dans les chroniques locales, livres de raison, registres de 
délibérations de corps municipaux, registres paroissiaux, correspon- 
dance des intendants, journaux, etc. 

15° Etudier l'administration temporelle des parvisses sous l’ancien 
Régime (marguilliers, fabriciens, etc.). 

16° Chercher dans les registres de délibérations communales et 
dans les comptes communaux les mentions relatives à l'instruction 
publique : subventions, nominalions, listes de régents, malières et 
objet de l'enseignement, méthodes employées. 


— 316 — 


17° Signaler les feuillets d'anciens manuscrits ou d'anciens impri- 
més qui ont élé découpés et qui sont conservés, comme objets d'art 
ou de curiosité, dans les collections particulières ou exposés dans 
les musées, 


18° Etudier la fabrication et le commerce du papier, et rechercher 
les documents relatifs aux différentes fabriques de papier en France 
jusqu'au commencement du x1x° siècle. 


19° Origines et histoire des anciens ateliers typographiques en France. 
Faire connaître les pièces d'archives, los mentions historiques et les 
anciens imprimés qui peuvent jeter un jour nouveau sur la date de 
l'établissement de l'imprimerie dans chaque localité, sur les migrations 
des premiers lypographes et sur les produclions sorties de chaque 
atelier. Signaler les parlies de matériel ancion, antéricures au xvin* 
siècle, conservées oncore dans les imprimeries et les collections 
publiques ou privées. 
20° Donner des renseignements sur les livres liturgiques (bréviaires, 
diurnaux, missels, antiphonaires, manuels, processionnaux, etc.), 
imprimés avant le xvu* siècle, à l'usage d’un diocèse, d'une église ou 
d’un ordre religieux. 
21° Relever, dans les privilèges accordés pour l'impression des 
livres, les particularités utiles pour différentes études ot surtout pour 
l'histoire littéraire. : 
22° Etudier les documents qui pourraient servir à l'histoire de la 
presse sous l’ancien Régime (fraudes, contrefaçons françaises ou 
étrangères, impressions clandestines, imprimeries domestiques, etc ). 


23° Faire pour la période antérieure au second Empire la bibliogra- 
phie raisonnée de la presse périodique (journaux et revues) pour un 
département, un arrondissement ou une ville. 


Cf. comme types de ce genre de bibliographies : 


a. Histoire et bibliographie de la presse périodique dans le départe- 
ment du Nord, par G. Lepreux. Douai, 18%, 2 vol. ia-8Be. 

b. La bibliographie des journaux parus à Paris do 1789 à 1800, au tome Il 
de la Bihlingraphie de l'histoire de Paris jendant la Révolution française, 
par M. Tourneux. Paris, 1893, in-8°. 


21° Recueillir les renseignements qui peuvent jeter de la lumière 
sur l’état du théâtre, sur la production dramatique ainsi que sur la 
vie des comédiens depuis la Renaissance. 


25° Etudier la vie littéraire dans une ville ou une région de la 
France au xvine siècle, et pendant la première moitié du xix° siècle, 


— 9371 — 


26° Organisation et fonctionnement d'une des assemblées mnnicipa- 
les établies conformément à l'édit de juin 1781. 


27 Les élections judiciaires pendant la Révolutiou. 


28° Etudier les délibérations d'une ou de plusieurs municipalités 
rurales pendant la Révolution, en mettant particulièrement en lumière 
ce qui intéresse l’histoire générale. 


29 Etudier, dans un département ou dans uns cominune, la levée, 
la composition et l’organisation des bataillons de volontaires pendant 
la Révolution. 


30° Etudier, dans un département ou dans une commune, le fonc- 
ionnement do la conscription militaire de l'an vi à 1815. 


31° Tracer l'histoire d'un comité de surveillance ou d'une société 
populaire pendant la Révolution. 


32° Étudier les variations de l'esprit public dans un département 
sous le Consulat et l'Empire, d'après les procès-verbaux d'opérations 
électorales et d'après les autres sources imprimées ou manuscrites. 


SECTION D'ARCHÉOLOGIE, 


Le Comité examinera très volontiers les propositions qui pourraient être 
faites de joindre, a titre d'illustration, des projections à la lecture de certains 
mémoires et à l'exposé de certaines communications. Mais 1l est indispensable 
que, dans ce cas, une épreuve des clichés proposés lui parvienne en même 
temps que le mémoire manuscrit. 


[. — ARCHÉOLOGIE PRÉROMAINE. 


{* Rechercher et signaler les gravures et peintures préhistoriques 
sur les parois des grottes, les rachers isolés ou les dolmens ainsi que 
les nouvolles découvertes de statues-menhirs. 


2 Communiquer les documents nouveaux touchant l'étude des 
niveaux archéologiques qui se trouvent entre le moustérion et le 
magdalénien. 


On sail que récemment une nouvelle coupure, l'aurignacien, à été pro- 
posée dans ces niveaux. Sa position exacte est encore discutée. Il serait 
intéressant de recueillir tous les documents uouveaux sur cette question. 


3° Etudier la construction des dolmens, en déterminer les diverses 
variétés, et signaler les vestiges de constructions antiques autour des 
dolmens, 


— 318 — 


4° Décrire les divers aspects de l’industrie néolithique dans une 
région déterminée. 


5° Etudier dans chaque département les sépultures préromaines en 
décrivant systématiquement leur mobilier funéraire. 


6° Signaler dans chaque arrondissement les monnaies gauloises que 
l'on y recueille habituellement dispersées sur le sol. 


Cette question a pour but de préciser l'attribution des monnaies recueillies 
à tels ou tels peuples gaulois. Se référer, pour la traiter, à l'Atlas des 
monnaies gauloises, publié par M. H. de la Toun et à l'ouvrage de 
M. Adrien Blanchet, Traité de la numismatique yauloise, À vol. in-8e°. 


Îl. — ARCHÉOLOGIR ROMAINE. 


19 Etudier les divinités indigètes d'après les monuments figurés el 
les monuments épigraphiques. Signaler ceux do ces monuments 
recueillis dans les musées qui seraient encore inédits ou imparfaite- 
ment publiés. 


Signaler en particulier les autels portant les images de plusieurs divinités 
el étudier leur groupement. Se référer, pour les monuments figures, au 
Cataloyque des bronzes de la Gaule romaine, el pour l'épigraphie, à la 
liste donnée par M. Allmer dans la Zevue épigraphique du midi de la 
France (111, p. 298 et suiv.}), sous le litre Les dicux de la Gaule. 


8° Etudier les monuments figurés, votifs ou funéraires, relatifs à 
l'armée romaine. 


Se référer au Recucil général des bas-reliefs de la (Gaule, par M. le com- 
mandant Espérandieu. 


9 Décrire les mosaïques antiques non relevées Jusqu'à présent en 
France ot dans l'Afrique française dont on possède les originaux. 
Relever aussi et étudier les anciens dessins conservés dans les collec- 
tions publiques ou privées et qui reproduisent des mosaïques aujour- 
d'hui détruites. 


19% Rechercher les centres de fabrication de la céramique dans la 
Gaule et dans l'Afrique ancienne aux époque romaine et préromaine; 
voir si les anciens établissements de potiers n'ont pas survécu à 
l'époque antique et persisté à travers le moyen âge. 

Dresser la l'ste des noms de potiers inscrits sur Ics vases ou fragments 
de vases, lampes et statuetles, conservés soit dans les musées, soil 
dans les collections privées. Se référer à l'ouvrage de M. d. Dechc- 
lette sur Les vases ornés de la Gaule romaine et, pour les noms de 
potiers, au tome XIII du Corpus inmseriptionum latinarum. 


— 319 — 


11° Décrire les pièces de verrerie antique les plus importantes con- 
servées dans les collections publiques ou privées et en indiquer la 
provenance ; relever les inscriptions qu'elles portent, 


Se réfcrer au tome XIII du Corpus inseriptionum latinarum. 


1? Etudier les pierres gravées qui sont enchâssées daus les pièces 
d'orfévrerie anciennes ; en faire connaître les sujets, les inscriptions, 
les dimensions et la matière. 


2elte étude devra être accompagnée des empreintes des pierres gravées, 
de préférence à des dessins ou à des images quelconques. 


13° Décrire et classer les plombs monétiformes portant des sujets 
figurés ou des inscriptions ; en indiquer la provenance. 


Se référer au Catalogue des plombs de l'antiquité conserves au Dépar- 
tement des medaillos et autiques de la Bibliothèque nationale, par 
MM. Michel Rostovisew et Maurice Prou. — Voir aussi Michel 
Rostovtsew : Tesserarum urbis Romæ et suburbi plumbearum sylloge. 
Saint-Pétersboure, 1903, in-4#4° et 1 atlas in-fol 


14° Signaler les documents d'archives, les manuscrits anciens ou 
la correspondance des antiquaires des derniers siècles qui relatent 
une trouvaille ou peuvent servir à élablir l'âge ou l'histoire d'un 
monument archéologique déterminé. 


15° Décrire les monuments grecs qui se trouvent dans les musées 
de province et en préciser la provenance. 

Uu grand nombre de nos musées provinciaux renferment des inscrip- 
tions, des bas-rclicfs, des vases peints, des terres cuites que des voya- 
geurs ont rapporté des pays helléniques ; il scrait trés utile de faire 
connaitre ces monuments. 


16° Rechercher le tracé des voies romaines ; étudier leur construc- 
tion ; signaler les bornes milliaires. 


111. — ARCHFOLOGIE DU MOYEN AGE. 


17° Donner, avec plans et dessins à l’appui, la description d'un édifice 
réputé antérieur à la période romane, ou la monographie d'une église 
au moyen âge. 

18° Signaler les monuments chrétiens antérieurs au xr siècle; 
rechercher en particulier les inscriptions, les sculptures, Îles mosaï- 
ques, les verres gravés, les objets d'orfévrerie et les pierres gravées. 

19° Etudier les caractères qui distinguent les diverses écoles d'archi- 


— 380 - 


tecture religieuse à l'époque romane, en s’attachant à mettre en relief 
les éléments constitutifs des monuments (plans, voûtes, etc.). . 


Cette question, pour la trailer dans son ensemble, suppose une connais- 
sance générale des monuments de la France qui ne peut s'acquérir que 
par de longucs études et de nombreux voyages. Aussi n'est-ce point 
ainsi que le Comité la comprend. Ce qu'il désire, c'est provoquer des 
monographies embrassant unc circenscription donnée, par exemple un 
département, un diocèse, un arrondissement, et dans lesquelles on passe- 
rait en revue les principaux monuments compris dans celte circons- 
cription, non pas on donnant uno description détaillée de chacun d'eux, 
mais en chorchant à dégager les éléments caractéristiques qui les dis- 
tinguent et qui leur donnent un air de famille. Ainsi on s’attacherait à 
reconnaitre quel est le plan le plus fréquemment adopté dans la région; 
de quelle façon la nef est habituelleinent couverte (charpente apparente, 
vodte en berceau plein cintre ou brisé, croisées d’ogives, coupoles); 
comment les bas-côtés sont construits, s'ils sont ou non surmontés de 
tribunes, s'il y a des fenêtres éclairant directement la nof ou si le jour 
n'entre dans l'église que par les fenêtres des bas-côtés ; quelle est la 
forme el la position des clochers ; quelle est la nature des matériaux 
employés ; enfin s'il y a un style d’ornementation particulier, si certains 
détails d'ornement sont employés d'une façon caractéristique et cons- 
tante, etc. 


29 Eludier l’iconographie des chapiteaux d'uno église romane. 


21° Rechercher, dans une contrée déterminée, les monuments de 
l'architecture militaire aux divorses époques du moyen âge; signaler 
les documents historiques qui peuvent servir à en fixer la date; 
accompagner les communications de dessins et de plans. 


99° Eludier les monnaies féodales de la France, surtout à l’aide des 
documents d'archives; faire connaître ceux de ces documents qui 
seraient inédits et les commenter. 


23° Relever les noms des chapitres, abbayes et prieurés ayant eu 
sur la fabrication de la monnaie des droits complets ou restreints; 
déterminer la date de ces droits et leur origine. 


21° Etudier les jetons et médailles des corporations et des Etats 
provinciaux. 


Sc référer, à litre de comparaison, aux travaux de M. E. Bonnet, insérés 
dans le Bulletin archéolcgique du Comité des Travaux historiques et 
scientifiques : Les jetons des Etats généraux de Langucdoc, 1899, 
p. 241 à 329, et Les médailles des Etats généraux de Languedoc, 
1907, p. 141 à 152. 


25° Décrire les sceaux conservés dans les archives publiques ou 


— 381 — 


privées ; accompagner cette description de moulages ou, au moins, 
de photographies. 


26° Signaler, dans chaque région de la France, les centres de fabri- 
cation de l’orfèvrerie pendant le moyen âge ; indiquer les caractères 
et tout spécialement les marques et poinçons qui permettent d'en dis- 
tinguer les produils. 


Il existo dans un grand nombre d'églises des reliquaires, des croix el 
autres objets d'orfévrorie qui n’ont pas encore été étudiés convenable- 
ment, qui bien souvent même n'ont jamais été signales à l’altention 
des archéologues. Il convient de rechercher ces objets, d'en dresser 
des listes raisonnées, d'en retracer l'histoire, de découvrir où ils ont 
été fabriqués, et, en les rapprochant dos uns des autres, de reconnaitre 
les caractères propres aux différents centres de production artistique 
au moyen âge. 

27° Décrire et photographier les anciens tissus, quelle qu'en soit 
l’origine, conservés dans les églises, les musées ou les collections 
particulières. 

28° Itecueillir les documents écrits ou figurés intéressant l'histoire 


du costume pour les diverses classes de la société pour une région 
déterminée. 


Au moyen âge, il y avait dans beaucoup de provinces des usases spéciaux 
qui exerçaient une influence sur les modes. Ce sont ces particularités 
locales qu'on n'a guère étudiées jusqu'ici. Il serait intéressant d'en 
rechercher la trace sur les monuments. 

29° Signaler les carrelages de terre vernissée, les documents rela- 
tifs à leur fabrication, et fournir les calques des sujets représentés 
et de leurs inscriptions. 


30° Etudier, dans un centre déterminé, les caractères et l’évolution 
de la poterie commune depuis l’époque mérovingienne jusqu'au 
xvu- siècle. 


31° Faire par ancien diocèse, par ville ou par édifice, le recueil des 
pierres tombales et inscriptions diverses, publiées ou non ; accom- 
pagner ce recueil, autant que possible, d'estampages ou de dessins. 


Consulter à titre comparatif : F. de Guilhermy et R. de Lasteyrie, /ns- 
criptions de la France du v*° au xvin* siècle; ancien dioctse de 
Paris ; — Quesvers et Stein, Inscriptions de l'ancien diocèse de Sens. 


IV, — ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. 


32° Signaler dans les collections particulières et les musées de 
France les monuments se rapportant aux civilisations antiques de 


— 382 — 


l'Orient, et spécialement les monum:nts de provenance africaine qui 
pourraient àtre rattachés à la civilisation punique. 


33* Signaler dans les collections publiques ou privées de la France 
les monnaies arabes inédites, les objets d'art musulmans, et en par- 
ticulier les mouments céramiques provenant de nos possessions 
africaines. 


M. FÉAUX nous annonce ensuite qu'il a mis en place, ces 
jours derniers, les moulages des ossements et du crâne de 
l'homme du Moustier, offerts au Musée de Périgueux par 
M. O. Hauser, auteur de la découverte. 


« Ces restes, nous dit-il, sont ceux d'un jeune homme de 
16 ans environ, dont la taille était de 4 45 à 1" 50. En r#æmison 
de la jeunesse du sujet, les caractères ostéologiques n’av aient 
pas atteint leur entier développement ; ils sont ceper 2 dan 
assez nets pour que l'on puisse reconnaitre que cet ho = nme 
appartenait sans conteste à la race très primitive du MJ éàn- 
dertal 4), ainsi que cela résulte de l'étude anatomique faite 
par M. le D' Klaatsch, de Breslau. 

» Le voisinage, dans les vitrines du Musée, de l'homne € du 
Moustier et de celui de Raymonden, permet de faire un  FaP° 
prochement des plus intéressants ; si, laissant de côté 15 0$ 
du squelette, dont la comparaison ferait ressortir des Æ iffé- 
rences évidentes, mais instructives surtout pour les sp æCia- 
listes, on ne s'occupe que de la tèle, ce rapprochement me uñ 
résultat absolument frappant. Le crâne de l’homme du MÆ ous 
lier, par le développement excessif de ses arcades so ærci- 
livres, l'étroitesse et la fuite cu arrière de sa région fron #ale, 
le prognatisme fortement accentué de la face, enfin la fc TmE 
épaisse et retrécie de la mandibule, qui manque cocs2plé- 
lement de menton (2), rappelle d'une manière saisissan €e le 
masque d'une bête féroce bien plus que celui d'un © 
humain. 

 — 
(1) C'est aussi de celte race qu'était l'homme de La Chapelle-au x #10" 


: : | E ar 
Corrèze), découvert également en 1908 et aussi en plein Moustéri € F 
MM. les abbés Bardon el RBouvssonie. 


: , ; : ous- 
(2) D'après le De Klaatsch, la face antérieure du menton montre læ 


sure surbaisste qui se trouve chez le gibbon. 


— 383 — 

» C’est au contraire l'homme que l’on retrouve dans l'aspect 
du crâne de Raymonden, avec ses orbites normalement déve 
loppés, sa face à la fois très haute et très large, son front 
« dont la courbe régulière et gracieuse rappelle nos races les 
» plus civilisées el dénote bien certainement une belle orga- 
» nisation cérébrale » (1). 

» Sans doule, à côté de ces caractères de supériorilé, 
l'homme de Rayimonden présentait descaractères d'infériorile; 
mais Ceux-ci résidaient principalement dans certains délails 
de conformation des membres. 

» On sait donc aujourd'hui, ajoute M. Féaux, que homme 
Moustérien était d'une racc très inférieure, voisine à beaucoup 
d’égards de celle des Australiens modernes, et que le Magda- 
lénien lui était de beaucoup supérieur ; on pensera sans doute 
que les œuvres d'art laissées par ce dernier sont une confir- 
mation des conclusions de l'anthropologie ». 

L'assemblée remercie M. Féaux de sa communication qui, 
comme les précédentes, est toujours iustructive. 


M. Vicié nous donne ensuile connaissance d’un document, 
qui se trouve eu copie dans le tome XIV du fonds Levdet, à 
la Bibliothèque nationale : ce sont les coutumes de la bastide 
de Vern, qui ont été accordées en 1285 par Archambaud IE, 
comte de Périgord. En les lisant, on peut constater qu'elles 
sont, comine celles des lvpes anciens du reste, la copie de 
celles d’Alphonse de Poitiers. 


Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL rappelle à M. Vigié qu'il avait 
promis autrefois de recucillir et de publier un corps de toutes 
nos coutumes périgourdines. 


M. VIGié répond qu'il n'v a pas renoncé et qu'il pourra 
l’entreprendre quand il aura plus de loisirs. 


M. le chanoine BRuGIÈRE a reçu une lettre du vicaire de 


(1) L. Testut, Recherches anthropologiques sur le squelette quaternaire 
de Chancelade. Bulletin de la Société d’Anthropologie de Lvon, t. VIH, 
1839. Extrait, p. 114. 


— 884 — 
Domme, lui annonçant qu'il a découvert, dans une ancienne 
maison de la ville, des copies du xvur° siècle de lettres paten- 
tes accordées par les rois de France à la ville de Domme, pour 
confirmer ses privilèges depuis Philippe VI en 1348 jusqu'à 
Louis XV en 1722; — de lettres patentes de Charles VITE et 
Louis XIII établissant à Domme des foires et marchés; — 
d'arrêts du Conseil d'Etat, concernant des différends entre les 
élus de Sarlat et les consuls de Domme, au sujet de l'exemp- 
lion d'impôts; -- d’une transaction concernant les limites 
de la juridiction de Domme cet de celle de Gaulejac en 1482 ; 
— d'un état des redevances payées par les bourgeois et autres 
habitants de Domme au marquis de Thémines en 1662, etc. 


Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL dil que toutes ces pièces en ori- 
ginaux, vidimus ou expéditions, sont aux Archives dépar- 
tementales où Léon Dessalles les a rapportées de la mairie de 
Domme, | 


M. le baron Eugène de lanconnet écrit de Volosca (Istrie) 
au SECRÉTAIRE GÉNÉRAL pour lui proposer de faire contri- 
buer la Société à la moilié des frais d'impression de la généa- 
logie des Ranconnet; sur 200 exemplaires, il en laisserait 
150 à la Société. 

Le Secrétaire général répondra que la proposition n’est pas 
acceptée. Par son règlement intérieur, la Société s’interdit du 
reste la publication de généalogies qui présentent un intérêt 
beaucoup trop personnel. 


En s’excusant de ne pas venir à la séance, M. pe Mox- 
TÉGUT nous mande qu'il ne peut nous apporter encore l'inté- 
ressant volume, dont il nous a précédemment parlé, portant 
la signature d'Aymar de Ranconnet mort à la Bastille en 
1559. « Ce livre a ceci de particulier qu’il porte de norn- 
breuses annotations de la main de Ranconnet écrites en grec. 
M. Dezeimeris, de Bordeaux, l’éminent correspondant de 
l'Institut, a eu l'obligeance, en sa qualité d’helléniste distin- 
gué, de me traduire plusieurs des pensées de Ranconnet. 

» Enfin le volume a encore sa reliure du temps, telle que 
l'ont touchée les mains de Ranconnet. Le célèbre Pithou l'a 


— 986 — 
possédé et y a inscrit sa signature. Enfin, Villenave, jour- 
naliste bien connu, a été le troisième propriétaire. Je ne parle 
pas du quatrième, qui est votre très humble serviteur. 

» Le savant libraire Claudin, qui a laissé, sur l'origine de 
l'imprimerie en France et à l'étranger, le livre le plus docu- 
menté qui existe, m'avait vendu ce volume, il y a une vingtaine 
d'années, avec toutes les indications qui précédent. 

» J'ose espérer que cetle communication sera accucillie 
avec un certain plaisir par nos distingués confrères, » 


M. le docteur DE LAURIÈRE nous envoie, par l'entremise 
de M. Dujarric, la copie d’un acte d'abjuration de l'hérésie de 
Calvin, fait le 4°" septembre 1685, dans l'église de Cendrieux, 
par delle Jeanne de Larmandie, veuve de David de Lafon, sieur 
de Lapeyrière, du lieu de la Sudrie. 

Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL est à peu près certain que celte 
pièce est indiquée dans le Lomne {°° de la série E supplément, 
article 726 de l'Inventaire sommaire des Archives de la Dordogne, 
dans l'analyse des registres paroissiaux de Cendricux, GG 1. 


Notre jeune confrère M. Robert VILLEPELET à, pour le Bul- 
letin, extrait des Souvenirs de l’historiographe Jacob-Nicolas 
Moreau, publiés il y a quelques années et déjà utilisés par 
M. Bussière dans sa savante biographie du ministre Bertin, 
le passage concernant la rédaction du fameux Mémoire sur 
la constitulion politique ds ville et cilé de Périgueux, inprime 
en 1775 pour la ville de Périgueux. Moreau y raconte com- 
ment il fut amené à écrire ce mémoire et pourquoiil le fit 
signer par son frère Moreau de Vormes, ce qui lui attira, par 
la suite, de nombreux ennuis. Notre confrère a joint à cet 
extrait une courte étude sur la valeur documentaire des 
Souvenirs de Moreau, principalement au point de vue péri- 
gourdin. 


M. Robert VILLEPELET nous inunde également que M. de 
Maricourt vient de publier à la librairie Emile Paul (1), sous 
ce titre : Dir ans d'émigralion ; Souvenirs de François de Cézac, 


(1) Paris, 1809, un vol. in-1% (4 francs). 
26 


— 386 — 


les mémoires d'un gentilhomme périgourdin, originaire du 
Sarladais, qui quitta sa famille en février 1791 et émigra parce 
qu'il était, disait-il, « de toute nécessité de contribuer à la 
délivrance du malheureux roi Louis XVI ». L'auteur de ces 
Souvenirs, Charles-François de Cézac de Belcayre, est né au 
château de Belcayre, commune de Saint-Léon-sur-Vézère, le 
25 décembre 1773. Ces Souvenirs concernent la période de 
1791 à 1801. Cézac, engagé à Coblentz dans la compagnie 
d’Aulichamp des gendarmes anglais, corps qui manœuvrait 
sous les ordres du roi de Prusse, passa ensuite dans une com- 
pagnie française à la solde de la Hollande, puis dans les 
hussards de Bercheny qui étaient au service de l'Autriche. Il 
servit sous Condé de 1795 à 1796, passa de là dans l’armée 
russe et revint enfin à la solde de l'Angleterre, sous la con- 
duite du duc de Berry. Après la paix de Lunéville et le licen- 
ciement définitif opéré en juin 1801, Gézac, muni d’élogieux 
certificats, rentra en France en se cachant, et, bientôt 
amnistié, mena jusque sous la Restauration la vie obscure 
du gentilhomme campagnard, assagi par la cruelle expé- 
rience de campagnes aussi variées qu'inutiles. 

Un épisode de ces Souvenirs présente un intérêt proprement 
périgourdin. On le trouvera reproduit ci-après. 

Lorsque Cézac était canlonné en Bavière, il lui arriva, à propos 
d'une baignade dans l'Isar, d'aller jusqu'aux avant-postes répu- 
blicains. 

Un groupe de soldats, dit-il, s’approchant de la rive, je leur deman: 
dai si parmi eux, il n’y avait pas quelque Périgourdin ; ils me répon- 
dirent qu'ils l’étaient tous. Après que je leur eus dit que j'étais moi- 
mème originaire de Sarlat, cinq ou six, qui étaient précisément de 
cette ville me conjurèrent de passer de leur côté, me donnant leur 
parole d'honneur que je n'aurais absolument rien à craindre d'eux. 

Comme on peut généralement s'en rapporter à la parole d'honneur 
d'un militaire français, je ne fis aucune difficulté de me jeter à la 
nage et d'aller aborder sur l'autre rive. Aussitôt que j'y fus arrivé, 
mes compatrioles s'empressèrent de me porler un ample manteau, 
me comblèrent d'amitiés et de toutes sortes de prévenances... Le 
nommé Campagnac voulut absolument me faire accepter une bou- 
teille de vin et un petit pain qu’il attacha lui-même à mon col. de 
pris congé de ces bons enfants au bout d'une demi-heure, 


— 357 — 

De son côté, M. Joseph DurIEUX nous mande : « À propos 
de Jean Thurel, titulaire de trois médaillons de vétérance, 
dont il a été question dans le procès-verbal de la séance ordi- 
naire de mai, que ce vieux soldat de Louis XIV, de Louis XV, 
de Louis XVI et de la République, le plus vieux mililaire 
d'Europe, avait traversé en 1801 le département de la Dor- 
dogne, pour se rendre de Montauban à Tours. Agé de 102 ans 
à cette époque, il voyageait avec sa femme et un enfant de 
douze ans, dans une voiture à deux colliers, « vu ses bagages 
et la difficulté des chemins ». J'ai noté son passage à Mareuil 
le 11 thermidor an IX 130 juillet 1801), officiellement consigné 
sur un registre de la mairie. 

« Dans un tout autre ordre d'idées, permettez-moi de vous 
signaler l'étude que notre compatriote, M. Fernand Faure, 
consacre aux précurseurs de la Statistique, dans un volume 
publié à l’occasion du cinquantenaire de la Société de Stalis- 
tique de Paris. 

« Une place spéciale y est faite à Fénelon, qui enseigna au 
duc de Bourgogne l'utilité des dénombrements pour la bonne 
administration de l’Etal, et qui revint sur cetle idée dans ses 
Directions pour la conscience d’un Roi. C'est lui aussi qui ins- 
pira le questionnaire de Beauvillier et, parlant, les mémoires 
des intendants entre 1697 et 1700, premier document ofliciel 
de statistique générale de la France. On sait qu'il a formulé, 
par la bouche de Mentor s'adressant à Idoménée, un inté- 
ressant programme de statistique. 

s En outre, le Périgord doit revendiquer Goyon de la Plom- 
banie, étudié par M. Gcorges Bussière, et Balluis, de qui nous 
avons rappelé les titres comme directeur des Annales de Sla- 
tistique et secrétaire perpétuel d'une Société pour l'étude de 
ces questions. 

« Enfin nous n'aurons garde d'omettre MM. Léonce de 
Lavergne et Fernand Faure, qui ont présidé successivement 
en 1876 et 1899 la Société de Statistique de Paris. » 


D'autre part, notre jeune confrère M. Alfred BE TARDE nous 
informe que le monument élevé à la mémoire de son père 
Gabriel de Tarde par souscription publique, et dù au ciseau 


— 388 — 


de M. Injalbert, de l'Institut, est aujourd'hui terminé, et le 
conseil municipal de Sarlat a décidé d'en fixer l'inauguration 
à Sarlat au 12 septembre prochain. « La fête, qui aura lieu ce 
jour-là, écrit-il au Secrétaire général, sera une fête avant tout 
intellectuelle et amicale, présidée par les représentants du 
Collège de France, de l’Académie des Sciences morales et de 
plusieurs autres Sociétés savantes dont mon père faisait 
partie. Nous désirerions bien vivement que la Société archéo- 
logique du Périgord, à laquelle mon père a appartenu pendant 
longtemps et aux travaux de laquelle il a collaboré, fût repré- 
sentée à cetle cérémonie. Je viens donc vous prier de vouloir 
bien transmettre cette demande à la prochaine séance de la 
Société et l'appuyer, s’il en est besoin. Je m'excuse de vous 
charger de ce soin; si j'avais été valide, je me serais rendu 
moi-même à Périgueux, la semaine prochaine, afin de faire 
part à nos confrères de notre vif désir; mais cela ne m'est 
pas possible malheureusement. 

< Nous serions bien reconnaissants à celui d'entre eux, qui 
voudrait bien se charger de rappeler en quelques paroles 
l'œuvre archéologique de mon père (la publication des Chro- 
niques du chanoine Tarde, et l'essai de reconstitution de 
La Roque-Gajac au XVe siècle) ; il suffirait d’une toute pelite 
esquisse, le temps étant forcément limité par les autres 
discours. | 

« La cérémonie d'inauguration et les discours auront lieu 
à 2 heures après-midi. Soit à midi, soit le soir aura lieu un 
banquet offert par ma famille et auquel bien entendu des 
places seront réservées aux membres de la Société qui vou- 
dront bien nous faire l'honneur d'assister à ces fêtes. Le soir, 
illuminations. Des chambres seront retenues par nous à 
l'hôtel pour les représentants des Sociétés. » 

M. LE PRÉSIDENT commence par remercier M. Alfred de 
Tarde de ses aimables invitations pour nos délégués à cette 
cérémônie, et il prie l'assemblée de désigner celui de nos 
confrères qui devra prendre la parole devant le buste du 
regretté Gabriel Tarde. 

Elle est unanime pour choisir, comme l'homme le plus qua- 
liflé en cette éccurrence, notre érudit vice-président de l’arron- 


— 389 — 


dissement de Sarlat, M. Gaston de Gérard, foncièrement 
sarladais, ami et collaborateur de Tarde. Nulle personne n'est 
plus apte que lui à remplir cette mission. 

La Sociélé engagera nos confrères de Sarlal et des environs 
à se joindre à lui ce jour-là : MM. Carles, Carvès, Escande, 
Jouanel, le marquis de Maleville, Richard de Boysson, le 
baron des Hauts-Champs, le baron de la Tombelle, le vicomte 
de Saint-Priest. MM. le marquis de Fayolle et Villepelel s’y 
joindront probablement aussi. 


Enfin notre dévoué vice-président M. Charles DURAND, pre- 
mier adjoint au maire de Périgueux, nous annonce « avec 
un grand plaisir que M. le Ministre de l’Instruction publique 
a approuvé le devis de réparations du bâtiment de Château- 
Barrière, dont une salle doit être mise à la disposition de la 
Société archéologique. 

» Les fonds de concours de la ville ont été votés le 10 juillet 
au soir par le conseil municipal, et dans la délibération j'ai 
inséré une clause demandant à M. le Ministre de faire procé- 
der à l'adjudication des travaux dans le plus bref délai pos- 
sible. 

» J'espère que dans un mois re sera fait. » 

L'assemblée vote des remerciments et des félicitations à 
M. Charles Durand pour le zèle persévérant qu'il a apporte à 
la conclusion de cette affaire. 

Et la séance est levée à deux heures et demie. 


Le Secrétaire général, Le Président, 
Fenn. VILLEPELET. A. DusaRkRic- DESCONRES. 


—_—— 


pr © 


Séance du jeudi 2? septembre 1909. 


Présidence de M. le marquis de FAYOLLE, 
président. 5" 


La séance est ouverte à midi et demi, dans la salle accoutu- 
mée. 
Sont présents : MM. Charles Aublant, le chanoine Brugière, 


— 390 — 


le marquis de Fayolle, le comte Alphonse de Fleurieu, le 
colonel de Montifault, le docteur Moreaud, Vigié et Villepelet. 

Se font excuser : MM. Dujarric-Descombes et Féaux. 

Le procès-verbal de la précédente réunion cst lu et adopté. 

Notre bibliothèque a reçu, dans le courant du mois dernier, 
les ouvrages suivants : 

Bulletin de l'Académie royale d Archéologie de Belgique, 1909, 
II, in-8°, Anvers, imprimerie Van Hille de Backer ; 

Bulletin trimestriel de la Socièté des Antiquaires de Picardie, 
année 1909, 1° trimestre, in-8° avec planches hors texte, 
Amiens, imprimerie Yvert et Tellicr ; 

Comptes rendus des séances de l’année 1909 de l'Académie 
des Inscriptions el Belles-Letlres, bulletins d'avril, de mai, de 
juin et de juillet, #4 fascicules in-8, avec planches, Paris, librai- 
rie d'Alphonse Picard et fils ; le 4 fascicule contient, p. 476, 
le rapport de M. Noël Valois sur le concours des Antiquités de 
la France et dans lequel M. Robert Villepelet a obtenu une 
médaille de 500 francs pour son Histoire de là ville de Péri- 
queux jusqu'au trailé de Brétigny ; et, p. 498, une Note sur le 
Lernple de Source du Mont Aurvois, découvert par M. le com- 
mandant Espérandieu ; 

Bullelin archéologique du Comité des Travaux historiques et 
scientifiques, année 1909, 1° livraison, in-8° avec planches, 
Paris, Imprimerie nationale ; Ernest Leroux, éditeur ; 

Bullelin historique et philologique du Comité des Travaux 
historiques et scientifiques, année 1908, n°* 3 et 4, in-8°, Paris, . 
Imprimerie nationale, 1909 ; 

Bibliotheque de l'Ecole des Chartes, tome LXX, 3 et 4° 
livraisons, mai-août 1909, un fascicule in-8° avec planches, 
Paris, librairie Alphonse Picard et fils ; contenant des comptes- 
rendus bibliographiques, p. 362, par M. Brutails de la thèse 
de M. Robert Villepelet, Histoire de la ville de Périgueux, — et p. 
372, par M. Léon Clédat, des Nouvelles françaises inédiles du xv° 
siècle, découvertes dans un manuscrit du Vatican et publiées 
par M. Langlois ; 

Bullelin de la Société pour la protection des paysages de France, 
15 juillet 1909, grand in-8, Paris, siège social, rue de Gram - 
mont, 26; 


— 991 — 


Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais, 4 fascicules 
d'avril, mai, juiu ct juillet 1909, in-8° avec deux planches, 
Moulins, imprimerie Elienne Auclaire ; 

Bulletins de la Sociélé des Antiquaires de l'Ouest, 3° série, 
tome Le, quatre trimestres de 1908, de janvier à décembre, 
4 fascicules in-8 avec une planche, Poitiers, Lévrier et 
Bonamy, libraires éditeurs, 1908 ; 

Revue de Saintonge el d’Aunis, bullctin de la Société des 
Archives historiques, XXIX° volume, 4° livraison, 1° août 
1909, in-8° avec une planche, Saintes, librairie Prévost ; 

Lou Bournat, bulletin mensuel de l'Ecole félibréenne du 
Périgord, tome IV, 7° et 8 livraisons, juillet-août 1909, un 
fascicule grand in-8° avec illustrations, Périgueux, imprimerie 
Joucla : ce fascicule est consacré à la félibrée de Ribérac, qui 
a été très brillante ; 

Bulletin de la Sociélé scientifique, historique et archéologique 
de la Corrèxe, siège à Brive, tome XXXI, 2° livraison, avril- 
juin 1909, in-8° avec gravures, Brive, Roche, imprimeur ; 

Bulletin périodique de lu Sociélé Ariégevisc des sciences, lellres 
el arts, el de la Socièle des Eludes du Couserans, 12° volume, 
no 4, in-8, Foix, typographie Gadrat aîné, 1909 ; 

Bullelin de la Sociélé d'Etudes des Hautes-Alpes, 28° année, 
3° série, n° 31, troisième trimestre 1909, in 8°, Gap, Louis 
Jean et Peyrot, imprimeurs éditeurs ; 

Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de 
Savoie, 4° série, tome XI, un volume broché in-8°, Chambéry, 
Imprimerie générale savoisienne 1909 ; 

De M. Berthelé, deux plaquettes in-8 : Un conflit scolaire au 
xiv® siècle, Le Vigan, imprimerie commerciale Bausinger, 
juillet 1909; et Anciennes cloches municipales de Bordeaux, 
d'Orléans et d'Amisns, documents inédits, Montpellier, Impri- 
merie coopérative ouvrière, juillet 1909. 

Des remerciments sont votés aux donateurs. 


Notre honorable confrère M. SARLANDE nous fait part de la 
mort de sa mère, décédée au château de la Borie, le 4 août 
dernier, dans sa 85e année. 

L'assemblée lui envoie ses sympathiques condoléances. 


— 392 — 


Notre vice-président M. Gaston DE GÉRARD, en ce moment 
trés loin du Périgord et de Paris, s'excuse de ne pouvoir venir 
de la Bretagne présider notre délégation à Sarlat, à l'inaugu- 
ration du buste de Gabriel Tarde. Il prie de le faire suppléer 
dans la mission dont la Société avait bien voulu l'honorer. 

Sur la proposition du Secrétaire général, M. LE PRÉSIDENT 
est prié de vouloir bien remplacer M. de Gérard à cette fête 
intellectuelle où seront représentis l’Académie des Sciences 
morales el le Collège de France. 

M. le Président accepte la mission ; il sera assisté du Secré- 
taire général et de nos délégues de Sarlat et des environs. 


En s’excusant de ne point assister à la séance, M. DusaRRic- 
DESCOMBES nous a laissé une petite note, recueillie dans les 
journaux, sur les fouilles du Mont Auxoiïis, ainsi conçue : 


Notre savant correspondant, M. le commandant Espérandieu, qui 
fait cxécuter des fouilles personnelles sur le mont Auxois, vient de 
découvrir un sanctuaire d’Iygie, à proximité d’un temple octogonal 
déjà signalé. La piscine de ce sanctuaire est intacte ; son déblaiement 
a fait retrouver la tête et la main droite tenant un serpent d’une statue 
polychromée de la déesse. De nombreux ex-voto, figurant des yeux 
en proviennent aussi. 


Notre vice-président a reçu un catalogue d'un libraire anti- 
quaire de Berlin, M. Saalman, Stephanstr. 25, où sont divers 
plans et cartes nous concernant : 


Plan de la ville de Bergerac, gravure par Merian, vers 1650. m. 1.50 
— — par Tassin, 1636. m. Î. 
— Sarlat  — — —  m.i. 
Le diocèse de Sarlat, carte géogr. en couleur, avec emblèmes, 
blason, figures, texte latin, etc. (Gsuilh. Blaeu fecit vers 1630. m. 3.50 
Le comté de Périgort, carte géogr. en couleurs, avec emblèmes, 
etc, par Schenk et Valk, vers 1740 m. 4. 


Le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL dit que ces plans et cartes se trou- 


vent à la Bibliothèque municipale et à la bibliothèque des 
Archives. 


De son coté, M. Robert VILLEPELET nous signale un recueil 
récemment paru sous le titre de Mémoires el noles de numis- 
malique (Paris, E. Leroux, 1909; in-8°, 454 p.), où l'auteur 


— 393 — 


M. Adrien Blanchet a réuni, à une série d'articles de numis- 
matique et de sigillographie, publiés précédemment dans 
diverses revues, deux mémoires inédits dont l’un au moins 
nous intéresse, car il est intitulé : Documents concernant la 
monnaie des comtes de Périgord (p. 425 et suiv.). M. Blanchet y 
a transcrit quatre documents de la fin du xiu° et du commence- 
ment du siècle suivant, tirés des Archives des Basses-Pyré- 
nées, et les a fait précéder d'un comimentaire « qui constitue 
une véritable histoire de la monnaie périgourdine » (1). 


M. Vic nous fait ensuite une intéressante communication 
sur Bigarroque, tirée d'un mémorial ou livre terrier de Philip- 
parie, prêtre, parti du Limousin, plus tard notaire seigneu- 
rial et chargé des intérêts des archevêques de Bordeaux à 
Belvès. De ce mémorial, notre savant confrère extraira pour 
nous ce qui concerne la seigneurie particulière de Bigarroque, 
située sur la rive droite de la Dordogne, On pourrait y joindre 
la vue de quelque monument, s’il en reste encore, car le 
castrum a été détruit en 1415. 

Notre érudit confrère préparera cette publication pour 
l'hiver prochain. 


Enfin, M. LE PRÉSIDENT nous rend compte du Congres de 
l'Union des Sociéttis archéologiques de Belgique, qui s’est 
tenu à Liège, au commencement du mois d’août, et auquel il 
a assisté comme délégué de notre Société. 

« Ce congrès a été particulièrement réussi et avait réuni 
un nombre considérable d'archéologues et de savants non 
seulement de Belgique, mais de France et d'Allemagne. Les 
travaux des sections d'histoire, d'archéologie préhistorique, 
romaine, du moyen àge et de musique ancienne, réunissaient 
un grand nombre d’adhérents. 

» Les excursions à Maëstricht, à Suy, etc., ont été trés intlé- 
ressantes ; on y a admiré de merveilleux trésors d'église. La 
section préhistorique a été surtout remarquable par les tra- 
vaux qui y ont été lus et les discussions auxquelles ils ont 


(1) Maurice Prou, dans la revue Le Moyen Age, 1909, p. 208. 


— 394 — 
donné lieu. La section a visité à Jeneffe les fouilles de M. de 
Puygt où il a découvert une véritable ville néolithique. 

» Les Congressistes eux-mêmes ont fouillé trois fonds de 
cabane et M. de Fayolle en a rapporté des poteries et des silex, 
qui ont élé trouvés sous ses yeux et qui ont été gracieusement 
ofterts au Musée de Périgueux. Sous la conduite de M. Rutot, 
le Congrès a aussi visité le gisement éolithique de Boncelles. 
Cette question des éolithes a été l’une de celles dont on s’est 
le plus occupé ; mais les théories de M. Rutot ont été vive- 
ment combattues par un grand nombre des savants les plus 
autorisés qui étaient présents, il ne paraît pas encore que 
malgré leur apparence scientifique, les faits donnent raison à 
ses hypothèses, et M. Rutot lui-même ayant demandé 15 ans 
pour faire adopter ses idées, il est prudent de réserver pour 
le moment, une opinion sur cette théorie, qui a déjà été plu- 
sieurs fois modifiée par son auteur. 

» À son retour de Liège, M. de Fayolle à visité les musées 
de Bruxelles, d'Anvers et de Gand, dont il a admiré une fois 
de plus les richesses et surtout l'aménagement si pratique 
pour le public et pour les travailleurs ». 

La séance est levée à trois heures. 

Le Secrétaire général, Le Président, 
Ferd. VILLEPELET. Mi DE FaAyoLLe. 


EE | 


UNE COMMUNE RURALE EN PÉRIGORD 
LA BACHELLERIE 


(Suite ot fin) 


IV. Les Seigneurs. 


Les scigneurs de la paroisse étaient les Chapt de Rastignac 
depuis le milieu du xv° siècle (1). 

Je n'ai pu trouver exactement comment la terre de Ras- 
tignac entra dans la famille Chat ou Chapt; mais les généa- 


4) Voir Vobiliaire universel de France, par de Saint-Allais, tome lil, 
P. 25. 


— 395 — 


logistes croient gnéralement que ce fut par le mariage de 
« Guichard Chat, » seigneur de Lage-au-Chat, avec l’héri- 
tière (1) des terres de Jaillet et de Rastignac. 

Je dois faire remarquer que les seigneurs de Rastignac ne 
paraissent pas encore être très puissants ; mais que quelques 
années plus tard, ils le seront beaucoup plus et que leur puis- 
sance s’augmentera toujours dans la suite. 

En dernier lieu, la famille était représentée par Zénaïde- 
Sabine Chapt, qui naquit vers 1799. Elle épousa, en 1817, 
François-Marie-Auguste-Armand-Emilien de La Rochefoucauld, 
duc de La Rochefoucauld, de Liancourt et de La Rochc-Guyon, 
son cousin germain, et lui apporta la terre de Rastignac. Elle 
décéda en 1875. 

Son fils, Pierre -Marie-Kené-Alfred de La Rochefoucauld, fut 
connu sous le nom de « comte Alfred de La Rochefoucauld ». 
Il naquit en 1819. Il hérita de la terre de Rastignac, en 1875, 
et la vendit, en 1878, à Joseph-Auguste de Peyronny des 
Gendres, père de l’auteur de la notice, et celui-ci la laissa à 
son second fils, Henri-Marie-Georges de Pcyronny, aujour- 
d'hui capitaine au 19° régiment de chasseurs. 


V. L'Eglise de La Bachellerie. 
4° L'EGLISE. 


Il faut, comme je l'ai dit en parlant de l'église du GCern, 
faire remonter la construction par le seigneur de Rastignac 
de la première église de La Bachellerie, aux dernières annévs 
du xvu* siècle. Plusieurs années après, son clocher ayant 
besoin de réparation, le seigneur de Raslignac donna 904 
livres, en 1339, pour ces réparations, et les habitants trou- 
vérent cela très naturel puisqu'il l’avait fait construire pour 
eux avec ses deniers. Mais, en 1746, cela ne les empêcha pas 
de contester la donation, aussi les obligea-t-il à reconnaitre 
que la nouvelle église était bien sa propriété. 


(1) Il m'a été impossible de retrouver son nom ni reux des propriétaires 
plus anciens. | 


— 396 — 


« Aujourd'hui dix-huitième de septembre mil sept cent quarante 
six, au bourg de la Bachellerie du Cern à l'issue de la messe, a été 
présent m' [éon Combe, procureur fiscal de la juridiction du mar- 
quisat de Rastigaac en Périgord, agissant pour haut et puissant sei- 
gaeur mossire Jacques-Gabriel Chapt de Rastignac, chevalier, seigneur 
comte de Raslignac, lequel a dit qu'il est important au dit seigneur de 
constater, premièrement que l’ancienne église du Cern était dans le 
vallon au-dessous du présent bourg où les murailles de la dite église 
en parlie subsistent encore et sont permanentes ; que par haut et 
puissant seigneur messire François Chapt marquis de Rustignac 
l'église aujourd'hui batlie au présent hourg a été édifiée ; comme son 
fondateur et seigneur haut justicier de la dite paroisse ; les armes de 
la maison de Chapt sont sur la principale place de voûte de ladicte 
église, laquelle a été bâtie pour la commodité de la paroisse, parce que 
le lieu de l’ancienne église était trop aquatique et sujet à l’inondation 
du ruisseau du Cern. Requérant le dit sieur procureur fiscal les sieurs 
vicaires régens à l’absence du sieur curé avec les principaux habi- 
tants veulent certifier la vérité du fait ci-desus. Et à l'instant le dict 
sieur vicaire régens et susdits principaux habitants, ayant entendu 
la présente réquisition, ont certifié les dits faits véritables et du tout 
requis acte que j'’ay consédé soubs le scel royal es présence de Jean 
Raffailhac, siour du Claux, diacre pour les ordres sacrés, habitant le 
bourg d'Azerac, et Etienne de Bets, praticien, habitant du villige de 
Muguet, paroisse de Saint-Rabier, témoins connus, qui ont signé avec 
les dicts sieurs vicaires régens, principaux habitants, et le sieur Combe 
et moi notaire royal à l'original des présentes. Suivent les signatures 
et celle de Bayle, notaire royal ». 


Cette église était dédiée à saint Pierre et ses chapelles 
l'étaient à Notre-Dame, à saint Blaise et sainte Madeleine. 
Cette dernière chapelle avait été érigée après la destruction 
de celle du hameau de Madeleine et afin, probablement, de 
ne pas laisser perdre le souvenir des bienfaits, un peu ima- 
ginaires, comme on le verra plus loin, de cette sainte. 

Lors de la prise de possession de l’église de La Bachellerie 
par le clergé, il n’a pas été dressé d'acte de prise de pos- 
session, pour un motif que j'ignore ; car s’il en avait été dressé 
un, l'acte du 8 septembre 1746 n'aurait pas eu sa raison 
d'être. Ce qu'il y a de bien certain, c'est que de nombreux 
actes prouvent sa possession. Il transporta dans la nouvelle 
église tout ce qui se trouvait dans lPancienne, y compris 


— 397 — 
la cloche qui est de 1546 avec l'inscription gothique suivante : 
€ IHS. Maria. Sancta Trinitas unus Deus misercre eis. Petre et 
Paule, orate pro nobis. MCCCCCXL VI. » 

Le seigneur de Rastignac, selon l'usage fort ancien, avait 
fait placer et ranger symétriquement dans la chapelle ou tra- 
vée de droite, en regardant l'autel, un certain nombre de tom- 
beaux ou cercueils en pierre pour lui et ses descendants et 
avait abandonné le reste au clergé pour en disposer à son 
gré. | 

Les tombeaux étaient placés à une certaine profondeur au- 
dessous du pavé de l’église et recouverts d'une pierre. Pour 
marquer la place de chaque tombeau, on mit au-dessus, dans 
le pavage de l'église, une dalle en pierre, de là leur nom de 
« pierres tombales » qui s'est perpétué jusqu'à nous. Ces pier- 
res ne portaient d'abord qu’une lettre ou le nom du mort, ou 
la représentation d'un objet, qui indiquait ce qu'était le mort, 
tel qu’un blason pour le chevalier, un calice pour le prètre, 
un marteau pour le macon, une aune pour le drapier, etc., le 
tout en creux ou en relief ; mais dans la suite elles se cou- 
vrirent d'inscriptions et de gravures, et j'en ai vu de très 
belles. | 

Lorsque ces tombeaux devaient rester à la surface du sol, 
ils prenaient le nom de sarcophage et le ou les côtés, ainsi 
que ceux du couvercle, qui devaient être vus, furent ornés 
peu au commencement, mais beaucoup ensuite et surtout au 
xv° siècle. 

A la Restauration, l’église de La Bachellerie fut entièrement 
démolie, rebâtie sur la même place et agrandie. On a respecté 
les tombeaux des anciens scigneurs de Rastignac; mais on 
s'est bien gardé de mettre leurs armoiries dans la voûte. Un 
vitrail avec leurs armes, bien fragile souvenir, les rappelle 
seul. 

20 LES CHAPELLES. 

Outre l'église paroissiale, « La Bachellerie » possédait 
encore deux petites chapelles appartenant à des particuliers. 

« A Rastignac » il y avait une chapelle, aujourd'hui 
démolie, dont la cloche porte l'inscription suivante : 


Sancta Micaele 1600. 


— 398 — 

Au hameau de « Madeleine » il y avait une chapelle dont on 
répare, en 1662, la toiture el la charpente, grâce à un legs de 
l'abbé Gabriel Pouliez, ancien curé de la paroisse, qui y avait 
été enterré, après l'avoir demandé dans son testament. En 
1686, une nouvelie restauration ou reconstruction donna lieu 
à une bénédiction qui fut donnée par Antoine de Cham- 
pagnac, curé d'Azerac, délégué à cet effet par Guillaume Le 
Boux, évêque de Périgueux, et en l'absence de l'abbé Gatiniol, 
curé de La Bachelleric. Il n’en reste plus aujourd’hui que 
l'emplacement, 

Un reste de superstition dont il faudrail remonter jusqu'aux 
Gaulois, peut-être, pour trouver l'origine, veut que la fon- 
taine, qui se trouve près de la chapelle, ait le privilège de faire 
pleuvoir. Aussi dans les années de grande sécheresse, le curé 
de la paroisse ne manque t-il jamais d’y aller en procession. 
Certaines personnes superstiticuses vont même jusqu’à pré- 
tendre que au moment où fe prêtre trempait le pied de la 
croix dans la fontaine, le temps, très beau jusqu'alors, s'est 
subitement couvert, et une pluie très abondante est tombée 
aussitôt. La construction de la chapelle est due, sans doute, à 
cette superstition. 


3° L'ADMINISTRATION. 


Les biens lemporels d’une église étaient administrés, sous 
le contrôle du curé, par un svndic ou trésorier, qui, de ce 
fait, prenait le nom de « syndic fabricien ». 

À l'origine, le scigneur se réservait de la manière la plus 
formelle le droit de se faire enterrer avec sa famille dans 
l’église qu'il avait fait bâtir de ses propres deniers. Dans Ia 
suite, le curé obtint du seigneur la permission de vendre ce 
droit à des particuliers, et, en 1700, le droit d'avoir soi et ses 
descendants un tombeau dans l’église était si bon marché que 
tous les paroissiens de La Bachellerie en jouissaient, puisque 
cela ne coûtait que 20, 30 et 50 livres, suivant la dimension 
du dit tombeau et l’endroit de l'église où il se trouvait, plus 
une rente annuelle et perpétuelle de 5, 10 et 20 sols, et l'obli- 
gation d'entretenir la toiture de l'église, qui se trouvait au- 
dessus du tombeau. Aussi, à cetle époque, voit-on dans tous 


— 399 — 


les testaments que le testateur veut être enterré dans le lom- 
beau de ses ancêtres. Il n'y avait que les enfants masculins 
de la ligne directe qui héritaient de ces droits de tombeaux, 
comme nous l’apprend le syndic fabricien Pierre Lacombe. Le 
propriétaire d'un tombeau avait le droit d'y faire enterrer qui 
il voulait et d'y mettre dessus un banc. Ces ventes de places 
de tombeau se passaient loutes par-devant notaire el l'acte 
mentionnait toutes les confrontations. 

Quand un nouveau mort venait prendre la place du précé- 
dent dans un tombeau, on enlevait lous les ossements du pré- 
cédeñt que l'on jetait dans une fosse spéciale nommée 
« charnier », sauf le crâne que l’on mettait de côte si le tom- 
beau était assez grand ; et c'est ce qui explique pourquoi on 
a trouvé souvent plusieurs crânes dans un même tombeau. 

On vendait, parfois à part, le droit de mettre un banc à tel 
ou tel endroit de l'église ; mais il n’y avait que les personnes 
qui habitaient provisoirement une paroisse autre que celle 
où elles avaient leurs tombeaux qui achetaient ces droits. 


4° LA DIME CLÉRICALE. 


La dime que les paroissiens de La Bachellerie avaient pris 
l'habitude de payer au curé, en plus de son casuel, se payait 
presqu'entièrement en argent et se montait à la jolie somme 
de 2.292 livres, savoir : 


Froment.,..,...,. ‘761 livres. 
Chanvre.......... 104 id. 


Ni ses oée .... 16 quartrons 4 pintes. 
Avoine..... sus À charges. 

Dindes ,..,....., . À 

Codindes.,.,.,... 4 

Charrois..... se D 


$° LE BUREAU DE BIENFAISANCE. 


Une espèce d’hospice ou de bureau de bienfaisance pour 
les pauvres existait à La Bachellerie depuis bien avant 1762. 
Il était administré par deux syndics dits « Svndics des pau- 
vres » et sous le contrôle du curé. Il cessa de fonctionner 
après la Révolution. 


— 400 — | 

il y a plusieurs années, un sieur Raymond, natif de La Ba- 

chellerie, qui avait gagné une grosse fortune dans le com- 

merce des vins à Limoges, la légua à sa commune natale pour 

y construire un hospice ; mais, pour une cause que j'ignore, 
son legs n’a pas encore été exécuté. 


VI. Le Clergé. 
4° LES CURÉS. 


François de Sarlat, 1623. 

Gabriel Pouliez, 1633. Il fut enterré dans la chapelle du hamenu de 
Madeleine. 

Pierre Perboyre, {°° avril 1650. 

Antoine Gatiniol, 24 mai 1686. 

Gatiniol, 4 juin 1686. 

Jean Chabannes, sieur de Lavergne, 1** janvier 1689. Il se retira 
dans le bourg de La Bachellerie le 16 mai 1726 et y mourut le ? mars 
1731. 

Ducern, 8 avril 1729. 

Jean Baptiste de Magueur, sieur du Cern, 25 mars 1737. 

Georges Chabannes, sieur de Lastour, 14 février 1762. 

Jean-Baptiste Chahannes, 23 mars 1786. 

Jean Chabannes, 13 février 1789. Il prôta serment à la Constitution 
le 13 février 1791. 

_ Theulier, 1791. 

Laforge, 1791. 

François (Chalard. 

Louis Laluc, 25 fructidor an 10 (12 septembre 1802). 

Mathieu Blusson, 21 messidor an 11 (10 juillet 480:). 

Foucault, 1843. | | 

Fabre, 1860. 

Prosper Védrenne, 180. Il dota l'église, en 1879, d’une cloche qui 
eut pour parrain Ludovic Chagot, et ‘pour marraine Marie de Pey- 
ronny. on 

Couture, 1889. . 


2° LES VICAIRES RÉGENTS. 
Avant la Révolution, tous les curés étaient nommés à vie 


et inamovibles et ne pouvaient être changés qu'avec leur 
consentement. De telle sorte que lorsqu'un curé avait mérité 


— 401 — 

la punition canonique de l'interdiction, l'évêque n'avait que 
la ressource de nommer en son lieu et place un « vicaire 
régent », c'est-à-dire un prêtre qui avait tous les pouvoirs du 
curé et exercait le ministère à la place du curé litulaire, et 
cela jusqu'à ce que ce dernier ait démissionné de bonne 
volonté. Le ministère du vicaire régent durait généralement 
peu ; car le curé interdit ne tardait pas à démissionner de 
bonne volonté ; mais jusqu'au jour de sa démission, il jouissait 
presqu'entièrement du revenu de sa cure. 


Chabannes de la Tour, 8 novembre 1761. 
Chabannes, 15 mars 176. 


Je n'ai pu savoir pourquoi Jean-Baptiste de Magueur, sieur 
du Cern, et (reorges Chabannes, sieur de Latour, avaient été 
interdits. 

3° LES VICAIRES. 


Dupuy, 28 septembre 1642. 

Verliac, 1651. 

Labiche, 25 mars 1669. 

Duverdier, 26 juillet 1676. 

Féniz, 23 mai 1678, 

Teyssèdre, 7 décembre 1038. 

Vergne, 1640. 

Pierre Roussery, 10636, Il eut des difficultés avec son curé, l'abbé 
Gatiniol, et le sieur Charles, au sujet des frais d'un voyage qu'il fit 
pour eux à Périgueux pour voir le sieur Lanes, receveur des décimes. 
Les frais de ce voyage se montaient à 3 livres. 

Despralt, 10 janvier 1691. 

Jean Desprady, 9 juin 1694. 

G. Gourier, {8 septembre 1694. 

Jean Dujarric, sieur de la (aude, 18 août 170%. 

Cabane, 1719. 

Roche, 1729. 

Duclaux, 13 juin 1730. 

Jean de Magueur, sieur du Claux, 1°" avril 1738. 

Redon, 30 décembre 1738. 

Lamy, 8 avril 1740, 

Lapeyrière, 26 avril 1740. 

Lavidalie, 7 octobre 17142. 

Dumerchat, 10 avril 1743. 


27 


— À0ÿ — 
Peytoureau, 2 avril 1746. 
Bourbous, 23 septembre 1746. 
Bataille, 3 octobre 1746. 
Bourfous, 22 février 1750. 
Guillaume Menesplier, sieur de Lagrange, 9 novembre 1752. 
De Bordes, 12 février 1755. 
Cabanes, 28 mars 1756. 
Subrezie, 10 avril 1700. 
Linarès, 31 août 1360. 
Laguerene, 12 octobre 1768. 
Galh, 6 janvier 1730. 
terardy, 29 septembre 1731. 
Ecuyer, 10 janvier 1773. 
Meynardie, 30 juillet 1713. 
Fompeyre, 24 juin 1780, 
Mongibaux, 1°" juillet 1783. 
Labernerie, 11 octobre 1783, 
Faure, 22 octobre 1786. Il mourut à son poste le 3 octobre 1789. 
Labrousse, 30 août 17388. 
Chabannes, 16 mai 1791. 
Mathieu Millet, 1791. 


VII. La Révolution. 
4e 1790. 


Le bourg de La Bachellerie est nominé chef-lieu d'un can- 
ton qui comprenait les communes (1) de La Bachellerie, 
Rabier, Chastres, Pevrignac, Beauregard et Villac. Ce canton 
fait partie du district de Montignac. 

Tous les citovens (2; avaient désigné un certain nombre 
d'entre eux qui, sous le nom de « municipalité », furent char- 
gés des intérêts de la commune et mirent à leur tête avec le 
nom de « maire » leur curé l'abbé Chabannes. 


26 septembre, — Ie premier acte de la Municipalité est de fixer un 


ban de vendange qu’elle fixe au 4 octobre suivant ; c'est-à-dire qu'elle 
défend qu'aucun citoyen ne vendange avant ce jour. 


Rom RÉ 


(1) Nom civil des paroisses. | 
(2) Ce mot avait remplacé ceux de seigneur, sieur et de monsieur. 


— À08 — 


27 septembre. — La Municipalité fait le recensement de la pop - 
lalion qui est de 1250 âmes. 


2° 1791. 


13 février. — La Municipalité enregistre le serment à la Consti- 
tution que prête devant elle Jean Chabannes, son curé. 

26 février. — La Municipalité divise le terriloire de la communeen . 
sections selon l'ordre qu'elle en a reçu du district et la divise cn dix 
sections, savoir : 


1° Section A dite de Singellas, y compris las Ghassellinas, partie des 
champs de Bord, les Broussaux et partie de Laschals, y compris Île 
Mas Chadour, portion du territoire de la communauté. laquelle est 
limitée au levant à la paroisse de Périgaat ; au nord, à la paroisse de 
Saint-Rabier ; au couchant, à la grande route allant de Limoges à 
Sarlat, et au midi, au chemin allant d'Aserat à Brive. 

2% Section B dite de l'Eglise du Cern, y compris le moulin Destrieux, 
la prairie appelée des Montey, pred Contal, le moulin du Pougée, la 
prairie appelée de Peyrignat, la prairie Las Vergnas, les prés appelés 
Fonbulien, le communal où était située l'église du Cern de la paroisse 
appelé Las Jonquas, le moulin de Muguet et la rivière du Cern. La: 
quelle est limitée au levant à la paroisse de Beauregard ; au nord, au 
chemin d'Azerat à Brive; au couchant, à la grande route venant de 
Limoges à Sarlat, et au midi, au chemin venant de Condat au moulin 
du Pouget et dudit moulin à la Fonbulière et de là à la susdite grande 
route passant sous l'enclos venant de monsieur du Féry. 

3° Section GC dite de Boudenas, y compris partie du village du Chas- 
tel et partie du bourg où l'église est située. Laquelle est limitée à l'est 
par un vieux chemin allant du lieu de la Faurie au moulin Destieux ; 
au nord, par le chemin susdit venant de Conilat à la susdite grande 
route ; à l'ouest, par: la susdite grande route, ct au sud, au chemin allant 
de la maison de Bachelier, passant sous les lots, allant au village du 
Chastel et du dit village par un vieux chemin aux terres de Lyreix. 

4 Section D dite de la Cause, ÿ compris le restant du village du 
Chastel, les vignes appelées (hantelaube, celles appelées sous 
les Lots et partie du bourg. Laquelle est limitée à l’est par un chemin 
venant de la Faurie au moulin Destieux ; au nord, au chemin susdit 
venant de la maison de Bachelies, passant sous les Lots, allant au vil- 
lage du Chastel et aux terres de Sireix ; à l’ouest, à la susdite grande 
route, et au sud, au chemin allant du présent bourg à la Faurie et de là 
au moulin Destieux. 

5* Seclion E dite de la Faurie, y compris le Mas des Champs, la ma- 


— 404 — 
jeure partie du village de Laularie, partie de Mirabel, les territoires 
appelés Grauleyx, partie du Cause et partic du village des Fraux. [La- 
quelle est limitée à l'est par la paroisse de Beauregard et le chemin 
venant du moulin Destieux à la Faurie et de là à La Bachellerie ; au 
sud, au chemin qui part de la grande route au village des Fraux, de là 
au village de Mirabel ; à l’ouest, à la grande route, et au nord, au che- 
min qui va de Mirabel à celui de Laularie et de la Fontaine de £eryrat 


. eu Mas de Lerout. 


6° Section F dite de la Tour du Pouget, y compris le restant du vil- 
lage de Laularie, le restant de celui de Mirabel et le reste de celui des 
Fraux. Laquelle est limitée à l'est aux paroisses des Farges et de 
Beauregard ; au nord, au chemin venant du Mas de Leroux à la font 
de Leyrat et de là à Laularie et de Laularie à Mirabel et de Mirabel 
aux Fraux ; à l'ouest, à la grande route, et au sud, au chemin des Far- 
ges à Thenon. 

7 Section G dite de Monteix, y compris Las Fontanellas, partie de 
la Brauge et le Théliat. Laquelle est limitée à l’est par la paroisse des 
Farges, au nord, au chemin des Farges à Thenon; à l’ouest, à uu 
chemiu, qui part du chemin des Farges à Thenon, va au village de la 
Brauge en traversant le village allant à Montignas, et au sud, aux pa- 
roisses des Farges et des Bas. 

#° Section IT dite de Charneillas, y compris le restant du village de 
la Brauge, Pater-Noster et Valette. Laquelle est limitée à l’est par le 
susdit chemin allant de la Brauge à Montignac ; au nord, au chemin 
venant des Farges à Thenon ; à l’ouest et au sud à la paroisse d'Au- 
riac. 

% Section I dite de La Bachellerie, y compris la Genèbre, partie de 
Madeleine, le Terrier et le Poirier. Laquelle est limitée à l'est à la 
susdite grande route ; au nord, par la paroisse Saint-Rabier ; à l'ouest 
au chemin venant de Los Cainps au moulin de la Lande, du dit mou- 
lin à la Gencbre et Madeleine ct allant rejoindre le chemin des Far- 
ges à Thenon et au dit chemin des Farges à Thenon. 

10° Section K dite de Rastignac y compris les moulins de la Lande 
et du darrit, l'ancienne chapelle de Madeleine, ainsi que le restant du 
dit village de Combe-la-Rue et la tuilière de Rastignac. Laquelle est 
limitée à l’est au chemin susdit de les Camps à la Genèbre : au nord, 
aux paroisses de Saint-Rabier et d’'Azgerat ; à l’ouest, à la paroisse 
d'Azerat, et au sud, à la paroisse d’Auriac. 

11 juillet, — Tes gardes nationaux nomment pour la paroisse de La 
Bachellerie Laborde, commandant en deuxième, et Lagrave, major. 

28 août, -— La Municipalité prend un arrêté pour faire respecter la 
propriété. 


— 405 — 
3° 1792. 


2 mars. — Ja Municipalité enresistre un certificat de résidence de 
la Municipalité de Paris délivré à Pierre-Anne (1) Julie Chapt de Ras- 
lignac d'où il résulle qu'il était capitaine au 8° régiment de Dragons. 

31 juillet. — La Municipalité fait faire le recensement des armes 
qui se trouvent dans la commune d'où il résulte que les citoyens pos- 
sédaient en tout 12 fusils simples dont un mauvais, { fusil double, { 
baïionnette, 6 pistolets dont un mauvais ot { sabre. 

11 août. — Lu Municipalité coustate que l'orage épouvantable qui a 
eu lieu ce jour a cornblé de pierres le bassin de la fontaine (2). 


Ici une lacune regrettable par suite de la perte d'un regis- 
tre de délibérations. 


49 AN IL. 


25 germinal (3). — Des citoyens se plaignant constamment à la 
Municipalité qu'on ne respectait pas leur propriété, elle prend un 
arrêté par lequel il est enjoint aux citoyens de respecter mutuellement 
leurs droits de propriété. 

9 floréal (4). — La Municipalité impose d'office les citoyens pour 
le soulagement des blessés et celui de Rastignac l’est de 10 livres. 

10 floréal (5). — La Municipalité se réunit de nouveau sur l’ordre 
qu'elle vient de recevoir du district de Montignac de tixer un ban de 
moisson, des citoyens s'étant plaints à lui que d'autres citoyens cou- 
paient leur blé avant sa maturité; et dans la même séance, toujours 
pour obéir au district, elle décide qu'on procédera au recensement 
des chevaux de la commune. 

25 floréal (6). — La Municipalité désigne son maire, le citoyen Va- 
reilles et le citoyen Léonard, pour dresser de suite le tableau détaillé 
des cochons de la dite commune. 

30 flcréal (7). — La Municipalité prend un arrèlé pour pouvoir 
nourrir les indigents par lequel il est défendu aux citoyens d'aller 
vendre sur d’autres places que celle du marché du présent bourg les 
cerises, prunes, poires précoces, œufs, poulets et volailles. 

16 prairial (8). — La Municipalité défend aux citoyens de vendre 


(1) Il y a là une erreur. 

(2) De la Foutbachclière. Seule fontaine qui alimente le bourg et qui s'en 
lrouve éloignée d’environ 500 mètres. 

(3; 14 avril 1794. — (4) 28 avril. — (5) 29 avril. — (6) 14 mai. — (7) 19 mai. 
— (9) 4 juin. | 


— 406 — 


leurs fourrages pour pouvoir les envoyer en cas de réquisition à 
à l'armée des Pyrénées-Occidentales dont dépend le dit département 
de la Dordogne. 

27 prairial (1). — La Municipalité défend aux citoyens d'aller tra- 
vailler hors de la commune et fixe le prix de la journée pour chaque 
personne en élevant les prix fixés en 1790 ; savoir : 


1790 
2," Rn. 


Livres| Sols |Deniors 
Hommes ............ Rd diode à 10 
Femmes .........,... JAN oder ie 
Enfants de douze ans............. oies 


8 
2 


Des citoyens se plaignant que l'on coupait toujours les blés avant 
complète maturité, la Municipalité lévide d'employer toute son activite 
à l’'empècher. 

Elle ordonne qu'on procédera de suite au recensement des cuirs qui 
se trouvent chez les cordonniers. 

6 messidor (2). — La Municipalité prévient les citoyens qui ont du 
blé à couper de le faire le plus tôt possible, car les bras commencent 
à manquer. 

15 messidor (3). — La Municipalité ordonne de faire de suite le 
recensement des élalons et des juments propres à la reproduction. Ce 
recensement a prouvé que toutes les juments étaicnt trop petites et 
qu'il n'y avait dans la commune en fait d’étalon qu’un cheval hon- 
gre. 

19 messidor (1). — La Municipalité enregistre et renouvelle un cer- 
tificat de résidence délivré à Pierre-Anne-dulie Chapt Rastignac, âgé 
de 28 ans, demeurant à Rastignac depuis le {1° septembre 1793. Il n'a 
pas quitté ce certificat qui était valable pour 3 mois. Il était resté a 
Paris depuis le 12 février 1792 jusqu'au 1°" septembre 1793, époque 
où il était venu 8e fixer dans la commune. 

23 messidor (5). — [La Municipalité procede au recensement du fer 
qui se trouve dans la commune et n’en u trouvé en tout que 5 quin- 
taux. 

25 messidor (6). — La Municipalilé décide de parcourir les greniers 


(1) 19 juin. — (2) 24 juin. — (3) 3 juillet. — (4) 7 juillet. — (5) 11 juillet. 
— 6) 13 juillet. 


— 407 — 


de la commune pour dresser la quantité de blé que l’on pourra 
envoyer aux greniers militaires du district de Montignac. 

9 thermidor (1). — La Municipalité répond au maire de St-Rabier, 
qui avait été chargé par le district de Montignac de faire un rapport 
sur les sommes auxquelles on avait taxé les ci-devant nobles : {° Que 
dans le rôle de l'emprunt forcé, le citoyen Pierre Chapt Rastignac, 
seul ci-devant noble de la commune et y demeurant, y a été taxé À 
14,899 livres 3 sols 10 deniers ; 2° que dans le ràle de la contribution 
extraordinaire de guerre, le dit citoyen y a été taxé à 1489 livres 
18 sols 4 deniers. 

11 fructidor (2). — La Municipalité ordonne aux citoyens d’empè- 
cher lcurs enfants et leurs chiens d'aller gâter les raisins de leurs 
voisins, plusieurs plaintes lui étant parvonues à ce sujet. 


5° AN III. 


20 brumaire (3). — La Municipalité renouvelle le certificat de pré- 
sence de Pierre-Anne-dulie Chant Rastignac. 

20 frimaire (4). — La Municipalité ordonne le recensement de tou- 
tes les eaux-dc-vie qui se trouvent dans la commune. Ce recen- 
sement a prouvé qu'il s’en trouvait 263 veltes (5) dont 120 à Ras- 
tignac. 

23 nivôse (6). — La Municipalité constate que la commune fournit 
40 charges de vin et 120 veltes d'eau-de-vie à la marine de Bordeaux 
et que dans ces quantités Picrre Chapt Rastignac a été taxe pour Ras- 
tignac, la Genèbre et Madeleine à 25 charges de vin et à toute l’eau- 
de-vie. 

20 ventôse (7). — La Municipalité, devant fournir à l'armée 215 
quintaux de foin et 500 quintaux de paille, taxe Rastignac à 22 quin- 
taux de foin. | 

{er thermidor (8). — Lu Municipalité, ayant convoqué pour la 
deuxième fois les citoyens âgés au moins de 16 ans et au plus de 60 
ans, afin de réorganiser la garde nationale, et ceux-ci ayant manifesté 
par le grand nombre de Ilcurs absents leur peu d'enthousiasme, dresse 
procès-verbal contre eux. 

9 thermidor (9). — La Municipalité se voit contrainte avec grand 
regret d’obliger le citoven Pierre Chapt Rastignac d'envoyer une 


(1) 27 juillet. — (2) 28 août. — (3) 10 novembre. — (4) 10 décembre. 
(5) La velle valait 7 litres 500. 
(6) 12 janvier 17%. — (7) 10 mars. — (8) 19 juillet. — (9) 24 juillet. 


— 108 — 


paire de bœufs à l’armée, quoique ce citoyen fût très généreux pour 
la République. 

12 thermidor (1). — La Municipalité enregistre la rétractation que 
fait devant elle le citoyen Theulier, ci-devant religieux de Saint Fran- 
çois, de son serment d'égalité et de liberté. 

13 thermidor (2). — La Municipalité enregistre le serment à la loi 
que fait devant elle le citoyen prêtre François Chalard. 

16 fructidor (3). — La \unicipalité transforme l'église en magasia 
à fourrage. 

4c jour complémentaire (4). Lu Municipalité fixe le ban de vendange 
de l'an IV au 3 vendémiaire (5). Elle payait les volontaires qui se 
rendaient au corps à raison de 3 sols par lieue. 


6° AN IV. 
21 Frimaire (6). — Ta Municipalité constate que le presbytère est 
dans un délabrement complet. 


Ici une autre lacune très regrettable par suite de la perte de 
plusieurs registres de délibérations. 


7° AN IX. 


18 pluviôse (7). — La Municipalité nomme Georges Chabannes ins- 
tituteur, puis elle décide, à l'exemple de la municipalité d'Hautefort, 
qu'une grande battue sera faite pour détruire les loups. Aussitôt tout 
le monde se met en campagne et chacun se met à l'affût; mais vers 
le soir n'ayant rien vu venir, chacun regagna son logis. 

18 et 28 messidor (8). — La Municipalité vise des passeports de 
gens rentrant dans leurs propriétés. 
= 21 fructidor (9). — La Municipalité décide qu’un ban de vendange 
sera ouvert le 30 courant (10); puis elle charge le citoyen Labadie de 
faire rentrer l'impôt qui est de 11,850 fr. 25 c. pour l'an X. 

13 vendémiaire (11).— La Municipalité fait réparer le presbytère qui 
était habité par l'instituteur et l'institutrice. 


8° AN X. 


17 nivôse (12). — Le maire se plaint au sous-préfet de Sarlat que, 
depuis la dissolution de la caisse du clergé, l’hospice n’a plus de quoi 
suffire à ses dépenses. 


(1) 30 juillet. — (2) 31 juillet. — (3) 2 septembre. — (4; 20 septembre. — 
(9) 25 septembre. — (6) 12 décembre 1795. — (7) 7 février 1801. 

(8) 7 et 17 juillet. — (9) 3 septembre.— (10) 17 septembre. - (11) 5 octobre. 
— (12) 7 janvier 1802. 


—— 409 — 


13 pluviôse (1). — La Municipalité fait réparer l'horloge publique. 

17 prairial (2). — La Municipalité déclare que Napoléon Bonaparte 
doit être consul à vie. Elle nomme Pierre (iros, du hameau de Sin- 
gellas, pour faire rentrer l'impôt de l'an XI qui sera de 11.206 fr. 80. 

25 fructidor (3). — [La Municipalité décide qu'un ban de vendange 
sera ouvert le 30 courant. 

{er Complémentaire (4). — Le citoyen Louis Laluc, prêtre desser- 
vant Ja dite paroisse, déclare devant la Muaicipalité adhérer au Concor- 
dat et être en communion avec Mer l’évêque d'Angoulëme nommé par 
le 1er consul et institué par le pape Pie VII. 

28 vendémiaire (5). — La Municipalité se réunit pour procéder à la 
levée des conscrits, Cette levée s'opérait alors de la manière suivante : 
Le maire, entouré de son conseil municipal, assisté d’un officier de 
gendarmerie et d’un gendarme ; le plus jeune des conscrits présonts 
tirait les noms et le dernier sorti partait avant d’avoir reçu son billet 
ou feuille de route pour partir. {l en était de mème pour les deux 
conscrits de réserve 


9° AN XI. 


Dans le courant de l’année, le sous-préfet avait déclaré 
au maire que le presbytère de la commune était assez vaste 
pour loger le prêtre desservant la paroisse et l’instituteur. 


21 messidor (6). — Le citoyen Mathieu Blusson somme la Munici- 
palité de le mettre en possession de tout ce qui appartient à la cure 
de la paroisse de La Bachellerie. 


40° LES MAIRES. 


Jean Chabannes, 1790. 
Pradelou, 20 frimaire an 2 (7). 
Vareilles, 5 floréal an 2 (8). 
Magueur, 7 pluviôse an 4 (9). 
Labarre, 24 thermidor an 4 (10). 
Bayle, 1800. 

Passemard, 1814. 

Lidonne, 1816. 

Jules Carteron, 1825. 
Chabannes, 1834. 

Pradelou, 1848. 

a 
(1) 2 février. — (2) 6 juin. — (3) 12 septembre. — (4, 17 septembre. 
(5) 2 octobre. — (6) 10 juillet. — (7) 10 décembre 1793. 

(8) 24 avril 1794, — (9) 27 janvier 1796. — (10) 8 août 17%. 


— 410 — 


_ Fombelle, 1870. 
Blanc, 1875. 
Georges Fombelle, 1881. 
Blanc, 1889. 
Auguste de Peyronny, 1892. 
Pradeau, 1894. 
Joseph Sorbier, 1895. 
Passerieux, 1902. 
Denoix, 1904. Il est sénateur de la Dordogne depuis 18175. 


12° LES INSTITUTEURS, 


La République améliore autant qu'elle le peut le sort de 
ces modestes fonctionnaires, car elle sait que ce sont eux 
qui façonnent les hommes qui feront plus tard la gloire de la 
nation et que leur tâche est bien souvent difficile. 

Georges Chabannes, 1801. 

Passemart, 1805. 

laure (père), 1812. 

Burette, 1823. 

Arnald, 1830. 

Sireyjol, 1810. 

Baussac, 1818. 

Faure (fils), 1852. 

Eyssartier, 1860, 

Grand, 1884. 


Pomarède, 1896. 
DE PEYRONNY DES GENDRES. 


SET D — 


L'HISTORIOGRAPHE MOREAU 


ET LE PROCÈS DES FRANCS-FIEFS. 


Les Souvenirs de Jacob Nicolas Moreau, publiés il y a quel- 
ques années (1), méritent à plus d’un titre de retenir l’atten- 
tion du lecteur curieux de la vraie physionomie de l’époque 
qu'ils concernent. Jacob-Nicolas Moreau, né le 20 décembre 


(t} Ates Souvenirs par Jacob-Nicolas Moreau, publiés par Camille Hermelin, 
membre de la Société des Sciences historiques et naturelles dn l'Yonne, 
3 vol. in-8° (Paris, Plon et Nourrit, 189n-1901). 


— Ai — 


1717 à Saint-Florentin (Yonne), mort à Chambourcy (Seine- 
et-Oise), le 29 juin 1803, fut en son vivant historiographe de 
Fraace, bibliothécaire de la reine Marie-Antoinetle, premier 
conseiller et secrétaire des commandements de Monsieur, 
frère du Roi (plus tard Louis XVIIL, conseiller à la Cour des 
comptes, aides ct finances de Provence. Appelé par ses mulli- 
ples fonctions à entrer dans la familiarité des plus grands 
personnages du temps, Moreau était bien placé pour observer 
les événements. Il vit ainsi se dérouler devant lui la plus 
grande partie du règne de Louis XV et la totalité de celui de 
Louis XVI : le moins que l'on puisse dire du spectacle qui 
s'offrait à ses yeux, c'est que l'on en aurait malaisément imagine 
un plus attachant pour le spectateur averti et attentif qu'était 
Moreau. Il vit donc beaucoup de choses et — le mérite n'est 
pas mince, surtout à une époque où tout le monde était peu 
ou prou aveuglé par l'esprit de parti — il vit juste, autant, 
du moins, que le recul du temps nous permet aujourd'hui 
d'en juger. Ces Souvenirs sont vraiment ceux d’un honnête 
homme, qui, s’il ne fut pas complétement exempt des passions 
politiques qui agitaient ses contemporains, sut, d'un bout à 
l’autre de ses mémoires, garder cette modération d’accent qui 
donne de l'autorité aux opinions émises. Il semble que, pour 
cette raison, il faille faire un abondant crédit à celles de l'his- 
toriographe Moreau. 

Ce n’est point ici le lieu d'examiner quel parti l'on peut 
tirer de ces Souvenirs au point de vue général de l'étude de la 
politique intérieure, pendant toute la fin de l'ancien régime. 
Nous voudrions simplement indiquer l'intérêt, plus spécial, 
qu'ils offrent pour les lecteurs de notre province. Tout d'abord, 
Moreau abonde en détails sur la famille de Périgord, avec 
laquelle il entretenait des relations suivies : connu autant 
pour son honnèleté que pour son habileté juridique, il possé- 
dait toute la confiance des Talleyrand, qui s’en remirent à lui 
du soin de débrouiller l'écheveau, passablement compliqué, 
des affaires de la liquidation de la substitution de Chalais, qui 
devait durer si longtemps (1). Eu outre, et ce point est plus 


(1) Je me propose de revenir ultérieurement sur cette question. 


— 412 — 


important encore, Moreau fut, de bonne heure, et il resta, 
jusqu'à la tin, l'ami du ministre Bertin. Le nom de Berlin 
revient à chaque instant sous sa plume (1). Tous deux étaient 
portés l’un vers l’autre par une singulière parilé de goût, 
notamment par une curiosité très vive de l’histoire et le 
commun désir d'en rajeunir et d’en faciliter l'étude au moyen 
de l’utilisation des documents d'archives. Cette illustre 
amitié se traduisit par une collaboration féconde, d'où devait 
sortir, entre autres résultats, la fondation du Cabinet des 
Chartes. Elle eut également pour effect d'associer Moreau à 
l'intérêt que Bertin portait à sa petite province, et l’on sait 
que Périgueux n'eut pas à s'en plaindre (2). La ville plaidait 
alors en exemption du droit de franc-tief, auquel les fermiers 
de ce droit, appuyés par l’Intendant de Bordeaux, avaient pré- 
tendu l’assujettir, et ce procès était, pour elle, une question 
d'anour-propre, plus encore que de finance. Bertin et son 
frère, l'abbé Bertin, conseiller d'Etat, soutenaient avec ardeur 
la cause de la vieille cité. Pour leur rendre service, Moreau 
s'offrit à mettre en œuvre les documents qui avaient été ras- 
semblés dans l'intérêt de la ville et à faire valoir les moyens 
juridiques que ces titres pouvaient suggérer. II dut commen- 
cer son travail en décembre 1773 ; car nous avons, de ce mois 
même, aux Archives municipales de Périgueux, la minute 
d’une lettre de remerciments des consuls à « M. Moreau, notre 
nouveau défenseur » (3, Après un labeur de plus de six 
mois (4), Moreau mettait sur pied son fameux Mémoire sur la 


(1) La contribution, que les Souvenirs de Moreau peuvent apporter à la 
biographie du ministr: Bertin, a été suftisamment prouvée par le parti que 
notre savant confrère, M. Bussière, à tiré de ces mémoires pour la documen- 
tation de ses etudes publiées ici-mème. de n’y reviendrai donc pas. 

(2) Voir sur cette question, et, d'une façon plus générale, sur la collabora- 
Uüon de Bertin et de Moreau, l'introduction à l'Zuventaire sommaire des 
Archives communales de la ville de Périquvux, antérieures à 1790, pp 
NXIII-XXVIIL (où l’on a utilisé, au point de vue général que je viens de 
signaler, l'ouvrage de M. Xavier Charmes sur le Comité des travaux historiques 
et scientifiques (histoire et documents) (dans la coll. des Documents inédits, 
3 vol. in-4°, Paris, Imprimerie nationale, 1886). 

(3) Arch. mun., FF 191. 

(4) De l'aveu même de Moreau (v. pl. loin). 


SA = 


constitution politique des ville et cité de Périgueux.…, qui fut 
publié en 1735. Ce Mémoire ne porte pas sa signature, mais 
celle de son frère, Moreau de Vormes : il n’en est pas moins 
certain qu'il est tout entier l’œuvre de lhistoriographe. 
Moreau a expliqué dans ses Souvenirs comment il fut amené 
à le rédiger et pourquoi il préféra ne pas en accepter ostensi- 
blament la paternité. Il y avait là, d'après lui, un artifice des- 
tiné à éviter que la police ne se mélât de l'impression. Peut- 
être aussi peut-on supposer, bien qu’il ne le dise pas, que, 
désireux de venir en aide à son frère, il préparait ainsi la 
voie à la nomination de Morcau de Vormes, comme avocat de 
la ville aux Conseils du Roi, en remplacement de Boucher, 
qui mourul sur cex entrefaites. Quoi qu'il en fût, Moreau de 
Vormes, père putatif du Mémoire, se comporta comme s’il 
en était réellement l'auteur et chercha à profiter de la situa- 
tion pour 8e faire payer par la ville un concours, qui ne lui 
avait coûté d'autre peine que celle d'apposer sa signature sur un 
ouvrage auquel il était totalement étranger. Cette exigence 
fut pour Moreau la cause de graves ennuis. Il nous a paru 
intéressant de reproduire le passage des Souvenirs qui a trait 
au célèbre Mémoire : il y a là une version évidemment sincère, 
que l'on pourra rapprocher du rapport adressé par Moreau, 
en 1785 ou 1786, au Garde des Sceaux au sujet des mêmes 
circonstances et dont il existe une copie manuscrite à la 
Bibliothèque de la ville de Périgueux (1). 

Le mardi 6 avril 1739, M. l'abbé Bertin m'écrivit une lettre qu'il 
me priait d'envoyer à mon frère, l'avocat au Conseil, et par laquelle il 
se plaignait de la conduite singulière que Vormes, mon autre frère, 
lenait avec le député de Périgueux (2). Cette affaire me cause beau- 


“he x PTS a à : Ë re à rs Si 


(1) Gette copie se trouve en tête d'un exemplaire imprimé du Mémoire, 
Dans ce rapport, Moreau déclare qu’il a composé gratuilement le Aémoire et 
que, par conséquent, aucuu salaire n'est dû de ce chef à Nicolas Riffé de 
Gaubray, successeur de son frère Moreau de Vormes dans la charge d'avocat 
aux Conseils du Roi. Il expose comment et pourquoi il rédigea cet ouvrage 
dont il fit présent à la ville et pour quelles raisons il pria son frère de le 
signer. 

(2) C'était alors Dalby de Fayard qui, en 4776, avait succédé, dans cette 
mission, à Laulanie de Sudrat,. 


— M4 — 
coup de chagrin ; je m'y trouvai entre mon frère, qui avait tort, et le 
ministre, auprès de qui j'aurais voulu l’excuser ; elle mérite que j'en 
parle ici, 

Quatre ans auparavant, dans différentes conversations que j'avais 
eues à la campagne avec M l'abbé Bertin, il m'avait entretenu d'une 
grande et singulière question de droit public, pendante au Conseil des 
dépèches, snr les demandes de la ville et cité de Périgueux, qui avait 
présenté une requête pour obtenir la confirmation de ses droits. Sur 
cette affaire, lui, abbé Bertin, avait fait des recherches immenses et 
fouillé une multitude infinie de dépôts. Il s'agissait de fixer l'état poli- 
tique de celle ville de Périgueux, laquelle, de toute antiquité, avait 
joui de la plus entière seigneurie sur tout son territoire, et paraissait 
s'être maintenue dans l'ancien état des cilés gauloises, qui, sous les 
Romains et sous nos deux premières races, avaient eu leurs plaids, et 
avaient exercé tous les droits de la puissance publique. Il était prouvé 
que, sous la troisième race, elle n'avait jamais été subjuguée par la 
tyrannie des grands vassaux, et avait toujours relevé du roi, immé- 
diatement et parallélement au comte de Périgord. 


Cette affaire piqua ma curiosité, car je n’avais point vu d'exemple | 
d’une semblable possession d'état parmi aucune des seigneuries, qui 
firent alors cesser l'anarchie féodale, et, autant pour m'instruire moi- 
même que pour rendre service à M. l’abbé Bertin, je me chargeai 
d'employer les immenses matériaux qu'il avait ramassés, ainsi que 
ceux que j'y pourrais joindre, et de faire un traité sur la question. 
J'y travaillai plus de six mois et composai un gros in-quarto, intitulé : 
Droit public de la ville et cité de l’ériqueux, ou Exemple unique en 
France d'une ville qui, pour mieux résister à la tyrannie féodale, 
tit elle-même infeoder sa liberté. Alors, Boucher était avocat au 
conseil de cette ville ; M. l'abbé Bertin, citoyen lui-même de Péri- 
gucux, en était le protecteur et aussi le défenseur ; Boucher signait 
parce qu’il était son ami, Boucher mourut comme on imprimait mon 
ouvrage ; je proposai à mon frère Vormes de le signer, afin de nous 
éviter de recourir à la police pour l'impression, Il accepta, et je le fis 
nommer l’avocat de cette ville. M. de Sudrat en était à cette époque 
le député, C’est par goût pour l’histoire et le droit public que je 
défendis la cité de Périgueux contre les prétentions du fisc et les 
entreprises de la féodalité : je m'étais intéressé aux titres conservés 
par cet ancien municipe, qui, en Allemagne, serait aujourd’hui ville 
libre et impériale, et j'avais toujours opposé la plus grande résistance 
aux marques de la reconnaissance par lesquelles on voulait payer un 
ouvrage que je n'avais écrit que pour mon plaisir et par amitié pour 


AIS = 


l'abbé Bertin. Aussi celte ville, alors si fière d'une seigneurie qui 
n’était elle-même que la preuve de sa liberté, ne savait comment me 
prouver sa gratitude ; ses citoyens, qui prétendaient être nobles, me 
proposèrent de me mottre sur leur liste ; mais j'étais peu curieux de 
noblesse et ne croyais pas aux anoblissements. Ne pouvant mieux 
faire, ils me vouèrent l’offrande annuelle d'un pâté, qu'ils m'ont 
envoyé jusqu'à la Révolution ; et lorsque j'en eus été privé par un 
décret de l'Assemblée nationole, je recus de la commune de Périgueux 
une lettre où elle me rendait un tâmoignage public et de mon désinté- 
ressement et de sa reconnaissance, et où elle déclarait que cette petite 
redevance ne devait pas être confondue avec ces étreanes que l'on avait 
décidé d'ôter aux chefs de bureau et à leurs commis. 


M. Bertin, ministre, n'avait pas ignoré les services que monsieur 
son frère. et moi rendions à cette ville; mais, rapporteur de cette 
affaire, il n'était pour rien dans tout cela. Cependant, sous le ministère 
de M. Turgot, à la suite d’intrigues de cour, on lui fit des tracasse- 
ries et on lui jela le chat aux jambes sur cette question, et sur les 
soins que je me donnais pour la défendre à l’instigaltion de monsieur 
son frère, dont je n'étais que la plume. Bientôt, il me parut craindre 
que ses ennemis ne tirassent de l'intérêt que j'y prenais, des induc- 
tions très injustes, et m'exhorta à m'en écarter. Je sentis ses raisons 
et, de ce moment, je cessai de m'en mêler, d'en parler, et je ne vis 
plus le dépulé. J'oubliai donc tout à fait la chose ; mon ouvrage était 
imprimé, et c'était un ouvrage de bibliothèque. 

Depuis longtemps déjà, je ne m'occupais plus de tout cela, lorsque, 
e samedi de la Passion 1779, comme je dinais à Versailles chez 
M. Bertin, il reçut une lettre du député de Périgueux, qui se plaignait 
amèrement de ce que mon frère lui refusait une cinquantaine d’exem- 
plaires de l’ancien mémoire que j'avais fait, et, par là, retardait le 
jugement que le ministre désirait fini. Le motif du refus était le 
salaire de lavocat ; et le député alléguait que Vormes avait promis, 
deux mois auparavant, à lui député, de se contenter d’une reconnais- 
sance de cette dette de la part de la ville. M. Bertin me dit : « Ter- 
minez cette affaire. [l est juste que votre frère soit payé ; assurez-lui 
que je le ferai payer par la ville et que je ne souffrirai pas qu'elle 
soit injuste à son égard ; mais il ne faut pas que cela retarde rien ». 

Je ramenais à Paris mon neveu, que j'avais conduit à Versailles 
pour solliciter la place qu'il désirait obtenir au conseil du Cap. Je lui 
montrai cette lettre ; il me dit : « Ne la communiquez pas à mon papa, 
car il sera furieux. » de pris donc le parti de parler à Vormes chez 
mon frère, le médecin, qui nous donnait à souper le lendemain. Il se 


— 418 — 

mit dans une colère terrible et m'accabla d'injures. Cette scène 
m'ivrila; néanmoins je me contins, et je résolus de sauver cet imbé- 
cile de sa folie et de tout mettre en œuvre pour lui épargner une 
soltise. Je me contentai de répondre à M. Bertin que Vormes était 
piqué contre le député, et qu'il me fallait un peu de temps pour arran- 
ger ce différend, Comme c'était par écrit que je le mandais à M. Rertin, 
il me répondit de sa main : « Soit; mais, si l'on est obligé de porter 
cela au (iarde des Sceaux, les tracassiers s'en trouveront mal. » 
J'envoyai chercher le député qui avait succédé à M. de Sudrat et que 
je ne connaissais pas. Je lui dis : « Je y'entre point dans vos démèlés 
avec mon frère ; allez le voir sans lui laisser soupçonner que je vous 
ai parlé ; demandez-lui son mémoire détaillé, rapportez-le moi ; je vous 
en donrerai l'argent, et vous le lui verserez. J’exige le détail de ce 
qui est dû, parce que, s'il vous réclame quelque chose pour mon 
mémoire, je tiens à ce que cet argent soit à ma charge, sans répéti- 
tion, n'ayant jamais entendu que la ville payât un ouvrage écrit pour 
moi et pour M. l’abbé Bertin. » 

Au bout de trois jours, cet homme revint et me raconta que mon 
frère n'avait jamais voulu lui confier son mémoire, mais le lui avait 
fait lire, et qu'il y avait 900 livres pour mon ouvrage ; qu’au surplus, il 
l'avait averti qu'il le remettait aux syndics de sa compagnie. Cette con- 
duite me parut d'autant plus malhonnète, que l'on ne remet un mé- 
moire aux syndics qu'après que, communiqué à la partie, il lui a paru 
exagéré, car, si elle paye, le règlement est inutile. Sachant, au reste, 
par le député, qu’il avait rendu compte de tout cela à M. l’abbé Bertin, 
Je me rendis chez celui-ci le lundi de Pâques. Je convins avec lui 
qu'il m'écrirait une lettre afin de tâcher de déterminer mon frère, et que 
je la lui enverrais. C'est cette lettre que je reçus le mardi 6, et qui me 
sembla un peu longue. Le mercredi, j'eus de Vormes une impertinente 
réponse, dans laquelle il me mandait de faire porter chez le médecin 
1.538 livres; mais, comme il n’y joignait pas son mémoire, comme il 
répeluit ses injures, je n’y déférai point; j'appris, d’ailleurs, qu’il 
était parti à la campagne dès la veille de Pâques, ce qui piqua fort 
M. l'abbé Bertin. 

T. 11, pp. 804-309. 

Cette page dépeint bien Ie désintéressement de Moreau qui, 
non content de ne pas réclamer d'honoraires à la ville pour 
un travail aussi long et difficile que celui de la rédaction du 
Mémoire de 1775, s’offrait mème à satisfaire, de ses deniers, 
aux prétentions indues de son frère. Quel contraste avec 
les procédés de Moreau de Vormes, dont le caractère apparaît 


411 — 

ici sous un jour singulier ! Disons à la louange de Périgueux 
que Moreau n'obligeait pas des ingrats. I suffit de feuilleter, 
aux Archives municipales, la correspondance relative au 
procès des francs-fiefs pour y trouver la preuve de la recon- 
naissance que l’administration communale avait vouée à 
Moreau. Cette offre de lui conférer le titre de citoyen, qui pré- 
tendait-on, emportait avec lui la noblesse, cette offre, que 
Moreau mentionne avec une légère malice, fut faite, certai- 
nement, de la meilleure foi du monde, par des gens qui, férus 
des prérogatives de leur antique bourgenisie, ne pensaient pas 
honorer médiocrement celui à qui ils proposaient de l’associer 
à leurs privilèges. Les maire et consuls ne pouvaient, d’ail- 
leurs, juger autrement, sur ce point, que leur député à Paris, 
Laulanie de Sudrat, qui, dans une lettre du 9 juillet 1776, 
s'exprimait en ces termes, au sujet de Morceau : 


« Je suis honteux et très auffligé que nous n'ayons encore donné 
aucun témoignage de reconnaissance à M. Moreau, à qui vous avez 
plus d'obligations que vous ne l’imaginez. [l a comi:sé et travaillé le 
mémoire sur la constitution politique de notre ville, avec tout le zèle 
et la bonne foi que lui a inspirés la persuasion où il est de la justice de 
notre cause, avec autant de connaissances et de lumières que tout 
autre... M. Moreau a encore, ce qui n'est pas moins à estimer, surtout 
dans ce pays-ci, beaucoup de force, de fermeté et d'honnèteté dans 
l'Ame... » (1). 


Mais Moreau, décidément intraitable, ne voulait rien accep- 
ter sinon, comme il le dit lui-même, « l'offrande annuelle d'un 
pâté ». Cette modeste rente est consignée dans les comptes 
de la ville. Nous y lisons, par exemple, que, en 1781, un pâté 
de perdrix lui est envoyé (2); en 13:83, le fameux Courtois 
l'aîné prépare six pâtés contenant chacun six perdrix et coùû- 
tant respectiveinent 60 livres, dont un est destiné à Morceau ; 
« ces pâtés partiront lc 28 décembre et arriveront à Paris le 
jour des Rois » (3); plus tard, un « pâté de filet de gibier, » envoyé 
à Paris, au même destinataire, le 11 avril 1787, est pavé 48 


(1) Arch. mun., FF 190. 
(2) 1bidem, CC 148. 
(3) 1bidem, CC 144. 


28 


— 418 — 
livres (1). Il s'agissait là d’un pâté surérogatoire : le pâté de 
perdrix seul était de régle et, chaque année, le jour des Rois, il 
parvenait à Moreau, logé, place Vendôme, dans l'hôtel même 
de Monsieur, en signe de cette dette de gratitude que les gens 
de Périgueux avaient contractée envers leur défenseur et qu'ils 
ne voulaient pas laisser prescrire. C'était alors le temps des 
fins gourmets, et le comte de Provence, le futur Louis XVIIT, 
avait une réputation bien établie à cet égard. Moreau n’eût 
pas été digne d'appartenir à sa maison, s'il n'avait su apprécier 
un pälé de Courtois l’aîné, traiteur à Périgueux. H v a donc 
tout lieu de supposer que ces produits d’une cuisine déjà 
renommée étaient goûtés comme il convenait, et, s'il est 
arrivé que Moreau en ait fait part à Monsieur, pour gagner 
davantage ses bonnes gräces, nous n'en serions pas autrement 
surpris. 
R. VILLEPELET. 


CT 2 


NOTE SUR LE PAYS DE NOUVELLE CONQUÊTE 


Il est une question — je n'ose dire brûlante, puisqu'il 
s'agit de liquides — qui, en ce moment, stimule la verve des 
journalistes à court de copie, une fois épuisées les questions 
avialion ou pôle nord; je veux parler de la délimitation des 
vins. Mais, d'autre part, cette question ennuie fort les infor- 
tunés archivistes départementaux ou municipaux, en les em- 
pêchant de prolonger leurs villégiatures automnales, officiel- 
lement chargés qu'ils sont d'éclairer la lanterne gouverne- 
mentale, par laquelle on semble ne voir goutte en cette ma. 
tière de goutte, ce qui fait solliciter des tas de conseils pour le 
Conscil d'Etat. Pardon de l'horrible jeu de mots ! mais en la 
matière chère au dieu Bacchus, soit-il indien ou gret, le rire 
est permis. 

On recherche donc avec ardeur quelles pouvaient bien 
être, dans